Work Text:
"Et si nous partions éclairés devant,
Avec une chance de rester vivants,
Laisse moi te suivre,
Laisse moi m'enfuir,
Nous étions forts,
Nous étions grands."
J'étais amoureuse de Mick. Éperdument amoureuse de lui.
Comme il était éperdument amoureux de moi.
Vous pouvez considérer notre rencontre et notre amour comme un "coup de foudre", comme une relation cosmique.
Cependant, Mick Davies restait toujours sous le joug de la terrible Dr Hess, notamment sous l'influence maléfique de l'horrible "Kendricks Academy".
Nonobstant ce passé violent, j'ai appris à connaître Mick, et je l'ai aimé pour ce qu'il était et ce qu'il allait être.
J'étais tombée sous le charme de son accent Britannique, qui cachait quelques intonations Irlandaises, telles une douce mélopée à mes oreilles. Je glissais mes doigts dans l'ébène de ses cheveux en bataille. Je me noyais dans la profondeur de son regard translucide, dans ses iris pur, aussi pur que les plus transparentes des eaux limpides du Monde. Sa fine barbe de trois jours sur ses joues grattait mes doigts lorsque je lui caressais le visage. Il avait une silhouette fine, mais une carrure plutôt carrée, musclé juste ce qu'il fallait, le torse pileux qui se devinait avec sa chemise blanche aux boutons allégrement ouverts sur le devant. Il portait son éternel costume gris, avec un mouchoir de poche écarlate, seule touche de couleur dans le noir et blanc de sa personne. Mick faisait plus d'une tête que moi en taille, de telle sorte que lorsque je le serrais fort dans mes bras, mon visage s'enfouissait dans sa poitrine. J'entendais les battements de son cœur. Comme un parfait rythme de musique, que je voulais jouer sur mon violon.
Contrairement à lui, j'étais très petite, j'atteignais à peine le mètre soixante. J'étais très fine, voir maigre, les os saillants sur ma peau pâle, telle une jeune femme moribonde. Ce que j'étais, puisque je marchais avec l'aide d'une canne du côté droit, ma jambe était inutilisable depuis plusieurs décennies déjà. Mes longs cheveux châtains tombés en une longue tresse jusqu'à mes hanches, et je portais une fine robe azur, aux bretelles qui tombaient sur mes frêles épaules. Mes Converse All Star blanches aux pieds juraient presque avec ma silhouette d'infirme. J'avais le visage ovale, fin, les yeux ambre, et autant de grains de beauté sur mon corps que d'étoiles dans le ciel. C'est ce que, en tout cas, Mick disait, lorsqu'il alignait les points bruns du bout de ses doigts pour en créer des constellations imaginaires.
Nous étions en 2018 et j'avais rejoint les Winchester dans leur bunker en 2015. De par mon handicap évident, je ne participais pas aux chasses, mais j'aidais les frères dans les leurs. Je restais soit au bunker, soit au motel, pour les guider via nos communications. Je faisais les recherches sur les monstres avant les combats et je répondais au téléphone comme fausse cheffe du FBI, lorsqu'ils donnaient leurs cartes fictives aux véritables agents. Oui, je perpétuais le travail de notre regretté Bobby.
Puisse-t-il reposer en paix, dans le Paradis des chasseurs...
Lorsque Mary Winchester fut ressuscité, je l'ai de suite adoptée comme maman. Sans jamais le lui dire, bien entendu. Mais, elle vivait au bunker avec ses fils, ainsi que moi. Je possédais une chambre dans la même aile que mes amis.
Et puis...
... Les Hommes de Lettres Britanniques ont débarqué.
Et tout a changé...
"J'attends mon âge avec toi,
Et sauve moi encore aide moi,
Et embrasse moi encore."
