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La Taupinière 3

Summary:

Plus d'un an après les évènements du tome précédent, alors que Cox a disparu dans la nature avec ses acolytes et Daniel, une nouvelle enquête rallume la flamme de sa recherche

Chapter 1

Summary:

TW : mention de mort, mention de médicaments, légères hallucinations

Chapter Text

Franck appuya sur le bouton pour éteindre son écran, et se leva. Dehors, il faisait encore jour, l’un des nombreux bon côtés du retour du printemps. Avec lui, la neige était partie, les arbres avaient retrouvé leurs feuilles, l’air était doux avec un fond frais particulièrement agréable. Il rangea ses dossiers, prenant soin de tout replacer correctement, rangeant son bureau minutieusement. Quelques chuchotements à ses oreilles le déconcentraient légèrement, mais le traitement qu’il suivait depuis près d’un an et le retour de Vanessa Martoni en tant que psychiatre l’aidait bien plus que tout ce que Cox avait pu lui donner. Il descendit des bureaux et se rendit dans le vestiaire afin de retirer son uniforme et d’enfiler ses habits civils. En ressortant devant le commissariat, il vit Chloé qui revenait de patrouille.

« Bonjour sergent Peine !

- Bonjour Chloé, comment allez-vous ?

- Ça va sergent, je reviens de patrouille. C’est drôlement plus agréable maintenant que je rentre pas alors qu’il fait déjà nuit.

- Ah ça je vais pas vous contredire, officière.

- Et puis il fait bon, y a des fleurs, c’est affreux que demain ça ne soit pas le week-end, qu’est-ce que je donnerais pas pour pouvoir passer la journée allongée dans un parc.

- Je suis plutôt du genre casanier mais vous me donneriez presque envie !

- Vous devriez essayer, avec votre copine. Je suis sûr qu’elle serait contente !

- Vous avez raison, j’y penserai. Vous avez vu un psychiatre chauve pendant votre patrouille ? »

Peine et Chloé s’était mis à faire cette blague après des mois de recherche infructueuse de Cox, lorsqu’il était devenu évident qu’il ne serait pas rapidement retrouvé, lui comme ses acolytes ou Daniel. Lorsque s’énerver n’avançait rien, alors autant en rire.

« Malheureusement non, et vous, vous avez retrouvé Daniel grâce aux témoignages des Santonos ?

- Toujours pas. Et si je devais suivre toutes les pistes de gens m’ayant assuré avoir vu Cox après avoir aperçu un chauve en costume, je passerais ma vie sur le terrain.

- Allez, demain ça sera la bonne, sergent !

- Demain sera la bonne ! »

Ils eurent un petit rire puis se souhaitèrent une bonne journée avant de se séparer. Abi arrivait également, et elle échangea un signe de tête avec Franck, qui poursuivit son chemin. Il rentra chez lui et prit sa voiture, se rendant plus loin en ville. Il se gara sur le parking du cimetière et descendit de son véhicule. Parcourant les allées entourées de tombes, il finit par s’arrêter devant une faite de granit blanc. Le nom Julien Grine y figurait, accompagné de dates, épithète, et d’un drapeau américain signifiant sa mort en service. Quelques fleurs décoraient la stèle, certaines fanées, d’autres plus récentes, laissées par sa famille ou d’autres collègues. Cela faisait maintenant plus d’un an que le jeune homme était mort, mais Peine ne parvenait pas à faire disparaître son sentiment de culpabilité.

Un bien drôle de sentiment. Il avait tué plus d’une fois, souvent en étant lui-même l’attaquant. Il n’avait pas d’affection particulière pour la police. Et pourtant se retrouvait-il chaque semaine devant la tombe de celui dont il avait été en charge et qu’il avait échoué à protéger, alors qu’il allait commencer une nouvelle vie, faire ce qui lui plaisait réellement. Comme il avait échoué à protéger Daniel. Comme il s’était juré de réparer son erreur, de réunir les deux cousins et de s’assurer qu’ils ne finiraient pas leur vie dans un gang. Il allait réparer l’erreur qu’il avait commis tant de fois par le passé. S’assurer que les deux cousins, qui avaient encore du temps devant eux, ne se retrouvent pas comme lui coincé au service d’un groupe pour lequel il n’avait dans le fond aucune attache, que des dettes. Après de longues minutes devant la tombe de Julien, Franck s’en détourna. Il ressorti du cimetière après avoir visité une seconde tombe ornée de fleurs de cerisier, les yeux humides, et retourna dans sa voiture, se rendant chez Sarah.

