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- L’aînæ va à un bal ? répéta Ananas. Sans nous ?
- Ce sont des festivités mondaines propre à la personne qui dirige la famille. C’est un lieu qui peut se montrer ingrat et injuste pour les jeunes gens. Pour se faire pardonner, lo jeune maîtrexe vous a autorisé à jouer autant que vous le voulez.
- OUAIS !
Le cri de Pitaya couvrit totalement l’ennui d’Ananas. Et quand iel sauta de sa chaise pour se ruer dans les couloirs, ce ne fut pas sans quelques domestiques derrière pour lo rattraper et la ramener à table pour finir le repas. Ananas n’était pas enchanté d’être laissæ de côté. Même s’iel était effectivement encore jeune pour endosser ses responsabilités, iel aurait été heureuxe d’accompagner l’ainæ à cet évènement. Iel avait réellement étudié dur tous les protocoles de la noblesse, les us et coutumes dans ce genre de moment. Iel aurait adoré montrer à Longan qu’iel savait toutes ces choses et que l’autre lo félicite pour ses efforts. Mais non. Encore une fois, iel était écarté sans raison valable. Ananas bouda son repas, triturant son contenu sans en porter une seule bouchée à ses lèvres. Iel regarda alors les autres.
Pitaya faisait un cinéma pour pouvoir sortir de table et aller jouer. Tellement bruyant, pensa Ananas mais qui se sentit sourire malgré ellui : une fois une idée en tête, il était très difficile de faire changer d’avis Pitaya ! Même aussi jeune, iel avait une volonté inébranlable. A côté, la gouvernante s’occupait de nourrir Lychee. Plus exactement, iel mâchait ce qu’on lui donnait mais regardait avec un très grand intérêt l’anarchie ambiante autour de Pitaya. Oh, iel avait bien essayé d’en faire de même mais la gouvernante était assez douée pour la garder sage. Et il n’y avait rien de plus horrible pour Lychee que de subir une punition de la gouvernante. Alors iel attendait son heure pour les bêtises. A ses côtés, Lotus était impassible, se contentant de manger sans parler ou essayer d’interagir avec eux. Fidèle à ellui-même. Finalement Pitaya animait la tablée pour tout le monde… !
- Vous êtes sages avec les domestiques en mon absence, d’accord ?
La voix de Longan fit relever la tête de toustes ses adelphes. Et il y eut un immense silence qui suivit son arrivée, alors qu’iel s’approcha de la gouvernante pour s’occuper de Lychee, qui l’observait avec des yeux ronds. Même Pitaya, pourtant intenable depuis plusieurs minutes était parfaitement immobile.
- Qu’est-ce que… c’est que cette tenue ?! s’exclama enfin Lotus en se relevant d’un bond.
- Ma tenue pour la soirée avec les nobles, répondit calmement Longan. Est-ce que j’ai l’approbation du concierge du bon goût ?
Lotus sursauta. Avant de détourner le regard et de bredouiller des propos incompréhensibles. Puis de plaquer ses mains devant son visage, comme s’iel était débordé émotionnellement. Longan pencha la tête sur le côté et déclara qu’iel prenait cela pour un « oui ». Avant de s’approcher de Lotus et de tendrement embrasser son front. L’autre poussa un couinement d’indignation, toujours aussi peu compréhensible. Et quand enfin iel repoussa ses mains de devant son visage, Ananas n’avait pas souvenir d’avoir un jour vu Lotus aussi rouge ! Ni même qu’iel pouvait rougir ! Et à lo voir incapable de s’exprimer, Ananas comprenait le sentiment, en un sens.
Toustes avaient toujours connu Longan avec une tenue très démodée, sévère et pas spécialement jolie. Dans le choix des couleurs, de la coupe, ses vêtements venaient tous d’un autre temps. Quelque chose d’assez triste et n’ayant jamais su mettre en valeur la beauté de Longan. Mais là. Là, c’était autre chose. L’aînæ portait littéralement une tunique qui se confondait à une robe, d’un blanc parfait, tout juste réhaussé par les quelques accessoires délicats qu’iels arboraient. Discrets mais pas inutiles ! Car une fois qu’ils captaient l’attention, il était difficile de s’en détourner. Sans parler de sa coiffure, réagencée pour l’occasion, lui donnant une aura singulière qu’iels n’avaient jamais vu avant.
