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The Way of Spider

Summary:

Spider sauve Quaritch d'une noyade certaine et les Na'vi profitent de son inconscience pour le ramener au village en tant que prisonnier.

Spider déteste toujours autant Quaritch pour tout ce qu'il a fait, mais Kiri sait qu'il éprouve tout de même de l'affection pour l'homme et essaie d'apaiser les tensions entre eux.

Notes:

  • Translation into English available: [Restricted Work] by (Log in to access.)

Quaritch est un avatar, mais dans cette histoire sa version humaine n'était PAS le père de Spider, juste un dude random. Quaritch était un des soldats qui sont morts pendant le premier film, avant d'être ressuscité et désigné comme le chef de l'équipe ayant pour mission de tuer Jake. Spider est majeur, mais sinon vous pouvez les imaginer avec l'âge que vous préférez (ce ne sera pas spécifié).

Aussi, dans cette version, Spider a été adopté par Jake et Neytiri, alors il est le frère de Kiri, Tuk et Lo'ak.

Chapter 1: En captivité

Chapter Text

Assis derrière la vitre de protection, Spider et Kiri regardaient Quaritch tourner en rond dans la salle de détention.

— Tu devrais aller le voir en premier, dit la jeune fille.

— Pourquoi? Je veux pas lui parler, lâcha Spider, exaspéré.

— Écoute, ça me dérange pas d'aller le voir si tu veux pas, mais toi au moins, il t'apprécie. Il risque de plus t'écouter.

— J'ai pas envie Kiri...

Sa soeur consentit donc à entrer seule dans la pièce pour expliquer à Quaritch les termes de sa détention. Il n'était pas confiné dans sa cellule en tout temps et pouvait sortir à condition d'être accompagné par quelqu'un pour le surveiller. Pour chaque journée au comportement exemplaire, il serait récompensé. Dans le cas contraire, il se verrait retirer la possibilité de quitter cette salle pendant un certain nombre de jours, selon la gravité de sa mauvaise conduite.

— C'est moi qui va être en charge de m'occuper de vous durant votre peine, conclut Kiri.

Le colonel éclata de rire à cette information.

— Toi? Une adolescente d'à peine quinze ans?

Elle fronça les sourcils, agacée par le comportement du plus vieux.

— Vous me devez le respect Quaritch, sinon vous pouvez oublier votre liberté partielle.

Elle sortit aussitôt, en prenant une grande respiration pour se calmer. Cet homme risquait de mettre sa patience à rude épreuve.

— Tu devrais pas le vouvoyer, lança son frère en la voyant revenir déjà énervée. Il le mérite pas.

Il entra alors à son tour dans la salle de détention et menaça l'avatar d'un ton rempli de venin:

— Hey, fils de pute! J'te conseille d'être gentil avec ma soeur, sinon j'te jure que tu vas le regretter.

Quaritch eut l'air si surpris de le voir qu'il en resta muet quelques instants.

— Miles? finit-il par murmurer.

Le blond lui jeta un regard assassin.

— Non, moi c'est Spider.

Il cracha comme un Na'vi et sortit en claquant la porte.

 

༺༺༺

 

Le lendemain matin, Kiri vint chercher Quaritch pour le faire sortir. Elle ouvrit une trappe dans le plancher qui menait directement dans la mer et osa lui lancer un léger sourire, en espérant que l'homme serait plus aimable avec elle que la veille.

— Viens, murmura-t-elle en le tutoyant comme Spider le lui avait demandé, j'ai plein de choses à te montrer.

Quaritch décida que ce n'était plus le moment d'être agressif ou arrogant, il devait être docile s'il désirait un semblant de vie agréable. Idéalement, il espérait qu'à force de bons comportements, les Na'vis finiraient par lui laisser un peu plus de liberté.

— J'suis désolé pour ce que j'ai dit hier, marmonna-t-il à contrecoeur. J'ai rien contre toi personnellement.

— Excuses acceptées, répondit simplement la jeune fille. J'espère qu'on va bien s'entendre; on risque de passer beaucoup de temps ensemble dans les prochains jours.

— Mmh, j'espère aussi...

Derrière la vitre, Spider observait leur détenu d'un œil suspicieux. Cette soudaine bonne volonté ressemblait bien trop à quelqu'un qui cherchait à obtenir leur confiance pour s'enfuir. Il connaissait parfaitement cette ruse puisqu'il l'avait lui-même essayer quelques semaines plus tôt. Ils ne devaient pas se laisser attendrir par la fausse gentillesse de l'avatar.

Il vit alors sa soeur prendre une grande respiration et se jeter à l'eau, suivie de près par Quaritch. Il espérait réellement que ce dernier ne tente pas de la blesser, sinon il n'hésiterai pas à le lui rendre en dix fois pire. Et la violence n'était jamais la solution, il le savait mieux que quiconque.

Kiri nagea à peine quelques secondes avant de trouver ce qu'elle cherchait: une Gill Mantle. Il s'agissait d'une créature sous-marine qui avait la forme d'un espèce de papillon translucide et qui permettait aux Na'vis de respirer sous l'eau lorsqu'ils se liaient avec le Tsaheylu. Elle amena alors sa tresse à une des Gill Mantle sous les yeux de Quaritch et l'encouragea d'un signe de tête à faire de même. Le plus vieux l'imita et se sentit aussitôt plus détendu tandis qu'une petite quantité d'oxygène lui parvenait. Cette créature était vraiment incroyable.

La jeune fille entreprit ensuite de montrer au colonel tous ses endroits préférés sous la mer. Ce dernier trouvait que son air facilement émerveillé devant la vie sous-marine lui rappelait l'expression de Miles lorsqu'il découvrait des choses inédites sur les humains. Après tout, ses moments en captivité lui avait permis de rencontrer d'autres humains pour la première fois depuis de nombreuses années. Néanmoins, Quaritch préféra chasser ces pensées. Le peu de temps qu'il avait passé avec le garçon était suffisant pour qu'il s'y attache malgré lui et l'idée que celui-ci le détestait... c'était certes totalement compréhensible, mais tout de même navrant.

À bout de souffle, ils finirent par remonter à la surface. Après cette visite détaillée des environs, l'avatar ne se sentait plus aussi perdu au milieu de nulle part. Il savait désormais à peu près où il se situait — enfin, d'un point de vue aquatique.

Plus tard dans la soirée, ce fut sans surprise Kiri qui lui apporta son repas. Cependant, l'homme fut étonné de la voir s'installer naturellement à ses côtés pour manger ensemble.

— Pourquoi t'es aussi gentil aujourd'hui? demanda-t-elle. T'étais pas comme ça hier.

Spider lui avait confié sa théorie selon laquelle leur détenu espérait réussir à s'enfuir. De son côté, elle n'en était pas autant certaine.

— T'as dis la dernière fois que je pouvais avoir quelque chose en échange si j'agissais bien..?

Elle rigola doucement. Au moins, Quaritch ne lui mentait pas sur ses intentions.

— Qu'est-ce que tu veux?

— Je veux juste voir Miles, si c'est possible.

— Euh... il risque d'être difficile à convaincre, mais si c'est moi qui lui demande il devrait pas dire non. Par contre, tu devrais arrêter de l'appeler Miles. Il préfère qu'in l'appelle Spider.

— Mmh, c'est vrai. Pardon.

Dès que Kiri sortit de la salle de détention, elle se retrouva face à son frère qui la surveillait toujours derrière la vitre. Il ne faisait pas confiance au Colonel et préférait être proche au cas où ce dernier tenterait de s'en prendre à sa soeur. Il avait également entendu la requête de Quaritch et la trouvait particulièrement effrontée. Cet homme était parfaitement au courant de son dédain envers lui. Qu'espérait-il? Qu'il serait pardonné seulement en s'excusant pathétiquement?

En voyant la grimace visible sur le visage de Spider, Kiri posa une main rassurante sur son épaule.

— Ça sert à rien de le détester, murmura-t-elle. La guerre est finie.

Elle caressa ses cheveux avec douceur comme elle seule savait le faire, puis disparut dans le couloir qui menait à la sortie.

Le blond adorait sa soeur plus que tout. Elle était la personne qu'il aimait le plus et celle qui l'empêchait de sombrer dans ce monde où il était tellement différent. Elle-même lui avait un jour avoué se sentir différente et incomprise. Il la trouvait si sage pour son âge. C'était une qualité qu'il admirait particulièrement chez elle, ainsi que sa douceur et sa capacité à le comprendre mieux que tous les autres.

Alors, si Kiri lui disait qu'il ne devrait pas détester Quaritch... c'est qu'elle avait très probablement raison. Il allait faire un effort.

Le jeune homme entra nonchalamment dans la pièce de détention, un air légèrement ennuyé parfaitement fein sur ses traits.

— Salut Spider, lança Quaritch, un petit sourire niais collé aux lèvres.

Le blond haussa un sourcil.

— C'est quoi ce sourire-là? répondit-il de son ton condescendant habituel.

— J'suis content de te voir, c'est tout.

— Tant mieux pour toi.

— Tu m'avais manqué.

— On s'est vu y'a à peine cinq jours. Je t'ai sauvé la vie, tu te rappelles?

— J'oublierai jamais ce que t'as fait pour moi, déclara-t-il honnêtement. Pourquoi tu m'as sauvé?

Le garçon détourna la tête, mal à l'aise.

— Je pouvais pas te laisser mourrir en sachant que j'avais la possibilité de te sauver. J'aurais fait la même chose pour n'importe qui.

— En tout cas merci de l'avoir fait, merci beaucoup.

Sous les yeux ahuris du plus jeune, l'avatar le serra fort dans ses bras. Un câlin étrangement sincère, comme il n'en avait rarement reçu de la part de sa famille adoptive. Spider demeura beaucoup trop longtemps dans l'étreinte pour prétendre de ne pas l'avoir appréciée. Il renifla, ses yeux larmoyants cachés dans le cou de Quaritch qui s'était abaissé à sa hauteur.

— Mmh... de rien.

Chapter 2: Psychologue Kiri

Chapter Text

Dans les jours qui suivirent, le même rituel se produisit. Kiri faisait découvrir à Quaritch les beautés de leur monde durant la journée tandis que Spider lui tenait compagnie le soir, puisque l'avatar avait jusqu'à date, un comportement exemplaire. Avoir la possibilité de voir le blond était sa récompense quotidienne et juste pour ça, il se tenait tranquille et demeurait respectueux en tout temps.

Une fois, il demanda à Kiri pourquoi ils faisaient tout ça, elle et son frère. Pourquoi ils ne le gardait pas simplement enfermé.

— C'était mon idée, expliqua la jeune fille. Je pense que tu as beaucoup de haine en toi, créée par les souvenirs de l'humain qu'ils t'ont implantés, mais aussi pas la mission qu'ils t'ont confiée. Tu venais techniquement juste de naître et on t'as forcé à énormément de violence. C'était pas vraiment de ta faute... J'espérais qu'en te montrant à quel point notre monde est beau et pacifique et à quel point il peut t'apporter plein de choses que les humains pourront jamais, peut-être que ta haine finirait par s'en aller.

Quaritch sembla réfléchir sérieusement aux propos de l'adolescente. Il avait de la difficulté à comprendre comment elle pouvait ne pas lui en vouloir. Il avait menacé de la tuer bong sang! C'était là qu'il se rendit compte qu'il était réellement heureux qu'elle soit toujours en vie. Kiri était une personne formidable et il le réalisait enfin.

— Merci, répondit-il finalement après de longues secondes de silence.

Ce mot lui était précieux désormais.

Kiri lui sourit.

De la même façon que Tsireya et Aonung leur avaient appris à elle et sa famille, Kiri apprenait à Quaritch tout ce qu'il devait savoir pour pouvoir éventuellement vivre dans la tribu des Metkayina. Elle lui avait d'abord fait découvrir les différentes créatures sous-marines, dont l'ilu que l'avatar avait essayé de monter une première fois. Ensuite, ils avaient travaillé sur sa respiration, afin qu'il soit capable de la retenir plus longtemps. Finalement, la jeune fille l'avait initié au language des signes que les Na'vis utilisaient pour communiquer sous l'eau.

Quaritch ne s'était pas plain, au contraire. Les lessons de Kiri l'empêchaient de s'ennuyer en plus de lui donner tout un tas de sujets de conversation lorsque Spider et lui discutaient. Le plus vieux racontait avec fierté ses exploits de la journée et le blond le taquinait en lui disant que d'ici les quinze prochaines années, il arriverait probablement à monter un ilu sans problème.

— Bon, qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui? demanda Kiri, le ramenant au moment présent.

— J'aimerais apprendre à chasser, déclara-t-il sûr de lui.

La Na'vi eut une drôle de grimace.

— J'aime pas vraiment chasser, avoua-t-elle. Le principe de tuer des animaux me dégoûte un peu... Par contre, je peux te montrer plein de fruits super bons qui poussent dans les environs!

— Ah ouais? J'pensais que j'avais pas le droit de sortir ailleurs que dans l'eau?

Pour pas que je m'échappe, songea-t-il.

— Il y a une première fois à tout. Je te fais confiance, admit Kiri. Mais fais pas de conneries, s'il-te-plaît.

Quaritch en tomba des nues.

— D'accord, je serai sage comme une image.

La jeune fille eut une mine dubitative.

— Ouais, on va voir ça.

 

༺༺༺

 

Dans la forêt qui longeait la mer, Kiri, Quaritch et Lo'ak s'enfoncèrent dans les branchages épais à la recherche des meilleurs fruits. L'avatar marchait au sol en portant un énorme panier plutôt encombrant tandis que les plus jeunes sautillaient d'arbres en arbres avec agilité. Lo'ak avait voulu les accompagner pour protéger sa soeur au cas où leur détenu déciderait de se rebeller. Cependant, le chemin était tellement ardu que même s'il cherchait à fuir, il ne ferait pas deux mètres qu'on l'aurait déjà rattrapé.

— J'ai entendu dire que tu te comportais bien Quaritch, lança l'adolescent. C'est assez surprenant de ta part.

— Comment ça surprenant? J'essaie juste de rendre ma captivité plus agréable.

— Ou t'attends de gagner notre confiance pour t'enfuir, pointa Lo'ak. Ce serait beaucoup plus probable.

— Écoute, tu peux penser c'que tu veux, ça me dérange pas.

— On est arrivés, les coupa Kiri.

Durant plusieurs heures, ils remplirent le panier de différentes sortes de fruits tout en s'empiffrant. Quaritch était épuisé de gambader dans la forêt et les pria de rentrer. Lo'ak lui jeta une pique comme quoi malgré ses gros muscles, il n'était pas très endurant. L'homme préféra l'ignorer et fut plus que soulagé d'enfin revoir le village après leur longue expédition.

— Où est-ce qu'on met le panier? s'enquit-il.

Il avait hâte de déposer ce truc qui pesait au moins une tonne.

— Au milieu du village! lui répondirent les adolescents. Pour que tout le monde puisse en profiter!

 

༺༺༺

 

De son côté, Spider avait passé la journée avec Tuk. Elle était la seule de la famille qui ne pouvait pas faire autant que les autres pour contribuer à la tribu, puisqu'elle était encore trop jeune pour effectuer des tâches importantes. On lui laissait donc des responsabilités plus simples, comme cuisiner après la chasse ou fabriquer des bijoux. Tuk aimait particulièrement confectionner des bracelets avec des billes et les offrir à ses amis. Elle en avait d'ailleurs fait un pour Spider qui le portait fièrement.

Quand celui-ci vit arriver son frère, sa soeur et Quaritch avec un énorme panier de fruit, il se précipita pour aller à leur rencontre, Tuk sur les talons, heureux de voir que tout semblait s'être bien passé pour eux.

La plus jeune s'avança timidement pour donner un bracelet à l'avatar qui eut de la difficulté à croire que le cadeau lui était destiné tant c'était inattendu. Il la remercia d'une caresse affectueuse dans les cheveux sous le regard noir de Lo'ak et mit aussitôt le bijou à son poignet, s'amusant à faire briller les petites billes sous le soleil. Parfois, Quaritch agissait un peu comme un enfant et c'était déconcertant lorsqu'on savait ce qu'il avait fait.

— Merci Tuk, je vais le porter tous les jours.

Gênée, la petite fille baissa la tête et avoua:

— Je t'ai fabriqué le même que Spider parce que Kiri elle dit que tu l'aimes beaucoup...

Le blond manqua de s'étrangler sous la surprise.

— Quoi..?

La plus grande de ses soeurs posa aussitôt une main sur son épaule, le sourire crispé.

L'avatar toussota en tentant vainement de masquer son embarras.

— Je crois que j'vais rentrer me reposer, ça m'a épuisé ce ramassage intense de fruits.

— Je t'accompagne, s'imposa Lo'ak.

Kiri lui jeta un regard reconnaissant avant d'agripper Spider d'une main et Tuk de l'autre pour les tirer jusqu'à la maison.

Sitôt qu'ils furent confortablement installés, la jeune fille prit la parole d'un ton bienveillant

— Tuk, ce dont on parle toutes les deux... des fois, il vaut mieux ne pas le répéter aux autres. Surtout quand ça les concerne directement.

— Désolée, murmura la plus jeune. 

— T'inquiète, c'est pas grave, rassura-t-elle de sa voix douce. Spider, je voulais aussi parler avec toi euh, de Quaritch...

— Qu'est-ce qu'il a fait encore?

— Non, non. Je voulais te parler de ce qu'il ressent pour toi.

Le garçon rougit et secoua la tête.

— Je t'ai dit qu'il essayait juste de s'enfuir, il ressent rien pour moi.

— Moi je suis persuadée qu'il t'aime. Si tu l'entendais me parler de toi quand t'es pas là, tu comprendrais.

— Je pense pas que Quaritch soit le genre de personne à s'encombrer d'amour... surtout pas pour moi! On se connait à peine.

— Tout le monde est capable d'aimer Monkey Boy, même les gens d'apparences monstrueuses. Et honnêtement, à force de connaître Quaritch, je ne le trouve plus aussi monstrueux qu'avant.

— C'est juste un bon acteur, grogna son frère, dépité.

 

༺༺༺

 

Quant à Lo'ak et Quaritch, ils se rendirent à la salle de détention dans un silence chargé de tension. Lorsqu'il arrivèrent enfin à destination, l'adolescent explosa soudainement:

— Toi! J'arrive pas à croire que tu t'en sortes aussi facilement après c'que t'as fait! Mon frère est mort par ta faute, espèce de connard!

Il s'était forcé à rester civil devant Kiri et Spider, mais là il n'y arrivait plus.

— J'te jure que j'ai jamais voulu que ton frère meure... lui confia le plus vieux. Je suis désolé. Et je comprends que tu m'en veuilles. C'est légitime, c'est normal. 

Lo'ak le fusilla du regard.

— Arrête d'essayer de parler comme Kiri! Et mon père alors, t'aurais été content si tu l'avais tué? T'as menacé de nous tuer pour le faire chanter, tu l'aurais fait? T'aurais tuer des enfants?

Cette dispute était inévitable, cependant elle ne leur apportait qu'un affreux mal de tête.

— Je sais pas... c'est, c'était avant que je réalise plein de choses. Tu peux être fâché contre moi autant que tu veux, mais je vais vraiment essayer de me faire pardonner.

— Rêve autant que tu veux, j'te pardonnerai jamais!

— Okay..! J'ai dit que j'allais essayer, pas que j'allais réussir.

L'adolescent le défia des yeux et Quaritch baissa volontairement son regard, comme s'il admettait ainsi ses tords.

— Tu fais ça pour t'enfuir, ou pour Spider?

La question pris l'adulte de court. Il se gratta la tête nerveusement.

— Pour Spider, avoua-il visiblement mal à l'aise.

— T'espères quoi au juste? Qu'il te saute dans les bras en voyant à quel point t'es devenu gentil?

Le rire cynique du Na'vi lui tordit le ventre. La désillusion risquait d'être douloureuse.

— J'aimerais, un jour, qu'il arrête de me détester. Qu'il soit peut-être même, fier de moi. Peu importe.

— T'es vraiment fleur bleue.

Quaritch eut un rire sans joie. Il était bien des choses, mais fleur bleue... sérieusement? Il sembla hésiter un instant et décida de sourire légèrement au plus jeune avant de retourner dans sa chambre. Son coeur battait un peu trop vite et il avait envie de voir Kiri.

— Hey Lo'ak! héla-t-il en espérant que ce dernier ne soit pas déjà parti. Est-ce que tu pourrais dire à Kiri que j'aimerais lui parler?

Malheureusement, il ne reçut aucune réponse. L'adolescent l'avait bien entendu, mais ne voulait pas lui faire la moindre faveur. Il ne le méritait pas encore à ses yeux.

 

༺༺༺

 

Le lendemain, Kiri vint le chercher comme à l'habitude pour leur activité quotidienne. Il paraissait un peu plus morose, pourtant il était vraiment content de la voir.

— Salut Kiri. Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui? demanda-t-il.

— Je sais pas, t'avais une idée?

— Mmh, je voulais savoir si on pouvait juste parler?

La jeune fille eut un rictus amusé.

— Bien sûr, aller raconte-moi ce qui te tracasse.

Elle s'installa en tailleur, le menton dans ses paumes, avec l'air d'une fillette impatiente d'écouter son histoire avant d'aller dormir.

— Euh... hésita-t-il, légèrement embarrassé.

— Je te jugerai pas, promis.

— Mmh... tu sais hier, Lo'ak m'a accompagné et... il était assez fâché contre moi — ce qui est totalement compréhensible! Mais, il pensait que je cherche juste à m'enfuir et Spider aussi pense ça, donc j'me demandais, toi, qu'est-ce que t'en penses..?

Kiri éclata alors de rire, comme si ce qu'il venait de dire était absurde.

— Tu devrais le savoir, non? Je te fait confiance Quaritch. Je pense que t'es quelqu'un de bien qui a été forcé à faire une mission cruelle.

— Mais j'ai accepté la mission! J'aurais pu refuser...

— C'est facile à dire ça. Écoute, c'est inutile de gaspiller ton énergie à réfléchir au passé en te demandant comment t'aurais pu faire mieux. Tu devrais plutôt réfléchir à ton futur.

— Quel futur? marmonna-t-il, amer. Je comprends pas pourquoi tu me fais confiance, mais merci.

— Parce que tu aimes Spider voyons! Je suis sûre que tu ferais n'importe quoi pour lui.

Elle lui caressa doucement la joue, pour lui prouver qu'elle ne le voyais plus comme leur ennemi et surpris, Quaritch s'écarta vivement. Kiri gloussa en retirant sa main.

— Je devrais peut-être laisser cette partie-là à Spider...

L'avatar grogna.

— Il me déteste.

La jeune fille leva les yeux au ciel.

— Il a juste honte de t'aimer après ce que t'as fait. Prouve lui que tu vaux mieux que ça et il va finir par s'ouvrir à toi.

Chapter 3: Nouvelle liberté

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Suite à cette fameuse journée, Kiri remarqua plusieurs choses qui avaient changées. D'abord, Quaritch semblait plus timide, ce qui était assez étonnant étant donné son caractère habituel. Puis il insistait désormais pour pratiquer la langue des Na'vis à tous les jours, avec un désir évident de s'améliorer. Il avait même demandé à la jeune fille de lui apprendre quelques expressions courantes du langage des signes qui leur permettait de communiquer sous l'eau. Cette soudaine motivation lui venait de son envie de plus en plus grande d'impressionner Spider. Comme Kiri lui avait suggéré, il voulait montrer au blond qu'il valait mieux que ce qu'il avait démontré jusqu'à présent.

Ce soir-là, quand le jeune homme vint rendre visite au plus vieux, il le trouva particulièrement stressé.

On peut parler en Na'vi aujourd'hui? s'enquit-il dans la langue en question. Je voudrais me pratiquer.

Spider rigola. En général, il se moquait de l'accent de Quaritch pour l'énerver, mais visiblement ce dernier avait fait beaucoup d'efforts la semaine précédente pour s'améliorer.

Tu pensais qu'après une semaine à pratiquer avec ma soeur tu perdrais ton accent?

Mon but c'est pas de euh, de plus avoir d'accent, mais que les autres me comprennent. J'ai fait une liste des mots que j'voulais pratiquer...

Agréablement surpris, le garçon jeta un œil intéressé aux gribouillis plus ou moins lisibles sur la feuille.

— C'est quoi ce mot-là? T'as la calligraphie d'un enfant de cinq ans.

— Oh ça? Cheveux, je me demandais comment on disait ça en Na'vi. Par exemple si je veux complimenter quelqu'un sur ses cheveux.

— On dit nikre pour les cheveux, mais si tu veux parler de leur tresse c'est tswin. Par contre selon le contexte, ça peut aussi désigner leur queue.

Txasunu nikre, lui dit-il alors. J'aime beaucoup tes cheveux.

— Tu prononces pas assez le « t » dans txasunu. Et tu dois ajouter ma à la fin, c'est l'équivalent du déterminant « tes », sinon c'est comme si tu disais juste « j'aime beaucoup cheveux ».

Txasunu nikre ma.

