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Ma quête

Summary:

Rauna Dekarios.
Fille de l'Elue d'Ilmater et de l'archimage de Waterdeep, elle est promise à un destin exceptionnel dont le périple marquera l'histoire.
Pourtant, un obstacle vient perturber leur vie heureuse. La jeune enfant rejette son père et lui préfère Astarion. Ce dernier se découvre un instinct paternel et se promet de protéger l'enfant envers et contre tout.

Chapter 1: La naissance de Rauna

Chapter Text

Il avait décidé d'accepter l'offre de Ray d'emménager avec elle et Gayle après des semaines de vie en solitaire. Évidemment, il avait d'abord choisi de rester à la Porte de Baldur, mais la séparation avec Ray était bien plus difficile que prévu. Il s'était senti perdu, seul et tout le terrifiait. Il ne savait plus vivre.

Lorsqu'elle était venue à lui, elle semblait aussi perdue que lui. Des terreurs nocturnes la tenaient éveillée et elle se sentait parfois seule et vide, comme si une partie d'elle lui manquait.

Alors il avait accepté de la suivre, profondément soulagé de laisser derrière lui son ancienne existence pour repartir sur de nouvelles bases.

 

Eauprofonde était une ville magnifique et riche. Elle n'était pas la ville des merveilles pour rien. Même la nuit, ses rues étaient lumineuses, richement éclairées de lampadaires.

Gayle avait accueilli le retour de Ray et l'arrivée d'Astarion avec plaisir et chaleur. Le mage n'avait cessé de vanter les mérites et la grandeur de sa ville, au grand dam du vampire.

Une fois entrés dans la tour où se trouvaient quelques petites marques de la présence de Ray, le mage lui avait proposé de choisir la chambre qu'il préférait. Ayant vécu deux siècles dans les sous-sols obscurs du palais de Cazador, la possibilité de loger plus haut était une perspective attrayante. Il avait donc déposé ses affaires dans une ancienne pièce vide, nichée dans les combles.

Le couple l'avait laissé seul avec ses pensées et était parti se retrouver. Il sourit alors que leur conversation fut soudain silencieuse sous l'effet d'un sort de silence; Gayle avait même pensé à son repos.

Il observa la pièce où des meubles entreposés sous des draps poussiéreux attendaient d'être découverts et remplis.

"Bienvenue chez toi, Star", lui avait dit Ray avec un sourire rayonnant et chaleureux.

— Chez moi...

Il ouvrit le rideau et observa les bateaux au loin dans la nuit.

Il sourit.

C'était une nouvelle vie.

Cela faisait déjà trois mois qu'il avait emménagé et avait rapidement pris ses marques. Gayle donnait cours à l'académie, Ray avait trouvé une place dans un dispensaire et envisageait de créer une école pour les orphelins. De son côté, Astarion passait la journée à s'occuper de la maison et se reposer avant de profiter de la présence de ses amis le soir. La nuit, il sortait chasser et assurait la sécurité des bois aux alentours de la ville.

C'était devenu une routine tranquille et on ne peut plus paisible qui leur convenait à merveille.

 

Ray était rentrée un après-midi, épuisée par une rude journée de travail et avait trouvé Astarion et Tara dans l'entrée se disputant.

— Je refuse de toucher ça, Tara !

— Mr. Ancunin, je vous trouve bien trop pâle, même pour un vampire. Vous me ferez le plaisir de mieux manger.

— Que se passe-t-il ? intervint la jeune femme.

Le vampire et la tressym s'étaient retournés et Ray put voir l'objet du conflit: un pigeon fraîchement tué, disposé sur la table.

Elle ferma les yeux, un haut-le-cœur remontant depuis son estomac.

— Ray ! Ça va ? Ça n'a pas l'air d'aller...

— Si, si, je vais bien... c'est juste... Oh grands dieux !

Elle porta rapidement une main à sa bouche et se rua à l'extérieur de la maison où elle vida le contenu de son estomac. Astarion se précipita à ses côtés, paniqué.

— Ray ! Tara, il faut l'aider, je ne sais pas quoi faire !

— Il n'y a rien de grave, Mr. Ancunin. Ce sont des choses naturelles.

La tressym observa les deux amis avec une lueur amusée dans le regard.

 

Gayle sortit de la chambre, blanc comme un linge et des cernes creusaient ses joues barbues. Il s'avança en traînant les pieds dans le couloir du palier ; Ray venant de le mettre à la porte en lui hurlant de se reposer.

— Comment va-t-elle ? demanda Astarion, inquiet.