Mick et moi cachions notre relation. Durant des mois et des mois, nous nous rejoignions en cachette, après la tombée de la nuit, dans une de nos chambres. Il apprenait à chasser avec les Winchester. Depuis sa dernière enquête avec eux, celle avec la Louve, il avait décidé de sortir de ses livres pour travailler sur le terrain. Mick était un érudit, un savant accompli. La chasse pratique était un tout autre niveau qu'il lui fallait apprendre. Je savais pourtant qu'il était entre de bonnes mains avec Sam, Dean et Mary.
Parfois, Arthur Ketch, que tout le monde surnommait étrangement "Mr Ketch" nous retrouvait au bunker, à bord de son imposante moto. Il nous aidait à chasser des gros nids de Vampires ou des clans hors-la-loi de Loups-Garous. Il m'a fallu quelque temps pour apprendre à le connaître et à l'apprécier. Derrière son air sanguinaire, son travail de mercenaire et sa carrure affreusement musclée et carrée, se cachaient un homme tout aussi brisé par "Kendricks Academy" que Mick.
Un jour, une chose étrange se passa.
Appelez ça "l'intuition féminine", c'est comme ça que Mick surnommait cette improbabilité, parce que seules Mary et moi l'avions comprises. Nous, les deux seules femmes du bunker.
Mary comprit assez rapidement le petit manège qu'il se passait entre Mick et moi. Bien que nous faisions très attention, elle intercepta nos sourires en coin, notre télépathie fusionnelle et l'amour qui brillait dans nos yeux.
Tout comme moi, je vis la même chose sur le visage de Mary, concernant...
... Arthur Ketch.
Oui, notre maman à tous et notre tueur à gages personnel, entretenaient une relation amoureuse tout aussi intense, et tout aussi secrète que celle de Mick et moi.
C'est dans ce contexte mélangeant les mystères, les chasses et les secrets, que notre histoire commence réellement...
"Est ce que tu veux encore de moi ?
Est ce qu'on s'aimera encore longtemps ?
Quand on sera vieux ou bien mort,
J'ai peur pour toi,
J'ai peur de moi."
Ce n'était qu'un simple matin, ordinaire, entre deux enquêtes, au bunker, que j'ai quitté silencieusement la chambre de Mick, clopinant sur ma canne de façon incognito jusqu'aux cuisines communes.
Mary fit la même chose, laissant derrière elle la salle occasionnelle que Mr Ketch prenait lorsqu'il dormait dans la demeure des Winchesters.
Néanmoins, ce matin-là devint rapidement moins routinier, lorsque Mr Ketch reçut un appel des plus intrigants sur son téléphone portable.
Nous étions tous autour de la table, sirotant notre café matinale, lorsque l'Anglais nous scruta, debout devant nous, pour nous expliquer avec inquiétude :
- Je ne sais pas quoi en penser... Je viens d'apprendre qu'une personne importante est en route vers le Q.G des Hommes de Lettres Britanniques en ce moment-même. Un jeune Académicien fraîchement diplômé du nom de Renny Rawlings vient de me l'annoncer.
En tournant ma tête vers Mick, je découvris avec tristesse qu'un voile de terreur traversa ses yeux limpides. Il demanda, en essayant de paraître le moins apeuré possible :
- Qui ça ?
Arthur se tourna à son tour vers son ami et baissa les yeux, pour lâcher :
- Dr Hess... Dr Hess est en Amérique.
Le cœur de Mick rata un battement.
Le mien aussi.
Mick était à ma gauche et il dut faire un effort surhumain pour ne pas m'attraper la main devant les Winchesters. Néanmoins, son visage horrifié offrit une question mentale évidente à Ketch, que ce dernier intercepta. Puisque Mary savait pour la relation entre Mick et moi, Ketch le savait aussi. Tout comme Mick connaissait le secret qui unissait nos deux amis chasseurs.
- Dr Hess veut tous nous voir dans quelques heures pour un gros briefing. Tous. Même... Même toi, Alisone...
Mick se tourna vers moi.
La peur que je vis dans la transparence de ses yeux me serra le cœur comme une main mortelle.
Sam, Dean et Mary semblèrent perdus, ne connaissant pas ce dangereux nouveau personnage. L'aîné demanda :
- OK... Vu la tronche que vous tirez, j'imagine que cette "Dr Hess" n'est pas Mère Térésa. Qui est-ce ?