Pas un bout de peau n’était visible, gardant ce côté sévère et stricte. Mais la coupe… la coupe mettait en valeur des formes et des volumes dont aucun n’avait pris conscience auparavant. Dans sa taille, dans ses formes, il y avait une audace et une force qu’iels ne pouvaient qu’admirer sans pouvoir poser de mot dessus. Si Lotus, pourtant modèle, ne parvenait pas à s’exprimer, aucun n’y arriverait (à part Lychee, qui se contenta de dire de l’aînæ qu’iel était belleau). Mais c’était des mots d’enfant n’ayant pas le vocabulaire d’adultes. Pourtant Longan lo remercia, caressant doucement ses cheveux avec toute l’attention d’un parent envers son enfant.
- Je vais surtout faire acte de présence, je rentrerais rapidement…
- On pourra venir la prochaine fois ? demanda Ananas.
- Hm. J’aviserais selon comment ça se passe aujourd’hui. Je sais que tu as beaucoup étudié pour retenir tous les codes de cette société et je t’en félicite. Mais n’accorde pas trop d’importance à des gens qui ne te méritent pas, Ananas.
A cet instant le regard de Longan était… de la plus grande et extrême des douceurs. Et comme Lotus un peu avant, Ananas perdit ses moyens. Ses joues lui chauffèrent exactement comme saon adelphe et iel ne put que se maudire d’être inutilement sensible à la flatterie ! Surtout celle de l’aînæ. Ne sachant comment se dépêtrer de cette situation, iel se contenta d’approuver et se détourna : urgh, c’était possible d’être inutilement embarrassæ alors qu’iel regardait la même personne que d’habitude ?
Pitaya s’exclama que c’était nul d’avoir un « tutu aussi long » avant de demander s’iel avait le droit d’aller jouer et demanda même à pouvoir faire de la bagarre avec Lychee. Longan sursauta et lui demanda de ne pas blesser saon adelphe. Ce à quoi Pitaya jura sur tout ce qu’iel avait de plus précieux que Lychee n’aurait même pas une seule bosse. C’était un argument assez maigre mais l’aînæ l’accepta et demanda à la gouvernante de les surveiller. Pitaya sauta de joie avant de descendre de sa chaise et de porter péniblement à bout de bras Lychee (plus qu’enchantæ d’être portæ visiblement, vu qu’iel gazouillait à chaque nouveau pas de Pitaya).
Lotus et Ananas observèrent la scène, légèrement dépitæs. Avant de voir un garde s’approcher de Longan. Et la seconde d’après, l’autre était enveloppé d’un lourd manteau dont col et manches étaient ornés de fourrure. Les broderies sur l’étoffe représentaient un dragon, symbole de leur clan. Ananas sut même dire qu’il s’agissait d’un des cinq grands dragons représentés dans leur lignée et histoire : le dragon d’ivoire. Assez ironique quand le deuxième prénom de Longan, c’était « Ivory ». Mais en lo voyant ainsi, les deux surent une chose : à cet instant, là de suite et maintenant, Longan représentait plus que jamais le clan Dragon. Iel allait porter devant des inconnus le prestige de leur famille. Iel n’avait ni le droit à l’erreur, ni le droit de paraître faible. Sans quoi, certainement que des gens se permettraient de leur manquer de respect voire d’agir contre leur clan.
- B-bonne soirée, bredouilla Ananas, manquant soudainement de mot pour lui témoigner son soutien.
- Courage, ajouta Lotus avec une pointe de fierté dans son regard. Je ne doute pas que tu blufferas l’assistance.
- … Merci vous deux. Bonne soirée.
Longan se détourna et s’éloigna, très vite escorté de ses gardes du corps pour la soirée. Lotus et Ananas restèrent un moment à fixer la porte de la salle à manger. Avant qu’Ananas ne sursaute et ne se tourne vers Lotus, perplexe :
- Iel porte des talons ?!
- Oui. J’ignorais qu’iel savait marcher avec… dire qu’iel m’a refusé la séance d’essayage, y a quelques semaines de ça ! Hmf, si c’était juste pour me réserver l’effet de surprise, iel pouvait me le dire !
- Je rêve ou je crois percevoir de la jalousie ? moqua Ananas.
