Chapter Text
Une jeune femme se réveilla en sursaut dans une chambre d'hôtel, quelque part aux États-Unis.
Elle se redressa brusquement, haletante, le cœur battant à tout rompre. Ses yeux balayèrent la pièce, encore embrumés de sommeil… ou de confusion.
Où suis-je ?
La chambre était propre, sobrement décorée. Les rideaux filtrent une lumière blanche de fin de matinée. La climatisation ronronnait doucement, diffusant un air trop frais sur sa peau nue. Elle tira les draps sur elle pour s'en couvrir, puis se figea.
Qu'est-ce que… ?
Elle fronça les sourcils, tentant de rassembler ses souvenirs.
Mmm… Je ne me rappelle plus du tout comment je suis arrivée ici. La dernière image claire que j'ai en tête, c'est le marché de mon village, dans le sud de la France. J'étais avec ma sœur. On venait d'acheter des légumes farcis chez notre traiteur préféré. Il faisait chaud, le soleil cognait. Et puis, un vertige. Brutal. Comme si le monde s'était mis à tanguer.
Et ensuite… plus rien. Le noir complet.
Et maintenant, je suis là. Dans une chambre inconnue, sur un lit trop propre. Une chambre d'hôtel à l'américaine, à en juger par la déco fade et l'odeur de nettoyage. J'ai peut-être fait un malaise… un petit coup de chaud ? Ma mémoire reviendra sûrement.
Elle se leva lentement, encore sonnée, et marche d'un pas incertain vers la salle de bain attenante. L'envie de se passer de l'eau fraîche sur le visage lui donnait un semblant de but.
Mais à peine eut-elle levé les yeux vers le miroir que son souffle se coupa.
Son sang se glace.
Le reflet… ce n'était pas elle.
Son cœur bat la chamade.
Où sont passés mes cheveux bruns bouclés ? Mes yeux noisettes ? Mes tatouages ?
Disparu.
À la place, une inconnue la fixait, l'air aussi perdu qu'elle. Une jeune femme aux longs cheveux châtains ondulés, au visage harmonieux, presque trop parfait. Ses yeux d'un vert saisissant semblaient briller sous la lumière blafarde du néon.
Ce corps n'était pas le sien.
Magnifique, oui. Sûrement le genre de silhouette qui attirait les regards. Mais totalement étranger.
La panique l'envahit comme une vague glacée. Elle s'agrippa au bord du lavabo, recula jusqu'à heurter le mur carrelé. Elle glissa lentement le long de celui-ci, les jambes tremblantes, jusqu'à se retrouver recroquevillée au sol, le visage enfoui dans ses mains.
Elle pleure longtemps. Incapable de comprendre ce qui lui arrive.
Lorsqu'elle se sent capable de se relever, le choc vibrant encore dans chaque fibre de son être, elle fouilla la chambre à la recherche d'une explication. Il fallait qu'elle comprenne.
Elle ouvre le tiroir du bureau, retourne le sac posé sur le fauteuil, examine la poubelle. Puis elle a trouvé un portefeuille. Un passeport. Des documents médicaux.
Et la vérité, le frappa.
La jeune femme dont elle avait… pris le corps, était morte.
Décédée récemment, seule, dans cette chambre d'hôtel. Une maladie incurable, déterminée trop tard. Orpheline, sans proches. Une vie terne et laborieuse. Pas de famille. Pas d'amis. Juste un appartement minuscule et des horaires démentiels.
Et maintenant… elle était elle. Elle avait pris sa place ?
Les mains tremblantes, elle consulta les relevés bancaires, les fiches de soins, les quelques photos imprimées sur du papier bas de gamme. Une vie entière résumée dans une pochette cartonnée.
Pourquoi moi ? Pourquoi elle ? Qu'est-ce qui m'est arrivé ?
Mais ce n'était que le début de l'horreur.
Parce que ce monde… ce n'était pas le sien.
Pas simplement une autre ville, ni même un autre pays. Non. Un autre univers. Une autre année.
Et cette fois, ce n'était pas un blockbuster du dimanche soir. C'était bien réel.
Comment je peux être quelqu'un d'autre… en 2010 ?
Et pour couronner le tout, dans les documents médicaux de cette fille, un mot a attiré son attention. Un mot qu'elle ne comprenait pas : Oméga.
Qu'est-ce qu'un oméga ? Une catégorie sociale ? Une maladie génétique ? Une sous-espèce ? Un statut ?
Son rythme cardiaque s'accélère. La panique monte d'un crâne. Et soudain, une odeur âcre, âpre et presque animale, émane d'elle. Ses ongles s'allongèrent sous ses yeux, devenant pointus. Agressifs. Comme des griffes.
Son corps réagissait… comme un animal traqué.
Mais c'est quoi ce bordel ?
Elle ferme les yeux. Inspirez profondément.
Je dois reprendre le contrôle. Je dois me calmer. Me recentrer. Prendre une douche. Comprendre ce nouveau corps, réactions ces… Et surtout. Ne pas sortir de cette chambre tant que je ne sais pas qui je suis, où je suis, et surtout… ce qu'est un oméga. Parce que si ce mot est noté noir sur blanc dans les documents de cette fille, enfin, mes documents maintenant, je suppose comme un groupe sanguin, ou une donnée biologique… alors ce n'est ni un hasard, ni une erreur.
Et il va falloir que je découvre très vite dans quoi j'ai mis les pieds. Et surtout, pourquoi moi.
Elle passe ce qui lui semble être une éternité sous la douche.
L'eau chaude m'a fait du bien. Elle m'a étendue. L'eau a toujours eu ce pouvoir sur moi… Même dans un autre corps. Je prends le temps d'observer. Ce corps est fort. Souple. Jeune.
Trop jeune même. Je dirais… vingt-cinq ans, à tout casser.
Même si ce n'est pas le mien, j'ai déjà l'impression de l'avoir toujours eu. C'est bizarre… Commentez les choses avancées, prenez racine si vite. Comme si mon esprit cherchait à fusionner avec cette nouvelle enveloppe. Je suppose que c'est logique.
Quand elle sortait de la salle de bain, la buée avait tout envahi, comme un brouillard épais, irréel.
Elle essuya le miroir du revers de la main. Elle se fixe à nouveau. Cette fille. Cette inconnue qu'elle était devenue. Elle leva la main, et le reflet fit de même. Elle sourit. Le miroir lui rend son sourire. C'était effrayant. Comme un jeu de mime… mais avec elle-même.
Elle fouilla à nouveau dans la chambre, méthodiquement, chaque recoin. Sous le lit, dans les pancartes, derrière les rideaux. Ses mains tremblantes tombèrent sur un sac à main noir, usé, fatigué, comme s'il avait vécu des jours difficiles.
À l’intérieur, elle a trouvé un téléphone Samsung. Et un chargeur. Un vieux modèle.
2010, hein ? Ça colle avec ce que j'ai compris jusqu'à maintenant.
Elle le branche. L'écran mit un moment à s'allumer, hésitant, puis afficha une image d'accueil : un ciel nuageux, un petit chien dans l'herbe. Un code à quatre chiffres bloque l'accès.
Merde .
Elle tente les plus évidents : 0000. 1234. Rien. Elle fouilla encore, espérant tomber sur un post-it, un carnet, n'importe quoi. Puis elle a trouvé une photo. Une gamine, peut-être cette fille dix ans plus tôt ? Les mêmes yeux, le même air mélancolique. Derrière, une date écrite à la main : 01/10. Étrange. C'était sa propre date de naissance.
Elle hésite. Puis tapa : 0-1-1-0.
Déverrouillé.
Le téléphone s'ouvre sur un écran vide. Aucun message. Aucun appel récent. Aucune application à part les basiques. Comme si cette fille n'avait jamais eu personne à appeler.
Rien à faire. Je n'aurai pas de réponse ici.
Mais dans l'agenda, elle a trouvé quelque chose.
Un rendez-vous récurrent, tous les jeudis, noté simplement :
« Médecin – 14h. »
Et demain, justement, on était jeudi.
Plus bas, un autre rendez-vous :
"Dernière séance esthéticienne."
Un frisson la parcourut.
Est-ce que je devrais y aller ? Me pointer comme si de rien n'était ?
Mais elle avait besoin d'informations. Et ce monde, aussi étrange soit-il, ne lui ressemble à rien si elle restait cloîtrée ici. Il faudrait sortir. Tôt ou tard.
Elle regardait autour d'elle, récupéra tous les papiers de cette fille, son téléphone, et les posa sur le lit. Puis elle ouvrira la valise à la recherche d'autres indices.
Bingo ! Un ordinateur portable .
Elle tente le même code que pour le téléphone…
BINGO .
L'ordinateur s'ouvre.
À moi, les recherches.
Elle inspire profondément, tente de garder les idées claires. Il est temps de reprendre depuis le début.
Reprenons déjà ce que je sais.
Chapter Text
Elle,... enfin… Je m'appelle Rose Mac Carthy. Je suis née le 1er octobre 1987 comme dans mon ancien corps. Bref, je suis A+, Oméga. J'ai sur mon compte 3 234 Dollars et j'ai pris une chambre d'hôtel dans Atlanta. Je suppose que je devais voir un médecin spécialiste, car j'ai des document qui date d'il ya 3 jours. J'ai rendez-vous chez l'esthéticienne demain, et un autre rdv médical demain. J'ai une voiture vu que j'ai des clés et un permis.
Maintenant, je vais fouiller voir les réseaux sociaux de cette fille, et surtout me renseigner sur ce qu'est un oméga. J'ai l'impression que c'est quelque chose de gros.
Et si ce monde fonctionne avec d'autres règles, alors il faut que je les apprenne. Rapidement. Avant qu'il ne soit trop tard ou que je fasse une bêtise.
Elle tape « Omega » dans la barre de recherche.
Des milliers de résultats s'affichent en une seconde. Ce n'est pas du charabia scientifique ou des délires de forum obscur. Non, ce sont des sites officiels, des articles médicaux, des pages gouvernementales, des portails éducatifs.
Ici, ce mot est une réalité bien connue. Une classification sociale et biologique, au même titre que le groupe sanguin ou la taille.
Elle clique sur un article intitulé "Comprendre les dynamiques secondaires : Alpha, Bêta, Oméga."
Elle clique sur le site, le souffle suspendu.
"Depuis le milieu du XXe siècle, les chercheurs ont reconnu l'existence de dynamiques secondaires humaines, influencées par des marqueurs hormonaux distinctifs. Ces dynamiques, bien que invisibles à l'œil nu, limitent les relations, les instincts, et dans certains cas, certaines capacités disent extraordinaires."
"La répartition dans la population mondiale est approximativement la suivante : 30 % d'Alphas, 50 % de Bêtas, 20 % d'Omégas. Ces données peuvent varier selon les pays et les générations."
"Les Alphas sont reconnus pour leur dominance naturelle, leur résistance accumulée, leur instinct protecteur et, chez certains individus, un sens accumulé de l'orientation ou une mémoire olfactive exceptionnelle."
"Les Bêtas forment la majorité, avec une biologie plus neutre. Ils n'ont ni les cycles, ni les instincts primaires des deux autres groupes."
"Les Omégas sont rares et précieux. Portant des phéromones spécifiques, ils possèdent des cycles hormonaux appelés 'chaleurs', qui surviennent plusieurs fois par an. Leur corps est biologiquement programmé pour la reproduction et l'attachement chimique. Certains Omégas, bien que discrets, ont développé des capacités mentales avancées : perception accumulée, intuition surnaturelle, parfois même une forme de sensibilité empathique extrême."
Elle s'arrête. Son cœur bat la chamade.
Ce n'est pas un délire. Ce n'est pas un forum obscur. C'est institutionnalisé, documenté. Normalisé.
Elle poursuit :
"Le lien entre un Alpha et un Oméga peut devenir chimique, voire permanent, à travers un processus de marquage. Ce lien peut influencer la volonté, les émotions, et dans certains cas, les capacités physiques des deux partenaires. Il existe des protocoles médicaux pour encadrer ces relations, mais aussi un marché noir, des abus, des trafics."
Elle recule dans sa chaise.
Marché noir ? Trafic ? C'est quoi cette histoire ? Je ne suis pas du genre à avoir peur mais je viens d'être propulsé dans un monde où des personnes comme moi peuvent être vendues !! Si ça c'est pas fou ! Sans compter que j'ai 10 ans de moins ici. J'ai l'âge de ma sœur dans l'autre vie. Bon… mis à part elle, je n'ai rien laissé derrière. Pas de famille à charge. Mon entreprise était prête, les papiers en règle.
Elle héritera de tout, comme prévu.
Elle continue à lire, l'estomac noué.
"Depuis quelques années, certains gouvernements proposent des registres de dynamiques pour assurer la sécurité des Omégas. Cependant, cela a soulevé des débats sur les libertés individuelles, les droits reproductifs, et les risques de discrimination."
Elle ferme les yeux un instant.
Alors voilà. Dans ce monde, je suis une ressource. Une anomalie biologique précieuse. Marquable. Piste identifiable.
Et certaines personnes seraient prêtes à tout pour m'utiliser. Ou moi possède.
Elle claque l'ordinateur. Elle a besoin de souffler.
Alors je suis une Oméga dans un monde où ça fait de moi quelqu'un de vulnérable, mais… aussi précieux.
Est-ce que l'ancienne Rose MacCarthy le savait ? Est-ce qu'elle fuyait quelque chose ? Ou quelqu'un ?
Et moi, maintenant… dans ce corps-là… je suis exposé. Quoi que je fasse.
Mais je refuse de paniquer. Je vais rassembler toutes les infos possibles. Je vais comprendre ce système.
Elle rouvre l'ordinateur. Elle a encore des choses à découvrir.
Elle fouille dans les dossiers. Elle avait tout gardé : actes de naissance, papiers médicaux, comptes, photos, courriers. Tout. Assez pour retracer toute sa vie. Ou ce qu'elle appelait une vie. La nouvelle rose ne s'attarde pas sur les détails. Elle a du déjà vu l'essentiel.
Cette fille… non, cette ancienne moi, n'avait pas grand-chose. Mais elle avait tout documenté. Jusqu'au dernier reçu. Un peu comme moi dans l'autre monde. C'est assez similaire.
Elle renvoie les fichiers. Elle veut comprendre le monde, maintenant. Pas juste elle. Le monde dans lequel elle est tombée.
Parce que oui, elle est dans un pays étranger, les États-Unis, dans une dimension différente…
Et pourtant… je lis tout. Sans difficulté. Les mails, les pages web, les dossiers médicaux. Tout est clair. Je n'ai même pas eu à réfléchir à la langue.
C'est seulement maintenant que je réalise à quel point c'est bizarre.
Elle se tape le devant.
Je parle anglais couramment. Automatiquement. Comme si ça avait toujours été ma langue maternelle.
Elle se redresse.
Et si je testais le français ? Juste pour voir.
Elle ouvre un document vierge et commence à taper :
"Je m'appelle Rose. J'écris en français. Est-ce que je pense encore dans cette langue ?"
Les mots viennent, sans forcer. Un peu plus lentement, mais… elle comprend. Elle écrit. Elle est bilingue. Parfaitement. Ou alors… ce corps l'était. Ou alors… ce corps était américain, et mon âme, française. Donc, nous comprenons les deux. C'est un mélange.
Elle frissonne.
Cette sensation d'être à la fois moi… et une autre… me colle à la peau comme un vêtement humide.
Elle secoue la tête.
Concentre-toi .
Elle lance une recherche : « lois sur les Alphas, Bêtas, Omégas États-Unis ».
Rien de concret. Pas de loi officielle, pas de mention dans les codes civils, pénaux, médicaux.
Ce monde marche sur des bases invisibles, mais solides. Les dynamiques gouvernementales tout.
C'est désinvolte.
Elle change de cap pour penser à autre chose et tape : « actualités Atlanta », puis « faits divers », « rumeurs locales », « incidents ».
Elle s'attend à lire des banalités. Une météo caniculaire. Des cambriolages. Une fusillade peut-être. Rien que l'Amérique ne connaisse déjà.
Mais ce qu'elle trouve lui glace le sang.
Un titre :
« Une étrange grippe fulgurante touche plusieurs États : premières victimes en Géorgie. »
Elle clique, le cœur battant.
"Depuis quelques jours, plusieurs cas d'un virus non identifié ont été recensés dans la région d'Atlanta. Fièvre soudaine, désorientation, agressivité extrême… La maladie progresse vite. Très vite. Plusieurs décès ont été signalés, les corps transférés dans des centres de quarantaine."
"Des témoins rapportent des comportements violents avant la mort. Certains malades auraient attaqué leur entourage, parfois même tenté de mordre ou de déchiqueter les soignants."
"Le CDC refuse pour l'instant de parler de virus contagieux, mais l'armée aurait été sollicitée pour encadrer certaines zones sensibles."
Elle déglutit difficilement. Ce n'est pas une simple grippe. C'est autre chose. Son instinct lui lance qu'elle connaît cette histoire.
Elle clique frénétiquement sur d'autres articles.
« Restrictions aériennes annoncées : les États-Unis bloquent toutes les entrées et sorties du territoire jusqu'à nouvel ordre. »
« Comportements erratiques : plusieurs agressions sans mobile à Atlanta et dans les environs. »
Son cœur s'emballe. Tout ça… ça lui semble tellement familier.
Elle remonte à la page d'accueil du site d'actualités. Et là, en bas, un encadré discret :
« Policier gravement blessé en service — Comté de King. »
"Le shérif-adjoint Rick Grimes a été blessé par balle lors d'une intervention dans une station-service. Plongé dans le coma, son pronostic vital est engagé. L'agresseur a été abattu sur place."
Elle reste figée. Son cerveau a du mal à comprendre ce qu'elle vient de lire…
Impossible ! Rick Grimes. King County. Blesser
Elle se lève d'un coup, le souffle court. Elle récupère le téléphone, elle ouvre l'application calendrier tout en marchant dans la chambre.
Elle a besoin de bouger pour ne pas paniquer. Elle vérifie la date…
Mercredi 25 Août 2010.
Un vertige la prend.
Ce n'est pas seulement un autre monde. Ce n'est pas une simple dimension parallèle. C'est un univers de fiction. Je suis dans The Walking Dead .
Et le pire, c'est que l'histoire… a déjà commencé !
Chapter Text
Rose se leva d'un coup, le souffle court, comme si l'urgence venait de la frappe de plein fouet. Elle se mit aussitôt à faire les cent pas dans la chambre, les mains tremblantes, le cœur battant à tout rompre contre sa cage thoracique. Son esprit s'emballait, envahi par un flot de pensées désordonnées.
— OK, réfléchis, Rose… Réfléchis ! lance-t-elle à voix haute, comme pour s'ancrer dans le réel, lutter contre la panique qui menaçait de l'engloutir.
Elle a jeté un coup d'œil rapide par la fenêtre. Rien d'anormal. Pas encore. Aucun cri, pas de faute en fuite, aucune silhouette titubante dans les rues.
Bientôt, il y aura des morts partout… Il y en a peut-être déjà ?
Elle s'écarta de la fenêtre, le cœur encore plus lourd. Elle pose les mains sur ses hanches et inspire profondément, cherchant à reprendre le contrôle. Peu à peu, ses pensées se recentrèrent. Elle se force à parler à voix haute pour structurer l'urgence.
Réfléchis aux priorités.
Elle fit quelques pas plus posées cette fois, ses idées s'éclaircissent peu à peu.
— J'ai un rendez-vous médical demain… J'y vais, j'ai besoin de ces résultats. Mais en attendant, je dois bouger. Trouver la voiture. Acheter tout ce qu'il me faut pour poser les bases.
Elle recommande de marcher nerveusement, en comptant sur ses doigts à mesure qu'elle énumérait :
— Matériel de camping… de quoi manger, boire, cuisiner. Réserve d'eau potable. Médicaments. Armes, si je peux en trouver. Putain, j'ai besoin de tellement de trucs !
Agacée, elle passa une main dans ses cheveux, luttant contre la sensation d'impuissance qui montait. Puis, comme un déclic, elle s'arrête net.
- D'accord. Étape une : trouver une carte de la région. Un plan détaillé. Et un annuaire, si possible. L'hôtel doit bien avoir ça à la réception… ou dans un tiroir. Ensuite, repérez les magasins de sport, les armureries, les pharmacies… Et je sors du centre-ville. Heureusement, mes deux rendez-vous de demain sont en périphérie.
Elle relève la tête, les yeux brillants d'une lueur de résolution. Fini les tergiversations.
— Je prends la voiture. Je fais les courses. Je stocke tout. Et demain, après le rendez-vous… je passe à la vitesse supérieure.
Elle ferma les yeux un instant, tentant d'apaiser l'angoisse grondante en elle. Ce n'était pas un rêve. Ni une illusion. C'était réel. Et elle devait s'y préparer.
Bon, c'est décidé ! Je rends les clés de cet hôtel. Trop proche du centre. J'en prends un autre, plus excentré, près de mes rendez-vous.
Attrapant son sac, elle y glisse ses clés, ses lunettes et son portefeuille, puis enfila ses paniers. Elle vérifiera le contenu de sa valise, la rangea, inspira une dernière fois… et ouvrira la porte.
Pas de temps à perdre.
Elle descend rapidement à l'accueil de l'hôtel. Une femme d'une cinquième année, souriante malgré ses traits tirés par la fatigue, leva les yeux à son approche.
— Bonjour, mademoiselle. Je peux vous aider ?
—Bonjour. Oui, je rends la chambre en avance. Et j'aurais besoin d'informations : je cherche des cartes détaillées de la région. De la ville, de l'État… Et un annuaire, si possible. Vous sauriez où je peux trouver ça ?
La réceptionniste hocha la tête, visiblement habituée aux demandes insolites. Tout en récupérant les clés et en remboursant Rose qui avait initialement réservé deux nuits supplémentaires , elle a répondu :
— Bien sûr. Il y a une petite librairie à deux pâtés de maisons, un peu plus bas dans la rue. Ils ont encore tout ça : cartes, atlas, même des annuaires papier. C'est rare aujourd'hui, mais eux, ils en vendent toujours.
—Parfait, merci. Et… vous connaissez un magasin de camping ou un surplus militaire dans le coin ? Quelqu'un a choisi de bien fourni, avec du matériel sérieux ?
La femme réfléchit un instant.
— Pour du vrai équipement, il faudra sortir un peu. À vingt minutes d'ici, vers la sortie ouest, il y a un grand magasin spécialisé. "Base du chasseur". Vous ne pouvez pas le rater : ils ont carrément un tank devant l'entrée.
Rose esquissa un sourire.
— Merci beaucoup. C'est exactement ce que je cherchais.
Elle sort de l'hôtel, appuyez sur le bouton de ses clés pour avancer rapidement entre les voitures du parking.
Voiture, voiture… où es-tu ?
Un bip-bip rétention à sa gauche. Elle se retourne. Devant elle, un SUV gris métallisé. Discret, mais robuste, pratique et bien entretenu. Une vraie voiture de terrain.
Toi et moi, on va devenir les meilleures amies du monde…
Elle rangea sa valise dans le coffre, grimpa à l'intérieur. L'habitacle était impeccable. Aucun objet personnel, rien d'encombrant. Juste l'essentiel : neutralité et fiabilité.
Sans attendre, elle démarra et prend la direction de la librairie. Avant de descendre, elle scruta les alentours, la gorge nouée à l'idée d'une attaque soudaine. Mais tout était encore calme. Versez l'instant.
Dans la boutique, elle se précipita vers le rayon cartographie. Elle prend une carte détaillée d'Atlanta, une autre de toute la Géorgie, et plusieurs cartes des États voisins : Alabama, Caroline du Sud, Tennessee. Si elle devait fuir loin, elle voulait savoir où aller. Elle exigea aussi un annuaire pour chacun de ces États.
En parcourant les rayons, elle récupère quelques ouvrages utiles : guides médicaux de base, manuels de survie, encyclopédies sur les plantes comestibles et médicinales, livres de bricolage et de DIY. Elle a pris tout ce qui semblait pertinent. Peu important le prix.
Les bras chargés, elle régla rapidement ses achats et retourna à sa voiture. Direction : Base des Chasseurs.
Le magasin, en périphérie de la ville, présente une forteresse de la survie, avec ses panneaux criards et son vieux char grandeur nature à l'entrée. Dès qu'elle entre, une forte odeur de cuir, de métal huilé et de plastique neuf l'enveloppe. C'était le paradis des survivalistes.
Les rayons s'étendent à perte de vue : randonnée, chasse, secourisme, camping extrême, équipement militaire… Elle inspire profondément.
Ça va me coûter une fortune… mais bientôt, l'argent ne vaudra plus rien.
Un vendeur s'approche, barbe soignée, casquette kaki vissée sur la tête, talkie-walkie à la ceinture. Il dégageait une aura calme et rassurante. C'était une bêta. Elle le sentait.
— Bonjour ! Je peux vous aider ?
Elle lui offre un sourire timide.
— Oui. Je débute en camping. Mes amis sont à fond, mais moi, je n'ai rien. Je veux m'équiper complètement.
- Super ! Vous partez quand ?
— Très bientôt. Une semaine… peut-être moins. Je veux tout avoir à portée de main.
Le vendeur hocha la tête avec compréhension et l'accompagna dans les rayons.
Rayon Camping & Survie :
Tente 4 saisons ultra-résistante, spacieuse, avec isolation et moustiquaire intégrée.
Deux sacs de couchage de survie pouvant s'assembler.
Grand matelas autogonflant.
Réchaud à gaz avec recharges.
Trois ensembles de couverts
Kit de cuisson léger et robuste.
Deux filtres à eau portables + un de rechange.
Cinquante pailles à eau potable
Deux lampes frontales, une lampe solaire et une lampe dynamo.
Briquets tempête, amorces imperméables, allume-feu.
Hachette, machette, trois couteaux multifonctions.
Bâche de camouflage renforcée.
Deux armes de poings avec plusieurs centaines de munitions.
Rayon Vêtements & Tactique :
Deux pantalons cargo en tissu déperlant.
Une veste multipoche imperméable, doublée thermiquement.
Sous-vêtements de sport,
Trois t-shirts.
Rangers haut de gamme.
Chaussettes adaptées.
Ceinture tactique renforcée.
Étuis pour armes et outils.
Gants renforcés.
Rayon Chasse :
Arc professionnel avec deux carquois complet.
Plusieurs couteaux de chasse.
Filet de pêche compact.
Bâche étanche multifonction.
Le vendeur, impressionné, lui lance un regard complice.
— Vous allez être prêt à tout affronter.
Rose régla l'ensemble sans cellule. Chaque objet était une pièce de plus dans l'armure qu'elle se construisait.
Je vais survivre. Mais pour ça… il faut commencer par être prête.
Chapter Text
Après ses achats au magasin de camping, Rose se dirigea vers une grande pharmacie américaine typique : un espace lumineux, organisé en larges allées, où la majorité des produits étaient en libre-service. Ici, pas de comptoir pour les médicaments courants : tout était directement accessible sur les étagères, ce qui lui permettait de remplir librement son panier.
Elle attrapa un grand chariot et entama une exploration méthodique.
Produits médicaux de base :
Plusieurs boîtes de bloqueurs hormonaux spécifiques pour Oméga, qu’elle avait appris à identifier grâce à ses recherches et à ses souvenirs ;
Des antidouleurs classiques (paracétamol, ibuprofène) ;
Des pansements, compresses stériles, et bandages adhésifs de différentes tailles ;
Des solutions antiseptiques et sprays désinfectants pour les plaies ;
Des comprimés pour traiter la fièvre, les infections mineures, la diarrhée, ainsi que des vitamines ;
Un flacon de solution saline (nettoyage des yeux ou blessures) et de l’alcool pour désinfecter ;
Plusieurs kits de suture (fils, aiguilles, gants, antiseptique) ;
Un défibrillateur automatique portable ;
Un respirateur manuel à sac (BAVU) en cas d’urgence respiratoire.
Produits d’hygiène personnelle:
Une brosse à cheveux et un peigne, accompagnés de plusieurs chouchous ;
Une pince à épiler, utile pour retirer tiques ou échardes ;
Un coupe-ongles et une lime, pour éviter les petits accidents ;
Plusieurs savons neutres, shampoings et adoucissants, ainsi que des lingettes humides ;
Plusieurs dentifrices et brosses à dents ;
Un tube de crème solaire et un répulsif anti-insectes puissant ;
Quelques boîtes de préservatifs — la prudence restait toujours de mise.
...
Son panier se remplissait rapidement, mais elle voulait s'assurer de ne rien oublier. Chaque produit représentait une pièce essentielle du puzzle de sa survie.
Sans croiser beaucoup de monde, elle prit le temps de vérifier les compositions et les dates de péremption, évitant ainsi les mauvaises surprises.
Lorsqu’elle eut terminé, elle se dirigea vers la caisse. La caissière la regarda avec un mélange d’étonnement et de curiosité, mais Rose paya calmement, ramassa ses sacs et quitta la pharmacie avec un léger sourire.
Elle enchaîna ensuite avec une petite jardinerie spécialisée, charmante, remplie de plantes vertes, de pots en terre cuite et de sachets de graines. Elle y prit :
Plusieurs variétés de graines (légumes, herbes aromatiques, etc.) ;
Quelques livres de jardinage expliquant comment cultiver et entretenir ces plantes.
Elle songea que ces semences pourraient lui offrir une certaine autonomie alimentaire, même modeste, si elle devait rester longtemps isolée ou vivre recluse dans un refuge.
Enfin, elle se rendit dans une grande surface bien fournie, prête à remplir un nouveau chariot.
Allez... Maintenant je dois acheter tout ce que je peux... Sans passer par une préparatrice de l'apocalypse...
Elle y ajouta :
Des boîtes de conserve variées : légumes, viandes, poissons ;
Plusieurs bouteilles d’eau minérale ;
Des barres énergétiques, des noix, des fruits secs ;
Des céréales, du riz, des pâtes, de la farine, du sucre, du sel et diverses épices,... ;
Du café instantané, du chocolat, du thé ;
Des produits d’hygiène : savon, dentifrice, brosses à dents, serviettes hygiéniques ;
Des sacs-poubelle résistants, utiles dans de nombreuses situations ;
Des batteries de rechange, piles de toutes tailles, allumettes étanches ;
Plusieurs caisses de rangement, pour organiser tout son matériel dans la voiture.
Elle prit soin de choisir uniquement des produits à longue durée de conservation, capables de rester utilisables pendant des mois sans se détériorer.
En consultant sa montre, elle remarqua qu’il était déjà midi.
Elle s'arrêta dans un drive-in, commanda un menu burger, et le mangea sur le parking tout en organisant le contenu de son coffre.
Elle utilisa les caisses achetées pour ranger les produits de pharmacie et la nourriture.
Puis, elle prépara son sac à dos de randonnée : elle y glissa tout ce qu’elle avait acheté dans le magasin de camping spécialisé, ainsi que quelques vêtements et sous-vêtements issus de sa valise.
Les armes restèrent attachées au sac à dos, prêtes à être utilisées. Elle y ajouta aussi un peu de nourriture.
Concentrée sur chaque geste, elle vérifia tout, puis repartit vers la première étape de son après-midi : la station-service.
Là, elle fit le plein du réservoir, puis remplit méthodiquement plusieurs bidons d’essence qu’elle rangea dans le coffre. Le carburant allait devenir une ressource précieuse, et elle refusait d’en manquer quand cela compterait le plus.
Deuxième arrêt : un magasin de bricolage.
L’ambiance à l’intérieur était pesante. Quelques personnes erraient dans les rayons, le visage fermé, sans parler.
Mais Rose, elle, savait précisément ce qu’elle cherchait.
Elle remplit son chariot avec soin :
Plusieurs rouleaux de ruban adhésif solide ;
Une scie pliante compacte ;
Une boîte à outils complète : tournevis, pinces, clés, embouts multiples ;
De la corde de différentes tailles : fine, moyenne, très résistante ;
Des clous, vis, fixations diverses.
Plusieurs tuyaux,...
Troisième arrêt : une quincaillerie.
Cela pouvait sembler anodin, mais dans son ancienne vie, Rose pratiquait un peu la couture.
J'avais dans mon autre vie fabriqué mes propres culottes hygiéniques, étant plutôt portée sur l’écologie.
Et avec ce qui allait bientôt arriver, je savais que j'aurais besoin de produits pour l’hygiène féminine durable.
Elle parcourut donc les rayons, à la recherche de tissus absorbants, de matériaux réutilisables, et tout ce qui pourrait lui permettre d’en fabriquer d’autres en cas de besoin.
Le soleil déclinait rapidement. Il était déjà tard.
Rose commanda une pizza sur la route, qu’elle récupéra et dévora dans la voiture tout en cherchant un hôtel près des lieux de ses rendez-vous du lendemain.
Elle ignorait quand la situation allait réellement dégénérer, mais une chose était certaine : elle ne comptait pas rester dans le centre d’Atlanta.
Elle monta dans sa voiture, encore enveloppée par le calme de cette fin d’après-midi et par la frénésie d’achats compulsifs qui avait rythmé sa journée.
Alors qu’elle mettait le contact, la radio grésilla soudainement, interrompant la musique. Une voix d’alerte prit le relais, grave et mécanique.
— « Des zones sécurisées ont été mises en place et sont actuellement gardées par nos forces militaires. Nous vous conseillons de rester chez vous. Toutefois, si vous avez besoin d’assistance, vous pouvez vous rendre dans l’un de ces refuges… Suivez les consignes des autorités locales. »
Un frisson parcourut l’échine de Rose, mais elle resta calme.
Après tout, c’était exactement ce genre de moment qu’elle avait anticipé depuis ce matin.
Chapter Text
Arrivée à l’hôtel, elle régla plusieurs nuits d’un ton neutre, n’accordant à la réceptionniste qu’un sourire poli. Puis, sans s’attarder davantage, elle monta dans sa chambre.
Par la fenêtre, elle jeta un coup d’œil sur les alentours. Son sac de randonnée à l’épaule et sa valise à la main. Cette dernière contenant encore quelques affaires jugées non essentielles… sauf si la situation dégénérait.
Elle était bien en périphérie d’Atlanta, dans une zone résidentielle où les maisons s’espacent lentement, comme si elles fuyaient le cœur de la ville. Les rails du chemin de fer découpaient le paysage, solennels et silencieux. La ville disparaissait peu à peu derrière elle.
Un soupir discret s’échappa de ses lèvres.
Je suis loin du centre… c’est déjà ça.
Mais malgré ce mince sentiment de sécurité, son regard revenait sans cesse à la carte sur son téléphone. Elle surveillait sa position, redoutant d’avoir fait une erreur de jugement. Être au mauvais endroit, au mauvais moment, c’était le genre de détail qui pouvait devenir fatal.
Elle tira les rideaux, transformant la pièce en un cocon feutré. Puis, elle sortit son ordinateur portable et le brancha à la prise de courant, elle brancha également sa une batterie externe l’électricité pourrait bien devenir un luxe, d’un jour à l’autre. En attendant, elle comptait bien profiter d’Internet tant qu’il restait fonctionnel.
Méthodique, elle se lança dans une recherche intensive : tutoriels sur la construction d’abris, allumage de feu sans allumettes, purification de l’eau, cuisson de viande en pleine nature… Chaque vidéo téléchargée était une brique dans son arsenal de survie.
Le silence de la chambre l’aidait à se concentrer. Elle s’y plongea avec calme et détermination. Ce moment de répit serait peut-être le dernier avant la tempête.
Elle tira de son sac un gros cahier à la couverture rigide. À l’intérieur, les pages blanches attendaient d’être remplies de notes, de croquis, de pensées éparses.
Stylo en main, elle griffonna pendant que l’écran déroulait images et conseils. Chaque détail comptait. Chaque astuce pouvait être la clef de sa survie.
La nuit tomba doucement, et, entre les pages noircies et les fichiers enregistrés, Rose se sentit un peu plus prête à affronter l’inconnu.
Le lendemain matin, elle se leva à l’aube. Un voile gris couvrait le ciel, et une fine brume glissait entre les rues quasi désertes. Une tension sourde lui enserrait la poitrine. Ce n’était pas encore de la panique, mais son instinct hurlait qu’il fallait accélérer les choses.
Après une douche rapide, elle s’habilla, prit son sac, et quitta l’hôtel, laissant un mot bref à la réception.
Peu après, elle atteignit un petit cabinet médical en périphérie d’Atlanta. Un endroit discret, loin de l’agitation de la ville.
À l’intérieur, les murs pâles, les étagères pleines de dossiers et de modèles anatomiques lui rappelèrent une époque plus stable.
Elle s’installa face à une généticienne d’une quarantaine d’années, au regard à la fois doux et précis.
— Bonjour Rose, dit la spécialiste en consultant son dossier. Aujourd’hui, nous allons faire un point complet sur votre profil génétique… et plus précisément, sur votre statut d’Oméga.
Rose hocha la tête, attentive. Cette consultation permettrait d’affiner les données, d’évaluer les risques… et de mieux se préparer. Surtout maintenant.
La médecin ouvrit plusieurs dossiers, déploya des graphiques et des résultats de laboratoire.
— Votre statut d’Oméga est confirmé, comme prévu. Vos marqueurs génétiques sont clairs. Vous présentez toutefois une singularité : pas de suractivation hormonale excessive, ce qui est un bon signe. Cependant…
Elle s’interrompit un instant, mesurant ses mots.
— Vos particularités génétiques suggèrent que votre équilibre hormonal optimal ne sera atteint… qu’en présence de deux Alphas dans votre entourage proche.
Rose releva un sourcil, surprise.
— Deux Alphas ?
— Oui. C’est extrêmement rare. Et cela complique la donne. La dynamique entre un Oméga et un Alpha est déjà délicate. En gérer deux nécessitera un équilibre émotionnel et biologique finement régulé.
Elle poursuivit, posant une brochure à côté des analyses :
— Un suivi mensuel est recommandé, pour ajuster votre traitement hormonal si besoin. D’après les marqueurs relevés, vous pourriez aussi développer un don important. Ce n’est pas garanti, mais les indicateurs sont là.
Rose inspira profondément. Elle avait toujours su que son statut venait avec son lot de complexités… mais cette histoire de "deux Alphas" ?
Deux ? Dans un monde qui court à sa perte ? J’espère au moins que ce ne sera pas juste chimique… Est-ce que je peux tomber amoureuse ? Et si ça arrivait vraiment… Comment gérer ça ?
Elle chassa ces pensées d’un soupir discret. Pas maintenant. Pas l’heure de rêvasser.
La consultation se conclut par un plan de suivi précis. Avant de partir, elle remercia le médecin et glissa dans son sac les brochures sur les dynamiques Alpha/Oméga et les dernières recherches en génétique comportementale.
En sortant, elle ressentit à la fois un soulagement et une responsabilité nouvelle. Elle en savait un peu plus sur elle-même. Elle était mieux armée. Même si l’avenir restait incertain.
Un petit restaurant discret attira son attention. Elle s’y attarda pour un repas chaud, simple mais délicieux.
Avant que ce genre de moments ne devienne un luxe rare. Je vais en profiter un peu.
Installée dans un coin près de la vitre pour avoir une vue complète du restaurant et de l'extérieur, elle laissa ses pensées dériver.
Son statut, ses potentiels Alphas, ce futur… tout cela semblait abstrait face à l’urgence du monde qui s’effondrait.
La survie, elle le savait, ne reposerait pas que sur la génétique. Mais sur l’instinct, l’adaptation, et la volonté.
L’esthéticienne fut sa dernière halte.
Elle avait terminé son cycle d’épilation laser. Aisselles, jambes, maillot, sourcils : tout y était passé. Elle sourit à ce souvenir. Elle était heureuse que son ancien moi ait décidé de faire ça. Dans son ancienne vie, elle l’avait aussi fait, et elle avait adoré.
Dans un futur où les douches chaudes seront rares, ne plus avoir à gérer les poils incarnés, c’est pas rien. Grrr… les poils incarnés… un cauchemar évité.
Quand elle sortit, sa peau était douce, et une certaine assurance vibrait en elle. Un dernier geste pour elle-même. Pour sa dignité. Pour son confort, dans un futur rugueux.