Mick souffla et Ketch entama les explications.
Narrant ainsi comment l'infâme Dr Hess dirigeait d'une main de fer "Kendricks Academy". Comment elle avait fait en sorte que Mick assassine son meilleur ami à l'âge innocent de douze ans. La façon dont elle avait brisé tous ses élèves, les avait détruits mentalement, même physiquement pour certains. Comment elle récupérait les orphelins, comme Mick, pour les changer en esclaves à la solde du "Code" et des Hommes de Lettres.
Et pire encore.
Bien, bien pire...
"J'attends mon âge avec toi,
Et sauve moi encore aide moi,
Et embrasse moi encore."
Ne pas aller au briefing ordonné par Dr Hess ne ferait qu'empirer les choses et lui donner une raison de nous attaquer.
Alors, malgré les questions de Sam et les râlements de Dean, nous suivions Arthur Ketch, qui ouvrait la voie sur la route, à bord de sa moto.
Dean, au volant de l'Impala, discutait avec son frère côté passager. Mary, derrière, se situait au milieu, entre Mick et moi. Nous avions fait exprès de nous séparer ainsi, pour éviter de nous prendre les mains. Non pas que nous ne savions pas nous tenir en public, mais nous voulions éviter que l'horreur de la situation dénonce notre secret au pire moment. Alors, nous rongions notre frein. Ma tête reposait contre la vitre et j'essayais de me concentrer sur le paysage qui défilait devant moi, sentant que "Baby" roulait vers notre mort à tous.
J'avais raison.
Pourquoi ai-je toujours raison ?
Après plusieurs longues heures de route plus tard, au silence uniquement brisé par la musique de Dean, ce dernier gara son Impala devant les hauts grillages barbelés du Q.G. Ce n'était pas la première fois que je passais les portes métalliques, mais c'était la première fois que mon cœur cognait aussi fort dans ma poitrine. Dean sortit de son véhicule pour ouvrir la portière de mon côté et m'aider à descendre avec ma canne. Je sentis le regard furtif et inquiet de Mick vers moi. Arthur Ketch enleva son casque et fit basculer la béquille de sa moto. Mary tiqua, luttant contre elle-même pour ne pas se jeter vers son amant. Comme moi vers Mick.
Nous nous sommes dirigés vers l'entrée.
Les doigts de Mick effleurèrent les miens, furtivement, un quart de seconde, mais juste assez pour me faire tressaillir.
Il était temps de passer les portes du cauchemar...
D'une façon horriblement mécanique, nous avons traversé les longs couloirs de métal, estampillé d'immense lettres. Tantôt "B", tantôt "C5", puis "D", etc.
Enfin, nous sommes arrivés dans la grande salle de réunion, aux murs gris, tout comme la table, avec ses écrans digitaux immenses contre les plaques métalliques. Certaines des chaises étaient déjà occupées par des Hommes de Lettres. Mais, ce qui nous sauta aux yeux, fut la femme qui se tenait debout devant tout le monde :
Dr Hess.
Elle transpirait la sévérité et la malice, avec son tailleur impeccable, ses talons aiguilles, son chignon si parfait que pas un seul de ses cheveux de la couleur du feu ne dépassait de sa coiffure. Elle avait un visage fermé, terne, des yeux orageux et un rouge à lèvres aussi écarlate que le sang.
Renny Rawlings, collé à ses côtés, semblait bien plus jeune que Mick et moi, mais tout aussi hautain que sa patronne. Il avait un sourire en coin qui me donnait envie de lui en coller une.
Moi qui d'ordinaire écoute l'accent Anglais comme une belle mélodie, fut horrifié d'entendre le timbre de la voix terne de Dr Hess.
- Enchanté... Les Winchesters... Enfin, je fais votre connaissance. J'ai tant entendu parlé de vous.
