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We hug now

Summary:

Sirius Orion Black.
Regulus Arcturus Black.
Les deux faces d'une même pièce.

Notes:

Un one shot en deux parties, inspiré par la chanson We Hug Now de Sydney Rose.
On commence avec le point de vue de Regulus :)
ça méritera une petite réécriture en temps voulu, mais j'apporte ma ptite contribution au fandom français des Maraudeurs !

(See the end of the work for more notes.)

Chapter Text

Regulus rêvait, parce qu’il n’y avait que dans ses rêves qu’il voyait encore les étoiles. Il n’y avait que dans ses rêves qu’il regardait le soleil et la Lune sans pincement au cœur. Il n’y avait que dans ses rêves que Sirius lui souriait encore. 

Ce sourire — jamais le même. Lorsqu’ils étaient petits, Sirius était sage, autant qu’un enfant soit capable de l’être. Il était le grand frère responsable qui prenait soin de Regulus, toujours toujours. Il était souriant malgré les punitions, et Regulus était encore assez naïf pour croire que si son grand frère souriait, alors tout allait bien. Tout irait bien. Parce que Sirius était là, et que Sirius était l’étoile la plus brillante du ciel, et que Sirius était la personne la plus brillante qu’il ait jamais rencontré, et Regulus l’admirait, il l’admirait tellement, son grand frère, son étoile à lui. Les sourires de Sirius avaient toujours eu cet effet là, pour Regulus : une garantie éblouissante, la certitude que tout irait bien .

Lorsque Regulus rêvait, Sirius continuait de lui sourire comme ça, de ce sourire d’enfance qui n’avait pas encore gagné son tranchant, sa joie animale. En grandissant, Regulus reconnaissait de moins en moins le sourire de son frère. Il reconnaissait de moins en moins son frère. Qui devenait-il, cet inconnu qu’il ne voyait à peine que pour les vacances ? Quelqu’un avait pris la place de son frère dans son propre corps — plus la même personne, plus tout à faire. Son sourire n’était plus rassurant, non ; il était de plus en plus impatient. Agacé. Sardonique. Masquant un bouillonnement que ses mots ne suffisaient plus à voiler. 

Sirius avait changé, et Regulus était toujours le même. Toujours prisonnier du manoir des Black, même à Poudlard. Le manoir était toujours là, avec lui, comme un parasite, un liquide qui s'infiltrait dans les fissures de Regulus, eau stagnante qui se préparait à le noyer doucement, fissures qui devenaient fractures et fractures qui devenaient gouffres alors que Regulus se voyait perdre son frère. Plus les mêmes. Trop différents. Soudain, Regulus n’était plus assez comme Sirius ; alors, Sirius s’éloignait. 

Et dans ses rêves, tout était comme avant . Regulus était encore petit, Sirius était encore à peine plus âgé que lui. Ils vivaient encore sous le même toit. Front uni contre leurs parents. Refuge.

Sirius ne lui en voulait pas. 

Il ne s’est pas passé un seul jour sans que Regulus regrette de ne pas avoir su suivre son frère dehors .

Le monde de Regulus a pris fin, ce jour-là. C’est ce jour-là qu’il l’a perdu, définitivement. Ce jour que Sirius a renié son petit frère. Ce jour que Regulus a perdu son grand frère, qu’il n’avait jamais cessé d’admirer. Toujours l’étoile la plus brillante ; et peut-être que son éclat n’était que renforcé par l’ombre qui dévorait leur famille. C’était facile, de briller, au milieu des ténèbres. Regulus leur appartenait ; il n’avait pas le choix. Là était sa place. Alors, il y resterait. 

Et maintenant, Regulus ne pouvait rien faire de plus que regarder Sirius s’épanouir, sans boulet accroché à ses jambes pour le retarder, pour l’empêcher d’être libre. Il ne pouvait que regarder de loin, comme à travers une fenêtre. Sirius était passé à autre chose, tellement facilement. Oublié, le dernier regard échangé dans les couloirs sombres de leur maison. Oubliées, les promesses secrètes murmurées lorsqu’elles ne pouvaient pas être entendues. James, Remus, Peter. Les étoiles de sa constellation, qui avaient remplacé Regulus. Il aurait aimé leur en vouloir ; il souhaitait simplement qu’ils sachent mieux prendre soin de son frère qu’il n’avait pu le faire. 

Sirius avait enfin l’air heureux.