« Franck ! Comment tu vas ? »

La journaliste prit sa veste et la mit sur son portemanteau, tandis qu’il entrait dans sa maison.

« Fatigué mais ça va, et toi Sarah ?

- Je vais bien ! Je suis un peu en mal de sources pour continuer mon article sur la police en ce moment, mais je ne désespère pas, je vais en trouver.

- Ah, toujours dessus ?

- Je compte bien le sortir un jour. Boid m’a fait des excuses probablement sincères mais je ne veux pas qu’il reste flic ce type. Il est pas trop dans tes jambes en ce moment ?

- Non, ça va. Il m’a un peu lâché depuis quelques semaines. Je pense que c’était les un ans de… tu sais, tout. C’est ça qui l’avait rendu agité. Là il s’est calmé à nouveau.

- Oui bah j’espère qu’il ne va pas le refaire tous les ans hein, il est déjà assez désagréable en temps normal pour pas en plus te chercher des poux comme ça. Et mentalement, ça va comment ?

- Les petites voix m’ont pas trop agacé, ça va. Au besoin, mon prochain rdv avec Martoni est dans deux semaines. Et toi au travail, ça se passe bien ?

- Oui, Kenneth a une nouvelle obsession ces derniers temps, sur les coléoptères. Il veut absolument que je fasse un article sur ceux de Los Santos. Autant te dire que j’ai mieux à faire mais bon, s’il y tient je peux bien faire un effort. C’est toujours ça de pris pour qu’il m’ait à la bonne. »

Ils passèrent la soirée ensemble, préparant un dîner, le mangeant, puis continuant de discuter. Franck finit par se lever, affirmant qu’il avait beaucoup à faire le lendemain. Ils s’embrassèrent sur le pas de la porte et s’échangèrent un dernier sourire, avant que Sarah ne referme la porte et que Franck ne retourne à sa voiture. Il démarra quelques instants plus tard afin de rentrer chez lui.

Chapter 2

Summary:

TW : mention de mort, deuil, mention de suicide, arme à feu

Chapter Text

Sarah se tenait droite, les bras croisés, des lunettes de soleil cachant ses yeux humides, sa robe noire agitée par une brise douce, sous un ciel bleu au soleil de matinée éclatant. À quelques mètres devant elle, Boid terminait son discours, d’une voix légèrement tremblante et décontenancée. Il était le dernier à passer. Le silence tomba sur le cimetière, tandis que les quelques dizaines de personnes présentes se mirent lentement en petit groupes, pour échanger quelques mots à voix basse. Les employés funéraires commencèrent à jeter de la terre dans la tombe, abîmant les fleurs qui avaient été déposées sur le cercueil de Franck par la petite foule en deuil. Des policiers, pour la majorité, mais aussi quelques membres du LSMS et quelques civils. Sarah, quant à elle, restait immobile. Depuis cinq jours, et la mort de Franck, son esprit était rempli d’émotions contradictoires. Un mélange de tristesse, rage, une envie de violence et en même temps de dormir pour très longtemps. Le visage de Franck, son dernier sourire avant qu’elle ne referme la porte, lui restaient en tête, lui revenant dès qu’elle fermait les yeux. Elle se disait qu’elle aurait dû savoir, et pour autant, comment aurait-elle pu deviner qu’il serait mort avant même le prochain lever de soleil ?

« Vous êtes madame Carter ? »

Sarah se tourna dans la direction de la demande, et se retrouva face à une jeune policière portant un béret blanc. Elle se contenta d’acquiescer, sans répondre.

« Je suis Chloé Sterling, l’une des collègues de Franck »

Elle aussi semblait secouée, et ses yeux étaient rougis à force de pleurer.

« Je voulais vous présenter mes condoléances. Le sergent Peine me sou… m’avait beaucoup soutenue. Il a toujours été gentil avec moi. Je… euh… J’enquêtais avec lui sur Cox, et tout ce qui s’est passé l’an dernier. Il vous aimait beaucoup, même s’il parlait rarement de lui. »

Sarah détourna le regard, un léger sourire amer sur les lèvres. Chloé continua, la gorge serrée :

« Même si on a dit que c’était un suicide au tout début, on… On pense plus vraiment, en fait. On pense que c’est Cox. »

La journaliste eut une expression indéchiffrable et demanda, parlant pour la première fois depuis son propre discours :

« Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? »

Chloé sursauta presque, surprise par la réponse, et semblant en même temps soulagée d’en avoir enfin une.