Elle sourit en coin, puis nous fit signe de nous asseoir. Mick ne put s'empêcher de s'installer à ma droite. Son corps entier était tendu, son visage blême et ses yeux éteints. Il ressemblait à un petit garçon bloqué dans le bureau du Principal, attendant de recevoir sa punition.
Ce qui était clairement le cas.
La punition en question était une chasse intense. Il était question d'éliminer les dernières Stryges du territoire Américain. Bien que nous ne tuions pas souvent ces Démones ailées, les Hommes de Lettres Britanniques avaient regroupé les informations nécessaires pour les annihiler une bonne fois pour toutes.
Nul besoin de l'inquiétude de Mick pour m'empêcher de prendre part à la chasse, Dr Hess m'ordonna de me poser derrière plusieurs écrans d'ordinateur pour guider les chasseurs, comme je le faisais si souvent. En réalité, Mick aurait préféré me voir sur le terrain avec lui, parce qu'il ne serait pas avec moi, et que j'allais être bloqué entre quatre murs, au milieu de Dr Hess et de son larbin.
Arthur Ketch ne reprit pas sa moto, sans moi dans l'équipe, il y avait une place restante à bord de l'Impala.
Deux heures après le briefing, je vis mes amis et mon amant se diriger vers le dernier nid de créatures nocturnes...
"On a changé le lit de place,
On l'a vidé avant que tu m'effaces,
Je me rappelle de ton sommeil,
Je me rappelle de ton réveil."
Vu de l'extérieur, je ressemblais à une employée d'un service client, avec mon casque et son micro sur le crâne, et mes doigts qui pianotaient plus vite que sur mon violon, écrivant les données sur le clavier des ordinateurs.
Dr Hess buvait une tasse de thé dans mon dos, tandis que Renny lui tenait son plateau en argent.
Pathétique.
Mais, je guidais les chasseurs à travers les dédales bordéliques du nid des Stryges. C'était ma mission, c'était ma vie, mais l'abominable belle-mère qui zieutait le moindre de mes faits et gestes ne m'aidait pas à me concentrer. Je n'osais même pas prononcer le prénom de "Mick", par peur de laisser passer mon amour et mon inquiétude dans ma voix. Je lui parlais en le nommant "Monsieur Davies", ce qui me sembla affreusement étrange.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, tout se passa bien.
La chasse fut un succès et mes amis revinrent victorieux, et vivants, de ce génocide démoniaque.
J'avais passé la journée bloquée avec Dr Hess et son air méprisant, qui jetait des regards condescendants vers ma canne. Renny essayait d'étouffer des ricanements, sans vraiment y parvenir. Alors, lorsque les Winchesters revinrent au Q.G, je dus utiliser tout mon self-control pour ne pas me jeter dans les bras de Mick.
Le soleil se couchait, je n'avais rien mangé de la journée, à part les tasses de thé trop sucrées que Renny m'avait offert avec malice, et nous devions tous dormir sur place dans des chambres d'hôtes. Rien de confortable, mais ce n'était que pour une nuit.
Il était temps de se reposer.
Mick m'avait dit que le Q.G possédait beaucoup de caméras de surveillances. Notamment à l'extérieur, en cas d'attaque, mais aussi dans les salles d'armes, les pièces communes et certains bureaux. Nous savions donc où faire attention et où relâcher la tension. Lorsque les Winchesters, et Ketch, partirent vers la cuisine pour piller les placards, je sus lire dans les pensées de Mick qui me fit signe de le suivre.
Ce que je fis, en clopinant derrière lui, il passait par des endroits étranges, suivant des chemins illogiques, pour simplement éviter les caméras dont il connaissait les emplacements par cœur.
Puis, il ouvrit une petite porte en bois qui donnait dans une salle de débarras, rempli de sacs et d'équipements en tout genre. Il claqua le battant derrière lui et laissa la lumière allumée. Enfin, en se tournant vers moi, il m'embrassa amoureusement. Après ce long baiser langoureux, il prit mon visage entre ses mains tremblantes, pour m'avouer :
- Alisone... J'ai eu si peur... Pas pour moi. Pas pour la chasse. Mais, pour tout le reste... Dr Hess est si...