Le blond lui fit répéter la phrase une bonne quinzaine de fois avant de juger que c'était à peu près correct. Quaritch lui demanda aussi de corriger sa prononciation sur certaines expressions de politesse fréquentes comme « pardonnez-moi », « comment puis-je vous aider » et « merci beaucoup ». Cependant, tandis que son interlocuteur s'était lancé dans une longue explication sur la façon dont l'avatar n'ouvrait pas assez la bouche pour prononcer tel son et ne faisait pas le bon mouvement avec sa langue pour tel mot, il perdit un peu le fil. En fait, c'était la première fois que Spider était aussi gentil avec lui et qu'il répondait avec autant d'enthousiasme à toutes ses questions, sans le juger. Ça changeait de leur soirée habituelle où il se contentait de l'écouter parler en se moquant parfois de lui, bien que sans réelle méchanceté.

— Hey!

Il venait de recevoir une baffe sur la tête.

— Tu m'écoutes même pas!

— Pardon pardon, j'étais distrait.

— Et comment tu dirais ça en Na'vi?

— Euh... Txoa, lahe'u fpil?

 — Mmh, pas tout à fait. T'as inversé les deux mots: c'est fpil lahe'u.

Ils s'exercèrent encore un peu, puis Quaritch demanda si c'était possible d'oxygéner la salle dans laquelle ils se trouvaient afin que Spider puisse retirer son masque. Le fait que le plus jeune doive toujours porter un masque l'agaçait. Ce serait lui qui devrait en porter un puisqu'il n'avait pas besoin de respirer aussi souvent, surtout depuis qu'il s'entraînait à retenir son souffle plus longtemps.

Spider hésita un peu, puis accepta. Les seuls moments où il pouvait retirer son masque étaient lorsqu'il était chez lui (on lui avait construit une petite maison oxygénée) et lorsqu'il était dans les laboratoires humains, ce qui restait assez rare. Et l'idée que l'avatar veuille qu'il soit plus confortable en sa présence lui plaisait bien. Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait un plan quelconque derrière cette simple suggestion.

 

༺༺༺

 

Le jour suivant, il fit part de ses inquiétudes à Kiri qui, sans surprises, les balaya d'un geste désinvolte.

— Je peux venir vous surveiller ce soir si t'as peur qu'il tente quelque chose, lui proposa-t-elle.

— Non, j'ai une meilleure idée. On pense qu'il agit bien pour pouvoir me voir, donc si j'arrête d'aller lui tenir compagnie, il aura plus aucune raison d'être gentil et il va probablement essayer de s'enfuir.

— Mais il a bien travaillé aujourd'hui... on peut pas lui enlever ce qu'on a promis sans même l'avertir avant!

— On aura juste à trouver autre chose comme récompense si il continue de bien agir.

— Okay, mais vas-y pour ce soir. Tu l'avertiras que c'est la dernière fois.

Spider soupira, vaincu comme toujours par l'adorable petite moue de sa soeur (et non pas par son argument, loin d'être infaillible).

En entrant dans la pièce oxygénée, le jeune homme eut un drôle de pressentiment. Quaritch avait l'air vraiment bizarre. Il ne le salua pas et ne lui jeta même pas un regard. Pourtant, il l'avait entendu arriver, car ses oreilles avaient instinctivement pivoté vers le bruit de la porte.

— Qu'est-ce que t'as? s'inquiéta-t-il. T'es bizarre depuis hier, mais là c'est pire.

— Je me sens triste. Je sais pas, peut-être... non laisse faire.

Spider abandonna partiellement sa méfiance et alla s'installer sur le petit matelas de fortune près du plus vieux.

— Pourquoi t'es triste?

— Parce que.

— C'est pas une réponse ça.

— Kiri m'a dis l'autre jour que je venais juste de naître dans mon corps d'avatar. J'me rappelle parfaitement de ma vie d'avant, mais des fois j'me dis que j'suis peut-être encore comme un enfant pour certaines choses.

— Peut-être... mais tu m'as pas dis pourquoi t'es triste?

— Qu'est-ce que ça changerait si tu le savais?

— Pourquoi t'évites la question?

Quaritch laissa échapper un grognement de frustration, puis se cacha dans son masque pour respirer quelques secondes.

— Vous me gardez enfermé. Même si c'est pas toute la journée, c'est normal que j'me sente comme ça non?

— À partir de demain on peut arranger ça. Ça tombe bien en fait! On t'avais promis une « récompense » pour ton bon comportement, donc au lieu que je vienne te tenir compagnie dans ta petite cage, tu pourrais sortir dehors.

— On pourrait aller marcher le long de la plage?

— Tu pourrais aller marcher où tu veux, quand tu veux. On arrêterait de te surveiller!

Ils continueraient bien sûr à le surveiller de loin, pour éviter une mauvaise surprise. Cependant, Spider garda cette information pour lui.

L'avatar haussa un sourcil dubitatif.

— Vous allez vraiment risquer de me laisser sortir sans surveillance?

— Si ton comportement reste comme en ce moment, oui.

Le plus grand soupira; il n'avait pas du tout l'air content comme Spider s'y était attendu.

— C'est pas ça que tu voulais? Plus de libertés?

— Pas vraiment, honnêtement... je voulais faire des activités avec toi, que tu me montres tes endroits préférés... En fait, ça me dérange pas tant que ça que vous me surveilliez, c'est juste que j'ai l'impression que tu te forces à passer du temps avec moi... c'est plus ça qui me rend triste. Kiri m'a dit que tu m'aimais, mais moi je trouve ça dure à croire.

Surpris, le plus jeune ne savait pas trop quoi répondre. Devait-il rassurer Quaritch?

— Euhm... non, elle...  elle a raison, marmonna-t-il les joues brûlantes.

— Pas besoin de me mentir, je vais pas me mettre à pleurer, ni à aller tuer des gens, ironisa l'avatar.

Spider ne mentait pas, cependant, il comprenait que l'autre ne le croyait pas.

— Peut-être euh, que ça te ferait du bien de pleurer justement? Tu te sentirais mieux après?

L'homme pouffa doucement, puis secoua la tête.

— C'est pas de pleurer que j'ai envie.

Il se pencha vers Spider et lui chuchota à l'oreille:

— C'est faire ça que j'ai envie.

Ses lèvres vinrent ensuite se presser brièvement au coin de sa bouche; pas en un réel baiser, juste un petit bisou pour lui montrer ce qu'il désirait. La respiration du plus jeune s'accéléra tandis qu'il prenait conscience de ce que Quaritch venait de lui avouer par ce simple geste. Ça lui paraissait à la fois totalement inattendu et d'une évidence indéniable. Inattendu, car il détestait le colonel pour ce qu'il avait fait aux Na'vis, aux Tulkuns, à Jake, à Kiri... Pourtant c'était évident quand il pensait à leur récente proximité et au comportement de l'avatar envers lui.

Et Spider en avait envie aussi. Pourtant, il se sentait un peu mal; cet homme avait commis des actes immondes.

— Promets-moi quelque chose, murmura-t-il soudainement.

— Mmh?

— Promets-moi de faire tout ce que tu peux pour réparer tes erreurs, ordonna-t-il.

— D'accord, promis.

Le plus grand lui sourit sincèrement et osa prendre sa main dans la sienne. Il trouvait les doigts humains terriblement petits maintenant qu'il avait le corps d'un Na'vi et ça éveillait un instinct protecteur en lui dont il ignorait l'existence. Ce garçon était bien plus fragile qu'il ne le laissait paraître et il voulait le protéger.

Spider leva alors timidement son regard vers lui, avant de le détourner aussitôt et Quaritch fut incapable de résister une seule seconde de plus. Il attrapa sa nuque avec douceur et se pencha pour l'embrasser véritablement cette fois-ci, emboîtant parfaitement leurs deux paires de lèvres ensemble. Le blond gémit légèrement en s'agrippant aux épaules de l'avatar. C'était son tout premier baiser et il était divin — ni trop chaste, ni trop empressé. Il fondit dans les bras du plus vieux, jusqu'à ce que celui-ci ne le soulève pour l'installer à califourchon sur ses cuisses. Spider rougit brusquement et se mit à protester:

— On devrait pas faire ça... chuchota-t-il, embarrassé.

— On fait rien de mal, contra Quaritch. On fait juste s'embrasser.

L'avatar posa un doux baiser sur son front puis glissa son nez dans son cou pour le chatouiller. Tenir le garçon dans ses bras était aussi enivrant qu'inespéré. Puis il s'éloigna un instant pour mettre son masque et Spider en profita pour bondir à un bon mètre de distance.

— Il commence à être tard, balbutia-t-il, ayant trouvé cette excuse bancale pour partir. Je devrais rentrer.

— Attends, reste encore un peu!

— Je suis fatigué, improvisa le blond. Et tu devrais être content qu'on te laisse enfin plus de libertés, ça fait presque deux mois que t'es enfermé ici.

Même s'ils le laissaient toujours sortir pendant la journée, il demeurait un prisonnier de guerre en quelque sorte et passait plusieurs heures par jour cloîtré dans sa petite chambre.

— Tu vas pouvoir aller partout où tu veux à partir de demain, insista le plus jeune pour qu'il prenne conscience de sa chance.

Quaritch prit un air malicieux.

— Parfait. Je vais me débrouiller pour être à la même place que toi alors.

Notes:

Coucou ^^
N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire :)

Chapter 4: Découvertes

Notes:

Hello~

Finalement j’ai décidé de continuer l’histoire. J’ai plein d’idées pour la suite alors j’espère que ça va vous plaire!! 💛🐝

Chapter Text

Suite à cette fameuse soirée, Quaritch fut effectivement relâché pendant la journée, cependant, il se sentit un peu troublé. Après tout, il était dans un clan de Na'vi qu'il ne connaissait pas, détesté par 99% d'entre eux, et comme il avait été guidé par Kiri à chaque fois jusqu'à date, il avait peur de se perdre maintenant qu'il était seul.

Il finit par se résoudre en se rappelant que Spider lui avait clairement fait comprendre la chance qu'il avait: il voulait et devait la saisir. Sans plus tarder, il franchit la porte déverrouillée de sa salle de détention pour s'engouffrer avec appréhension dans la nature sauvage de Pandora. Il connaissait la forêt entourant la base que les humains avaient établie, mais ici, face à l'Océan immense et inconnu, il était livré à lui-même, armé uniquement des enseignements de Kiri et Spider.

Les bruits qui l'entouraient lui révélèrent d'abord la présence abondante d'animaux de toutes sortes. Il y avait peut-être une possibilité de trouver un ikran s'il osait s'aventurer dans la végétation. Son compagnon s'était révélée particulièrement pratique pour lui depuis qu'il était un avatar et même relativement amical une fois la première rencontre passée. Quaritch les préférait nettement aux ilus qui semblaient s'être donné le mot pour le faire paraître ridicule.

En marchant, il fut interpellé par le bruit d'une rivière et décida de la longer pour éviter de se perdre. À peine quinze minutes plus tard, il dut se rendre à l'évidence: ses énormes bottes militaires faisaient fuir toute forme de vie à un kilomètre à la ronde. Il revint donc sur ses pas et s'en débarrassa avant de repartir d'une démarche bien moins assurée. Il découvrit avec fascination que ses oreilles bougeaient sans qu'il n'ait besoin de les commander, s'adaptant naturellement aux sons. Il reconnut des fruits familiers et en prit un, sachant que celui-là était comestible. Il sentait vraiment con à marcher ainsi sans avoir la moindre idée de ce qu'il faisait.

Si Kiri était là, elle lui pointerait différentes espèces de plantes et lui dirait lesquelles sont nocives et lesquelles ont des propriétés utiles. Si Spider était là, il grimperait partout et se moquerait de son manque flagrant d'agilité. Si Tuk était là, elle lui raconterait plein de choses amusantes qu'elle avait faites avec ses amis. Même la présence de Lo'ak qui le fusillait constamment du regard serait préférable à la solitude. La seule qu'il désirait ardemment éviter plus que tout était Neytiri. Il aimait encore mieux affronter une géante bête sauvage que cette femme.

Il arriva alors dans une clairière et sentit une drôle de sensation le chatouiller; la végétation au sol devenait plus haute et les tiges lui chatouillait les jambes. Le colonel baissa les yeux et vit de petites plantes tenter de s'accrocher vainement à sa tresse. Il savait qu'il était possible de faire le tsaheylu avec les animaux, mais il ne pensait pas possible de pouvoir se lier à une fleur. Il hésita... et si c'était empoisonné? Il ne voulait pas mourir stupidement à cause d'une plante. Finalement, il se dit que Kiri l'aurait prévenu si une telle chose pouvait être dangereuse.

Avec précaution, il lia sa longue tresse avec une des tiges. Quelques secondes passèrent et l'avatar ne sentit rien sinon un calme reposant l'envahir. Était-ce signe que la fleur avait des effets soporifiques? Il ne voulait pas s'endormir ici, à la merci des animaux... Tandis qu'il s'apprêtait à changer d'idée, une impression nouvelle apparue, un peu comme s'il entendait quelqu'un d'autre respirer à l'intérieur de lui. Était-ce la fameuse Eywa dont Kiri parlait souvent?

Quaritch entendit soudainement des Na'vi qui arrivaient, probablement pour venir chasser. Il brisa aussitôt le tsaheylu avant de se faire remarquer et retourna sagement à sa cellule en suivant la rivière. Il conclut avec déception qu'il n'avait définitivement pas d'ikrans dans cette région-ci. Il allait devoir convaincre les ilus de le transporter.

 

༺༺༺

 

Cachés derrière un grand rocher recouvert de mousse, Spider et sa soeur espionnaient discrètement le colonel. Celui-ci était déjà de retour de son escapade et Kiri était très optimiste par rapport à ses capacités d'adaptation. Il avait abandonné ses horribles bottes et avait même osé faire un tsaheylu.

Maintenant qu'il était revenu à son point de départ, Quaritch constata que le soleil était à son zénith. Il en profita donc pour une baignade rapide dans la mer. Il devait continuer de s'entraîner pour retenir son souffle plus longtemps, s'améliorer à nager plus vite et tenter une énième fois de dompter un ilu récalcitrant.

Alors qu'il se faisait rejeter sans scrupule par un bel ilu, l'avatar aperçu Neytiri au loin, en compagnie de Jake, Lo'ak et Tonowari. Ce devait être un signe envoyé par Eywa pour lui dire de partir d'ici au plus vite. De toute façon, l'éclipse approchait et il était affamé. Mieux valait trouver à manger avant d'être plongé dans le noir.

En sortant de l'eau, il dut faire face à deux individus assez familiers: nuls autres que Spider et Kiri.

— Je croyais que vous ne me surveilliez plus, ironisa-t-il en haussant un sourcil.

— Mais non, t'inquiète! rassura la jeune fille. On s'est juste dit que tu devais avoir faim!

Quaritch ne put retenir un sourire; il ne dirait certainement pas non à un bon repas. Il espérait cependant qu'il pourrait apprendre à chasser bientôt. Bien qu'ayant été militaire une bonne partie de sa vie, il s'imaginait difficilement avoir la finesse nécessaire pour manier un arc ou encore la patience et la subtilité requise pour dissimuler sa présence aux proies.

Lorsqu'ils arrivèrent tous les trois au village, un grand feu trônait au centre et plusieurs Na'vi s'affairaient à faire cuire les prises qu'ils avaient récupérées pendant la chasse. Au début, le colonel avait été surpris de découvrir les talents culinaires des gens d'ici. Tout comme les humains, ils utilisaient divers assaisonnements et cuisinaient une large variété de recettes. L'odeur qui s'élevait dans l'air promettait d'ailleurs un excellent festin, mais l'avatar ne pensait pas y être invité, malgré l'optimiste de Kiri.

Son inquiétude s'accrut drastiquement quand il croisa involontairement le regard meurtrier de Jake. Il s'excusa brièvement et s'apprêtait à partir dans la direction opposée, mais Spider le retint par le poignet.

— Attends ici cinq minutes, lui intima-t-il doucement.

Docilement, Quaritch attendit donc sans bouger, tellement stressé qu'il en avait presque mal au ventre. Jake s'approchait visiblement de lui, or il fit mine de ne pas le voir. Il pria de toutes ses forces pour que le blond ou Kiri revienne avant que son ennemi ne parvienne jusqu'à lui. Hélas, ses prières ne furent malheureusement pas entendues à temps.

— Miles, je peux savoir c'que tu fous ici?

— J'attends Spider, bredouilla-t-il simplement, en voyant justement ce dernier trottiner vers lui, deux assiettes en main.

— Dégage, cracha Jake en montrant les crocs. Approches-toi plus jamais du clan. Personne veut voir ta sale gueule ici!

Okay, au moins ça c'était clair. Le colonel s'en allait répliquer avec véhémence, ses propres crocs déjà visibles, mais il s'interrompit en voyant Spider surgir entre eux pour les séparer.

— C'est bon, je m'en occupe, murmura-t-il en attrapant à nouveau le poignet du plus vieux pour le tirer plus loin. À plus tard Jake!

Sous son air ahuri, le garçon s'enfuit joyeusement vers la plage avec l'ennemi numéro un des Na'vi. Il éclata même de rire, se moquant de l'expression de son père adoptif et Quaritch sentit s'évanouir toute l'angoisse qui l'avait paralysé précédemment.

— Je savais que c'était pas une bonne idée d'aller là-bas, pointa-t-il néanmoins.

Le plus jeune haussa nonchalamment les épaules, l'air peu préoccupé par son sort.

— C'est la faute de ma soeur. Tiens, mange.

— Oh! Merci. Et aussi pour m'avoir sauvé de Jake.

Spider lui tendit un plat encore légèrement fumant et ils s'installèrent dans le sable face à l'Océan. Le blond feignit parfaitement une attitude sereine et apaisée, comme s'il ne réfléchissait à rien d'autre que la beauté du paysage. Ses yeux noisettes voguaient distraitement sur la ligne d'horizon, sans un regard vers l'avatar à ses côtés. Par habitude, il n'amorça pas la conversation et attendit que le plus vieux le fasse, mais l'autre demeura obstinément silencieux. Son altercation avec Jake devait monopoliser toutes ses pensées.

De son côté, le jeune homme songeait au baiser de la veille. Il ne comprenait absolument pas comment ça avait pu se produire, ni pourquoi Quaritch avait semblé si heureux. Ce devait être le fait d'être enfermé loin des siens qui le rendait émotif; il était sûrement en manque d'affection. Cependant, à chaque fois qu'il repassait la scène dans sa tête, un drôle de nuage à la fois agréable et douloureux se nichait dans son ventre. Toute cette situation le rendait confus... il ne savait pas s'il était heureux ou mal à l'aise.

Il se tourna vers le colonel pour amorcer la discussion et rougit en constatant que celui-ci le fixait déjà d'un air rêveur. Son estomac s'agita de la même manière que lorsqu'il était stressé, mais cette fois-ci il s'agissait d'une raison totalement différente: il était nerveux.

— Ça va..? demanda-t-il en détournant furtivement les yeux.

— Ouais, ça peut aller, répondit Quaritch. Toi?

— Mmh mmh, ça va.

— Vous faites quoi d'habitude pendant l'éclipse?

— Souvent on fait une sieste, mais l'éclipse est pas très longue. Une trentaine de minutes environ.

Ils ne parlèrent plus ensuite et Quaritch glissa accidentellement son regard sur les lèvres du plus jeune. Ça avait été inconscient, il ne s'en était pas rendu compte. Pourtant, Spider s'en aperçut et sa respiration s'affola. Pourquoi lui aussi en avait-il encore autant envie..?

Il se releva alors brusquement et abandonna l'avatar sur la plage, ne lui adressant qu'un bref au revoir. De toute façon, le ciel commençait déjà à s'assombrir.

Chapter 5: Apprenti chasseur

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Spider était parti précipitamment, abandonnant Quaritch purement et simplement alors que l'éclipse débutait. Paniqué, l'homme se releva en vitesse et le poursuivit. En vrai, il avait un peu peur du noir dans la jungle de Pandora. Ce n'était pas du tout pareil qu'en sécurité à la base militaire.

— Spider, attends! Tu vas où?

— Je rentre chez moi, répondit-il simplement.

— J'peux venir avec toi?

— Non. De toute façon ma maison est trop petite pour toi.

— C'est pas grave, je peux me pencher.

Le blond poussa un soupir à fendre l'âme et finit par accepter devant l'air suppliant de Quaritch. Cet homme avait totalement changé en plus de deux mois, s'en était à la fois rassurant et effrayant.

Ils marchèrent donc jusqu'à une petite tente, très similaire à celles des Na'vis, mais construite spécifiquement pour Spider afin qu'il puisse respirer normalement et recharger son exopack. Juste avant d'entrer, le jeune humain avertit l'avatar que l'intérieur de la maison était filtré et donc qu'il devrait porter un masque. L'homme ne s'en plaignit pas du tout, loin de là.

Dès qu'il entra, Quaritch remarqua que l'endroit n'était pas très grand, mais tout de même assez pour qu'il se tienne debout et effectue quelques pas. Il y avait une table avec trois chaises, des armoires et deux lits — enfin, deux matelas côte à côte à même le sol.

— C'est joli, déclara-t-il doucement. Tu vis avec quelqu'un?

— Oui, avec Lo'ak. Des fois, il fait un peu froid la nuit. On a des couvertures, mais le meilleur moyen reste de dormir ensemble.

Le colonel fit de son mieux pour demeurer impassible bien que cet aveu soit assez surprenant. Il ne voulait pas s'imaginer des choses pour rien, mais si Spider et Lo'ak dormaient ensemble... peut-être qu'ils avaient une relation tous les deux.

— Moi aussi je pourrais te protéger du froid, lâcha-t-il d’un ton suggestif, en espérant que le blond ne prenne pas mal sa miteuse tentative de drague.

Au contraire, ce dernier rougit et détourna la tête. Le plus vieux s'en voulait presque de le trouver aussi mignon.

Il faisait à présent nuit noire, puisque l'éclipse était pleinement enclenchée. Spider l'invita à le rejoindre pour une sieste d'un simple geste de la main et Quaritch ne se fit pas prier. Il avait eut une matinée assez mouvementée et maintenant qu'il pouvait se reposer, il allait certainement en profiter. Surtout qu'il n'était pas seul, pour une fois.

Pendant cette pause amplement méritée, l'avatar se mit malgré lui à réfléchir à ce que le plus jeune lui avait fait promettre: de tout faire pour réparer ses erreurs. Il avait bien quelques idées, cependant, il doutait qu'elles soient suffisantes pour rattraper ce qu'il avait fait, dans cette vie et la précédente. Il se résigna lorsque les premiers rayons du soleil illuminèrent la maison à travers les fenêtres. C'était le temps de se lancer.

— Hum, Spider? J'ai réfléchit à ce que tu m'as dit hier...

Celui-ci haussa un sourcil endormi, mais curieux vers lui.

— Je t'ai dit beaucoup de choses hier, Quaritch.

— C'était au sujet de réparer mes erreurs. Je pensais à ça et j'me disais que je pourrais travailler dans le village au lieu de faire des trucs insignifiants? Je pourrais aider les Na'vis avec les tâches les plus difficiles?

— C'est un bon début. Mais honnêtement, j'ai un peu de mal à croire que t'aies autant de bonne volonté sans rien espérer en échange, sans vouloir t'offenser.

— T'as raison, j'espère de la reconnaissance. J'aimerais que les Na'vis arrêtent de me considérer comme leur ennemi; je ne le suis plus.

— C'est bien beau de le dire, mais va falloir que tu le prouves. J'peux t'aider si tu veux.

— Qu'est-ce que je devrais faire selon-toi? Penses-tu que je devrais devenir Toruk Makto comme Jake?!

— Non. Je pense que l'important ce serait de t'apprendre à chasser déjà. Viens, l'après-midi passe vite.

Les yeux du colonel doublèrent de volume à l'entente du mot « chasse » et il bondit de son lit, plus que prêt. S'il y avait une chose à laquelle il voulait être doué plus que tout, c'était ça. Non seulement il s'agissait d'une compétence absolument nécessaire s'il devait survivre seul, mais en plus, les Na'vis apprécieraient probablement qu'il ramène de la nourriture au camp. Tout le monde pourrait en profiter. Et surtout, son humain préféré serait avec lui.

— Je te suis!

Le plus jeune attrapa alors son arc, son couteau ainsi qu'un carquois rempli de flèches, puis il pria l'avatar de l'attendre sagement le temps qu'il aille lui chercher une arme à sa taille. Ce foutu géant bleu le dépassait de presque quatre pieds!

Lorsqu'ils furent dans la forêt, le blond commença par lui expliquer les différentes espèces que les Na'vis chassaient, les endroits où on les trouvait et les meilleurs moments de la journée pour s'y prendre.

— Donc, si je comprends bien, en après-midi, on est mieux de chasser les hexapèdes?

— Oui, ils sont plus faciles à attraper de jour contrairement aux métabêtes. Par contre, ils sont sensibles au bruit, donc va falloir que t'apprennes à être discret. Et à grimper aux arbres aussi. En général, quand on chasse des animaux terrestres, on a l'avantage sur eux si on est en hauteur.

