Chapter Text
- "...jours soient emplis de lumières et de rêves que je vous souhaite…"
- "Alors Harry, pas trop triste ?"
- "Je ne dirai pas triste Seamus... Plutôt nostalgique."
- "Moi ça va me faire un vide et il n'y a qu'un seul moyen de le remplir!"
- "Je suppose que tu parles de nourriture Ron ?"
- "Ah mon cher ami, perspicace jusqu'au bout !"
- "Quand allez-vous vous taire bon sang ? Un peu de respect pour le discours de McGonagall !"
- "Mais ça va faire une bonne dizaine de minutes et j'ai faim!"
Des rires silencieux s'échappèrent de la table des Gryffondors et plus particulièrement du côté des septièmes années, qui avait officiellement fini leurs études à Poudlard à partir de ce soir. Certains étaient tristes de quitter ce cocon rassurant pour entrer dans la vie active, d'autres emplis de nostalgie envers cet immense château qui les a vu grandir, et quelques-uns qui avaient hâte de réaliser leur projet d'avenir.
Il y avait donc ceux qui écoutaient religieusement la nouvelle directrice, qui tentait, par ses paroles, de leur donner l'espoir en leur futur et il y avait ceux qui n'écoutaient que d'une oreille car tout était déjà tracé dans leur esprit.
- "...Et que mes vœux vous accompagnent mes chers élèves."
Le long discours de McGonagall venait de prendre fin, annonçant le dernier repas que prendront ceux qui allaient définitivement partir le lendemain. Cette année, le corps professoral avait décidé de donner la soirée aux étudiants afin de profiter une dernière fois de leurs amis, camarades, aînés. Une dernière nuit avant de se dire au revoir pour la plupart.
- "Bon appétit tout le monde!" S'exclama Ron qui venait de se jeter sur l'assiette de rôtis aux asperges qui venait d'apparaître devant lui.
- "Ron, tu n'es qu'un ventre!" S'insurgea Hermione à la vue de son petit ami qui n'avait, décidément, aucune retenue.
- "Allez Herm', c'est le dernier soir, laisse-le en profiter au maximum."
Harry, tout en posant une main sur l'épaule de sa meilleure amie, lui lâcha son plus beau sourire. Cette dernière rougit alors et détourna la tête, accompagné d'un long soupir. Elle n'osera jamais l'avouer, mais il avait raison. Demain, tout sera fini alors ce soir, ce sera " relâche et relaxe " comme chacun avait trouvé amusant de dire.
- "Hermione," lança Neville à la concernée, "tu comptes faire quoi finalement l'année prochaine?"
- "Et bien…" Réfléchit elle tout en mettant de la purée de pois cassée dans son assiette, "Je compte continuer ma lutte pour le S.A.L.E…"
Un petit soupire fut lâché à côté d'elle, ce qui valut à son propriétaire roux un regard noir.
- "...donc je pense essayer d'entrer au département de contrôle et de régulation des créatures magiques." Finit-elle dans un sourire
- "La classe!" S'exclama Neville, enjoué.
- "Et toi? Toujours décidé de faire professeur de botanique?"
- "Bien sûr! Je ne me vois pas faire autre chose."
- "Tu as bien raison." Lâcha Harry un peu plus loin qui suivait la discussion.
- "En revanche, en ce qui te concerne, la question ne se pose pas. C'est tellement évident!" Rigola Dean dans un grand sourire, qui était en face du héros de la guerre.
- "Toi aussi tu es persuadé que Harry va faire professeur de potion?!"
- "Ron, tu es vraiment bête!" Explosa de rire le dénommé, accompagné de toute la table.
- "Sinon, oui, je vais me diriger vers une carrière d'Auror. Après tout, comme toi Neville, aujourd'hui je ne vois pas faire autre chose."
- "Tu as tout pour réussir Harry." Lui sourit Hermione.
- "Merci. Selon le chef actuel des Auror, je n'aurai même pas à passer par toutes les étapes de formation donc…"
- "Ouah Harry! Ça, c'est super méga classe! Je pense que je parle au nom de tous en disant qu'avec toi dans les parages, on peut dormir tranquillement sur nos deux oreilles!" S'exclama Crivey, toujours autant fan du brun.
Quant à ce dernier, il ne put résister et rougit jusqu'aux oreilles, toujours gêné de recevoir ce genre de compliment. Il reçut d'un coup une tape amical de la part de son ami au cheveux roux, accueillit d'un sourire.