- Je sais, Mick, je sais. J'avais remarqué.
Il sourit et m'embrassa derechef.
Ce secret nous pesait, bien que je savais pourquoi nous le gardions. Mick n'avait pas le droit de fuir les Hommes de Lettres, ni de quitter "Kendricks Academy" ni même de réfuter le "Code". Un seul pas de travers et un de ses collègues lui tirerait une balle dans la tête, sur ordre de Dr Hess.
Pour le moment, nous ne pensions pas à ça. Nous laissions simplement nos langues danser entre elles et nos cœurs se retrouver pour battre au même rythme.
Insouciants.
Pour le moment...
Nous avions rejoint notre groupe pour grignoter quelques parts de pizzas restantes. Comme la marâtre était cloîtré avec son laquais dans son bureau, nous étions tous souriants en dévorant notre repas. Quelques verres de Whisky coulèrent à flots et je descendis deux shots pour calmer mes nerfs. Ce qui fonctionna plutôt bien.
Ce fut quelques minutes avant minuit que le micro grésilla dans les haut-parleurs du Q.G et qu'une voix hautaine ordonna :
"Mr Ketch est attendu dans le bureau principal de Dr Hess."
Dean tiqua :
- Elle parle d'elle à la troisième personne ?
Sam ricana, mais Ketch et Mick s'échangèrent un regard en coin. Un regard inquiet que j'interceptais facilement, avec angoisse.
Arthur quitta les cuisines, puis tout devint silencieux.
Le temps passa.
Nous attendions son retour, mais comme Ketch ne revint pas, nous décidâmes de rejoindre nos chambres pour dormir.
Mary me jeta un regard complice et affolé.
Je compris son désarroi.
Pourtant, elle prit le couloir qui mena à sa chambre, tout comme Sam et Dean. Mick me raccompagna jusqu'à la mienne, luttant pour ne pas m'embrasser à cause des caméras de surveillance dans ce coin-là. Lorsque Renny Rawlings débarqua par surprise derrière nous, en nous faisant sursauter.
Un rictus déformait son visage et il nargua, avec amusement :
- Mr Davies, Miss Blackthorn... Mr Ketch souhaite s'entretenir avec vous dans la salle de meeting.
Je tiquais :
- Arthur ? Il va bien ?
- Suivez-moi...
Il se tourna pour ouvrir la marche, tandis que ma main moite serra le pommeau de ma canne pour lui emboîter le pas.
Mon ventre se noua et j'avais l'impression de clopiner vers notre mort.
"J'attends mon âge avec toi,
Et sauve moi encore aide moi,
Et embrasse moi encore."
Une fois dans la salle de réunion, nous découvrîmes Mr Ketch, le visage fermé et le regard triste, juste à côté de Dr Hess, qui souriait jusqu'aux oreilles.
Mick retint son souffle et demanda, la voix légèrement tremblante :
- Mr Ketch ? Dr Hess ? Vous... Vous nous avez fait demander ?
Renny ferma la porte derrière nous. Comme s'il fermait le battant de notre tombeau. Dr Hess fit claquer ses talons sur le sol pour se poster devant nous. Elle tenait une tablette numérique à la main et nous informa, avec joie :
- J'ai cru comprendre que mes employés devenaient trop laxistes dans la mission que je leur avais confiée. À savoir : de commander les chasseurs Américains. Alors, j'ai donné les moyens à des personnes de confiance de mieux espionner durant mon absence. Quelle ne fut pas surprise de découvrir que j'avais raison...
Mick tiqua.
Dr Hess tourna l'écran vers nous et une vidéo sans son s'activa sous nos yeux écarquillés d'horreur.
C'était nous.
Mick et moi.
Dans la salle de débarras, quelques heures plus tôt, nous embrassant avec amour, insouciants.
Mon cœur battait si fort que je pensais qu'il allait exploser.
Les yeux embuaient de larmes, Mick plaida :
- Dr Hess... Je... Je peux...