En fin d’après-midi, elle rejoignit l’hôtel, rassasiée, apaisée. Les couloirs vides amplifiaient le sentiment étrange d’un monde figé, suspendu au bord du précipice.
Une fois dans sa chambre, elle verrouilla la porte, ôta ses chaussures, sa veste… et resta un moment immobile. Le silence était profond.
Dans la salle de bain, son reflet lui renvoya une image familière, mais fatiguée. Trop de pensées. Trop de scénarios. Trop de préparation . Mais elle faisait de son mieux.
Elle rangea méthodiquement ses papiers dans son sac de randonnée. Puis s’installa au bord du lit, ordinateur sur les genoux.
Encore quelques fichiers : cartographie, reconnaissance de plantes comestibles, techniques de filtration…
Le jour laissa place à la lueur orange d’un lampadaire extérieur. Elle tira les rideaux. L’obscurité pouvait devenir une alliée… ou un piège.
Quand son ventre se rappela à elle, elle commanda un repas à la réception. Peu après, une assiette fumante l’attendait sur la table. Un réconfort simple, mais précieux.
Enfin, elle se glissa sous les draps. À portée de main : son sac d’évacuation, son téléphone chargé, son ordinateur, son couteau de survie sous l’oreiller.
Mais son esprit, lui, restait éveillé.
Elle pensait à Atlanta. Au groupe. À Rick Grimes. À Daryl Dixon.
Ces deux hommes, elle les avait tant aimés, admirés, dans son ancienne vie.
Ils ont tant souffert… même auprès de ceux qu’ils aimaient. Si je pouvais… les aider. Juste une fois… les protéger.
Mais ce monde-ci, même s’il ressemblait à celui qu’elle connaissait… ne garantissait rien. Peut-être ne les croiserait-elle jamais. Peut-être mourrait-elle avant.
Je ne sais même pas si je suis au bon endroit… si la carrière existe…
C’est sur cette pensée que le sommeil finit par l’emporter.
Chapter Text
Le lendemain, Rose ne quitta pas la chambre.
Elle passa la journée entière rivée à l’écran de son ordinateur, entourée de papiers gribouillés, de stylos ouverts et de tasses de café à moitié vides. Le soleil filtrait à peine à travers les rideaux tirés, projetant dans la pièce une lumière tamisée, presque irréelle. Elle savait que l’accès à Internet ne durerait plus très longtemps.
Au-dehors, le monde s’effondrait.
Les chaînes d’information montraient en boucle des images de chaos : émeutes, routes bloquées, villes désertées, visages paniqués. Mais Rose n’y prêta plus attention.
Elle avait choisi de rester calme. Pour l’instant. L’alerte était déjà gravée en elle. Inutile de l’alimenter.
Alors, elle choisit de rester calme à l'intérieur et de profiter pour apprendre. Pour l’instant.
A midi, elle commanda à nouveau un plat via le service de chambre. Puis mangea tout en continuant de prendre des notes et en visionnant différentes vidéos.
La chambre baignait dans une lumière tamisée. Le soleil déclinait lentement derrière les rideaux tirés, mais Rose ne s’en préoccupait plus.
Elle était ailleurs. Plongée dans un autre monde : celui des tutoriels de survie, des gestes médicaux, des techniques qu’elle s’efforçait de mémoriser avec rigueur.
Assise en tailleur sur le lit, l’ordinateur portable branché sur une prise, elle enchaînait les vidéos avec méthode, changeant de sujet dès qu’une se terminait. À côté d’elle, sa batterie externe, entièrement rechargée, attendait silencieusement de prendre le relais en cas de coupure.
Sur l’écran, un homme barbu à l’allure rustique expliquait comment construire un frigo naturel enterré, simplement avec de la terre, des pierres et un courant d’air.
Rose prenait des notes dans un cahier, soulignant chaque détail important, chaque astuce, chaque précaution.
Elle poursuivit avec une vidéo sur la conservation de la viande fumée, capable de durer plusieurs semaines sans électricité.
Chaque information devenait une question de survie.
Elle lança ensuite un long tutoriel sur les plantes comestibles et médicinales : pissenlits, orties, trèfles, pourpier…
Elle dessinait les feuilles, notait les particularités, les confusions possibles avec des espèces toxiques.
Elle traçait, entourait, soulignait. Elle voulait pouvoir reconnaître ces plantes dans n’importe quel environnement, sans hésitation.
Une autre vidéo expliquait comment filtrer et purifier de l’eau à l’aide de charbon, de sable et de tissu propre. Rose détailla chaque étape avec minutie.
Pas le droit à l’erreur.
Puis vinrent les vidéos médicales.
Certaines filmées dans des hôpitaux, d'autres dans des écoles d’infirmiers, ou par des survivalistes aux gestes assurés.
Elle apprit à désinfecter une plaie, poser une attelle avec des moyens de fortune, utiliser un défibrillateur manuel, recoudre une entaille avec du fil chirurgical.
Le sang ne la dérangeait pas. De plus, c'était une nécessité.
Le soir venu, elle appela une nouvelle fois la réception pour commander un repas. Personne ne répondit. Elle n’y prêta pas attention.
Ils doivent être occupés, pensa-t-elle, le regard toujours fixé à l’écran, distraitement.
Alors, elle grignota une barre énergétique. Silencieuse. Concentrée. Le visage baigné par la lumière bleutée de l’ordinateur.
Avant de fermer le portable, elle prit le temps de télécharger toutes les vidéos qu’elle jugeait cruciales : gestes médicaux, construction d’abris, techniques de piégeage, fabrication d’armes artisanales, cuisson sauvage, conservation de nourriture, soins d’urgence… Elle repensa aussi a sa vie d’avant en france, ses cours d’histoire qu’elle appréciait. Et surtout sur les techniques utilisées à l'époque médiévale… Elle décida aussi de chargé d’autres vidéos parlant de tout ce qui concerne la vie sans technique moderne.
Tout fut méticuleusement enregistré sur son disque dur externe. Classé. Prêt à être consulté hors ligne, quand le silence numérique tomberait pour de bon.
Lorsqu’elle leva enfin les yeux, la nuit était déjà bien avancée.
Elle referma l’ordinateur avec lenteur et le posa près de son oreiller. Avant de se coucher, elle glissa son couteau de chasse sous celui-ci.
Elle s’allongea, lentement. Le corps épuisé. L’esprit en ébullition.
Elle ne savait pas combien de temps il lui restait avant que le monde ne bascule.
Elle avait peur. Non… Elle était terrifiée. Mais à chaque compétence acquise, à chaque vidéo regardée, un sentiment nouveau grandissait en elle.
Un soupçon de contrôle ou un début de force.
Demain, elle continuerait.
Mais une question restait en suspens : devrait-elle sortir… ou rester ici encore un peu ?
Chapter Text
Le matin se lève sans bruit.
Rose ouvre les yeux, engourdie, les muscles encore tendus de la veille. Elle tendit le bras vers le téléphone de la chambre et appuya sur la touche du service de chambre.
Une fois. Deux fois.
Rien. Pas même un bip d'attente. Aucune voix familière à l'autre bout du fil. Juste un silence lourd, presque palpable.
Quelque chose clochait. Son instinct hurlait. Son cœur battait à tout rompre dans sa cage thoracique. La veille, elle n'y avait pas prêté attention. Mais là… c'était évident.
Elle se redresse lentement. Ses gestes étaient précis, mécaniques. Elle enfila ses vêtements de la veille, glissa son couteau de chasse à sa ceinture, et ouvre la porte de la chambre avec une prudence glacée.
Le couloir était désert. Et trop silencieux.
Elle descend les escaliers lentement, chaque marche résonnant comme une alerte. Un frisson lui parcourut l'échine. Une odeur métallique, âcre, lui emplit soudain les narines en atteignant le rez-de-chaussée.
Puis elle la vit : la porte d'entrée de l'hôtel. Grande ouverte.
Et du sang. Partout. Éclaboussant les murs, maculant le sol, traînant en longues coulées épaisses jusqu'à disparaître au détour d'un couloir.
Elle s'immobilisa, souffle coupé, le corps crispé comme prêt à fuir. Sa main agrippa la poignée de son couteau, moite de sueur. Ses jambes semblaient en coton.
Un pas. Juste un. C'est tout ce qu'il fallut pour qu'elle le voie.
Le réceptionniste.
Ou ce qu'il en restait.
Une partie de son visage avait disparu. Il avançait lentement, une jambe raide traînant derrière lui, son œil unique braqué sur elle. Un râle profond, guttural, s'échappa de sa gorge déchirée.
Rose voulait reculer, mais ses jambes flanchèrent. Elle tente de contourner, glisse sur une flaque de sang. Sa chute fut brutale. Le liquide épais s'étale sur sa peau, ses vêtements. L'odeur était suffocante.
Elle glissa, puis se relève d'un seul coup, haletante, le corps souillé de rouge.
La mort avançait encore. Toujours. Inexorable.
Elle se jette sur le côté. Dans un geste désespéré, presque instinctif, elle brandit son couteau et la plante droit entre ses yeux.
Le corps s'écroula dans un bruit mou. Rose recula, tremblante, les yeux écarquillés. Autour d'elle, tout semblait vaciller.
Un haut-le-cœur la prit. Mais elle n'avait rien mangé depuis la veille. Rien ne sort.
Elle inspire. Une fois. Deux fois. Puis courut jusqu'à la porte d'entrée et la referma d'un coup sec. Elle verrouilla tous les loquets qu'elle trouva, les mains tremblantes.
Il lui fallait des provisions. Des outils. Tout ce qu'elle pouvait emporter et sécuriser dans sa chambre.
Son regard balaya l'accueil. Elle répare un sac de sport abandonné, quelques vêtements, une veste. Elle s'en empara rapidement, puis fonça vers la cuisine.
L'odeur y était pire. Putride. Infecteur.
Et dans un coin, à moitié dissimulé par l'ombre, le cuisinier. Immobile. Un soutien-gorge en moins. Il semblait mort. Mais il bougea.
Un râle rauque s'élève de sa gorge. Il lève la tête lentement.
Cette fois, elle ne crie pas. Ne tremble pas. Elle s'approche à pas feutrés, tendue comme une corde, et plante son couteau à la base du crâne.
Il tombe au soleil, d'un coup.
Elle reste là quelques secondes, figée, les yeux rivés sur le cadavre. Puis ses mains se mirent à trembler à nouveau.
Elle inspire profondément. Bouger. Respirateur. Ramasser.
Elle remplit le sac de sport à la hâte : conserves, barres de céréales, bouteilles d'eau, tout ce qui semblait encore bon.
Puis elle remontera.
Arrivée à l'étage, elle referma la porte de sa chambre, verrouille la serrure, puis déplaça la commode devant l'entrée, le verrouillant fermement.
Elle laissa tomber le sac sur le sol. Le couteau glisse de sa main.
Et elle aussi s'écroula. À genoux.
Le monde entier semblait s'éteindre autour d'elle.
Son soufflé était haché. Elle n'arrivait plus à respirer. Ses mains tremblaient sans fin. Les larmes coulèrent, silencieuses, brûlantes, traçant des sillons sur ses joues maculées de sang séché.
Elle baissa les yeux vers ses mains, ses vêtements… Tout était rouge. Cette substance poisseuse, preuve irréfutable qu'elle avait tué.
Deux fois.
Deux morts. Ou non… deux êtres qui avaient été vivants. Humains. Avant.
Une vague de panique glacée la submergea.
Elle chancela jusqu'à la salle de bain, ouvre la douche. L'eau mit du temps à devenir chaude. Elle se déshabilla avec hâte, jetant ses vêtements loin d'elle, comme s'ils la brûlaient.
Sous le jet brûlant, elle frotta sa peau si fort qu'elle en rougit. Jusqu'à faire disparaître la moindre trace de sang.
Mais l'odeur… elle croyait encore la sentir. Partout.
Elle reste sous l'eau. Trop longtemps.
Quand elle en sortit enfin, enroulée dans une serviette, elle se laissa tomber sur le lit. Son corps était propre. Mais à l’intérieur…
Elle ne savait plus.
Elle avait survécu. Elle avait tué. Pas des monstres. Pas vraiment. Pas encore.
Et elle savait maintenant, au fond de ses entrailles, que l'enfer ne faisait que commencer.
Merde, Rose. Ça a commencé. Enfile tes gants de grande fille. C'est l'heure du spectacle!!!
Ses mots résonnaient dans sa tête comme un mantra brutal, un mantra mental pour l'empêcher de sombrer. Elle venait à peine de sortir de la douche, les mains rouges à force d'avoir frotté sa peau comme pour effacer les traces de cette nuit d'horreur. Mais le sang, l'odeur, les images... tout restait là, imprimé dans son esprit.
Elle inspire profondément, se force à bloquer ses émotions dans un coin sombre de son crâne. Pas le temps pour la panique. Pas le temps pour les larmes. Elle enfila un pantalon cargo résistant, serra une ceinture noire autour de sa taille, passa un t-shirt sobre mais pratique, puis enfila les rangers neuves qu'elle avait achetées quelques jours auparavant. Une tenue faite pour durer. Versez bouger. Pour survivre.
Elle ajusta son couteau à la ceinture. Puis elle s'immobilisa, quelques secondes, devant la porte de sa chambre. L'esprit en alerte. Le regard vide, mais l'intérieur en feu.
Objectif : sécuriser l'hôtel.
Tout récupérer. Chaque ressource. Chaque outil. Chaque foutue boîte de conserve.
Elle descendit au rez-de-chaussée, là où gisait encore le cadavre du réceptionniste. Elle détourna le regard. Elle n'était pas prête au revoir en face. Pas maintenant.
D'un geste rapide, elle fouilla derrière le comptoir et mit la main sur un trousseau de clés. Probablement celles de toutes les chambres.
Alors, elle commença sa ronde. Une par une, elle ouvre les portes. Chaque pièce était abordée comme une menace potentielle : elle entrait lentement, en silence, le couteau prêt dans sa main droite.
Certaines chambres étaient vides. D'autres… non.
Elle tombe sur trois autres morts. Trois silhouettes humaines, déformées, mais encore en mouvement. Des râles, des corps désarticulés, des yeux sans vie. Cette fois, elle ne tremble pas.
Elle frappa vite. Elle plante sa lame au bon endroit, sans réfléchir. Sans laisser ses émotions la submerger.
Ne pense pas. Ne réponds pas. Agis.
C'était la seule façon.
Elle nettoya les chambres, récupéra tout ce qui pouvait servir : sacs de voyage, valises, savons, serviettes, bouteilles d'eau, médicaments, trousses de premiers secours, vêtements chauds, couvertures… Même les gobelets en plastique finissent dans son butin.
Elle faisait des allers-retours entre les étages et sa chambre, traînant ses trésors comme une fourmi préparant un hiver infernal. Son corps devait mécanique. Méthodique. Elle entassait, organisait, triait.
Elle aurait aimé ne pas voir les cadavres. Ne pas entendre les râles qu'elle ne parvenait pas à oublier. Ne pas sentir encore la peur courir sous sa peau. Mais elle avançait.
Parce que si elle s'arrêtait… Alors, tout s'effondrerait. Et elle n'avait pas le droit. Pas maintenant.
Pas alors que le monde venait de basculer.
Chapter Text
Elle finit par retourner dans sa chambre. Ses jambes tremblent légèrement, mais elle refuse de le reconnaître. Elle n'avait plus envie de sortir. Et maintenant. Le monde extérieur était devenu trop hostile. Elle repoussa la commode contre la porte, encore plus fermement qu'avant, jusqu'à entendre le bois grimer. Personne ne passerait. Pas sans qu'elle le sache.
Elle inspire profondément et se laisse tomber sur le bord du lit. L'écran noir de son ordinateur la fixait comme une invitation muette à se concentrer, à s'accrocher à quelque chose de tangible. Elle le brancha à la prise murale, encore fonctionnelle, et alluma la machine. Elle a repris ses recherches, continuer à s'instruire comme la veille.
Mais l'écran affiche une page blanche. Plus de connexion Internet et l'électricité ne fonctionna plus.
Elle fronce les sourcils.
— Non... pas maintenant.
Elle serre les dents. Elle avait encore des vidéos à visionner. Heureusement, elle avait eu la précaution de tout télécharger, mais elle pensait avoir plus de temps. Elle comptait encore sur Internet pour combler les manques, chercher des réponses.
La fin approche.
Le constat s'impose brutalement, comme un coup dans le ventre.
Elle rouvre son ordinateur. Elle savait que le temps était compté. Qu'il ne tiendrait pas indéfiniment. Mais au moins, elle avait son stock de données. Des guides. Des vidéos. Des tutoriels. Un concentré de savoirs essentiels.
Alors, elle continue. Elle visionna des heures de vidéos, tourna page après page, document après document. Elle prenait des notes méthodiques, noircissant son cahier de conseils pratiques, de schémas, de rappels.
Lorsque la batterie principale rend l'âme, elle connecte la batterie secondaire. Une faible lumière bleue s'allume, comme un sursis. Elle reprit sa tâche, acharnée, presque obsessionnelle.
Les heures s'effacèrent. La nuit, le temps, tout semblait s'évanouir. Il ne restait qu'elle, ses notes, et ce bruit léger du ventilateur de l'ordinateur.
À force, son angoisse recula, comme une marée qui se retire. Ses mains cessèrent de trembler. Elle reprenait pied. Peut-être qu'elle avait une chance. Pas seul. Pas sans peur. Mais une chance, tout de même.
Elle ferma les yeux une seconde, inspira lentement, mais son cœur battait toujours trop vite. L'image des cadavres, des râles inhumains, revenait par vagues, comme des flashs brutaux. Elle fouilla dans son sac, sortit un petit flacon et avala un cachet. L'amertume sur sa langue fut un rappel : il faut tenir. Peu importe le commentaire.
La chambre était silencieuse. Trop silencieux. Le bourdonnement régulier de l'ordinateur était presque rassurant.
Rose fini par décider de manger, juste assez pour ne pas flancher. Elle a ouvert une boîte de conserve, avala le contenu sans réfléchir, mécaniquement, puis essuya ses lèvres du revers de la main.
Demain sera pire. Les jours suivants encore plus. Elle le savait. Elle devait dormir. Gagner un peu de force, ne serait-ce que pour rester en vie
Rose n'arrivait pas à trouver le sommeil. Allongée sur le lit, elle gardait les yeux ouverts dans l'obscurité, tendue comme une corde prête à rompre. Chaque craquement dans le couloir, chaque grincement du bois, chaque souffle de vent dehors… la faisait sursauter.
Elle avait barricadé la porte, vérifiée chaque recoin de la pièce, mais ça ne suffisait pas. Son cerveau refusait de s'éteindre.
Elle fermait les yeux, mais des images revenaient, brutales : le visage déformé du réceptionniste mort, le regard vide des rôdeurs, la sensation poisseuse du sang sur ses mains.
Des cauchemars la hantaient dès qu'elle s'assoupissait. Toujours la même chose. Des morts. Des crises. Des corps qui tombent. Et elle qui court, encore et encore. Sans aileron.
Vers cinq heures du matin, elle abandonne toute idée de repos. Elle se leva, le visage tiré, les muscles tendus par l'angoisse et la fatigue.
Il fallait bouger. L'esprit du fils de l'occupant. Agir.
Elle enfila rapidement ses vêtements tactiques et attrapa un des sacs qu'elle avait préparé la veille. Son objectif : commencer à transférer une partie de ses affaires dans sa voiture, garée au sous-sol, dans le parking de l'hôtel. Elle descendit silencieusement, par les escaliers, croisant les restes de ses premières victimes. Elle détourna le regard.
Le parking souterrain était calme. Vide de bruit, mais pas de tension. Elle ouvre discrètement la portière de sa voiture, installa les sacs à l'arrière, prend soin de ne rien faire tomber, ne rien claquer.
Elle remonte. Puis redescendit. Deux. Trois allers-retours. Toujours rapide, toujours en silence. Elle stocka des conserves, des bouteilles d'eau, quelques armes improvisées, du savon, des vêtements… Chaque objet choisi avec soin.
Avant de remonter une dernière fois, elle se faufila entre les colonnes de béton du parking, en observant les autres véhicules. Il y avait encore quelques-uns. Deux berlines, un SUV, une camionnette. Fermées. Abandonnées peut-être. Mais elle n'avait pas le temps de s'en occuper pour l'instant.
Elle retourne dans sa chambre, ferme la porte, remet la commode contre l'entrée. Puis elle alla jusqu'à la fenêtre et écarta légèrement le rideau.
La vue sur le centre d'Atlanta lui nouveau l'estomac. Des gens couraient vers le cœur de la ville, comme si là-bas, quelque chose ou quelqu'un pouvait encore les sauver. Mais il y avait aussi eux. Les morts. Ils erraient dans les rues, de plus en plus nombreux. Certains trébuchaient, d'autres couraient presque. Le chaos avance. Vite. Trop vite.
Elle referma brusquement le rideau. Son cœur battait à ses tempes. Pas le moment de paniquer. Pas maintenant.
Elle redescendit une dernière fois à sa voiture, et récupéra ses livres : guides médicaux, manuels de survie, vieilles encyclopédies. Des trésors à ses yeux. Elle les remonta, les empila avec soin dans un coin de la chambre, près du bureau. Elle s'en servirait encore. Souvent. Peut-être tous les jours.
Puis elle s'assit, reprit son souffle, et décide de ne plus faire un bruit.
Le monde dehors devait être fou.
Elle ne pouvait plus faire confiance à personne.
Elle ne savait pas qui courait pour fuir… et qui courait pour tuer.
Elle retourne à sa fenêtre plus tard, sans se montrer, et observe encore une fois le stationnement. Elle choisit un coin discret, à l'abri des regards, mais facile d'accès. Un endroit stratégique. Elle y déplaça sa voiture, moteur coupé, prête à partir à tout moment.
Pas vu, pas pris.
Elle prend le soin de retirer tout ce qui pouvait attirer l'attention : objets brillants, sacs visibles, et rangea une couverture sombre sur les vitres pour camoufler l'intérieur.
Une fois satisfaite, elle revient dans sa chambre. Elle verrouille. Elle souffla.
Elle survivrait. Même seule.
Chapter Text
Rose reste enfermée trois jours dans sa chambre, en silence, comme une ombre dans sa propre vie. Elle ne sortait plus du tout. Tout se concentrait ici : cette pièce devenue son sanctuaire, sa prison, sa base.
Elle s'impose une routine. Lires. Apprendre. Prendre des notes. Manger un peu. Essayer de dormir. La salle de bain attenante à la chambre lui permettait de garder un semblant d'hygiène. Elle prenait des douches, même glacées. Se forçait. Lavant ses vêtements à la main, dans le bac de la douche, frottant le tissu avec ce qui lui restait de savon, les faisant sécher sur les cintres ou la barre de rideau.
C'était dérisoire, mais nécessaire. Un moyen de garder un pied dans la normalité.
Les crises et les hurlements au-dehors semblaient lointains, presque irréels. Mais ils étaient bien là. Des bruits de lutte. Des portes fracasées. Parfois, un cri coupé net. Des coups de feu…. Elle ne bougeait pas. Résolue. Elle survivait.
Mais à l'aube du quatrième jour, quelque chose changea.
Avant même d'avoir eu le temps de réfléchir ou de s'extraire de sa torpeur, un grondement familier fendit l'air. Un bruit aigu, strident. Lointain. Puis un Rafale.
Elle se redressa, les sens en alerte. Son cœur cogna contre sa cage thoracique.
Elle connaissait ce bruit. Elle l'avait déjà entendu, en France. Lors de cérémonies militaires. Des démonstrations de force, de vitesse.Ce n'était ni un camion, ni un orage. C'était un avion de chasse.
Rose bondit vers la fenêtre, écartant le rideau à moitié. Le ciel, gris et chargé, semblait sur le point d'exploser. Et ce fut le cas.
À l'horizon, des lueurs aveuglantes. Blanches. Puis rouges. Et puis… une lumière plus forte que tout. Un flash. Puis le chaos.
Le souffle de l'explosion atteignit l'hôtel une seconde plus tard, ébranlant tout le bâtiment. Les vitres tremblaient. Les murs vibrèrent. Des alarmes de voitures se précipitent partout dans la rue, créant une cacophonie stridente.
Rose resta figée. Les mains sur le rebord de la fenêtre. Les yeux grands ouverts. La ville venait d'être bombardée.
Elle recula lentement, se laisse glisser le long du mur. Son souffle était court. Son esprit en vrac.
Pourquoi ? Comment ? Atlanta était-elle devenue un point de non-retour ? Une zone à raser ?
Cela ne faisait que quatre jours que le monde s'était effondré. Quatre jours. Et déjà, les frappes. Déjà, la destruction.
Elle sentit ses jambes faiblir. Une boule se forme dans sa gorge. Elle se laissa tomber au sol, les genoux repliés contre elle, les bras entourant ses jambes. Elle reste là, plusieurs minutes, à attendre que son cœur ralentisse.
Quand enfin elle reprend pied, elle rassemble ses affaires et s'installe sur le sol. Elle déplia la grande carte d'Atlanta qu'elle avait récupérée, ainsi que le bottin pris une semaine plus tôt.
Elle alluma une lampe de poche à faible intensité. Et commença à surligner.
Quincailleries. Armures. Magasins de sport. Jardineries. Parapharmacies. Stations-service.
Elle faisait des cercles. Des croix. Notait les distances. Les points d'accès possibles.
Elle dressait une stratégie.
Car elle le savait désormais : elle ne pourrait pas rester éternellement dans cette chambre. Elle avait besoin de plus. Et avec les bombardements, les morts seraient dans le centre. Pas avec ce chaos qui grandissait dehors.
Mais elle ne partirait pas sans plan. Sans préparation. Elle serait prête. Et si elle devait fuir, elle le ferait vite. Et bien.
Et puis… tant qu'elle était à l'abri, autant optimiser.
Elle enfila à nouveau sa veste, glissa son couteau dans son fourreau accroché à sa cuisse, son arme à portée. Elle prit deux sacs vides qu'elle avait laissés dans le placard, les cala bien sur ses épaules, et ouvrit la porte de sa chambre avec prudence.
Le couloir était silencieux. Pas un bruit. Elle comptait rester encore quelques jours ici, au maximum. Juste assez pour rassembler tout ce qu'elle pouvait, pour étudier encore, pour reposer son corps un minimum… avant de partir.
Partir où ? Elle ne savait pas encore exactement. Mais elle savait qu'elle ne pouvait pas rester. Pas éternellement. Pas dans un endroit également visible. Le risque était trop grand.
Elle rangea ses trouvailles en silence, les mains méthodiques. Elle allait survivre. Elle s'y était préparée. Et maintenant, elle appliquerait.
Rose s'allongea enfin sur le lit, sans même retirer ses rangers. Elle n'en avait ni l'énergie, ni l'envie. Elle laissa son sac ouvert à portée de main, une arme calée juste à côté, prête à être attrapée au moindre bruit suspect.
La fatigue lui broyait les épaules, lui engourdissait les membres. Et pourtant, le sommeil ne venait pas.
Chaque craquement du bâtiment la maintenait sur le fil. Le bois du plafond qui travaille. Un loquet qui claque quelque part dans le couloir. Une bourrasque contre les fenêtres. Un claquement sec. Un bruit aigre. Peut-être une voiture. Ou… autre a choisi.
Elle fermait les yeux quelques instants. Puis sursautait. Toujours en alerte. Toujours à l'affût.
Son esprit refusait de lâcher prise, incapable de faire la part entre un bruit anodin et un danger réel. Elle ne savait plus si elle entendait vraiment, ou si son cerveau, tendu à l'extrême, lui inventait des menaces.
À un moment, elle crut percevoir des pas dans l'escalier. Lourds. Carêmes. Ils montaient. Un à un.
Elle retint son souffle, se redressa à demi, couteau en main, les yeux fixés sur la porte. Chaque battement de cœur résonnait dans ses tempes. Mais rien ne vint. Les pas s'évanouissent. Ou peut-être n'avaient-ils jamais existé.
Elle reste figée longtemps dans cette position, incapable de se rendre.
Quand les premiers rayons du soleil filtrèrent à travers les rideaux, ternes et poussiéreux, Rose n'était pas reposée. Pas vraiment. Elle avait l'impression de n'avoir fermé les yeux qu'en sursaut. Sa nue était raide. Son dos douloureux. Ses paupières lourdes et brûlantes.
Mais elle se leva. Pas le choix.
Elle mangea rapidement. Deux barres de céréales.. Un fond d'eau tiède. Pas de quoi nourrir un corps en alerte, mais suffisant pour avancer.
Elle étala à nouveau sa carte sur le lit, ajouta quelques annotations, entoura deux nouvelles adresses repérées la veille dans le bottin : une quincaillerie à cinq pâtés de maisons, et ce qui semblait être une boutique de surplus militaire.
Elle vérifiera son sac. L'inventaire. Toujours. Lampe. Couteau. Gourde. Trousse de soins. Sac plastique. Tournevis. Elle répéta mentalement les consignes qu'elle s'était données. Rester discret. Observateur d'abord. Agir ensuite. Pas de mouvements inutiles. Pas de bruit. Pas d'hésitation.
Puis elle s'équipa, serra les sangles, glissa un foulard autour de son cou, et enfila sa veste.
Aujourd'hui, elle sortirait. Elle fouillerait d'abord autour de l'hôtel. Des rues proches, quelques bâtiments voisins. Revenir vite. Observateur. Évaluateur.
Et demain… plus loin. Elle prend une inspiration profonde. Ferma les yeux une seconde.
Puis elle a ouvert la porte. Le couloir était silencieux. Elle avance.
Rose franchit le seuil de l'hôtel en silence, refermant doucement la porte derrière elle. L'air extérieur lui frappa le visage comme un rappel brutal que plus rien n'était normal. Elle s'arrête une seconde sur le trottoir, le regard en alerte, les sens en éveil.
Son apparence aurait pu faire croire qu'elle sortait tout droit d'un film d'action. Pantalon cargo ajusté, débardeur noir moulant sous une veste tactique, ceinture garnie d'étuis bien remplie. Deux armes de poing à portée de main, un couteau à la cuisse, un autre à la ceinture. Son arc attaché dans son dos, avec son carquois. Et sur les épaules, son sac de randonnée bien rempli, organisé au millimètre.
Elle était prête. Ou du moins, elle essayait de l'être.
Elle s'engagea à pied dans la rue déserte, longeant les bâtiments efffondrés ou abandonnés. Elle avait décidé de ne pas s'éloigner trop pour le moment. Juste explorer les alentours immédiats. Comprendre le terrain. Chercher des ressources. Évaluer les risques.
Elle avançait à pas feutrés, entraînant les zones dégagées, rasant les murs, se figeant au moindre bruit suspect. Un volet qui claque. Un souffle de vent. Un gémissement étouffé… peut-être.
Elle entra dans un premier commerce, une petite boutique de matériel de sport dont la vitrine était déjà fendue. Elle fit le tour, rapide, méthodique : une paire de gants, quelques flacons d'énergie, des lacets de rechange, un couteau de camping encore emballé. Tout ce qui pouvait servir.
Elle ressortit sans bruit, reprit sa route. Plus longe, une pharmacie événementielle. Elle observe les alentours de longues secondes avant de s'approcher. Elle ne s'attendait pas à grand-chose, mais peut-être…
Elle passait en revue les rues une à une, comme un prédateur discret, prête à fuir, à attaquer, ou à se terrer. Elle a connu ce mode de survie. Elle l'avait déjà eu. Mais jamais dans un monde où les morts marchaient encore.
Et pourtant, ce matin-là, aucune menace directe. Pas encore. Juste des ombres, du silence, et cette sensation constante que quelque chose la regardait à travers chaque fenêtre brisée.
L'hôtel restait un mausolée figé dans le temps, empreint d'un silence lourd, comme si la catastrophe avait figé chaque recoin.
De retour dans sa chambre, Rose prit une douche rapide. L'eau glacée lui mordit la peau, mais elle ne se laissait pas aller à la plainte. Ce n'était pas pour le confort, mais pour préserver ce lien fragile avec son humanité : l'hygiène. Elle lave ses vêtements dans la même pièce, frottant doucement les taches et la poussière, avant de s'envelopper dans une couverture sur le lit étroit.
Les nuits restaient un combat. Elle dormait par intermittence, ses paupières se ferment seulement par fragments. Les bruits, un pas léger, un grincement, un souffle, la réveillaient aussitôt, la main cherchant instinctivement son arme. Son cœur battait toujours à toute vitesse, creusant ses cernes.
Le lendemain, à l'aube, Rose était prête, malgré ses traits tirés. Un petit déjeuner avalé à la hâte, son sac chargé, elle emporta aussi deux sacs de sport vides, prêts à être remplis.
Elle quitta l'hôtel pour explorer les environs, à pied, prudente et méthodique. Chaque jour, elle s'éloignait un peu plus, fouillant bâtiments et ruelles. Parfois, elle croisait des morts, lents, déjà affaiblis, qui ne représentaient plus une menace réelle. Mais aucun signe de vie humaine.
Cette routine silencieuse, minutieuse, presque cérémonielle, s'installe. Pendant trois longues semaines, Rose arpenta le territoire autour de l'hôtel, toujours sur ses gardes, toujours seule.
Chapter Text
Trois semaines passèrent ainsi. Solitude. Silence. Discipline.
Les livres qu’elle avait récupérés avaient depuis longtemps été lus et relus. Rose les gardait pour combler les silences, les soirs où le vent soufflait trop fort contre les vitres ou quand son esprit commençait à s’effriter. Mais elle connaissait désormais chaque page, chaque mot. Ce qui avait été un refuge était devenu un écho familier. Elle relisait certains passages en boucle, des fragments de savoir ou de réconfort qu’elle griffonnait dans son carnet, toujours glissé dans son sac.
À la fin de la troisième semaine, elle commença à s’éloigner davantage. Elle fouilla plus loin, prenant le risque de s'aventurer dans des quartiers qu'elle ne connaissait pas, vidant les véhicules abandonnés, montant dans les étages poussiéreux des immeubles de bureaux déserts. Elle sentait au fond d’elle que ce rythme ne tiendrait plus très longtemps. Bientôt, il lui faudrait bouger. Quitter cet hôtel qui avait été son refuge.
Ce jour-là, en fouillant les tiroirs d’un ancien bureau d'avocat, ses pensées dérivèrent.
Rick Grimes... Daryl Dixon...
Un sourire triste effleura ses lèvres.
Ces deux hommes m’ont tant fait rêver… Elle se souvenait de leurs douleurs, de leur expériences.
Dans mon ancienne vie, j’étais souvent en colère pour eux meme triste. J’aurais tout donné pour les protéger de tout ce qu’ils ont vécu. Parce que, au fond, ce sont de bons hommes. Brisés, mais bons.
Et maintenant qu’elle était ici, dans ce monde, une part d’elle espérait encore... Peut-être pourrais-je les rencontrer. Les aider. Ou juste les voir de loin.
Mais elle n’avait aucune idée d’où pouvait se trouver la carrière où Rick et les autres s’étaient réfugiés. Peut-être trop loin. Peut-être déjà vide.
J’espère qu’ils vont bien, pensa-t-elle en rangeant une lampe torche déchargée dans son sac. C’est sur cette dernière pensée qu’elle finit de fouiller l’étage et redescendit vers la sortie.
Mais à peine avait-elle posé le pied dans le hall qu’elle se figea.
Des voix. Pas des râles de rôdeurs. Pas des grognements. Des voix humaines.
Son cœur bondit dans sa poitrine. Des pas. Lourds. Déterminés. Une voix grave, autoritaire. Une autre, plus râpeuse, traînante. Des hommes.
Non. Pas maintenant. Pas ici. Rose recule lentement, en silence, puis file se glisser derrière une voiture renversée devant l’entrée. Elle plaque son dos contre le métal froid, retient sa respiration. Elle sait ce qui la trahit. Ce qu’elle ne peut pas cacher.
Je suis une oméga.
Et dans ce monde, les alphas et les bêtas peuvent la sentir. Ce n’est pas visible. Ce n’est pas tangible. Mais leurs instincts ne mentent pas. Sa peur. Son stress. Tout son corps trahit ce qu’elle est et ou elle est.
Rose resta immobile, collée à la tôle froide de la voiture renversée. Son souffle était court, son cœur tambourinait si fort qu’elle craignait qu’il ne la trahisse. Les voix se rapprochaient, leur écho résonnant dans la rue.
Elle sentit l’angoisse monter, une pression sourde qui parcourait ses veines. Ici, dans ce monde brutal, être une oméga n’était pas seulement une différence, c’était une vulnérabilité, un signal invisible pour ceux qui avaient appris à sentir la hiérarchie. Alphas et bêtas pouvaient détecter sa nature par son odeur, sa posture, ses micro-expressions. Il lui fallait rester parfaitement calme, invisible.
Les silhouettes d’au moins trois hommes apparurent à l’entrée, leurs pas lourds faisant craquer le sol. Ils parlaient à voix basse mais ferme, leurs regards balayant la zone avec méfiance. Rose comprit qu’ils cherchaient quelque chose ou quelqu’un.
Son esprit chercha une solution rapide. Elle savait qu’elle ne pourrait pas rester cachée longtemps, ni se permettre une confrontation. Le moindre faux pas, le moindre bruit, et elle serait découverte.
Elle glissa lentement, vers l’ombre d’un renfoncement dans le mur, où elle pourrait se fondre dans l’obscurité. Chaque mouvement était contrôlé, précis. Une main sur son couteau, prête à agir si nécessaire.
Les hommes continuèrent leur progression, l’un d’eux éclairant avec une lampe torche les couloirs déserts, tandis que les autres fouillaient les pièces autour.
Rose écoutait, immobile, son cœur battant à tout rompre. Elle devait attendre, attendre que l’attention se détourne, que leur recherche les éloigne. Puis, quand le silence reviendrait, elle pourrait reprendre sa route plus prudente encore.
Dans ce monde, elle n’avait qu’une arme vraiment fiable : sa discrétion. Et elle comptait bien la garder jusqu’au bout.
Elle ferma les yeux en espérant qu’ils passeront leur chemin.
Mais c’est trop tard.
— T’as senti ça ? dit une voix, tendue, méfiante.
Un silence.
Puis l’autre répond, plus bas encore :
— Ouais. Une oméga. Pas loin.
Un frisson glacé remonta dans son dos.
Ils ne sont pas seuls.
Elle entendit deux autres voix, plus jeunes, plus loin. Des échanges rapides. Des ordres. Puis le bruit de pas qui s’éloignent.
Rose serre les dents. Chaque seconde qui passe est un compte à rebours. Sa cachette ne tiendra pas longtemps. Ils sont sur elle. Et elle est seule. Elle sort doucement son couteau au cas où. Si vraiment elle a besoin, elle a encore ses armes à feu. Mais ça fait trop de bruit.
Ils s’approchent…
Chapter Text
Rose tenta de retenir sa respiration, mais son cœur cognait furieusement contre sa cage thoracique, prêt à la trahir à tout instant. Une sueur glacée perla sur sa nue. Les pas approchaient. Lourds. Assureur. Inexorables.
Soudain, deux silhouettes émergèrent dans le coin de son champ de vision. L'une d'elles s'arrête net. Ses yeux se plissèrent.
Il l'avait repéré.
— Elle est là.
Rose se figea, les doigts se serrant autour de la poignée de son couteau. Prête à se défendre. Même si, au fond, elle savait que ça ne servirait à rien contre plusieurs alphas.
L'un d'eux s'avance lentement, mains levées à mi-hauteur. Calme, mais alerte.
— On ne veut pas te faire de mal, Oméga. T'es seule ?
Elle baissa légèrement la tête, dissimulant son expression derrière sa chevelure en bataille. La voix de cet homme… putain. Une voix à faire frémir. Grave, chaude, maîtrisée. Une voix qui devrait être illégale.
Reprends-toi, Rose. C'est parce que tu es restée trop longtemps seule, c'est tout. Oui, c'est un Alpha… mais tu vas mieux que ça !
Son souffle restait court. Lentement, elle relève le visage… et son regard croisa celui de l'homme.