— Compris. On y va?

Spider sourit.

— Pas à pied, ce serait trop simple.

Il s'élança ensuite sur une large branche et fit signe à Quaritch de monter.

— Je te donne le défi de te rendre jusqu'au lac près de la montagne sans toucher par terre. Si tu tombes, tu me dois un gage. Si tu réussis, je t'en devrai un.

Le plus vieux déglutit. Il savait déjà quel gage il demanderait s'il gagnait (la table de cuisine était pile à la bonne hauteur).

— C'est quand même loin, mais... j'accepte!

Ils débutèrent ainsi un long parcours d'arbre en arbre à hauteur moyenne (le colonel ne souhaitait pas non plus mourrir si par malheur, il tombait). D'ailleurs, une chance qu'il était extrêmement déterminé, car se tenir en équilibre sur des branches fut beaucoup plus difficile que ce qu'il croyait. À chaque fois qu'il glissait et devait se rattraper in extremis, le monkey boy qui l'accompagnait trouvait une petite moquerie à lui lancer. Dans le meilleur des mondes, il aurait voulu impressionner le blond en se déplaçant rapidement et sans hésitation, toutefois il préférait clairement obtenir son gage plutôt que de risquer une chute inutile.

Avec ses talents inexistants, ils prirent un total de deux heures pour se rendre au lac qui normalement, s'atteignait en une trentaine de minutes de marche. Malgré tout, Quaritch n'avait pas effleuré le sol une seule fois (même s'il s'en était fallu de peu à un moment) et à son grand plaisir, Spider ne lui cacha pas sa fierté — ni son agacement du fait qu'il avait désormais un gage à effectuer. 

De leur position en hauteur, ils voyaient parfaitement le troupeau d'hexapèdes qui s'abreuvait tranquillement. Les animaux ne les avaient pas repérés. Il était maintenant temps de passer aux choses sérieuses.

D'un mouvement contrôlé grâce à sa pratique, Quaritch sauta dans l'arbre voisin, d'où il aurait un meilleur angle pour tirer. Cependant, il perdit légèrement l'équilibre et se rattrapa à la première chose qui se trouvait à sa portée, dans ce cas-ci: une énorme feuille. Hélas, la feuille en question se détacha sous son poids et cela provoqua une petite secousse dans l'arbre. Rien de bien grave! Pourtant, ce fut suffisant pour qu'un oiseau qui était présent prenne peur et s'envole en poussant un cri strident, à en réveiller la forêt entière. Les hexapèdes relevèrent brusquement la tête dans leur direction, mais heureusement, la végétation était assez dense pour les dissimuler à leurs yeux. Les animaux reprirent donc leur activité, bien qu'ils demeurèrent sur leur garde.

— Fais moins de bruit! s'exclama Spider en murmurant.

— C'est l'oiseau qui a hurlé à mort, pas moi!

— Bon, va falloir se dépêcher maintenant. Ils sont méfiants et risquent de partir bientôt.

Le plus jeune sauta à son tour dans l'arbre où se trouvait Quaritch et se percha sur une branche plus mince juste au-dessus de lui.

— T'es prêt?

— Euh... oui!

— T'as une seule chance. Si tu rates ton coup, ils vont tous déguerpir au galop.

— Tu me mets trop de pression..! J'ai jamais fait ça de ma vie, avoua le colonel. Ma spécialité c'est les mitrailleuses.

Le blond se prit la tête dans les mains, découragé. Il se plaça alors juste derrière le plus grand et lui chuchota dans l'oreille quelques conseils pour mieux tirer: garder son corps droit, les épaules larges, deux doigts sur la corde, ne pas oublier de prendre en compte le vent. L'avatar acquiesça, attrapa une flèche et banda son arc, dirigeant la pointe du projectile vers leurs proies. Ils étaient nombreux dans le troupeau, ce qui augmentait ses chances d'en toucher un. Collé dans son dos, Spider l'aida à viser correctement, caressant malicieusement ses muscles au passage. Comment Quaritch était-il supposé se concentrer quand ce morveux se collait contre lui de la sorte?

La flèche partit finalement, fendant l'air à une vitesse folle. Tel que prévu, les hexapèdes furent aussitôt affolés et s'enfuirent dans toutes les directions. À la distance où ils se trouvaient, c'était difficile de savoir si elle avait atteint une cible. Les deux chasseurs descendirent alors de l'arbre et s'approchèrent afin de guetter un animal affaibli. Ils repérèrent l'un d'entre eux qui boitait et l'avatar tira une seconde flèche. Cette fois, l'hexapède blessé tomba au sol en gémissant. Le plus jeune récita la prière rituelle, étonné d'entendre la voix du colonel s'ajouter à la sienne, avant d'achever la bête avec son couteau.

— Kiri me l'a apprise, se justifia ce dernier.

— Elle a bien fait, c'est important.

Ils profitèrent quelques minutes de l'eau du lac pour boire et se rafraîchir, puis repartirent au camp, à pied.

Avec sa taille réduite, Spider préférait que ce soit Quaritch qui transporte l'animal. Pour le convaincre, il utilisa une technique presque infaillible: il le complimenta.

— Tes muscles sont genre énooormes! exagéra-t-il. J'pense que j'vais t'appeler monsieur gros muscles maintenant.

Le plus vieux manqua de s'étouffer. Quel surnom horrible! N'empêche qu'il avait raison; ses bras faisaient nettement plus que deux fois la taille des siens.

— Et moi est-ce que je peux t'appeler Monkey Boy?

Il avait entendu Kiri l'appeler comme ça quelques fois. C'était mignon et ça lui allait à merveille.

— Non, c'est juste pour Kiri.

— Hey, c'est pas juste! s'indigna-t-il.

Le blond haussa les épaules.

— La vie est injuste monsieur gros muscles.

Quaritch grommela pour la forme.

Lorsqu'ils arrivèrent, ce fut Spider qui se chargea d'aller porter leur butin, afin que personne ne s'en prenne à l'avatar (surtout pas Jake ou Neytiri). Bien sûr, il mentionna aux Na'vis que c'était leur prisonnier qui l'avait vaillamment chassé. Malgré les presque trois mois qu'il avait passé au camp Metkayina, il était toujours détesté par la grande majorité d'entre eux — et avec raison. Par chance, il avait l'amitié de Kiri et de son Monkey Boy et ça c'était bien plus important que le reste.

— Qu'est-ce qu'ils ont dit? s'enquit le colonel, lorsqu'il vit le plus jeune revenir. Ils étaient contents, fâchés?

Celui-ci afficha un rictus supérieur et répondit:

— Ils ont dit que je t'avais bien dompté!

— Ah... j'imagine que ça aurait pu être pire, soupira-t-il.

— T'inquiètes, ils vont finir par t'accepter. En attendant, il te reste plein de choses à apprendre encore!

— Je sais..!

 

༺༺༺

 

Peu avant que la nuit tombe, Quaritch dut rentrer dans sa cellule, même si franchement, il commençait à s'en lasser. L'endroit n'était pas très grand et ne possédait aucune fenêtre. De plus, il avait eu maintes occasions de s'enfuir aujourd'hui et il ne l'avait pas fait. Alors pourquoi le ferait-il cette nuit? C'était stupide.

— Hey Spider? lança-t-il. Est-ce que j'vais pouvoir me construire une maison moi aussi?

Il se doutait que personne ne voudrait vivre avec lui, mais au moins, il ne serait plus obligé de dormir dans la salle de détention.

— Hum, oui. Si tu veux. Mais honnêtement, je pense pas que c'est une bonne idée.

— Pourquoi?

— C'est compliqué... on en reparlera demain. Aller, bonne nuit monsieur gros muscles.

— Okay, bonne nuit Monkey Boy, osa le colonel avec un petit sourire en coin.

Notes:

Hey bitches, I’m back!

Promis, la prochaine update ne prendra pas 3 mois à arriver 😅 J’espère que ce chapitre vous a plu, n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire si c’est le cas! 🐝💛

Chapter 6: À la maison

Chapter Text

Contrairement à ce que Spider lui avait affirmé la veille, il ne reparlèrent pas de sa future maison le lendemain. Ni le jour d'après, ni le suivant. Quaritch finit par comprendre qu'il s'agissait d'un sujet particulièrement délicat et que le plus jeune n'avait pas envie d'en parler. Il se promit néanmoins de réessayer bientôt, car il n'en pouvait plus de son étroite salle de détention.

À la place de construire sa maison, le colonel occupait ses journées à s'entraîner avec le blond. Il s'exerça d'abord à améliorer ses talents d'archer et de grimpeur d'arbre. Il s'essaya ensuite à la pêche, discipline dans laquelle il découvrit qu'il était plutôt doué. Tandis que ses progrès se faisaient peu à peu visibles, il se mit à sentir un regard scrutateur dans son dos qui semblait toujours l'épier discrètement.

Un jour, il prit Jake sur le fait en train de l'observer à la dérobée. Ne sachant pas trop comment réagir, il l'ignora, mais l'autre homme ne cessa de l'espionner pendant les heures qui suivirent. Agacé, il finit par se retourner violemment et s'écria d'un ton ironique:

— Tu veux ma photo ou quoi, Sully?

Le traître serra les dents et cracha sur lui avant de détaler entre les arbres.

— C'est ça! Dégage fils de pute, cria Quaritch, bien que seul le silence lui répondit.

Quant au Monkey Boy, pendant ce temps, il profitait de l'absence de l'avatar pour s'amuser avec Lo'ak. Kiri était de plus en plus occupée avec la Tsahìk du village, puisqu'elle voulait apprendre le métier. Hélas, se faisant, elle ne passait presque plus ses journées avec ses frères ou sa sœur et ceux-ci s'ennuyaient d'elle.

Lorsque le crépuscule s'invita, Spider prit finalement son courage à deux mains et murmura à Lo'ak qu'il devait lui parler de quelque chose d'important. Ce dernier haussa un sourcil dans sa direction, curieux de savoir.

— Est-ce que Quaritch peut venir vivre avec nous, lâcha-t-il de but en blanc afin de ne pas tourner autour du pot.

Il détestait quand les adultes ne lui avouaient les choses qu'à demi-mot et s'était promis de jamais devenir comme eux. Son frère réfléchit sérieusement à la question, l'air mitigé.

— Tu sais que je le déteste?

C'était réthorique, alors le blond s'abstînt de commentaire.

— Si c'est ce que tu veux, j'vais pas t'en empêcher, mais...

Il laissa sa phrase en suspens quelques secondes puis ajouta:

— Je vais retourner vivre avec papa, maman, Tuk et Kiri. Désolé.

 

༺༺༺

 

Bien sûr que Spider était déçu. Il avait enlacé longuement son ex-colocataire, le lendemain, quand celui-ci était venu ramasser ses affaires avant de quitter la maison en silence. Puis il s'était roulé en boule sur son matelas pour s'apitoyer un instant, en se traitant intérieurement de nul. Par la suite, il s'était asséné une belle claque mentale et avait brusquement relevé son cul du sol pour aller annoncer la nouvelle à Quaritch.

Il le trouva non-loin du village en train de s'entraîner à l'arc et se permit de l'observer à la dérobée quelques instants. En sentant un regard insistant lui chatouiller la nuque, le colonel cru qu'il s'agissait de Jake et se retourna brusquement afin de braquer la pointe de la flèche qu'il venait d'encocher vers l'intrus. Le plus jeune eut un mouvement de recul.

— C'est juste moi, s'annonça-t-il aussitôt. Tu devrais pas menacer les gens comme ça.

Ce dernier marmonna des excuses et vint à sa rencontre. Il vint si près que Spider put sentir son odeur. Il avait beau prétendre n'être nullement intimidé et sûr de lui, quand le géant bleu se tenait face à lui du haut de ses neuf pieds cinq... il se sentait vraiment minuscule, presque insignifiant.

— Qu'est-ce qu'il y a?

— Je t'ai trouvé une maison où habiter.

L'avatar voulut protester, mais le blond ne lui en donna pas l'occasion.

— C'est chez moi.

Cela suffit à lui clouer le bec et il emboita docilement la pas à son Monkey Boy.

Arrivé à la maison, Quaritch s'étonna de la présence d'un seul matelas au sol; il y en avait deux la dernière fois.

— Est-ce que Lo'ak, commença-t-il...

Spider le coupa avant qu'il n'ait pu terminer.

— Il est parti. Retourné vivre avec les parents.

— J'suis désolé.

— T'as pas à t'excuser.

Quand le Colonel lui avait demandé s'il pourrait avoir une maison, le blond devait admettre qu'il avait été un peu triste pour lui. Chez les Na'vis, quand les jeunes adultes quittaient le domicile familial, c'était tout le clan qui les aidait à construire leur nouvelle maison. Ils faisaient ensuite une grande fête pour célébrer cette étape du passage à l'âge adulte. Du côté de l'avatar, ce serait tout l'inverse. Non seulement personne ne voudrait l'aider à construire sa maison, mais en plus tous les Na'vis le détestent et il n'a même plus de famille.

Le blond le comprenait et compatissait à sa situation, car lui aussi se sentait souvent rejeté de sa famille adoptive. Neytiri ne lui avait jamais pardonné le simple fait d'être parmi ceux qui viennent du ciel. Quant à Jake, la mort de Neteyam l'avait beaucoup changé et lui avait fait prendre conscience de ses erreurs. N'empêche qu'il n'avait jamais considéré Spider comme l'un de ses enfants contrairement à Kiri qui, elle aussi, avait été adoptée.

Les deux hommes s'évitèrent ainsi pour le reste de la journée, le premier étant de mauvaise humeur et le second n'osant pas déranger le premier. Le malaise s'accrut quand, à la tombée de la nuit, ils firent tout deux face à l'unique matelas au sol.

— Je vais aller en chercher un autre, annonça le plus jeune.

— Pas besoin, contra Quaritch, un sourire mutin aux lèvres. On a juste à dormir collés.

Spider lui jeta un regard noir, ses joues arborant tout de même une teinte écarlate. Il s'apprêtait à refuser, mais le Colonel ne lui en laissa pas l'occasion.

— Allez viens là, lui dit-il en le soulevant avec une horrible facilité dans ses immenses bras.

Le blond n'essaya même pas de se dégager sachant qu'il n'avait aucune chance. Il se contenta de faire une grimace mécontente au plus vieux.

— T'abuse de ta grandeur, ronchonna-t-il.

— Absolument. 

Ils s'installèrent donc collés ensemble sur le matelas, Quaritch gardant un de ses bras autour de la taille de son Monkey Boy.

 

༺༺༺

 

Une nouvelle routine commença ainsi, tout naturellement. La salle de détention fut reléguée dans les oubliettes de leurs esprits. Hélas, le mépris dont Quaritch était victime ne s'atténua pas — pas qu'il ne le mérite, selon Spider — et bientôt, ce mépris s'étendit progressivement sur lui-aussi. Déjà, il faisait partie de ceux qui viennent du ciel. Juste ça suffisait à lui apporter le scepticisme des Na'vis. Désormais, les murmures allaient bon train comme quoi il « pactiserait avec l'ennemi ». 

Ce rejet de plus en plus flagrant des autres lui pesait énormément sur le cœur bien qu'il n'aborda jamais la question. Les rayures qu'il avait pris l'habitude de peindre sur son corps lui paraissaient presque dérisoires. Ça ne servait à rien de prétendre être quelqu'un qu'il ne serait jamais, même dans ses rêves les plus fous. Ironiquement, son seul réconfort était aussi la cause même de ses soucis — Quaritch.

L'avatar était insupportablement gentil depuis qu'ils avaient aménagé ensemble. Spider s'était mis à apprécier beaucoup plus que ce qu'il aurait dû de dormir dans les bras du Colonel. C'était un peu différent d'avec Lo'ak; le blond avait réellement l'impression que l'homme comprenait ce qu'il ressentait et qu'il compatissait avec lui.

Et puis, Kiri lui manquait terriblement. Il la voyait parfois, partageait un court repas en sa présence avant qu'elle ne disparaisse une énième fois dans l'antre de la Tsahìk. Elle deviendrait assurément la meilleure guérisseuse de tous les clans confondus, pensait-il, fier de sa sœur adoptive. Hors pendant ce temps, lui, se contentait de survivre avec le peu de contacts sociaux et physiques dont il bénéficiait. C'était probablement un mélange hétéroclites de tout ça qui mena le blond à faire quelque chose qu'il n'aurait certainement pas imaginé en d'autres circonstances...

Il était assez tard ce soir-là. Spider était chez lui; il avait un petit creux alors il égrenait méthodiquement une pommegrenade qu'il avait cueillie plus tôt. Il adorait particulièrement ces fruits rouges et juteux même s'ils agaçaient la plupart des gens dû au temps nécessaire à les égrener. Son nouveau colocataire l'observait faire très attentivement, captivé.

— Quoi? s'écria le plus jeune, gêné par ce regard scrutateur.

— Pourquoi tu perds autant de temps à manger ça? s'enquit l'avatar, le menton nonchalamment appuyé sur la paume de sa main.

— En général, j'en mange quand j'suis de bonne humeur ou quand j'ai besoin de réfléchir.

— Et aujourd'hui, c'est pour quoi?

— Un peu des deux, je dirais.

Le blond avait inconsciemment laissé une goutte de jus au coin de sa bouche. Quaritch la suivait fixement des yeux; il voulait goûter lui aussi. Sans s'apercevoir qu'il s'était un peu trop rapproché de son Monkey Boy, le Colonel intercepta une seconde fois son regard incertain. 

— Qu'est-ce que tu me veux!? s'énerva finalement celui-ci. Arrête de me fixer!

Le plus vieux s'avança alors très lentement, l'air hypnotisé — presque comme s'il était en transe — et essuya méticuleusement la goutte de jus oubliée sur les lèvres rougies de Spider. Le garçon sentit les battements de cœur s'accélérer. Ils l'avaient déjà fait non..? Une fois de plus ou de moins... ça ne changerait pas grand chose, n'est-ce pas?

Lorsque leurs prunelles se rencontrèrent à nouveau, brillantes d'un accord tacite, le blond se retrouva assis sur la table tandis que Quaritch l'embrassait avec une ardeur contenue. Il sentit ses joues s'enflammer sans qu'il ne puisse s'en empêcher. Pour autant, il ne repoussa pas l'avatar. Au contraire, il avait besoin de ça: de se laisser aller, de ressentir du plaisir, de se sentir aimé et désiré. Les bras forts du Colonel autour de son corps frêle d'humain lui apportait tout cela.

Il enroula de lui-même ses jambes autour de la taille du plus grand et ce dernier, après avoir respiré quelques secondes dans son masque, le renversa sur la table. Son dos rencontra le bois lisse alors que le corps de Quaritch couvrait agréablement le sien et que leurs lèvres s'épousaient encore. Son désir monta en flèche; chaque cellule de son organisme s'électrisant sous les baisers de plus en plus brûlants qu'ils échangeaient.

Les mains de l'avatar se perdaient entre ses hanches et ses cuisses, effleurant sa peau avec une douceur surprenante. Spider s'accrocha ensuite à ses épaules et celui-ci comprit aussitôt. Il le souleva donc afin de l'amener jusqu'à leur petit matelas. Le confort que lui procura la natte sous lui acheva de l'alanguir. Pourquoi avait-il attendu si longtemps avant de s'abandonner ainsi contre Quaritch?

Submergé par ses caresses qui se faisaient de plus en plus appuyées là où son corps réagissait le plus et leur baiser qui n'en finissait pas, le blond se laissa bientôt complètement envahir par le plaisir. Sa tête retomba soudainement vers l'arrière tandis que l'agréable frisson se diffusait dans chacun de ses muscles. Son faible gémissement fut étouffé par les lèvres du plus vieux qui continuèrent d'explorer la courbe légèrement salée de son cou et de sa mâchoire.

Puis il se mit à papillonner paresseusement des paupières, lourd de sommeil. Quaritch ne cessa jamais de l'embrasser de sa bouche douce et chaude jusqu'à ce qu'il ne s'endorme. Un sourire sincère s'était frayé un chemin sur son visage détendu.

Chapter 7: Au grand jour

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Spider s'éveilla tôt avec une sensation d'humidité qui lui collait au bas-ventre. Les restes de son rêves s'échappèrent aussitôt et la veille lui revint subitement en mémoire. Quaritch était toujours profondément endormi derrière lui, serrant faiblement son corps en cuillère. Il s'extirpa de son immense bras aussi doucement qu'il le put afin de ne pas réveiller le plus grand, mais ses efforts furent vain. Les deux iris jaunes se fixèrent sur lui alors qu'il s'apprêtait à quitter la minuscule maison.

— Où tu vas? s'enquit-il, la voix encore rocailleuse de sommeil.

Spider évita de le regarder en face.

— À la rivière. Me laver.

L'avatar se redressa, un nouvel éclat scintillant dans ses yeux.

— J'peux venir avec toi?

Il ne put retenir une moue, pas aussi enthousiaste à cette idée qu'il ne l'aurait probablement été n'importe quel autre jour.

— Okay.

Il marchèrent les quelques minutes qui les séparaient de la source en silence. Enfin, aussi silencieuse que pouvait être une promenade en forêt à l'aube quand la faune nocturne finissait souvent une chasse fructueuse et que les oiseaux s'éveillaient bruyamment, chantant avec bonheur sous les premiers rayons du soleil.

Le blond retira son pagne avant de descendre doucement dans la rivière. La fraîcheur de l'eau lui fit un bien fou. Quaritch l'imita, retirant les vêtements militaires qu'il s'entêtait encore à porter même s'il avait renoncé définitivement à ses énormes bottes. Il se jeta à son tour dans l'eau, éclaboussant partout. Les algues lui chatouillèrent délicatement les orteils et il sourit à Spider, s'approcha doucement de lui. Ce dernier lui jeta un regard ennuyé quand il lui attrapa les hanches, mais le plus vieux ne pouvait pas le prendre au sérieux car il devait pencher la tête pour le regarder. Il lui arrivait à peine au torse et encore, il le soupçonnait d'être sur la pointe des pieds.

— Tu te rappelles que tu me dois un gage? murmura-t-il en s'abaissant à son niveau.

— Pas maintenant. On a des choses à faire, rétorqua Spider.

— Comme quoi?

Le plus jeune eut l'air agacé.

— T'as dit que tu voulais te faire pardonner tes erreurs, c'est pas en restant ici à batifoler que tout le monde va oublier c'que t'as fait.

Le rappel était difficile, mais mérité. L'avatar reprit son sérieux.

— J'avais eu une idée, reprit-il alors. Je sais pas si c'est une bonne idée ou si c'est la pire, mais... tu te rappelles lorsqu'on cherchait Jake, on avait mis en feu une des tributs Metkayina pas loin d'ici.

Il s'interrompit un instant, cherchant le regard noisette qui l'apaisa.

— Je pourrais me proposer pour les aider à reconstruire. Et m'excuser.

Quelques secondes de silence accueillirent sa proposition.

— Je sais pas. Je sais vraiment pas honnêtement. Soit ils vont le prendre comme une insulte et vont essayer de tuer, soit ils vont accepter et te faire faire des travaux de reconstruction. Il faudrait quand même que j'en parle à Kiri avant par contre.

— Oui je comprends, dit-il en caressant la nuque fraîche devant lui.

Le blond lui lança un regard interloqué. Il embrassa son cou juste sous son oreille.

— Et ce soir, est-ce que j'ai le droit à mon gage?

Son Monkey Boy rougit derrière son masque.

— Peut-être... si t'es sage.

— Je vais être sage comme une image alors.

Spider en doutait grandement, mais ne le mentionna pas. Il se défit de l'étreinte plutôt confortable du géant bleu et se hissa hors de la rivière, s'habillant rapidement, car il sentait des yeux curieux détailler son corps nu. Quand Quaritch le rejoignit, il ne put s'empêcher de lui jeter un rapide coup d'œil à son tour et la seule chose à laquelle il put penser était sa grandeur démesurée. Il se sentit minuscule.

— Aller habille-toi, j'ai faim!

Il eut le temps d'apercevoir le sourire en coin du plus grand avant de détourner la tête

Il grimpa ensuite dans un grand arbre fruitier goûter l’équivalent de Pandora d'une poire bien mûre. Le jus sucré éclata dans sa bouche et le ravitailla. Il en cueillit une autre et la balança au plus vieux quelques mètres plus bas.

— Réflexe!

Celui-ci l'attrapa sans difficulté et croqua dedans sans attendre, laissant échapper un fredonnement d’appréciation.

Ils passèrent ainsi le reste de la matinée à faire exactement ce que le blond avait voulu éviter: batifoler sans but, s'entraînant à développer les sens et les capacités de l'avatar de même que ses connaissances générales de la forêt et de la langue des Na'vis. Juste avant midi, ils terminèrent par une baignade rapide dans la mer durant laquelle le plus vieux réussit à monter un ilu quelques minutes. Spider réalisa qu'il préférait passer ses journées à s'amuser loin des Na'vis plutôt que d'affronter leurs regards hostiles quotidiennement. S'il devait devenir un paria à cause de ses origines ou de son affection pour Quaritch, il se dit que ce ne serait pas si terrible au final.