- Quoi ? Me mentir ? Non, Mr Davies, je ne veux rien savoir. Vous savez ce qu'il va se passer, n'est-ce pas ? Vous l'avez déjà vu.
Mick glissa devant moi, comme pour me protéger, en reprenant :
- S'il vous plaît... Je...
- Non ! Lorsque Lady Antonia Bevell s'est secrètement mise en couple avec Mr Ketch, vous savez ce qu'il s'est passé, n'est-ce pas ? J'ai ordonné à Arthur de tuer son amante. En bon employé, il s'est exécuté.
Mick tressaillit :
- Je ne tuerais jamais Alisone.
La marâtre ricana.
- Oh, je sais, Mr Davies. Vous n'avez pas ça en vous. Vous êtes trop lâche.
Elle fit un simple signe de tête à son larbin, derrière nous, qui marcha avec malice pour nous faire face. Il tenait un revolver dans sa main droite et sourit en le pointant dans notre direction.
Mick continuait de faire bouclier devant moi. Il s'apprêtait à supplier une dernière fois, lorsque Mr Ketch s'enquit :
- Attendez !
Dr Hess et Renny se tournèrent vers lui, curieux. Il reprit :
- Laissez-moi le faire. Laissez-moi les tuer. J'avais confiance en eux.
La Directrice sourit de plus belle.
- Bravo Mr Ketch, je savais que vous étiez le meilleur.
Elle fit derechef un signe de tête à Renny et les deux horribles quittèrent la salle en verrouillant la porte de l'extérieur.
Mick observa Arthur avec terreur.
- Ketch... supplia Mick.
Il me tenait dans ses bras, je pouvais sentir ses tremblements.
Arthur leva son arme, le regard vide, chargea et visa.
Mick me glissa derrière lui le plus rapidement possible.
Puis, deux coups de feux retentirent, brisant le silence des suppliques de mon amant.
L'odeur de la poudre envahit la salle.
Néanmoins...
Nous étions toujours vivants.
Arthur venait de tirer deux balles dans le mur derrière nous. Sûrement pour que le son de ces dernières permette à Dr Hess de lui faire croire en notre mort.
Une larme coula le long de la joue de Mick, lorsqu'il me reprit dans les bras et demanda, la voix cassée :
- Ketch ? Pourquoi ?
L'homme baissa son arme et un voile de tristesse traversa ses yeux.
- Parce que Dr Hess m'a fait tuer ma fiancée. Parce qu'elle t'a fait tuer ton meilleur ami. Il est temps que ça cesse. Nous n'avions rien fait de mal, Mick. Rien.
Blotti contre lui, je pouvais entendre les battements de son cœur qui frappaient plus rapidement encore que les tambours de guerre, menaçant de s'éteindre sous le coup d'un infarctus fulgurant.
- Ketch... Jamais nous ne serons libres... Nous serons traqués... Toujours.
Arthur se rapprocha de nous et sourit pour la première fois de la soirée.
- Je vais venir avec vous. Moi aussi, j'ai quelque chose à protéger...
- Mary... compris-je.
Le mercenaire acquiesça :
- Hess m'a fait assassiner la femme que j'aimais... Hors de question que je tue la seconde...
Mick commença à se détendre et à reprendre son souffle :
- Tu as un plan ?
Il fit "oui" de la tête, toujours souriant jusqu'aux oreilles, en avouant avec mystère :
- Oh, oui... Galway...
Mick tiqua. Je souris à mon tour, en comprenant.
- Galway ? En Irlande ?!
- Révisez votre Gaélique, les enfants, car nous partons demain. Vous deux, Mary et moi.
"Maintenant qu'ils sont fauchés et tous morts,
On ne parlera plus jamais à Dieu,
J'attends mon âge,
J'attends que tu m'embrasses."
La porte d'entrée étant verrouillée de l'extérieur, Mr Ketch nous fit passer par la sortie de secours dans le plus grand des silences, lui en tête. Cependant, une fois dans les couloirs sombres des coins secrets, une vive lumière s'alluma d'un seul coup, nous éblouissant quelques secondes.