« Je… J’ai pas le droit d’en parler… »

Sarah détourna à nouveau le regard, les dents serrées, et Chloé s’approcha d’elle avant d’affirmer en chuchotant presque :

« Mais je fais partie de l’enquête. Je suis censée retourner à l’appartement aujourd’hui à cinq heures pour faire des photos supplémentaires. Je serai seule. Si vous le dites à personne je peux… enfin… Vous laisser entrer. »

La journaliste regarda alors Chloé dans les yeux, et cette dernière recula d’un pas, se sentant toute petite face à la colère visible dans son iris malgré les lunettes de soleil.

« D’accord. Je vais venir »

Répondit Sarah d’une voix basse. Chloé hocha la tête, ne sachant pas comment finir la conversation, et lui fit un petit geste maladroit de la main avant de retourner vers ses collègues. Dans la foule se trouvait Vanessa, psychiatre à la fois de Franck et Sarah. Elle hésita à aller lui parler, mais vit Antoine légèrement en retrait, portant un costume noir à cravate jaune, couleur autant représentative de lui que des Vagos. Derrière lui, dans un costume semblable, se trouvait un homme mince et de grande taille, au crâne rasé. Si ses souvenirs étaient bons, il se prénommait Inigo. Elle alla dans leur direction. Antoine arborait un visage fermé, qu’il n’avait presque pas quitté depuis la disparition de son cousin.

« Bonjour Sarah »

Sa voix était sérieuse et triste. Inigo se contenta d’un hochement de tête pour seule salutation.

« Bonjour Antoine. Je ne m’attendais pas à te voir ici… Il y a beaucoup de policiers. »

Antoine haussa les épaules et rétorqua :

« J’ai rien fait d’répréhensible. Et j’voulais v’nir. M’sieur Peine m’a beaucoup aidé. Et il a beaucoup aidé mon cousin. »

Il fit une pause, fixant la tombe où la terre avait maintenant complètement recouvert le cercueil.

« On va retrouver Cox. J’sais qu’c’est lui. Les autres Vagos ils veulent pas trop s’en mêler, ils disent que Cox il est sûrement parti de l’île, mais moi j’vais l’retrouver. Et j’vais venger m’sieur Peine, et retrouver Daniel. »

Sarah remarqua une bosse dans sa veste de costume, et elle avait assez d’expérience pour reconnaître là une petite arme à feu. Antoine avait maintenant dix-huit ans, il avait bien le droit d’en porter une. Et pourtant, elle semblait bien étrange sur le garçon, presque malsaine. Ses yeux fatigués étaient témoins du fait qu’il avait été forcé à grandir bien trop vite.

« Qu’est-ce qui te dis qu’il s’agit de Cox ? La police a parlé d’un suicide.

- C’est Cox. C’est sûr. Pourquoi m’sieur Peine se serait fait ça ? Il m’a promis qu’il allait retrouver Daniel. Il me l’a promis. Il tient toujours ses promesses, m’sieur Peine. Ça peut pas être lui. C’est forcément Cox. »

Sarah regarda ailleurs, inconfortable face à la colère profonde qu’elle lisait dans les yeux du jeune homme. Elle n’arrivait pas à se faire à cette vision d’un Antoine où toute innocence, toute candeur, semblaient avoir disparu.

« Fais juste attention à toi, Antoine. D’accord ? Ne prends pas des risques trop importants. Tu es encore jeune.

- Mon cousin aussi il est jeune. Et Cox ça l’a pas dérangé. Alors j’vais l’retrouver et j’vais… J’vais… J’vais l’tuer, voilà ! »

Ces mots sonnaient hors de leur place dans sa bouche, comme prononcés par un autre, et pourtant c’était bien sa voix qui vibrait d’une haine aiguë en prononçant le nom de l’ancien psychiatre. Sarah regarda Inigo et demanda :

« Faites attention à lui, d’accord ? »

Le Vagos hocha la tête. Lui aussi semblait victime d’une grande fatigue. L’année passée avait aussi été difficile pour le gang, entre la mort de leur jefe, la trahison de trois membres… Pour Inigo, la naissance de sa fille, qui aurait bientôt un an, ne devait pas aider à se reposer.