- Tu devrais peut-être songer à consulter, ta vue à dû sacrément baisser pour ne pas avoir remarqué à quel point iel était MAGNIFIQUE ! JE suis l’égérie de la famille ! JE ne peux pas perdre sur ce plan !
Sur ces propos Lotus termina son assiette avant de quitter la table et retourner dans ses quartiers. Clairement, le fait de voir l’aînæ aussi bien habillæ, cela avait dû lui faire un choc. En bien ou en mal, Ananas ne saurait dire. Iel repoussa son assiette sans la finir avant de se lever et de retourner dans sa chambre à son tour : selon comment la soirée allait se passer, Longan avait dit envisager de l’emmener la prochaine fois ! Aussi, iel ne pouvait pas du tout lui faire honte ! Passant en revue sa bibliothèque personnel, Ananas se mit à réviser tout ce qu’il y avait besoin d’être su. Et plus encore : apprendre personnellement chaque membre de la noblesse, savoir qui était ceux qui ne méritaient effectivement pas son attention, ceux qui méritaient d’être regardé et dont il devait se souvenir. Afin de faire honneur à la confiance de Longan. Et qui sait, être félicitæ une nouvelle fois ?
***
Le bal organisé par la noblesse était un évènement mondain majeur. Mais ce que Longan avait oublié de prendre en compte, c’était la couverture médiatique de la chose. Ce n’était pas un bête buffet privé, sans plus. Non. C’était tout le gratin de la haute société qui était là, dont des célébrités, des journalistes et autres figures importantes. Il n’y avait pas plus crucial et critique comme première interaction avec ces gens. Pourtant son visage se ferma dans une expression de profonde sévérité, ne laissant rien transparaître. Iel avait révisé, s’était entraîné, avait parfait sa tenue et son jeu pour cet instant. Pour que rien n’entache la réputation et le prestige de son clan. Pour en affirmer l’indépendance et l’autorité. Le Roi en personne avait accepté cette situation et leur compromis était que la noblesse ne puisse rien attenter contre eux jusqu’au changement de règne. Et cela, Longan savait qu’il allait devoir le rappeler à celles et ceux qui l’oublieraient et le prendrait à la légère juste parce qu’iel était « jeune ».
Quand le véhicule du clan Dragon rentra sur le lieu du rendez-vous, il y eut un mouvement de foule visible depuis l’intérieur de la voiture : tout le monde savait à qui appartenait cette voiture. Et qui iel était. Mais peu l’avait déjà vu ou rencontré donc il planait autour de son entrée, une aura de mystère. Longan inspira profondément. A ses côtés, ses gardes du corps commencèrent à suivre leurs protocoles. A aucun moment Longan devait être le premier à sortir. Augmentant la tension et l’excitation de la foule. Iel expira et quand une main lui fût tendu, iel arqua un sourcil : cette main… iel releva les yeux. Et trouva son domestique. Son masque d’impassibilité ne se fissura pas mais d’un seul coup d’œil, iel lui fit savoir qu’une discussion aurait lieu après les festivités. L’autre ne broncha pas et l’aida juste à sortir.
Alors pour la première fois de toute son existence, Longan fit face à une foule de curieux, de badauds et de quidam. Tous les yeux étaient tournés vers lui. Puis une pluie de flash commença à pleuvoir sans que cela ne lo fasse sourciller. Iel s’avança vers l’entrée, sous la rumeur grondante de journaliste ou dieu savait quoi, curieux et qui ne cessaient de japper autour de lui des propos qu’iel était bien incapable de comprendre. Heureusement que ses gardes et la sécurité faisaient barrière, à n’en point douter qu’à la première brèche et iel aurait été bousculé par la foule. Iel les ignora et tendit son invitation à l’agent qui s’occupait du contrôle. N’ayant pas de réponse immédiate, Longan baissa les yeux et remarqua l’anormal état de panique de ce dernier. Iel soupira, laissa le carton tombé avant de s’avancer. Quelqu’un essaya bien de l’arrêter mais ne put que tendre les bras quand Longan jeta d’un mouvement d’épaule son manteau.
- Bien le bonsoir, jeune Dragon. La maison Raspberry vous souhaite la bienvenue.