Le mage s'avança, le dos voûté, tandis qu'il tenait son bras marqué de traces de griffures. En arrivant au niveau du vampire, il posa une main sur l'épaule d'Astarion et soupira de fatigue.

— Tu vas pouvoir la voir puisqu'elle veut que tu prennes le relais.

— Qu... quoi ? Mais...

— Star, fit sèchement Gayle. Tu l'as déjà vu nue, tu peux la voir comme ça, ne t'en fait pas. Je vais dormir, je veux être là pour la fin, pour prendre le relais et qu'elle puisse se reposer après.

Le mage se dirigea à pas lent vers le salon, la tête basse tandis que le vampire ouvrit la porte. Il vit la jeune femme allongée sur le lit, transpirante et le visage rougit par l'effort. Une petite femme s'occupait de préparer des tissus et autres langes dans le plus grand des calmes.

— Star... soupira Ray en tendant la main.

Il se précipita vers elle et entremêla ses doigts avec les siens.

— Je suis là, Ray, je suis là. Dis-moi ce que tu veux que je fasse.

— Asseyez-vous derrière elle pour la soutenir, et patientez. Je pense que ça devrait arriver d'ici un peu plus d'une heure.

— Quoi ? s'étrangla-t-il sous la panique. Une heure ? Vous ne pouvez pas accélérer les choses ? Elle souffre là !

— Star... Elle connaît son travail.

Ray ferma les yeux et s'appuya sur le torse du vampire alors qu'il s'installait derrière elle, la positionnant entre ses jambes.

Deux heures plus tard, Ray hurlait tout ce qu'elle pouvait en plantant ses griffes dans la jambe du vampire qui serrait les dents pour supporter la douleur.

— Allez-y, laissez votre corps faire, ne le retenez pas ! encouragea la sage-femme.

— Tu peux le faire, mon amour.

Ray tenait fermement la main de Gayle, serrant les articulations au point qu'elles en devenaient blanches. Il jeta un regard inquiet à Astarion. Ce dernier luttait pour rester de marbre et soutenir la jeune femme.

Ray se détendit d'un coup et s'affaissa contre le vampire dans un gémissement de relâchement. Dans l'instant qui suivit, un cri aigu déchira l'air dans la pièce.

— Félicitation, annonça la sage-femme. Voilà une belle petite fille.

Ray éclata dans un sanglot de soulagement tandis que la femme nettoyait l'enfant et l'emballait dans un linge propre. Avec moult précautions, elle tendit le bébé à Gayle qui trembla en la tenant contre lui, des larmes d'une émotion qu'il ne parvenait pas à contenir coulant sur ses joues.

— Mon amour... On la fait... Tu l'as fait. Regarde comme elle est belle.

Ray sourit en voyant le visage de son enfant.

— Elle sera peut-être belle demain, mais elle est horriblement fripée là ! s'exclama Astarion avec un léger dégoût dans la voix.

— Astarion ! gronda Gayle tandis que Ray riait aux éclats malgré sa profonde fatigue.

— Star... On ne dit pas ça à de jeunes parents. Même si en effet, elle est moche.

Gayle soupira, exaspéré, en s'approchant des deux amis et fixa le visage de son enfant avec un regard profondément tendre, aimant et doux. Il leva ensuite la tête vers Ray et partagèrent un échange silencieux, se comprenant sans un mot.

— Star, dit-il avec sérieux. On a pris une décision avec Ray. On voudrait que tu la baptises.

— Quoi ? s'étrangla le vampire.

Sans un mot de plus, il tendit l'enfant avec un large sourire. Astarion regarda Ray avec un peu de panique, cherchant désespérément un soutien en son amie.

— Non, je... je ne suis pas sûr... Ray, s'il te plaît... implora-t-il.

Elle rit faiblement et l'encouragea.

— On insiste.

Il observa le nouveau-né avec l'angoisse de l'inconnu. Il était un vampire. Il avait tué des innocents. Il avait sacrifié des vies. Toucher cette vie nouvelle avec ses mains couvertes de sang ne ferait que gâcher cette petite chose délicate.

Il regarda Ray, ses sourcils hauts dans une expression de profonde inquiétude. Tremblant, il tendit les bras et prit contre lui le petit paquet. Avec des gestes incroyablement doux, il cala l'enfant entre ses bras, un peu maladroit, et observa le visage encore rouge et tâché du nouveau-né.

Un silence s'installa tandis qu'il passait un doigt délicat et hésitant sur la joue de la petite. Un sourire sincère et aimant éclaira son visage et sembla dissiper tous ses doutes.

— Rauna. Rauna Dekarios.

Et, contre toute attente, il pleura, en regardant la petite enfant fragile dormant dans ses bras.