Et là, tout bascule.
Ses pupilles se dilatèrent. Son soufflé se coupe.
Rick Grimes.
Et juste à côté de lui, plus en retrait mais tout aussi imposant, Daryl Dixon.
Ils étaient là. En chair et en os. Mais pas tout à fait comme dans la série. Non. Plus vrais. Plus puissant. Et… vivants. Leur présence était écrasante, presque magnétique. Chaque muscle, chaque regard, chaque mouvement transpirait la force brute et l'instinct primal.
Rick Grimes et Daryl Dixon.
Et bordel… ils sont magnifiques ! Complètement à croquer…
Son ventre se tordit. Elle le sentait. Ils devaient la sentir aussi.
La honte… mon odeur me trahit. Bordel ! Reprends-toi, Rose !
Les phéromones affluaient, incontrôlables, trahissant son attirance viscérale. Son corps réagissait malgré elle. Elle était un oméga. Ils étaient des alphas.
Elle serra les dents, furieuse contre elle-même.
Non. Non. Contrôle-toi! Ne leur montre rien.
Elle inspira profondément, ferma les yeux une seconde, se recentra… puis les révolua lentement, son regard durci.
— Je suis seule.
Rick hocha la tête, lentement. Son regard était calme, mais perçant. Il l'avait senti. Elle le voyait dans ce petit front de sourcils, dans la tension subtile de sa mâchoire, dans ses pupilles légèrement dilatées.
Daryl, plus taciturne, haussa un sourcil, ses yeux sombres ancrés aux siens.
— T'as pas de groupe ? Tu vis ici ? Seule ?
Rose secoua la tête.
— Plus loin. Dans un hôtel. Je suis juste venu chercher ici.
Les deux hommes échangèrent un regard bref. Un dialogue silencieux, instinctif.
Puis Rick reprit, sa voix s'adoucissant :
— Nous avons un camp, pas très loin. Tu pourrais venir avec nous. Au moins pour te reposer. Il y a d'autres omégas. Des enfants aussi. On t'imposera rien. Je suis Rick Grimes. Lui, c'est Daryl Dixon.
Rose déglutit. Elle le savait déjà. Bien sûr. Elle les connaît… mais pas comme ça. Pas ici.
Son regard est passé de Rick à Daryl. Sa gorge est serrée.
Putain… pourquoi faut-il que ce soit eux ?
Son cœur battait trop vite. Une chaleur aigre montait en elle, remontant sous sa peau. Une part d'elle hurlait de fuir. L'autre voulait dire oui, tout de suite.
Elle avait peur.
Peur d'eux. De ce qu'ils éveillaient en elle. Elle avait rêvé de les rencontrer, de les aider. Mais elle savait aussi ce que leur présence impliquait : danger, combat, responsabilité.
Et maintenant, elle sentait leur regard. Leur tenue. Leurs pupilles s'étaient contractées, noircies. Signes d'alphas réagissant à un oméga. L'air entre eux vibrait d'une tension presque électrique.
Pas maintenant. Pas ici.
Elle ravit ses émotions. Et dans un souffle maîtrisé, déclare :
— D'accord. Je viens. Mais je garde mes affaires.
Rick acquiesce sans discuter.
— Bien sûr.
Daryl incline légèrement la tête, un sourire en coin venant serrer ses lèvres.
— T'as du cran, gamine. J'aime ça.
Elle détourna le regard, les joue en feu.
Respire, Rose. Respirer! Et sérieusement ? "Gamine" ? Il n'a pas l'air d'avoir plus de trente ans, ce con. Pfff…
Chapter Text
Aucun des deux hommes n'était marqué. Rick ne portait même pas d'alliance.
Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
Des alphas aussi puissants, aussi attirants… et pourtant, aucun lien. Aucun attachement revendiqué. Leur charisme était écrasant, leur prestance hurlait leur nature dominante, et pourtant… rien. Juste eux. Solitaire. Libres.
Ils ont l'air sincères…
Mais l'instinct de survie, lui, ne s'endort jamais. Elle les observe, les analyse : la posture de Rick, droite mais non menaçante ; son regard franc, mais toujours en alerte. Celui de Daryl, plus brut, presque animal, mais solide. Aucun ne tente de l'encercler. Aucun ne cherche à l'écraser.
Est-ce que je peux leur faire confiance ?
Avant qu'elle ne puisse se décider, des bruits de pas précipités et des voix résonnent dans la rue.
—Rick ? Y'avait pas mal de rôdeurs vers le sud ! On a contourné, mais on n'a pas trouvé la camionnette ! lance une voix jeune, haletante. Glenn.
T-Dog suit de près, sac sur le dos, souffle court, regard aux aguets.
Ils s'arrêtent net en la voyant.
Rose ne bouge pas. Figée. Entre Rick et Daryl, son sac posé à ses pieds. Les nouveaux arrivants la fixent… puis leurs narines frémissent. Ils sentent.
Et l'atmosphère bascule.
L'air s'alourdit. Saturé de phéromones, d'instincts bruts, d'adrénaline. Trop de salutations. Trop d'émotions qui ricochent comme des ondes dans l'espace clos.
Elle recule d'un pas, pupilles dilatées, gorge sèche. Elle sait qu'elle n'est pas en danger. Pas vraiment. Mais son corps, lui, croit le contraire. Ses doigts se crispent sur son couteau, qu'elle lève instinctivement. Puis elle se baisse, posture de défense, souffle saccadé.
Ils sont trop nombreux. Trop proches.
Un grognement grave roule dans la gorge de Rick. Daryl le suit plus rauque. Ils se tendent. Se place devant elle. Pas pour l'intimider… pour la protéger. Ou pour prévenir.
Glenn et T-Dog lèvent immédiatement les mains.
— Hé, tout va bien ! dit Rick sans la quitter des yeux. Ce sont des nôtres. Glenn. T-Dog. Calmez votre aura.
Glenn ouvre de grands yeux, confus.
— Désolé ! J'ai juste été surpris, j'voulais pas…
T-Dog hoche lentement la tête, reculant d'un pas. Son aura se rétracte. Moins pesante. Plus neutre.
— On ne te veut aucun mal. Promesse.
L'oméga en elle tremble, lutte. Son souffle est court, ses muscles tendus comme des cordes prêtes à rompre.
Et alors… Daryl bouge. Lentement. Sans bruit.
Il fait un pas, s'arrête à distance respectable. Il ne dit rien. Ne tente rien.
Juste… il pose sa main à plat contre sa propre poitrine. Inclinez la tête vers elle. Puis, un son grave, profond, s'échappe de lui. Un rayonnement. Vibrant. Primitif. Apaisant.
Une onde chaude qui glisse sur elle comme un baume. Comme un calin invisible.
Rick comprend immédiatement. Il s'approche à son tour, plus lentement encore, et émet un autre ronronnement. Plus doux. Plus la tombe. Un cocon sonore, qui remplit l'air tendu d'un calme diffus.
Et son corps, avant même que son esprit ne suive, réagit.
Ses épaules se détendent. Son souffle revient. Son cœur ralentit. La peur recule, mètre après mètre.
Elle lève les yeux. Ils sont là. Pas de dominantes. Passant envahissant. Juste… présents. Inquiets. Attentifs. Respectueux.
Elle cligne des yeux, déboussolée, la gorge serrée. Puis, dans un souffle presque inaudible :
— Merci… Je suis Rose Mac Carty.
Daryl s'écarte légèrement, haut la tête, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.
Rick lui jette un regard, puis se tourne vers elle avec douceur.
— Tu veux récupérer tes affaires avant qu'on y aille ?
Elle observe le groupe. Glenn lui adresse un sourire timide. T-Dog baisse légèrement la tête, dans un geste respectueux.
Ils sont quatre. Deux alphas. Deux bêtas.
Même si elle les connaît d'une série… la vie, elle, n'a rien d'écrit d'avance. Elle doit rester prudente.
Même si son corps pense le contraire.
Elle hoche lentement la tête.
— Oui. Tout est dans ma voiture, un peu plus loin.
Rick lui offre un sourire calme, rassurant.
Et mon dieu qu'il a un beau sourire….
Chapter Text
Elle marchait légèrement en retrait, toujours sur ses gardes. Pourtant, elle ne pouvait ignorer ce calme étrange qui s'installait doucement dans sa poitrine. Pour la première fois depuis des semaines… son instinct d'oméga ne criait plus alerte. Pas avec eux.
Est-ce à cause de la série ? Ou est-ce que j'ai vraiment l'impression de les connaître ? Et mon dieu, qu'est ce que je sens vraiment en leur présence ? Je ne comprends pas…
La lumière dorée du soir glissait sur les bâtiments, enveloppant le groupe d'une chaleur trompeuse. Derrière elle, les pas se faisaient discrets, mesurés. Une toux étouffée la fit se retourner. Elle a surpris Daryl qui regardait les alentours, visiblement concentré, mais les oreilles rouges. Rick, lui, trébucha sur un rebord de trottoir, les joues rougies.
T-Dog et Glenn échangèrent un regard complice… et éclatèrent de rire en silence.
Elle haussa un sourcil, un coin de ses lèvres se soulevant malgré elle, puis continue d'avancer, tête haute, démarche décidée. Pourtant, chaque pas vers sa voiture faisait naître un dilemme intérieur.
Est-ce que je suis en train de faire une connerie ? Je ne pense pas… Je ne pense pas être capable de m'éloigner d'eux maintenant. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi…
Le sac de sport tapait doucement contre sa cuisse. Elle serre les dents.
Ce monde-ci n'était pas une fiction. Pas une série. Et pourtant, ces deux alphas avaient su l'apaiser d'un simple regard, d'un simple fils. Sans mots. Juste... l'instinct. Comme s'ils ressentaient.
Ils arrivèrent à l'hôtel. Le bâtiment semblait désert, figé dans le temps. Rose se dirigea vers le parking et s'arrêta, désignant une voiture sombre, garée à l'ombre.
— Elle est là.
Rick fit le tour du véhicule, prudent. Il vérifiera l'arrière, puis s'approche d'elle.
— Tu me passes les clés s'il te plaît ?
Elle le fixe un instant, un sourcil levé. Puis, après une seconde d'hésitation, elle les lui tendit.
Rick grimpa côté conducteur. Rose s'installe à côté, sur le siège passager. Daryl et les autres prennent place à l'arrière. Le moteur démarra dans un ronron rassurant, presque apaisant.
La route défilait, silencieuse, bordée d'arbres et d'immeubles vides. Elle fixait la route droit devant… mais elle les sentait. Leurs présences. Leur chaleur.
— Tu es seule depuis le début ? demanda Rick, sans quitter la route des yeux.
Elle hésite, juste une seconde.
—Oui. J'étais dans un hôtel du centre au départ. Mais quand j'ai senti la tension monter, j'ai quitté la ville. On peut dire que ça m'a sauvé.
Un silence s'installera.
— Comment t'as fait pour survivre toute seule… tout ce temps ? demanda Rick, plus doucement.
Elle garda les yeux fixés sur l'horizon, comme si elle revivait à chaque instant.
Je ne peux pas leur dire que j'ai été… projetée ici ? Ils me prendraient pour une folle.
— J'étais venu à Atlanta pour un rendez-vous médical. J'en avais un deuxième, plus loin, à l'extérieur. Mais dès mon arrivée… j'ai senti que quelque chose clochait. L'ambiance était bizarre. Les gens tendus, nerveux. Aux infos, on parlait de cas étranges dans certains hôpitaux, de patients devenus violents. C'était pas encore la panique, mais c'était pas normal.
Rick acquiesça, le regard sombre, concentré.
— Quelques jours après, j'ai décidé de quitter le centre. J'ai acheté ce que je pouvais : sac de rando, arc, couteaux, nourriture, lampe… J'ai même téléchargé des vidéos de survie. Juste au cas où.
Elle soupira, croisa les mains sur ses genoux.
— Le soir même, j'ai quitté Atlanta. J'avais déjà rendu mon appart pour venir, j'étais libre. J'ai trouvé cet hôtel, en retrait. Discret. Je compte n'y rester que quelques jours… jusqu'au deuxième rendez-vous.
Elle marque une pause. Sa voix s'était faite plus lointaine.
— Le lendemain, c'est parti en vrille. Les infos ont explosé : émeutes, agressions, gens mordus… Alors je suis resté. J'ai barré les portes. Je me déplaçais toujours avec un couteau. Je ne voulais pas mourir pour une erreur.
Daryl hocha lentement la tête à l'arrière, silencieux.
— Et t'es resté là tout ce temps ?
—Oui. Je me suis installé. Jusqu'au jour où c'est arrivé. Je suis descendue à la réception, et le réceptionniste… était revenu. Les yeux vides, la bouche couverte de sang. Il a grogné. M'a foncé dessus. J'ai paniqué. J'ai glissé sur le sang. Mais j'avais mon couteau. J'ai visé la tête. Et j'ai survécu…
Glenn écoutait, bouche entrouverte, impressionné.
— Après ça, j'ai vidé l'hôtel. Je les ai tous éliminés. J'ai barricadé, fouillé chaque pièce. J'ai transformé ce lieu en forteresse. Et j'ai attendu. J'observe. Je sortais parfois, pour trouver ce qu'il me fallait.
Un silence s'installe dans l'habitacle. Un silence chargé de respect. Rick Souffla enfin :
— Tu t'en es sortie parce que t'as réfléchi. Parce que t'as pas paniqué. Et parce que tu t'es battue.
Elle tourne la tête vers lui, croisa son regard un instant. Son ton reste calme.
— Je savais que personne ne me sauverait. Alors j'ai fait ce qu'il fallait.
Rick Soutint son regard, puis se concentre de nouveau sur la route. Daryl baissa les yeux. Glenn esquisse un petit sourire.
Le silence n'avait pas encore retombé que Rick reprit, plus doux :
— Et ta famille ?
Elle tourne la tête vers lui, ses yeux brillants d'une tristesse discrète.
— Je suis orpheline depuis l'enfance. Je n'ai jamais eu personne.
Le silence revient, un peu plus lourd. Mais c'est elle, cette fois, qui le brisa. Sa voix était calme, teintée de sincérité.
— Et vous ? Comment avez-vous survécu ?
Rick a un œil dans le rétroviseur, échangea un regard rapide avec Glenn, T-Dog, puis Daryl. Il semble hésiter, puis répondu :
— J'étais à l'hôpital. Dans le coma. Blessure par balle. Quand je me suis réveillé… le monde avait changé. Un homme m'a aidé. Lui et son fils m'ont expliqué la situation.
Il inspire doucement.
— J'ai cherché ma famille. Je pensais qu'ils étaient à Atlanta, dans la zone de sécurité. C'est là que Glenn m'a trouvé. Il m'a sauvé la vie. Grâce à lui… j'ai retrouvé mon fils. C'était un miracle.
Rose tourna lentement la tête vers Glenn, une lueur d'émotion dans les yeux.
— Et toi ?
Le jeune homme haussa légèrement les épaules, un sourire en coin.
— J'étais livreur de pizzas. J'ai vu les infos comme tout le monde, mais j'ai vite compris que ça allait mal tourner.
Je suis descendu de mon appartement pour tenter de rejoindre une zone sécurisée, mais j'ai pas eu le temps d'y arriver. Les militaires ont commencé à tirer sur la foule.
J'ai croisé T-Dog en chemin, il m'a aidé, et sur un filé hors de la ville. On a vu les embouteillages sur l'autoroute… et c'est là qu'ils ont commencé à étendre les bombes.
On a fini par rejoindre le groupe qui partait à la carrière.
Ses yeux se tournèrent alors vers Daryl. Celui-ci resta silencieux quelques secondes, le regard perdu à travers la vitre du pick-up.
— Mon frère et moi, prochainement sur Atlanta, pour rejoindre la zone sécurisée.
On s'est retrouvé coincés dans les embouteillages.
Comme l'a dit le Chinois, on a vu les avions agrandir les bombes. On a fait demi-tour, on a fini par arriver à la carrière. Et on y est resté.
Il croisa simplement le regard de Rose, puis détourna les yeux, sans rien ajouter.
Elle les observe tous les quatre, longuement. Puis hocha lentement la tête, avec une sincère reconnaissance.
— Vous vous êtes battus, vous aussi. Chacun à votre manière.
On n'a pas tous suivi la même route… mais on veut tous la même chose : survivre.
Un nouveau silence s'installe, mais cette fois, il était plus léger. Moins tendu. Comme si un pont invisible s'était enfin construit entre eux.
Rose inspire profondément, les yeux fixés sur l'horizon qui s'ouvraient devant eux.
Chapter Text
Le véhicule franchit la pente rocailleuse qui descendait vers la carrière. Le soleil était haut dans le ciel, baignant le camp d’une lumière crue.
Le bruit du moteur attira quelques regards.
Des silhouettes émergèrent lentement des tentes et des zones d’ombre, attirées par le grondement du véhicule. Des visages fatigués, mais curieux. Quelques enfants coururent entre les adultes.
Rose resta silencieuse, observant la scène à travers la fenêtre entrouverte.
Un espace rudimentaire… mais organisé : des tentes de fortune en bâche, un feu protégé par des pierres, des caisses de provisions entassées à l’ombre, des armes bien gardées.
C’était vivant. Trop vivant.
Son cœur se serra.
Je ne suis pas prête pour ça. Trop de monde. Trop de regards.
Mais elle ne bougea pas. Elle inspira lentement, profondément.
Et serra un peu plus fort la sangle de son sac contre elle.
Lorsque le véhicule s’immobilisa, Glenn et T-Dog descendirent les premiers, suivis de Rick et Daryl.
Rose attendit une seconde de plus, le cœur battant plus fort qu’à l’accoutumée. Elle n’avait pas vu autant de monde depuis… longtemps.
J’en ai perdu l’habitude.
Vivre seule l’avait rendue prudente. Ce retour brutal à une forme de « vie en groupe » lui semblait étrange. Presque irréel.
Finalement, elle sortit du pick-up, ses gestes calmes, mesurés.
Quelques personnes la saluèrent d’un signe de tête, intriguées par cette nouvelle arrivée. Elle répondit par un simple hochement, un sourire poli à peine esquissé.
Rick discutait déjà avec Lori et Shane, pendant que Carl l’observait avec de grands yeux curieux.
Rick suivit des yeux Rose qui passait, Daryl sur ses talons.
Il prit son sac de camping sans un mot et l’entraîna vers un coin un peu à l’écart, proche de sa propre tente.
Sans un mot, elle déplia la sienne et l’installa rapidement.
Non loin, Rick observait la scène, silencieux.
Sa tente, installée à quelques mètres de celle de Lori, lui offrait une vue dégagée sur l’endroit que Rose venait de s’approprier.
Il échangea un bref regard avec Daryl, qui hocha légèrement la tête.
Sans chercher à se mêler aux autres, Rose releva ses cheveux en un chignon rapide et se changea : un short, un débardeur.
Elle attrapa son filet de pêche, un seau, et un petit sac. Puis s’éloigna, sans un mot.
La carrière était un lieu idéal pour la pêche et la récupération de ressources.
De ce que j’ai entendu, deux filles sont allées pêcher. Je vais attraper des grenouilles pour compléter.
Elle repéra une zone tranquille, planta un piquet, installa son filet, puis scruta les alentours.
L’eau était calme.
Elle posa son sac, ôta ses chaussures, et entra dans l’eau.
Loin des regards, elle chassait les grenouilles avec une efficacité discrète, presque animale. Méthodique. Silencieuse.
Daryl l’observait de loin, intrigué. Presque admiratif.
Une fois son seau rempli, elle regagna le camp.
Certains la regardèrent passer, surpris par cette inconnue revenue les bras chargés d’amphibiens.
Sans un mot, elle s’installa à l’ombre de sa tente et commença à cuisiner.
Un plat simple, typiquement français.
Elle farina les cuisses de grenouilles, les assaisonna d’herbes séchées qu’elle avait conservées dans un petit pot en métal, puis les fit revenir doucement dans une poêle avec de l’ail et un peu d’huile.
Rapidement, une odeur alléchante flotta dans l’air.
Des têtes se tournèrent. Des narines se dilatèrent.
Carl fut le premier à s’approcher, intrigué.
— C’est quoi que tu cuisines ? demanda-t-il, les yeux ronds.
Rose leva les yeux vers lui, un petit sourire au coin des lèvres.
— Des cuisses de grenouilles.
Le garçon grimaça.
— Beurk…
Elle haussa doucement les épaules.
— En France, c’est un plat apprécié.
Puis, après une brève pause :
— Tu devrais goûter avant de dire beurk.
Peu à peu, d’autres curieux s’approchèrent, attirés par le parfum nouveau.
Le groupe avait déjà du poisson, pêché plus tôt par deux sœurs bêtas, mais cette senteur attisait l’appétit.
Les réactions furent partagées. Certains hésitaient à avaler ce que leurs yeux refusaient de qualifier de nourriture, mais la majorité fut agréablement surprise.
Les plus jeunes, eux, semblaient fascinés autant par le goût que par la nouveauté.
Rose, elle, resta à l’écart, mangeant calmement, observant les autres sans s’y mêler.
Pas encore prête…
Son instinct lui dictait de garder ses distances. Elle voulait d’abord observer. Comprendre les dynamiques. Jauger les personnalités avant d’accorder la moindre confiance.
Daryl s’installa non loin, dans son champ de vision. Il ne dit rien.
Il jeta un regard à la poêle encore à moitié pleine, puis à elle. Un sourire discret effleura ses lèvres.
— Je peux goûter ? demanda-t-il simplement.
Elle haussa un sourcil, amusée par son ton presque cérémonieux.
— Bien sûr…
Il grogna un peu, réflexe habituel, mais son regard restait doux. Attentif.
Rick les rejoignit, s’assit près d’eux, et attrapa un morceau chaud dans la poêle qu’il porta à ses lèvres.
Ils sont mignons… Je ne vais pas les empoisonner…
Ses sourcils se haussèrent dès la première bouchée.
— C’est vraiment très bon ! Comment t’as appris à faire ça ?
Rose leva les yeux vers lui, un sourire tranquille sur les lèvres.
— Je ne suis pas une mauvaise cuisinière. Et puis… je suis curieuse. J’essaie de tout. Ou presque. Sauf les abats. Je n’ai jamais pu.
— Les abats ? répéta Rick.
— Les organes. Foie, rognons, cœur… Ce genre de choses. Rien que l’odeur me coupe l’appétit.
— Pourtant, c’est ce qu’il y a de meilleur, intervint Daryl avec un regard en coin.
Elle éclata de rire, un son léger, franc, qui fit même sourire ceux restés à distance.
— Dixit qui ? Toi ? lança-t-elle, faussement sceptique.
Daryl haussa les épaules, l’air faussement blasé. Mais l’étincelle dans ses yeux ne mentait pas.
Rick les observa tour à tour, un sourire discret aux lèvres.
— Ça ne m’étonne pas. Tu as l’air d’un chasseur. Seul un chasseur peut aimer ça.
Elle lui sourit.
Chapter Text
Le feu crépitait doucement au centre du camp, projetant sur les visages des lueurs dorées et vacillantes. Les assiettes de fortune circulaient de main en main, remplies de restes de poisson grillé, de racines bouillies… et de quelques cuisses de grenouilles encore tièdes.
Assise en tailleur, Rose mangeait calmement, silencieusement. Non loin d'elle, Daryl grignotait du bout des doigts, l'air absorbant. Rick s'était installé à ses côtés, assiette sur les genoux, appréciant le repas en bonne compagnie.
Il venait de lui parler de Carl, fils fils.
Un peu plus loin, Carl mimait des grimaces à une gamine de son âge, racontant avec exagération le commentaire de Rose avait « vraiment mangé des grenouilles ». Elle l'avait entendu, mais n'avait pas réagi, un sourire en coin trahissant son amusement discret.
— Et sa mère ? demanda-t-elle.
Rick suivit son regard, puis désigne Lori d'un signe de tête. Elle était assise à l'écart, proche de Shane.
Rose arqua un sourcil, feignant la surprise. Mais elle le savait déjà.
L'odeur ne trompe pas. Celle de Shane est sur elle, encore fraîche. Même en plein air, même avec la fumée…
Rick, sentant l'attention qu'elle portait à cette tension invisible, reprit d'un ton calme :
— Je suis revenu après… Tu sais, l'hôpital. Elle pensait que j'étais mort. Shane les a aidés à s'enfuir, elle et Carl. Ils ont fait ce qu'ils ont pu.
Sur un différend eu une grosse. Et j'ai fini par lui dire que c'était fini.
Ça faisait longtemps qu'entre nous ça n'allait plus. Et de toute façon, c'est pas comme s'il existait encore un tribunal pour la garde des enfants, maintenant.
Rose hocha lentement la tête, sans commentaire.
La vie est différente dans ce monde. Brutal. Claire. Et les vérités, elles se sentent… Elles puent, parfois. Il faut juste avoir le nez pour les lire.
Elle jeta un bref regard à Lori, puis à Shane.
Je suis soulagée que Rick ne devienne pas fou, ici. Il mérite mieux. Pas ce destin amer où sa femme meurt en mettant au monde la fille d'un ancien ami qui a essayé de le tuer. Pas cette spirale. Si ça se reproduit ici, je l'aiderai. Autrement.
Non loin, Dale, assis sur une vieille chaise de camping, mâchait lentement tout en les observateurs.
— T'as voyagé, hein ? lancement-t-il d'un ton détaché. J'ai cru entendre un accent à un moment. Rien de net, mais... pas d'ici.
Rose leva restreint les yeux vers lui, sereine.
Réincarnation, tu connais ? pensa-t-elle, avec un brin d'ironie. Mais elle a répondu simplement :
— Je viens de Géorgie. Pas très loin, en fait. Mais j'ai passé du temps en France, il ya des années. J'ai appris deux-trois trucs.
Rick relève la tête, curieux.
— La cuisine, par exemple ?
— Exactement. Et quelques habitudes qui m'ont bien servi ces derniers mois.
Daryl la dévisagea, intrigué.
— Pourquoi t'étais là-bas ? C'était pour le boulot ou juste une envie de bouger ?
Elle haussa une épaule.
— Une opportunité. J'étais jeune, j'avais envie de voir autre chose. Je pensais y rester six mois… J'y suis resté presque deux ans.
— T'as bien fait, dit Rick en mordant dans une cuisse. Rien que pour ça, ça valait le coup.
Elle rit doucement.
— J'suis pas certain que la gastronomie française te remercierait pour ce commentaire, mais merci quand même.
— Franchement, c'est pas mal du tout. On dirait du poulet, ajouta Daryl en terminant son morceau. Mais…ouais. C'est du talent.
Elle cligna des yeux, presque surprise par le compliment, puis répondit par un sourire tranquille.
Dale se redressa un peu, l'air songeur.
— Tu vivais seule depuis combien de temps ?
Rose hésite, les yeux accrochés aux flammes. Les reflets dansaient sur son visage, rendant son expression presque insaisissable.
— Depuis toujours, en quelque sorte. Je suis orpheline. Je n'ai jamais connu mes parents…
Et depuis le début des morts, j'ai fui. Je me suis mise à l'écart. J'ai appris à survivre seule.
J'ai toujours été plus à l'aise en petit comité.
Rick acquiesce lentement.
— Ça se voit. Tu observes.
— Et tu gardes tes distances, a ajouté Daryl. Pas une critique. Juste un fait.
Elle tourna brièvement la tête vers lui, puis répondit plus bas :
— C'est plus simple. Moins dangereux.
Un silence s'installe. Le feu craquait doucement, ponctuant l'instant d'une chaleur familiale.
Puis Rick reprit, d'un ton plus léger :
— Bon, la prochaine fois qu'on a des restes bizarres à cuisiner, on sait vers qui se tourner.
— C'est ça, vous me collez tous les trucs bizarres, marmonna-t-elle avec un sourire.
Mais j'accepte… à condition d'avoir le dernier mot sur les épices.
Daryl leva sa gourde vers elle, un hochement de tête complice.
— Marché conclu .
Rose baissa les yeux vers son assiette presque vide.
Ça serait l'occasion d'essayer les insectes… j'ai vu les recettes en lignes et les vidéos… enfin si nous n'avons rien à manger…
Et pour la première fois depuis longtemps, elle ne ressentait plus cette urgence de repartir. De fuir.
Elle leva les yeux vers les flammes…
Chapter Text
Mais son calme fut interrompu quand la jeune bêta blonde se leva pour aller aux toilettes.
Rose se raidit. Elle se souvient de la série. Mais plus encore, son instinct lui hurlait le danger.
Elle se leva d'un coup et arma son arc.
Tout le monde s'arrête, la regardant avec surprise, certains figés, d'autres les yeux écarquillés. On aurait dit qu'elle perdait la tête, prête à tirer sur Amy. Mais Daryl, qui avait eu le temps de l'observer et de la connaître, savait mieux. Il décrypta son regard. Il savait qu'elle n'aurait jamais tiré sur un humain sans raison.
Il suivit son regard, et là, il vit ce qu'elle avait repéré : plusieurs rôdeurs avançant discrètement, prêts à fondre sur le camp.
Avant même qu'ils ne puissent réagir, Rose décocha sa première flèche, qui vola droit vers l'un des morts-vivants, touchant Amy in extremis et la sauvant d'une morsure certaine. Le cri d'alerte se mélange au choc, et le camp se lève en même temps que Rose.
Rick, qui avait également suivi le regard de Daryl, comprit immédiatement la situation. Il attrape une arme, tandis que d'autres se précipitèrent pour protéger les plus vulnérables.
Le hurlement de Rick déchira la nuit, résonnant comme un coup de tonnerre dans le silence tendu du camp.
En une fraction de seconde, l'ambiance paisible bascula dans le chaos. Les visages étendus autour du feu se figèrent, se transforment en masques de peur et de confusion. Les enfants crièrent, les plus jeunes éclatèrent en sanglots. Amy, pétrifiée, resta figée un instant avant de reculer en trébuchant.
— Les morts ! cria quelqu'un dans la panique.
Des silhouettes vacillantes émergeaient de la pénombre, grognant, le teint cireux, les yeux morts rivés sur leur cible : les vivants. Leur odeur fétide emplit l'air, se mêlant à la fumée du feu et à la terreur collective. Le craquement des branches sous leurs pas irréguliers se mêlait aux hurlements, aux ordres hurlés, aux larmes.
Rose, déjà debout, décochait flèche après flèche avec une rapidité chirurgicale. Chaque impact résonnait comme une petite victoire contre l’inéluctable. Mais ils étaient nombreux. Trop nombreux. Une marée de chaise pourrissante, de bouches ouvertes et de mains avides.
— Amy ! hurla-t-elle soudain, alors qu'un rôdeur s'approche trop près de la jeune bêta.
Elle lâcha une flèche rapide, et le mort s'effondra. Mais la menace était nombreuse et rapide.
T-Dog attrapa une torche improvisée, la brandissant devant lui pour repousser un rôdeur qui s'était trop approché de Carol et de Sophia, blotties derrière lui. Shane poussa un cri de rage et se précipita sur un mort pour lui exploser le crâne à coups de crosse. Glenn, le souffle court, essayait d'entraîner un adolescent à l'abri derrière un véhicule.
— Par ici ! Par ici ! cria-t-il en agrippant un bras tremblant.
Le feu central projetait des ombres déformées, faisant paraître les morts encore plus monstrueux. L'un d'eux, le crâne à moitié décharné, se jeta sur Dale, qui trébucha en arrière, manquant de peu de se faire mordre. Jim l'arracha à temps en enfonçant une peau rouillée dans la tête du rôdeur.
Des hurlements d'effroi, des cris de douleur. Les plus faibles tentaient de fuir, mais trébuchaient, pleuraient, imploraient.
— Papa ! hurlait un enfant, perdu dans la cohue.
Rick tirait méthodiquement, gardant son calme malgré la peur. Il couvrait les flancs du camp, ordonnant à ceux qui étaient encore lucides de se regrouper.
— Regroupez-vous ! Formez un cercle ! Protégez les enfants !
Mais l'ennemi était partout. Carême, mais implacable. Une vague grise et grotesque, animée par une faim sans fin.
Daryl, les sourcils froncés, s'était placé en défense mobile, son fusil claquant dans la nuit. Il rechargeait sans perdre une seconde, couvrant les arrières de Rose, puis pivotait vers Shane ou Rick selon les besoins. Sa précision brutale contrastait avec l'élégance fluide des tirs de Rose.
Et pourtant, malgré leur détermination, le camp était débordé.
Un rôdeur s'enflamma accidentellement, sa chaise se consumant dans une odeur insoutenable, transformant la scène en cauchemar visuel. Les flammes dansaient sur sa silhouette vacillante, illuminant l'horreur de ses traits déformés.
Les cris étaient montés d'un cran.
Rose décocha encore une flèche… puis une autre. Mais son carquois était presque vide.
Elle jeta un regard derrière elle : la panique était partout. Personne ne savait vraiment s'il était en sécurité. Elle vit un rôdeur attraper le soutien-gorge d'un vieil homme. Elle visa… et manqua. Une flèche perdue dans la nuit.
Ses doigts tremblaient. Pas de peur. D'urgence. D'adrénaline pure.
Alors elle lâcha l'arc, tira son arme de poing et fonça à travers la mêlée. Son visage était couvert de suie et de sueur, ses cheveux plaqués contre ses tempes, son souffle haletant.
Elle se battait pour survivre. Et pour que les autres survivent aussi.
Chapter Text
Les balles sifflaient, les hurlements résonnaient. Le feu projetait des éclairs orangés sur des visages déformés par la peur ou la rage.
Rose avançait en tirant méthodiquement, chaque détonation résonnant dans sa cage thoracique comme un coup de canon. Elle ne comptait plus les corps à terre, ni les cartouches utilisées. Le métal brûlant de son arme lui mordait la paume, mais elle ne faiblissait pas.
— À gauche ! cria Daryl.
Elle pivota instinctivement. Deux rôdeurs fonçaient vers elle. L'un boitait, l'autre courait presque. Elle tire et visa la tête. Un tir, deux tirs. Ils tombèrent dans un bruit mou de chaise contre terre.
Mais à peine s'était-elle remise qu'un râle guttural surgit derrière elle.
Elle n'eut pas le temps de viser. Le mort était trop proche. Elle recula vivement, se prit les pieds dans une racine et tomba à genoux.
Le rôdeur s'élança sur elle, bouche ouverte, mains tendues. Rose leva son arme. Tira. Rien!
Un frisson de panique la traversa, mais son corps réagit avant même qu'elle ne pense.
Elle roule sur le côté, de justesse, les dents du rôdeur a l'endroit où son visage etait, dégaina son couteau de chasse et le planta dans son crâne avec un cri de rage.
Le sang noir éclaboussa son visage. Elle repoussa le cadavre, haletante, le souffle saccadé.
Autour d'elle, le combat continuait.
Shane tirait en hurlant, les muscles bandés, le visage marqué par la violence. T-Dog s'était placé devant un groupe de survivants, armé d'un pied de biche, frappant avec acharnement. Glenn, couvert de sueur, courait entre les arbres pour attirer des rôdeurs loin du feu, les éloignant du cœur du camp.
Rick faisait face avec une efficacité impressionnante, abattant méthodiquement les morts, mais son regard balayait sans cesser le camp, inquiet, calculateur.
Il aperçut Rose à terre, couverte de sang, et son cœur se serra.
— Daryl ! Rose ! hurla-t-il.
— Je la couvre ! répliqua Daryl, accourant déjà vers elle.
Rose s'était relevée, prête à se battre encore. Mais trois morts approchaient, déterminées. Elle leva son couteau, déjà prête à vendre chèrement sa peau.
Puis une balle siffla, perça le front du premier. Daryl tira une deuxième fois sans ralentir, et le deuxième tomba.
La dernière arrivée à portée de Rose, qui lui plante d'un geste sec son couteau dans l'œil.
Daryl arrive enfin à sa hauteur, essoufflé.
— Tu es blessé ? Tu saignes ?
Elle hocha la tête.
— Non. Pas mon sang.
Son regard était brûlant, farouche. Il la fixa une seconde, Puis, sans un mot de plus, ils se répartissent en duo, comme deux prédateurs.
Le combat dure encore de longues minutes. Les crises s'atténuaient. Les coups de feu devaient être plus espacés. Les râles des morts s'éteignaient un à un.
Enfin, le silence s'impose. Lourde, pesante, chargée d'adrénaline et de sueur.
Des corps gisaient autour du feu. Des membres épars, des visages figés dans la mort. Les vivants se tenaient là, pantelants, couverts de sang, les yeux écarquillés.
Un enfant pleura quelque part. Quelqu'un éclata en sanglots.
Elle baissa légèrement son couteau, le tenant toujours fermement, son corps encore tendu.
La panique se dissipe lentement, remplacée par l'effroi, le choc, la fatigue.
Rick s'avança, le regard sombre.
— Ça va ?
Elle sourit, essuyant la sueur qui perlait à son front.
— Ça va, une peu fatiguée. Rien de plus.
Rick s'approche, posant un regard respectueux sur Rose, tout en vérifiant qu'elle n'était pas blessée. Il avait eu peur pour elle. Et il n'était pas seul. Il vit Daryl la regarder, lui demander si elle était sûre qu'elle allait bien.
Elle les regarda en souriant doucement. Elle savait qu'elle devrait bientôt prendre un cachet pour calmer son aura, mais elle avait réussi à repousser tous ces morts. Elle était fière d'elle. Elle montrait qu'elle n'était pas une oméga fragile, qu'elle pouvait aussi défendre son nid.
— Tu sais te battre. C'est clair. On est content que tu sois là.
Elle hocha la tête, les yeux fixes sur les flammes qui dansaient encore.
Ce soir, elle avait sauvé des vies. Ce soir, elle était plus qu'une étrangère.
Chapter Text
Le camp était retombé dans un silence nerveux. Quelques murmures, des soupirs, des sanglots étouffés.
La fumée montait en volutes lentes, mêlée à l'odeur âcre des rôdeurs.
Rose s'était assise seule devant le feu, les bras posés sur ses genoux, les mains encore tachées de sang séché. Son regard fixait les flammes sans vraiment les voir. Son souffle s'était apaisé, mais quelque chose en elle restait en alerte, prêt à bondir.
Elle entendit des pas, lourds mais calmes. Elle ne bougea pas.
Rick s'approche, contourna doucement le feu et s'assit à côté d'elle sans dire un mot. Il reste là un instant, les coudes posés sur ses cuisses, les yeux perdus dans les flammes, comme elle.
— On va dormir dans les voitures, ce soir, dit-il finalement. Ce sera plus sûr. On fera des tours de garde à deux, toutes les deux heures. Mais... toi, tu peux te reposer tranquillement cette nuit.
Elle hocha lentement la tête, sans répondre tout de suite.
— Ça ira, murmura-t-elle. J'ai pas encore envie de dormir.
Rick lui a fait un coup d'œil de côté.
— T'as été impressionnante. J'veux dire... vraiment. On a vu de quoi t'étais capable.
— C'était pas pour impressionner. C'était pour survivre.
Un silence s'installe à nouveau. Puis des pas feutrés s'approchaient. Plus légers, plus instinctifs.
Rose n'eut pas besoin de se retourner pour deviner de qui il s'agissait.
Daryl.
Il arrive tranquillement, son arbalète dans le dos, le visage plus dur qu'à l'ordinaire. Il jeta un regard rapide à Rick, puis à Rose, avant de s'asseoir de l'autre côté du feu, en face d'eux.
— J'vais prendre le deuxieme tour de garde, annonce Rick
Rick pinça les lèvres, songeur, puis regarda Rose.
— Tu devrais aller dormir dans une voiture aussi ?
— J'y pensais, ouais. Moins de bruit, plus de sécurité... Et j'ai pas envie d'être seule, ce soir.
Sa voix restait posée, mais chaque mot était chargé de sens.
Daryl acquiesça, les yeux toujours fixés sur elle.
— Si t'as pas envie d'être seule... on peut rester. Un moment. Enfin, si ça te dérange pas.
Rick haussa une source, mais ne dit rien.
— On pourra toujours faire les tours de garde près de ton véhicule. L'un part pendant que les deux autres dorment.