Il nous fallut du temps pour apercevoir, devant nous, Dr Hess et Renny, un revolver dans chacune de leurs mains, tendues vers nous.
Notre cœur sombra.
La Directrice esquissa un sourire machiavélique, en raillant :
- J'ai posé des caméras absolument partout, y comprit dans la salle que vous venez de quitter. Comme quoi... L'amour rend con, pas vrai ?
Mick s'apprêtait à répondre, lorsqu'un coup de feu retentit.
Puis, il s'écrasa contre le mur.
Un hurlement sortit de ma gorge sans mon consentement.
La balle avait évité son crâne de quelques centimètres à peine, mais la détonation si près de son oreille lui avait probablement fait éclater un tympan, car du sang commença à couler le long de son lobe, glissant jusqu'à sa nuque.
Ketch se jeta sur Renny, mais ce dernier lui tira une balle dans l'épaule. Le mercenaire rejoignit Mick contre le mur. Quant à moi, les yeux rouges de larmes, j'ai attrapé ma canne pour frapper Dr Hess de toutes mes forces.
Malheureusement, l'infâme Directrice était bien plus valide que moi, et il lui suffit de me donner un violent coup de pied dans mon genou brisé pour me mettre à terre, K.O. Elle attrapa ma canne et la cassa en deux, tout en souriant.
- Pathétique... cracha-t-elle.
Puis, Dr Hess agrippa le canon de son arme pour prendre de l'élan et lui permettre d'écraser la crosse sur mon crâne avec intensité.
Mick hurla :
- NON !
Après ça, tout est devenu noir...
Il faisait sombre et le sol était froid. Même en ouvrant les yeux, je n'arrivais pas à distinguer grand chose. Mais, je pouvais entendre des battements de cœur à ma gauche. Un rythme que je reconnaissais parmi tant d'autres.
- Mick ?
- Alisone ?
Ses bras glissèrent autour de moi pour me serrer fort contre lui. Nous étions adossés à un mur, assit par terre, sur du béton. Il attrapa mon visage entre ses mains pour poser ses lèvres sur les miennes.
Son baiser avant le goût du sang et du sel, à cause de ses larmes.
- Je suis désolé... murmura-t-il, dans un sanglot. J'ai été si idiot et si naïf de penser que nous pourrions être, un jour, libres... Pardonne-moi...
- Mick...
- Nous y arriverons... lâcha une voix dans le noir.
Impossible pour nous de distinguer quoi que ce soit, mais Mick reconnut la voix en question :
- Ketch ? Tu es là ?
- Yep... Alors, si vous comptiez faire des bêtises dans le noir, n'y pensez pas.
Mick et moi esquissâmes un sourire. Cela nous fit du bien.
- Où sommes-nous ? demandais-je, intriguée.
Arthur répondit :
- Dans les cellules du Q.G. Si vous sentez votre tête tourner, c'est normal...
Mick tiqua.
- Quoi ? Comment ça ?
Ketch prit une profonde inspiration :
- Hess et son larbin ont scellé la porte et ils ont coupé la ventilation. Nous respirons nos dernières bouffées d'oxygène. Ne les gaspillez pas...
Mick me serra plus fort encore et j'enfouis mon visage dans le creux de son cou.
Impossible de savoir exactement combien de temps passa.
Une heure ?
Une journée ?
Une nuit ?
Allez savoir.
La seule chose que nous savions, que nous pouvions sentir, fut notre respiration se ralentir et notre oxygène se raréfier. Mick et moi étions allongés sur le dos, sur la froideur du béton, dans les bras l'un de l'autre, essayant de chercher quelques bouffées supplémentaire pour vivre une minute ou deux de plus.
Mais, éventuellement, la mort arriverait. Nos têtes tournaient tellement que j'avais l'impression de flotter dans les nuages, de quitter l'atmosphère pour voler dans le cosmos. Mes yeux se fermèrent lentement et je sombrais, petit à petit, dans le ciel étoilé, au milieu de millions de galaxies...