Longan s’arrêta alors qu’une personne s’approcha de lui. Iel la toisa longuement. La demoiselle se recula légèrement sous son étude. Avant qu’iel ne regarde ailleurs, mais lui accordant à défaut son attention auditive. Iel put même l’entendre déglutir péniblement : personne ne savait quoi faire avec un Dragon surtout « sans laisse ». Et cela lo conforta sur le fait qu’iel ne devait surtout pas laisser ces gens s’approcher de ses adelphes jusqu’au changement de couronne.
- Merci pour l’invitation, répondit distraitement Longan. Je ne suis pas encore très habituæ à ce type de fréquentation, aussi puis-je me familiariser avec l’environnement ?
- B-bien sûr. Si v-vous avez des questions, n’hésitez pas à demander.
Iel approuva et s’éloigna calmement. Iel savait que tous les regards étaient posés sur sa personne, que tout le monde l’étudiait, essayait de trouver un angle d’approche, une faiblesse à exploiter. Se rendre inaccessible n’était pas qu’un vague moyen de tenir la foule loin d’ellui. Non c’était totalement stratégique. C’était une façon d’assumer l’indépendance revendiquée. En n’accordant aucune relation privilégiée, Longan savait qu’il appuyait sa position. Mais cela lo mettait également en danger : sans alliés dans cet univers, iel serait plus facilement abattable. Une cible commune et des alliances à foison dont iel ne verrait rien ? Pas le meilleur terrain. Mais pas le plus impossible ! Iel accepta le verre proposé par un serveur et continua de marcher tranquillement, observant la foule et les différentes personnalités qui se trouvait là. Iel trouva un bon point d’observation, sur un des balcons qui donnait sur la piste de danse. Et alors qu’iel profita de sa boisson, une présence lui fit plisser lentement des yeux, regardant en coin l’audacieux qui l’approchait sans crainte. Avant de rouler des yeux :
- Bonsoir, Timekeeper.
- Petit Dragon a bien grandi. Quelle classe !
- Je ne pensais pas te voir ici.
- Je ne fais pas exactement parti du gratin mais je suis un portefeuille bien trop séduisant pour que la noblesse me botte en touche. Ils le savent, je le sais, nous savons. Je suis… invitée de convenance, dira-t-on.
Longan approuva calmement et la directrice s’appuya sur la rambarde, à ses côtés. Elle s’affichait ouvertement avec lui, comme pour jouer ses propres pions et imposer ses propres règles. Comme elle était un élément « à part », Longan ne s’y opposa pas.
- Notre partie est toujours en cours, indiqua-t-elle avec un sourire. Je ne pensais pas que tes premiers coups seraient ici. Mais c’est logique, j’ai mésestimé ta capacité d’adaptation. Je ne vais pas… m’éterniser à tes côtés, ce serait bête de je regarde ta main !
Iel la mise en garde de ne pas se considérer comme gagnante dans leur duel. Face à son avertissement Timekeeper eut un immense sourire : non. Ce n’est pas qu’elle se considérait gagnante. C’était… plus vicieux et cela força Longan à réfléchir très vite. Son regard se balada frénétiquement sur la foule le tout en restant calme et composer. Avant de comprendre : elle avait un avantage sur lui et elle l’aidait en l’avertissant. Elle était plus vieille que lui, elle avait déjà joué contre biens d’autres adversaires. Elle avait eu le temps d’analyser et d’étudier bien des styles, des approches, des stratégies : en gros, elle avait l’avantage de l’expérience. Et ici, ce n’était pas n’importe où. C’était un terrain de jeu « commun ». Elle le mettait en garde : certains ici, était des pions « communs ». Ceux qu’iels pourraient influencer respectivement avec des intentions différentes. Chacun de ses coups, chacun de ses mouvements, elle pouvait en faire de même et de leurs intérêts « divergeant », naîtrait alors des tensions, des conflits, des rivalités qui allaient tous s’ajouter sur leur plateau.
- Merci, fit sincèrement Longan.
- Oh, tu as appris la politesse ? railla-t-elle. C’est bien. Tu penses vite. Et bien, bonne soirée, petit Dragon. Amuse-toi autant que tu le peux et… divertis-moi bien !