Il n’avait plus rien de l’enfant-plus-tellement-enfant que Regulus avait connu. Il aurait dû s’en réjouir, certainement ; voir son frère s’épanouir. C’était le rêve de tout cadet, n’est-ce pas ? Mais pas sans lui , disait la voix qui venait du fond de son estomac de ses entrailles au fond de cette part noire de lui qu’il n’assumait pas, pas sans lui, parce que Regulus aussi voulait être heureux, mais il n’en avait pas le droit, pas vrai ? Parce qu’il devait bien y avoir un héritier de la famille Black, parce que ses parents ne le laisseraient jamais partir, et Regulus avait eu trop peur pour oser le faire la première fois, alors il s’était condamné. Pas sans moi , disait la voix, et Regulus détestait cette voix qui ressemblait trop à la sienne, parce qu’il ne voulait pas être égoïste, il ne voulait pas de cet acide qui lui rongeait les os — chien affamé. Le ressentiment. La rancune. Il s’en voulait, il en voulait à Sirius, il en voulait à James, à Remus, à Peter, il en voulait au monde entier. 

Ils ne pouvaient pas être libres ensemble.

Regulus l’avait compris — dans sa chair, directement, délicate intention de ses chers parents. Ils n’avaient pas le choix. Il n’avait pas le choix. Et si Regulus avait pu tout recommencer, il n’aurait rien changé, tant que c’est ce qui garantissait la liberté de son frère. Son grand frère. Toujours son grand frère. Qui avait sacrifié son enfance pour lui, alors Regulus lui offrait la possibilité de grandir pour lui-même. Grandir, vieillir, se marier, avoir des enfants, tout ce qu’étaient devenus les rêves de son frère depuis qu’ils ne se connaissaient plus, et que Regulus ne pourrait jamais voir se réaliser.

Il ne savait pas si Sirius voulait toujours avoir une moto, un jour, ou s’il avait laissé tomber cette idée aussi. Il ne savait pas qui était son chanteur préféré. Il ne savait plus rien de son frère, et il aurait voulu que ce soit son choix, mais ce n’était pas le cas, et Regulus en souffrait, il aurait aimé pouvoir rester proche de son frère, mais Sirius l’avait repoussé, et c’était la faute de Regulus, parce qu’il n’avait pas su choisir ce qu’il fallait au bon moment.

Regulus avait accepté l’offre. Regulus avait accepté la marque. Et le soir où il l’a reçue, tard dans la nuit, un sort de silence lancé sur la porte de sa chambre, il avait pleuré, pleuré de tout ce qu’il avait perdu, pleuré de tout ce qu’il n’avait pas choisi, parce que ce n’était pas son choix mais on le regarderait comme si ça l’était, et Sirius ne devait pas savoir, et Sirius saurait, et Regulus ne voulait pas perdre encore ça, ce dernier espoir qu’un jour, son frère lui pardonnerait. Et la marque, Sirius, la marque, je n’en voulais pas, promis juré pas craché comme quand on était petits, je n’en voulais pas, mais quel choix est-ce que j’avais ? Comment est-ce que je pouvais refuser, si je ne voulais pas… quoi, mourir ? Pire encore ? Les décevoir. Je n’en voulais pas, de la marque, et j’ai espéré que tu viennes m’en sauver, comme tu l’as toujours fait. Que son grand frère vole à la rescousse une dernière fois, que cette fois, Regulus le suivrait, et ils partiraient tous les deux, parce que Regulus n’aurait plus peur de rien cette fois, qu’il n’avait peur de rien autant que de cette marque. Il avait eu besoin de son grand frère. Il avait attendu. Il attendrait toujours, jusque dans cette cave aux mains qui le déchiraient. 

Regulus avait voulu choisir, pour une fois. Il avait voulu faire la bonne chose. Il avait voulu se rattraper, parce qu’après tout peut-être que ses parents n’avaient pas raison, peut-être que c’était mal et qu’il n’était pas d’accord avec ça, peut-être que les choses pouvaient être différentes, et si c’était le cas peut-être qu’il retrouverait Sirius qu’il ferait enfin les bons choix, ceux qu’il ne regretterait pas. 

Et alors que l’eau brûlait ses poumons, alors que les mains arrachaient sa chair et l’entraînaient par le fond, alors que Regulus perdait tout espoir de revoir un jour le soleil ou les étoiles, la dernière pensée de Regulus fut pour son frère. L’envie insensée de le voir surgir, et qu’il le sauve, comme il avait l’habitude de le faire. 

Sirius.

L’étoile la plus brillante que Regulus n’ait jamais connue. 

Notes:

Partie 2 en approche... :)