L'éclipse approchait et le plus jeune voulut rentrer. Jake et Kiri le couvait encore comme un bébé et lui avait plus ou moins interdit de rester seul quand l'obscurité tombait. Il n'avait pas leurs taches fluorescentes sur le corps et de nombreux animaux profitaient de l'éclipse pour se trouver une collation vulnérable. Cependant, cette fois-ci, il ne fit pas deux pas que le plus grand retenait son bras avec un regard malicieux.

— Suis-moi, il va rien arriver.

Et il le fit. Car il lui faisait désormais pleinement confiance et il savait aussi qu'en cas d'attaque, il pouvait compter sur ses propres capacités pour se défendre. La clarté diminuait à chaque seconde et la forêt s'épaississait autour d'eux. Les plantes commençaient à s'illuminer et c'était absolument magnifique. Peu importe le nombre de fois ou on assistait à un tel spectacle, cela demeurait toujours aussi impressionnant. L'avatar allait vite maintenant et il avait presque de la difficulté à le suivre. Les feuilles lui fouettaient le visage et sa respiration devenait erratique. Soudain, ils s'arrêtèrent près d'une clairière tapissée de mousse. Spider sentit le sol sous lui avant même de réaliser qu'il venait de s’y faire pousser. Il sentit un baiser langoureux dans son cou, puis un doux chuchotement:

— Enlève ton masque.

— T'es fou? J'veux pas mourrir.

— Juste une seconde.

Il hésita. Suffisamment longtemps pour que les caresses sensuelles le long de son corps le fassent frissonner. Il prit une profonde inspiration et souleva un peu son masque. Ils s'embrassèrent alors et Quaritch glissa sa langue dans sa bouche. Il eut à peine le temps de goûter qu'il dut remette son masque, étourdi autant par le baiser que par le manque d'air. Le plus vieux continua d'embrasser ses cheveux, son torse, ses doigts, son nombril, jusqu'à ce que le soleil ne commence à darder à nouveau ses rayons.

— C'est pas facile, mais le soleil revient toujours.

Ça n'avait été qu'un murmure tout contre son oreille. Le blond n'arrivait pas à croire que ces mots sortaient de la bouche du colonel. Il se redressa à moitié, médusé. Un dernier baiser atterrit sur son ventre bronzé. Il laissa échapper un bref éclat de rire, car ça chatouillait légèrement.

— On va chasser? On pourrait cuisiner après?

— Excellente idée!

 

༺༺༺

 

Le chaos régnait dans la minuscule cuisine. Spider était désespéré.

— Mais non, ça sert pas à ça! s'exclama-t-il face à un Quaritch penaud (il n'aurait jamais cru un jour voir cette expression sur son visage).

Les couteaux et autres ustensiles étaient éparpillés partout. Un pot d'épices avait été renversé au sol et le blond essayait tant bien que mal de terminer la recette pendant que le plus grand essayait de réparer du mieux qu'il pouvait tous les dégâts qu'il avait causés. Il fallait dire que sa taille immense lui était assez désavantageuse dans un espace aussi étroit.

— J'ai tout ramassé, dit alors le plus vieux sous l'œil appréciateur de son Monkey Boy. Toi, ça avance?

— J'ai presque terminé! On ira en porter à Kiri, Lo'ak et Tuk. Ils aiment ça quand je cuisine pour eux.

Son enthousiasme était sincère. Il sentit la présence du géant bleu dans son dos et releva la tête.

— Quoi?

— Et mon gage? T'avais dit ce soir...

— Qu'est-ce que tu veux, demanda Spider d'un ton qu'il espérait nonchalant malgré sa panique intérieure.

Le rictus du plus vieux s'agrandit malicieusement.

— Je veux juste t'embrasser... sur la table de cuisine. 

Le blond se figea, puis leva les yeux jusqu'à croiser le regard de Quaritch. C'était juste un baiser... rien de particulièrement difficile. Il fit comme si cette demande ne l'affectait pas plus que ça, déplaça les choses qui traînaient sur la table et se hissa dessus. De cette façon, il était surélevé et avait plus de facilité à atteindre le visage de plus grand. Il se sentait si timide tout à coup. Pourquoi un geste aussi simple le mettait dans de tels états à chaque fois?

L'avatar coupa court à ses tergiversations en l'embrassant brusquement, court-circuitant son esprit. Il laissa échapper un son de surprise plutôt embrassant. Cependant, cela n'arrêta pas Quaritch qui semblait vouloir aspirer son âme toute entière entre ses lèvres infatigables. Quand ils se séparèrent finalement pour reprendre un peu d'air, Spider était déjà tout essoufflé et excité.

— Pourquoi on fait ça? bredouilla-t-il, les yeux rivés au sol et la respiration pas encore tout à fait stabilisée.

Cette question le tourmentait depuis des semaines, depuis leur premier baiser.

— Parce que j'avais envie. Et toi, pourquoi tu te laisses faire? s'enquit l’avatar.

Évidemment, il aurait dû savoir qu'il n'obtiendrait pas une réponse très philosophique de la part du colonel.

— Parce que... parce que, j'suis un garçon normal, soupira-t-il, légèrement énervé. J'ai envie de faire des choses comme ça, moi aussi.

— Alors fais-les. Y'a rien de mal à ça.

Il lui caressa doucement la joue, puis la nuque et s'empara de ses lèvres une énième fois, le renversant complètement contre la surface en bois. Ils restèrent ainsi si longtemps qu'ils perdirent la notion du temps. Le soleil commençait à baisser à l'horizon et pourtant, leur passion ne faiblissait toujours pas. Ce qui mit fin à leur étreinte assez soudainement fut la double porte qui s'ouvrit soudainement sur Kiri et Lo'ak, l'air plutôt choqués. À travers la porte vitrée, Spider croisa leurs regards embarrassés et leurs expressions bouche bées. Ils avaient vraiment choisis le pire moment pour lui rendre visite!

Vif comme un ressort, il sauta en bas de la table et s'essuya la bouche. Le plus vieux lui jeta un coup d'œil confus avant de se détourner et de remarquer la visite inattendue. Il soupira. Les choses se passaient rarement comme prévu.

— Je reviens, murmura le blond, avant d'enfiler son masque et d'aller rejoindre son frère et sa sœur dans l'entrée.

Quaritch n'entendit pas ce qu'il leur dit, mais rapidement, les trois adolescents quittèrent la maison en direction du village. Au lieu de se résigner à manger seul, il rangea le repas qu'ils venaient de préparer dans un contenant et alla le porter dans l'eau fraîche de la mer afin qu'il se conserve. Il ne put ensuite qu'attendre, en espérant que tout ne soit pas gâché et qu'il n'allait pas perdre ce qu'il avait réussi à construire avec son Monkey Boy.

À quelques pas de là, loin de la morosité du colonel, Spider était plutôt en proie à un profond embarras. Il se doutait que Kiri serait compréhensive, mais craignait la réaction de Lo'ak. Faire face à leurs regards accusateurs le faisait trembler d'anxiété et de regrets. S'il y avait bien une chose qu'il ne voulait surtout pas, c'était de décevoir les deux personnes qu'il aimait le plus au monde. Gardant la tête baissée, il leur dit la vérité:

— J'aime Quaritch.

— Et il t'aime aussi apparemment, ajouta Lo'ak qui semblait ne s'être toujours pas remis de son choc initial.

— Ça fait longtemps que... que vous faites ça? demanda Kiri.

Elle avait fait de son mieux pour paraître décontractée dans ses mots, mais Spider devinait sa désapprobation. Il en était étonné, ayant cru qu’elle l’aurait encouragé dans cette voie.

— La première fois, c'tait lui, je m'attendais pas à ça. C'tait juste avant qu'on arrête de le surveiller. La deuxième fois...

Il rougit, détourna le regard. La main de son frère sur son épaule l'encouragea à poursuivre.

— La deuxième fois, j'avais envie aussi. Désolé.

— Excuse-toi pas Spider, murmura Lo'ak. Excuse-toi pas d'aimer quelqu'un.

— Mais tu le déteste, non? bredouilla-t-il, confus.

— Oui, ça ça changera pas. Mais je veux que toi, tu sois heureux.

Il fut surpris par ce soutien inattendu, mais infiniment reconnaissant. Kiri, elle, avait encore les sourcils froncés. Elle était visiblement en désaccord.

— J’ai l’impression, que t'aurais pas dû... dit-elle, l'air aussi désolée que le blond l'était. Quaritch... je sais qu'il faut le pardonner et tout, je l'ai pardonné — je pense? Mais, t'aurais dû attendre un peu. C'est, c'est pour toi que je dis ça, ajouta-t-elle prestement. Je veux pas que le reste de la tribu te déteste encore plus, je veux pas que tu te sentes encore plus seul.

Spider lui fit un sourire amer.

— Mais c’est justement depuis qu’il est là que j’me sens moins seul, avoua-t-il honnêtement et son aveu voulait tout dire.

— Je m'excuse, dit son frère. J'aurais dû être plus là pour toi.

— Moi aussi, dit sa sœur en replaçant une mèche rebelle derrière son oreille.

Lo’ak se jeta alors dans ses bras et Kiri le rejoignit aussitôt. À deux, ils soulevèrent facilement leur Monkey Boy préféré dans leurs bras pour le serrer fort. Spider profita pleinement du contact physique, son cœur battant déjà beaucoup trop vite.

Notes:

Bonjour?

Je ne sais pas si quelqu’un lit encore cette histoire, mais si c’est le cas, sachez qu’elle n’est pas abandonnée même si je poste très rarement! ^-^
J’attends tout simplement d’être dans un bon état d’esprit pour l’écrire. :)

Chapter 8: Entre adultes

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

— De quoi vous parliez? s'enquit la petite voix aiguë de Tuk alors que Spider pouvait à peine respirer pris dans l'étreinte de son frère et sa sœur.

— Je vous ai cuisiné un repas, s'exclama-t-il quand ils le relâchèrent enfin. Et Quaritch m'a aidé... j’pensais vous en apporter pour qu'on puisse manger tout le monde ensemble, comme avant.

— Oh oui! s'écria la plus jeune avec enthousiasme. Viens manger avec nous Monkey Boy!

Il fut temporairement surpris par cette appellation qui était seulement utilisée par Kiri d'habitude, puis sourit plus amusé qu'autre chose. Le changement de sujet était bienvenue après la conversation gênante qu'ils venaient d'avoir. Et Tuk lui avait beaucoup manqué aussi.

Il convainquit la fratrie de ne pas l'attendre pendant qu'il allait chercher le plat qu'il avait cuisiné afin d'éviter une autre interaction non nécessaire avec Quaritch. L'avatar était déçu de devoir passer la soirée seul, mais il comprenait que sa présence risquait de causer bien des problèmes. Le plat en main, Spider osa glisser un baiser chaste sur ses lèvres avant de quitter. Il avait dû monter debout sur une chaise pour pouvoir l'atteindre et le colonel trouvait cela beaucoup trop mignon.

Lorsqu'il arriva de nouveau dans la maison familiale, il sut tout de suite que manger ne serait pas facile. Déjà, il ne pouvait enlever son masque que quelques secondes à la fois et surtout, le regard de Neytiri lui donnait encore des frissons d'effroi. Ils ne s'étaient pas encore reparlés des évènements sur le bateau. En fait, ils ne s'étaient pas encore reparlés tout court. Le blond avait toujours su qu'il n'aurait jamais la même valeur que ses autres enfants aux yeux de sa mère adoptive, mais il n'aurait jamais imaginé que ce soit à ce point-là. Il s'était senti trahi, ni plus ni moins. Et sa relation avec Jake en avait pris un coup aussi ces derniers temps. Il espérait parvenir à rattraper cela.

— Bon appétit, s'exclama-t-il avec un enthousiasme feint avant de soulever légèrement son masque.

Un sentiment d'inquiétude le prenait à chaque fois qu'il ne pouvait plus respirer, même pour un court instant. Cela lui rappelait indubitablement qu'il n'était pas à sa place parmi les Na'vis. Qu'il n'était qu'un minuscule humain, faible et inutile. Il se força à chasser ses pensées sombres et se joignit timidement à la conversation. La main rassurante de Kiri dans son dos lui fit un bien fou. Elle lui manquait tellement.

Durant le reste de la soirée, ils jouèrent à des jeux de société et Spider se surprit à gagner deux fois, lui qui était rarement chanceux. On le récompensa d'un verre de liqueur assez forte. Ses inquiétudes s'allégèrent et il rigola doucement, sans jamais croiser le regard de Neytiri. Pour la première fois depuis que Quaritch habitait chez lui, il décida de rester dormir à la maison familiale. Enveloppé dans les bras de Kiri d'un côté, de Tuk de l'autre et avec Lo'ak juste derrière, il dormit comme un bébé.

 

༺༺༺

 

Au petit matin, tandis que les restes de son rêve s'évaporaient en lui laissant un drôle de sentiment, l'odeur alléchante d'un déjeuner préparé par Jake lui emplit les narines. Kiri était déjà partie avec Ronal, la Tsahìk du village, pour poursuivre ses apprentissages et Lo'ak avait décidé de se joindre à l'excursion de chasse matinale prévue ce jour-là. Il ignorait totalement où se trouvait Neytiri, mais était bien content qu'elle soit absente lorsqu'il s'installa avec Tuk et Jake dans la cuisine. Étrangement émotionnel, il leur fit à chacun un long câlin, regrettant de ne pouvoir respirer leur parfum réconfortant. En lui servant une assiette d'œufs brouillés — il avait gardé plusieurs habitudes culinaires humaines —, Jake haussa un sourcil inquisiteur vers lui, demande implicite de lui livrer ses angoisses.

— Spider? s'enquit alors Tuk, pleine d'enthousiasme. Tu veux passer la journée avec moi? Steuplaît steuplaît, ça fait super longtemps!

— Ça me ferait plaisir, avoua-t-il, mais j'aurais quelque chose d'important à faire ce matin... Tu veux qu'on passe l'après-midi ensemble?

— Okay! Promis hein?

Il esquissa un sourire amusé.

— Oui promis.

Le reste du déjeuner se passa dans la bonne humeur, les babillages joyeux de la plus jeune envahissant la maison. Le jeune homme, lui, mangeait plus lentement et quand sa petite sœur quitta finalement la maison pour rejoindre ses amis, il jeta un regard penaud à Jake. Celui-ci lui accorda un sourire bienveillant, prêt à l'écouter.

— Jake... je sais que tu détestes Quaritch...

L'expression de son père adoptif s'affaissa. Il ne put retenir une grimace.

— Assez oui...

— Je l'aime, poursuivit-il simplement. Quand on est ensemble, il est différent.

Admettre cela fit tourner ses joues au rouge. Jake se passa une main sur le visage. Il adorait Spider comme s'il était son propre fils, mais ça, Quaritch, c'était difficile à encaisser.

— Mmh... Écoute, j'te fais confiance pour faire ce que tu veux, dit-il.

En d'autres mots, il ne voulais pas savoir. Spider eut un petit rire nerveux; il n'allait certainement pas lui raconter ce que lui et le colonel faisait « d'agréable » dans leurs temps libres! Il prit alors son courage à deux mains et suggéra l'idée impétueuse qu'il avait eue:

— Tu devrais parler à Quaritch.

Jake lui jeta un regard davantage interloqué que dégouté.

— Pour lui dire quoi?

— Je sais pas. Tout ce que vous vous êtes jamais dit? J'vais aller le chercher. T'as le temps de te préparer mentalement.

Sans lui laisser le temps de répondre, il quitta promptement.

Durant les quelques minutes de marche qui séparait les deux maisons, le blond eut amplement le temps de réfléchir à une stratégie. Oui, car, pour que ces deux hommes qui s'haïssaient plus que tout ait une conversation civilisée, il allait avoir besoin de toute une stratégie. D'ici à ce que la porte de sa maison apparaisse devant lui, un plan machiavélique avait commencé à se former dans son esprit. Un rictus satisfait aux lèvres, il entra chez lui et s'offrit quelques minutes pour respirer un peu.

Quaritch semblait l'avoir attendu. Il avait mangé un peu, mais sans grande conviction, désormais étendu sur leur matelas, l'air de bouder. Son visage s'illumina à la vision de son Monkey Boy. Il se releva prestement et le souleva de terre afin de le faire tourner comme une princesse. Ce dernier sentit ses joues le brûler, alors qu'il se demandait silencieusement s'il aurait déjà droit à un autre baiser. S'embrasser commençait à devenir une habitude fréquente et ce n'était pas pour lui déplaire...

— Salut, souffla l'avatar avant de déposer ses lèvres avec douceur contre sa joue chaude d'embarras.

— Salut... J'vais te demander un truc qui va sûrement te faire chier, mais... ça me ferait plaisir que t'acceptes.

Il baissa la tête, fixant ses pieds l'air pensif. L'avatar, lui, ne réfléchit pas longtemps.

— Qu'est-ce que tu voudrais trésor?

Le surnom fit sursauter Spider qui s'enflamma aussitôt comme des braises ardentes sur lesquelles on venait de souffler.

— Euh... je, euh...

Fier de son coup, le colonel afficha un air supérieur.

— Je voudrais que tu parles à Jake.

— Quoi?

Le plus jeune soupira.

Quelques arguments infructueux plus tard, son dos rencontrait le mur et la bouche impatience de Quaritch rencontrait la sienne avec passion. Il gémit bruyamment et entoura les hanches du plus grand avec ses jambes. Le baiser s'éternisa et haletant, il finit par y mettre fin avant de manquer d'air.

— Okay, j'vais parler à Jake.

Cet homme devenait de plus en plus facile à convaincre, pensa Spider, espiègle.

Aucun mot ne fut échangé durant le trajet et lorsqu'il arrivèrent à la maison familiale, Jake les attendait dehors, se forçant à ne pas prendre une posture défensive.

— Quaritch, dit-il entre ses dents serrées en hochant la tête vers l'autre homme.

Ce dernier lui rendit son hochement de tête. Si Jake avait l'air poli en apparence, le venin avait tout de même été perceptible dans sa voix.

Quant à Spider, sa petite taille lui permit de s'éclipser discrètement dans la maison. Il recherchait quelque chose en particulier et savait que son père adoptif en conservait toujours au cas où. L'idée de faire quelque chose d'aussi vilain faisait danser son cœur sous l'adrénaline. Il ressortit et trouva les deux hommes dans la même position, toujours aussi silencieux. Il attacha leurs poignets ensemble avec la paire de menottes qu'il avait empruntée sans pouvoir retenir un sourire mutin. Deux regards trahis se posèrent alors sur lui. Il rigola et leur montra la clé avant de s'éloigner.

— Je dois rejoindre Tuk! Vous viendrez me chercher quand vous aurez parlé!

Et comme ça, il disparut plus loin.

Retrouver Tuk fut chose aisée. Elle se tenait généralement assez souvent aux mêmes endroits. Quand elle le vit arriver, elle se releva aussitôt et se jeta sur lui pour le serrer dans ses bras. Les regards inquiets de ses amis ne la perturbaient pas le moins du monde, mais Spider souhaitait leur échapper. Il tira sa sœur à sa suite et ils marchèrent ensemble tranquillement vers la mer.

— Vous faisiez quoi? lui demanda-t-il.

Les yeux de Tuk s'illuminèrent.

— On apprenait à différencier les différents cris d'animaux et les chants des oiseaux. En plus, Tsireya vient souvent avec nous pour nous apprendre plein de choses!

— Ah oui? Et le bruit qu'on entend là, c'est quel animal?

À travers tous les bruits qui les entouraient, un roucoulement se faisait tout proche, probablement à quelques mètres à peine.

Tuk réfléchit plusieurs secondes, puis déclara:

— Ça ressemble à un Lortsyal.

Les Lortsyal — ou ailes magnifiques — étaient une espèce inoffensive, mélange entre un oiseau et un papillon d'environ un mètre d'envergure. Le blond n'était pas assez doué pour savoir si elle avait raison, alors il se contenta de la féliciter.

Ensuite, avec son énergie habituelle, Tuk voulut lui montrer son ilu, avec qui elle avait fait énormément de progrès. La chaleur était à son comble en ce début d'après-midi et Spider n'était pas contre une petite baignade.

— Voici Syulang, mon ilu!

Syulang signifiait fleur. C'était un joli prénom. Il la caressa doucement sur la tête et elle poussa un adorable petit cri. Elle devait être assez jeune, car elle n'avait pas encore atteint sa taille adulte.

— Tu viens avec moi? J'suis sûre qu'elle te laisserais monter! Elle t'adore déjà.

Il en doutait, mais rien ne valait mieux qu'essayer. Surtout s'il pouvait voir les deux yeux brillants de Tuk s'illuminer comme des phares.

— Okay.

À plusieurs kilomètres de là, les deux hommes menottés devaient affronter une conversation qu'ils auraient tout deux préféré éviter. Jake se lança le premier:

— Comme ça, toi et Spider hein?

Quaritch prit une profonde respiration afin de tempérer sa haine envers Sully. Ils faisaient ça pour leur Monkey Boy.

— Oui. Je l'aime, sincèrement.

— Ouais, ça a intérêt à être sincère sinon j'te pète les dents!

— Essaye pour voir!

Ils se fixèrent méchamment quelques secondes, puis détournèrent le regard.

— Mmh... Désolé d'avoir voulu te tuer, marmonna l'avatar.

Ça ce n'était pas sincère, mais il ne savait pas vraiment ce qu'il devait dire sinon. Il voulait faire plaisir à un certain blond.

— T'as changé, un peu, renchérit Jake, l'air pensif. T'es très légèrement moins pire qu'avant. Tu portes plus tes horribles bottes... mais faudrait que tu penses à changer tes vêtements un moment donné.

Il désigna son propre habillement traditionnel, ce qui lui valut une grimace en retour.

— J'vais pas me foutre à poil devant toi Sully.

— Et devant Spider?

Quaritch grogna. C'était un coup bas.

— Si tu savais ce que j'ferais avec lui.

Cette fois ce fut Jake qui eut l'air dégoûté.

— Épargne-moi ça, s'il-te-plaît.

Un long silence plutôt gênant s'étira avant que le colonel ne reprenne:

— Donc, tu vas arrêter de m'espionner tout le temps?

— J'faisais juste vérifier que tu t'essayais pas.

L'avatar eut l'air confus.

— M'essayer à quoi?

— À t'enfuir, imbécile.

— C'est pas dans mes projets.

— C'est facile à dire ça.

Agacé, Quaritch tira sur le lien qui les gardait attachés ensemble.

— Bon viens, on va aller le retrouver.

— Déjà?

— Ouais. J’en peux déjà plus de ta sale gueule.

— Charmant.

Ils affrontèrent les œillades remplies de jugement des autres Na’vis sur leur chemin jusqu’à ce qu’une peau claire au loin attire leur attention.

Sur le dos de Syulang, Tuk et Spider s'accrochaient de toutes leurs forces, mais ce n'était pas suffisant et ils finirent par lâcher prise. Le blond se retrouva propulsé dans une forêt d'algues et pendant un instant, il ne sut plus du tout où il était. Sa petite sœur le chercha aussi, se demandant où il avait bien pu disparaître. Il finit par la repérer et d'humeur taquine, l'attrapa par derrière afin de la chatouiller. Tuk, qui n'avait pas de masque elle, s'étouffa avec l'eau et dut remonter prestement à la surface où elle put enfin éclater de rire pour de bon. Spider la suivit, commençant à être un peu fatigué. Mine de rien, rester en eau profonde longtemps nécessitait beaucoup de force et monter un ilu en requérait d'autant plus.

En nageant vers la berge, il repéra Quaritch et Jake plus loin. Ils l'observaient tous les deux avec un regard rempli d'amour. D'un côté, l'amour d'un père et de l'autre... l'amour d'un partenaire? Il n'était pas sûr. Il n'avait jamais défini sa relation avec le colonel.

Quand ils remarquèrent qu'il les avaient aperçus, les deux plus vieux se défièrent tacitement, chacun voulant son attention. Il sortit alors de l'eau, marchant vers eux pour les empêcher de se battre. Il défit les menottes qu'il avait attachées autour de leur poignets et ils firent aussitôt un bond d'un mètre afin de s'éloigner de l'autre. Il ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, amusé malgré lui par leur comportement enfantin.

— Tu veux venir manger chez moi ce soir? demanda-t-il à Jake, pour alléger la situation. J'ai déjà dit à Tuk qu'elle pouvait venir. Et... je sais que Kiri est occupée, mais elle et Lo'ak sont la bienvenue aussi.

Il ne dit rien à propos de Neytiri, mais son père adoptif savait et comprenait. Il hocha la tête posément.

— Tu cuisines comme un chef, je dirai pas non!

Notes:

Coucou!