Elle lève les yeux vers eux. Rick, solide, droit, protecteur. Daryl, sauvage, farouche, mais d'une loyauté brute.
Je ne comprends pas… on ne se connait pas. Pourquoi ?
— Vous voulez dormir avec moi dans la voiture ? exigea-t-elle sans détour, un léger sourire en coin.
Daryl détourna le regard, un peu pris de court. Rick, lui, soutint calmement son regard.
— Oui.
Elle observe les flammes quelques secondes de plus, avant de sourire doucement.
— D'accord. Mais je prends le côté fenêtre gauche. Et je ronfle pas.
Daryl eut un petit rire rauque.
— Tant mieux. Rick, par contre…
Rick leva les yeux au ciel, faussement exaspéré, puis se leva.
— Allez, viens. On s'installe. Le reste attendra demain.
Ils se redressèrent ensemble, leurs ombres dansant à la lueur mourante du feu. Dans ce monde fracassé, cette voiture leur ouvrirait.
Et cette nuit, pour la première fois depuis longtemps, Rose ne dormirait pas seule.
Deux présences calmes, solides, seraient là.
Pas pour la surveillance. Pas pour la juger.
Juste... pour veiller sur elle.
Chapter Text
La nuit avait entièrement enveloppé le camp, désormais plongé dans un calme tendu. Les flammes étaient presque éteintes, ne laissant que quelques braises rougeoyantes. Dans le silence, on n'entendait que les soupirs du vent et les bruissements lointains d'une nature devenus hostiles.
Rose après avoir pris un cachet pour son aura, s'était installé sur la banquette arrière d'un vieux 4x4, calée contre la portière, une couverture autour des épaules. Rick s'était glissé côté passager, le siège légèrement incliné vers l'arrière. Daryl, lui, s'était installé à côté d'elle, un peu en retrait, presque raide, comme s'il ne savait pas trop comment occuper l'espace.
Il faisait sombre à l'intérieur, mais leurs respirations tranquilles remplissaient le silence.
— Ça faisait longtemps que j'avais pas dormi aussi... entourée, souffla Rose dans le noir.
Rick tourne légèrement la tête vers elle, sa voix basse, presque un murmure :
— Tu peux t'habituer, si tu veux. On est là maintenant.
Daryl ne répondit pas, mais son corps s'était un peu détendu, son épaule frôlant presque celle de Rose. Elle le sentit, ce contact minime, mais présent. Un point d'ancrage.
— C'est étrange, reprit-elle, les yeux perdus dans la pénombre. J'ai toujours appris à vivre seule. À faire confiance à personne. Et maintenant... j'ai pas envie de retourner à la solitude.
Un silence. Puis Daryl, d'une voix grave, rauque, presque hésitante :
— C'est pas de la faiblesse... d'avoir besoin des personnes. C'est humain.
Rose tourna la tête vers lui, mais ne dit rien. Il avait parlé d'une manière qu'elle ne lui connaissait pas encore. Moins tranchante. Plus vrai.
Rick soupira, frottant son visage d'une main fatiguée.
— T'as tenu bon, toute seule. Ce n'est pas rien. Mais t'as plus besoin de porter tout ça seule. Pas avec nous.
Mais justement Rick, tu ne comprends pas. Je ne suis pas censé me sentir aussi bien avec vous. Vous aviez des personnages à la télé. Et là, je suis avec vous. Et vous me protégez. Pourquoi ?
Le silence reprend sa place.
Rose finit par s'adosser un peu plus, son épaule touchant celle de Daryl. Elle ne s'excuse pas. Il ne bougea pas non plus. Au contraire, il se laissa glisser légèrement contre elle, comme s'il acceptait enfin cette proximité.
Rick observe la scène en coin, un sourire discret au coin des lèvres. Il répondit sa veste sous sa tête, ferma les yeux.
— Je prends le deuxième tour, murmura-t-il. Reposez-vous un peu.
Daryl hocha la tête, veillant encore un moment en silence. Rose sentit ses paupières s'alourdir. Pour la première fois depuis longtemps, elle laissa tomber les murs.
Son souffle se calme, profond, régulier. Contre elle, Daryl restait immobile, mais éveillé. Il écoutait. Il veillait.
Dehors, les ténèbres veillaient aussi. Mais à l'intérieur de ce vieux véhicule, il y avait un fragment de paix.
Un instant de répit.
Et, peut-être, les premières braisées d'un lien bien plus solide que tout ce que l'apocalypse avait détruit.
La nuit avançait lentement, pesante et silencieuse. À l'extérieur de la voiture, seuls les bruissements des feuilles et le craquement occasionnel d'une branche rappelaient que le monde continuait de tourner, même ravagé.
À l'intérieur, l'obscurité enveloppait Rose et Daryl. Rick, installé à l'avant, respirait profondément, déjà plongé dans un sommeil mérité.
Rose, elle, dormait d'un sommeil léger, agité de temps en temps par des images que seul son inconscient pouvait comprendre. Malgré la fatigue, son corps cherchait inconsciemment un refuge. Une chaleur. Une ancre.
Dans un souffle à peine audible, elle s'était tournée lentement sur le côté, glissant sans y penser contre Daryl.
Sa tête s'était posée contre son épaule, son front touchant à peine la base de son cou. Une main s'était référée contre son avant-bras, comme un réflexe ancien, instinctif.
Daryl se figea au début, surpris. Son regard s'abaissa vers elle, sa respiration suspendue un instant. Il aurait pu se décaler. Le réveiller. Se raidir.
Mais il n'en fait rien.
Au contraire, il se laisse légèrement glisser vers elle, réajustant la couverture sur ses épaules. Il fit attention à ne pas trop bouger, pour ne pas la déranger. Une de ses mains se pose lentement sur la sienne, posée sur son bras, et y resta.
Protecteur.
Il reste ainsi, éveillé, le regard perdu dans l'obscurité, les sens à l'affût du moindre bruit suspect autour du camp. Mais une partie de lui était ailleurs. Concentrée sur la chaleur douce et paisible de cette femme endormie contre lui.
Dans ce monde de ruines, de sang et de peur, Daryl Dixon, le solitaire endurci, veillait.
Et cette nuit-là, il ne protégeait pas seulement un camp. Il protégeait Rose et Rick
Chapter Text
Un rayon de lumière filtrant à travers la vitre sale vint effleurer le visage de Rose.
L'aube pointait à peine, timide et pâle, colorant l'intérieur du 4x4 d'une lueur gris-bleu.
Son souffle était prêté. Profond.
Elle ne rêvait plus. Elle dormait encore, mais d'un sommeil plus paisible, plus lourd.
Elle était toujours blottie contre Daryl.
Sa tête reposait dans le creux de son cou, son bras autour de lui, paume posée contre sa poitrine, comme si elle cherchait inconsciemment à s'accrocher à quelque chose de réel.
Daryl était resté éveillé plus longtemps qu'il ne l'aurait admis.
Mais à un moment, la fatigue l'avait rattrapé lui aussi.
Et là, à présent, il dormait légèrement, le dos calé contre la portière, la tête penchée en avant.
Son bras avait glissé autour des épaules de Rose, posé là sans y penser.
Un réflexe. Une évidence.
Rick dormait encore à l'avant, toujours dans la même position, sa veste roulée sous la tête, la bouche entrouverte.
Le silence était presque total, hormis le chant lointain d'un oiseau solitaire, quelque part dans les arbres.
Puis, lentement, Rose bougea.
Pas vraiment pour se réveiller.
Plutôt comme un chat qui change de position dans un sommeil encore tiède.
Ses doigts bougèrent contre la poitrine de Daryl, frôlant le tissu rêche de sa chemise.
Sa jambe, à moitié repliée, frôla la sienne.
Et là, son esprit remonta à la surface.
Pas brutalement. Doucement.
Comme une brume qui se dissipe.
Ses yeux s'ouvrent à moitié.
Elle sentit d’abord la chaleur. L'odeur de la peau. La respiration régulière.
Mmm ça sent vraiment bon. Qui a sent aussi bon ?
Puis elle comprit.
Elle n'était pas seule.
Elle était contre Daryl.
Son cœur manqua un battement.
Elle ne bougea pas, figée entre stupeur et réconfort.
J'ai dormi contre lui toute la nuit. Et il ne m'a pas repoussée.
Mais c'est quoi ce monde bizarre. Daryl Dixon n'était pas censé être plus tranchant au début. Et il était avec elle adorable. Est-ce normal ?
Bordel. Avec cette histoire d'oméga j'ai déjà mes hormones en feu ! Mais si en plus ils sont aussi craquants et tout. Je ne tiendrai pas. Jamais même. Grrr il me faut un bain froid ! Glacé même.
Il était encore là. Il la tenait encore.
Son front effleura doucement le creux de son cou, et elle ferma les yeux à nouveau, une seconde.
Une seule. Juste pour garder cette sensation un instant de plus. Et profiter de cette odeur divine… mmmm….
Puis, elle recula très légèrement, presque à regret, pertinente la tête pour regarder Daryl.
Il ouvre les yeux au même moment.
Pas de surprise. Pas brusque. Juste... là.
Ils se fixèrent, sans un mot.
Il aurait pu dire quelque chose.
Elle aussi.
Mais rien n'était nécessaire.
Daryl lui fit un petit signe du menton, discret.
— Bien dormi ?
Elle hocha lentement la tête, un coin de ses lèvres se pertinent en un demi-sourire encore engourdi.
—Ouais. C'était... différent. Mais bien.
Un silence. Confortable.
Elle glissa son bras hors de sa couverture, se frotta les yeux, puis regarda autour d'eux.
Rick dormait toujours. Le camp semblait intact. Rien n’avait attaqué dans la nuit.
— Merci, soufflé-t-elle, presque pour elle-même.
Daryl haoussa légèrement les épaules, sans la lâcher du regard.
— T'as pas à m'le dire.
Mais il ne bougea pas tout de suite.
Et elle non plus.
Chapter Text
Le ciel s’était éclairci d’un bleu pâle encore timide, et l’humidité de la nuit s’évaporait lentement dans l’air frais du matin.
Rose avait quitté discrètement l’intérieur du 4x4, laissant Daryl endormi contre la portière, la couverture qu’elle avait ramenée sur lui toujours posée sur ses épaules. Rick, à l’avant, dormait encore, la tête penchée, une main sur son revolver posé sur sa cuisse.
Elle s’étira doucement, ses muscles endoloris protestant à chaque mouvement. Le froid du matin lui mordait la peau, elle avait dormi en short et débardeur. Le sang séché sur ses jambes, sur ses bras nus, lui rappelait chaque seconde de la veille.
Ses vêtements, trempés de sueur et maculés de sang, collaient encore à sa peau. Elle en avait assez.
Il faut que je me lave. Que je respire.
Elle ramassa une chemise propre, un pantalon cargo et un pull dans son sac, puis se dirigea vers le petit lac, en contrebas du camp.
L’eau était calme, presque miroir. Le silence autour était total, hormis le bruissement léger du vent dans les feuillages.
Rose s’agenouilla, enleva son débardeur et son short sans hésiter. Elle entra lentement dans l’eau froide, en sous-vêtements.
Le contact fut brutal, mais libérateur.
Elle s’immergea jusqu’aux épaules, ferma les yeux… puis plongea la tête.
Le sang, la peur, les cendres… tout semblait s’effacer dans cette eau glacée.
Une fois lavée, elle frotta ses vêtements de la veille sur une pierre plate, vigoureusement, jusqu’à faire disparaître les taches les plus visibles. Elle les étendit sur un buisson bas, puis s’habilla : pantalon cargo noir, t-shirt noir, chemise kaki.. Plus couverte. Plus solide. Prête à affronter la journée. Cette fois, vraiment.
Quand elle revint, le camp s’éveillait à peine. Quelques silhouettes sortaient des voitures, s’étiraient, bâillaient.
Elle attrapa une boîte dans son véhicule, où elle avait précieusement conservé des barres de céréales.
— J’ai de quoi remplir un peu vos estomacs, lança-t-elle d’un ton clair.
Les enfants furent les premiers à s’approcher. Glenn, encore à moitié endormi, haussa les sourcils avec un sourire.
— Des barres céréales au petit-déj’, c’est un vrai luxe, dit-il en attrapant une barre.
— Ne t’habitue pas trop vite, répondit-elle avec un clin d’œil.
Carol la remercia doucement, et T-Dog hocha la tête avec gratitude.
Rose passait, calme, attentive, offrant à chacun un instant d’humanité simple.
Daryl sortit du 4x4 quelques minutes plus tard, frottant ses yeux, la couverture encore posée sur ses épaules.
Il la repéra tout de suite.
Elle s’approcha, lui tendit une barre sans mot. Juste ce regard entre eux, lourd de la nuit partagée, sans besoin d’explication.
— C’est pas un festin, mais c’est comestible, dit-elle doucement.
Daryl la prit, effleurant ses doigts. Il la détailla un instant.
— T’as l’air… différente, ce matin.
Elle haussa un sourcil, amusée.
— J’ai pris une douche glacée dans le lac et j’ai changé de vêtements.
Il laissa échapper un mince sourire. Un vrai.
Rick, réveillé à son tour, s’approcha.
— T’es déjà debout, habillée, et tu donnes à manger ? Tu veux me piquer mon rôle, c’est ça ? lança-t-il en riant.
Elle sourit, mais son regard resta sérieux.
— Je veux juste que personne démarre la journée le ventre vide. Et j’avais besoin… de me sentir utile.
Il lui posa une main sur l’épaule, sincère.
— T’es plus que ça, Rose. T’es essentielle. Pour nous…
Elle le regarda une seconde, puis détourna les yeux vers le camp encore engourdi.
Le soleil passait doucement au-dessus de la cime des arbres. Une nouvelle journée commençait.
Chapter Text
Le soleil tapait fort, écrasant tout de sa chaleur. L'air empestait le sang séché, la poussière et les restes de suite de la veille. Les bras lourds, les visages fermés, les survivants du camp s'affairaient à transporter les corps des morts.
Rose avançait parmi eux, silencieuse. Elle avait attaché ses cheveux, le visage fermé, concentré. Pas d'émotion visible. Pas aujourd'hui. Elle avait glissé une écharpe autour de son nez pour filtrer les relents les plus violents comme beaucoup d'autres.
Elle n'était pas l'une des leurs. Pas vraiment. Ramenée d'Atlanta la veille, une oméga seule, presque sans bagages, mais armée d'une détermination qui avait surpris plus d'un. Et surtout, elle avait agi. Protégé. Averti à temps.
Grâce à elle, personne d'autre n'avait été mordu cette nuit-là.
Elle aidait à porter les cadavres jusqu'à un espace dégagé à la lisière du camp. Le feu avait déjà été préparé. Daryl y déposait du bois, un bidon d'essence posé non loin. Rick avait un œil à chaque corps transporté, méthodique, épuisé. Glenn, lui, les regardait faire, les poings serrés.
Puis il craqua.
— Qu'est-ce que vous foutez ?! C'est nos gens ! s'écria-t-il en s'avançant vers le tas de cadavres. On parle de Monsieur et Madame Parker, bordel. Pas de rôdeurs !
Un silence pesant s'abattit sur le camp. Tous s'étaient figés. Carol, à l'écart, n'avait pas bronché. Ed gisait déjà sous un drap.
— Glenn… tente Rick.
— Non ! Non ! C'est pas des monstres. C'est nos morts. Si on les brûle comme les autres… alors on vaut pas mieux que ce putain de monde !
— On n'a pas le temps, ni les outils, a répondu T-Dog en touchant la tête. Et si l'infection se propage depuis les corps ? On peut ne pas prendre le risque.
— Mais on peut pas juste… faire ça. Pas sans discuter !
Lori s'approche, la voix posée mais ferme.
— On doit rester humains. Même maintenant. Surtout maintenant.
Rose leva aussitôt les yeux au ciel, clairement agacée. Elle détourna le regard, bras croisés.
Daryl, qui n'avait pas manqué son geste, esquissa un sourire discret. Un coin de lèvre soulevé. Elle ne disait rien, mais elle en pensait longtemps.
Rick passe une main sur son visage, fatigué.
— On n'aura pas tous le luxe de creuser. Mais on va le faire pour ceux que vous voulez entrer. Pour les autres, on brûlera. Chacun choisit pour les siens.
Un compromis.
Glenn hocha la tête, à contrecœur. Il s'éloigna pour chercher des outils. Dale et Morales le suivent, en silence.
Le camp se confie en mouvement, divisé entre deux tâches : creuser… et brûler.
Rose, elle, retourna vers le bûcher. Elle y dépose Ed sans un mot. Puis lançait un regard vers Carol, qui fixait le sol. Cette fois, elle hocha lentement la tête. Un accord silencieux.
Quand la torche touche le bois, les flammes prennent aussitôt. Le feu gronda, avalant les corps sans cérémonie.
Daryl se tenait près d'elle, silencieux. Il ne convient à aucun commentaire.
Mais son regard glisse vers Rose.
Chapter Text
La fumée s'élève encore dans le ciel, lourde et grise, quand un éclat de voix brisa le calme revenu, critiquant ouvertement les Dixon.
Daryl se figea net.
— Répète un peu pour voir ?! grogna-t-il en se retournant violemment.
Rick se redressa aussitôt, posant instinctivement la main sur son arme en voyant Daryl s'avancer à grandes enjambées, les poings croustillants vers celui qui avait parlé.
— Daryl, arrête ! prévint Rick d'un ton ferme.
— Il était attaché sur ce foutu toit ! hurla Daryl. Vous l'avez laissé crever là-haut, merde !
Son regard était fou de rage, son souffle court, et il sortit son arbalète dans un geste nerveux. Rick dégaina immédiatement.
— Pose cette foutue arme, Daryl. Tout de suite.
— J'te conseille d'en faire autant, shérif, répliqua-t-il, les muscles bandés, prêt à exploser.
— On ne tue pas les vivants.
— Étrange, vu que ça fait la deuxième fois que tu pointes ce flingue sur moi…
Les voix montaient. La tension était électrique, palpable. Certains reculèrent instinctivement, d'autres se regroupèrent, silencieux, comme si la moindre étincelle allait faire voler le camp en éclats.
Rose s'interposa sans prévention, posant fermement une main sur la poitrine de Daryl.
— Regarde-moi, Daryl.
Il haletait, le regard noir, mais s'arrêta net en croisant ses yeux. Elle pose doucement sa tête contre sa clavicule et émet un ronronnement bas, presque instinctif. Ce son étrange, profond, vibrait contre lui comme une onde apaisante. Il cligna des yeux, surprise par le contact et le son. Son souffle ralentit.
— Respire, murmura-t-elle contre lui. Allez… calme-toi.
Pourvu que ça fonctionne… laisse mon oméga te calmer…
Ses muscles se relâchèrent lentement. Il baissa l'arbalète, son regard encore brillant de colère, mais apaisé par sa présence.
Rick, de son côté, n'avait pas encore bougé. Il observe la scène, méfiant, l'arme toujours en main.
— Sérieusement ? Vous comptez jouer à qui a la plus grosse encore longtemps ? lâcha Rose en se tournant vers lui. Parce que là, ça devient ridicule.
Ils restèrent figés. Et Rick baissa son arme.
— On n'a plus le luxe de s'éparpiller à cause des egos d'alpha blessés. Ce monde est fini. Vous voulez qu'on se divise, qu'on s'entretue pour un mot de trop ? Alors autant creuser vos tombes tout de suite.
Elle les regardait l'un après l'autre, avec calme mais autorité.
— J'ai essayé d'être seule. De survivre par moi-même. Et vous savez quoi ? C'est un cauchemar. Chaque nuit. Alors si vous êtes assez contre pour saboter ce qu'on a là… faites-le. Mais tout seul.
Un silence lourd s'abat.
Puis Morales s'avança, penaud.
— On part , dit-il simplement. Ma famille… on doit essayer de retrouver les nôtres.
Rick hocha la tête, respectueux.
— Vous êtes sûrs ?
— Je dois faire ce qu'il y a de mieux pour ma famille, répondu-il sans détour.
Le reste de l'heure s'écoula dans une ambiance tendue, mais calme. Chacun préparait ses affaires, repliait les tentes, vérifiait les sacs.
Rose rangeait ses affaires dans sa voiture, pliant soigneusement sa couverture, quand une main attrapa la sienne.
Daryl.
— Viens, dit-il simplement en la tirant doucement.
Il l'entraîna jusqu'à sa camionnette sans un mot de plus. Elle le suivit, un sourire amusé au coin des lèvres.
Si j'avais imaginé qu'il était comme ça…
— Tu veux m'enfermer dans ton coffre ou… ? lance-t-elle, ironique.
Il grimaça un sourire, serrant la tête.
— C'est mieux ici. Tu montes avec moi.
Elle haussa les épaules.
— Ça me dérange pas, mais ma voiture doit suivre. J'ai des trucs importants dedans. J'ai réussi à récupérer pas mal de choses à Atlanta, dont des produits médicaux. Glenn peut la prendre.
Comme s'il avait entendu, Glenn est apparut au bon moment.
— Je m'en charge, dit-il à Rose. Elle est cool, ta voiture. Et je sais conduire.
Elle lui lance les clés.
— Prends-en soin !
— Promis.
Alors qu'ils s'apprêtaient à partir, Rick s'approche.
— Je peux monter ?
Daryl Souffla, mais fit un signe de tête.
Une nouvelle destination les plus attendues : le Centre des Maladies Infectieuses.
Une chance. Un espoir.
Rose s'installe entre Daryl et Rick, tandis que Daryl démarrait le moteur. Le convoi se met en route.
Un nouveau chapitre commençait. Et cette fois, ils seraient ensemble.
Chapter Text
La vieille camionnette de Daryl avançait à rythme lent sur la route cabossée, le moteur ronronnant dans le silence presque apaisant du début d’après-midi. Les arbres défilaient autour d’eux comme des sentinelles muettes. À l’intérieur, l’ambiance était pesante, mais plus calme que tout à l’heure.
Daryl conduisait, les yeux fixés sur la route, la mâchoire encore légèrement crispée. Rose était installée au milieu, les genoux légèrement serrés à cause du manque de place. À sa droite, Rick gardait le regard tourné vers l’extérieur, l’air pensif. Aucun d’eux ne parlait.
L’atmosphère vibrait d’un silence tendu, mais pas agressif. Plutôt de ceux qui suivent une explosion, quand tout le monde reprend lentement son souffle.
Finalement, Daryl souffla, presque pour lui-même :
— J’aurais pas dû m’énerver comme ça…
Rose tourna doucement la tête vers lui, attentive.
— Il était attaché là-haut, mon frère. Et je sais qu’il est pas un cadeau, mais putain… il méritait pas ça.
— T’as réagi avec ton cœur, murmura-t-elle. T’étais en colère, et t’a peur pour lui. C’est humain, Daryl.
Il la regarda à peine, mais elle sentit ses doigts serrer un peu plus fort le volant.
Rick soupira lourdement à sa droite, rompant enfin le silence de son côté.
— Je m’excuse aussi, dit-il. J’ai dégainé trop vite. J’étais sur les nerfs… entre les morts, les décisions à prendre, tout le monde à protéger… J’ai agi comme un con.
Rose se tourna vers lui cette fois, sans dire un mot. Elle tendit la main entre eux, paume ouverte.
Rick la fixa un instant, puis il posa la sienne dans la sienne, doucement.
Elle esquissa un sourire, puis tendit sa main gauche vers Daryl, dans un geste miroir.
Il hésita. Une seconde. Deux. Puis, avec un soupir presque agacé ou peut-être résigné, il lâcha le volant de la main gauche et la posa dans celle de Rose.
Elle ne disait rien. Elle ne fit que serrer leurs mains un instant, doucement.
— Voilà, dit-elle en souriant. Deux cerveaux, deux ego, un peu cabossés. Mais au fond, pas si pires. J’vous félicite, les mecs. Vous avez survécu à un concours de testostérone.
Alors qu’elle rigolait gentiment. Ni Rick ni Daryl ne répondirent. Mais ils ne lâchèrent pas sa main non plus.
Au contraire.
Le pouce de Rick caressait doucement sa peau, dans un geste lent, presque imperceptible. Et Daryl, silencieux, laissait sa main posée dans la sienne, chaude et un peu rugueuse, comme un lien discret mais solide.
Elle se retrouva au centre d’un calme inattendu, portée par ces deux présences si différentes, mais pour une fois… alignées.
Entre eux, la route s’étendait encore. Vers le CDC, vers l’inconnu, vers un possible refuge. Même si elle connaissait la fin de l’histoire.
Chapter Text
La camionnette cahotait doucement sur la route, les paysages défilant lentement derrière les vitres sales. Le silence dans l’habitacle était calme, presque apaisant. Rick et Daryl étaient restés à ses côtés, chacun tenant une de ses mains, comme si le contact les ancrait tous les trois dans quelque chose de plus stable.
Rose les observa un instant, un sourire en coin, puis brisa doucement le silence :
— Bon… maintenant qu’on est tous les trois coincés là-dedans, j’propose qu’on en profite.
Rick haussa un sourcil, intrigué. Daryl gronda faiblement, sans détacher les yeux de la route.
— Coincés ? marmonna-t-il.
— Oui, coincés. Une oméga entre deux gros Alphas armés jusqu’aux dents. On fait plus intime comme configuration ? demanda-t-elle en riant doucement.
Elle leur serra brièvement les doigts, amusée, mais son regard se fit plus sérieux en croisant le leur.
— Plus sérieusement… maintenant qu’on a un peu de calme, j’aimerais en savoir plus sur vous. Vos passions, vos rêves, ce que vous auriez aimé faire si le monde ne s’était pas effondré.
Rick soupira doucement, relâchant sa prise sur sa main, mais laissant son pouce caresser la paume de Rose.
— Avant, j’étais flic. J’adorais ça, mais ce que j’aimais vraiment, c’était passer du temps avec mon fils. Carl.
Rose hocha la tête, touchée.
— Tu te bats encore pour lui. Ça veut dire que t’as rien perdu de ce que t’es, Rick.
Il esquissa un sourire discret, presque reconnaissant.
— Et toi, Daryl ? lança-t-elle doucement, se tournant vers lui.
Il grogna, déjà mal à l’aise, les doigts serrant un peu plus fort le volant.
— J’suis pas du genre à rêver.
— Pourtant, y’a bien un truc que t’aimais. Un truc à toi. Qui te donnait l’impression d’exister.
Un silence. Puis, lentement :
— La forêt. Partir seul. La chasse, le silence, la nature… J’me sentais libre. Loin du bordel de mon frère, loin de mon vieux. J’aurais pu faire ça toute ma vie. Disparaître entre les arbres.
— Et t’es encore là, souffla Rose. Et tu aides les autres en les nourrissant avec tes compétences.
Elle tourna légèrement la tête et leur adressa un sourire un peu plus doux.
— Moi… j’ai jamais eu grand-chose. Mais mon rêve, c’était de pouvoir voyager. Faire le tour du monde avec les gens que j’aime. Juste… être libre, découvrir chaque recoin de cette planète. J’ai jamais eu le temps. Maintenant je voyage, c’est sûr… mais c’est pas vraiment comme j’imaginais.
Rick lui lança un regard compatissant. Daryl, lui, resserra doucement ses doigts autour des siens.
— Tu l’auras, ton voyage. D’une façon ou d’une autre.
— Peut-être pas les pyramides d’Égypte, mais on va bien trouver des ruines à fouiller, souffla Rick avec un petit sourire.
— Ou une cabane dans les bois à reconstruire, ajouta Daryl.
Elle les observa tour à tour, touchée. Puis, lentement, elle laissa sa tête reposer contre le dossier, entre eux deux, les mains toujours liées. Ce n’était pas un rêve réalisé, non… mais c’était peut-être le début d’un autre
Chapter Text
Le silence s'était installé à nouveau, mais cette fois il avait un goût plus doux. Rose, toujours coincée entre les deux hommes, jeta un coup d’œil à chacun avant de reprendre d’un ton plus léger :
— Allez, on continue. J’ai pas fini avec vous.
Rick souffla, amusé.
— Tu fais un interrogatoire, là ?
— Exactement, confirma-t-elle avec un sourire en coin. C’est mon moment. Alors… votre couleur préférée ?
Daryl grogna.
— Sérieux ?
— Très sérieux, Dixon. Si tu veux pas répondre, je te cocherai comme “gris boueux” et ce sera ton image pour toujours.
Il roula des yeux, mais finit par lâcher :
— Le vert.
— Quel vert ?
— J’sais pas… celui des pins. Ou des vieux treillis militaires.
— Ah. Le vert “guerrier solitaire”, nota-t-elle en souriant.
Elle se tourna vers Rick.
— Et toi ?
— Le bleu, répondit-il sans hésiter. Clair. Comme le ciel d’été.
— Poétique, le shérif, commenta Daryl, moqueur.
— On a tous nos faiblesses, ricana Rick.
Rose acquiesça, satisfaite.
— Ok, maintenant… plat préféré ?
Rick prit quelques secondes pour réfléchir, comme si la question réveillait un souvenir lointain.
— Les lasagnes. Celles de ma mère. Elles étaient incroyables. Avec trop de fromage, bien croustillantes sur le dessus.
— Mmmh, t’aurais pas dû dire ça, soupira Rose. Maintenant j’ai faim.
Elle se tourna vers Daryl, qui roulait toujours tranquillement, concentré sur la route.
— Allez, fais-moi rêver. T’as forcément un plat fétiche.
Il grogna encore un peu, puis souffla :
— Le ragoût de ma mère. Avec du gibier, des patates. Bien poivré.
Elle le regarda de côté, un peu surprise.
— C’est pas rien, ça. Une bonne assiette qui te rappelle les rares bons moments. Je note.
Elle se tut un moment, profitant de la chaleur de leurs mains toujours liées aux siennes. Puis, d’une voix plus douce :
— Merci de jouer le jeu. Je sais que ça peut paraître enfantin… mais j’ai envie de vous connaître.
— C’est pas idiot dit Rick doucement. On en a besoin, de ça. De pas oublier qui on est.
Daryl hocha lentement la tête.
— Ouais.
— Alors j’vous préviens, la prochaine question sera encore plus existentielle : si vous étiez un animal, vous seriez quoi ?
Rick éclata d’un rire surpris. Daryl marmonna :
— Bon sang…
Mais leurs mains n’avaient toujours pas lâché la sienne. Et dans la cabine un peu vieillotte de la camionnette, malgré la fin du monde, Rose se sentait pour une fois… exactement à sa place.
Rick tourna la tête vers elle, intrigué.
— Un animal ?
— Yep. C’est révélateur, tu sais. Choisis bien, Grimes.
Il sourit un peu, pensif.
— Un chien, peut-être. Un berger. Loyal, protecteur… têtu aussi.
Daryl renifla, moqueur.
— Ouais, ça te va bien. Toujours à grogner quand on sort du rang.
— Mieux qu’un opossum planqué sous une bâche, grommela Rick avec un sourire en coin.
Rose éclata de rire.
— Oh, ça y est. Ça balance. Et toi, Daryl ? Quel animal ?
Il haussa les épaules sans répondre tout de suite. Elle le sentit réfléchir. Puis, d’une voix plus basse :
— Un loup.
Rose le fixa. Il n’avait pas lancé ça à la légère. Pas pour se donner un genre.
— Solitaire, mais qui protège sa meute. Même de loin. demanda-t-elle doucement.
— Ouais…
Elle hocha la tête, touchée.
Rose décida de continuer, pour ne pas laisser le silence retomber.
— Allez, une facile : votre chanson préférée ? Celle que vous chantiez sous la douche, ou dans la voiture.
— Pas sûr que t’aies envie d’entendre ça, marmonna Daryl.
— Dis toujours, répondit-elle avec un clin d’œil.
Il hésita, puis dit :
— “Simple Man”. Lynyrd Skynyrd. C’est ma mère qui me la faisait écouter.
— Belle chanson, souffla Rose.
— Toi, Rick ?
Il sourit doucement.
— “Take It Easy”, des Eagles. Je la chantais à Lori, au début. Elle détestait ça. Alors je le faisais exprès.
Rose rit doucement, puis baissa les yeux sur leurs mains toujours entrelacées. Elle caressa le dos de leurs doigts avec tendresse.
Elle sentit leurs pouces bouger légèrement. Une caresse, presque imperceptible, mais pleine de sens.
Elle était là, au milieu, entre deux mondes, deux histoires. Et pour la première fois depuis longtemps, elle ne se sentait plus seule.
Chapter Text
Le silence s'était installé un instant, ponctuellement seulement par les cahots de la route et le ronflement régulier du moteur. Puis Rick tourna légèrement la tête vers elle, curieux.
— Et toi, maintenant. Tu réponds aussi à tes propres questions, non ? C'est le jeu.
Daryl approuve d'un grognement qui répond à un « ouais » mal dissimulé.
Rose sourit, amusée.
— D'accord, d'accord. Vous voulez tout savoir, hein ?
Elle leva les yeux au plafond de la camionnette, comme si elle allait tirer ses réponses de là-haut.
— Mon plat préféré ?... ratatouille. Avec du riz et plein de parmesan dessus. C'est un peu simple mais... réconfortant. Ça vient du sud de la France.
Rick avait un petit sourire.
— J'aurais parié sur un truc plus sucré.
— J'adore le sucré, j'en suis même accro mais la ratatouille, c'est… mon plat d'enfance. Et j'adorerais le parmesan. J'en mettais partout, c'était presque du fromage avec un peu de légumes.
Daryl a soufflé un rire discret dans sa barbe.
— Et ta couleur préférée ?
—Bleu… et vert. Le bleu comme l'eau, et le vert comme les forêts. J'ai besoin des deux. L'un m'apaise, l'autre me recharge.
Elle se tourne vers Rick :
— Et je te vois venir avec ta question sur la musique… celle-là est plus compliquée. J'aime trop de trucs différents. Du rock, du piano, de la musique classique parfois, du vieux jazz, des musiques de films… Je change selon l'humeur. Mais bon, si je dois vraiment en choisir une, alors… "Rolling in the deep en ce moment. Elle me met toujours les larmes aux yeux.
J'espère ne pas me tromper en pensant qu'elle est sortie cette année… sinon je devrais mentir en disant que je connaissais un des musiciens et qu'il me l'a fait écouter avant.
Un silence accueillit ses mots. Respectueux. Puis Daryl glissa, d'une voix basse :
— J'connais pas…
Rose tourna la tête vers lui…
— Je ne chante pas très bien. Mais je vais essayer de te la chanter.
Pfff allez rose !
Rose ferma les yeux et commença à chanter… le silence était total dans l'habitacle. Les deux hommes la regardaient étonné. Elle avait dit qu'elle ne chantait pas bien. Mais elle avait une voix magnifique… Ils l'écoutaient avec attention. Et leur cœur battait rapidement dans leur poitrine. Une fois finie. Rose avait les joues rouges.
— Tu chantes très bien. Et la chanson n'est pas mal non plus. Dit Rick avec un sourire en pièce. Daryl Grogna pour confirmer. En la voyant toujours intimidée Rick demanda.
— Et ton animal préféré ? demanda Rick, en brisant doucement ce moment suspendu.
— Une panthère, répondu-elle sans hésiter. Pour sa grâce, sa force… et parce qu'elle reste toujours discrète, silencieuse, mais puissante.
Elle leva les bras, s'étira un peu.
— J'adore nager, aussi. L'eau me calme. J'peux passer des heures à flotter, me laisser porter. Ça me manque, tellement.
Ils l'observèrent, et cette fois ce fut Daryl qui demanda :
— T'as quel âge, en fait ?
Elle pencha légèrement la tête en les regardant tour à tour.
— Vingt-trois ans.
Rick arqua un sourcil, légèrement surpris.
— Tu es jeune.
— Pas tant que ça. J'ai vécu des choses qui m'ont vieilli vite, crois-moi.
Elle tourne légèrement la tête vers lui.
— Et toi ?
Rick a répondu en premier, calme.
— Trente-quatre
— Trente, lâcha Daryl à son tour, en gardant les yeux sur la route.
— Vous faites plus , se moqua Rose avec douceur.
— Merci bien , grogna Daryl.
— Je rigole ! Vous dégagez quelque chose de fort… d’ancré. Comme si rien ne pouvait vraiment vous briser.
Elle serra un peu plus leurs mains, et encore une fois, chacun répondit par une caresse du pouce, discrètement mais pleine de présence.
Chapter Text
Leur trio, assis côte à côte dans cette vieille camionnette bringuebalante, formait une étrange bulle, suspendue dans le chaos du monde. Et, l'espace d'un instant fugace, ils n'étaient plus des survivants, des combattants, ni des âmes blessées. Juste trois êtres humains, en train de se découvrir. Lentement.
— Vous savez quoi ? Souffla Rose, la tête posée en arrière, entre eux deux. Ce trajet… c'est peut-être l'un des moments les plus doux que j'ai vécu depuis longtemps.
Personne ne répond. Mais le silence qui suivit, empli de chaleur humaine et d'une complicité naissante, valait toutes les réponses du monde.
Le calme s'installe à nouveau, bercé par le ronronnement régulier du moteur et le paysage qui défilait derrière les vitres sales. Rose s'était un peu affaissée dans son siège, toujours coincée entre les deux hommes. Leurs mains se frôlaient, parfois s'attrapaient, se relâchaient, mais jamais ne s'éloignaient trop.
Elle observe leurs visages, chacun perdu dans ses pensées. Et sa curiosité, longtemps contenue, finit par se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres.
— Est-ce que je peux poser une dernière question ? Une… un peu plus personnel.
Rick tourne la tête vers elle, intrigué. Daryl la fixa brièvement, méfiant, mais reste silencieux.
— J'veux pas être indiscrète… mais Rick… pourquoi tu n'as jamais marqué Lori comme ta compagne ? Vous avez eu un enfant ensemble…
Un silence plus dense s'installe. Même le moteur semble se faire plus discret, comme s'il écoutait lui aussi.
Rick soupira, le regard perdu au loin.
— Parce que je crois… qu'on ne s'est jamais vraiment trouvé. Pas comme ça. On s'aimait, oui. Mais pas au point de vouloir s’unir entièrement. Il y avait toujours des doutes. Elle en avait. Moi aussi. On avait peur. Peur de ce que ça signifiait si ça ne marchait pas.
Il marque une pause, la voix plus basse, presque un murmure :
— Et parfois… on sait qu'on n'est pas fait pour durer. Même quand on essaie. Je sentais, au fond de moi, qu'elle n'était pas ma compagne.
Rose acquiesça lentement. Elle comprenait. Bien plus qu'elle ne l'aurait voulu.
Elle tourne doucement la tête vers Daryl.
— Et toi ? Tu n'as jamais eu de compagne, ou… quelqu'un que t'as voulu marquer ?
Il grogna légèrement, comme s'il pesait chaque mot. Mais les yeux de Rose étaient doux, sincèrement curieux. Sans pression. Sans jugement.
— Non, fini-il par dire. Jamais. J'me suis jamais senti… à ma place avec personne. Et ce n'est pas le genre de choses qu'on m'a appris à chercher. Moi, on m'a appris à survivre. À moi. À. Le reste… c'était du luxe.
Il la regardé, son regard plus tendre que d'ordinaire.
— T'es la première à m'poser cette question comme si ça comptait vraiment.
Rose sentit un pincement au cœur. Elle baissa les yeux, touchée par la confiance qu'il lui accordait.
— Ça compte, Daryl. Vous comptez. Tous les deux.
Elle m'inspire profondément.
— Et toi ? demanda alors Rick, sa voix douce.
— Moi non plus, j'ai jamais eu de compagnon. J'attendais… la bonne personne. J'ai eu des relations, oui. Mais rien de vrai. Rien d'instinctif. Et maintenant… maintenant, c'est compliqué.
Ses mots restèrent en suspens dans l'espace exigu de la cabine. Rick pose une main sur sa cuisse. Daryl effleura ses doigts du bout du pouce.
— T'as encore un futur, chuchota Rick. Et t'es pas seule, maintenant.
— Pas seule, répéta Daryl.
Le silence reprit sa place entre eux, mais il était différent. Plus dense, plus vibrant.