Elle s’éloigna avec un signe de la main, indiquant ouvertement que leur discussion était finie. Laissant la porte ouverte à qui voudrait prendre sa place. Ennuyant profondément Longan mais bon : c’était le jeu. Pour sa famille, pour ses adelphes… iel n’avait aucune raison de reculer. Bien, puisque la partie commençait enfin sérieusement, le « plan » devait continuer. Et iel savait déjà ceux qu’iel devait aborder. Et ce que Timekeeper soit là ou non pour lui mettre des bâtons dans les roues. Ce ne fût pas spécialement compliqué d’aborder ou d’être abordé ici, vu comment iel était le centre d’attention. Mais iel devait faire attention à tout : le moindre mot, la moindre attention, le moindre geste. Tout devait être surveillé scrupuleusement, chaque mot pesé avec soin, chaque discussion maîtrisée avec une perfection qui ne laissait place à aucun doute.
L’exercice était difficile, Longan avait rarement eu à faire à autant de personne en même temps. Mais iel tint bon de bout en bout, au point que la notion de « redoutable » commença à fleurir dans la bouche des gens. Bien. Au moins, iel ne paraissait pas faible ! Iel s’éloigna avant de constater que pour « une première », il n’y avait rien de plus à faire. Ce n’était que le début. Iel savait qu’iel reviendrait. Une autre fois. Avec de nouvelles règles, de nouveaux objectifs. Iel récupéra son manteau et commença à sortir. Comme par magie son domestique apparut. L’homme l’observa, toujours aussi professionnel et calme. Longan indiqua qu’il pouvait faire venir la voiture, qu’iels rentraient.
Cependant en parlant, iel regardait la salle de bal. Une nouvelle danse était en cours. Les gens dansaient en concert. Ils avaient l’air heureux et satisfaits. Longan battit des cils : iel… n’avait pas réellement eu le temps de danser. Est-ce qu’iel aurait pu de toute façon ? Iel en doutait. Mais alors que son domestique tendit sa main pour lo raccompagner, Longan sursauta quand iel fût ramener contre son torse, lo surprenant. Encore plus parce que l’autre glissa sa main dans son dos et qu’il releva l’autre. L’étonnant encore plus. Et quand son domestique initia un mouvement, Longan piétina plus qu’autre chose. Avant de comprendre : il… l’invitait à danser ? Oh. Est-ce qu’il avait cru, à tort, qu’iel était déçu de ne pas pouvoir danser ? C’était stupide. Longan se fichait de ces gens, de cette danse. Spontanément, ses réflexes prirent le dessus et iel put enchaîner les pas. Avant de réaliser que son partenaire ne savait… pas danser du tout.
Laissant Longan profondément perplexe : pourquoi l’inviter s’il ne connaissait pas les bases ? Tellement de questions stupides se mirent à fleurir dans son esprit alors que sans s’en rendre compte, dans un moment d’insouciance idiot, iel accepta cet écart. C’était ridicule. C’était maladroit. Iel ne compta pas le nombre de fois qu’iel écrasa les pieds de son domestique parce qu’il ne connaissait pas les enchaînements. Mais iel s’en fichait. Parce qu’à cet instant, sans aucune arrière-pensée, quelqu’un avait sincèrement pensé à son bonheur. Son domestique n’avait pas obéi à un ordre. Il avait agi de lui-même. Tout seul. De sa propre volonté. Et sa volonté, c’était qu’iel soit heureuxe. Longan écrasa son front contre le torse de son domestique qui s’immobilisa. Avant qu’il ne lo relâche et ajuste son manteau. Puis qu’il ne lo guide doucement vers l’entrée. Le véhicule les y attendait avec les gardes. Et comme pour l’allée, ce fût la même scène.
Pendant le trajet, Longan était appuyé contre son domestique, l’esprit vide, épuisæ par cette soirée. Avant de froncer des sourcils. Et d’écraser mollement son poing contre son épaule :
- Tu n’es plus mon garde du corps, rappela fermement Longan. Que je ne te revoie pas en mission de protection !
- Bien, jeune maîtrexe.
Aucun remords dans sa voix. Son domestique savait qu’il avait agi contre sa volonté et pourtant il trouvait le moyen d’être insolent ? Une punition serait de mise pour le rappeler à l’ordre. Et Longan savait déjà quoi lui imposer pour qu’il ne lui reprenne pas l’idée saugrenue d’outrepasser ses ordres ! Pour le moment… pour le moment, iel voulait juste… graver cet instant dans son cœur. Ne rien oublié de ce moment d’insouciance, où iel avait juste le sentiment que rien ne pouvait lui arriver. Un sentiment de sécurité… qu’iel n’avait plus éprouvé depuis une éternité.