Si jamais ça vous plaît, n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire ^-^

Chapter 9: Réunion

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Jake, Tuk, Lo'ak, Quaritch et Tsireya étaient parvenus, d'une façon assez mystérieuse, à entrer ensemble dans la minuscule maison de Spider. Le matelas au sol avait été temporairement retiré, ce qui permettait à la moitié des invités de se tenir dans l'espace réservé à la « chambre ». Aidé de Tsireya et Jake, Spider terminait de préparer le repas tandis que Lo'ak s'amusait à tirer les cheveux de Tuk et que Quaritch faisait tout pour rester à l'écart. Une fois que la nourriture serait prête, ils iraient manger dehors afin d'avoir plus de place, car l'intérieur était plus que plein.

De la sueur perlait à grosse gouttes sur le front du plus petit — en effet, même Tuk le dépassait — alors qu'il terminait de remplir la dernière assiette. Malgré qu'il ne la connaissait pas beaucoup, Tsireya lui avait été d'une grande aide et sa gentillesse lui avait fait chaud au cœur. Kiri n'avait hélas pas pu venir, ainsi, Lo'ak avait invité la jeune fille à la place. Spider espérait qu'elle pourrait peut-être devenir son amie, s'il investissait du temps dans cette relation. Sa vie sociale en bénéficierait grandement.

— Merci beaucoup, la remercia-t-il, lorsqu'il sortirent à l'extérieur avec le repas.

Elle lui adressa un sourire sincère.

— Lo'ak m'a beaucoup parlé de toi, avoua-t-elle en glissant un clin d'œil au concerné. Il t'aime énormément et je suis heureuse d'enfin te rencontrer.

Spider ne put que rougir face à tant de compliments et l'œillade malicieuse que Jake lui envoya ne fit que renforcer son embarras. Tout le monde se liait contre lui.

— Spider! Spider! Viens jouer avec moi et Lo'ak, le pria Tuk en tirant avec force sur son bras.

Il trébucha et tomba droit sur sa petite sœur qui le rattrapa en rigolant. Lo'ak laissa à son tour échapper un léger gloussement qu'il camoufla derrière sa main.

— Tu t'entends bien avec Tsireya? s'enquit son frère. Tuk aussi l'aime beaucoup.

— Je l'adore! C'est la meilleure professeure de tout Pandora!

— Euh, je la connais pas encore bien, commença le blond, mais j'ai l'impression qu'elle est plus compréhensive que les autres. Et elle cuisine comme une pro!

— Qu'est-ce que vous dîtes déjà sur Terre? Pour séduire quelqu'un, il faut séduire son estomac?

— Aucune idée, avoua-t-il, demande à Jake.

Mais ce dernier était déjà occupé avec Tuk qui venait de monter sur ses épaules en s'amusant à faire des grimaces. Sa joie de vivre était si précieuse. Les deux garçons espéraient qu'elle ne faiblirait pas avec le temps.

— Tu manges pas? demanda soudainement Quaritch qui venait d'apparaître derrière lui.

Il sursauta et lui adressa un sourire crispé.

— Je pense attendre un peu plus tard. Je préfère manger à l'intérieur.

Et juste comme ça, le colonel était reparti plus loin, ne souhaitant pas déranger qui que ce soit. Il était conscient que personne ne l'appréciait ici. Spider trouvait cela triste, même s'il reconnaissait que lui-même avait eu beaucoup de mal à le supporter au début. Lo'ak le fixait d'ailleurs d'un regard noir, les dents serrées. Il attendit que son frère soit à nouveau entraîné dans une conversation avec Jake et Tuk pour partir lui-même à la rencontre de l'avatar afin de le confronter.

Pour l'effet de surprise, il grimpa discrètement dans un arbre et sauta directement dans le dos de Quaritch, qui le lança au sol la seconde suivante, par réflexe défensif. Ils se crachèrent tous les deux au visage et Lo'ak se releva aussitôt dans une position plus menaçante. Mais le colonel ne se sentait pas le moins du monde menacé par l'adolescent, même sans aucune arme.

— Qu'est-ce que tu me veux? attaqua-t-il, les crocs bien en vue.

— Tu m'as volé Spider! C'était mon meilleur ami, mon frère! Et maintenant, il passe tout son temps avec toi.

L'accusation laissa l'avatar de marbre en apparence. À l'intérieur, toutefois, il se sentait profondément agacé.

— Il est assez grand pour prendre ses propres décisions. S'il veut passer du temps avec toi ou n'importe qui d'autre, c'est pas moi qui va l'empêcher.

— Non, tu l'as manipulé, le contredit Lo'ak.

— Quoi? Je l'ai pas manipulé! J'ai déjà eu la conversation avec Sully, j'vais devoir l'avoir avec toi aussi? s'indigna-t-il. J'aime Spider, okay? C'est tout.

— Ah ouais? Mais si vous vous aimez autant, pourquoi est-ce qu'il est toujours triste?

— J'ai l'air d'un psy?! s'impatienta le plus vieux. Parle-en avec Kiri si tu veux, mais laisse-moi tranquille!

— Tu m'as volé ma place! C'est moi qui veillait sur lui avant que tu viennes faire tout merder! Tu le mérites pas!

Sans pouvoir s'en empêcher, il brandit son point vers le visage du colonel. Or, celui-ci parvint facilement à bloquer son coup et il le repoussa violemment en arrière. Son dos percuta un large tronc d'arbre et il geignit de douleur, une grimace barrant son visage.

— Espèce de...

— Si vous vous battez, vous allez dormir les deux dehors, les avertit alors la voix inimitable de Spider qui avait été attiré par les éclats de leur dispute. Et j’vais passer mon temps avec aucun de vous!

Ils se retournèrent soudainement, pris sur le fait. Quaritch ne dit rien et s'éloigna simplement. Lo'ak s'excusa, la tête baissée. Son frère se contenta de soupirer en se passant une main dans les cheveux, puis il retourna rejoindre les autres qui n'avaient pas été témoins de la scène. Il commençait à avoir faim et renvoya ses invités poliment.

— Revenez quand vous vous voulez; ça fait du bien de passer la soirée ensemble.

— Au revoir Spider, je suis vraiment contente de t'avoir rencontré, lui dit aimablement Tsireya. Tu devrais venir assister aux leçons que je donne aux plus jeunes! Tuk serais ravie et tu pourrais t'intégrer encore mieux. En tout cas, réfléchis-y, okay?

— Okay, je viendrais sûrement faire un tour, au moins une fois.

Le sourire de la jeune fille s'agrandit et elle se précipita dans ses bras pour l'enlacer. À sa droite, Lo'ak paraissait très heureux que son amie s'entende bien avec son frère. Toutefois, devant lui, par-dessus l'épaule de sa nouvelle amie, il aperçut le regard noir de Quaritch, qui croisait les bras sur son torse en signe d'agacement. Il l'ignora.

— J'ai trop hâte! rigola-t-elle, joyeusement. À bientôt, Spider.

— À bientôt, Tsireya.

Jake et Tuk l'enlacèrent à leur tour. Son père était conscient que quelque chose venait de se passer, cependant il ne dit rien, ne pressant que son épaule en signe d'encouragement. En un instant, le silence était revenu. Lo'ak était resté, mais le blond n'avait pas envie de le confronter. Il n'était pas vraiment fâché de toute façon; il avait juste faim et ne voulait causer de problème à personne.

— Je vais manger, dit-il sans émotion apparente.

— Je m'excuse pour tantôt.

— C'est correct.

— Si j'peux faire quelque chose pour toi... dis-le moi, okay? J'veux juste t'aider, j'veux juste le mieux pour toi.

Spider n'avait rien à répondre. Il fit un câlin à son frère comme il avait fait avec les autres et repartit vers sa maison pour manger, seul. Peut-être qu'il aurait dû manger quand les autres étaient là, même avec l'inconfort de son masque. Maintenant, il se sentait las et morose. Quaritch était parti faire il-ne-savait-pas-quoi de son côté et même s'il ne l'avouerait jamais, il aurait préféré qu'il reste avec lui en silence. Ils auraient pu s'embrasser et... Il chassa l'idée quand une soudaine chaleur l'envahit. L'avatar n'était pas un simple objet qu'il pouvait utiliser quand ça lui chantait pour oublier ses problèmes.

Lorsque la noirceur s'installa définitivement, le colonel revint à la maison et se coucha sur le petit matelas aux côtés du plus jeune qui ne dormait pas. Les résolutions de ce dernier s'étaient envolées et il grimpa sur les genoux de Quaritch pour coller sa bouche contre la sienne. D'immenses mains sur sa taille le maintinrent en place tandis que l'autre homme répondait avidement au baiser. Spider se sentit rapidement devenir brûlant et excité.

— Quaritch... chuchota-t-il, d'un ton sensuel malgré lui.

— Appelle-moi Miles.

— Mmh... c'est bizarre, haleta-t-il, encore étourdi. C'est mon nom aussi...

— J'pensais que ton nom c'était Spider? Ou Monkey Boy? le taquina-t-il.

Sa main descendit lentement de la taille du garçon jusqu'au bas de son dos, à la jonction de ses fesses.

— Miles, essaya-t-il.

Ça sonnait toujours étrange, mais il voulait bien s'y faire.

— Oui?

— Fais-moi l'amour.

L'avatar eut un sourire en coin, à la fois surpris et amusé, avant d'incliner la tête sur le côté sans cacher son rictus malicieux.

— À tes ordres, chuchota-t-il alors tout contre l'oreille de son trésor avant de la mordiller doucement.

Celui-ci fondit davantage dans l'étreinte qui le faisait sentir à la fois minuscule, aimé et protégé. Son cœur battait de plus en plus vite dans sa poitrine; tout son corps suppliait Quaritch de le toucher. Ils s'embrassèrent encore un peu d'un échange empressé et désordonné. Bientôt, deux doigts du colonel remplacèrent ses lèvres à l'orée de celles de Spider, puis se frayèrent un chemin jusqu'à l'intérieur.

Il rougit violemment en accueillant les phalanges en lui, car le regard jaune perçant ne l'avait pas quitté une seule seconde et son autre main reposait toujours aussi bas dans son dos. Il crispa ses mains sur les larges épaules du plus vieux avant de les remonter dans ses cheveux. Il caressa distraitement sa longue tresse, titillant les filaments sensibles au bout avec son pouce. L'avatar lui jeta un regard terriblement intense, comme s'il voulait le dévorer tout entier. Ses doigts se mirent à faire quelques va-et-vient contre sa langue, effleurant doucement sa gorge et cela lui tira un léger gémissement.

La seconde d'après, il était allongé sur le matelas et entre ses cuisse, son amant le déshabillait d'une main experte. Il se tendit, appréhendant l'intrusion quand le bout humide des doigts de Quaritch caressa son entrée déjà glissante de sueur. Rapidement néanmoins, son envie reprit le dessus. Il écarta les cuisses un peu plus et poussa instinctivement ses hanches vers le haut, débordant d'impatience. Le premier doigt lui arracha un gémissement de plaisir et de gêne mélangée.

— T'as déjà fait ça? lui susurra le plus vieux d'un ton bienveillant.

— Rarement... j'suis rarement seul.

Le premier mouvement langoureux dans son entrée frémissante le fit onduler des hanches à nouveau et fermer les yeux subitement. Le sourire du plus vieux s'agrandit. Il recommença, prenant un rythme effréné. Son index fut vite rejoint par son majeur et il prit un malin plaisir à changer l'angle jusqu'à ce qu'un geignement du blond ne lui indique qu'il venait d'atteindre le bon endroit. Spider sentait une douce brûlure étirer son entrée et une vague de plus en plus importante d'excitation monter en lui.

Les va-et-vient étaient plus durs contre l'intérieur si sensible de son corps; il haletait fort, crispant ses mains et ses orteils de plaisir dans les draps.

— Ah, ah, Miles..! Mmh, oui!

Son ventre se tordit et une vague de lave se déversa dans ses veines. Il jouit soudainement, alors que son entrée palpitait comme une folle autour des doigts qui la pénétraient.

L'avatar fit encore quelques mouvements, puis ralentit jusqu'à se retirer. Il laissa du temps à son Monkey Boy pour reprendre son souffle et en profita lui aussi pour respirer dans son masque. Son corps le remercia de cette initiative. L'esprit plus clair, il fit à nouveau face à l'adorable garçon qui le regardait avec des yeux de biche et des joues rouges comme des coquelicots. Son regard écarquillé fit plusieurs aller-retours entre son visage et son entre-jambe qui présentait une érection immanquable. Il s'approcha presque craintivement.

— Est-ce que j'peux..?

En réponse, Quaritch retira son sous-vêtement et laissa enfin son sexe à l'air libre. Spider osa timidement le prendre dans sa main minuscule, tirant un grondement sourd à l'avatar. Ses crocs étincelèrent dans la faible lumière qui filtrait à travers les fenêtres. Le plus jeune se recula, prêt à s'excuser, mais sa gorge fut prise d'assaut par des lèvres affamées. Il reprit ses mouvements maladroits, se demandant s'il arriverait à prendre le membre dans sa bouche. Il repoussa doucement le colonel.

— J'peux essayer quelque chose?

Son amant haussa un sourcil, intéressé.

Sans attendre de réponse, le blond se pencha et entrouvrit les lèvres afin d'accueillir l'imposante érection contre sa langue. Un goût d'amertume humide lui emplit aussitôt la bouche. La large main de Quaritch attrapa tout à coup son menton et le força à se retirer afin qu'un regard lumineux puisse s'ancrer dans le sien.

— Tu veux essayer autrement? demanda-t-il d'une voix rauque.

Sans le moindre effort, il souleva Spider dans ses bras forts et l'installa à califourchon sur son torse, à l'envers. Ce dernier rougit et se retourna vers l'avatar pour le questionner d'un coup d'œil. L'autre homme le détailla sans gêne; de cet angle, il avait une vue incroyable sur les courbes de son amant. Ses fesses nues, son entrée dilatée, son dos légèrement cambré, sa taille et ses épaules fines, tout son corps lui donnait désespérément envie de le mordre, le lécher et l'embrasser. Chaque centimètre de peau méritait son attention.

Quaritch se suréleva sur les coudes, ses lèvres entrouvertes s'alignant directement avec les fesses de Spider. Celui-ci détourna aussitôt la tête, mortifié, juste avant que la langue râpeuse de l'avatar ne tourbillonne autour de son entrée. Il lâcha un gémissement pathétique et se cambra involontairement afin de se presser contre le visage du plus vieux, désespéré d'avoir plus de contact. Deux mains puissantes entourèrent ses hanches et le maintinrent bien en place, offert à la bouche affamée qui le dévorait.

Toutes ses sensations lui faisaient perdre la tête, gémir de brefs sons embarrassants à n'en plus finir. Il se força néanmoins à réunir assez de concentration pour reprendre sa tâche précédente. De ses petits doigts, il entoura le sexe tendu face à lui et glissa ses lèvres sur le bout. Une main dans ses cheveux l'encouragea à prendre un peu plus de longueur. Bien que légèrement embarrassante, il devait admettre que cette position était également assez agréable.

La poigne du plus vieux dans ses cheveux se raffermit et il s'efforça de resserrer ses joues en bougeant plus vite. Il goûta enfin le sperme jaillissant, puis sa tête fut tirée vers l'arrière et le reste du liquide atterrit sur sa gorge. Il resta immobile quelques instants pour reprendre ses esprits et se redressa ensuite pour faire face au colonel derrière lui. Celui-ci lui adressa un rictus sexy avant de l'attirer à lui et de lécher sa peau collante de sperme.

Il le fit venir une seconde fois sous ses attentions, désireux d'assister à nouveau au regard noisette débordant de plaisir et au corps fragile qui se tordait sous lui. Épuisé, le blond s'affala sur l'oreille, les paupières lourdes de sommeil.

— Tu veux prendre un bain de minuit? s'enquit-il après lui avoir laissé du temps pour se reposer.

— J'suis pas supposé sortir la nuit et pendant les éclipses... marmonna-t-il, encore fatigué.

— Qui a dit ça? Jake? Kiri?

Spider esquissa un faible sourire, conscient que se laver n'était pas une mauvaise idée, mais se contenta de se relever pour se rendre jusqu'à la cuisine où il gardait toujours une bassine d'eau. Le regard appréciateur de Quaritch suivit la courbe aguicheuse de ses jambes, s'attardant sur ses fesses, puis remonta vers sa nuque. Le plus jeune lui rendit son œillade, son petit sourire satisfait s'étirant sur ses lèvres.

Il se lavèrent en silence et retournèrent se blottir ensemble. Un peu plus réveillé, le blond traçait distraitement les rayures sur le torse de l'avatar, admirant malgré lui la force qui s'en dégageait. Il prit une longue inspiration, prêt à dire quelque chose, mais s'interrompit. Le colonel lui jeta un coup d'œil inquisiteur, ayant comprit qu'il voulait s'exprimer.

— Quoi?

— C'est juste que j'ai pensé à un truc...

— Oui? insista-t-il d'un ton dans lequel on pouvait percevoir une pointe de curiosité tapie.

Spider lâcha un profond soupir agacé.

— On pourra jamais faire l'amour normalement, finit-il par avouer, le nez enfoui dans le cou de Quaritch.

— Qu'est-ce que t'entends par « normalement »?

— Comme les autres couples!

Le plus grand laissa échapper un rire qui l'agaça d'autant plus.

— Tu les espionnes la nuit pour savoir ça? s'amusa-t-il.

— Non! Mais la plupart ont des enfants; je fais juste des déductions, se défendit-il plus rouge qu'une tomate.

— Mmh, de toute façon tu peux pas avoir d'enfants, donc j'vois pas le problème.

— On peut pas faire le tsaheylu non plus.

Son air désemparé attrista Quaritch, bien qu'il ne pouvait pas dire grand chose pour le rassurer.

— Arrête de te tracasser avec ça, déclara-t-il fermement, mais Spider avait aperçu son changement d'expression.

Il avait l'air d'avoir une idée en tête. Or, il ne dit rien de plus et ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre, tout deux en proie à des réflexions bien différentes.

Notes:

Chapitre assez long dans lequel il se passe pas grand chose 😅 Promis, il y aura un peu plus d'action dans le prochain!

Sinon j'ai décidé de rallonger un petit peu cette histoire, car je vais donner un rôle plus important à certains personnages secondaires (Jake, Tuk, Tsireya et même peut-être Neytiri) alors que ce n'était pas prévu au départ. En tout cas, j'espère que ça vous plait toujours! De mon côté je suis toujours aussi motivée pour cette fic 🥰

Chapter 10: Un vrai Na’vi

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Une violente pluie éclata durant la nuit, mais dans la chaleur de Pandora qui planait à ces temps-ci de l'année, personne n'était indisposé par le déluge. Au contraire, elle était perçue comme une bénédiction du ciel. Heureux, les Na'vi récoltaient l'eau de pluie qu'ils considéraient sacrée pour la boire et privilégiaient des repas sans viande puisque c'était plus difficile de partir un feu pour la cuire.

Lorsqu'ils quittèrent leur maison ce matin-là, Spider et Quatitch, plus inséparables que jamais au grand dam de Lo'ak, furent assailli par l'averse. Si de son côté le colonel n'en avait que faire, habitué à l'inconfort, son Monkey Boy, lui, frissonna légèrement au bout d'une heure en raison de sa peau plus fine. Malgré ses protestations, Miles le tira de nouveau à l'intérieur et le força à revêtir le haut de son uniforme que le garçon détestait. Le tissu lui donnait l'air ridicule, étant tellement trop grand qu'il ressemblait presqu'à une robe, mais au moins, il le gardait un peu plus au chaud. Quaritch l'attira même à lui et le frictionna jusqu'à ce que sa chair de poule disparaisse. Spider lui jeta un regard profondément agacé tout le long, mais ça n'ébranla pas la détermination du plus vieux.

— Tu devrais rester à la maison aujourd'hui, lui conseilla ce dernier.

Le concerné se releva d'un bond en furie.

— C'est absolument hors de question! Tu me prends pour qui?

Soudainement, il changea totalement d'expression, passant d'indigné à malicieux en une seconde. Le coin de ses lèvres se releva en un demi-sourire amusé et le colonel eut la vague impression qu'il n'aimerait pas ce qui allait suivre.

— En fait, j'veux bien rester à l'intérieur... à une condition!

Il haussa un sourcil vers le haut.

— Qu'est-ce que tu veux?

— Te faire faire un relooking complet.

— Non.

— C'était pas une suggestion.

Il attrapa son poignet et tira de toutes ses forces pour le ramener à l'intérieur, mais le plus grand ne bougea pas d'un iota.

— T'as aucun moyen de me forcer, déclara-t-il.

— Oh? Tu veux que j'aille chercher Kiri et Lo'ak?

Quaritch plissa ses paupières en un regard meurtrier, puis une ébauche de sourire se fraya un chemin sur son faciès. Il croisa les bras, plus amusé que réellement mécontent.

— Vas-y, j'attends.

Le Monkey Boy ne se le fit pas dire deux fois et se précipita avec une aisance naturelle entre la végétation touffue pour gagner le marui de Kiri et Lo'ak. Il y trouva Jake en train de cuisiner ce qui semblait être un délicieux repas et ce dernier l'informa que Lo'ak était parti à la pêche avec Aonung et que Kiri se trouvait avec sa clique habituelle, en d'autres mots, Ronal, Neytiri et parfois Tsireya lorsqu'elle avait le temps. Il le remercia d'un grand sourire et s'arrêta un instant pour l'enlacer plusieurs secondes. À défaut de pouvoir déposer un baiser sur sa joue, son père adoptif embrassa ses cheveux emmêlés qu'il caressa tendrement avant que le garçon ne reparte avec la même énergie intarissable.

Il trouva d'abord Kiri qui l'accueillit avec une telle joie qu'il en ronronna presque. Ronal et Neytiri le saluèrent également par politesse, mais sans chaleur. De toute façon, il n'était pas là pour elles! Après quelques suppliques suivit de battements de cils faussement langoureux, la future Tsahìk accepta de délaisser temporairement ses occupations pour un relooking express.

Ils firent un détour par la plage et y trouvèrent Lo'ak qui, aidé d'Aonung et d'autres Na'vi, hissaient la carcasse d'un large poisson sur le rivage. La créature serait ensuite découpée en morceaux et salée pour la préservation; le reste serait probablement mangé le soir même.

Quand il les vit lui faire signe, Lo'ak se précipita à leur rencontre. La lumière se reflétait dans les gouttes d'eau qui s'accrochaient à sa peau et le faisait scintiller comme une étoile. Il passa une main dans sa longue tresse et la tordit grossièrement pour en extraire le surplus d'eau.

— Lo'ak, tu nous abandonnes? demanda Aonung.

— Attends. Vous avez besoin de moi? s'enquit-il auprès de son frère et sa sœur.

— Ça dépend, dit Spider. Est-ce que tu veux être aux premières loges pour voir Quaritch porter des vêtements Na'vi?

Sa bouche se plissa en une légère moue à l'entente du nom du colonel.

— Je viendrai voir ce soir, j'ai encore du travail, répondit-il en désignant l'énorme poisson. Le srakat va pas se préparer tout seul. Mais honnêtement, vous devriez amener Tuk à la place, ajouta-t-il. J'suis sûr qu'elle adorerait se moquer de Quaritch. En plus, elle se plaint toujours qu'on l'exclue de nos activités.

 

༺༺༺

 

La pluie avait finalement cessé de tomber dans l'après-midi, mais Spider n'avait surtout pas laissé tomber son idée merveilleuse de relooking complet.

— Reviens ici, cria-t-il à Quaritch qui s'enfuyait à toute jambe dans la forêt en espérant lui échapper.

Mais c'était peine perdue. En sens inverse, Kiri surgit subitement face à lui et le temps qu'il pense à changer de direction, Tuk, qui venait de se jeter en bas d'un arbre, lui atterrit directement sur les épaules.

— Hey! C'est de la triche, s'écria-t-il tandis que la fillette éclatait de rire.

— Par quoi tu veux qu'on commence? demanda-t-elle, malicieusement. Tes cheveux ou tes vêtements?

Elle avait remarqué que l'avatar portait encore le bracelet qu'elle lui avait confectionné et ça lui faisait plaisir. Elle avait donc prévu de nouveaux accessoires pour lui qu'elle avait contribué à fabriquer avec d'autres enfants durant les cours de Tsireya.

— C'est hors de question que je m'habille comme vous, déclara-t-il catégoriquement. Mais tu peux couper mes cheveux si tu veux. C'est vrai qu'ils s'en viennent un peu long.

Il avait l'habitude de les raser régulièrement, car c'était obligatoire dans l'armée, mais après près de neuf mois passé chez les Na'vi, il devait admettre que cette habitude s'était doucement estompée. Il n'avait pas eu de miroir non plus depuis longtemps pour admirer son apparence physique, alors il avait peu à peu arrêter de s'en soucier, plus ou moins consciemment. 

Ils s'installèrent tous ensemble dans l'herbe à l'ombre d'une grande fleur et Tuk lui présenta divers accessoires pendant que Spider rasait une partie de ses cheveux et que Kiri tressait le reste.

— C'est quoi ça? Ça a l'air d'un truc de guerrier.

Il pointa l'item en question. La plus jeune gloussa.

