Chapter Text
Mon dieu, que les conseils restreints sont ennuyeux à mourir. Que du bla-bla inutile, et aucun intérêt à se réunir. Le roi et ses conseillers préfèrent parler de chasse. Et je ne peux même pas espérer quitter cet endroit ou dire quoi que ce soit. Je suis censée apprendre mais je ne fais que remplir des verres. Et pour ne rien arranger, Rhaenyra est en retard.
Les seigneurs autour de la table ne sont pas tous méchants, mais ils sont ennuyeux. Lord des Essaims correspond plus à un grand-père sénile qu'à un grand argentier. Lyonel Fort et Lord Corlys ont trop de potentiel politique pour se réduire à de simples discussions. Puis il y a mon père et le prince qui ne font que se battre lors des conseils, ce qui rend les choses intéressantes. Mais malheureusement, le plus virulent n'est pas là aujourd'hui. Et enfin, Mestre Mellos, l'homme le plus coincé du cul de tout Westeros.
Depuis un moment, Lord Corlys essaie de secouer ses collègues pour contrer une certaine Triarchie, mais cela n'intéresse personne. Pourtant, ils devraient. Qui sait jusqu'où pourrait s'étendre cette alliance ? Par chance, Rhaenyra arrive enfin pour me sauver de ce calvaire. Après être allée voir son père, elle se dirige vers les carafes, où je me trouve également.
— Tu aurais dû venir avec nous Morgane, me dit Rhaenyra en chuchotant. Syrax était en forme aujourd’hui. On aurait pu voler ensemble.
— J’aurais adoré mais mon père ne m’a pas lâché ce matin. Des histoires de mariages.
Nous échappons en même temps, une expression de dégoût, avant de retourner à notre travail. C’est à ce moment que mon père décide de parler du tournoi de l’héritier.
Alors qu’il expose son organisation je ne peux que penser à ce que j’ai vu les nuits dernières. La reine sur un lit, en train d’accoucher. Elle saigne beaucoup et est épuisée. Puis Mellos arrive sous l’ordre du roi, pour lui faire sortir le bébé de force. Ce cauchemar était horrible. Depuis petite j’ai toujours eu des rêves de se genre, angoissant et prédisant presque l’avenir. Ce qui est absurde. Mais en ce moment cela arrive plus souvent et j’ai un sentiment étrange en y repensant. Une sensation qui traverse tout mon corps qui rend presque ça réel. Il m’arrive aussi souvent d’avoir des sentiments de déjà-vu. Ce n’est sans doute rien, mais cela m’arrive trop souvent.
Mes mains moites de sueurs, me font perdre ma carafe des mains. La renversant sur le Mestre Mellos. Je n’ai pas le temps de réparer mes dégâts, que le mestre en colère m’assigne une claque au visage.
— Sale bâtarde ! Comment ose-tu me témoigner si peu de respect.
— C’était un accident espèce de vieux débr….
Je me fais couper par le lever immédiat de mon père. La salle est si silencieuse, qu’on pourrait y entendre les dragons de Fossedragon. Quant à moi je maudis ce vieillard, dont je suis tentée d’insulter de tous les noms. Rhaenyra, qui se trouve à mes côtés, prend ma main et examine ma joue. Heureusement, elle pense que cela ne va pas gonfler. Qu’importe la claque, ce gars est un tordu.
— Allons calmez-vous tous les deux, nous ordonne le roi. Ce n’est qu’un malheureux accident. Je vous prie Mellos de ne plus la qualifier comme
ceci. Lady Morgane est une Hightower et une lady. Quant à toi Morgane, fais attention la prochaine fois. Un échanson ne peut être maladroite.
— Oui Votre Majesté, disons-nous en même temps.
Heureusement pour moi, le conseil se dissipe. Lorsque tout le monde se lève je fixe les sourcils froncés de ce vieux déchet. 10 ans que je reçois des remarques désobligeantes de sa part. Des regards de dégoûts alors que je passe dans le couloir. Pour lui ma légitimité n’est que du vent, je suis et resterais une bâtarde abandonnée et recueillit à Villevieille. À son âge 10 ans ce n’est pourtant rien. La présence de mon père en face de moi me rassure et me permet de me calmer. Au moins lui est de mon côté. Comme à notre habitude, Rhaenyra et moi laissons les hommes partir en premier avant de sortir, le roi toujours dans la salle avec nous. Nous sortons enfin et nous nous dirigeons vers le bosquet royal pour rejoindre ma sœur. Mais mon père nous attendait à côté de la porte. Il salue Rhaenyra et se dirige vers moi. Malgré son air calme, je sens les reproches venir. Une fois à mon niveau, il examine ma joue rouge.
— Il n’aurait jamais dû faire ça. J’en suis désolée ma fille.