Rose inspire lentement, ses doigts tremblent légèrement.
— C'est juste que c'est très compliqué… Pour être honnête…, elle souffla, comme pour se donner du courage. J'ai vu un médecin spécialisé à Atlanta, juste avant que tout parte en réalité.
Les deux hommes se tournèrent vers elle, plus attentifs. Rick fronça légèrement les sourcils. Daryl, les yeux toujours rivés à la route, tendit néanmoins clairement à l'oreille.
— Mon oméga… il fonctionne différemment, dit-elle d'une voix basse. C'est… rare. Le médecin m'a dit que je faisais partie d'un cas très particulier. Je sais même pas pourquoi je vous raconte ça. J'avais promis de n'en parler à personne.
— Tu peux nous le dire, Rose, répondit Rick, calmement.
— Promettez-moi de ne le dire à personne. Et de ne pas me regarder autrement. Pas de pitié.
Ils hochèrent tous les deux la tête. Aucun mot, juste une promesse silencieuse.
Elle serra un instant leurs mains, avant de les relâcher doucement. Ce contact semblait lui avoir donné la force de continuer.
— Je suis une de ces très rares omégas qui ont… besoin de deux alphas. Pas de préférence. Pas par envie. C'est biologique. Mon corps ne régule pas ses cycles autrement.
Elle se pencha vers son sac, en sortant une feuille pliée et un peu froissée. Elle la déplie avec soin et la tendit d'abord à Rick, puis à Daryl.
— J'ai gardé ça… Pour me souvenir que je ne suis pas folle. Que je l'ai pas inventé. Le médecin disait que mes marqueurs hormonaux sont instables. Que mon corps lutte en permanence. Comme si… mon instinct refusait de choisir. Comme si j'étais née pour avoir besoin de deux alphas.
Elle se redressa, mains posées sur ses genoux, le regard fixe devant elle.
— Déjà, avant, c'était dur. Mais dans ce monde… c'est presque une condamnation. Parce que personne ne voudrait partager. Pas maintenant. Pas dans ces conditions.
Elle haussa les épaules, d'un geste faussement détaché.
— Mais c'est pas grave. Je gèrerai. Comme je l'ai toujours fait. Ça va. Je lutterai juste un peu plus.
Rick avait toujours le papier entre ses doigts. Il ne disait rien. Daryl, lui, la fixait intensément, un pli soucieux entre les sourcils. Le silence était chargé, non pas de rejet, mais d'autre chose. De plus profond. De plus intime.
Et c'est alors que Rick murmura, les yeux posés sur elle :
— Il est aussi noté que c'est parce que ton oméga est fort. Que t'auras sûrement un don. Que t'as besoin de deux alphas parce que tu es puissante. Différente. Pas brisée.
Daryl hocha doucement la tête.
— Tu peux le voir comme une faiblesse, Rose. Mais moi… je crois que c'est une force. T'es née pour être entourée de deux hommes capables de te soutenir. Pas pour être portée… mais pour être suivi.
Le soufflé de Rose se coupe un instant. Sa gorge se serra, trop pleine pour parler. Alors, elle se contente de les regarder. Longuement. En silence. Et pour la première fois, elle ne se sent plus seule.
— Merci, les gars… murmura Rose, la voix nouée. C'est la première fois que j'en parle depuis que je suis au courant…
— C'est normal, Rose, répondit Rick avec douceur. N'hésite pas si t'as besoin d'en réparler. On est là pour ça.
— Merci… vraiment.
J'ai toujours du mal à comprendre comment je peux autant leur faire confiance. Mon instinct, tout me dit que je peux avoir confiance en eux. Mais c'est tellement bizarre de se sentir autant à l'aise avec eux. Comme si je les connais depuis toujours...
Le silence retombe dans la cabine, enveloppant leur trio dans une bulle étrange. Chacun perdu dans ses pensées. Le moteur ronronnait, régulièrement, tandis que la route défilait lentement.
Chapter Text
Soudain, le camping-car qui ouvrait le convoi ralentit brusquement, puis s’immobilisa dans un crissement sec. Une épaisse fumée blanche s’échappa du capot, montant en volutes dans l’air chaud.
— Merde… souffla Rick, se redressant d’un bond.
Daryl freina aussitôt, et leur camionnette bringuebalante s’immobilisa derrière le véhicule en panne. Glenn, qui conduisait la voiture de Rose juste derrière, klaxonna brièvement avant de s’arrêter à son tour.
Les autres véhicules freinèrent à leur tour, se garèrent comme ils le pouvaient sur le bas-côté. Des portières claquèrent. Des silhouettes descendirent, méfiantes.
Rick fut le premier à sortir. Daryl et Rose le suivirent de près.
Devant le camping-car, Dale se tenait, les mains sur les hanches, le visage soucieux.
— Ça fume, lança-t-il. Et l’odeur... ça sent pas bon du tout.
T-Dog accourut depuis l’arrière du convoi.
— C’est la flotte, dit jim en fronçant les sourcils. Radiateur ou durite qui a pété.
Daryl s’approcha du capot en compagnie de Glenn, qui descendait rapidement de la voiture de Rose.
— On roulait doucement, expliqua Dale. Mais ce camping-car… il n’est plus tout jeune.
— Tu veux que je te file un coup de main ? proposa Daryl.
Dale hocha la tête et ouvrit prudemment le capot. Une bouffée de vapeur s’en échappa aussitôt, brûlante et épaisse.
Daryl se pencha, inspecta rapidement.
— T’as une durite fendue, constata-t-il. Pas énorme, mais si on continue à rouler comme ça, on grille le moteur.
Rose s’approcha, attentive.
— J’ai du scotch renforcé dans mon véhicule. C’est pas une vraie réparation, mais… si c’est juste une fissure, ça peut peut-être tenir un moment. Juste le temps d’en trouver une autre.
Daryl leva les yeux vers elle, hocha la tête d’un air approbateur.
— Ça vaut le coup d’essayer.
Rick faisait le tour des véhicules, les yeux en alerte, scannant les alentours avec prudence.
— On peut chercher autour, voir si on trouve quelque chose d’utile.
Shane s’approcha à son tour.
— Il y avait une station-service, un peu plus tôt sur la route. J’peux aller voir.
Rick hocha la tête.
— Fais attention. On va rester ici et essayer de bricoler.
Rose retourna rapidement à son véhicule, fouilla dans sa boîte de rangement puis revint avec un rouleau de scotch gris épais et une petite trousse à outils.
— Tiens, dit-elle en tendant le tout à Daryl. Y a aussi une paire de gants et une pince. Juste au cas où.
Il la remercia d’un signe de tête, déjà concentré sur la réparation improvisée.
Pendant ce temps, quelques membres du groupe fouillaient les autres véhicules, cherchant des outils, de l’eau, ou tout ce qui pouvait être utile.
Une fois la petite réparation terminée et le groupe rassemblé, ils reprirent la route en direction du CDC. Il ne leur restait plus beaucoup de chemin.
Rose s’était réinstallée dans la camionnette, entre Daryl et Rick. L’habitacle était calme. Le paysage qui défilait devant leurs yeux devenait de plus en plus morne, désertique… comme vidé de toute vie.
Mais Rick ne semblait pas prêt à renoncer à l’espoir. Il fixait l’horizon, le regard ferme.
— Tu sais, Rick… murmura Rose, hésitante. Je suis pas sûre que le CDC ait eu le temps de trouver un vaccin pour tout ça. C’est allé trop vite.
Il tourna légèrement la tête vers elle, mais ne répondit pas tout de suite. Ses yeux restèrent posés droit devant, sur les grilles lointaines qui commençaient à apparaître au loin.
Le Centre était encore debout. Mais à quel prix ?
Chapter Text
La route devenait de plus en plus silencieuse à mesure qu’ils approchaient de l’imposante structure en béton du CDC. L’endroit paraissait presque irréel, dressé au cœur d’un paysage désolé, comme un vestige d’un monde disparu. Le soleil déclinait lentement à l’horizon, étirant des ombres longues et menaçantes sur le bitume.
Daryl arrêta leur véhicule à bonne distance du bâtiment, suivant les recommandations de Rick. Les autres l’imitèrent. Un à un, les moteurs s’éteignirent, ne laissant plus que le souffle du vent et le craquement lointain de quelques branches sèches.
Rose descendit de la camionnette aux côtés de Rick et Daryl, son regard fixé sur les murs gris et silencieux du centre. Une angoisse sourde se mêlait à une lueur d’espoir.
— C’est vraiment là ? demanda Glenn en s’approchant, les traits tendus.
Rick hocha la tête, confiant.
— Oui. C’est le CDC. Ils ont peut-être encore des réponses… quelqu’un.
— Ça a pas l’air très… vivant, fit remarquer T-Dog en scrutant les hautes fenêtres noircies.
— Il y a peut-être encore du monde à l’intérieur, répondit Rick, plus pour se convaincre que pour rassurer les autres.
Ils s’approchèrent du bâtiment à pied, les armes prêtes, les sens en alerte. Les portes blindées étaient closes. Aucun bruit. Aucun mouvement.
— On dirait une tombe, murmura Lori en s’arrêtant devant l’entrée.
Rick s’avança et frappa du poing contre la porte métallique.
— Il y a quelqu’un ? On a des enfants ! Des omégas ! On est un groupe de survivants ! On a besoin d’aide !
Silence.
Il frappa plus fort. Encore.
Rose sentit une boule lui nouer la gorge. Elle n’était pas certaine de vouloir y entrer non plus. Mais elle se disait qu’une douche chaude lui ferait du bien. Sans compter qu’il devait encore rester beaucoup de choses utiles à l’intérieur.
— Je crois qu’il n’y a personne… souffla Glenn.
Rick recula d’un pas et lança un regard déterminé à la caméra de surveillance fixée au-dessus de la porte.
— La caméra a bougé. Ouvrez ! Ouvrez cette foutue porte !
Il hurla presque, la voix vibrante d’espoir et de désespoir mêlés.
Le groupe attendit. Une minute. Deux. Le vent soufflait, portant les odeurs de cendres et de bois sec. La lumière déclinait rapidement.
Puis, soudain… un déclic.
La caméra pivota. Un léger cliquetis retentit. Un ronronnement de moteur suivit. Puis la porte s’ouvrit lentement, dans un sifflement métallique.
Un flot de lumière artificielle les aveugla un instant.
— Entrez vite, dit une voix dans le hall. Dépêchez-vous.
Rick ne se le fit pas dire deux fois. Il fit signe à tout le monde d’entrer.
Rose pénétra parmi les premiers. La fraîcheur stérile de l’endroit la frappa de plein fouet. Après des jours dans la chaleur, la sueur et la poussière, cette atmosphère contrôlée semblait presque irréelle. Trop propre. Trop calme.
Les portes se refermèrent derrière eux dans un bruit sourd et définitif.
Le groupe resta figé un instant dans le hall baigné de néons. Devant eux, un homme descendait un escalier. Blouse blanche froissée, barbe négligée, cernes profonds.
— Je suis le docteur Edwin Jenner, dit-il simplement. Vous avez été bien fous de venir ici. Que voulez-vous ?
Rick s’avança, tendit la main.
— Rick Grimes. Une chance. On n’avait plus nulle part où aller.
Jenner le regarda, puis ses yeux glissèrent sur le reste du groupe… avant de s’arrêter brièvement sur Rose. Un éclair traversa son regard. Une pensée fugace. Mais il ne dit rien.
Rick discute avec Jenner à voix basse. Puis le médecin finit par annoncer qu’il a besoin de faire une prise de sang à chacun, pour des raisons de sécurité sanitaire. Personne ne proteste vraiment. Une fois cette dernière faite pour tout le monde. Il dit
— Vous avez faim ? Soif ? Venez.
Il leur fit signe de le suivre dans un couloir éclairé. Rose échangea un regard avec Daryl, puis avec Rick, avant d’emboîter le pas sans un mot.
Quelque chose dans ce bâtiment lui donnait des frissons. Et pas seulement à cause de l’air conditionné. Elle savait aussi qu’il devait explosé…
Chapter Text
La salle à manger improvisée baignait dans une lumière douce. Des assiettes pleines, du vin, une nappe propre. Le tout paraissait irréel, presque indécent après tant de jours de survie à l’état brut. Le groupe était installé autour de la longue table. Les visages restaient tirés, mais peu à peu, les épaules se relâchaient.
Rose prit place sans réfléchir, attirée par la chaleur du lieu. À sa droite, Rick s’installa naturellement. À sa gauche… Daryl. Elle haussa un sourcil sans rien dire. Ils n’étaient pas du genre à se disputer une place, et pourtant, ils semblaient tous deux vouloir être là. Juste à côté d’elle.
Ils me revendiquent carrément ou quoi ? pensa-t-elle, à la fois amusée et un peu déstabilisée.
Mais elle haussa les épaules intérieurement. Ce n’était pas désagréable. Être entourée. Être… choisie. Après tout ce qu’ils avaient traversé, ce simple dîner avait des allures de miracle.
— C’est du vrai vin ? demanda Glenn, les yeux brillants.
— Du bordeaux, répondit Jenner, un sourire discret au coin des lèvres. Je ne pensais pas le partager un jour.
Ils burent. Mâchèrent lentement. Le silence se remplit de murmures, de soupirs. Des sourires naquirent, timides mais sincères. Le rire de Carl fusa après une plaisanterie de Dale. Lori s’autorisa même un verre. Carol parlait doucement à Sophia. Même T-Dog s’était détendu.
Rose savourait chaque bouchée, chaque gorgée. Le goût du vin sur sa langue, la chaleur dans sa gorge. Elle jeta un coup d’œil à Rick, qui la couvait discrètement du regard, puis à Daryl, étrangement calme, presque adouci par l’atmosphère.
Elle reposa sa fourchette, un petit sourire au coin des lèvres.
Peut-être qu’on peut encore avoir un peu de répit dans ce monde de fou…
Après le repas, Jenner se leva et les invita à le suivre.
— Je peux vous offrir une nuit de repos. Des chambres, des douches… Ce n’est pas grand-chose, mais ça devrait suffire.
Il les guida à travers un couloir silencieux, éclairé de néons blancs au bourdonnement léger.
— Vous pouvez vous reposer ici pour la nuit, expliqua-t-il en s’arrêtant devant une série de portes. Chaque chambre a sa propre douche. Profitez-en, ça ne court plus les rues.
À ces mots, une lueur d’excitation passa dans le groupe.
— Celle-là, elle est à moi ! lança Glenn en ouvrant la première porte disponible.
— Pareil ici, ajouta T-Dog, avec un demi-sourire.
Chacun s’empressa de revendiquer une pièce comme s’il s’agissait d’un trésor. Le confort, même temporaire, avait quelque chose de profondément apaisant.
Rose repéra une chambre un peu à l’écart et y entra la première, sac à l’épaule. Une grande pièce, un lit double, un canapé près du mur, une salle de bain attenante. La simple vue d’un vrai matelas lui donna presque envie de rire.
— Celle-là me va, annonça-t-elle en jetant un œil par-dessus son épaule.
Rick et Daryl l’avaient suivie. Le premier entra sans un mot, inspecta la pièce, puis hocha la tête.
— Ça ira pour nous trois.
Rose le fixa un instant, surprise, mais ne protesta pas. Daryl referma la porte derrière lui, comme s’il était déjà chez lui.
Bon… apparemment, on est colocataires ce soir.
Elle posa son sac dans un coin, prit quelques vêtements propres, puis fila vers la salle de bain. Elle fit couler l’eau chaude, ôta ses vêtements et resta de longues minutes sous la douche, savourant le contact brûlant qui délavait la crasse, la sueur, le sang, les tensions.
Quand elle ressortit, les cheveux encore humides, vêtue d’un short souple et d’un t-shirt léger, elle trouva Daryl assis sur le canapé, les bras croisés, l’air pensif. Rick était debout près du lit, en train de déboutonner sa chemise.
— À moi, dit-il simplement en passant près d’elle.
Elle hocha la tête, encore un peu dans les nuages.
— Fais-toi plaisir. T’as bien mérité tes cinq minutes d’eau chaude.
Rick esquissa un sourire fatigué avant de disparaître à son tour dans la salle de bain.
La pièce était silencieuse. Daryl ne disait rien, toujours assis, perdu dans ses pensées. Rick était sous la douche. Rose s’était installée sur le lit, jambes croisées, le regard fixé au plafond.
Mais son esprit, lui, tournait à plein régime.
Elle savait que le CDC ne durerait pas. Cet endroit n’était pas le refuge tant espéré. Mais elle pouvait encore aider le groupe.
Elle se redressa brusquement, attrapa ses bottes. Elle enfila une veste légère par-dessus son débardeur, glissa son couteau à la ceinture et sortit discrètement de la chambre, laissant la porte se refermer sans bruit.
Le couloir semblait désert.
Rose progressa à pas feutrés, longeant les murs, attentive au moindre son. Elle repéra un escalier de service au bout d’un couloir latéral. Elle poussa doucement la porte, se glissa dans l’obscurité, puis descendit deux niveaux, guidée par les pancartes techniques fixées au mur.
Zone logistique.
Parfait.
Elle ouvrit la porte et découvrit un petit entrepôt. Des rayons métalliques, des cartons intacts, du matériel soigneusement rangé. Elle sortit sa lampe de poche, baissa le faisceau et commença à fouiller.
Elle trouva rapidement des packs de nourriture sous vide, des rations militaires, des conserves, de l’eau purifiée. Elle rassembla tout, puis poursuivit ses recherches.
Des trousses de secours. Des bandages, compresses stériles, antiseptiques, médicaments génériques. Elle s’arrêta un instant devant un frigo verrouillé, puis récupéra un pied-de-biche dans une armoire d’entretien et l’ouvrit d’un coup sec. Antibiotiques. Insuline. Pénicilline. Elle remercia mentalement sa chance. Tout ce qu’elle pouvait sauver, elle le prit.
Plusieurs diables reposaient dans un coin de l'entrepôt. Elle y chargea méthodiquement les sacs et les cartons, en équilibrant bien le poids. Elle remonta lentement les étages, poussant un chariot après l’autre. Le bruit des roulettes sur le sol résonnait à peine. Elle s’arrêta au premier niveau, celui de l’entrée principale.
Une petite salle d'attente vide, aux vitres couvertes de poussière, ferait l'affaire. Elle y déposa les sacs et les rangea soigneusement contre un mur, à l’abri des regards. Elle s’assura que personne ne l’avait suivie, puis fit le trajet une seconde fois pour rapporter le reste.
Quand elle eut terminé, elle prit quelques instants pour souffler. Ses doigts tremblaient légèrement. L’effort, la tension. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle. Personne.
On ne sait jamais combien de temps on aura... alors autant prévoir.
Elle continua son exploration du bâtiment. Elle découvrit une salle verrouillée contenant des armes et des munitions. Elle força l’entrée, récupéra tout ce qu’elle pouvait et les rangea dans plusieurs sacs qu’elle dissimula avec les autres.
Chapter Text
Une fois satisfaite, elle retourna à sa chambre, d'un pas calme, presque nonchalant. Lorsqu'elle ouvrait la porte, Daryl était assis sur le canapé, et Rick, les cheveux encore humides, installés sur le lit. Ils étaient en pleine conversation.
- Hé ? Tu faisais quoi ? demande Rick.
— Je faisais le tour du proprio. Et j'ai ramassé quelques petites choses sympas… au cas où, répondu-elle avec un sourire. Et vous ? Que faisiez-vous ?
— On discutait de toi, a répondu Rick.
— Aïe, de moi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? demanda-t-elle en arquant un source.
Elle s'assit au bord du lit, ôta sa veste. Le poids de la journée lui retomba dessus d'un coup. Et pourtant, malgré l'épuisement, une forme de sérénité l'envahit.
Elle avait fait ce qu'il fallait. Le reste… attendrait demain.
Rick se leva du lit, l'air soucieux, et commença à arpenter la chambre en silence. Daryl, toujours assis sur le canapé, se rongeait nerveusement un ongle. Rose fronça les sourcils, attentive à leurs gestes.
— On a pris une décision, fini par dire Rick.
— Heu… ok ? Je suis désolée, j'ai un peu de mal à comprendre. Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, intriguée.
Rick s'arrête net. Il échangea un regard rapide avec Daryl, qui hocha simplement la tête.
— On te veut, dit-il simplement.
- Pardon ? répéta Rose, surprise, les yeux écarquillés.
— Oui, confirme Rick. On en a discuté. On ressent tous les deux un lien avec toi. Et tu as l'air bien avec nous. Tu nous as parlé de ton problème médical, et on en a parlé entre nous. On aimerait… créer quelque chose avec toi. Un lien.
— Je… quoi ? Comment ? Vous deux ? s'étrangla-t-elle, complètement perdue.
— Rose, intervint Daryl d'une voix grave mais douce, t'as dû remarquer qu'on aime être avec toi. Depuis qu'on t'a trouvé, on a su, tous les deux, que tu serais notre compagne. Au début, on pensait que tu devrais choisir. Mais quand tu nous as expliqué ton problème, on s'est dit qu'on ne voulait pas choisir. On te veut tous les deux. Et on est prêt à faire ce qu'il faut pour que ça fonctionne.
Rick hocha lentement la tête, confirmant les paroles de Daryl.
— Est-ce que tu veux bien de nous ? question a-t-il.
Erreur 404. Erreur système.
Je rêve, c'est pas possible...
Rose resta figée, la bouche entrouverte, incapable de savoir si elle devait rire, crier ou fondre en larmes.
— Attendez… laissez-moi comprendre. Vous voulez dire… une relation à trois ? Ensemble ? Tous les trois ? C'est bien ça ?
— Oui, a répondu Rick calmement.
— Quoi ? Mais on ne se connait pas depuis longtemps ! Comment… je veux dire… comment ça se passerait ? Même avant l'apocalypse, je n'avais jamais… pensé à ça !
Daryl esquissa un sourire en coin, presque amusé par la réaction de Rose. Rick, lui, était d'un calme désarmant.
— On ne te demande pas de répondre tout de suite, ajouta-t-il. Juste… réfléchis-y. On ne veut rien te forcer. C'est toi qui décide. Mais sache que… on est sincères. Et on est prêts.
Rose cligna des yeux, encore sonnée.
Et merde…
Elle n'avait vraiment pas vu ça venir. Elle les connaît d'une certaine manière. Mais pas ici. Pas dans cette vie…
Rose les regarda, bouche entrouverte, abasourdie. Puis, lentement, elle se leva du lit. Elle se teinte droite face à eux, ses yeux scrutant tour à tour ceux de Rick, puis ceux de Daryl.
Le silence s'installa, tendu, chargé de mille pensées non dites.
— Que voyez-vous quand vous me regardez ? exigea-t-elle enfin, la voix calme mais vibrante d'émotion. Est-ce que… si nous nous étions rencontrés avant que tout parte en vrille, avant l'apocalypse… vous vous seriez intéressés à moi ?
Rick semble surpris par la question, mais il répond sans détour :
— Oui.
— Absolument, a ajouté Daryl, le ton ferme. Ça n'a rien à voir avec ce monde ou l'ancien.
Rose pinça les lèvres, les bras croisés contre elle comme pour se protéger de ce qu'elle venait de réveiller.
— J'ai toujours été… différente. En dehors du moule. Je ne suis pas celle qu'on choisit en premier, ni même parfois en dernier. Je suis plutôt la bonne copine. Ou la protectrice. Et maintenant… vous me balancez ça, comme si c'était une évidence.
— Ce n'est pas "balancé", répliqua Rick doucement. A pris le temps d'y réfléchir. On sait ce qu'on ressent. Et ce qu'on voit.
— Et qu'est-ce que vous voyez, justement ? siffla-t-elle, presque plus pour se convaincre que pour les accusateur.
Daryl se leva à son tour, avançant d'un pas prêté vers elle.
— On voit une femme forte, loyale, intelligente. Quelqu'un qui prend soin des autres, même quand elle est à bout. Quelqu'un qui ne baisse pas les bras. Et qui a un regard qui dit tout ce qu'elle cache.
Il s'arrête à un mètre d'elle. Rick s'approche également, sans geste brusque.
— On voit une survivante, continue Rick. Mais aussi… quelqu'un avec qui on peut envisager de vivre. Vraiment vivre. Pas juste survivre. Tu sais autant t'amuser qu'être sérieux. Tu es un oméga, mais cela ne te définit pas non plus.
Les yeux de Rose brillèrent malgré elle. Elle saisit doucement la tête, incapable de retenir un sourire nerveux.
— Vous êtes fous, murmura-t-elle.
— Peut-être bien, souffla Daryl.
— Sur le droit d'être fous dans ce monde, dit Rick.
Elle les regardait tous les deux, longuement. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser. Pourtant, au fond d'elle… quelque chose vibrait, résonnait. Une chaleur étrange. Inattendu. Mais pas désagréable.
— Je sais pas encore ce que je ressens… Mais… je me sens bien, avec vous. Et je n'ai pas envie que ça change, avoua-t-elle finalement, les joue un peu rouge.
Un silence doux s'installe, chargé d'une émotion nouvelle. Rick et Daryl échangèrent un regard, presque soulagés
Chapter Text
Rose baissa les yeux, les paupières mi-closes, comme pour contenir tout ce tumulte intérieur. Puis, doucement, elle relève la tête. Une lueur nouvelle dans le regard. Et Claire. Plus décidée.
Et puis merde… On a qu'une vie. Surtout ici. Je peux mourir demain. Je ne sais pas combien de temps ça va durer. Autant en profiter!
Elle fit un pas vers eux, le cœur battant.
— Je veux bien tenter… tous les trois. Mais sans lien pour le moment. Juste voir si on est compatible. Si on fonctionne bien ensemble. Ensuite, on reparlera du lien. Ça vous va ?
Un silence. Puis deux hochements de tête. D'abord Rick, puis Daryl. Un souffle de soulagement traverse la pièce, presque imperceptible.
— Je suis à vous et vous êtes à moi… je ne partage pas…
Un silence. Puis les deux hommes se sourient. Et confirme également. Ils n'en avaient pas non plus envie.
Rose esquissa un sourire, mutin, presque joueur.
— Bien. Et si on confirmait tout ça par un baiser ? proposa-t-elle, le regard pétillant.
Les deux hommes levèrent les sourcils, pris de court, mais ce fut Rick qui bougea le premier. Il s'approche, glisse une main chaude et assure contre la joue de Rose, et captura sa bouche dans un baiser ardent.
Le genre de baiser qui fait vaciller les certitudes.
Rose sentit ses jambes flancher, ses doigts s'agrippant malgré elle au t-shirt de Rick. Sa chaleur, sa force, l'envie crue qui vibrait entre eux… Ce n'était pas juste un baiser. C'était une promesse.
Quand il s'éloigna, leurs souffles restaient mêlés. Elle se mordit doucement la lèvre inférieure, les yeux toujours fixés sur lui, puis se tourna vers Daryl.
Elle attrapa doucement le bas de son t-shirt, tira légèrement pour le faire avancer. Il laissa échapper à un petit sourire en coin, typiquement Daryl, et se pencha vers elle.
Son baiser fut tout l'opposé de celui de Rick. Calme, patient, tendre. Comme une caresse, comme une question silencieuse à laquelle elle répondit en s'ouvrant un peu plus, ses doigts glissant sur ses bras.
Il prend son temps. Et elle ne voulait pas que ça s'arrête.
Mais lui aussi fini par reculer, les paupières un peu lourdes. Elle les regardait tous les deux, le souffle court, les joues rosées, les lèvres encore sensibles.
La tension était montée d'un cran. L'air était chargé, saturé d'émotions et de phéromones. Une électricité subtile, presque animale, flottait entre eux.
Ils se désiraient. Tous les trois. C'était évident.
Mais aucun des deux hommes ne fit un geste de plus. Ils la regardaient, attentifs, respectueux. Ne voulant rien forcer.
Rose sentait son propre corps frémir. Son cœur tambourinait, sa peau brûlait d'envie, mais une voix calme au fond d'elle souffla :
C'est à toi de choisir. De décider du rythme. Ils te laissent la place. Prends-la.
Mince!! Je ne pourrais pas me contenir avec eux deux.
Elle inspire lentement, observant les deux hommes. Deux facettes d'une même envie. Deux énergies différentes, et pourtant... parfaitement complémentaires.
Rose resta près d'eux, le souffle encore court, ses doigts frémissants posés sur leurs torses. Elle sentit leurs cœurs battre, forts, synchronisés presque. Sa main glissa lentement sous leurs t-shirts, effleurant la peau chaude et tendue. Un frisson traversa chacun d'eux.
Leurs pupilles s'élargissent, noires d'envie, de désir contenu.
— Que veux-tu, Rose ? Souffla Rick, sa voix grave. Dis-nous.
Elle leva les yeux vers eux, la voix un peu tremblante, mais pleine de sincérité.
— Je n'ai jamais… jamais fait ça comme ça. Je ne sais pas exactement comment... mais je vous veux. Tous les deux. On est en sécurité ici, cette nuit. Je veux vous découvrir…ici. Pas dehors. Pas à moitié, pas dans l'urgence. Juste… vous, maintenant.
Elle recula d'un pas, les fixant avec intensité. Puis, lentement, elle attrapa le bas de son haut et le tira au-dessus de sa tête. Elle se déshabilla ainsi, sans haine, sans détours, son regard ancré dans le leur. Elle se mordit doucement la lèvre, puis laissa sa langue effleurer cette même lèvre dans un geste aussi involontaire qu'incendiaire.
Les deux hommes la regardèrent, comme hypnotisés. Rick serre les poings. Daryl se lécha les lèvres, son souffle s'accélère.
Rick fut le premier à bouger. Il fondit sur elle, l'attrapant par la taille pour l'embrasser avec ardeur, comme s'il voulait graver ce moment sur sa peau. Elle répondit à ce baiser avec tout ce qu'elle avait, le cœur tambourinant.
Derrière elle, Daryl s'approche. Il effleura d'abord son dos du bout des doigts, puis dépose ses lèvres dans le creux de sa nue. Elle frissonna violemment. Ses baisers étaient prêtés, précis, presque révérencieux. Il descendit le long de sa colonne vertébrale, ses mains la maintenant tout contre lui pendant que Rick dévorait sa bouche.
Elle était prise entre eux deux, protégée, désirée, enveloppée. Le contraste entre les deux la fit chavirer. L'un était le feu, l'autre la braise.
Leurs mains parcouraient son corps avec une délicatesse dévorante, comme s'ils apprenaient chaque centimètre d'elle, ensemble, à leur rythme. Ses soupirs se mêlaient aux leurs. Elle se laissait faire, se sentant totalement libre dans cette étreinte à trois cœurs.
Les vêtements tombèrent au sol, un à un, sans urgence, seulement cette tension qui ne cessait de grimper, nourrie par leurs regards, leurs gestes, leurs souffles courts.
Ils l'entourèrent, chacun de leur côté, la guidant avec une douceur étonnante vers le lit. Aucun mot n’était nécessaire. Leurs gestes parlaient pour eux. Ils apprenaient ses réactions, s'adaptaient à ses souffles, ses frissons, la découverte d'un terrain nouveau.
Les mains tremblaient un peu au début, pas par peur, mais parce qu'il y avait cet instant quelque chose de sacré, d'intense, de fragile. Ils prenaient soin d'elle, et elle d'eux.
Elle n'avait pas peur des toucher, de les embrasser. Sa bouche, sa langue les goûta. Leurs corps, leurs sexes. Malgré ce qu'elle leur a dit sur l'inexpérience… elle n'était pas en reste. Elle donna autant qu'elle reçue. Et les deux hommes en fut plus qu'heureux.
Ils firent l'amour lentement, comme s'ils gravaient ce souvenir dans leur chaise. Il n'y avait ni précipitation ni domination, seulement un échange fluide, libre, curieux. Rose laissait tomber les barrières, l'un après l'autre.
Leurs corps finissent par s'unir pleinement. Juste des soufflés mêlés. Des frissons. Des soupirs. Des halètement. Des prénoms murmurés….
Ils apprendraient ensemble…
Et quand ce fut terminé, ils restèrent là, ensemble, sous la couverture, leurs cœurs battant à l'unisson, les bras entremêlés. Reprenant leur respiration.
Rose sentit une larme couler le long de sa tempe. Elle était vivante. Aimée. Et pour la première fois depuis longtemps… entière.
Ils finissent par s'endormir. Ce fut une nuit hors du temps. Une parenthèse incandescente, où rien d'autre n'existait qu'eux.
Chapter Text
Et au matin, elle se réveilla entre leurs deux corps chauds.
Rose étendait lentement les yeux, enveloppée d'une chaleur douce et rassurante.
Rick était lové contre elle, son visage niché dans le creux de son cou, sa respiration régulière caressant sa peau. De l'autre côté, Daryl dormait encore, tourné vers elle, son bras passé autour de sa taille dans un geste de protection instinctif. Elle était blottie entre eux, comme si elle avait toujours eu sa place là.
Un léger sourire naquit sur ses lèvres.
Jamais… jamais dans son ancienne vie elle n'aurait imaginé vivre une chose pareille. La nuit précédente avait été bien plus que de la passion, c'était une fusion, un moment suspendu hors du temps, hors du monde. Elle avait déjà été en couple, avait connu l'amour physique, les liens profonds… mais rien n'avait jamais ressemblé à ce qu'elle avait vécu avec eux. C'était comme si leurs âmes s'étaient reconnues.
Alors qu'elle laissait ses pensées flotter, elle sentit Daryl bouger doucement. Son bras se resserra un peu plus contre elle. Il éprouve les yeux lentement, son regard azur encore embrumé de sommeil.
Rose tourna la tête vers lui avec un lumineux.
— Bonjour, mon chasseur… bien dormi ?
Il grogna doucement, sa voix rauque du matin ajoutant à son charme brut.
— Mmmh… tu es de bonne humeur ? Faut croire que j'ai passé la meilleure nuit de ma vie… et toi ?
— J'approuve complètement, murmura-t-elle en glissant un doigt sur son torse nu. Mais… que dirais-tu de faire aussi du meilleur réveil un objectif du jour ?
Le coin de la bouche de Daryl se relève dans un sourire prêté, à la fois amusé et intrigué.
— On peut essayer…
Mais il n'eut pas le temps d'en dire plus.
Rose se redressa doucement, glissa sa jambe par-dessus lui et, en un geste fluide, la chevaucha. Daryl écarquilla légèrement les yeux, surpris par son initiative… puis complètement absorbé par sa présence, sa chaleur, sa peau contre la sienne.
Rick, encore à moitié endormi, ouvrait un œil. Un sourire étira ses lèvres en comprenant ce qui se passait.
— Vous commencez sans moi ? marmonna-t-il, la voix grave.
Rose jeta un regard taquin par dessus son épaule.
— Viens, shérif… je te garde pour le dessert.
Rick grogna doucement, mais ne bougea pas tout de suite. Jusqu'à ce que ses mots prennent tout leur sens. Ses yeux s'ouvrent complètement alors qu'il se rapproche d'eux, intrigué.
Rose lui expliqua doucement ce qu'elle voulait, sans détour. Ce désir d'être avec eux, de les ressentir tous les deux, ensemble, dans cette bulle de sécurité offerte par le CDC. Une première fois, unique, avant que le monde ne les rattrape. Il ne pouvait qu'aimer cette idée.
Ils aimaient les soupirs de Rose. Ils aimaient ce moment à trois, cette intimité rare, précieuse, dans un monde où plus rien ne faisait sens.
Ils s'aimèrent sans retenue, dans le calme du matin, avec lenteur et douceur. Il n'y avait pas d'urgence, seulement le besoin profond de se retrouver, de sentir, de vivre.
Et dans cette chambre du CDC, où la fin du monde semblait suspendue pour quelques heures encore, ils s'offrent un peu de lumière. De chaleur. D'amour.
— J'ai aimé le réveil… tout comme la soirée. Je suis pour en avoir plus souvent, rigola Rose, essoufflée, encore allongée entre eux.
Ses cheveux en bataille couvraient partiellement son visage rougi, et son corps nu luisait de chaleur. Elle respirait plus calmement maintenant, bercée par cette sensation de plénitude rare.
Les deux hommes la regardèrent avec un éclat dans les yeux, un sourire sincère accroché aux lèvres. Rick caressa doucement sa hanche, tandis que Daryl effleura son épaule du bout des doigts.
— Nous aussi, répondons Rick d'une voix basse et encore légèrement rauque.
Ils restèrent un instant dans le silence, à profiter de la chaleur partagée et du calme encore intact autour d'eux.
Mais Rose fini par soupirer légèrement, repoussant les draps en se redressant.
— On devrait se lever… et prendre une autre douche, avant que la journée ne commence réellement. J'ai comme un pressentiment… elle va être compliquée.
Rick se redressa à son tour, les bras croisés sur les genoux, la suivante du regard.
— Tu vas tenir le coup ? demanda-t-il, soucieux. On peut y aller doucement s'il faut.
— Oh, ça va aller, asura-t-elle avec un petit sourire en coin. Une douche me ferait du bien. Vous venez m'aider à frotter mon dos, messieurs ?
Elle se leva avec souplesse, nue, sans aucune gêne devant eux et lorsqu'elle se dirigea vers la salle de bain, elle tourne la tête vers eux, espiègle :
— Ou alors je peux y aller seule… mais ce serait bien moins intéressant.
Daryl et Rick échangèrent un regard, presque amusés. Il n'y a pas besoin de mots. Ils se levèrent à leur tour, la rejoignant, rattrapant sa silhouette dans la lumière de la porte entrouverte.
L'eau coula bientôt, chaude et réconfortante. Leurs rires résonnèrent doucement dans la pièce embuée, tandis que les gestes tendres se mêlaient à de simples attentions, laver, toucher, embrasser, sans aucune urgence. Une dernière bulle de douceur.
Rose embrassa souvent les cicatrices de Daryl pour lui montrer qu'il ne devait pas avoir honte.
Mais au fond d'elle, Rose le savait.
Leur parenthèse toucherait bientôt à sa fin. Le monde réel n'attendait pas.
Et dans cette dernière douche partagée, elle grava chaque sensation, chaque regard, chaque souffle… car bientôt, il devrait redevenir des survivants.
Chapter Text
Ils restèrent un long moment sous l’eau chaude, à se redécouvrir dans la lumière tamisée et la vapeur douce. Rose effleura les épaules marquées de Daryl, ses doigts glissant sur les cicatrices rugueuses de son dos. Elle les embrassa l’une après l’autre, tendrement, comme pour les effacer. Comme pour lui dire qu’elle les voyait, qu’elle voyait lui — tout entier — et qu’il n’avait rien à cacher.
Daryl, d’abord tendu, laissa tomber sa tête en avant, les yeux fermés, acceptant enfin ce contact sans se crisper. Rick, derrière eux, posa sa main sur l’omoplate de son ami, la paume chaude, rassurante.
— T’as rien à cacher, murmura Rick.
— Elles font partie de toi, ajouta Rose en levant les yeux vers lui.
Daryl hocha la tête, sans répondre. Mais le simple fait qu’il reste là, immobile, entre leurs deux corps, suffisait. Il acceptait. Un pas de plus.
Ils sortirent de la douche lentement, comme si quitter cette bulle intime allait leur faire affronter une tornade. Rose s’enroula dans une serviette, les cheveux encore dégoulinants, le regard fixé sur son reflet dans le miroir. Ses traits étaient plus détendus, mais ses yeux… ses yeux trahissaient l’inquiétude.
Rick l’observait du coin de l’œil en se séchant.
— Tu penses à quoi ? demanda-t-il.
Elle croisa son regard à travers le miroir.
— À la fin. À ce bâtiment. Au temps qui file. On a eu un répit… mais il ne durera pas. Et je crois que Jenner ne nous dit pas tout.
Daryl s’approcha en remontant son pantalon, encore torse nu, une goutte d’eau traînant le long de sa clavicule.
— J’le sens pas, ce gars. Y’a un truc pas net dans ses silences.
— C’est pour ça qu’on va devoir garder l’œil ouvert, souffla-t-elle.
Elle se retourna vers eux, plus sérieuse maintenant. L’instant d’avant avait été précieux. Magique. Mais il était temps de redevenir la femme qu’elle devait être pour survivre… pour les garder en vie.