— C'est une dent de nalutsa. C'est Lo'ak qui me l'a donnée. Habituellement les Metkayina la porte en collier... Mais c'est pas un « truc de guerrier »... En fait, on la porte surtout quand un membre de la famille est enceinte; c'est supposé porter chance à la mère et au bébé.

Quaritch se sentit rougir sans parvenir à s'en empêcher. Il toussota de gêne et reprit contenance.

— Laisse tomber alors. Et celui-là?

Celui-là lui semblait incontestablement masculin.

— Ah! Ça c'est un bracelet en peau de nantang, un loup-vipère comme vous dites en anglais. En général on l'offre à quelqu'un qui a tué sa première proie à la chasse.

Elle le lui plaça sur le bras droit, un peu au dessus du coude, et il admira l'effet que ça produisait, lui donnant l'air assurément plus féroce.

— Je l'aime bien.

— Tu peux le garder! Veux-tu aussi quelque chose pour mettre dans tes cheveux? J'ai des perles en bois simple pour mettre dans les tresses ou un bandeau fait avec des algues que j'ai été cueillir moi-même. C'était assez profond en plus et j'ai dû retenir ma respiration super longtemps!

Il observa les deux propositions, dubitatif.

— C'est pas des trucs pour filles, hein?

Tuk soupira longuement.

— Non, c'est pas des « trucs pour filles ».

Elle semblait un peu exaspérée et il haussa les épaules.

— Je peux les essayer.

Elle retrouva le sourire et plaça quelques perles dans les petites tresses que Kiri avait faites. Puis elle lui tendit le bandeau pour qu'il l'enfile.

— Comment je fais pour savoir si c'est beau? On n'a pas de miroir...

— Oh, c'est facile! T'as juste à demander à Spider, dit-elle avec un clin d'œil.

Il écarquilla les yeux et se tourna vers le concerné qui venait de prendre une teinte rosée. Depuis quand les fillettes de dix ans faisait des clins d'œil?

— C'est pas mon avis à moi qui compte, se défendit Spider, c'est le sien. On a juste à aller au lac et il va pouvoir regarder son reflet.

— J'ai fini! annonça ensuite Kiri.

Elle fit pivoter le visage du colonel dans sa direction et hocha la tête de manière approbatrice face au rendu final.

— On ira au lac quand on aura tout fini, intervint Tuk. Il manque les vêtements.

— J'ai déjà dit que... pouah!

Spider venait de lui mettre une limace dans la bouche. C'était très efficace pour faire taire quelqu'un d'agaçant.

— Tuk a raison. Tes vieux vêtements sont troués en plus d'être sales et moches.

Quaritch serra les dents (après avoir craché la limace), se retenant de lâcher une remarque acerbe.

— Je veux pas...

Il était déchiré entre l'envie de faire plaisir à Spider et celle de se rebeller encore un peu, de garder cette part d'humanité en lui. Son dos finit par se voûter légèrement en signe d'abandon et il murmura:

— J'peux toujours essayer... juste pour voir ce que ça fait. Mais je l'enlève juste après!

— D'accord! s'exclama le blond, ravi par cette simple concession.

Par pudeur peut-être, l'avatar demanda aux trois autres de se retourner pendant qu'il se changeait. Kiri et Tuk obtempèrent aussitôt sans discuter, mais Spider haussa un sourcil l'air de dire: « Vraiment? Je t'ai déjà vu nu des tonnes de fois. » Il se retourna néanmoins à son tour par respect.

Quaritch se dévêtit rapidement et enfila le pagne qui ne couvrait... que ce qu'il y avait à couvrir et pas un centimètre de plus. Il se demandait parfois comment les Na'vi pouvaient porter des vêtements aussi révélateurs et n'éprouver aucune gêne. Même les femmes dissimulaient à peine leurs seins derrière quelques ornements et accessoires.

Il termina d'attacher correctement le lacet autour de ses hanches et se racla la gorge afin d'annoncer qu'il avait terminé. Trois paires de yeux se fixèrent sur lui et il ne put résister à la tentation de se triturer les doigts. Il ne manquait plus qu'un tapis et une caméra pour faire un défilé!

— Regardez-moi pas comme ça.

— T'as l'air d'un vrai Na'vi, dit Tuk. Comme papa!

Il grogna, irrité.

— Me compare pas à ton père.

Le regard de la plus jeune retomba vers le sol et elle ne dit plus rien. Il jura mentalement; les enfants étaient si difficiles à cerner parfois.

— Bon, euh, on va au lac? demanda Kiri.

Il hocha la tête, espérant qu'ils ne croiseraient personne d'autre.

 

༺༺༺

 

Son reflet ne lui plu pas. On aurait dit un autre. Il retira le bandeau et le rendit à Tuk. Les perles et le bracelet étaient plus discrets; il préférait cela. Quant au pagne qui couvrait à peine son corps... il devait admettre qu'il comportait, en plus de nombreux défauts, certains avantages. Si on oubliait que le bout de tissu minimaliste contrevenait à son identité profonde et laissait passer un courant d'air assez conséquent entre ses cuisses, il devait tout de même avouer qu'il était plus libre dans ses mouvements sans son épais pantalon d'armée et que le reste de la forêt semblait le reconnaître. Il effrayait moins la faune qu'avant, se glissait plus furtivement et aisément entre les arbres.

Comme Tuk l'avait fait remarqué, il était désormais réellement un Na'vi, ayant adopté pas seulement leur apparence, mais aussi leur culture. Il parlait assez bien leur langue maintenant malgré son vocabulaire limité et son accent, il habitait avec eux, bien qu'un peu en marge du village, il chassait pour eux, mangeait la même nourriture qu'eux, vivait à leur rythme. Que restait-il de l'humain qu'il avait été toute sa vie? Que restait-il du soldat qui s'était battu pour son pays, son monde?

Ils décidèrent de rentrer lorsqu'ils entendirent les bruits d'une conversation qui semblait impliquer beaucoup de Na'vi en même temps. Quelque chose d'important devait s'être produit, en espérant qu'il s'agisse d'une bonne nouvelle.

— Partez devant, je vais remettre mes vêtements, dit Quaritch.

Les deux filles prirent donc de l'avance, mais Spider resta derrière. Cette fois Quaritch ne lui ordonna pas de se retourner. Il se changea en vitesse et le Monkey Boy, lui, grimpa agilement sur une branche basse d'un arbre tout près. Il avait le regard de quelqu'un qui avait une idée en tête.

— Qu'est-ce que tu fait? s'enquit le plus vieux.

— Viens par ici.

Il s'approcha jusqu'à être face à face avec le blond, à la même hauteur que lui. Celui-ci retira son masque avant de l'enlacer de ses deux bras autour de sa nuque et de l'attirer plus près. Il embrassa doucement sa joue puis ses lèvres. Le colonel eut un rictus satisfait, lui rendant son baiser un peu plus fougueusement tout en le plaquant contre le tronc rugueux de l'arbre.

— On devrait aller voir qu'est-ce qu'il s'est passé au village... C'est sûrement important.

— Ouais, on devrait, marmonna Spider, visiblement déçu que leur échange soit déjà terminé.

Vu sa mauvaise foi évidente, Quaritch le souleva sans peine et le lança comme un sac de patate sur son épaule.

— Hey! cria-t-il, indigné.

— Je vais te ramener.

— J'peux marcher!

— Mmh mmh.

Le regard de l'avatar dériva sur les jolies jambes qui pendaient sur son torse et il ressentit une profonde satisfaction.

Le village n'était pas loin. Ils y furent en quelques minutes à peine, mais commencèrent par espionner la grande assemblée de loin d'abord. Des Na'vi d'un autre clan Metkayina discutaient avec Tonowari et Ronal et une foule s'était rassemblée autour d'eux. Leur chef parla assez fort pour que tout le monde puisse entendre:

— Silence... silence! S'il-vous-plaît!

La voix de Tonowari se perdait dans le brouhaha ambiant et ne parvenait pas à faire taire les rumeurs parmi son peuple.

— SILENCE! asséna alors Ronal d'un ton aussi puissant qu'un coup de tonnerre.

Le résultat fut immédiat. Elle poursuivit:

— Nous avons des visiteurs comme vous avez pu le remarquer. Ils habitent près de chez nous et viennent en amis, en paix, demander une aide pour reconstruire leur village suite à un ouragan. Nous, le peuple des Metkayina, considérons l'hospitalité et l'entraide parmi nos valeurs.  Nous leur fournirons l'aide demandée avec fierté!

Un cri d'approbation s'éleva dans la foule.

— Est-ce qu'il y a des gens qui seraient volontaires pour aller leur porter main forte pendant quelques jours? demanda Tonowari.

Plusieurs Na'vi s'avancèrent, mais leur nombre demeurait assez restraint. La plupart d'entre eux ne souhaitaient pas, même pour une courte durée, quitter leur famille.

Soudain, une voix familière perça à travers les murmures qui avaient repris.

— Moi, je suis volontaire, déclara Quaritch, tout à fait sûr de lui.

Spider sursauta. Il ne s'y attendait pas du tout.

— Je suis volontaire, annonça ensuite Kiri.

Quoi?!

— Euh... Je suis volontaire aussi, cria-t-il, sans réfléchir.

— Moi aussi, ajouta également Lo'ak.

— Je suis volontaire, dit à son tour Tsireya.

Ils s'avancèrent de concert vers leur chef de clan. Tout s'était passé si vite: un moment personne ne voulait y aller et la seconde d'après cinq nouveaux volontaires se présentaient en même temps. Le colonel reçut son lot de regards méprisants et plusieurs lui crachèrent même au visage, mais il les ignora superbement. Il attrapa discrètement la petite main de Spider dans la sienne et la caressa de son pouce. Ce dernier rougit aussitôt sans pour autant retirer sa main.

— Merci pour votre initiative, dit Tonowari. Vous partirez demain matin.

Notes:

J’ai encore eu de nouvelles idées concernant les personnages secondaires (en particulier Lo’ak, Kiri, Tsireya et Neytiri). Je vais peut-être faire un chapitre bonus du point de vue de Lo’ak bientôt ;)

J’espère que ça vous plaît toujours! Personnellement, j’adore écrire cette histoire, c’est presque une thérapie pour moi 😌

Chapter 11: Bénévolat

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Spider s'était débarrassé du haut d'uniforme de Quaritch. Il l'avait découpé en morceau et s'en servait désormais comme torchon pour nettoyer la vaisselle; c’était extrêmement pratique. Cependant, le plus vieux n'aimait pas du tout cette idée qu'il avait eue: il se plaignait qu'il n'avait plus rien à mettre et qu'il ne se sentait pas à l'aise comme ça. Pas affecté pour un sou, le blond s'était contenté d'hocher la tête à répétition.

— Arrête de te plaindre et termine de préparer tes affaires. On part tôt demain.

— J'ai déjà terminé... j'ai presque rien à moi à apporter de toute façon.

Pendant qu'il râlait, le plus petit terminait de mettre leur repas du lendemain ainsi que quelques collations dans une boîte qu'il alla ensuite porter dans la rivière pour garder les aliments frais. Lui non plus ne possédait pas grand chose, mais il ne s'apitoyait pas sans cesse sur sa triste condition. De toute façon, les possessions matérielles n’étaient rien face aux relations sociales: c’étaient ces dernières qui donnaient à la vie sa plus grande valeur.

— J'veux un dédommagement, poursuivit le colonel. Pour mon uniforme que t'as sauvagement saccagé.

Spider leva les yeux au ciel. Il se laissa néanmoins tomber aux côtés de Quaritch sur leur natte et colla sa bouche contre la sienne, assez longtemps pour être à bout de souffle. Les joues rouges, il demanda:

— Satisfait?

— Non.

Le plus vieux l'agrippa pas les hanches et l'allongea sous lui avant de l'entraîner dans un second baiser, plus décadent encore. Le blond lui rendit toute la force de son étreinte sans jamais le repousser ou lui reprocher sa fougue soudaine.

En vérité, cette histoire de bénévolat lui faisait un peu peur. Il craignait que les Na'vi de l'autre clan ne reconnaissent Quaritch et ne tentent de lui faire du mal. Il craignait aussi qu'ils s'en prennent à lui, un humain, un démon. Il n'y aurait probablement que son frère, sa sœur et possiblement Tsireya pour le défendre; les autres s'en fichaient bien.

La matin vint vite cependant, et avant même d'avoir entreprit le voyage, il se sentait déjà courbaturé. Tous les volontaires s'étaient réunis sur la plage, car ils feraient le trajets en ilu. Du coin de l'œil, il avait remarqué que l'avatar à sa droite ne semblait pas ravi, ce qui était compréhensible puisque les ilus ne l'aimaient pas beaucoup. Ils convinrent donc que Lo'ak chevaucherait avec Quaritch et Kiri avec Spider. Ce dernier avait bien tenté d'inverser les « équipes », par peur que son frère ne décide d'assassiner le colonel en chemin, mais ils avaient refusé, car l'ilu de Kiri était plus petit et aurait moins bien supporté le poids d'un adulte en plus. Bien sûr, son propre poids était considéré dérisoire. Agacé, il fit la moue jusqu'à ce que Kiri ne lui fasse une pichenette sur le nez et ne l'amène en souriant vers son ilu.

Tuk les rejoignit pas longtemps avant le départ. Elle avait croisé ses bras sur sa poitrine et affichait un air hautain.

— Vous partez encoooore à l'aventure sans moi!

— On va revenir vite, la rassura Kiri, avec plein d'histoires à te raconter.

Elle et Spider enlacèrent leur jeune sœur puis ils montèrent en selle. Le plus petit se plaça à l'avant afin de ne pas se faire emporter par le courant et Kiri se plaça derrière lui, les sécurisant tout deux ensemble grâce à une corde. S'ils lâchaient prise durant le trajet, par accident ou par sécurité, ils ne se perdraient pas l'un l'autre.

Lorsque tous et toutes furent en selle, on annonça l'ordre du départ. Les ilus partirent comme des fusées et le seul humain du groupe était bien content d'avoir son masque, car ils restaient un bon moment sous l’eau avant de remonter à la surface. Une pause avait également été prévue à la moitié du trajet pour ne pas se retrouver trop ankylosé et courbaturé.

Malgré tout, l'expérience du voyage leur permit d'admirer la beauté époustouflante des fonds marins. Les plus petits poissons, marbrés de jaune doré et de noir, semblèrent particulièrement attirés par Kiri et nagèrent en bancs lumineux tout autour d'eux. L'un se glissa même contre le flanc de Spider qui frissonna sous son toucher écailleux. Kiri tendit la main pour les effleurer, mais lui avait trop peur de tomber s'il lâchait sa poigne de fer sur les rênes.

Ils sont magnifiques, lui dit sa sœur en langue des signes.

Il ne put qu'hocher la tête, pas encore très à l'aise dans ce langage.

Par la suite, ils traversèrent une forêt d'algues très chatouilleuses dans laquelle habitaient plusieurs animaux à carapace. Ils croisèrent des nalutsa qui les saluèrent de leur cri mélodieux ainsi qu'une bande d'ilus sauvages. Le tout défilait à une telle vitesse qu'il était difficile de tout voir, de ne pas se perdre dans cet amalgame de bleus et de reflets aveuglants.

Les pensées de Spider voltigèrent d'un sujet à l'autre, s'arrêtant tantôt sur la chance qu'il avait de profiter de la beauté d'un tel monde en sachant que la plupart des autres humains habitaient une planète mourante, tantôt sur Quaritch un peu plus loin qui semblait étonnement serein ou encore sur Kiri qui attirait tous les poissons à eux comme un aimant. Lorsqu'il fut l'heure de leur pause bien méritée, le jeune homme s'allongea à l'ombre d'un palmier et observa le ciel dépourvu de nuages ce jour-là. Le voyage était plus épuisant qu'il n'en avait l'air.

Leur destination se profila à l'horizon peu avant midi. C'était une chance d'avoir pu voyager sous l'eau, car le soleil plombait sur eux sans interruption et malgré l'habitude, Spider n'était pas immunisé contre les coups de soleil s'il restait trop longtemps sans protection. Les Na'vi du village les accueillirent comme des héros, mais sans surprise, se raidirent de méfiance à la vue d'un humain parmi leur groupe. Pour les rassurer, Spider se mit à les saluer dans leur langue et son absence d'accent parut les mettre un peu plus à l'aise. Quaritch, pour sa part, se retint de parler, se contentant de montrer son respect par des gestes et sourires polis.

— Au nom d'Eywa et de tout mon clan, je vous remercie pour votre aide, leur dit la Tsahìk, l'air profondément reconnaissante.

— Nous le faisons avec plaisir, répondit Kiri, le plus sincèrement du monde. 

Les travaux que nécessitait le village étaient nombreux. Presque tous les marui avaient été détruits ou grandement endommagés. Les réserves de nourriture s'amenuisaient, car ils avaient été trop occupés par la reconstruction et la pêche était devenue secondaire. Selon les talents de chacun, on leur attribua différentes tâches. Lo'ak et Tsireya, se virent attribuer la pêche; Quaritch, vu sa taille, fut plutôt assigné à la construction et au déplacement de matériaux lourds; et finalement, Kiri et Spider durent s'occuper de soigner les blessés. Personne n'osa s'enquérir de l'endroit où ils allaient passer la nuit, car tous se doutaient plus ou moins qu'ils dormiraient à la belle étoile.

Dans la tente qui avait été aménagée pour abriter les blessés, Spider pouvait apercevoir Quaritch au loin qui transportait d'imposants piliers de bois sous le soleil brûlant. Il se sentit soulagé de n'avoir qu'à assister Kiri dans son travail. Ses tâches consistaient à préparer des remèdes, des cataplasmes, ou à attacher des écharpes pour ceux et celles qui s'étaient cassés un bras ou un poignet; rien de particulièrement difficile ou qu'il n'avait jamais fait. En plus, il était à l'abri des rayons ardents.

L'après-midi défila sans qu'il ne voit le temps passer. Quand la nuit s'installa, ils mangèrent un repas simple de poisson et se couchèrent épuisés. Spider ne put qu'échanger un bref regard avec Quaritch avant de s'endormir serré contre Kiri, bercé par sa respiration profonde.

 

༺༺༺

 

Trois jours plus tard, la plupart des blessés étaient déjà presque guéris et les autres avaient été traités, se reposant désormais jusqu'à ce que leurs corps récupèrent. Ce matin-là, Kiri et Spider avaient été autorisés à faire la grasse matinée un peu plus longtemps. Ce fut Quaritch qui vint les réveiller brusquement avec un sourire si large que pendant un instant, il était méconnaissable, comme une version alternative de lui-même. Radieux de bonheur, il leur annonça sans plus tarder ce qui le bouleversait tant:

— Spider, Kiri, vois devinerez jamais quoi! s'écria-t-il et il n'attendit pas leur réponse. Il y a des ikran, ici! Je viens de les voir, il y en a plein.

— Tu penses que ton ikran est avec eux? s'étonna la jeune fille.

Il se rembrunit pendant un court instant seulement.

— Je pense pas... mais je pourrais me lier avec un autre!

— Tu veux qu'on vienne avec toi? demanda Spider.

Le colonel hocha vigoureusement de la tête, ne perdant jamais son air émerveillé.

À dos d'ilu, ils se rendirent sur la petite île au large où le groupe d'ikran avaient élus domicile pour se reposer. Ils étaient une trentaine au moins et croassèrent légèrement à leur arrivée, probablement agacés d'être dérangés dans leur sieste paisible.

Quaritch tenta plusieurs fois de se lier avec l'un d'entre eux, mais aucun ne fut coopératif et ils finirent par prendre leur envol.

Ils ne revinrent pas le lendemain ni le jour suivant. Le sourire de l'avatar s'était évaporé en même temps qu'eux. Spider ne savait pas comment le consoler; à la nuit tombée, il se blottit contre le plus vieux et lui caressa tendrement la taille jusqu'à ce qu'il ne plonge dans le sommeil.

Les bénévoles avaient énormément aidé le village et ils décidèrent d'un commun accord de repartir dans deux jours. Ce soir-là, Quaritch n'était nulle part en vue. Spider était terriblement inquiet, mais Kiri lui indiqua qu'il reviendrait sûrement bientôt. Lo'ak lui assura un peu plus tard qu'il l'avait aperçu se rendre sur l'île où les ikran étaient allés. Il poussa un profond soupir.

Le lendemain, il n'était toujours pas revenu.

— Il doit être coincé sur l'île! paniqua Spider. Il faut aller le chercher.

Lo’ak l'accompagna jusqu'au petit amas de roches à quelques kilomètres du rivage, mais l'endroit était désert. Le blond éclata en sanglots.

— Qu'est-ce qui est arrivé à l'ilu qui l'a amené? demanda Kiri lorsqu'ils furent de retour.

— Aucune idée, il a disparu aussi, répondit son plus jeune frère.

— Mais qu'est-ce qu'on fait?

L'ilu en question revint au village quelques heures plus tard, seul. Spider était à deux doigts de la crise de nerds. Sa sœur le força à avaler une tisane calmante.

— Paniquer n'aide personne, lui avait-elle dit sévèrement avant de le congédier.

La tisane ne l'avait que peu apaisé. Il n'arrêtait pas de se demander si Quaritch était mort, s'il avait perdu le contrôle de son ilu et s'était perdu quelque part. Une petite part de lui se disait qu'il avait survécu à bien pire pour mourir aussi stupidement.

À l'aube, le jour du départ, ils virent des ikran traverser le ciel pluvieux et aller s'installer sur la même île que la fois précédente. Cependant, aucun d'eux ne transportait un homme sur leur dos.

Spider essaya de convaincre Lo'ak et même Kiri de partir à la recherche de l'avatar, mais ils refusèrent, arguant que c'était inutile, car ils n'avaient pas la moindre idée d'où il avait pu aller. Ils eurent la décence de ne pas mentionner qu'il s'était peut-être fait dévorer par un énorme poisson.

À la surprise générale, Tsireya se proposa pour partir à sa recherche.

— Je comprends que les chances de le retrouver sont faibles et que vous ne l'aimez peut-être pas tant que ça, mais il faut au moins essayer.

— Mais on part dans quelques heures à peine, balbutia Lo'ak.

— Je connais le chemin, je vous retrouverai demain... avec ou sans Quaritch.

— C'est dangereux de partir comme ça toute seule, l'avertit Kiri.

Elle baissa la tête face au regard déterminé de son amie avant de la relever en fronçant les sourcils.

— Okay, je viens avec toi alors. Et toi Lo'ak, tu veilles sur Spider.

— Je suis pas un enfant, se plaignit ce dernier, agacé. Je suis plus vieux que vous au cas où vous auriez oublié.

— Peut-être, mais t'as besoin de support émotionnel.

Il faillit protester encore, mais abandonna d'avance, sachant que ça ne servirait à rien.

— Faites attention, dit-il simplement.

Elles hochèrent la tête et Tsireya proposa à Kiri de monter à dos de skimwing ensemble, puisqu'ils étaient nettement plus grands et plus rapides. Celle-ci hésita une poignée de secondes, les yeux écarquillés, puis accepta.

Elle n'avait jamais fait ça et avait peur d'être un poids mort pour Tsireya qui maîtrisait presque parfaitement la technique. Cependant, l'heure n'était pas aux questionnements.

La jeune Omatikaya s'agrippa du plus fort qu'elle le put à la taille de son amie et elles s'attachèrent également ensemble, par sécurité. Kiri envoya une dernière fois la main en direction de ses deux frères, puis l'animal déploya ses larges ailes d'un coup.

Elle poussa un cri lorsqu'il plongea brusquement sous l'eau, mais se rappela une seconde avant qu'il ne soit trop tard de fermer la bouche et de retenir sa respiration. La vitesse était si rapide qu'elle se demanda furtivement comment Tsireya faisait pour non seulement garder les idées claires, mais également diriger leur monture.

Malgré l'importance de la situation, un sourire se fraya un chemin sur les lèvres de Kiri. Son cœur battait comme un fou et l'adrénaline acheva de rendre cette nouvelle aventure encore plus excitante.

 

༺༺༺

 

— Qu'est-ce qu'elle fait? demanda Spider, intrigué.

— Aucune idée, répondit Lo'ak. Il faudrait demander à quelqu'un qui habite ici.

Pour les remercier de leur aide précieuse, la tribu Metkayina avait envoyé une des leurs chercher un présent bien particulier. La Tsahìk leur avait expliqué qu'il s'agissait d'une denrée rare, difficile d'accès et très appréciée de leur clan. La Na'vi qui devait aller en chercher s'était vêtue de la tête aux pieds d'un épais tissu qui ne laissait que ses yeux dévoilés.

Agile et vive comme l'éclair, elle avait escaladé un grand arbre jusqu'à une petite cavité située sous une branche qui grouillait d'insectes bourdonnants. À la distance où ils se trouvaient, les autres ne purent pas vraiment apercevoir ce que la femme faisait, mais elle revint avec un bol de rempli d'un épais liquide ambré.

— Servez-vous, leur dit-elle. C'est du miel; ça a un goût très sucré.