Un bruit assourdissant retentit.
Une vive lumière illumina la cellule.
Sûrement la lumière dont tout le monde parle, lorsque la mort arrive.
Deux silhouettes se dessinèrent dans la lumière, comme des Anges.
Castiel ?
Non...
Une des silhouettes se jeta vers moi et hurla mon prénom :
- Alisone ?! Alisone ?!
Mes poumons cherchaient encore l'air. Avec la porte ouverte, une vague d'oxygène raviva les cellules de mon corps. Je sentis la main de Mick trembler dans la mienne. Il bougeait encore.
Une troisième silhouette, plus fine, plus féminine, apparue enfin pour me lever du sol froid. La lumière était bien trop vive pour mes yeux. Je ne pouvais pas garder mes paupières ouvertes aussi longtemps.
J'avais envie de dormir.
Mais l'Ange féminine hurlait mon prénom pour me maintenir éveiller.
Nous avions utilisé de faux passeports pour prendre le premier vol pour l'Irlande, avec une escale en France. Nous voulions éviter l'Angleterre. Nous ne pouvions pas nous rendre à Galway, puisque nos ennemis avaient entendu notre plan. Nous avions donc choisi Limerick, à la place.
Les explications données à Sam et Dean furent laborieuses. C'était trop pour eux. Le sanguinaire Mr Ketch amoureux de leur mère fut une épreuve, leur relation secrète en fut une autre. Ajouté à cela le lien entre Mick et moi.
Inutile de vous décrire l'état pitoyable et colérique dans lequel se trouvait les deux frères après cette longue et difficile discussion... Pourtant, ils nous avaient sauvés du donjon, tous les trois avaient combattu l'infâme Dr Hess et le crétin de Renny pour nous retrouver et nous aider.
Notre combat n'était pas terminé.
Limerick n'était que le commencement d'une nouvelle vie...
FIN
PS 1 : Oui, même lorsque je m'endors, ballottée dans un bus, au milieu des beaux paysages Irlandais comme dans les livres, je pense toujours à des choses joyeuses... (*ironie*)
PS 2 : J'ai écrit cette histoire, clouée au lit, toujours terrassée par ma grippe. J'ai mal partout à cause des courbatures.
PS 3 : La chanson utilisée pour illustrer ce récit est "Little Dolls" par Indochine.
23.06.2024
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Bonus :
"Aux sons de mon violon"
C’est pendant nos aventures en chanson,
Que je jouerais nos musiques au violon,
Dansons dans la ville de Dublin,
Comme nous sommes orphelins.
Nous irons tout seuls là-bas,
Tout seuls que toi et moi,
Nous n’avons besoin de personne,
Seulement nous : Mick et Alisone.
Les horribles, les vilains,
Pourchassés de Cork à Dublin,
Viennent chasser nos libertés,
Et nous traquent même à Galway.
C’est dans ce pays Celtique,
Que je jouerais nos musiques,
Quelques ballades Irlandaises,
Et des mélodies qui nous plaisent.
J’aimerais tant te dire « oui »,
Dans les montagnes de Kerry,
Mais ne nous retournons pas,
Ils sont encore derrière toi et moi.
La Directrice et son tueur,
Nous suivent jusqu’à Moher,
Et leurs volontés tragiques,
Nous poursuivent à Limerick.
Au fond des Pubs, des Tavernes,
C’est la musique qui gouverne,
De notre amour, de notre rage,
Pour le Monde nous sommes trop sages,
À Killarney ou à Blarney nous chantons,
Aux sons de mon violon.
Le mercenaire, la Doctoresse,
Nous noient dans la Guinness,
À l’assaut de tous les châteaux,
Notre mariage sera beau.
Écrit dans le train de Cork à Dublin,
Le Samedi 15 Juin 2024.
Inspiration : "Le Chant des Cygnes" par Indochine.
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Litany_Riddle Mon 24 Jun 2024 01:53AM UTC
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