- "Et toi Ron? Toujours décidé à suivre Harry dans une carrière d'Auror?"
- "Oui je suis décidé! Je ne laisserai pas se reproduire les atrocités que ma famille à subit, en particulier George…"
Un silence s'ensuivit, mettant quelque peu mal à l'aise la table d'or et de rouge.
- "Ne faites pas ces têtes! C'est notre dernier soir alors, amusons-nous!" S'exclama Ron avec sincérité et finalement, tout à chacun se remis gentiment à discuter de leur avenir et de leurs projets, certains farfelus, faisant rire de temps en temps les Gryffondors, et d'autres plus sérieux qui méritent parfois réflexion.
De l'autre côté de la salle, les discussions, certes moins énergiques mais tout autant intéressantes, s'élevaient de la longue table des Serpentards. Bien qu'elle soit un peu plus vide que les autres, il n'était pas non plus question de gâcher l'ambiance.
- "Tu es vraiment sûr de toi?"
- "Évidemment. Rester à Londres n'est pas particulièrement une bonne idée pour le moment et je suis certaine qu'en Suède, j'apprendrai tout ce dont j'aurai besoin."
- "Pansy, reprendre l'affaire familiale est une chose, mais tout reprendre depuis le début va être particulièrement difficile. Trouve toi un riche mari, ça te convient mieux."
- "Tu n'es qu'un horrible cafard Blaise."
- "Et la grimace ne te va pas du tout ma chère."
Pansy, offusquée par son voisin de table, releva la tête avec un soupir dédaigneux. Bien sûr qu'elle avait prévu au départ de se marier mais avec la guerre, le mariage tant convoité avec l'une des plus puissantes et riches familles de sangs purs avait été éconduit et pour la simple raison que ses parents étaient en prison. Elle avait été relaxée, faute de preuves contre elle qui était restée à Poudlard et donc sous protection des enseignants.
- "Et si on parlait de toi, Blaise", grimaça-t-elle. "Tu ne vaux pas mieux."
- "En quoi devenir chroniqueur pour le chicaneur est une mauvaise idée ? Je trouve que ça me correspond parfaitement."
- "Tu as raison mon ami," intervint Nott avec une tape sur l'épaule. "Elle a surtout peur que tu racontes toutes les horribles choses qu'elle a pu nous faire subir et ainsi, ne jamais trouver de mari convenable."
Les deux jeunes hommes se mirent à rire ensemble, ignorant les nombreuses insultes vociférées par leur voisine.
Un reniflement dédaigneux se fit entendre et les trois jeunes gens se retournèrent en même temps vers une tête blonde.
- "Ça ne va pas Draco?" interrogea Pansy d'une voix faussement douce.
- "Vous n'êtes qu'une bande d'imbécile idéaliste."
- "Mais vous, monseigneur Malfoy, qu'a prévu votre auguste personne ?" Ironisa Blaise, pas le moins impressionné par le regard noir qu'il venait de recevoir.
Cependant, aucune réponse ne se fit entendre, seuls les regards curieux s'étaient braqués sur le descendant des Malfoy.
- "Tu ne m'avais pas dit un jour que tu voulais devenir médicomage?"
- "Quoi?! Le grand Draco Malfoy veut sauver la veuve et l'orphelin?!"
- "Ne raconte pas n'importe quoi!" Vociféra le blond en tapant de ses deux mains la table en bois.
- "Mais, j'étais pourtant sûre que…"
- "Pansy, avec tout mon respect, ferme-là !"
A nouveau, la jeune femme, offusquée du ton que les hommes employaient avec elle ce soir, reprit son air dédaigneux et décida de ne plus leur accorder la moindre importance d'ici le repas terminé.
- "Ce n'est pas comme ça que l'on parle à une lady Draco." Renchérit Nott, espérant une nouvelle réaction mais rien ne suivit, et il se lassa tout aussi rapidement.
Quant à l'aristocrate blond, il avait simplement haussé les épaules tout en touillant dans son potage de légumes. Comme s'il allait dire qu'en effet, il aurait bien voulu faire médicomage et ainsi redonner à son nom un peu de poids dans la communauté sorcière, d'autant plus qu'il aimait étudier et qu'avoir la vie de patient entre ses mains avait l'air jubilatoire. Cependant, en y réfléchissant, il s'était vite aperçu qu'au grand jamais quelqu'un lui ferait confiance, à cause de sa lignée. Personne ne voudra se faire soigner par un Malfoy.