« On y va, tonton Inigo ? »

Demanda Daniel. Le Vagos approuva et le suivit, toujours silencieux. Sarah se tourna à nouveau vers la tombe et le reste de la foule. D’autres policiers avaient commencé à partir également. Le bouquet de roses rouges apporté par Sarah se trouvait par terre à côté du trou, attendant que la tombe ne soit refermée par une stèle de grès blanc, ne se distinguant plus au milieu des innombrables autres, autant de celle à sa droite sur laquelle personne n’avait posé de fleurs depuis un long moment, que celle à sa gauche où des fleurs de cerisier commençaient à faner.

Chapter 3

Summary:

TW : mentions de mort, dispute, violence verbale, mention d'arme à feu

Chapter Text

Le trajet en voiture jusqu’à Jamestown Street fut silencieux. Inigo au volant, Antoine sur le siège passager, la ville défilant derrière les vitres. Le jeune homme regardait au dehors, les dents serrées, se tordant les doigts. Ils arrivèrent finalement au quartier du gang, passant devant la figure de la Vierge Marie qui semblait les regarder de ses yeux profondément doux. Inigo se rendit vers sa propre maison et y entra, tandis que Antoine se rendait vers la maison qui avait été celle de Lenny. Il toqua, et Miguel lui ouvrit :

« Alors, Antoine ? Ça va ? »

Le jeune homme hocha la tête et entra, ouvrant sa veste et défaisant son nœud de cravate avant de répondre un faible :

« Oui jefe »

Il alla dans le salon où il avait maintenant pris l’habitude de venir s’installer quand la tristesse l’envahissait, afin de retrouver sa concentration, et s’assit dans le canapé. Mathéo sortit d’une pièce attenante et fit un signe de tête à Antoine, qui y répondit. Miguel arriva à son tours dans le salon et demanda :

« Les flics t’ont pas posé de problèmes avec Inigo ?

- Non. Certains m’ont jeté des sales regards mais c’est tout. Y a Sarah qu’est venue me voir.

- La journaliste ? » demanda Mathéo « Elle voulait quoi ?

- Oui, elle. » clarifia Antoine « Elle voulait voir comment j’allais. Elle… »

Il se tut un instant et regarda le sol, soudain pris de honte.

« J’lui ai même pas demandé comment elle allait. M’sieur Peine c’était son copain pourtant.

- Sí, on a surtout une dette envers elle » fit remarquer Mathéo « C’est Lenny qui lui a promise quand elle nous a aidé y a un an et demi. Tu devrais avoir plus de considération pour elle. Pour respecter Lenny.

- J’en ai » protesta Antoine en affrontant son regard. « J’ai toujours de la considération pour le jefe. »

Mathéo haussa les épaules, prêt à répondre, et Miguel intervint :

« Eh, vous deux là, vous allez pas vous y remettre hein ! J’ai déjà dit que j’en pouvais plus de vos disputes ridicules, et vous recommencez dans mon salon ? Maintenant vous vous taisez. »

Mathéo allait protester mais un regard noir du jefe l’en dissuada. Un silence tendu tomba dans la pièce, et Antoine demanda finalement :

« Elles sont où Kim et Haylie ?

- En ville » répondit Miguel « Elles font une ronde au Unicorn, histoire de rappeler qui commande.

- On en a parlé à la dernière réunion » continua Mathéo, d’un ton désagréable « Tu te souviens pas ?

- Si j’me souviens ! » s’agaça Antoine « J’savais juste pas qu’c’était aujourd’hui qu’c’était prévu ! Miguel il a dit d’arrêter, alors arrête !

- J’ai rien dit de particulier » rétorqua Mathéo en levant les yeux au ciel « C’est toi qui t’énerve pour rien là »

Antoine se leva alors et s’approcha de Mathéo, qui ne flancha pas et maintint son regard.

« M’sieur Peine il m’a beaucoup aidé, ok ? J’ai l’droit de pas être en forme alors que Cox vient d’le tuer !

- Qui a dit le contraire ? » répondit Mathéo « J’ai dit le contraire ?

- Non mais j’ai bien compris. C’est pas parce que t’as pas de famille qu’il faut t’sentir supérieur comme ça.

- Eh, oh ! » s’énerva Miguel « Vous arrêtez maintenant ! J’en peux plus. Mathéo, retourne faire tes trucs en cuisine, Antoine tu viens avec moi dehors. »

Voyant qu’aucun des deux ne bougeait, le jefe haussa le ton :

« Maintenant. »

Mathéo finit enfin par se détourner, et sortit de la pièce, tandis que Antoine se tournait vers Miguel. Ce dernier le saisit par l’épaule et ils sortirent sur le porche.