— On retrouve les autres. Et ensuite, on se prépare. On ne reste pas ici les bras croisés à attendre que le piège se referme.
Rick hocha la tête, l’expression grave. Daryl renifla doucement, comme pour marquer son accord.
Rose prit une profonde inspiration, serra la serviette autour de son corps, puis ouvrit la porte de la salle de bain.
Le monde réel les attendait de l’autre côté.
Le groupe était rassemblé dans la grande salle commune, autour des tables métalliques où un petit-déjeuner inattendu avait été dressé. Des plateaux bien remplis, du café chaud, … un luxe inespéré. Chacun semblait profiter du répit, bavardant à voix basse, souriant à demi. Mais malgré cette ambiance presque normale, un étrange frisson planait. Quelque chose dans l’air… comme une horloge invisible qui approchait de zéro.
Rose entra avec Rick et Daryl à ses côtés. Ils l’entouraient naturellement, sans même avoir à se parler. Et lorsqu’ils s’installèrent, elle prit place entre eux comme si c’était la chose la plus évidente au monde.
Daryl posa une main possessive sur sa cuisse, la caressant distraitement du pouce tandis qu’il attrapait un morceau de pain de l’autre. Rick, lui, s’approcha pour lui murmurer quelque chose à l’oreille, son souffle chaud la faisant frissonner malgré elle. Puis sa main glissa lentement dans le creux de son dos, sous le tissu fin de sa chemise.
Elle ne put s’empêcher de sourire, à la fois amusée et touchée par leur tendresse assumée.
T-Dog les observa en coin et éclata de rire.
— Vous avez l’air trop heureux pour des gens au milieu d’une apocalypse, lança-t-il en donnant un petit coup de coude à Glenn.
Ce dernier hocha la tête, un sourire en coin.
— Ouais… bien trop heureux…
Rose roula des yeux, faussement exaspérée, mais le sourire sur ses lèvres la trahissait.
— Vous êtes bêtes, souffla-t-elle.
— Mais pas aveugles, répliqua Glenn avec un clin d’œil.
À l’autre bout de la table, Lori lançait des regards noirs, ses lèvres pincées. Carole, plus discrète, observait la scène avec une ombre de jugement dans les yeux et de reproche.
Mais Rose n’y prêtait aucune attention. Rick et Daryl étaient là, présents, entiers. Et elle avait assez vécu pour savoir que le regard des autres n’avait aucune importance.
Elle commença a manger, savourant le goût simple, alors que Rick posait son menton brièvement contre sa tempe. Daryl, de son côté, frottait doucement sa main contre son genou, comme s’il avait besoin de ce contact pour rester ancré.
La porte s’ouvrit avec un grincement.
Jenner entra, toujours vêtu de sa blouse blanche, les traits tirés, le regard las.
Le silence se fit rapidement, les conversations s’interrompant comme coupées au couteau.
Shane posa sa fourchette, son regard dur fixé sur le scientifique.
— Bon, Doc. On est réveillés, propres, nourris… T’as eu le temps de faire ton cinéma hier soir. Maintenant, on va rentrer dans le vif. T’en es où ?
Le ton était sec, sans détour. Jenner ne répondit pas tout de suite, son regard se posant brièvement sur chacun d’eux… puis glissant sur Rose, Rick, et Daryl, comme s’il comprenait quelque chose qu’il n’avait pas vu la veille.
Il soupira.
— Vous méritez des réponses. Mais je vais vous les donner à tous… en même temps. Suivez-moi.
Le silence tomba plus lourd encore.
Rose échangea un regard rapide avec Rick, puis Daryl. Un frisson remonta le long de sa colonne, malgré leur proximité.
Elle le savait. La fin de leur parenthèse venait de sonner.
Chapter Text
Ils suivirent Jenner en silence à travers les couloirs froids du CDC. L’ambiance avait changé. Moins accueillante. Plus tendue. Le scientifique semblait ailleurs, plus fermé.
Il les conduisit dans une salle de conférence sombre, où quelques écrans étaient encore allumés. Il ne s’attarda pas à leur offrir des sourires ou des politesses. Il alla droit au but.
— Ce que vous allez voir est ce que j’ai pu comprendre. Ce n’est pas grand-chose… mais c’est la seule chose que j’ai à vous offrir, déclara-t-il en lançant un enregistrement.
Sur l’écran, une image cérébrale en thermographie apparut. Des couleurs vives pulsaient, représentant l’activité d’un cerveau humain. Tout le groupe s’assembla pour regarder.
— Sujet TS-19, expliqua-t-il. Un être humain infecté, étudié dès les premières heures après la morsure. Ce que vous voyez là, c’est la mort cérébrale… puis la “réactivation”.
L’activité se dissipa presque entièrement, jusqu’à ce qu’une faible lumière subsiste dans la région centrale.
— Il ne reste que les fonctions primaires : locomotion, stimulus auditif, odorat… mais plus rien de conscient. Ce qui revient… n’est pas la personne. Juste ce qu’il faut pour se mouvoir. Et tuer.
Le silence s’épaissit autour de lui. Andrea et Carol restèrent figées. Glenn ne clignait même plus des yeux. Shane serrait les dents. Plusieurs questions furent posées. Mais Rose ne fit pas attention. Elle regardait autour d’elle. Elle savait qu’il lui restait peu de temps avant de sortir. Il fallait qu’elle trouve une solution…
— Et… un remède ? demanda timidement Jacqui.
Jenner secoua la tête.
— Si quelqu’un cherche encore une solution… je l’ignore. J’ai perdu le contact avec les autres centres il y a plusieurs semaines. Houston, Paris, Johannesburg, Moscou… plus rien. J’ai envoyé des signaux. Aucun retour.
Rick fronça les sourcils.
— Tu veux dire que t’es seul ici ? Depuis combien de temps ?
— 41 jours, répondit Jenner d’une voix éteinte. Et sans nouvelles du monde depuis près de vingt.
Rose échangea un regard inquiet avec Rick et Daryl. Elle n’aimait pas ce silence… cette tension étrange dans la voix de Jenner. Elle avait peur d’avoir changé les choses avec sa présence.
— Docteur Jenner, je sais que ce doit être difficile pour vous. Mais pouvez vous nous dire a quoi correspond cette horloge.
Jenner tourna légèrement la tête vers lui, comme s’il comprenait la question…
— C’est le compte a rebours…
Cette fois, Jenner sourit. Un rictus, presque imperceptible.
— Vous êtes en sécurité ici. Le CDC est conçu pour protéger. Rien ni personne ne peut entrer… ni sortir, ajouta-t-il, à peine audible.
— Pardon ? fit T-Dog, se redressant.
Rick, soudain nerveux, se leva.
— Docteur Jenner… qu’est-ce que tu veux dire par là ? Tu as verrouillé l’endroit ?
Jenner ferma l’écran d’un geste sec.
— Vous avez voulu des réponses. Vous les avez. Le monde tel que vous le connaissiez est mort. Ici, vous êtes à l’abri… et vous ne souffrirez pas.
— Qu’est-ce que t’as fait ?! hurla Shane en se précipitant vers lui.
Mais Jenner recula d’un pas, calme, presque résigné.
— Il est trop tard pour survivre. Je vous offre la paix.
Rick bondit en avant, prêt à le saisir au col, mais Rose l’arrêta.
— Calme-toi, Rick ! On a besoin de comprendre. Pas de paniquer.
Elle se tourna vers Jenner, glaciale.
— Tu crois nous enfermer ici comme des cobayes dans une cage ? Tu nous prends notre droit de choisir ?!
Jenner soutint son regard.
— Je vous prends votre douleur.
Silence.
Puis, doucement, Jenner quitta la pièce, les laissant seuls avec leur panique grandissante.
Rick se tourna vers les autres :
— Il faut trouver comment déverrouiller ces foutues portes… et où se trouve le carburant. Maintenant.
Chapter Text
Les couloirs du CDC résonnaient d’une tension étrange. Rose avançait rapidement, le cœur battant à tout rompre. Elle avait laissé Rick, Daryl et les autres tenter de forcer les systèmes de sécurité et chercher le carburant pendant qu’elle partait seule retrouver Jenner.
Les choses avaient déjà changé. Elle ne savait pas jusqu’où. Mais elle espérait encore pouvoir aider.
Elle le trouva dans une pièce sombre, devant un vieux moniteur, une photo dans une main, une bouteille presque vide dans l’autre. Il ne bougea pas lorsqu’il l’entendit entrer.
— Je me doutais que ce serait toi, murmura-t-il sans détourner les yeux de l’écran noir.
— Pourquoi tu pensais que ce serait moi ?
— Tu es différente. Tu es une Oméga différente. De ce que j’ai vu, tu es avec deux Alphas. Mais tu es une omega forte. Je t’ai vue hier, en train de ramasser ce que tu pouvais et de le déposer près de l’entrée. Tu vois les choses autrement… Tu sens les choses différemment…
— Tu comptes vraiment nous laisser mourir ici ? demanda-t-elle d’une voix plus calme qu’elle ne l’aurait cru.
Jenner soupira, las.
— Ce monde est terminé, Rose. Il ne reste plus rien… que la peur, la douleur, la perte. Je vous épargne le pire.
Elle s’approcha, jusqu’à être à sa hauteur.
— Non. Tu ne nous épargnes rien. Tu nous condamnes. Tu nous refuses le droit de nous battre. Le droit de vivre.
Il ne répondit pas. Son regard, embué, restait figé sur le vide.
— TS-19, dit-elle soudain en fixant la photo. C’était elle, n’est-ce pas ? Ta femme.
Jenner tourna lentement la tête vers elle. Son regard frissonna.
— Comment… ?
— J’ai vu ton expression quand tu parlais d’elle. Ce n’était pas un simple sujet d’étude. C’était personnel. Tu l’aimais. Tu espérais peut-être même qu’elle reviendrait…
Il serra la mâchoire, la gorge nouée.
— Elle m’a demandé de la filmer. Elle voulait aider… jusqu’au bout. Elle m’a supplier de continuer…
Rose posa doucement une main sur son bras.
— Et tu crois que c’est ce qu’elle aurait voulu ? Que tu enfermes des vivants pour qu’ils meurent ici, sans même avoir une chance ? Elle s’est sacrifiée pour comprendre ce qui arrivait, pas pour que tu abandonnes. Elle s’est battue jusqu’au bout. C’est ce qu’on veut faire aussi.
Jenner ferma les yeux, ses poings tremblaient.
— Tu ne sais pas ce que c’est… la voir mourir deux fois.
— Ces gens-là aussi ont perdu quelqu’un, murmura Rose. Moi aussi. Mais ce groupe… il veut vivre. Pas juste survivre. Vivre. C’est tout ce qu’il nous reste. Le choix.
Un long silence s’installa.
Jenner ouvrit enfin les yeux. Quelque chose en lui s’était fissuré.
— Viens, dit-elle doucement. Viens leur parler. Explique-leur. Mais laisse-nous le choix.
Jenner hésita encore une seconde… puis se leva lentement.
Chapter Text
Lorsqu’il réapparut dans la pièce commune avec Rose, Rick et Daryl se figèrent. Prêt à défendre leur omega. Shane s’avança brusquement.
— Tu vas rouvrir ces portes ?!
Jenner leva une main, fatigué.
— Je pensais vous faire une faveur. Je me suis trompé. Votre omega m’a expliqué…
Il s’approcha d’un panneau de contrôle. Quelques manipulations, un bip sonore retentit.
— Séquence de verrouillage désactivée. Vous pouvez sortir.
— Et c’est tout ? demanda Andrea, la voix tremblante. Il n’y a pas… d’espoir ?
Jenner soupira.
— Je n’ai plus les moyens de continuer les recherches. Mais ça ne veut pas dire que d’autres n’essayent pas ailleurs. Le contact est rompu depuis des semaines… mais peut-être que d’autres centres tiennent encore.
Rose se tourna vers lui une dernière fois.
— Alors laisse nous aller voir par nous-mêmes. C’est ce qu’elle aurait voulu, non ?
Jenner hocha lentement la tête.
— Oui… elle aurait voulu que vous ayez une chance.
Rick attrapa la main de Rose, Daryl lui prit l’autre main.
Jim, resté en arrière, ne bougeait pas.
Il fixait le sol, perdu dans ses pensées. Rose s’approcha doucement.
— Jim ? Ça va ?
Il leva les yeux vers elle. Calmes. Résignés.
— Je ne viens pas, dit-il simplement.
Rick s’approcha aussitôt.
— Attends, quoi ? Jim, c’est pas le moment de philosopher, on a une heure max avant que tout saute !
Jim eut un petit rire triste.
— Justement. C’est parfait.
Il les regarda tous, un à un. Puis ajouta, plus doucement :
— Ma femme… mes enfants… ils sont partis il y a longtemps. Quand tout a commencé. Et moi, je suis resté. Ils sont morts devant moi! Mais là… je suis fatigué. Je veux les retrouver.
Un long silence suivit ses paroles.
— Tu as encore le choix, Jim.
Mais il secoua la tête, un sourire douloureux sur les lèvres.
— C’est justement ça. Je choisis. De m’arrêter là. C’est le seul endroit où c’est possible. En paix. Sans souffrir. Sans hurlements. Je veux que ce soit comme ça.
Jenner resta à ses côtés, silencieux. Il ne dirait rien. Ne jugerait pas.
Jacky s’approcha à son tour. Les yeux brillants, le visage figé.
— Je reste aussi.
Tous les regards se tournèrent vers elle.
— Pourquoi ? murmura Andrea, choquée.
Jacqy haussa les épaules, les larmes aux yeux.
— Je n’ai pas de famille. Pas d’amis. Je me réveille tous les jours avec la peur au ventre. Je ne veux plus courir. Plus me cacher. Je suis désolée.
Rose voulut protester. Mais elle comprit. Ils avaient choisi. Comme elle avait choisi de se battre. Comme chacun d’entre eux avait choisi, à sa façon.
Elle s’avança, les serra tous les deux dans ses bras, sans un mot. Puis se tourna vers Jenner.
— Tu les respecteras jusqu’au bout ?
Jenner hocha la tête.
— Oui.
Rick ferma les yeux un instant, puis acquiesça à son tour. Il s’approcha de Jim, lui serra la main, l’étreignit une dernière fois.
— Merci pour tout.
Jacqy serra Andrea et Amy dans ses bras. Glenn lui glissa une petite photo de groupe qu’il avait trouvée dans son sac, sans rien dire. Un souvenir.
Ils n’avaient aucune certitude devant eux. Mais ils avaient regagné une chose précieuse : le droit de choisir.
Chapter Text
Sur l’écran, un compte à rebours affichait 60 minutes. Ils coururent récupérer leurs affaires et remontèrent jusqu’à l’entrée. Là, tous virent une montagne de sacs et de cartons entassés.
— Hum… comment dire… commença Rose en se grattant la tête. Hier, je n’avais pas totalement confiance. Alors j’ai fait le tour du bâtiment. J’ai pris ce que je pouvais et je l’ai tout mis ici…
Un silence stupéfait s’installa. Puis Glenn éclata de rire.
— Tu es incroyable.
— Bordel de merde…, souffla T-Dog. On a pillé un entrepôt ou quoi ?
Il applaudit doucement, impressionné. Daryl lança à Rick :
— On aurait dû se douter qu’elle préparait un plan B.
Rose haussa les épaules, un sourire en coin.
— On n’est jamais trop prudent, non ?
Jenner s’avança légèrement, droit, calme malgré le chaos.
— Votre Oméga a tout récupéré. Maintenant, il faut sortir. Le CDC explosera dans moins de quarante minutes.
Rick s’approcha vivement, suivi de près par Daryl. Leurs regards étaient inquiets, protecteurs.
— On peut sortir ? demanda Rick.
— Non, répondit Rose en secouant la tête. La porte extérieure est bloquée. Le système refuse de l’ouvrir.
— Tu veux dire… qu’on est enfermés ? gronda Daryl.
— Pas si on fait sauter la serrure.
Elle ôta son sac à dos et en sortit une grenade. Le silence fut immédiat. Tous les regards convergèrent vers elle. Certains reculèrent instinctivement. Jenner, lui, tourna les talons, repartant vers le centre avec Jacqy et Jim. Ils les observaient de loin, empreints d’une résignation silencieuse.
Rick fit face au groupe.
— Tout le monde recule. On va faire sauter la serrure. Prenez ce que vous pouvez. On ne laisse rien ici, compris ?
Les mains s’activèrent aussitôt. Chacun attrapa un sac, une caisse, un carton. Même les enfants aidèrent, sous le regard attentif des adultes.
Rick fit un signe, grave.
— Il ne nous reste plus qu’à sortir d’ici. Couvrez-vous !
Rose n’eut pas le temps de réagir. Une main la saisit brutalement par le bras, une autre la ceintura à la taille.
— À terre, Oméga, ordonna Daryl, la voix grave et rauque.
— On t’a dit de te planquer, murmura Rick à son oreille en la plaquant doucement au sol.
Leurs corps l’entouraient, formant un bouclier protecteur. Le sol était froid contre sa joue. Elle ferma les yeux.
BOUM !
L’explosion fut assourdissante. Le souffle les souleva légèrement, une chaleur sèche leur mordit la peau. Des gravats volèrent. L’air devint dense, chargé de poussière brûlante. Puis le silence s’abattit, lourd.
La porte avait cédé. Tordue, noircie… mais ouverte. Derrière elle, le monde. Sauvage, froid. Mais libre.
Puis… tout s’apaisa.
Chacun se releva lentement. Rick et Daryl se détendirent, aidant Rose à se redresser. Leurs mains la parcoururent brièvement, s’assurant qu’elle n’était pas blessée.
— Ça va ? souffla Rick.
Elle acquiesça, encore secouée.
— On bouge.
Ils n’attendirent pas une seconde de plus.
Rick donna les consignes. Daryl et T-Dog répartirent les sacs selon le poids. Andrea, Carol et Lori prirent les médicaments, les couvertures et les caisses de nourriture. Tout le monde s’activait. Efficace. Silencieux. La tension collait à leur peau comme une seconde sueur.
Rose les observait, le cœur battant. Hier soir, seule, elle avait ramassé tout ce qu’elle pouvait. Demain, ils seraient en vie grâce à ça.
Chapter Text
Le soleil les frappa comme un coup de massue.
Le contraste entre la chaleur brûlante et la froideur des souterrains leur coupa le souffle. Les voitures étaient toujours là. La montagne de sacs et de caisses que Rose avait entassée la veille reposait dans leurs bras…
Ils chargèrent tout. En silence. L’explosion n’était plus qu’une question de minutes.
Rick passa à côté de Rose, son regard croisant le sien. Il posa une main sur sa nuque ferme, brève. Son pouce effleura la base de ses cheveux. Un geste d’Alpha. Un remerciement.
— C’était bien joué, Rose. T’as assuré.
Elle hocha la tête.
Puis le sol trembla. Un grondement monta du cœur du bâtiment. Ils se jetèrent dans les véhicules, les moteurs hurlèrent. Rick et Daryl la plaquèrent de nouveau au sol avec force.
BOUM!!!
Le CDC n’existait plus.
Une boule de feu s’éleva dans le ciel, suivie d’un nuage noir qui avalait tout. Rose n’eut pas la force de détourner les yeux. Tout le monde rejoignit les véhicules. Daryl démarra brusquement, prenant la tête du convoi avec Rick et Rose à ses côtés dans la camionnette.
Personne ne parla. Le souffle coupé. Les yeux humides.
Rick murmura simplement :
— Qu’ils reposent en paix.
Ils ne savaient pas ce qui les attendait mais ils étaient ensemble.
La camionnette de Daryl roulait à bonne allure, s’éloignant du CDC. Le bâtiment n’était plus qu’un souvenir silencieux dans le rétroviseur. Rick, assis à sa droite, gardait les yeux fixés sur la route concentré, calme, fidèle à lui-même. Le reste du groupe suivait dans les autres véhicules, en file serrée. Soudés.
Rose, assise entre les deux hommes, sentit son cœur se serrer.
J’ai réussi à changer le cours des choses… Amy est vivante. Jim et Jacqy ont choisi leur fin, mais elle est différente. Jim n’a pas été mordu. Il y a plus de vivants qu’il n’y aurait dû… Est-ce que je peux changer encore d’autres choses ?
Elle voulait y croire.
— Au fait… je pense qu’il est important que vous sachiez certaines choses sur moi, lança-t-elle soudain.
Rick haussa un sourcil, intrigué. Daryl jeta un coup d’œil rapide, sans ralentir.
— J’espère que vous aimez les câlins, ajouta-t-elle avec un sourire. Je suis très tactile.
Rick rit, grave et bas.
— On va s’y faire.
Daryl émit un grognement amusé un tch rauque qui disait tout. Sa main se posa sur la cuisse de Rose, possessive, affirmée.
— Faut pas t’attendre à ce qu’on te lâche facilement, en revanche.
Elle sourit, le cœur chaud.
— Je suis heureuse de vous avoir trouvés. C’est peut-être prématuré de le dire… Même si, franchement, les morts qui se relèvent feraient un meilleur film d’horreur que d’amour. Mais ce que je veux dire, c’est que… je ne peux que remercier ce qui m’a amenée à vous.
Rick esquissa un sourire en coin, une lueur tendre dans les yeux.
— Tu nous remercies pour une apocalypse ? Tu dois être sérieusement dérangée, Rose.
— Oh, totalement, répondit-elle avec un clin d’œil. Mais vous avez l’air d’aimer ça.
Daryl ricana.
— Faut croire qu’on a un faible pour les femmes un peu folles. Tant qu’elles savent tirer et cuisiner.
— Et coudre, et fouiller… Et je fais aussi de très bons câlins, ajouta-t-elle en comptant sur ses doigts. Vous avez tiré le gros lot, les gars.
— On le sait, souffla Rick, plus sérieux. On le sait.
Il tourna la tête vers elle, son regard sincère, presque grave. Rose soutint ce regard, touchée par la profondeur de sa déclaration. Il n’y avait ni promesse ni serment. Juste une reconnaissance muette, puissante.
Daryl ne dit rien, mais sa main remonta légèrement le long de sa cuisse. Un geste simple, mais lourd de sens.
Rose soupira doucement, reposant sa tête contre le dossier du siège.
— Bon… on va arrêter d’être trop sentimentaux, sinon je vais devoir vous câliner plus tôt que prévu… dit-elle avec un sourire espiègle.
— Quand tu veux, répondit Rick sans hésiter.
Rose tourna la tête vers eux, les yeux brillants d’émotion.
— Merci… de me laisser faire partie de ça. De vous. Même si c’est bancal, même si c’est fou… Ça me donne envie d’avancer.
Rick tendit la main et attrapa la sienne, entrelaçant leurs doigts.
— Ce n’est pas toi qui fais partie de nous, Rose. C’est nous qui formons un tout avec toi. On l’a senti dès le premier jour.
Daryl grogna un vague ouais, les yeux toujours fixés sur la route, mais sa main ne la lâcha pas.
Et pendant quelques instants, le silence régna dans l’habitacle. Un silence plein. Apaisé. Profond.
Dehors, la terre ravagée défilait. Mais dans la camionnette, il faisait presque bon. Presque normal.
Rose ferma les yeux un instant, juste pour savourer ça.
Ils sont ma maison, dans ce chaos.
Chapter Text
Elle ferme les yeux, vidée. Le trajet jusqu’au refuge des Vatos se déroule sans encombre. Quand enfin les véhicules s’arrêtent, c’est comme si le monde s’était figé. Les grilles sont grandes ouvertes. Aucune sentinelle. Aucun bruit. Juste le silence.
Daryl coupe le moteur, et Rick se penche vers Rose, toujours endormie.
— Rose… réveille-toi, murmure-t-il en caressant doucement son visage.
Elle entrouvre les paupières, encore engourdie. L’explosion, les cris, la fuite… tout flotte autour d’elle comme un brouillard épais.
— On est arrivés ?
— Oui. Mais c’est calme… trop calme.
Elle hoche la tête, masse lentement ses tempes. Daryl ouvre sa portière et les attend sans un mot. Quand il tend la main pour l’aider à descendre, elle la prend sans hésiter. Sa paume est chaude, calleuse, rassurante.
— Doucement, Oméga, grogne-t-il.
Elle lui offre un mince sourire. Être près d’eux l’apaise.
Le groupe se déploie dans la cour, tous aux aguets. Mais rien ne bouge. Aucun danger immédiat. Juste quelques papiers portés par le vent, des traces de vie effacées à la hâte… et des corps. Des morts. Mais pas de mordeurs. Pas de cris.
Des gens exécutés.
— Vous pensez que ce sont les rôdeurs ? demande Andrea, visiblement inquiète.
— Pff… lâche Daryl, à côté de Rose, avec un mépris à peine contenu.
— Quoi ? Qu’est-ce que t’as à dire, le redneck ?
— Observateur.
— Un bien grand mot pour un type comme toi.
Rose grogne bas, un réflexe instinctif. Ses yeux virent un instant au jaune. Andrea recule d’un pas, méfiante.
— Ce ne sont pas les geeks qui ont fait ça, lâche froidement Daryl. Ils sont arrivés après. Ces gens ont été exécutés. Et jusqu’à preuve du contraire, les rôdeurs ne tirent pas à l’arme à feu. Vous avez peur des morts, mais ce sont des vivants qui ont fait ça.
Rick observe la scène, silencieux. Ses yeux s’attardent sur les mêmes détails. Il comprend.
Rose regarde Andrea avec un sourire narquois.
— Ouais. Observateur. T’as qu’à chercher dans le dictionnaire.
Daryl rit doucement derrière elle, puis l’attire contre lui sans gêne. Rick leur jette un regard en coin, amusé malgré la tension ambiante.
Quelques voix s’élèvent, commencent à débattre. Rose s’agace, soupire, puis s’éloigne du groupe. Il est décidé de passer la nuit ici, dans l’un des bâtiments encore intacts.
Rose inspire profondément. Son sac est prêt : conserves, fruits secs, quelques bouteilles d’eau. Elle l’ouvre et commence à distribuer les provisions.
— Tenez. Mangez. On a tenu bon, mais si on tombe d’épuisement, on n’ira pas loin.
Les visages se détendent un peu. Même Andrea accepte une boîte de haricots sans broncher. Dale lui jette un regard empreint de respect. Lori la remercie d’un sourire. Glenn lui tapote l’épaule en guise de soutien.
La nuit finit par tomber, enveloppant le refuge d’un voile sombre. Chacun s’installe comme il peut : à même le sol, contre les murs, sur des couvertures de fortune.
Rose s’éloigne encore un peu. Besoin de silence. De respirer.
Elle se couche sur le côté, genoux repliés contre sa poitrine, les bras les entourant. Puis elle entend des pas. Elle n’a même pas besoin de lever les yeux.
Daryl.
Il ne dit rien. Il s’assoit près d’elle, silencieux. Puis, lentement, il s’allonge. Elle le sent se rapprocher… et son corps vient se coller au sien. Il se cale derrière elle, passe un bras autour de sa taille. Une chaleur familière l’envahit, douce, rassurante. Son souffle effleure sa nuque.
— Dors omega, murmure-t-il.
Il ronronne doucement. Daryl s’est blotti contre elle, simplement là. Présent.
Ses muscles se détendent enfin. Son cœur, affolé depuis le CDC, retrouve un rythme plus paisible.
Chapter Text
Quand elle émerge du sommeil, le matin est encore silencieux. La lumière filtre à peine par les interstices du bâtiment abandonné. Elle est entourée de chaleur, Derrière elle, Daryl la tient toujours, en petite cuillère, son bras posé fermement autour de sa taille. Devant elle, Rick dort encore, son visage détendu, presque paisible malgré tout.
Je suis bien. Trop bien. Mais je sais que bientôt les autres vont se réveiller.
Alors, doucement, elle commence à bouger.
Elle les regarde un moment, le cœur serré d’émotion. Est-ce que je suis allée trop vite ? Peut-être. Probablement. Elle n’a jamais été du genre à se jeter dans une relation sans réfléchir… mais depuis qu’elle a été projetée ici, tout est différent. Les règles ont changé.
Est-ce que je les aime ? Elle n’en est pas sûre. Mais elle sent ce lien, profond, étrange, presque instinctif. Elle ne sait pas si c’est son côté Oméga qui réclame la chaleur, la protection, la stabilité… ou si c’est simplement parce qu’elle sait qui ils sont, ce qu’ils vont devenir. Peut-être un mélange des deux. Peut-être que ça n’a pas d’importance.
Dans ce monde où la mort rôde à chaque tournant, elle a décidé une chose : elle ne veut plus attendre. Elle veut vivre. Pleinement. Intensément. Elle veut aimer tant qu’elle peut. Parce que demain, elle pourrait ne plus être là.
Sur cette pensée, elle se dégage doucement des bras de Daryl, effleure la main de Rick, puis se lève sans bruit. Elle enfile sa veste, attrape quelques conserves et commence à préparer un semblant de petit déjeuner sur une caisse retournée. Pain sec, quelques fruits secs, une boîte de confiture, deux barres de céréales.
Mais elle n’a pas le temps d’aller bien loin. Elle sent leurs regards avant même de les entendre.
Rick et Daryl sont réveillés. Ils la regardent, encore un peu engourdis par le sommeil, mais clairement concentrés sur elle.
Elle s’avance doucement, un sourire tendre aux lèvres, et les enlace tous les deux.
— Bonjour, murmure-t-elle.
Elle dépose un baiser sur la joue de Rick, puis un autre sur celle de Daryl. L’un sourit, l’autre grogne doucement, encore à moitié endormi. Elle leur jette un regard amusé avant de retourner à sa préparation.
Peu à peu, les autres membres du groupe émergent. Glenn s’étire, Dale marmonne contre le froid matinal, Andrea s’ébroue comme un chat, les enfants se blottissent encore dans les couvertures. Une routine étrange s’installe malgré les ruines autour d’eux.
Rick finit par se lever pour de bon, et une fois tout le monde éveillé, il prend la parole.
— On ne peut pas rester ici. Ce n’est plus un refuge. Shane avait proposé Fort Benning… Je pense qu’on doit essayer.
Un murmure d’approbation traverse le groupe.
— Mais on ne pourra pas tous y aller avec autant de véhicules. Si on veut conserver du carburant, on doit réduire.
Quelques protestations fusent, mais personne ne conteste vraiment. Ils savent tous que Rick a raison.
Rapidement, chacun commence à faire ses choix. On vide certains coffres, on répartit les sacs, on trie, on évalue le nécessaire. Plusieurs véhicules sont abandonnés derrière la grille du refuge. Des repères perdus, mais des charges en moins.
Le véhicule de Rose, lui, reste. Trop utile, trop bien organisé. Daryl y met son sac sans un mot, suivi de Rick qui y place le sien. Rose range les affaires avec méthode, en silence. Elle sait que ce geste, discret, signifie beaucoup.
Rick prend le volant, Glenn, t dog, monte avec lui. Rose, elle, grimpera à l’arrière de la moto de Daryl. Elle le sait déjà, elle le sent au fond d’elle. Elle l’a vu prendre sa veste, remettre son couteau à la ceinture. Il l’attend. Elle monte derrière lui, glisse ses bras autour de sa taille, le cœur battant.
Elle ne dit rien, mais son sourire est éloquent.
Ils ne savent pas à quel point j’ai gagné avec eux deux.
Elle va passer la journée collée à lui, le vent dans les cheveux, le corps en tension contre le sien. Elle profite du moment, ancrée dans l’instant. Il n’y aura peut-être pas de lendemain. Mais aujourd’hui, elle est vivante. Entourée. Libre.
Et elle est prête pour la suite.
Accrochée au dos de Daryl, Rose se laisse bercer par le ronronnement de la moto. Le vent fouette doucement ses mèches de cheveux, et la chaleur du chasseur contre elle est étrangement apaisante.
Daryl, lui, est tendu. Son dos est droit, ses épaules raides, comme s’il ne savait pas trop quoi faire de cette présence collée à lui. Mais Rose ne bouge pas. Au contraire, elle se rapproche légèrement, glisse ses bras plus fermement autour de sa taille, et laisse échapper un petit bruit de contentement, presque un ronronnement.
Il tressaille, surpris, puis jette un rapide coup d’œil derrière lui.
— Tu ronronnes, maintenant chaton? marmonne-t-il, à la fois moqueur, déconcerté et heureux.
— Peut-être… souffle-t-elle, amusée. J’aime juste bien être là, c’est tout.
Un silence s’installe. Puis, doucement, il relâche un peu la tension dans ses épaules. Sa main quitte brièvement le guidon pour se poser sur le bras de Rose, une fraction de seconde, comme une réponse muette. Puis elle retourne fermement à sa place. Prudence oblige.
Ils roulent à vitesse réduite, pas trop loin du camping car, le soleil levant dorant l’asphalte fissuré devant eux. Le monde autour semble figé, presque silencieux. Des carcasses de voitures abandonnées, des maisons éventrées, des souvenirs d’une vie passée qui ne reviendra plus.
Rose, observe tout. Elle ne rêve pas de sauvetage. Pas de base militaire miraculeuse. Elle sait ce qui les attend, ce qui risque de venir. Elle sait que tout ce qui peut se stocker doit être récupéré. Nourriture. Eau. Médicaments. Vêtements. Tout ce qui peut servir à tenir.
Alors elle scrute les alentours avec attention, les yeux rivés sur les devantures de magasins, les ombres dans les stations-service, les coins de rues partiellement épargnés. Chaque détail compte. Chaque détour peut sauver une vie demain.
Elle sent Daryl jeter un œil à ses mouvements, puis l’entend parler, sa voix un peu rauque, couverte en partie par le bruit du moteur.
Après quelques minutes de route, il tourna légèrement la tête, sans quitter la route des yeux.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il simplement.
Rose leva les yeux, surprise.
— Pourquoi ?
— Tu bouges la tête dans tous les sens depuis tout à l’heure. Tu cherches quelque chose ?
Elle sourit, un peu gênée.
— Oui… Je regarde si on passe devant des endroits intéressants. Magasins, stations, camions, maisons pas trop abîmées… Des trucs à récupérer.
Il hocha à peine la tête, attentif.
— T’es la seule à y penser, hein.
— Peut-être. J’crois qu’ils comptent trop sur Fort Benning, répondit-elle en scrutant une station-service à moitié effondrée. Le trajet sera long, et on n’a aucune certitude sur ce qu’on va trouver là-bas. Si on tombe sur un bon spot, je veux pas passer à côté.
Daryl resta silencieux quelques secondes, puis grogna d’un ton approbateur.
— Pas faux.
Puis, sans prévenir, Rose laissa échapper un petit bruit de satisfaction, presque un ronronnement, en appuyant un peu plus sa joue contre son dos. Elle ne voulait pas trop en faire. Juste profiter de l’instant.
Daryl tressaillit légèrement, surpris, et marmonna :
— Tu ronronnes encore…
Elle rit doucement.
— Peut-être bien.
Rose, garda ses yeux ouverts. Le monde était peut-être en train de s’effondrer, mais elle comptait bien s’assurer qu’ils aient de quoi le traverser jusqu’au bout.
Chapter Text
Le vrombissement régulier de la moto s'interrompt brutalement. Devant eux, la route s'était transformée en un immense champ de ruines mécaniques : une portion d'autoroute totalement bouchée, remplie de carcasses abandonnées, de portières ouvertes, de coffres entrouverts comme des bouches figées dans un dernier cri.
Daryl grogna et freina doucement, le regard alerté.
— Merde…
Il fit demi-tour avec calme, comme s'il avait prévu ce genre d'obstacle. D'un signe du bras, il évite aux véhicules suivants de ralentir, puis revint jusqu'à Rick, qui arrive à leur hauteur.
À peine la moto immobilisée, Rose sentit une main chaude l'attraper doucement. Rick était déjà là, silencieux, mais attentif. Il l'aida à descendre avec une douceur qui contrastait avec la tension ambiante. Elle lui adressa un sourire reconnaissant, puis le regarda s'éloigner pour rejoindre le groupe et discuter des prochaines étapes.
Rose, elle, observe l'embouteillage sinistre avec un air réfléchi.
— On pourrait fouiller en attendant… proposa-t-elle assez fort pour que ceux autour entendent. Vu la quantité de véhicules, on peut sûrement trouver des vivres, des médicaments, et peut-être même siphonner un peu de carburant.
Un murmure d'approbation parcourut le groupe. Shane, T-Dog, Glenn et Daryl hochèrent la tête. Carol et Andrea s'étaient déjà rapprochées de certaines voitures pour observer l'intérieur. Rick donna son accord d'un signe de tête avant de s'éloigner un peu avec Shane pour évaluer s'ils peuvent pousser certains véhicules ou trouver un passage de l'autre côté de l'embouteillage.
Rose ne perd pas de temps.
Elle vérifia qu'elle avait son couteau solidement attaché à sa ceinture, son arme à feu glissée dans sa ceinture, sa gourde souple à paille dans une poche latérale, et quelques barres de céréales dans l'autre. Toujours prête. pensa-t-elle.
Elle jeta un regard en direction de Sophia, qui restait proche de sa mère, puis s'éloigna lentement, fouillant méthodiquement chaque véhicule qu'elle croisait.
Des bouteilles d'eau, des mouchoirs, des pansements, des lunettes de soleil, un jeu de cartes, des gants de travail, des boîtes de conserve encore intactes. Elle remplissait son sac avec tout ce qui pouvait être utile, attentif au moindre bruit autour d'elle.
— On dirait un cimetière ici, grogna Lori non loin.
Rose leva les yeux au ciel, lasse, mais ne répondit pas. Oui, un cimetière plein de ressources… , pensa-t-elle.
Elle poursuivit, s'enfonçant un peu plus entre les voitures. Elle mit la main sur des médicaments dans une trousse de secours conservée dans la boîte à gants d'un SUV. Une aubaine.
Elle commençait à faire demi-tour pour ramener ses trouvailles au campement improvisé, lorsque le bruit s'étendait de pas la fit sursauter. Rick surgit, essoufflé, le visage tendu.
- Rose ! Sous la voiture, maintenant !
Elle n'hésite pas. Son instinct la fit réagir avant même que ses pensées ne s'activent. Elle se glisse sous un pick-up poussiéreux, serrant son sac contre elle, et tendit l'oreille.
Un bruit aigre, grave, presque étouffé… puis des râles. Le genre de son qui ne laisse aucun doute.
Un troupeau. Ils étaient là.
Les râles se rapprochent. Rose, sous la carcasse métallique, sentait chaque battement de son cœur résonner contre l'asphalte sale. Son souffle était court, contenu, presque douloureux à force d'être retenu. De là où elle était, elle distinguait les pieds d'un mort-vivant titubant à quelques mètres. Carême, mais terrifiant.
Elle tourne légèrement la tête et aperçut d'autres silhouettes se traînant entre les voitures. Les gémissements devenaient un bourdonnement angoissant.
Elle ne bougea pas. Pas un fils. Pas un mouvement. Même pas un alignement de paupières.
Le troupeau passait.
Elle pria silencieusement. Pour qu'aucun bruit ne trahisse leur présence. Pour que personne ne panique.
Le temps semble s'étirer en une éternité.
Puis, peu à peu, les grognements s'éloignèrent. Les rôdeurs avançés plus loin sur l'autoroute, étaient attirés par quelque chose d'autre. Une chance. Une bénédiction.
Rick se glissa hors de sa cachette un peu plus loin, et Rose l'imita avec précaution. Elle se redressa doucement, balayant les environs du regard. Les autres ont commencé à sortir à leur tour, tremblants, mais vivants.
Un bruit. Un mouvement. Quelqu'un qui court.
Rose se tourna brusquement. C'était Sophia.
La petite s'échappait de sa cachette, filant vers la forêt bordant l'autoroute, à peine visible entre les voitures. Rose fronça les sourcils. Qu'est-ce que tu fais ?!
Mais avant qu'elle n'ait le temps de l'appeler, Rick la suivait déjà, courant pour tenter de la rattraper.
Sans réfléchir, Rose s'élança à son tour.