Lorsque ce fut son tour d'en prendre, Spider goûta d'abord timidement la cuillère du bout de la langue, puis quand l'arôme affriolante se répandit dans sa bouche, il s'empressa de tout avaler, n'ayant jamais rien mangé d'aussi divinement sucré. Il se lécha les lèvres jusqu'à ce qu'elles ne soient plus collantes et repensa à Quaritch. Son expression vacilla, une larme menaçant de couler, et Lo'ak l'attira à lui dans une étreinte serrée.

Notes:

Coucou ^-^
N’hésitez pas à laisser des kudos ou un commentaire si ça vous plaît 🐝💛✨

Chapter 12: Ensemble musical

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Les Metkayina utilisaient des instruments de musique que Spider n'avait jamais vu et n'aurait même pas pu imaginer. Ils arrivaient à tailler des flutes avec un type de roseau qui poussait près de la plage et fabriquaient même des lyres aussi magnifiques que le son qu'elles produisaient. Les Omatikaya eux, étaient plutôt des percussionnistes: ils créaient des sons tout aussi harmonieux, mais bien différents.

Assis en cercle autour d'un imposant feu de joie, les Na'vi célébrait le retour de ceux et celles qui s'étaient absentés plusieurs jours pour aller aider la tribu voisine. Certains jouaient de la musique tandis que d'autres chantaient et dansaient avec enthousiasme. Affaissé dans son coin, Spider se sentait si étranger à leur bonheur qu'il en avait presque la nausée. Il n'avait pas d'appétit pour le festin qu'ils avaient préparé, malgré les effluves appétissantes qui flottaient dans l'air. Son esprit demeurait résolument fixé sur une seule personne, peu importe à quel point on essayait de le distraire. Les diverses chansons ne parvinrent à ses oreilles que lorsqu'elles prirent une inflexion plus lente et lancinante tard dans la soirée, presque mélancolique.

À l'entente de ces mélodies aux histoires tristes, narrées par un mélange de sons flutés et de paroles indistinctes murmurées en cœur, le jeune homme releva la tête, captivé, puis se laissa emporter par la musique, ses pensées tourbillonnant de concert avec elle. Il avait rarement entendu quelque chose qui le touchait aussi profondément, qui était aussi joli que triste.

— Je suis sûre qu'il va revenir, dit Tuk à ses côtés. Un homme comme lui doit savoir ce qu'il fait, non?

Spider enviait presque son optimisme. À la place, il se prit du vin et noya son chagrin. Il n'avait pas l'habitude de boire beaucoup, aussi l'effet fut-il immédiat. Il se retrouva une heure plus tard, lorsque la musique redevint plus joyeuse, à danser dans les bras de Tuk, puis dans ceux d'Aonung. Il se sentit rougir quand le Metkayina lui adressa un sourire charmeur. Il ne savait pas si c'était seulement en raison du vin ou si les mains de l'autre Na'vi dans le bas de son dos et sur sa hanche en étaient aussi la cause.

Après cela, il eut de la difficulté à se rappeler de ce qu'il avait fait. Tout un se mélangeait dans un brouillard flou de souvenirs. Il ne se rappelait que de différents corps chauds pressés contre le sien, de sa voix nasillarde lorsqu'il s'était joint à la chanson traditionnelle Omaticaya que Kiri avait initié et de Jake lui ordonnant sévèrement de rentrer, car il était tard et qu'il avait un peu trop bu. Il se souvenait aussi d'avoir ri et d'avoir brièvement songé à embrasser Aonung, mais cela, il préféra croire qu'il ne l'avait qu'imaginé.

 

༺༺༺

 

Kiri et Tsireya revinrent le lendemain avec une seule nouvelle pour Spider: les restes d'un feu abandonné ainsi que des pelures de fruits avaient été retrouvés sur une île à quelques kilomètres de l'endroit où Quaritch s'était rendu. Cependant, cette situation troublait Kiri, car cette île se trouvait davantage au Nord, c'est-à-dire à l'opposé du clan Metkayina. Il n'était pas garanti que la présence Na'vi qu'elles avaient découvert correspondait à Quaritch, mais si c'était le cas, alors il s'était peut-être enfui. Ce serait la raison la plus probable pour laquelle il ne serait toujours pas revenu.

Spider ne voulait pas le croire.

Néanmoins, les faits étaient là. L'île se trouvait trop loin pour pouvoir être atteinte à la nage. Si Quaritch y avait séjourné, alors il avait eu besoin de l'aide d'un ikran, puisque son ilu était revenu sans lui. 

— Si Quaritch désirait réellement s'enfuir, il avait l'occasion parfaite pour le faire, murmura Tsireya, l'air désolée. Le clan où nous nous sommes rendu le rapprochait légèrement de la base humaine et puis, s'il a réussi à se procurer un ikran, en moins de deux jours de vol, il peut s'y rendre.

Était-ce pire si Quaritch était mort ou s'il l'avait trahi? Dans tous les cas, Spider voulait en avoir le cœur net. Il se contenta d'hocher la tête devant les deux filles, mais demain, dès l'aube, il partirait. Il se rendrait en ilu jusqu'au territoire des Omaticaya; de là, il irait voir Norm et... sûrement que le scientifique serait au courant si Quaritch avait remis les pieds à la base?

Cette certitude fut la seule chose qui lui permit de fermer l'œil ce soir-là, la seule chose qui l'empêcha de devenir fou. Il allait retrouver Quaritch, même si cela signifiait trahir sa famille. De toute façon, il n'était même pas un Na'vi et malgré la peinture bleue qu'il appliquait consciencieusement en motif de rayures sur sa peau, les autres ne le considéraient pas comme l'un des leurs. Neytiri le détestait et la plupart des Metkayina l'évitaient, mais Kiri, Lo'ak, Tuk, Jake et même Tsireya l'appréciaient. Partir serait les trahir et il s'en voudrait. Or, il ne pouvait pas supporter de rester les bras croisés à ne rien faire. Un jour, si les humains ne le kidnappaient pas à nouveau — ne le tuaient pas non plus — et si la situation le permettait, il reviendrait.

Avec ces pensées en tête, Spider prépara un sac de provisions avant d'aller dormir. Il n'en possédait qu'un seul, alors naturellement, il prit le même qu'il avait utilisé quelques jours plus tôt. Ce ne fut que lorsqu'il y plaça des morceaux de viande séchée qu'il trouva un morceau de papier froissé où des mots en anglais avaient été griffonnés. Spider ramassa la notes dans le fond du sac et déchiffra rapidement l'écriture qu'il avait reconnu aussitôt; seul le colonel formait ses lettres de cette manière enfantine, il en était certain.

 

Spider,

Je suis vraiment désolé, mais je vais partir. Ça fait un moment que j'y pense et j'ai changé d'idée plusieurs fois, mais j'ai fini par me décider. J'aurais aimé rester avec toi, j'ai apprécié le temps qu'on a passé ensemble et je sais que tu vas me détester, mais laisse-moi une chance, s'il te plaît? J'ai quelque chose d'important à faire (je sais pas exactement  combien de temps ça va me prendre) et quand j'aurais terminé, je viendrai te retrouver, promis. Tu peux me détester, mais je t'interdis de te mettre en danger, d'accord?

Je t'aime et tu vas me manquer tous les jours. À bientôt, Monkey Boy.

Miles

 

Lorsqu'il l'eut relu deux fois en entier, la missive lui échappa des mains. Il se laissa tomber à son tour, ses genoux heurtant son fin matelas au sol alors qu'il se retenait de crier. Quaritch avait bien raison à propos d'une chose: Spider le détestait.

De longues minutes plus tard, il voulut retrouver la note et la lire une énième fois, mais la nuit était devenue trop sombre pour qu'il n'y voit quoique ce soit, alors il se recroquevilla en frissonnant et s'endormit rapidement, trop épuisé pour que sa colère ne le garde éveillé. Ses rêves furent hantés par un sourire aux dents pointues, une voix grave agaçante et des bras musclés qui l'enfermaient dans une étreinte impossible.

 

༺༺༺

 

Le matin lui brûla la rétine — il n'avait pas fermé les rideaux. Il réalisa avec stupéfaction que les bras autour de son corps n'avaient pas été qu'un rêve. Pendant une seconde, il se dit que Quaritch était revenu et qu'il avait abandonné l'idée stupide qui lui était passée par la tête. Cependant, le corps qui l'entourait n'était pas aussi grand que celui du colonel, les bras n'étaient pas aussi épais et le torse pas aussi large. Spider se retourna et se retrouva face à face avec Lo'ak qui semblait encore somnolant. Ce dernier l'avait tenu tout contre lui durant la nuit et à ce simple geste, les yeux du blond se remplirent d'eau.

Lo'ak finit par grogner en sentant Spider bouger près de lui. Il papillonna des paupières un instant, puis marmonna:

— Kiri m'a dit ce qu'elle et Tsireya ont découvert. Je sais que tu penses que Quaritch s'est enfui et que tu veux aller le retrouver, mais... tu peux pas retourner là-bas, pas après tout ce qu'ils t'ont fait! S'il te plaît.

Si Spider avait une once de bon sens, il serait d'accord et ne s'aventurerait pas à nouveaux dans des endroits aussi dangereux, toutefois il semblerait que le bon sens lui fasse défaut aujourd'hui.

— Je suis désolé... mais tu pourras pas m'empêcher de partir, avoua-t-il. Tu sais que je suis différent et que les Metkayina m'aiment pas vraiment, sauf Tsireya. Je suis un humain! J'ai désespérément voulu être un Na'vi, sauf que peu importe à quel point j'essaie, je reste un humain et j'ai pas ma place ici. Quaritch... Lui aussi était un humain avant; il me comprend.

Me comprenait. Juste à s'écouter parler, Spider se trouvait stupide. Quaritch l'avait trahi et il se comportait comme si l'homme allait miraculeusement le sauver de la solitude qu'il ressentait.

— Tu sais, renchérit Lo'ak. Moi, Kiri et Tuk, et même maman et papa, nous non plus on appartient pas vraiment à ce village. On est des Omaticaya; on devrait vivre dans la forêt! Je voudrais une seule chose et c'est retourner chez nous, mais si je pars avec toi, papa va m'arracher la tête. Avec tout ce qui s'est passé, je préfèrerais pas le mettre encore plus en colère contre moi. 

— Ça va faire presque un an qu'on est partis de la forêt et les humains n'ont pas attaqué. Je pense qu'ils ont peut-être abandonnés, ou en tout cas, ils ont décidé de plus s'en prendre à nous.

— C'est probablement parce qu'ils pensaient que Quaritch était mort, supposa Lo'ak.

Le blond eut l'air pensif quelques minutes, mais n'ajouta rien. Ils se levèrent, car le soleil aussi commençait à être visible à l'horizon et Spider, malgré ce que son frère lui avait dit, ne désirait pas reporter son voyage. Il partait maintenant ou sa vie n'avait plus de sens, aussi pathétique que cela puisse paraître.

La surprise qui l'attendait sur le quais faillit achever ses résolutions: toute sa famille était là. Kiri, Tuk, Tsireya, mais aussi Jake, Neytiri, et même Aonung, Ronal et Tonowari. Il jeta un regard meurtrier à Kiri, car tout cela était assurément sa faute, mais elle se contenta de lui sourire sincèrement. Elle avait l'air plus heureuse qu'il ne l'avait vue depuis longtemps. Quand il entendit des au revoir être échangés et qu'il remarqua les ikrans au loin, il comprit enfin ce que tout cela signifiait réellement: personne ne tentait de l'arrêter. Ils l'accompagnaient.

— Je comprends pas, balbutia-t-il, confus.

— Je te connais, Monkey Boy, répondit Kiri. Et personne veut te laisser partir, alors... la seule option était de t'accompagner. Lo'ak et Tuk aussi voulaient rentrer à la maison et même maman. On a convaincu papa après. Tsireya va me manquer, mais elle a promis de venir nous visiter et j'ai promis que nous aussi, on reviendrait la visiter bientôt. Le départ de Quaritch a précipité mes plans, mais j'y pensais depuis un moment... Je sais que t'étais pas vraiment heureux ici, Monkey Boy.

Elle s'interrompit quand Spider la serra si fort qu'elle pouvait à peine respirer et elle lui caressa doucement les cheveux.

— Allons à la maison, chuchota-t-elle. Il est temps.

À l'horizon, les rayons de soleil matinaux créaient un chemin d'or sur la mer. Main dans la main, Ronal et Neytiri se mirent à chanter alors que cette dernière ajoutait une perle à son Songcord. Tous ensemble, ils superposèrent leurs voix à celles des deux femmes et cela sella à nouveau leur promesse: les Sully se serrent les coudes.

Ngaru irayo seiyi ayoe
Tonìri tìreyä
Ngaru irayo seiyi ayoe
Srrìri tìreyä
Ma eywa, ma eywa

Notes:

Merci de m'avoir lue, je suis de retour! <33

Chapter 13: Départ à vif

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Quaritch n'eut pas le temps de réfléchir lorsqu'il vit un ikran qui lui semblait familier, son ikran, Cupcake. Il l'aurait reconnu entre mille, même en l'ayant seulement brièvement aperçu au loin. Pendant quelques secondes, il se retourna et observa Spider qui s'occupait d'un Na'vi blessé. Il ne pouvait pas laisser ses sentiments lui voler sa seule chance. Le cœur lourd, il se détourna.

Il s'empressa d'aller chercher son sac. Il n'y avait rien à manger à l'intérieur, rien qu'une petite gourde d'eau qui ne suffirait qu'à le désaltérer quelques heures, s'il était raisonnable. Ce n'était pas grave; il devait se concentrer. On lui avait donné une liste de chose à faire le premier jour, alors il retourna le papier froissé et gribouilla quelques phrases au verso. Spider allait être si en colère. Voudrait-il encore de lui lorsqu'il reviendrait? Il n'arrivait pas à imaginer le jeune garçon heureux avec un autre que lui.

Sans tergiverser davantage, il fourra la note dans le sac de Spider et accourut vers son ilu qui faisait visiblement une sieste. Quaritch le réveilla d'une caresse ferme sur la tête et l'enfourcha aussitôt. Il ne savait pas comment Cupcake l'avait retrouvé, mais il l'attendait quelque part sur cette île.

Elle n'était pas très loin. Il ne s'agissait que d'un amas de rochers, mais le poisson y était abondant et les ikran semblaient en plein festin. Un seul d'entre eux monopolisait le regard de Quaritch. Ce n'était ni le plus grand, ni le plus beau, ni même le plus rapide, mais c'était assurément le plus mignon. Quand il aperçut le colonel, Cupcake laissa tomber son poisson et le rejoignit en sautillant de joie. Quaritch regrettait de n'avoir aucune gâterie à lui offrir; il se contenta d'une tape dans le dos et de compliments mièvres.

— Mon bébé, j'espère que t'es en forme parce qu'on a du chemin à faire.

Cupcake roucoula de bonheur en battant des ailes, ce qui arracha un sourire de satisfaction à Quaritch. Lorsqu'il lia le bout de sa tresse avec sa queue, le tsaheylu fut plus intense et un flot d'émotions traversa le colonel. Son ikran l'avait cru mort lui aussi. La créature fit claquer son bec contre son bras en représailles pour l'avoir abandonné si longtemps.

— Hey hey, doucement! Je suis désolé, okay? Je pouvais pas revenir.

Sauf que c'était un mensonge. La vérité était plutôt qu'il n'avait pas voulu revenir, retenu par la compagnie trop agréable d'un certain Monkey Boy.

Ils décollèrent sans plus tarder avant que ses stupides sentiments ne le fassent changer de direction. Les autres ikrans s'envolèrent à leur tour, effaçant toute trace de sa présence sur l'île. De toute façon, il allait devoir s'arrêter bientôt pour remplir sa gourde et son estomac ainsi que faire quelques provisions.

 

༺༺༺

 

Kiri et Lo'ak s'étaient disputés avant le départ, car tous deux désiraient voyager avec Spider. Ce dernier, qui leur avait jeté un regard supérieur, avait décidé de monter avec Jake à la place. Kiri avait levé les yeux au ciel et Lo'ak avait croisé les bras sur son torse en fronçant les sourcils. Cela avait presque fait rire Spider qui s'était contenté de leur faire une grimace.

Il n'avait rien dit depuis leur départ précipité, se contentant de faire des gestes mécaniques, l'esprit ailleurs. Tout cela le dépassait un peu. L'avant-veille tout allait pour le mieux, puis soudain, Quaritch avait disparu et ils retournaient chez eux, sans préavis. Or, Spider savait qu'il allait revenir. Il avait regardé sa petite maison s'éloigner à mesure qu'ils avançaient, le seul endroit où il avait pu respirer sans masque durant tous ces mois. L'endroit qui avait abrité son premier amour.

Désormais haut dans les airs, il observait le paysage défiler autour de lui. La tribu n'était plus visible depuis longtemps, mais il ne cessait de remarquer d'autres villages Metkayina qui lui ressemblaient. Il ne cessait pas non plus de se demander où Quaritch pouvait bien être. Et s'il ne se rendait pas à la base humaine? Il avait mentionné quelque chose d'important qu'il devait faire, mais sans entrer dans les détails. Ne pas savoir lui tordait les entrailles.

Plusieurs heures plus tard, lorsque la fatigue du vol commença à le faire divaguer, Spider s'imagina que ce n'était pas Jake derrière lui qui le tenait mais Quaritch. Les deux hommes avaient une carrure similaire bien que Jake soit légèrement plus mince, ainsi se perdre dans sa petite fantaisie n'était pas si difficile. Le colonel se penchait et lui murmurait des promesses dans l'oreille, le serrant d'autant plus fort contre lui lorsque le vent se levait. Spider lui pointait les différents endroits qu'il connaissait en lui indiquant leur nom en langue Na'vi et l'avatar les répétait de son accent qui avait commencé à s'adoucir.

L'atterrissage le ramena brutalement dans le monde réel. Les ikran étaient épuisés et s'ils voulaient manger un bon repas, ils allaient devoir chasser et cuisiner. Lo'ak et Spider se proposèrent donc pour y aller pendant que Kiri et Tuk iraient chercher des fruits et que Jake et Neytiri installeraient le campement. Ils auraient une autre journée de voyage à faire le lendemain, mais elle serait normalement plus courte, puisque le vent leur avait été favorable aujourd'hui et qu'ils avaient déjà parcouru plus de la moitié de la distance qui les séparait de la maison.

Spider était fier qu'on lui ait confié la tâche la plus importante — et la plus difficile. Il prenait un réel plaisir à traquer une proie en sachant que toute la famille comptait sur lui pour manger ce soir. L'odeur de la forêt commençait déjà à devenir plus familière. Les effluves de sel et d'algue qu'il avait prit l'habitude de respirer s'estompaient pour laisser place au parfum de terre humide qu'il aimait tant. Il comprenait d'autant plus à quel point la forêt était sa maison.

— Concentre-toi, chuchota Lo'ak à ses côtés. T'as faim ou pas?

— Désolé... Hey regarde, juste là, entre les feuilles.

— Bande ton arc, on tire en même temps.

Il le fit et Lo'ak compta tout bas jusqu'à trois avant qu'ils ne tirent leur flèche simultanément. Les deux pointes se fichèrent dans le ventre de l'animal qui s'écroula au sol.

 

༺༺༺

 

Quaritch n'avait pas l'impression de revenir à la maison. Il avait plus l'impression de l'avoir fui.

Cela faisait des semaines qu'il songeait à ce qu'il allait dire à la générale Ardmore. Cette femme était probablement aussi effrayante que Neytiri, mais heureusement, s'il mentait d'une manière suffisamment crédible, elle ne devrait pas lui poser de problèmes. Il allait simplement expliquer qu'il s'était fait kidnapper par les Na'vi et qu'ils l'avaient laissé moisir dans une cellule pendant des mois — après tout, ce n'était pas totalement faux — mais il allait empiré considérablement la réalité, justifiant ainsi son incapacité à s'enfuir durant tout ce temps.

L'imposante base militaire lui faisait désormais face et s'il n'avançait pas de son propre chef, il finirait par se faire repérer bientôt. Peut-être que ce ne sera pas si mal, se dit-il dans le but de s'encourager. Il reverrait d'anciens amis, même s'ils n'avaient jamais été très proches. C'était seulement temporaire.

(Ce qui l'inquiétait, c'était la possibilité qu'on lui ordonne de tuer des Na'vi à nouveau. Il n'était pas certain d'y arriver cette fois.)

Parfois, il se demandait ce que Spider ferait à sa place et sans pouvoir s'empêcher de sourire, il s'imaginait le jeune homme balancer un tas d'insultes à Ardmore en lui montrant ses majeurs avant de cracher comme un chat sauvage. L'idée l'emplissait de tendresse, car la fougue de son Monkey Boy était indéniablement l'une des raisons pour lesquelles Quaritch l'aimait autant. Il était un homme d'action et personne ne l'égalait aussi bien à ce niveau-là que Spider. Ce qu'il faisait aujourd'hui, il le faisait pour lui.

— Aller Cupcake, on y va.

 

༺༺༺

 

L'arrivée au village Omaticaya avait été moins grandiose que ne l'aurait cru. La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà et la plupart des Na'vi avaient été endormis.

— Tu préfères venir dormir avec nous dans les hamacs ou tu veux retourner au laboratoire avec Norm? lui avait demandé Jake en chuchotant pour ne pas réveiller les autres.

Il aurait aimé rester avec eux, mais passer la nuit avec son masque n'était pas des plus agréable et à l'idée de pouvoir se blottir dans le confort de son lit au labo, il avait soupiré et opté pour la seconde option. Il devait aussi admettre que Norm lui avait énormément manqué. L'homme était un peu comme son grand frère ou même son oncle. Il partageait toujours ses connaissances avec le plus jeune et avait une joie de vivre naturelle.

Spider avait dormi comme un bébé cette nuit-là, l'épuisement étant une arme efficace contre les pensées qu'il avait tendance à ressasser encore et encore, nuisant à son sommeil.

Dès le lendemain, il avait établi une routine. D'abord, il s'enquérait des récentes nouvelles auprès des chasseurs. Ces derniers lui rapportaient toute activité inhabituelle dans les environs. De plus, la proximité relative des humains faisaient en sorte qu'à chaque jour une équipe de trois sentinelles avait pour ordre d'aller surveiller la base, sans bien sûr trop s'en approcher pour ne pas être repérée. Spider les accompagnait tous les matins, frustré de constater que de leur cachette derrière la végétation, il ne voyait pas grand chose. Impossible d'apercevoir Quaritch.

Durant l'après-midi, il passait son temps avec Norm et lui soutirait le plus d'informations possibles sur ce que les humains faisaient et comment leur organisation fonctionnait. Le scientifique ne les avait pas côtoyés depuis longtemps, mais il avait vécu sur Terre une bonne partie de sa vie et connaissait leurs coutumes, bien mieux que Spider. En soirée, il retournait au village et partageait un bon repas avec les autres, ravi de retrouver les plaisirs de la cuisine Omaticaya. Parfois, il allait chasser avec Lo'ak, leur duo formant une équipe gagnante à chaque fois, et d'autres fois, Kiri l'obligeait à l'accompagner lors de ses excursions avec Mo'at. Au retour, il assistait à des rituels dans la tente de la Tsahìk, un lieu sacré dans lequel Spider se sentait plus qu'honoré d'être invité.

Plusieurs semaines se passèrent ainsi sans que quoi ce soit ne vienne perturber la quiétude de la forêt. Néanmoins, il y avait un trou béant dans la poitrine de chacun d'eux. Kiri, Lo'ak, Tuk, Jake et Neytiri avait tous été laissés à vif et rien n'apaisait leur douleur. Ce n'était pas seulement la mort de Neteyam; pas seulement leur séparation avec Tsireya qu'ils appréciaient tous, ni l'absence de Payakan qui chagrinait Lo'ak. Ce n'était pas parce que Kiri n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer Grace, pas parce que Jake et Neytiri se disputaient souvent depuis des mois. Ce n'était pas non plus parce que Quaritch était parti — ou peut-être que si en fin de compte — c'était une blessure beaucoup plus profonde que ça, une qui ne guérirait jamais, laissant une parcelle de leur cœur à vif pour toujours.

Il pleuvait ce matin-là, pour la première fois depuis des jours. Les gouttes seraient fraîches contre la peau de Spider s'il sortait dehors et le colonel ne serait pas là pour le réchauffer. La peinture de ses rayures allait couler sur lui et il savait que ce serait inconfortable. Il avait presque envie de passer la journée au lit à se morfondre. Ce fut l'air grave de Norm lorsque celui-ci entra dans sa petite chambre qui le fit se redresser.

— Tu as un, hum, un partenaire? demanda-t-il, l'air légèrement mal à l'aise.

Spider et Norm étaient proches, mais ils n'avaient jamais parlé de leur éternel célibat ensemble.

— Non, répondit-il sans élaborer davantage.

— Quelqu'un t'as laissé une note sur la porte. Elle était mouillée quand je l'ai prise, mais on arrive quand même à lire ce qui est écrit dessus. Je, euh, je la laisse juste ici, d'accord?