« Antoine, il va falloir que je le répète combien de fois ? » fit Miguel, clairement énervé « Toi et Mathéo vous allez arrêter votre petit manège. Votre concours de qui est le Vagos le plus fidèle là ça commence sévèrement à me les briser, et pas qu’à moi d’ailleurs.

- Mais c’est lui qui…

- C’est lui qui rien du tout, Antoine ! » interrompit Miguel « C’est lui qui rien du tout ! J’ai compris, tu veux retrouver ton cousin, moi aussi, ok ? Alors tu fais du zèle, tu fais le parfait petit Vagos, j’ai saisi tout ça, j’suis pas con. Mathéo est pas mieux que toi, me fais pas dire ce que j’ai pas dit. Mais maintenant, vous arrêtez vos gamineries, pigé ? Kim et Haylie aussi ça les énerve. Kim m’a même dit que si toi et Mathéo vous êtes dans la même pièce, elle se barre parce que c’est insupportable. C’est vraiment ça l’impression que tu veux donner ? »

Antoine baissa les yeux, soudainement honteux mais sa colère faisant toujours battre son cœur dans ses tympans. Miguel répéta :

« Antoine, c’est ça l’impression que tu veux donner ?

- Non, jefe » répondit-il d’une petite voix.

Miguel hocha la tête et retourna dans la maison, laissant le jeune homme seul dehors. Depuis l’intérieur, des éclats de voix se mirent à se faire entendre, montrant que Mathéo n’était pas exempt du sermon de leur chef. Antoine alla alors s’asseoir plus loin, sous un arbre. Il retira sa veste de costume noire et la plaça au sol comme un oreiller avant d’y poser sa tête, regardant le ciel. Il sentit la dureté de son arme contre son crâne et réarrangea le coussin improvisé pour ne pas la sentir. Une boule lui était montée dans la gorge, mais il se refusait à pleurer. Il refusait de montrer sa faiblesse devant les autres Vagos. Il était mille fois plus fort que Mathéo, et ils finiraient par le voir. Ses yeux se remplirent de larmes chaudes, mais il les essuya, serrant les dents pour réprimer les sanglots qui lui venaient. Si Daniel était là, il serait de son côté.

Chapter 4

Summary:

TW : mention de mort, sang, arme à feu

Chapter Text

Lorsque l’heure arriva, Sarah se présenta devant l’immeuble de Franck, à cinq heures pile comme convenu. Chloé arriva après quelques minutes à son tours et gara sa voiture devant le bâtiment avant d’en sortir. Elle eut un petit sourire :

« Rebonjour madame Carter.

- Bonjour madame Sterling. »

La voix de Sarah était toujours aussi neutre et tendue que lors des funérailles quelques heures auparavant. La policière continua :

« Bon, du coup comme j’vous ai dit, normalement j’ai pas l’droit de vous faire rentrer, mais si vous dites rien c’est bon. »

Sarah hocha la tête et Chloé les fit alors entrer dans l’immeuble. Elles montèrent les escaliers, avant de finalement arriver devant la porte de l’appartement, où avaient été tendus des rubans jaunes et noirs ainsi qu’un papier interdisant l’accès pour cause d’investigation policière. Alors que Chloé sortait un appareil photo du LSPD, Sarah indiqua la poignée de porte :

« Ça fait partie des raisons pour lesquelles vous pensez que ça n’est pas un suicide ? »

Chloé hocha la tête avant de prendre la zone en photo. La plainte autour était pleine de marques et il était évident que la porte avait été forcée de l’extérieur. La policière affirma :

« C’est un de nos gros indices oui. Quand on est arrivés après un appel des voisins, la porte était fermée mais pas verrouillée, et il y avait des marques. On a tenté de prendre des empreintes mais il n’y avait rien. »

Elle ouvrit finalement la porte et les deux femmes entrèrent dans l’appartement. Ce dernier était toujours aussi peu décoré, des murs blancs nus portant parfois un cadre. Les meubles étaient bon marchés et gris, et les étagères du salon remplies uniquement de livres de cuisine et quelques romans policiers. Sur le plan de travail de la cuisine, un verre était renversé. La majorité de l’eau s’était évaporée, à l’exception d’un petit fond. Chloé prit aussi cela en photo. Sarah demanda :

« Vous pensez que ce n’est pas un suicide alors ? Que c’est un meurtre ?

- En tout cas on l’envisage sérieusement ! Le verre renversé c’est pas l’seul truc étrange, y a quelques autres affaires en désordre.