Elle enjamba les véhicules, se frayant un chemin aussi vite que possible. Elle le savait. Elle savait ce qui allait arriver. Ce moment, elle l'avait redouté depuis le départ. Elle ne pouvait pas laisser disparaître Sophia.
Elle accéléra encore, suivant Rick, apercevant à peine la petite forme de la fillette disparaît entre les arbres.
— Rick ! cria-t-elle à mi-voix, haletante.
Rose sentait son souffle brûler dans sa gorge, mais elle ne ralentit pas. Elle savait ce que signifiait chaque seconde perdue.
Pas elle. Pas maintenant. Pas comme ça.
Rose courait toujours, mais la distance avec Rick grandissait. Il filait entre les arbres avec une rapidité que même l'adrénaline ne lui permettait pas de suivre. Les branches griffaient ses bras, les feuilles mortes glissaient sous ses bottes, et son cœur cognait contre sa cage thoracique.
Puis elle s'arrêta net, haletante. Un bruissement, juste à sa droite. Elle leva le couteau dans un geste réflexe, le sens aux aguets.
Chapter Text
— Sophia ? appela-t-elle doucement, tendue.
Un mouvement. Une petite silhouette tremblante sortit de derrière un rocher, les yeux écarquillés.
— Madame Mac Carty ?
— Mon Dieu… soupira-t-elle, soulagée en courant vers la petite. Elle la prit dans ses bras et la serra fort, les mains tremblantes.
— Appel moi rose. Tu es blessée ?
Sophia secoua la tête, les larmes aux yeux.
— Non… M Grimes m’a dit de courir et de garder le soleil sur mon épaule gauche…
Rose se redressa lentement, essuyant le visage de la fillette avec tendresse.
— Bien, tu as bien fait. Mais maintenant tu restes près de moi, tu m’entends ? On ne se sépare plus.
Sophia hocha vivement la tête, agrippant sa veste.
Rose scruta les environs. Le soleil perçait à peine à travers le feuillage dense, et l’humidité de la forêt alourdissait l’air. Difficile de retrouver un sens d’orientation ici. Tout se ressemblait.
Elle tenta de repérer un point de repère. Rien. Pas de sentier, pas de trace. Juste le bruit d’un petit ruisseau non loin, vers lequel elle entraîna doucement Sophia.
— On va attendre ici. Rick ou Daryl finiront par nous retrouver. Ne t’inquiète pas.
Elle sortit sa gourde, fit boire Sophia puis la garda près d’elle. Son couteau toujours en main, elle restait à l’écoute, tous les sens en alerte.
Mais à peine quelques minutes plus tard, un craquement sinistre résonna derrière elles.
Puis un autre.
Et encore un.
Les râles, gutturaux, distincts, se firent entendre. Trois morts apparurent entre les arbres. Des vêtements en lambeaux, les chairs décomposées, et cette lenteur qui ne les rendait pas moins dangereux.
Rose se releva d’un bond, plaçant Sophia derrière elle.
— Ne bouge pas. Si je te dis de courir, tu cours, d’accord ?
Sophia acquiesça, les yeux pleins de peur.
Rose attaqua le premier rôdeur sans hésiter, plantant son couteau dans son crâne avec précision. Le second suivit de peu, mais le troisième était plus imposant, plus vif. Il tomba sur elle, et elle dut rouler au sol pour l’éviter avant de le poignarder à la gorge, puis en plein crâne.
Elle se redressa, essoufflée, le front couvert de sueur.
Mais d'autres râles se faisaient entendre, plus nombreux, plus proches.
— Merde…
Elle attrapa la main de Sophia.
— On y va !
Elles s’enfoncèrent plus profondément dans la forêt, courant entre les arbres. Rose laissait des marques mentales derrière elle, une souche, un rocher particulier tentant de garder en mémoire leur chemin. Elle savait qu’elles ne pourraient pas courir longtemps. Mais chaque seconde gagnée était une seconde de vie.
Sa respiration saccadée, elle jeta un regard à la fillette toujours à ses côtés.
Tiens bon, Sophia. Je te protégerai. Même si je dois y rester.
Rose gardait Sophia près d’elle, avançant entre les arbres denses. La lumière commençait déjà à décliner, et l’humidité de la forêt s’insinuait dans ses vêtements. Les râles s’étaient éloignés, mais elle savait qu’ils n’étaient jamais loin.
Après plusieurs minutes de marche, elle aperçut une forme sombre entre les feuillages : une vieille cabane de chasse abandonnée, à moitié dissimulée par la végétation. Elle accéléra le pas, serrant la main de la fillette.
— Là. On va se mettre à l’abri pour cette nuit.
La porte grinça en s’ouvrant, mais l’intérieur semblait vide. Poussiéreux, mais pas envahi. Un matelas moisi, des étagères avec quelques objets rouillés. Rose referma la porte derrière elles, déplaça un vieux meuble pour la bloquer, et inspecta les lieux avec prudence.
Elle installa Sophia sur le lit, retirant sa veste pour la poser sur ses épaules.
— On va dormir ici cette nuit. Je monte la garde, d’accord ?
Sophia hocha la tête, fatiguée, les larmes silencieuses coulant sur ses joues. Rose s’accroupit devant elle, lui caressa les cheveux.
— Je t’ai retrouvée. Je ne te lâcherai pas. Tu es en sécurité maintenant. Demain on retrouvera les autres.
Mais dans son cœur, elle savait que la nuit serait longue. Elle resta éveillée, le couteau à portée de main, les oreilles aux aguets. À tout moment, les rôdeurs pouvaient les retrouver.
Chapter Text
Pendant ce temps, de l’autre côté de la forêt, Rick revenait seul, le visage sombre. Il passa entre les véhicules arrêtés, l’arme baissée, sans un mot.
— Où est Sophia ? demanda Lori en s’approchant, inquiète.
Rick ouvrit la bouche, puis la referma. Il n’avait pas de réponse. Il secoua doucement la tête.
— Elle n’est pas revenu ?
Le groupe s’agita immédiatement. Les regards se croisèrent, chargés de peur.
— Et Rose ? lança Daryl en s’avançant rapidement, les yeux brillants d’inquiétude. Elle a couru après toi !
Rick se figea.
— Rose ?
Il se retourna vivement vers la forêt, son visage blêmit.
— Elle a couru après moi ? Je ne l’ai pas vue. J’étais concentré sur Sophia… J’étais sûr d’être seul…
Daryl serra la mâchoire, attrapa son arbalète.
— Elle est là-bas, quelque part. Avec la gamine peut-être. Faut qu’on les retrouve.
— On y retourne, dit Rick aussitôt, déjà prêt à repartir.
Shane et Glenn s’approchèrent.
— On vient avec vous, proposa Glenn.
— On fait vite, coupa Shane. Une heure de plus max, puis on revient. Faut pas qu’on s’éparpille.
Le petit groupe s’enfonça dans les bois. Les pas pressés, les sens en alerte.
Au bout d’un moment, Glenn fit un signe à Shane.
— On retourne. On fera mieux de monter la garde avec les autres. Ils vont avoir besoin de nous là-bas.
Rick et Daryl, eux, continuèrent, silencieux mais déterminés.
Puis, Daryl s’arrêta brusquement. Il s’accroupit, observant le sol avec attention. Trois cadavres mutilés jonchaient la terre humide, une lame a été plantée dans l’œil d’un d’entre eux. Dans la tenpe d’un autre et en dessous par un gros costaud.
— C’est elle, dit-il simplement. Rose les a eus. Elle était avec Sophia.
Il pointa du doigt les traces au sol. Deux paires de petites empreintes, l’une plus légère que l’autre.
— Une adulte, une gamine. Elles ont marché ensemble, côte à côte.
Rick s’accroupit à son tour, le regard concentré.
— Mais elles ont changé de direction…
Daryl tourna la tête, observant la terre retournée, les feuillages froissés.
— Là. Regarde ces marques. Trop irrégulières. Elles ont été suivies.
Il se releva lentement.
— Des morts les ont prises en chasse. Rose a dû les entraîner plus loin pour protéger la petite. Y a pas d’autre explication.
Rick se redressa à son tour, le visage tendu.
— Elle l’a protégée. Comme je l’ai pas fait.
— On va les retrouver, affirma Daryl avec assurance. Elle tiendra. Rose est pas du genre à lâcher.
Rick acquiesça en silence.
Et ils reprirent leur marche, guidés par les traces ténues que la forêt daignait encore leur laisser.
La nuit tombée, Rick et Daryl finirent par revenir vers le groupe, les traits tirés et les vêtements marqués par la forêt. Carol se leva précipitamment en les voyant arriver, les larmes aux yeux.
— Vous l’avez trouvée ? Vous avez trouvé Sophia ?!
Rick s’approcha, les épaules lourdes.
— Non… Pas encore. Mais… elle n’était pas seule. Rose était avec elle. On a trouvé des traces, des rôdeurs abattus. Elle l’a protégée, Carol.
Mais la mère secoua la tête en sanglotant.
— Des rôdeurs ! Ho mon dieu… Ma fille est seule dans cette forêt… seule…
— Non ! s’emporta Daryl, en faisant un pas vers elle. Elle n’est pas seule, t’as entendu ? Rose est avec elle. Et Rose, elle sait ce qu’elle fait.
Shane croisa les bras.
— Et t’es sûr qu’elle pourra gérer ça ? Survivre avec une gamine dans les bois ? Combien de temps vous pensez qu’elle va tenir ?
Daryl s’avança, furieux.
— Elle a tenu seule dans Atlanta. Des semaines entières . Entourée de morts. Elle les a esquivés, elle les a tués. Alors ouais, je pense qu’elle pourra gérer quelques arbres et des rôdeurs en forêt . Elle tiendra.
Un silence pesant suivit. Personne n’osa contredire Daryl. Rick posa une main sur l’épaule de son ami.
— Demain matin, on repart à leur recherche. On s’organise mieux cette fois. On ne les laisse pas tomber.
Chapter Text
Dans la petite cabane, Rose avait fini par céder au sommeil. Elle dormait à demi-assise, son couteau serré contre elle, Sophia lovée contre son flanc, profondément endormie.
Le soleil filtrait à travers les planches disjointes quand Rose ouvrit les yeux. Elle se redressa lentement, les muscles endoloris. Sophia ouvrit les paupières en frottant son visage.
— Bonjour, murmura la petite.
— Bonjour toi, répondit Rose avec un sourire fatigué.
Elle sortit deux barres de céréales de sa poche. Elle tendit l’une à Sophia.
— Tiens, mange doucement. Garde ta force.
— Et toi ?
— J’en ai une aussi. On partage.
Tandis qu’elles grignotaient, Sophia posait mille questions.
— Tu crois que maman va bien ? Tu crois que Rick va venir ? Et toi, tu savais qu’on se ferait attaquer ?
Rose répondait avec douceur, tâchant de ne pas montrer son inquiétude.
— Je pense que ta maman t’attend déjà là-bas. Et Rick, il te cherchera sans relâche. Pareil avec Daryl. Il est meilleur pisteur de toute la Géorgie. Il nous trouvera.
Puis, au loin, un son étrange se fit entendre : le tintement d’une cloche d’église , porté par le vent.
Rose se figea. Elle ferma les yeux une seconde. Ils vont vers cette cloche. Ils pensent que Sophia irait là-bas.
Mais elle n’arrivait pas à situer exactement la direction. Elle se leva.
— On va avancer, ma puce. On va trouver une route, et on va les rejoindre. Promis.
Sophia hocha la tête, confiante. Elles quittèrent la cabane, Rose toujours en alerte.
Elles avancèrent d’un pas rapide mais mesuré, à travers les herbes folles et les feuilles mortes qui craquaient sous leurs pieds. Rose avait passé un bras protecteur autour des épaules de Sophia, l’autre main toujours posée sur le manche de son couteau. Autour d’elles, la forêt semblait figée, presque trop calme.
À intervalles réguliers, elles s’arrêtaient. Rose levait la main, invitant Sophia au silence, puis penchait légèrement la tête, fermant les yeux pour mieux capter les sons.
— Tends l’oreille, murmura-t-elle doucement. Écoute bien... essaie de repérer la cloche.
Sophia, concentrée, resta immobile à ses côtés, ses petites mains serrées sur les bretelles de son sac.
Le vent soufflait par bouffées irrégulières, agitant les branches au-dessus d’elles. Puis, comme un murmure porté par les feuillages, le son revint. Faible, étouffé, mais bien réel : ding... ding...
— Tu l’as entendue ?
souffla Rose.
— Oui… par là, je crois ?
dit Sophia en pointant vers l’est.
Rose fronça les sourcils. Elle ne pouvait pas s’y fier à cent pour cent, mais son propre instinct lui soufflait la même direction.
— On va grimper là-haut, dit-elle en désignant un petit amas rocheux un peu plus loin. Si on a de la hauteur, on entendra mieux.
Leur ascension fut lente, prudente. Rose vérifiait chaque pas, s’arrêtait pour observer les alentours, les sens aux aguets. Arrivées en haut, elles s’assirent, haletantes.
— On attend une minute. Ne fais pas de bruit.
Elles fermèrent les yeux ensemble, respirant lentement, écoutant. Et là, plus net cette fois, porté par un souffle d’air plus constant : ding... ding... ding...
Le son vibrait à travers la vallée, ricochant entre les collines. Rose sentit un frisson lui parcourir l’échine. Ce n’était pas une cloche qu’on sonnait pour le plaisir. Quelqu’un essayait d’attirer l’attention.
Ce sont eux. Ils cherchent Sophia.
Elle ouvrit les yeux et scruta l’horizon. Mais rien ne leur indiquait où elles étaient.
— C’est là-bas qu’on va. Je pense que c’est une ancienne église de campagne. Si on suit le chemin, on y arrivera peut-être avant la fin de la journée.
— Tu crois que maman est là ? demanda Sophia à voix basse.
Rose passa un bras autour d’elle et l’embrassa sur le front.
— Je crois qu’elle t’aime assez pour déplacer des montagnes. Et là, ils font tout pour que tu les entendes. On va leur répondre. À notre façon.
Elle se releva, tendit la main à la fillette.
— Allez, soldate. On avance.
Sophia attrapa la main de Rose, et ensemble, elles entamèrent leur descente, leurs silhouettes glissant entre les troncs, en direction du son, de l’espoir… et peut-être, des retrouvailles.
Chapter Text
De l’autre côté, la nuit avait été courte. Dès l’aube, la moitié du groupe insistait pour partir chercher Sophia, contre l’avis de Daryl.
— On va se disperser pour rien, pesta-t-il. Et Carol, t’es pas prête à voir ce qu’on pourrait trouver…
Mais Carol restait déterminée, Andrea également. Rick tentait de calmer Lori, qui s’accrochait à lui avec des reproches mêlés d’angoisse.
— Tu devrais rester ici avec Carl. Si tu me fais confiance, laisse-moi gérer ça…
Mais Lori ne répondait qu’avec des regards accusateurs.
En avançant dans la forêt, ils tombèrent sur une tente isolée. Rick demanda à Carol :
— Essaie d’appeler. Peut-être que Sophia s’est réfugiée là.
— Sophia ?! SOPHIA ?! TU ES LÀ ?!
Aucun son ne répondit, si ce n’est le vent. Daryl entra lentement dans la tente. Quelques secondes plus tard, il ressortit.
— Y a qu’un type dedans. Il s’est tiré une balle. Rien d’autre.
À peine le groupe reprenait sa route qu’un nouveau son leur parvint : des cloches d’église . Tous se regardèrent.
— Allons-y , dit Rick aussitôt.
Ils se précipitèrent vers l’église, l’espoir les poussant à avancer plus vite. Mais à leur arrivée… l’endroit était vide. Seulement trois rôdeurs dans les bancs de bois, que Daryl élimina sans difficulté.
Carol s’effondra sur un banc en larmes.
— Elle n’est pas là…
Rick observa le sanctuaire, les mains sur les hanches. Puis il se tourna vers Daryl.
— Ramène-les tous à l’autoroute. Je vais continuer à chercher.
— Pas question que tu sois seul, répondit Shane. Je viens avec toi.
— Très bien.
Carl, resté à l’arrière avec Lori, accourut vers eux.
— Papa ! Je veux venir avec vous !
— Non, Carl…
— S’il te plaît ! Je suis grand, je peux aider ! Je veux trouver Sophia aussi !
Rick échangea un regard lourd de sens avec Lori, qui hésita… puis acquiesça à contrecœur.
— Tu restes avec moi, dit Rick en le regardant droit dans les yeux. Et tu m’écoutes. Toujours.
— Promis.
Et tous trois partirent vers une nouvelle direction, le cœur lourd, espérant encore…
Rick et Shane marchaient en silence, leurs pas rythmés par les feuilles mortes écrasées sous leurs bottes. Un peu devant eux, Carl avançait en regardant autour, fasciné malgré la tension ambiante.
Rick jeta un coup d'œil vers son ancien meilleur ami. La fatigue tirait ses traits, mais ce n’était pas ça qui pesait dans l’air entre eux.
— Shane… commença-t-il doucement. Je veux que tu saches un truc.
Shane haussa un sourcil, mais resta silencieux.
— J’ai jamais eu d’animosité envers toi. Même après… tout ça. Lori et moi… ça faisait longtemps que c'était plus pareil. Je l’aimais, ouais. Mais l’amour s’était effrité, lentement, avec les années, les disputes. Et même si c’était jamais vraiment dit… elle n’a jamais été “ma compagne”.
Shane tourna légèrement la tête, mais Rick continua.
— Si t’as trouvé quelque chose avec elle, si ça t’a rendu heureux... alors tant mieux. J’aurais préféré que ça arrive autrement, mais je comprends. Vraiment.
Un silence s’installa, pas lourd, mais honnête.
Chapter Text
Devant eux, Carl s’était arrêté net.
— Papa ! Regarde !
Un majestueux cerf aux bois imposants venait de sortir des fourrés, s’avançant doucement vers le garçon, sans peur, presque comme une vision irréelle.
Rick et Shane s’immobilisèrent. Même le vent semblait s’être arrêté.
Mais en une fraction de seconde, tout bascula.
— NOOOOOOONNNN !
hurla une voix familière.
Un coup de feu. Et l’instant suspendu éclata comme du verre.
Le cerf s’effondra, et un corps humain chuta brutalement au sol, juste devant Carl.
Rick sentit son cœur s’arrêter. Il n’eut même pas le temps de penser. Il courut, passant devant son fils figé de stupeur.
— NON NON NON NON ! cria-t-il, tombant à genoux devant le corps.
Il la retourna doucement, tremblant.
— Rose…
Ses mains cherchaient un pouls, n’importe où, et soudain, il sentit quelque chose. Faible. Mais réel.
Derrière lui, Sophia courait à toute allure, les larmes aux yeux.
— Roooose ! ROSE ! NOOOON !
— Elle est en vie. Elle est en vie, bon sang… elle respire !
Mais tout ce sang…
Il la souleva dans ses bras, comme un poids plus précieux que sa propre vie. Et s'étonna rapidement de voir Sofia. Rose avait réussi a la trouver et la garder en vie…
Shane, lui, arma son fusil en pivotant vers la provenance du tir. Il débusqua un jeune homme effrayé, les mains levées, la carabine encore chaude.
— Sors de là ! Bouge pas !
Le garçon, tremblant, sortit du sous-bois, les yeux paniqués.
— J-je suis désolé ! J’ai vu le cerf, j’ai pas vu les gens derrière ! J’ai tiré, et puis… cette femme a crié ! J’voulais pas !
Rick serra Rose contre lui, sa chemise déjà imbibée de sang. Elle était inconsciente, sa tête appuyée contre son torse.
— Il faut l’emmener, vite, dit-il en regardant Shane.
Le tireur s’empressa de parler :
— Je suis dans une ferme… elle est pas loin ! Y’a mon père, il peut l’aider !
Rick hocha la tête immédiatement.
— Montre-nous le chemin. Maintenant !
Sans attendre, ils se mirent à courir, Rick portant toujours Rose contre lui, son souffle haletant, les bras fermement refermés autour d’elle. Sophia courait juste derrière, suivie par Carl. Les enfants, malgré la fatigue, ne ralentissaient pas.
Shane gardait l’arme prête, le regard dur vers le garçon qui les guidait.
Et dans la lumière un espoir fragile se dessinait, battant au rythme faiblissant du cœur de Rose.
Chapter Text
Ils débouchèrent en courant sur une vaste clairière où se dressait une grande ferme blanche, entourée de champs et de clôtures. Un vieil homme les attendait déjà sur le perron, alerté par le bruit des sabots et des cris.
— Elle a été mordu?
— Non blessé par votre fils. Sauvez mon omega! S’il vous plaît.
— Entrez, vite ! cria-t-il en les voyant arriver.
Rick ne ralentit pas, franchissant les marches avec Rose dans les bras. La porte s’ouvrit sur une pièce simple mais propre, où une femme avait déjà préparé une table recouverte d’un drap. Il indiqua d’un geste sec où poser la jeune femme.
Rick la déposa avec précaution, le regard rivé sur son visage pâle.
— Elle a été touchée à l’abdomen, dit-il d’une voix hachée. Elle a perdu beaucoup de sang.
Hershel hocha la tête, concentré, puis se tourna vers une armoire où il sortit du matériel rudimentaire.
— Il faut faire vite. Elle perd trop de sang. Il me faut son groupe sanguin, immédiatement.
Rick ouvrit la bouche, hésita, puis secoua la tête.
— Non… je… je sais pas. Je… Non…
Mais soudain, ses yeux s’éclairèrent, comme si quelque chose s’était reconnecté.
— Si ! A+. Elle est A+, comme moi.
— Restez avec moi alors.
— Prenez tout ce qu’il faut, prenez mon sang !
Carl, qui se tenait non loin avec Sophia, accourut à ses côtés.
— Moi aussi ! dit-il avec insistance. Je suis A+, comme papa. Je veux aider ! Elle a sauvé sophia et elle m'a sauvé.
Rick posa une main sur l’épaule de son fils, fier mais inquiet.
— Tu es courageux, fiston… mais on va d’abord voir combien il en faut, d’accord ?
Hershel hochait déjà la tête.
— Parfait. On commence tout de suite. Toi d’abord , dit-il à Rick.
Mais alors que l’homme s’activait, Rick pâlit brusquement et murmura, presque pour lui-même :
— Non… non… Daryl ne sait pas… Daryl ne sait pas…
Shane, qui s’était approché, fronça les sourcils.
— Rick, calme-toi. Qu’est-ce que tu veux dire ?
Rick releva les yeux, presque paniqué.
— Il ne sait pas qu’elle est blessée. Daryl… ne sait pas que notre oméga est blessée. Il doit savoir. Il doit être là avec nous.
Un silence brutal tomba dans la pièce.
Même Hershel suspendit un instant ses gestes, les yeux écarquillés.
Un omega. Déjà, c’était rare. Une omega liée à un alpha, c’était précieux. Mais deux alphas ? Deux alphas instinctivement liés au même oméga ? C’était… presque impossible.
Shane souffla un juron à voix basse, tandis que Carl et Sophia échangeaient un regard confus. Rick continua, la voix brisée par la peur et l’inquiétude :
— Il faut le prévenir. Il faut qu’il sache. Il… il va péter un plomb. Il va la chercher partout. Il faut… il faut lui dire qu’elle est là, qu’elle est en vie. Qu’on fait tout pour elle…
Shane hocha la tête, reprenant le contrôle de la situation.
— Je m’en charge.
— Maggy vous amènera à votre groupe avec le cheval dit il pendant qu’une fille sortait préparer le cheval.
— Je leur dirai qu’on a retrouvé Sophia, et qu’elle est en sécurité ici. Et je ramènerai le groupe, avec la voiture où sont ses fournitures médicales.
Il se tourna vers Rick, son regard grave.
— Tiens le coup, frangin. Elle va s’en sortir. Elle a survécu à pire.
Rick acquiesça lentement, les yeux posés sur Rose, toujours inconsciente. Il lui tenait la main pendant que Hershel préparait la transfusion.
Carl se glissa contre lui. Sophia pas loin.
— Elle va s’en sortir, hein, papa ? Elle est forte, Rose. Elle a protégé Sophia dans les bois. Elle va pas nous laisser…
Rick serra la main de son fils.
— Non, fiston. Elle ne nous laissera pas. Pas elle.
Et pendant que le sang commençait à couler doucement de son bras vers la jeune femme, Rick ferma les yeux un instant.
Tiens bon, Rose… Tiens bon pour nous tous…
Chapter Text
La ferme s’éloignait peu à peu derrière eux, alors que les sabots du cheval battaient la terre sèche à un rythme soutenu. Shane derrière Maggy.
— Maggie, c’est ça ? demanda-t-il, légèrement haletant.
— Ouais, répondit-elle sans tourner la tête. Maggie Greene. C’est mon père, Hershel, qui s’occupe de la fille blessée.
Ils accélérèrent jusqu’à apercevoir, enfin, les silhouettes familières du groupe au loin, regroupées en lisière d’un petit bois, près de l’autoroute.
Andrea, en retrait, fouillait les buissons lorsqu’un rôdeur surgit brusquement derrière elle. Elle recula d’un pas, surprise. Mais avant même qu’elle n’ait le temps de crier, un craquement sourd fendit l’air.
La batte de baseball de Maggie s’écrasa brutalement contre le crâne du rôdeur, le faisant s’effondrer d’un coup. Le bruit fut sec, net, implacable.
Tous se retournèrent, alertés. Maggie essuya le sang éclaboussé sur sa joue d’un revers de manche et hocha la tête d’un air sec, déjà habituée à la manœuvre.
— Joli swing, souffla Shane en descendant du cheval.
Le groupe s’approcha, intrigué. Glenn fronça les sourcils, Andrea s’essuya le front et Daryl s’avança d’un pas.
— C’est qui elle ? demanda-t-il aussitôt, méfiant.
— Elle s’appelle Maggie. Sa famille tient une ferme pas loin d’ici, expliqua Shane. Et… on a retrouvé Sophia. Elle est en sécurité.
Un silence de choc traversa le groupe. Tous tournèrent les yeux vers Carol, qui plaqua ses mains sur sa bouche, des larmes jaillissant déjà de ses yeux.
— Ma fille ? Elle est… elle est vivante ?
Shane hocha la tête, grave.
— Ouais. C’est Rose qui l’a protégée. Elle l’a retrouvée dans les bois. Elle a dormi avec elle, l’a nourrie… mais ce matin, quelque chose s’est passé. Un tir accidentel. Elle a pris une balle en protégeant Carl.
Le souffle de Carol se coupa net.
— Elle a… elle a pris une balle pour le fils de Rick ?
— Ouais, dit Shane. Elle a poussé Carl hors de portée. Elle a pris la balle à sa place. Elle est à la ferme, entre de bonnes mains. Rick est avec elle. Et Sophia aussi.
— Daryl? Rick a besoin de toi et Rose aussi. Tu montes, je t’emmène.
Daryl n’attendit pas davantage. Il bondit sur le cheval de Maggie sans un mot. Elle eut à peine le temps de le stabiliser qu’il claquait déjà les talons dans les flancs de l’animal pour repartir au galop, filant comme une flèche vers la ferme.
Shane se tourna vers le reste du groupe. Heureusement qu'elle avait eu le temps de lui expliquer quelques minutes plutôt ou se trouver la ferme.
— Allez, bougez-vous. On reprend les véhicules et on rejoint l’autoroute. Je vous y guide. Rose avait du matériel médical dans la voiture. Ils en ont besoin là-bas. Et je suis pas d’humeur à perdre une autre personne aujourd’hui.
Glenn acquiesça immédiatement. Andrea, encore secouée par le rôdeur, suivit sans discuter.
Carol, elle, restait figée. Son regard était rivé sur Shane, la gorge nouée.
— Elle a… sauvé ma fille ? Vraiment ?
Shane la fixa droit dans les yeux.
— Je t’assure que oui. Elle a veillé sur elle. Elle aurait pu fuir, chercher le groupe. Elle est restée. Elle s’est battue pour elle. Et maintenant… elle est à moitié morte pour avoir sauvé un enfant qui n’était même pas le sien.
Carol se tourna lentement vers Lori. Leurs regards se croisèrent.
Pendant des jours, elles avaient jugé cette femme venue de nulle part, qui refusait de se soumettre aux règles implicites du groupe, qui faisait tout à sa manière, trop froide, trop dure, trop distante.
Mais là… là, c’était différent.
Carol, en larmes, hocha la tête pour elle-même.
Lori resta silencieuse, pensive. Elle aussi s’était méfiée. Parce que Rick semblait la regarder différemment, parce que Carl l’adorait. Parce que Rose n’était pas comme les autres femmes. Pas comme elle. Et qu’elle savait que Rick l’a voyait comme sa compagne… Elle n’avait pas été facile avec lui. Elle savait que leur relation était finie bien avant qu’il se fasse tirer dessus…
Mais cette fois… elle n’avait rien à dire. Rien à contester.
Chapter Text
Le cheval déboula dans la cour de la ferme dans un nuage de poussière. Daryl sauta à terre avant même que Maggie ait ralenti, atterrissant lourdement, son arbalète en bandoulière, les yeux fouillant les alentours.
— Où est-elle ?! lance Daryl à la volée, le souffle court.
Hershel, qui se tenait sur le perron, leva la tête calmement.
— À l'intérieur. Mais elle a perdu beaucoup de sang.
Sans attendre, Daryl monte les marches deux par deux et pousse violemment la porte.
Il la vit instantanément.
Étendue sur une table, une perfusion accrochée à un crochet improvisé au plafond. Rick, le visage pâle, se tenait près d'elle, la main serrée dans la sienne. Ses bras étaient couverts de sang séché. Carl était assis à côté, la tête basse, les joues inondees de larmes.
— Daryl… murmura Rick en le voyant entrer.
Mais Daryl n'écoutait pas. Il s'approche rapidement, le regard fixé sur Rose.
Son teint était cireux, presque translucide. De larges pansements couvraient son flanc, là où la balle avait transpercé sa peau. Sa respiration était faible, mais régulière.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? rugit Daryl, les poings croustillants.
Rick se leva lentement, les traits tirés.
— Un accident de chasse… Un cerf est sorti des bois devant Carl. Et puis, d'un coup, il ya eu un cri… Un corps est tombé entre Carl et l'animal. Elle a sauté devant lui. Elle lui a sauvé la vie.
— Mmmm ! Grogna Daryl en s'approche d'un pas incertain, les yeux brillants. Putain de merde, Rose…
Il s'agenouilla, posant une main tremblante sur la joue froide de la jeune femme. Elle ne réagit pas. Mais elle était là. Vivante.
— J'aurais dû être là… chuchota-t-il.
Rick pose une main sur son épaule.
— On vient juste de la retrouver… Je veux pas la perdre, Daryl.
Carl leva les yeux, la voix brisée :
— Elle m'a sauvé la vie.
Daryl tourne la tête vers lui.
— C'est moi qui devrais être allongé là.
Puis il serra doucement la main de Rose dans la sienne.
— Elle n'aurait pas voulu ça, continua-t-il d'une voix rauque. Elle a couru après Sophia pour la même raison. C'est une bonne personne.
Le silence se fit. Lourds, les battements d'un cœur suspendu.
Daryl s'approche encore, glisse un baiser tremblant sur les doigts inertes de Rose.
— Tu me fais plus jamais ça, murmura-t-il. Plus jamais. Tu vas t'en sortir, tu m'entends ?
Elle ne bougea pas. Seule la respiration difficile, mais régulière, prouvait qu'elle se battait encore.
Hershel entre à ce moment-là, essuyant ses mains.
— Sur l'a stabilisée. Mais il nous faut le matériel médical que votre ami est censé ramener. La balle s'est fragmentée en six morceaux. Elle a perdu beaucoup de sang, et vous ne pourrez plus beaucoup lui en donner sans risquer vos vies aussi.
Daryl hocha lentement la tête, serrées.
Rick sort en titubant sur le perron, le regard vide, à la recherche d'un peu d'air.
Au loin, un moteur gronda. La voiture de Rose arrive enfin, Shane au volant. Maggie courut les accueillir.
Hershel s'approche du véhicule à peine arrêté et ouvre le coffre, attrapant les sacs médicaux. Patricia, à ses côtés, saisit une valise.
— Votre oméga est prévoyante, dit-elle à Daryl en passant. Ça lui sauvera peut-être la vie.
— Comment va-t-elle ? demanda Dale en se rapprochant.
Rick haoussa les épaules, abattus.
— Ils vont l'opérer…
— C'est une battante.
Derrière, les autres sortent de voiture. Carol aperçut Rick et courut vers lui, les yeux écarquillés.
— Où est ma fille ?! cria-t-elle.
La porte s'ouvre sur Beth, locataire la main de Sophia.
— Maman ! s'écria la fillette en courant vers elle.
Carol s'efffondra en larmes en la prenant dans ses bras.
Lori, elle, vit Carl assister à l'intérieur, puis Rick. Son cœur se serra. Elle comprit à ce moment précis que leur relation était réellement finie. Ce n'était pas qu'une histoire d'alpha et d'oméga. C'était plus profond.
Elle s'approche lentement.
— Elle va vivre ? demanda-t-elle.
Rick hocha la tête sans grande conviction.
— On fait tout pour.
Lori observe ses bras couverts de sang.
— C'est son sang ?
Rick acquiesça d'un grognement.
— Va te changer. Elle aura besoin de toi après… Et Daryl ?
— Il l'a recherchée comme un fou. Il aurait retourné la forêt entière pour elle. Maintenant, il ne bouge plus d'un centimètre.
Lori détourne les yeux. Elle comprenait.
Maggie sort de la maison et propose à Rick de prendre une douche et de manger un morceau.
— Tu devras peut-être donner encore ton sang. Et elle aura besoin que tu tiennes debout.
Mais avant qu'il n'ait pu répondre, un hurlement monta de l'intérieur.
Rose convulsait sur la table, la perfusion secouée. Daryl tentait de la maintenir immobile.
— Arrêtez, vous allez la tuer ! cria-t-il à Patricia qui préparait une seringue.
Hershel intervint, calme mais ferme.
— Tenez-la ! Elle se réveille trop tôt !
Rick accourut et aida à l'immobiliser pendant que Patricia injectait un sédatif.
— Tiens bon, murmura Rick en la tenant. Tu n'es pas seul.
Daryl restait à ses côtés, la main sur son front, murmurant des mots qu'eux seuls comprenaient.
Chapter Text
Le souffle de la course était encore dans sa gorge quand elle vit le cerf apparaître, majestueux, au détour du sentier. Un instant suspendu dans le temps. Carl, les yeux brillants, s’était figé, fasciné.
Mais ce n’était pas le cerf qui accéléra le rythme du cœur de Rose. C’était ce mouvement, à la lisière du bois. Cette ombre furtive. Le claquement sec d’une détente.
Non.
Elle comprit avant même le coup de feu. Elle hurla. Ses jambes se détendirent dans un réflexe désespéré. Elle se jeta sur Carl, le heurta violemment, l’écarta de la trajectoire.
Puis le choc.
Une douleur fulgurante. Une chaleur vive dans son flanc. Un cri qu’elle n’eut pas le temps de pousser.
Elle tomba, la joue contre la terre. Les sons se firent lointains. Le ciel se brouilla.
Je l’ai fait… Je l’ai sauvé.
Ses pensées flottaient. Déjà lointaines.
Deux enfants… J’ai réussi à en sauver deux.
Elle aurait voulu sourire. Mais ses muscles refusaient d’obéir.
Le monde devint flou. Les voix s’éloignèrent. Et le noir s’abattit.
Elle se sentit flotter.
Pas de douleur. Pas de peur. Un vide cotonneux, presque apaisant.
Des images affluèrent. Des souvenirs anciens. D’une autre vie. D’un autre monde.
Elle revoyait le marché. Les rires avec sa petite sœur. Le sac rempli de légumes. L’odeur du pain chaud.
Puis ce bruit de moteur. Ce crissement sinistre.
La voiture. Trop rapide. Dérapant. Incapable de s’arrêter.
Et sa sœur, juste devant elle.
Non… pas elle.
Elle s’était élancée, hurlant son nom, tendant les bras pour la repousser. Elle avait senti son corps heurter le sol, projeté sur le côté.
Mais elle, elle n’avait pas eu le temps.
Le choc. Puis plus rien.
Puis elle se souvient de tout ce corps avait vécu…
Et là, dans cet espace entre deux mondes, une voix douce s’éleva.
— Maintenant tu sais.
— Hein ? Quoi ? Qui parle ?
Le néant vibra autour d’elle. Une présence chaude, enveloppante.
— C’est moi… ton Omega.
Rose resta un moment silencieuse, étourdie.
— Pardon ? Tu peux me parler ?
— Seulement dans des cas exceptionnels. Et je me suis dit… que c’en était un.
— Je comprends que je suis morte. Mais comment j’ai pu… atterrir dans le corps de l’âme qui était avec toi ?
— C’est moi qui l’ai choisie.
— Mais… elle ne voulait pas tout ça, hein ? Elle ne s’est pas battue pour survivre…
— Non. Elle a lâché prise. Elle était douce, mais fatiguée. Triste. Elle m’a rejetée. Et quand j’ai senti ton âme passer, brisée mais courageuse… j’ai su.
Rose se taisait, écoutant cette voix si semblable à la sienne, et pourtant… plus ancienne. Plus sage.
— Tu étais forte. Même perdue, tu avançais. J’ai lu tes souvenirs. Ta douleur. Ta détermination. Alors je t’ai appelée. Et quand tu es morte… je t’ai accueillie.
— Mais les deux Alphas ? Rick et Daryl ?
— Je me suis adaptée à toi. À tes blessures, à ton cœur… et à eux. Ils étaient faits pour toi. Deux âmes qui t’attendent. Deux fils du destin. Deux morceaux du tout.
— Pourquoi me donner cette chance ?
— Parce que tu la mérites. Et eux aussi. Tu es une personne rare, Rose. Tu ne fuis pas. Tu construis. Tu protèges. Tu inspires. Tu n’étais pas censée vivre. Mais tu as choisi de te battre. Et je t’ai choisie pour ça.
— Et maintenant ?
— Maintenant, nous sommes liées. Pour toujours. Tu n’es plus seule. Je suis toi. Tu es moi. Nous sommes une. Et après ton lien complet avec eux… tu découvriras ton don. Il est puissant. Et beau.
Un silence doux les enveloppa.
— Tu ne m’en veux pas d’avoir pris la place de l’âme d’avant ?
— Non. Elle m’a laissée partir. Toi, tu m’as embrassée. Tu es mon espoir. Et je suis ta force. Ensemble, nous sommes une Omega forte. Nous préparons un nid solide. Un futur. Je suis fière de toi.
Rose sentit une chaleur dans sa poitrine. Une paix étrange.
— Merci. Tu as un nom ? Je ne peux pas t’appeler “la louve blanche dans ma tête” éternellement.
Un rire léger vibra dans l’éther.
— Appelle-moi Asha. Cela veut dire “Espoir” dans la langue ancienne des Omegas.
— Asha… J’aime bien.
— Alors réveille-toi, Rose. Il est temps de vivre. Il est temps de te relever. Le nid t’attend. Et les tiens aussi.
— Merci Asha! Pour tout
Et doucement, la lumière revint.
Un battement de cœur.
Puis un autre.
Un cri.
Une voix familière.
— ROSE ! Putain, Rose, tiens bon !
Daryl.
Le monde revenait. Le sang. Les voix. Le feu dans sa poitrine.
Mais elle sourit intérieurement.
Elle n’était plus seule.
Et elle allait se relever.
Chapter Text
La douleur fut la première à revenir. Une brûlure sourde, profonde, irradiait dans son flanc. Ensuite, ce fut la gorge sèche comme du sable, la langue pâteuse, et un goût métallique au fond de la bouche. Puis, les voix.
— Elle bouge. Rick, elle bouge.
— Rose ? Si tu m’entends, serre ma main.
Un gémissement à peine audible s’échappa de ses lèvres. Ses paupières étaient lourdes, collées, mais elle les força à s’ouvrir. La lumière crue l’aveugla un instant. Puis les visages apparurent. Rick. Daryl.
Ils étaient là.