— Merci.

Norm la déposa sur son lit et ouvrit à nouveau la bouche avec hésitation comme s'il n'était pas certain de ce qu'il voulait dire avant de finalement dire à voix basse:

— Si t'avais des anecdotes intéressantes à me raconter, tu sais, je sais garder un secret.

Il lui fit un clin d'œil, un doigt contre ses lèvres pour prouver son point, puis disparut ensuite. Le blond se sentit rougir d'embarras, mais sa curiosité l'emporta et il se précipita sur la note afin de la lire. Il ne s'était même pas aperçu qu'il retenait sa respiration, l'appréhension lui tordant le ventre.

Sa première surprise fut de découvrir le mot écrit en langue Na'vi — presque sans erreur. L'écriture était bien celle inimitable de Quaritch, légèrement lavée par l'eau.

 

Monkey Boy,

Un petit oiseau m'a dit que tu étais revenu chez les Omaticaya. Est-ce que par hasard, ce serait pour te rapprocher de moi? Savoir que tu es si proche me donne envie de venir te rejoindre et à chaque jour, c'est plus difficile de résister. Donc j'ai décidé de te laisser une lettre. C'est moins dangereux, même si ça me permet pas de t'embrasser (surtout que t'es sûrement encore fâché contre moi). Ne t'approche surtout pas de la base humaine, reste en sécurité. Je vais bien et j'ai commencé à travailler sur la tâche dont je parlais dans mon autre lettre. Je suis désolé, mais j'en ai pour plusieurs mois au moins avant de pouvoir revenir...

J'ai réfléchi à quelque chose et si tu es d'accord, on pourrait se rencontrer aux Montagnes Hallelujah dans disons, trois jours? Au même endroit où on était allés quand je me suis lié avec mon ikran, tu t'en souviens? Bref, je serai là juste après l'éclipse si jamais tu veux venir. Si tu préfères, tu peux aussi me laisser un message. Laisse-le dans la grotte quelque part et je le trouverai. Je pourrai peut-être pas rester super longtemps, mais c'est l'endroit le moins dangereux où on pourrait se voir, si tu veux.

Tu sais, tu me manques toujours. J'espère que tu vas bien. Je m'imagine souvent ce que tu pourrais être en train de faire et je me dis que ça doit plus amusant que ce que moi je fais. Obéir à Ardmore, oui générale par-ci, oui générale par-là, c'est chiant à la longue. En tout cas, j'ai hâte de te voir et je t'aime. À bientôt.

Miles

 

— Norm! cria Spider depuis son lit.

Il savait que l'autre homme pouvait l'entendre, car le labo n'était pas si large. D'ailleurs, il entendit les pas de celui-ci tandis qu'il revenait dans l'embrasure de la porte.

— Oui?

— Est-ce que tu as lu la lettre?

— J'étais vraiment curieux, mais dès que j'ai vu que c'était adressé à toi, je me suis retenu. Alors, est-ce que t'as reçu une lettre d'amour?

— Pas tout à fait, gloussa le blond. J'ai beaucoup de choses à te raconter, Norm. T'as dit que tu savais garder un secret, non?

Spider passa effectivement toute la journée à l'intérieur. Ils discutèrent jusqu'à ce que la pluie cesse et que leurs estomacs grondent.

Notes:

Déjà un nouveau chapitre parce que je suis en vacances! :D
Aussi, il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre, mais au prochain (mini spoiler, même si vous vous en doutez), les deux tourtereaux seront réunis. Merci de me lire <333

Chapter 14: Retour aux racines

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Il faisait encore nuit lorsque Kiri frappa contre la fenêtre de Spider. Il s'éveilla en sursaut, croyant qu'un Thanator en colère essayait de détruire le mur. Mais ce n'était que sa sœur qui lui souriait de toutes ses dents en lui faisant signe de venir la rejoindre. Il enfila son masque à la hâte et malgré la fatigue, s'extirpa du confort de son matelas.

À l'extérieur, l’obscurité illuminait les taches scintillantes sur le visage de la jeune fille, la rendant d'autant plus jolie qu'à l'ordinaire. Dès que Spider était sortit du labo, elle lui avait empoigné le bras et l'avait tiré à sa suite si vite que ses pieds touchaient à peine le sol.

— Qu'est-ce qui se passe? s'exclama-t-il, lorsqu'elle ralentit enfin.

— Il se passe que Mo'at va commencer un rituel spécial au lever de soleil et j'ai pensé que tu aimerais voir ça! Seuls ceux qu'elle considère assez proches d'Eywa y sont conviés; ça signifie qu'elle te tient en très haute estime!

À bout de souffle, lorsqu'ils ralentirent enfin, l'arbre des âmes se tenaient devant eux dans toute sa splendeur. L'endroit sacré provoqua une vague d'émotions familières autant chez Kiri que chez Spider.

— Eywa est si près de nous, soupira Kiri, d'un air rêveur. Je sens son cœur battre.

Mo'at se trouvait devant l'arbre, entourée d'une poignée d'autres Na'vi, dont Neytiri qui avait les yeux fermés, sa tresse jointe à l'un des filaments qui s'écoulaient de l'arbre. Spider s'agenouilla aux côtés de Kiri lorsqu'elle s'avança.

— Nous sommes réunis ce matin pour une occasion bien spéciale, commença Mo'at de sa voix effritée. L'autre jour, en communiant avec l'arbre des âmes, j'ai remarqué quelque chose que je n'avais jamais vu.

Sans davantage d'explications, la Tsahìk écarta délicatement une petite branche basse et y révéla une fleur d'un violet profond striée de veines lumineuses.

— Il s'agit d'une Trr'ongmaw Mune'ompin. Elle va éclore au moment où les rayons du soleil effleureront ses pétales. J'ai pensé que vous aimeriez assister à ceci. Lorsque ses feuilles s'ouvriront, il sera possible de faire le tsaheylu avec elle.

Trr'ongmaw Mune'ompin signifiait littéralement « l'aurore aux deux violets » en référence non seulement à ses deux couleurs de base, mais aussi à son éclosion qui ne se produisait qu'au petit matin.

Le ciel pâlissait à vue d'œil et Spider sentit son pouls s'accélérer d'excitation face à l'évènement unique qu'il s'apprêtait à vivre. Son regard était fixé à l'horizon, ses doigts entrelacés à ceux de Kiri. Les premiers rayons l'aveuglèrent et il dut plisser les yeux pour ne pas verser une larme. Il suivit la trajectoire de la lumière jusqu'à la minuscule fleur qui avait poussé tout contre l'arbre des âmes. Nimbée de soleil, elle prit une couleur or et au ralentit, chacun de ses pétales frémit avant de s'entrouvrir. Son centre, composé de cinq pistils bien distincts, se révéla alors. Au même instant, les filaments de l'arbre qui se tenaient tout près se teintèrent brièvement de doré à leur tour avant de reprendre leur couleur originale.

Spider avait rarement vu un phénomène aussi joli. Il se trouvait chanceux et privilégié, ne sachant pas pourquoi Mo'at avait voulu qu'il soit présent. Kiri était celle qui entretenait une relation profonde avec Eywa, pas lui.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter discrètement — puisque le tsaheylu lui était impossible, et qu'il se sentait de trop tout à coup — Neytiri intercepta son regard. Elle fronça les sourcils d'abord, visiblement surprise de le voir, puis ses traits se détendirent. Cette femme lui rappelait secrètement un animal sauvage et indomptable qu'on craignait, mais qui nous fascinait à la fois. Sans le quitter des yeux, elle s'avança vers l'Aurore aux deux violets et se lia à elle, laissant échapper un souffle soudain lorsque la connexion s'établit. Vert de jalousie, Spider tourna les talons et s'enfuit de la clairière.

Cependant, il ne fit que quelques pas que la voix rocailleuse de Mo'at juste derrière lui le fit s'immobiliser.

— Pas si vite jeune homme. Je dois te montrer un endroit, suis-moi.

Il ouvrit la bouche pour protester, mais choisit finalement de s'abstenir. Après tout, Kiri serait mécontente s'il contestait les ordres de la Tsahìk.

— Eywa est la mère de tous les êtres sur Pandora, murmura Mo'at. La tienne aussi. Tu es le seul humain qui ait vu le jour ici, alors ta relation avec la déesse est plus forte et plus sincère que les autres de ton espèce. Tu la respectes comme un Na'vi.

Être comparé à un Na'vi emplissait toujours la poitrine de Spider d'une grande fierté, pourtant il ne put s'empêcher de surenchérir:

— Je ne crois pas que Neytiri serait d'accord avec vous...

— Ma fille a de fortes opinions, c'est vrai, mais elle a aussi un grand cœur et je t'assure que tu y as une place.

Tandis qu'elle finissait de parler, ses pas ralentirent avant de s'arrêter devant une ouverture dans une énorme roche qui semblait avoir atterrit là des milliers d'années auparavant. Du lichen poussait en quantité abondante sur sa surface humide et des plantes grimpantes y avaient également élu domicile, étreignant fermement le rocher de leur tiges parsemées de boutons de fleur. Spider n'avait jamais aperçu ce type de plante avant, mais Kiri saurait sûrement lui indiquer de quelle variété il s'agissait.

Mo'at la connaissait probablement aussi puisqu'elle caressa distraitement une petite tige tourbillonnante avec un air de familiarité. Elle se tourna ensuite vers lui et pointa l'entrée d'un geste de la main afin qu'il s'avance. L'ouverture, étant plutôt étroite et basse, ne le gêna pas plus que ça, mais forcerait la Na'vi à se pencher considérablement pour s'y glisser. Elle n'y entra pas, se contenta de s'appuyer avec nonchalance contre la parois à l'extérieur.

— Je pense...

La vieille femme s'interrompit un bref instant, comme si elle reconsidérait les paroles qu'elle s'apprêtait à prononcer.

— Je pense qu'il y a une autre personne qui bénéficierait grandement de visiter cet endroit.

Elle lui jeta un regard en coin et esquissa un sourire presque imperceptible. Spider voulut presque demander qui, mais la réponse s'imposa dans son esprit avant qu'il n'ait besoin de dire un mot.

Il entendit la Tsahìk s'éloigner, bien que lui n'était pas prêt à quitter sur-le-champ. Au contraire, il pressentait que Mo'at l'avait volontairement laissé seul ici.

Quand Spider se dégagea enfin de l'entrée et redirigea son attention devant lui, il glapit de surprise. On pouvait difficilement dire qu'il n'était pas habitué aux splendides paysages de Pandora ou à sa beauté parfois dissimulée aux yeux de ceux qui n'osaient pas s'attarder. Il avait arpenté la forêt de long en large, visité les montagnes, survolé d'immenses paysages à dos d'ikran; il avait même exploré les fonds marins!

Cette grotte avait quelque chose d'unique, qu'il n'avait jamais aperçu ailleurs.

Comment était-ce possible que ni lui ni Kiri ne soit jamais tombé par hasard sur cet endroit? La fente dans la surface rocheuse n'était certes pas très large, mais tout de même.

Malgré son esprit bourdonnant de questions, l'ambiance sacrée qui régnait le dissuada de trop y songer. Il s'avança un pas à la fois, laissant la pénombre l'entourer doucement. Seul un mince rayon de soleil filtrait à l'intérieur. C'était plutôt la bioluminescence des plantes et des insectes à l'intérieur qui lui permit de percevoir ce qui l'entourait et de se déplacer sans trébucher. Des lueurs bleues, violettes et vertes se mélangeaient tout autour, créant une bulle hors du temps dans l'espace confiné.

Il y avait également une brèche dans le plafond, au centre, l'ouverture étant cependant bien trop petite pour qu'un adulte puisse s'y glisser. Juste en-dessous, une plante friande de la lumière du jour semblait s'abreuver des miettes de soleil qui l'atteignait. Vers midi, elle devait être illuminée complètement. Ses longues feuilles en torsades ressemblaient à un nid douillet et Spider se demanda furtivement si une femelle ikran y avait déjà pondu une portée d'œufs dans le passé.

Il s'y accroupit et observa le tapis végétal avec plus d'attention, notant la douceur et le moelleux sous ses doigts. Sans réfléchir plus longtemps, il s'y blottit et recouvrit son corps de l'une des feuille de la plante mystérieuse. Étant donné l'heure précoce à laquelle il s'était réveillé ce matin-là, la fatigue le rattrapa rapidement et il plongea dans le sommeil, dormant aussi bien qu'un nouveau-né dans les bras de sa maman.

༺༺༺

Chaque parcelle de sa peau baignait dans une tiédeur divine, juste assez chaude pour être confortable, mais sans le suffoquer. Il y resterait sa vie entière si cela était possible, l'esprit au repos, sans se torturer avec tel ou tel problème.

Soudain, un gloussement lui échappa et il se tortilla un peu. Une longue tige venait d'effleurer son ventre et ça chatouillait bien trop! Il ouvrit un œil, curieux, puis l'autre (un filet de bave avait coulé le long de sa joue pendant sa sieste). La lumière était désormais quasi aveuglante.

— Oh, coassa-t-il. Il doit être midi.

Il tendit son bras au-dessus de ses yeux afin de les cacher du soleil. À ce moment-là, il remarqua les tiges qui formaient le lit douillet dans lequel il s'était couché. Elles s'étaient déployées au contact de la lumière et se dressaient maintenant vers le ciel. Réalisant qu'il devait gêner la plante dans son bain de soleil quotidien, il s'obligea à quitter le nid de feuilles et ultimement, la grotte.

Malgré tout, il ne cessait de ressasser dans ses pensées l'aura magique de l'endroit (sans pouvoir s'empêcher de se demander comment Quaritch réagirait s'il venait à y mettre les pieds), alors même qu'il se dirigeait distraitement vers le village.

Ce fut la voix aiguë et surexcitée de Tuk qui l'arracha subitement à ses divagations:

— Spider, on te cherchait partout! s'exclama-t-elle en insistant sur le dernier mot. Je dois t'annoncer quelque chose d'extraordinaire!

Ses yeux pétillaient comme des étoiles, comme ils avaient tendance à le faire lorsqu'elle était particulièrement heureuse. Lo'ak se tenait à ses côtés, l'air fatigué, mais aussi satisfait.

— Dis-moi tout, exigea Spider en miroitant le sourire de la fillette.

— Papa et maman ont dit que j'étais assez grande pour apprendre à chasser. Et c'est toi et Lo'ak qui allez m'apprendre! Je veux qu'on commence maintenant!

Elle brandit ensuite un arc qu'il n'avait pas remarqué. Il n'était pas trop grand, parfaitement adapté à la taille encore pré-adolescente de Tuk. Le bois était fin, ayant été taillé dans un style inimitable. Après tout, l'arc que Spider utilisait depuis des années possédaient les mêmes caractéristiques, les mêmes motifs peints. Neteyam avait été celui qui les avait fabriqués. Tuk le savait, il en était sûr. Neytiri lui avait probablement raconté que Neyteyam avait taillé cet arc peu avant sa mort, dans le but de l'offrir éventuellement à sa petite sœur.

— Je serais ravi d'être digne de t'apprendre, chuchota Spider.

Le vent emporta ses paroles, mais son bonheur, lui, demeura bien tangible.

༺༺༺

Quaritch terminait de retirer les dernières épines qui parsemaient le dos de Cupcake — ce dernier adorait se rouler dans de drôles de cactus se trouvant à quelques kilomètres de la base, sûrement puisqu'il s'agissait du seul moyen dont il disposait pour se gratter par lui-même — lorsqu'une voix l'interpella:

— Vous avez l'air différent colonel, lâcha la commandante Ardmore derrière lui.

L'homme ne put se retenir de retrousser légèrement sa lèvre supérieure au-dessus de ses canines. La remarque avait été lancée avec nonchalance, mais il y sentait poindre un certain reproche. Il s'apprêtait à s'éclipser pour son rendez-vous avec Spider et aurait souhaité ne pas être dérangé.

— Évidemment que j'ai changé, rétorqua-t-il. Passer des mois en taule, ça remet les idées en place.

— Je vous trouve distrait et bien moins efficace qu'avant. Pas que je veuille vous rétrograder colonel, mais le travail se fera pas tout seul.

— Vous inquiétez pas commandante, après un bon bain d'air frais, je vais être beaucoup plus efficace.

Il lui fit un clin d'œil et décolla, ne désirant pas s'attarder pour une conversation (et surtout pas avec elle). Il ne l'admettrait jamais à qui que ce soit, mais Ardmore était la seule humaine qu'il craignait. Elle avait du pouvoir et une logique sans faille. Il était pratiquement impossible de gagner un argument contre elle et il savait que si elle le désirait, elle mettrait sans hésiter ses menaces à exécution. Mais peut-être que ce ne serait pas si mal. Son projet était bien entamé et bien qu'il faille des mois pour le réaliser, Quaritch était assez certain que son autorité ne serait pas bafouée, peu importe le rang que la commandante lui attribuerait.

La chaîne de l'Hallelujah s'atteignait assez rapidement à vol d'ikran, malgré la distance importante qui la séparait de la base humaine. L'endroit où Quaritch avait suggéré la rencontre se situait dans le vortex de champs magnétiques qui entourait les montagnes. Il avait choisi cette zone afin que la présence humaine soit minimale, car si on l'apercevait fraterniser avec les autochtones, sa couverture pourrait voler en éclat. Pour l'instant, tout le monde devait croire qu'il était le petit chien docile d'Ardmore et qu'il obéissait au moindre de ses ordres sans discuter.

Quand la silhouette fine et dorée de Spider apparut à l'horizon, le cœur de Quaritch rata un ou deux battements, et même Cupcake lâcha un cri de joie — il était venu. Le garçon était à demi-allongé sur le dos, surélevé sur ses avant-bras et la tête appuyée contre un large tronc d'arbre. Ses longues jambes éternellement dévêtues semblaient attirer toute la lumière ambiante à elles, les rendant brillantes et chaudes. Le colonel ne saurait mettre la main sur ce qui l'attirait le plus chez Spider, mais il y avait indéniablement quelque chose que lui seul possédait et qui le rendait si précieux à ses yeux.

Cupcake atterrit de manière précipitée, trop impatient pour évaluer correctement ses distances, et percuta la paroi rocheuse avec son aile droite. Quaritch le rabroua aussitôt, mais le sourire qui barrait son visage était bien trop sincère et trahissait son contentement.

— Salut toi, dit-il d'une voix plus douce qu'à l'habitude.

Son Monkey Boy lui avait tant manqué.

— Salut Miles, répondit celui-ci et l'estomac du plus grand fit de drôles de sauts à ces mots. Kiri voulait te voir aussi, mais je l'ai convaincue de me laisser te parler avant. Elle avait peut-être peur que tu me kidnappes encore? ajouta-t-il en haussant un sourcil.

Quaritch éclata de rire. Il se précipita vers Spider et le tira sans ménagement dans une étreinte puissante. Sa peau était effectivement toute chaude et le tenir contre lui de cette manière lui rappela la caresse d'un rayon de soleil — si cela était possible.

Lorsqu'il se recula enfin afin de mieux regarder — ou plutôt admirer — son Monkey Boy, le colonel remarqua les yeux légèrement agrandis de ce dernier, qui lui conféraient un regard plus intense, presque surpris, son souffle un peu court, comme s'il avait couru bien qu'il ait été allongé juste avant, ses lèvres entrouvertes laissant passer un mince filet d'air. Il jeta ensuite un coup d’œil vers sa gorge où il put apercevoir le bref sursaut de sa pomme d'Adam. Il y avait hors de tout doute quelque chose de nouveau entre eux depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, mais ça ne semblait pas être une perte de confiance, ni de la distance.

— C'était dans mes plans de te kidnapper, avoua-t-il d'un air suffisant avant de pointer son ikran de la main. Tu viens faire un tour?

— Oui.

La réponse était parvenue juste un peu trop rapidement et un peu trop désespérément pour que l'avatar ne soit pas étonné. Il pencha la tête légèrement sur le côté en esquissant un sourire en coin, puis souleva Spider sans difficulté dans ses bras afin de le poser sur le dos de son ikran et se glissa derrière lui.

— Accroche-toi bien, conseilla-t-il et ce fut son seul avertissement avant qu'ils ne décollent.

Alors même qu'il prononçait ces mots, Quaritch resserra sa prise autour de la taille du garçon, pour qu'il ne glisse pas bien sûr, mais aussi en signe de possessivité. Celui-ci laissa reposer sa tête vers l'arrière, l'appuyant sur l'épaule du plus grand, tandis que ses cheveux se faisaient balayer par le vent dans tous les sens. Ça faisait une éternité qu'ils n'avaient pas volé ensemble — bientôt un an, en fait — et les choses avaient grandement changé depuis cette époque. C'était pour le mieux, pensa le colonel, et ils seraient réunis sous peu.

— Je vais te montrer l'endroit préféré de Cupcake, annonça-t-il. C'est là qu'il va en général quand je lui indique pas d'endroit précis. Tu vas voir c'est proche d'ici, mais c'est différent des autres montagnes. Il y a un petit lac.

Spider demeura silencieux, toutefois la force avec laquelle il s'agrippait à son bras et la douceur dans ses yeux couleur chocolat rassura Quaritch sur le fait qu'il n'était pas fâché. Non, ça ne semblait pas être de la colère, car ça, il l'avait souvent expérimenté et savait parfaitement comment se comportait un Monkey Boy furieux. Cette simple pensée fit battre son cœur un rien plus vite.

L'île recouverte d'eau apparut à l'horizon. Sans être la plus haute parmi la chaîne de l'Hallelujah, son sommet était assez élevé et Quaritch adorait la sensation d'avoir à la fois les pieds sur terre et de se trouver si près des nuages. Cupcake se lança sans cérémonie dans le lac, les aspergeant tous les deux de ses gigantesques ailes, en poussant un croassement de joie.

— J'étais jamais venu ici, déclara Spider. C'est joli. Mais, tu comptes pas m'obliger à me baigner, hein? Kiri a repeint mes rayures tout à l'heure, alors...

L'avatar fronça les sourcils: le garçon lui parlait, mais son regard restait vissé au sol.

— Est-ce que ça va?

Spider soupira et ses joues prirent une teinte de rose plus foncé.

— C'est juste que tu m'as manqué, okay? Et, et... Je comprends plus rien! Pourquoi t'es parti, pourquoi tu m'as abandonné? Je veux que tu reviennes, et qu'on soit comme avant. Je veux dormir avec toi, que tu me tiennes dans tes bras. Qu'est-ce qui pouvait être si important pour que tu partes sans même m'avertir?

Quaritch aurait dû s'attendre à ces questions. Franchement, c'était même naïf de sa part d'avoir cru qu'il y échapperait. Il s'installa plus confortablement sur le sol recouvert d'herbe et fit signe à Spider de le rejoindre. Ce dernier obtempéra sans protester, s'allongeant délibérément sur son torse. 

— J'ai dû prendre l'occasion de retourner à la base quand j'ai retrouvé Cupcake, sinon... sinon je sais que tu m'aurais convaincu de rester. Mais j'ai eu une idée il y a quelques mois et je devais au moins essayé de réussir. Le seul moyen, c'est que les humains me fassent confiance pendant encore un moment, le temps que, hum, je ne peux pas te dire tout de suite ce qui passe. Quand j'aurais fini, je m'enfuirai de la base et je t'expliquerai tout, que j'aie réussi ou non. Pour l'instant, on peut se voir de temps en temps.

— D'accord. Mais j'aimerais... que tu me fasses oublier tout ça, juste pour aujourd'hui?

Il dit cela le visage rougi de gêne, alors que son souffle effleurait le pectoral droit du colonel. Il demandait cela comme s'il ne désirait rien de plus au monde et Quaritch comprit finalement de quoi il s'agissait depuis le début. Spider était visiblement en manque de contact physique et quand il repensa à la pose qu'il avait adopté en l'attendant, il se dit que le jeune homme avait probablement essayé de le séduire à sa manière.

Il laissa d'abord ses mains parcourir envieusement le corps qui reposait au-dessus du sien et ressentit aussitôt la légère tension dans les muscles qui se contractèrent timidement sous son toucher. Il caressa chaque parcelle de peau et les lèvres de Spider s'écartèrent davantage, laissant passer encore plus d'air chaud et humide entre elles. Lorsque sa main eut remonté des mollets jusqu'aux cheveux, Quaritch en saisit une poignée et aligna leurs bouches ensemble. De son autre main, il écarta délicatement le masque qui les séparait.

— Je peux faire ça, chuchota-t-il avant d'entrechoquer leurs visages dans un baiser exigeant.

 

Notes:

Coucou! Je suis si heureuse de poster ce nouveau chapitre aujourd'hui (spécialement pour le jour de ma fête, hihi), c'est le plus long de l'histoire jusqu'à date! J'ai pris vraiment du plaisir à l'écrire, j'espère qu'il n'y a pas trop de description? Le prochain sera plus court et risque d'avoir un format un peu différent. Bref, dites-moi ce que vous en pensez et merci de m'avoir lue <333

PS- "l'Aurore aux deux violets" n'existe pas et j'ai inventé plein d'autres détails:))

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