— Ce n’est rien. Je ne peux pas plaire à tout le monde
Surtout pas à un coincé. Il sourit tout en me caressant la joue.
— As-tu pu apprendre de ce conseil ?
— Seulement que je dois mieux tenir ma carafe père.
Un petit rire sort de sa bouche, mais il s’arrête un moment pour regarder ma robe, l’examinant de bas en haut. Une longue robe verte, comme la couleur de notre maison, ainsi qu’un décolleté plongeant.
— La prochaine fois, mets une tenue plus adéquate. Je ne te retiens pas plus longtemps.
Il s’éloigne me laissant le passage. Comme à mon habitude, je ne prends pas en compte sa remarque sur ma tenue et pars souriante vers le bosquet. C’est notre lieu à Rhaenyra, Alicent et moi. Même si elles y vont plus que moi. Il m’arrive d’avoir d'autres occupations importantes.
Sur le chemin je croise un groupe de soldats. Parmi ce groupe se trouve Harwin. Une fois au même niveau, je dois me faire violence pour ne pas plonger mon regard dans ses yeux bleu teinté de vert. Mais la tentation est trop grande. Son regard est aussi posé sur le mien. Je me mets immédiatement à rougir. Nous nous saluons comme le veulent les formalités. Une fois quitté de mon champ de vision, je continue à sentir son regard sur moi, faisant battre mon cœur à un rythme inhabituel.
Lorsque j’arrive, mon cœur s’est enfin calmé, mais je ne retrouve que ma sœur, assise au pied de l’arbre. Je n’ai pas le temps de demander où est Rhaenyra, qu’elle se place à mes côtés. Mon cœur loupe un battement ce qui l’a fait rire. Depuis combien de temps est-elle vers moi ?
— Où étiez-vous, nous demande Alicent.
— Très bonne question Alicent, dis-je en me tournant tout sourire vers Rhaenyra. Où étais-tu ?
— Avec Daemon, il est revenu.
En répondant, je remarque qu’elle joue avec un étrange collier qui n’était pas là avant.
— Un cadeau de Daemon ?
Elle acquiesce mais ne rajoute rien. Daemon est connu pour être cruel, sans pitié et indomptable. Mais cela ne semble pas la déranger, au contraire. J’espère qu’elle comprend au moins les risques. Il m’amuse lors des conseils mais ça reste là, il reste odieux. Nous nous installons à côté de ma sœur sous l’arbre en fleur. Rhaenyra décide de totalement changer de sujet, en parlant des différents hommes de la cour. Elle cite plusieurs hommes jusqu’à ce qu’elle se tourne vers moi tout sourire.
— Et toi Morgane, tu ne trouves personne attirant ? Même pas un certain Harwin Fort.
Je rougis, surprise qu’elle me parle d’Harwin. Pourquoi est-ce qu’elle parle d’Harwin ? À mon visage sans doute rouge pivoine, elle s’esclaffe. Alicent à côté ne comprend pas.
— Je le savais !!
J’essaye le mieux que je peux de trouver une excuse à mon malaise, mais rien ne convainc Rhaenyra. Alicent à côté semble enfin comprendre la situation.
— Tu ressens quelque chose pour Ser Harwin Fort ? C’est pour cela que tu t’habilles comme ceci ? Est-ce que père le sait ?
— Par les Sept j’espère que non, dis-je en haussant la voix. S'il l'apprend, il me mariera de force à quelqu’un. Et je m’habille comme je veux.
— Il ne le fera pas. S'il te fait apprendre la politique ce n’est pas pour te marier de force.
Je lance un regard à Rhaenyra qui rigole de cette situation. Alicent et moi avons souvent des différents sur la vision du monde et Rhaenyra s’en réjouit à chaque fois.
— On a le même père ?
Nous rigolons mais mes angoisses sont réelles. Les ambitions de père dépassent notre volonté. Gwayne et moi ne sommes pas encore mariés. Lui âgé de 21 ans et moi de 19 ans, père s’acharne pour nous trouver de bons prétendants. Car selon lui nous commençons à devenir vieux. Je peux comprendre la volonté de nous marier, mais ça n’en reste tout de même pas plaisant à imaginer.
Bon j’ai peut-être exagéré sur le mariage de force, mais pour moi c’est tout comme. Vu son regard choqué, elle ne va rien dire. Finalement nous arrêtons de parler de ça pour à la place aborder nos cours d’histoire avec les septas. Ce que Rhaenyra ne prend pas du tout au sérieux. Elle essaye plusieurs fois de revenir sur Harwin, mais Alicent la recarde à chaque fois. Mais il est évident que quelque chose la perturbe.
— Tu es inquiète à propos du tournoi n’est-ce pas ? Tu aimerais que le bébé ne soit pas un garçon, lui demandais-je inquiète.
— Ce que je veux c’est partir sur Syrax avec vous en direction d’Essos où nous mangerons que du gâteau.