- Des traces de lutte, vous voulez dire ?

- Possible. Avec la porte forcée c’est même probable.

Elles continuèrent de parcourir l’appartement, arrivant finalement dans la chambre. Le lit aux draps gris était défait, et une grosse tâche sombre imbibait l’oreiller. Sarah demanda, la voix tremblante :

« Est-ce que c’est là que… »

Chloé répondit, évitant de regarder le lit :

« C’est là qu’on l’a trouvé, oui. »

Sarah inspira profondément, sentant comme un bourdonnement dans ses oreilles, et elle détourna le regard. La policière prit alors en photo un placard laissé entrouvert, avant de l’ouvrir et de prendre en photo l’intérieur, lui aussi en désordre. Cela était étrange, venant de Franck, car toutes les fois où Sarah était venue, tout était impeccablement rangé. Non seulement il semblait qu’il y avait eu des traces de lutte, mais aussi que quelqu’un avait fouillé les lieux. Chloé prit quelques autres photos des lieux, avant de finalement affirmer, en rangeant son appareil :

« Bon, je dois vous dire quelque chose. L’arme que monsieur Peine a utilisé pour… Enfin… En tout cas voilà, ce n’était pas la sienne. C’est ça la chose principale qui nous a fait renconsidérer. »

Sarah se tourna vers Chloé et demanda :

« C’est-à-dire ? »

Chloé continua en se tordant les doigts, semblant incapable de la regarder dans les yeux :

« L’arme était enregistrée comme appartenant à Cox. Celle de Franck, elle, est dans le tiroir de sa table de nuit. »

Elle joignit le geste à la parole et ouvrit le tiroir, montrant bien la présence de l’arme.

« Il y a trop d’éléments étranges. La porte forcée, le désordre qu’on dirait causé par une lutte, les placards fouillés, l’arme utilisée…

- Alors vous pensez que Cox est responsable ?

- C’est très probable, oui. C’est c’que l’enquête tend à montrer pour le moment. »

Sarah sortit de la chambre, se soutenant à moitié d’une main posée sur le mur. Elle fixait le sol, sa respiration tendue. Chloé sortit aussi de la chambre mais ne la regarda pas, incertaine de quoi faire ou dire.

« Est-ce que vous pensez que je pourrais recevoir les affaires de Franck ? Celles sur son bureau ? »

Chloé sursauta presque de la prise de parole de Sarah, et répondit :

« Euh, peut-être oui, enfin, on peut voir pour vous les donner, j’sais pas ? Peut-être que l’capitaine va vouloir les garder pour l’enquête, j’vais demander. Je vous redis, euh… Je peux avoir votre numéro ? »

Sarah hocha la tête et donna son contact à Chloé, qui le rentra dans son répertoire et lui envoya un message pour que Sarah ait son numéro également.

« Voilà, si on peut vous rendre ses affaires, je vous dirai. »

Sarah hocha la tête en remerciement. La policière regarda ailleurs, et ouvrit plusieurs fois la bouche comme pour parler, sans réussir à savoir quoi dire, avant de finalement affirmer :

« Je… J’étais aussi amoureuse de quelqu’un qui a été tué. C’était par les Families. Le sergent Peine m’a bien aidée. Je… Enfin voilà, si vous avez besoin de discuter je… Je peux un peu comprendre votre situation. Je pense. »

Sarah se figea un instant à la mention des Families, puis souffla :

« On verra. C’est gentil de votre part. »

Chloé eut un petit sourire maladroit et s’empressa d’ajouter :

« Enfin, il a été tué parce que…

- Oui, je sais. Il était infiltré, et s’est fait avoir. Franck m’en a parlé. »

La policière s’interrompit, et Sarah marmonna, plus pour elle-même que pour son interlocutrice :

« Les gangs et Boid… Toujours eux. »

Chloé se tordit les doigts avant d’affirmer :

« Il faudrait qu’on y aille, désolée. Je ne suis pas censée rester ici pendant des heures.

- Oui, je comprends. Excusez-moi.

- Non, non, ne vous excusez pas, c’est… Enfin… c’est normal quoi. »

Sarah regarda alors Chloé dans les yeux, cette dernière retenant presque sa respiration de surprise, et affirma :

« Je vais pas vous manger, vous savez. Vous pouvez vous détendre. »

Chloé détourna le regard et se frotta le bras, en répondant d’un air un peu penaud :

« Désolée »

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