Il soupira longuement. Sur le coup, le beau discours de la nouvelle directrice lui avait presque donné du baume au cœur mais en entendant les nombreuses discussions qui s'en étaient suivies, il avait replongé dans le déni total.
Draco avait décidé que pour le moment, il ne ferait rien et resterait sans doute chez lui jusqu'à ce qu'on l'oublie et peut-être, d'ici plusieurs années, il pourra revenir sur le devant de la scène. Ou peut-être pas...
- "Tiens Draco, avant que je n'oublie…"
Blaise sortit de son sac une dizaine de parchemins et les lui tendit tout naturellement sans faire attention à l'air interpellé de l'homme en face de lui.
- "Qu'est-ce que c'est?" Demanda-t-il en levant un sourcil suspicieux, tout en prenant les feuilles.
- "Ce sont les quelques rouleaux de devoirs que je t'ai empruntés et dont j'ai oublié de te rendre. Je n'ai pas envie de m'encombrer." Dit-il avec un grand sourire innocent.
- "Donc c'est à moi de m'en charger si je comprends bien... Tu ne te foutrais pas de moi?!"
- "Bien sûr que non! Jamais je n'oserai!"
A cela, Draco commença à montrer les dents, signe avant-coureur de sa colère.
- "Avant que tu ne t'énerves", ajouta-t-il, "il fallait que je te dise que cela m'a grandement aidé."
- "Quoi ? "
- "Il a, pour une fois, raison." S'exclama Pansy qui avait oublié sa bonne résolution d'il y a quelques minutes, "tu as toujours eu une façon nette et précise de retranscrire les idées majeurs des cours."
Draco, étonné, remarqua que tout le monde à leur table hochait la tête, en ajoutant des "entièrement d'accord" et des " C'est bien vrai".
- "Je vois que mes notes ont largement été partagées, rapaces…"
La nuit était tombée depuis bientôt une heure, et les jeunes sorciers étaient en train de quitter leur tables respectives. Chacun jeta un dernier coups d'œil à cette grande salle qui les avait accueillis durant plusieurs années.
- "Au revoir ma table adorée!" S'exclama Ron dans de grands signes de bras, faisant en même temps rire tous ses amis.
- "Tu es incorrigible." Souffla Hermione.
- "Peut-être, mais je sais qu'au fond, ça ne te dérange pas." Dit-il avec un grand sourire.
Et comme toujours, cette expression si franche et heureuse fit rougir son amie.
- "Ron, tu es un dragueur naît." Lui murmura Dean à l'oreille en lui donnant un coup de coude amicale dans les côtes, et devant l'air d'incompréhension du jeune roux, il ne put s'empêcher de pouffer de rire en répétant que c'était encore pire que ce qu'il croyait.
De son côté, Harry traînait un peu la patte. En passant à côté de la grande porte, il entendit un long soupir prêt de lui. Il tourna la tête, pensant qu'il s'agissait d'un de ses amis qui avait tout autant de mal que lui à quitter cet endroit quand il se trouva nez à nez avec Draco, qui, sur le coup, ne l'avait pas vu.
Harry le dévisagea et vit dans les yeux gris de son plus ancien ennemi un mélange de tristesse et de résignation. Il avait l'air perdu mais tout ceci disparut quand il tourna la tête vers lui. Il se fixèrent l'un l'autre sans savoir s'il devait se lancer une dernière pique.
Lorsque le jeune homme brun allait ouvrir la bouche, pour dire quoi d'ailleurs, un sifflement sortit entre les dents serrées de Draco et sans un mot, il se détourna de lui, la tête haute et l'expression hautaine qu'il avait toujours arboré. De sa démarche d'aristocrate, il s'éloigna d'Harry, qui était resté là, sans rien dire.
Quand ce dernier sortit de son observation et qu'il allait répliquer de même, et malgré qu'il sût cela puéril, il vit le seul et l'unique Draco Malfoy, toujours de dos, lever nonchalamment une main.
A ce moment, Harry, dans un sourire presque triste, savait qu'il ne le reverrait sûrement jamais.
- "Harry, qu'est-ce que tu fais? Dépêche-toi ou la fête va commencer sans toi!"
Dans un sursaut, le jeune homme partit rejoindre son meilleur ami, tout en jetant un dernier coup d'œil, sans apercevoir celui qui allait, à sa grande surprise, lui manquer.
- "Mais juste un peu…" murmura-t-il
- "D'accord d'accord, juste un peu de bièraubeurre, je te le promets sur mon honneur de Weasley."