Sa blague ne fait rire aucune de nous deux.
— Tu ne t’inquiètes même pas de ton avenir et ta position, s’énerve soudainement Alicent.
Avec Rhaenyra nous nous regardons sans trop savoir quoi dire. Il est rare qu’elle hausse le ton ainsi.
— J’apprécie celle que j’ai, murmura-t-elle.
Après un temps de silence pour reprendre nos esprits, nous nous levons afin de retourner dans nos appartements. Rhaenyra nous quitte sur le chemin, les siens étant dans les quartiers royaux. Étant les filles de la Main du roi, nos chambres restent proches des quartiers royaux, mais pas trop non plus. La distinction sociale doit rester présente. Après que la princesse est partie nous devons encore monter un étage puis traverser un long couloir.
Tout au fond de ce couloir se trouve ma chambre avec une vue sur la ville. Cela me permet certains soir de profiter des spectacles de la ville, tout en restant dans le calme de ma chambre. J’essaye de sortir en douce certains soirs. Mais le propriétaire de la chambre à côté de la mienne est celle de mon grand frère Gwayne. Son ouïe est tellement fine qu’il arrive à m’entendre lorsque je ferme ou ouvre ma porte. Et bien sûr il dort peu. Mes espoirs de voir un jour un spectacle de rue disparaissent au fil des jours dans ce château.
Une fois dans le long couloir nous passons devant la chambre de notre père, c’est la première chambre du couloir. Comme à son habitude elle est fermée, sans doute à clé. Il est rare que nous le voyions dans ces quartiers. Il est plus dans son bureau à travailler sur des affaires d’état, que de venir nous voir. C’est compréhensible aucun de nous ne lui en voulons. S'il n’y avait pas Gwayne, ça aurait pu me servir à sortir dans la ville la nuit. Nous passons alors devant sa chambre pour aller à celle d’Alicent juste à côté entre celle de Gwayne et père. J’embrasse ma sœur d’un câlin avant de rejoindre ma propre chambre.
Sur le passage je remarque que la chambre de Gwayne est grande ouverte. Mon coup d’œil rapide me confirme qu’il n’est pas là. Je rentre donc dans ma chambre, prête à lire un des nombreux livres que j’ai empruntés à Villevieille. Alors que je ferme la porte, je sens une main se poser sur mon bras gauche. Comme me l’a appris mon frère, j’attrape la main avec ma main droite pour le propulser contre la porte. Utilisant mon bras gauche pour maintenir l’intrus. Le sang encore chaud je prends du temps à remarquer que ce n’est pas un inconnu en face de moi.
— Harwin ?! Mais qu'est-ce que tu fous là ? Tu m’as fait peur putain !!
Je le lâche pour pouvoir m’éloigner. Ses bras se positionnent autour de ma taille afin de me rapprocher de lui.
— Désolée de t’avoir fait peur. Je voulais te voir, après notre interaction dans les couloirs.
Mon dieu que ses yeux sont beaux. Je voudrais me noyer dedans. Je vois ses lèvres bouger, mais je n’entends plus rien. Je ne pense qu’au contact de sa peau sur la mienne. Son torse contre le mien, et ses mains caressant mon dos. Je le coupe dans sa phrase inconnue, pour l’embrasser passionnément. Ce goût m’avait manqué. Tout son être m’avait manqué. En faisant cela, je sais très bien que je ne devrais pas. Si la cour venait à l’apprendre, cela apporterait le déshonneur sur mon père. Il en est hors de question. Mais ce qu’on fait est génial.
Lorsque nous étions encore à Villevieille, il nous était formellement interdit à moi et à Alicent de ne serait-ce qu'à penser au plaisir de la chair. L’architecture Vaegon, fils du défunt roi, nous disait que l’amour et le plaisir n’était pas quelque chose que l’on devait donner aux femmes. Il avait la qualité d’être honnête. Car même si les autres ne le disaient pas, ils n’en pensaient pas moins. Étant mon professeur attitré c’est donc ce genre de discours qui faisait mon éducation. Pendant longtemps j’ai suivi cette doctrine. Mais en arrivant à Port Réal, l’enseignement n’était pas le même. On nous apprenait les mêmes choses, mais si on s’aventurait trop dans le château la nuit, on comprenait que les règles n'étaient pas respectées. Avec Harwin, nous nous sommes trouvés dans le plaisir. Pas d’amour mais seulement du plaisir. C’est ce à quoi je pense lorsque nos corps sont l’un contre l’autre, comme maintenant.
— J’ai vu que ton frère n’était pas là. Cela nous donne l’occasion parfaite, tu ne trouves pas.
Je l’embrasse à nouveau en attrapant sa tête, son cou et ses cheveux.
— Tais-toi, dis-je à bout de souffle.
Il renforce son étreinte pour rapidement me porter jusqu’au lit.