Rick était assis à sa gauche, les traits tirés, les yeux rougis. Il tenait sa main, fébrilement, comme s’il avait peur qu’elle lui glisse entre les doigts. De l’autre côté, Daryl, silencieux, penché vers elle, le regard sombre et intense. Il tenait aussi sa main. Plus fermement.
— Hé… murmura Rick doucement. Je suis là. On est là.
Elle ouvrit la bouche pour parler, mais seul un souffle rauque s’échappa. Elle toussa faiblement.
— Elle a besoin d’eau, dit Daryl à mi-voix.
Rick attrapa une gourde près du lit, la déboucha, puis glissa une main derrière sa nuque pour la surélever avec une douceur infinie.
— Doucement… Bois un peu. Pas trop vite.
Il approcha la gourde de ses lèvres. L’eau tiède lui sembla être la chose la plus précieuse du monde. Elle but quelques gorgées, les yeux à demi clos, reconnaissante. Puis elle reposa doucement la tête contre l’oreiller.
Rick laissa glisser sa main dans ses cheveux, la regardant avec une tendresse mêlée d’inquiétude.
— Tu t’es prise une balle, dit-il à voix basse. Juste au-dessus de la hanche. Ça a traversé, pas d’organes touchés. Hershel t’a opérée. Il dit que tu vas t’en sortir.
Elle cligna des yeux, essayant de remettre de l’ordre dans ses pensées. Puis, soudain :
— Carl ? Sophia? demanda-t-elle d’une voix éraillée.
— Ils vont bien. Tu leur as sauvé la vie, Rose, répondit Rick, la gorge nouée.
Elle ferma les yeux, soulagée.
J’ai réussi. Deux fois… Deux enfants sauvés.
Daryl renifla discrètement. Il avait les yeux rivés sur elle, ses doigts serrés autour des siens.
— Me refais plus jamais un truc comme ça, murmura-t-il, la voix rauque. On a cru qu’on allait te perdre.
Elle tourna un peu la tête vers lui, les lèvres tremblantes dans un début de sourire.
— Fallait bien… quelqu’un…
Rick eut un petit rire nerveux et essuya son front avec douceur.
— T’as pas à tout porter, Rose.
Elle les regarda tous les deux, les doigts faibles mais refermés autour des leurs. Deux battements de cœur qu’elle sentait résonner dans le sien. Deux présences. Deux promesses.
— Vous êtes restés là ?
Rick hocha la tête.
— On n’a pas bougé.
— Même quand t’étais inconsciente et que tu parlais toute seule dans ton sommeil, ajouta Daryl.
Elle cligna des yeux.
— J’ai parlé ?
— Ouais. Des trucs incompréhensibles… et une histoire de… louve blanche.
Rose sentit Asha s’agiter doucement en elle, comme un murmure rassurant dans un coin de son esprit. Elle sourit faiblement.
— Ça devait être un rêve.
— Tu peux rêver tout ce que tu veux, tant que tu restes avec nous, souffla Rick.
Il se pencha lentement et déposa un baiser contre son front.
— T’es notre nid, Rose. C’est toi qu’on cherchait.
Et, pour la première fois, même dans la douleur, elle se sentit exactement là où elle devait être.
La respiration de Rose s'était apaisée, plus régulière, plus sereine. Elle s'était rendormie, sa main toujours nichée dans celle de Rick, l'autre encore tenue par Daryl. Un silence doux régnait dans la pièce, seulement troublé par le bruissement du vent à travers les fenêtres entrouvertes.
Daryl n’avait pas lâché sa main. Il la fixait comme s’il pouvait encore la perdre d’un instant à l’autre.
— Tu sais, souffla Rick à mi-voix sans le regarder, j’ai cru que mon cœur allait s'arrêter quand elle a été touchée.
— Ouais. J’ai pas eu le temps, marmonna Daryl. J’te jure, j’ai jamais eu aussi peur.
Rick hocha lentement la tête.
— Elle a pris une balle pour mon fils… Comment tu remercies quelqu’un pour ça, hein ?
— Tu peux pas. Tu fais juste en sorte qu’elle ait jamais à recommencer.
Ils échangèrent un regard silencieux, fraternel. Cette femme, tombée dans leur monde comme un mystère, les avait liés tous les deux sans même le vouloir. Il y avait quelque chose en elle… quelque chose qui les appelait. Et aucun des deux n’était prêt à la laisser partir.
Rick se redressa lentement, posant délicatement la main de Rose sur le drap, puis se tourna vers Daryl.
— Je vais prévenir les autres. Ils s’inquiètent tous. Lori passe toutes les heures pour demander s’il y a du nouveau.
— Vas-y. Je reste avec elle.
Rick acquiesça, jeta un dernier regard attendri à Rose, puis sortit doucement de la pièce.
Chapter Text
Le soleil déclinait à l’horizon, enveloppant la ferme d’Hershel d’une lumière orangée et paisible. Les enfants jouaient à distance, sous la surveillance discrète de Carol et Beth, tandis que le reste du groupe était rassemblé non loin du porche.
À la vue de Rick, tous se levèrent d’un bond. Glenn fut le premier à parler.
— Alors ? Elle… elle va bien ?
Rick sourit, et ce simple geste détendit aussitôt l’atmosphère.
— Elle s’est réveillée.
Un soupir collectif de soulagement s’éleva. Carol porta une main à sa poitrine, visiblement émue.
— Elle a demandé après Carl et Sophia , dit Rick. C’est la première chose qu’elle a voulu savoir.
Lori, qui tenait son fils dans ses bras, leva les yeux vers Rick avec reconnaissance.
— Je sais pas ce qu’on aurait fait sans elle.
Shane, silencieux, hocha simplement la tête, les mâchoires contractées. Il n’aimait pas avoir une dette envers qui que ce soit, mais il reconnaissait le courage quand il le voyait.
Rick poursuivit :
— Elle est encore faible, elle dort, mais elle est en vie. Daryl reste avec elle. Elle va avoir besoin de repos… et de calme.
— Elle aura tout ce qu’il faut, promit Hershel d’un ton rassurant.
Glenn esquissa un sourire soulagé. T-Dog leva les yeux vers le ciel, comme pour remercier l’univers.
— On va lui préparer un bon plat, lança Amy en disparaissant déjà vers la cuisine, suivie de Maggie.
Rick observa son groupe. Leur camp. Leur famille. Et malgré tout ce qu’ils avaient traversé, il sut une chose avec certitude : avec Rose, ils avaient gagné plus qu’une Omega. Ils avaient trouvé une force tranquille, un cœur courageux. Une lumière dans l’ombre.
Il reprit lentement le chemin de la chambre. Là où l’attendait la femme qui était déjà devenue essentielle pour Daryl… et pour lui.
Les jours suivants, le calme semblait s’être installé, comme une parenthèse fragile dans un monde encore dévasté. Rose dormait beaucoup, se remettant doucement de ses blessures, toujours sous la vigilance attentive de Daryl, de Rick, ou parfois de Lori. À tour de rôle, ils veillaient sur elle, en silence, sans jamais trop s’éloigner.
Pendant ce temps, le reste du groupe ne restait pas inactif. Hershel, bien que méfiant au départ, avait fini par accepter un minimum d’aide. Son regard s'était adouci après l’opération de Rose, après les remerciements de Rick, et surtout après avoir vu les enfants jouer paisiblement sous sa véranda. Il comprenait que ce groupe n'était pas une menace. Juste des âmes perdues, cherchant un coin de terre où respirer.
Shane aidait Otis dans les enclos, vérifiant les clôtures, les armes toujours pas bien loin. Il ne parlait pas beaucoup, mais il faisait le boulot, et bien. Hershel ne disait rien, mais il observait.
Glenn et Maggie passaient beaucoup de temps ensemble, à aller chercher des fournitures en ville. Glenn, maladroit mais courageux, essayait de prouver qu’il pouvait être utile. Maggie le taquinait souvent, mais son sourire avait changé. Plus doux. Plus sincère.
Carol et Beth s’étaient installées dans une routine simple. L’une faisait chauffer de l’eau, l’autre lavait du linge. Elles parlaient peu, mais leurs gestes étaient coordonnés, presque naturels. Carol jetait souvent un œil vers Sophia qui, pour la première fois depuis longtemps, jouait à nouveau avec d’autres enfants.
T-Dog avait proposé son aide pour les réparations du toit de la grange. Il grimpait sans rechigner, échangeant parfois quelques mots avec Jimmy, le beau-fils d’Hershel. Ils ne se comprenaient pas toujours, mais un sourire suffisait.
Lori, de son côté, restait souvent proche de Carl. Elle le laissait s’éloigner par moments, juste assez pour qu’il se sente libre, mais jamais trop. Elle savait qu’il avait grandi trop vite… et que Rose, en se jetant devant lui, l’avait protégé de plus qu’une balle. Elle lui avait offert une chance de rester un enfant un peu plus longtemps.
Rick, lui, oscillait entre son rôle de leader et son besoin de rester près de Rose. Il aidait Hershel à inspecter les réserves, discutait logistique avec Shane, échangeait parfois quelques mots discrets avec Maggie ou Beth. Mais toujours, ses pas le ramenaient vers la maison. Vers elle.
La ferme n’était pas un foyer. Mais elle était un abri. C’était un espoir.
Chapter Text
Un matin, alors que la brume s’accrochait encore aux champs, Rick se tenait devant la clôture, surveillant l’horizon. Daryl le rejoignit, son arbalète en bandoulière, les traits tirés mais l’œil clair.
— Elle a ouvert les yeux cette nuit, dit-il sans détour.
Rick se tourna vers lui, les sourcils haussés.
— Elle t’a parlé ?
— Pas vraiment. Mais elle a serré ma main. Elle m’a regardé. Elle revient doucement.
Un silence s’installa.
— Tu sais, souffla Rick, j’ai pas souvent l’occasion de dire ça, mais… je suis content que ce soit toi. On va avoir du travaille avec elle.
Daryl hocha simplement la tête.
— J’vais pas la laisser tomber.
Rick lui donna une tape discrète sur l’épaule.
— Personne ici va la laisser tomber.
Ils restèrent là encore un moment, regardant le soleil percer peu à peu la brume. Le jour se levait. Un autre jour où ils étaient encore vivants. Un jour de plus pour protéger ce qu’ils avaient. Un jour de plus pour reconstruire.
Le souffle du vent faisait danser les rideaux pâles de la chambre. Le jour filtrait en lueurs dorées à travers les volets entrouverts, caressant le visage endormi de Rose. Mais cette fois, ses paupières frémirent avec plus d’insistance. Elle sortait doucement de ce brouillard cotonneux, happée par la lumière, par les odeurs de la ferme, par la chaleur rassurante de deux mains : celle de Daryl dans la sienne, et celle de la couverture remontée sur son ventre.
Un soupir s’échappa de ses lèvres. Douloureux. Mais lucide.
Elle entrouvrit les yeux. La pièce était calme, baignée d’une lumière douce. Son regard balaya les murs, s’attarda sur la chaise près du lit… et s’y fixa.
— Daryl…
Il s’était assoupi, le torse penché en avant, le front presque posé sur leurs mains jointes. À son nom, il releva brusquement la tête, comme réveillé d’un cauchemar.
— Rose ? murmura-t-il en se redressant d’un coup. T’es réveillée ? Tu... tu m’entends bien ?
Elle hocha très légèrement la tête. Son cou la tirait, sa poitrine aussi, mais elle était là. Présente. Plus que jamais.
— J’suis là… souffla-t-elle. Ça fait combien de temps… ?
— Trois jours. T’as eu de la fièvre… Hershel a fait c’qu’il a pu. Il a dit qu’tu t’en sortirais. Mais on a flippé, Rose. J’ai flippé .
Elle serra un peu plus sa main dans la sienne. Elle avait froid. Et elle en avait marre d’être allongée comme une morte.
— Aide-moi à m’asseoir.
Daryl secoua la tête.
— T’es pas encore prête, t’as besoin d’repos, tu…
— Aide-moi, Daryl, insista-t-elle, plus fermement. Ou allonge-toi là. J’ai besoin de te sentir. Pas juste ta main.
Il resta figé une seconde, pris entre l’envie de la protéger et celle de céder. Et finalement, il poussa un soupir résigné, les sourcils froncés.
— T’es vraiment têtue…
— Tu sais bien que oui.
D’un geste délicat, il passa un bras derrière ses épaules et l’aida à se redresser lentement contre les oreillers. Elle grimaça, les douleurs vives revenant à chaque mouvement, mais elle tint bon. Une fois redressée, elle s’appuya contre lui, le souffle court.
— Là… c’est mieux, murmura-t-elle. Reste.
Il la fixa un instant, puis sans un mot, s’installa prudemment à côté d’elle, sur le lit trop étroit pour deux. Il glissa un bras sous ses épaules, l’autre contre ses côtes, et elle se lova contre lui avec un soupir de soulagement.
Elle sentait son odeur. La chaleur de son corps. La tension de ses muscles qui tentaient de ne pas la blesser. Et aussi… une fragilité qu’elle ne lui connaissait pas.
— Tu m’as fait peur, marmonna-t-il dans ses cheveux.
— Je sais.
Ils restèrent ainsi, sans rien dire, bercés par le silence du matin. Elle avait survécu. Elle était là. Et même si le monde dehors restait chaotique, même si les rôdeurs rôdaient encore à la lisière des champs, ici, dans ce lit étroit, Rose avait trouvé un ancrage. Une paix rare. Une vérité nue.
Elle était vivante.
Et elle n’était plus seule.
La porte grinça doucement alors que Rick entrait dans la chambre. Il s’arrêta net en voyant Rose allongée dans le lit, appuyée contre Daryl, les yeux à moitié clos mais bien réveillée. La surprise fit place à un léger sourire soulagé.
— Elle est réveillée, murmura Daryl sans bouger, comme s’il craignait qu’un mot trop fort la brise.
Rick hocha la tête et s’approcha.
— On a besoin de toi, Daryl. Juste un moment.
Rose tourna la tête vers lui, le visage encore pâle mais calme. Daryl hésita, puis se pencha légèrement vers elle.
— J’vais pas loin, j’reviens vite.
— Fais attention, souffla-t-elle, sa main pressant la sienne une dernière fois.
Il se leva à contrecœur, récupéra son arbalète et quitta la chambre. Rick prit naturellement sa place, s’installant doucement sur le bord du lit, incertain. Il semblait porter le poids du monde sur ses épaules, son chapeau à la main, son regard fuyant.
Rose le fixa un moment, puis brisa le silence :
— Je suis contente que Sophia ait retrouvé sa mère… et que Carl soit sain et sauf.
Rick la regarda alors, les yeux brillants d’émotion.
— Je… Rose, je ne sais pas quoi dire… ni quoi faire… pour te remercier. Rien me semble assez fort pour ce que t’as fait. Pour ce que tu représentes, maintenant.
Elle tendit la main vers lui, attrapa la sienne. Doucement, elle fit glisser ses doigts sur les siens, les caressant avec tendresse.
— Reste simplement près de moi. C’est suffisant.
Ils restèrent ainsi un long moment, unis par le silence, par la gratitude, par un lien inexplicable né du sang et de la peur.
Chapter Text
Les heures passèrent. Rose ferma les yeux à plusieurs reprises, somnolant par instants. Rick ne bougea pas. Il gardait sa main, la surveillait, comme si veiller sur elle apaisait aussi ses propres blessures.
Puis soudain, un coup de feu claqua à l’extérieur.
Rick se leva d’un bond, déjà sur ses gardes.
— Je vais voir, reste ici.
Rose hocha la tête, le cœur serré. Dès qu’il fut sorti, elle se redressa lentement, haletante, et se traîna jusqu’à la fenêtre. La douleur pulsait à chaque mouvement, mais elle tenait bon.
Dehors, le tumulte grandissait. Elle vit T-Dog et Shane courir. Puis… quelqu’un sur un cheval revenant au galop.
Et sur le dos de ce cheval, une silhouette inerte.
— Non…
C’était Daryl. Il avait une flèche plantée dans le flanc, le visage pâle, couvert de sang.
Rose sentit son cœur se contracter. Il était parti chasser. Il n’y avait aucune raison pour qu’il revienne blessé, pas maintenant, pas avec Sophia saine et sauve. Alors pourquoi… pourquoi cette scène lui semblait si familière ?
Elle resta figée à la fenêtre, glacée. Une pensée s’imposa, obsédante.
Est-ce que tout doit vraiment se passer comme dans la série ? Même si le contexte a changé ? Est-ce que je peux vraiment empêcher les événements ? Ou bien suis-je juste condamnée à les revivre ?
La porte s’ouvrit brutalement. T-Dog et Rick portaient Daryl en urgence, suivis de Carol et Glenn. Herschel les attendait déjà avec une trousse de soins.
— Posez-le là ! Sur le lit !
Rose recula, laissant la place, s’asseyant sur la chaise sans un mot alors que le corps de Daryl prenait à nouveau place sur le lit qu’elle venait à peine de libérer. Le sang s’étalait sur les draps, l’urgence tendait les muscles de chacun.
Rick lança un regard rapide vers elle, inquiet, mais elle resta muette. Fixant Daryl. Fixant cette flèche qu’on n’osait encore retirer.
Elle était vivante. Mais lui était à son tour blessé.
Et tout son être hurlait une seule chose : Je ne laisserai pas l’histoire se répéter.
Daryl grogna, les paupières papillonnant, tandis que les doigts habiles de Hershel passaient l’aiguille dans sa chair. Il remua brusquement, tenté de se dégager.
— 'Tain… Qu’est-ce que…
— Reste tranquille, dit calmement Hershel. J’te recouds. Encore deux points.
— Tu bouges et tu vas en avoir pour deux fois plus, marmonna Shane dans un coin, les bras croisés.
Daryl tourna la tête, les yeux à demi embués par la douleur, mais se figea dès qu’il vit Rose approcher. Elle s’assit au bord du lit, posa une main sur sa joue avec douceur.
— Hey… C’est moi. Calme-toi, tu es en sécurité.
Il grogna de nouveau, mais cette fois d’un ton presque apaisé.
— Tu devrais être allongée, toi…
— Je vais me coucher, mais pas loin.
Elle s’installa lentement à côté de lui, calant sa tête sur l’oreiller à sa droite, sa main dans la sienne. Rick, silencieux, tira une chaise près du lit et s’assit, veillant sur eux deux.
Rose esquissa un petit sourire.
— Ce n’est pas parce que j’ai été blessée que vous devez vous y mettre aussi, vous deux. Il faudrait établir une règle d’or.
Elle tourna la tête vers eux, faussement sérieuse :
— Si l’un de nous est blessé, les deux autres doivent rester en forme. Obligatoire. Sinon qui va s’occuper du blessé, hein ?
Daryl leva les yeux au ciel.
— Tu nous fais un règlement, maintenant ?
Rick éclata d’un petit rire fatigué.
— J’suis d’accord avec elle. On va pas finir en puzzle tous les trois à chaque sortie.
Rose ricana doucement, posant sa tête contre l’épaule de Daryl.
— T'as eu quoi exactement ? raconte.
Daryl soupira, les traits tirés mais bien éveillé désormais.
— J’étais parti chasser. J’ai vu un des chevaux du coin. J’me suis dit que j’pourrai le récupérer. Alors j’l’ai monté pour le ramener.
Il grimaça en se redressant légèrement.
— Mais ce foutu cheval a flippé pour rien. Il s’est cabré, j’ai volé et j’me suis empalé sur une de mes propres flèches. Et comme si ça suffisait pas, y avait des rôdeurs pas loin. J’ai dû me battre en boitant, le cheval a pas fui. Alors j’suis remonté dessus. Et quand j’suis revenu vers la ferme…
Il fronça les sourcils, posant un doigt sur son front où une estafilade rosée se devinait encore.
— Quelqu’un m’a tiré dessus. M’a frôlé le crâne. J’ai eu du bol que ce soit pas plus grave.
Rose, d’abord inquiète, devint visiblement tendue, puis carrément furieuse. Elle se redressa, fixant Rick avec une intensité glaciale.
— Qui a tiré ?
Rick soupira, visiblement gêné.
— C’était Andrea.
Rose cligna des yeux. Son ton devint tranchant, presque moqueur :
— Andrea ? La même Andrea qui ne sait pas encore viser, qui veut tirer sur tout ce qui bouge dès qu’elle stresse ? Celle qui a la tremblote d’un chiot nerveux ? Celle-là même ? Cette Andrea ?
Rick grimaça. Il s’attendait à cette réaction. Même s' il ne se connaissait pas encore bien, il avait remarqué qu’elle était très protectrice. Et Daryl avait été blessé.
— On est en train de l’entraîner. C’était pas censé arriver. Elle croyait voir un rôdeur, elle a paniqué.
— Un rôdeur… sur un cheval ? Sérieusement ?
Elle se rallongea à côté de Daryl, visiblement en colère mais essayant de se contenir pour ne pas alarmer davantage son petit ami blessé.
— On va mettre une autre règle, Rick. On ne laisse pas la surveillance avec des armes chargées à quelqu’un qui n’a pas encore appris à viser. Et qui sursaute à chaque petit bruit. Surtout pas quand nos gens sont dehors.
Rick hocha la tête, le regard coupable.
— Je vais lui parler.
Rose, toujours couchée, reprit la main de Daryl, soupira longuement.
— Si elle recommence, Rick, je m’en occupe moi-même. Et je garantis pas que ce sera avec des mots.
Chapter Text
Un silence lourd suivit, seulement troublé par le souffle fatigué de Daryl, qui, malgré la tension, finit par marmonner :
— J’sais pas c’qui m’fait le plus mal… la flèche ou ton discours.
Rose éclata d’un petit rire étouffé. Rick, lui, se contenta d’un soupir résigné avant de sourire.
La lumière filtrant par la fenêtre était douce, dorée, presque paisible. Dans la petite pièce encore empreinte de tension, le silence avait pris la place du tumulte. Hershel était parti après avoir terminé les points de Daryl, leur laissant un moment de répit.
Rose était toujours allongée contre lui, la tête posée sur son épaule, leurs doigts entrelacés. Rick s’était rapproché du lit, comme s’il avait besoin de ce contact, de cette proximité pour se rassurer que tout le monde était bien en vie, ici, maintenant.
Ils ne parlaient pas. Il n’y avait plus besoin de mots pour combler l’espace. Le danger était passé… pour l’instant.
Daryl tourna lentement la tête vers Rose, son front encore bandé. Il la fixa, longuement. Elle leva les yeux vers lui, ses prunelles brillantes d’émotion.
— Je suis désolée Rick, j’ai eu peur et je me suis déchargée sur toi…
Rick hocha doucement la tête, se penchant à son tour, posant une main sur la couverture, près d’eux.
— Vous nous avez fait peur tous les deux. J’ai cru qu’on allait vous perdre…
Rose tendit la main vers lui, l’attrapa et la serra doucement. Puis elle se redressa légèrement, s’asseyant contre les oreillers, les cheveux retombant en rideau autour de son visage. Elle sembla chercher ses mots un moment, hésitante, vulnérable pour une fois.
— Je voulais vous dire quelque chose…
Ils la regardèrent, attentifs.
— Je sais qu’on ne se connaît pas depuis longtemps… pas vraiment… mais si vous voulez toujours…
Elle prit une inspiration, les joues prenant une teinte rosée.
— …j’aimerais me lier à vous deux.
Un silence. Pesant. Rick la fixa, bouche entrouverte, visiblement pris de court. Daryl, lui, cligna des yeux comme s’il n’était pas sûr d’avoir bien entendu.
— Lier… tu veux dire… toi, avec nous deux ? demanda Rick, doucement, comme s’il avait peur de la brusquer.
Rose hocha lentement la tête, cachant son visage derrière une mèche de cheveux qu’elle glissa nerveusement derrière son oreille.
— J’ai senti le lien dès qu’on s’est rencontrés. Mais j’avais peur. Je me disais que ça pouvait pas m’arriver. Que c’était peut-être qu’un effet de… je sais pas, de stress ou de solitude.
Elle leva les yeux vers eux, sincère, la voix vibrante.
— Mais je vous ai vus. Je vous ai observé. Vous êtes bons. Loyaux. Juste. Vous avez du coeur. Et j’suis déjà en train de tomber pour vous.
Rick cligna lentement des yeux, le souffle suspendu.
— Déjà ? murmura-t-il.
— Peut-être que le lien rend tout ça plus rapide… ou plus profond. Mais c’est là. C’est vrai. Et je veux pas perdre ça. Pas maintenant. Pas dans ce monde.
Elle se mordit la lèvre, puis ajouta dans un souffle presque inaudible :
— Je me disais que… quand j’aurai mes chaleurs… si vous êtes toujours d’accord… on pourrait trouver un endroit calme. Et se lier. Vraiment. Enfin, si cela vous va…
Ses joues devinrent cramoisies. Elle détourna le regard, honteuse de son audace, de ce qu’elle osait demander. Mais avant même qu’elle ne finisse de cacher son visage, deux mains vinrent la cueillir. Celle de Daryl, rugueuse, calleuse, mais douce dans son geste, sur sa joue. Et celle de Rick, plus chaude, plus directe, posée sur son épaule.
Ils se regardèrent brièvement tous les deux, un échange silencieux, puis regardèrent Rose.
— Bien sûr qu’on le veut, dit Daryl avec une sincérité désarmante.
Rick sourit, les yeux humides mais pleins de tendresse.
— On pensait pas que tu le proposerai… Mais oui. C’est ce qu’on veut. Tous les deux.
Rose sentit son cœur s’emballer, ses mains trembler. Puis un éclat de rire nerveux franchit ses lèvres, qu’elle cacha aussitôt contre la nuque de Daryl.
— Ça me fait juste peur… Mais je sais que je vous veux dans ma vie… Et … Je sais que je ressens quelque chose pour vous. J’espère juste que ce soit réciproque…
— On attendait que tu sois prête, souffla Rick.
Et dans ce silence chargé de promesses, ils s’enlacèrent tous les trois. Plus rien n’existait, ni la peur, ni le sang, ni la douleur. Juste eux. Ensemble.
Chapter Text
Les jours avaient passé, doux et lents, comme suspendus dans un entre-deux fragile entre la guérison et les sentiments.
Rose et Daryl s’étaient finalement réveillés. Pleinement. Et depuis, plus rien ne semblait pouvoir les séparer avec Rick. Les trois etaient souvent vu se tournant autour.
Hershel, bien que réservé, avait fini par leur proposer de rester à la ferme le temps qu’ils se remettent. Il n’avait pas donné d’explication, mais son regard s’était attardé un peu plus longuement sur les gestes tendres que Rose offrait à Rick et à Daryl, et le murmure d’un sourire s’était dessiné sur son visage ridé.
Elle était tactile. Presque fusionnelle. Une main glissée dans les cheveux de Rick pendant qu’il parlait. Un baiser furtif au creux de la gorge de Daryl lorsqu’il passait près d’elle. Son oméga vibrait. Vivait. Aimait. Elle était en vie et elle refusait de perdre une seconde.
Ils ne faisaient pas encore l’amour. Pas par manque d’envie, bien au contraire surtout qu’il l’avait déjà fait. Mais Daryl guérissait à peine, et elle-même sentait encore une légère brûlure dans ses muscles et sous ses côtes. Plusieurs fois, ils s’étaient laissés emporter, les mains explorant, les souffles s’accélérant… mais ils s’étaient arrêtés. Frustrés, tremblants, mais soucieux de ne pas se blesser davantage.
Deux semaines plus tard, Daryl remarchait presque normalement. Il boitait légèrement, mais ne se plaignait plus. Rose aussi allait mieux. Elle avait encore quelques douleurs sourdes, mais son corps se réparait, et elle sentait son oméga accélérer ce processus.
C’était là.
Dans le creux de son ventre.
Une chaleur.
D’abord douce, comme une étincelle. Puis plus présente. Elle savait ce que c’était. Elle l’avait senti venir. Elle en avait discuté avec sa louve intérieure, qui, impatiente et sauvage, grondait déjà sous sa peau.
Ses chaleurs approchaient.
Elle en avait parlé aux garçons. Un soir, à la lumière des étoiles, en caressant les mains de Daryl et les cheveux de Rick.
Ils n’avaient pas fui. Pas eu peur.
Au contraire, ils avaient réagi avec calme, avec sérieux. Ensemble, ils avaient trouvé une cabane de chasseur, un peu plus loin dans les bois, mais toujours proche de la ferme. Isolée. Discrète. L’endroit parfait pour ce qui allait venir.
Ils l’avaient nettoyée, préparée. Avec des couvertures, de l’eau, un peu de nourriture, des affaires de rechange. Personne ne disait rien, mais tout le monde savait. Même Shane, qui les observait d’un œil sombre, avait compris.
Et Daryl ne quittait presque plus la ferme. Il ne chassait plus aussi loin. Il restait près d’elle. Proche. Connecté.
Ce matin-là, le soleil ne s’était pas encore levé. Dans leur tente, les trois corps étaient enchevêtrés sous une couverture fine. Rose, au centre, avait glissé ses jambes entre celles des hommes, ses bras enroulés autour d’eux.
Et la chaleur revint.
Forte. Brûlante.
Elle gémit légèrement, incapable de se retenir, ses hanches bougeant lentement contre eux. Son corps cherchait instinctivement le contact. Leurs peaux. Leur odeur. Elle enfouit son visage dans le cou de Rick, son souffle s’accélérant.
Rick fut le premier à se redresser d’un coup, le souffle court, le regard fiévreux. Daryl le suivit, luttant déjà pour ne pas grogner.
— Putain… c’est maintenant, grogna-t-il, la voix rauque.
Rose gémit de nouveau, ses mains tirant doucement sur le tissu des t-shirts qu’ils portaient.
— S’il vous plaît… murmura-t-elle, les yeux embués.
Rick se leva d’un bond, l’air en feu, attrapa son sac préparé la veille. Daryl fit de même. Rose se leva plus lentement, chancelante, et Rick l’enveloppa dans une grande veste avant de la hisser contre lui.
Ils sortirent de la tente. L’air du matin était frais, chargé de rosée. Un voile de brume couvrait encore les champs.
Shane, posté à l’entrée du camp, les vit arriver. Il haussa un sourcil, mais n’eut besoin d’aucune explication. Rick le regarda en passant, la voix basse.
— On doit partir. On reviendra quand on pourra .
Shane acquiesça lentement, son regard se posant une seconde sur Rose, puis sur les deux alphas à ses côtés. Il ne dit rien.
Ils disparurent dans les bois, rapides, concentrés, comme poussés par une urgence invisible. Le monde semblait encore endormi, mais autour d’eux, tout vibrait.
Ils savaient ce qui allait arriver.
Et ils étaient prêts.
Chapter Text
Le trajet jusqu’à la cabane se fit dans un silence tendu, chargé d’électricité. Chaque pas résonnait comme un battement de cœur précipité. Rose, portée à tour de rôle par Rick ou Daryl lorsqu’elle vacillait, se mordait la lèvre pour ne pas geindre. La chaleur était désormais un feu vivant, courant sous sa peau, pulsant dans son ventre, envahissant tout son être.
Ses doigts s’agrippaient à leurs chemises, ses lèvres frôlaient leurs cous. Elle haletait légèrement, ses hanches remuant inconsciemment contre les torses qui la portaient. Rick la serrait un peu plus fort, son odeur d’alpha se déversant autour d’elle pour la calmer, la rassurer. Daryl, lui, marmonnait à voix basse, grognant parfois, ses yeux lançant des éclairs de tension qu’il peinait à contenir.
Mais ils tenaient bon.
Le but était proche.
La cabane apparut enfin entre les arbres : petite, solide, faite de bois brut, presque invisible dans la forêt. Rick ouvrit la porte d’un coup d’épaule, Daryl ferma derrière eux aussitôt. L’odeur de sapin, de vieux bois et de terre battue emplit leurs narines.
Rose descendit doucement des bras de Rick, ses jambes tremblantes, mais décidée.
— Laissez-moi préparer… le nid, murmura-t-elle, le souffle court, les yeux brillant d’un éclat doré.
Les deux hommes échangèrent un regard. Un hochement de tête. Puis ils reculèrent, respectueux. C’était un instant sacré pour une oméga. Elle devait les accueillir. Les choisir.
Rose attrapa les couvertures, les plaids, tout ce qu’ils avaient apporté. Elle les déploya avec soin, les empila en un cocon chaud, douillet, au centre du lit en bois. Elle ajouta même leurs t-shirts, glissant leurs odeurs contre les oreillers. C’était simple. Instinctif. Intime.
Quand elle eut fini, elle se redressa lentement sur le lit.
Et leurs regards se croisèrent.
Un frisson électrique parcourut la pièce.
Elle se mit debout, les pieds ancrés dans les couvertures, et glissa ses mains sous son débardeur. Lentement. Sensuellement. Elle le retira par-dessus sa tête, dévoilant sa peau satinée. Puis le reste suivit. Sa culotte glissa le long de ses cuisses, et elle se redressa, nue, fière, offerte.
Elle n’avait jamais été aussi belle.
Rick et Daryl restèrent figés un instant, la gorge nouée, leurs pupilles dilatées à l’extrême, les crocs frémissant sous leurs lèvres.
Ils s’étaient pourtant déjà unis. Ils l’avaient vue nue. L’avaient touchée. Aidée. Aimée. Mais cette fois, c’était différent.
Elle les appelait.
Elle les choisissait.
Ils se déshabillèrent à leur tour, à la hâte, fébriles. Leurs vêtements volèrent dans un coin. Ils la rejoignirent sur le lit, leurs corps se pressant contre le sien, la chaleur montant en flèche.
Et la danse commença.
Une danse de feu, de peau, de gémissements, de soupirs et de caresses. Rose se mouvait entre eux, pour eux, avec eux. Elle les embrassait l’un après l’autre, les touchait partout, murmurait leurs prénoms comme une litanie sacrée. Ils faisaient l’amour à tour de rôle, puis ensemble, dans une harmonie instinctive, parfaite. Leurs mains ne cessaient de se chercher. Leurs corps de se répondre.
Ils s’arrêtaient parfois, haletants, ruisselants, pour boire, s’allonger un instant, reprendre leur souffle… puis recommençaient, enivrés l’un de l’autre.
Rose n’avait d’yeux que pour eux. D’amour que pour eux.
Et Rick et Daryl, eux, sentaient au fond d’eux qu’ils vivaient quelque chose d’unique. De sacré. Aucun des deux n’avait jamais connu cette sensation de plénitude. D’appartenance. D’amour pur et sauvage.
Elle les aimait, sans limite.
Ils la protégeaient, l’honoraient, la désiraient.
Et alors que le soleil filtrait doucement par les planches de la cabane, que leurs corps étaient unis, et que Rose les regardait avec tant d’intensité, leurs instincts prirent le dessus.
Rick fut le premier à grogner, le souffle court, la tête enfouie dans son cou.
— Rose… je… je veux te marquer.
Daryl, à l’autre côté, haleta contre sa clavicule.
— Moi aussi. Maintenant. Si tu veux…
Elle hocha la tête. Ses yeux brillaient de larmes et de désir.
— Faites-le.
Et ensemble, les deux alphas mordirent doucement, mais profondément, chacun de leur côté, scellant le lien. Rose hurla leur prénom, le plaisir et l’instinct se mêlant dans un cri de délivrance.
Mais ce n’était pas fini.
Rose, haletante, se redressa, ses crocs apparus sous la poussée de son instinct. Ses mains tremblaient, mais son regard était sûr.
— C’est à mon tour.
Ils la regardèrent, surpris.
— Tu veux… ?
— Oui. Je vous choisis. Tous les deux. Je veux que vous soyez à moi… autant que je le suis à vous.
Rare. Sacré. Un oméga qui marque ses alphas. Une promesse d’égalité. D’amour profond.
Elle mordit d’abord Daryl, juste à la jonction de l’épaule, puis Rick. Les deux frémirent, un frisson de joie et de soulagement les parcourant.
Et quand elle eut fini, ils s’effondrèrent, enchevêtrés, liés, aimés.
Comblés.
Un nœud invisible s’était formé entre eux. Ils étaient liés. Pour toujours. Et pour la première fois, chacun d’eux se sentit pleinement… entier.
Chapter Text
Les jours s’écoulèrent dans la cabane, hors du temps. Il n’y avait plus de matin ni de soir, seulement des instants de fièvre, de douceur, de besoin. La chaleur qui brûlait doucement en Rose les enveloppait tous les trois dans une bulle où les sens guidaient tout.
Le monde semblait s’être figé à la lisière des arbres. Là, dans ce refuge préparé pour elle, pour eux, Rose vivait ses chaleurs avec une intensité qu’elle n’avait jamais connue. Mais ce n’était pas seulement une question de corps, c’était une communion.
Rick et Daryl étaient là, attentifs, présents, tendres. Ils la soutenaient dans cette traversée brûlante, l’aidant à garder un certain équilibre, même quand ses instincts menaçaient de la submerger. Ils répondaient à ses élans, à ses frissons, à ses besoins de toucher, de peau, de contact. Elle passait des heures à simplement glisser ses mains sur eux, à se coller à leur chaleur, à goûter leur odeur, à se fondre dans leur présence.
Et bien que le désir soit partout, dans chaque geste, chaque regard, il y avait aussi des pauses. De rares respirations entre deux vagues. Dans ces interludes, ils mangeaient ensemble, souvent assis par terre, encore nus, entourés de couvertures froissées et de rires étouffés. Ils parlaient doucement, comme si parler trop fort risquait de briser quelque chose de fragile.
Rose se confiait, à demi-mots. Elle évoquait ses souvenirs, ses douleurs anciennes, ses rêves perdus et ceux qu’elle n’osait plus formuler. Rick parlait de son fils. Daryl, de son enfance cabossée. Et dans ces silences partagés, leurs regards disaient ce que les mots ne pouvaient pas.
Quand les vagues revenaient, plus douces ou plus impérieuses, ils s’y abandonnaient ensemble, dans une danse sensorielle sans fin. Rose cherchait leur chaleur comme une évidence, se frottait contre eux, les appelait du regard, de la voix, du corps. Et eux répondaient, toujours. L’un comme l’autre, à parts égales. Chaque geste, chaque soupir, chaque baiser avait un goût de lien plus profond.
Ils ne comptaient plus les heures. Les jours s'étaient fondus dans une brume sensuelle et fiévreuse, teintée d’amour, de rires, de soupirs partagés.
Et puis, le dernier jour arriva.
Le feu de la chaleur s’apaisait doucement en elle. Sa peau ne brûlait plus autant, mais son cœur, lui, débordait. Ils étaient allongés sur le lit qu’elle avait préparé pour eux, encore blottis les uns contre les autres. Le monde au-dehors semblait bien loin.
Rose, nichée entre Rick et Daryl, traçait des cercles du bout des doigts sur leurs torses.
— Merci… souffla-t-elle dans un souffle presque timide.
Ils tournèrent la tête vers elle, attentifs.
— Merci de m’avoir suivie ici. De m’avoir acceptée. De m’avoir aimée comme vous l’avez fait. D’avoir été là, tout simplement…Je vous aime. Je sais que c’est rapide. Je sais que ça dépasse la logique. Mais je le sens… Je sais qui vous êtes, et je sais que je suis exactement là où je dois être.
Elle marqua une pause, inspira longuement, le regard brillant puis ajouta, plus bas :
— Je me sens en sécurité avec vous. Je me sens entière . Et je vous promets de prendre soin de vous. De vous défendre. De vous écouter. Même quand ça ira mal. De ne jamais reculer, même quand ce sera difficile. Je vous choisis. Chaque jour, s’il le faut.
Rick déglutit lentement, les yeux brillants. Daryl, plus pudique, lui caressa doucement le dos, son silence valant mille mots.
Ils ne savaient pas encore ce que le monde leur réserverait à l’extérieur de cette cabane. Mais ici, dans cette parenthèse volée au chaos, ils étaient trois âmes réunies, liées, ancrées.
Ils n’étaient peut-être pas une famille comme les autres. Mais ils étaient une meute.
Et ça, c’était plus fort que tout.
Chapter 61
Notes:
Bonjour tout le monde !
Je m'excuse du retard. La vie a été compliqué récemment, nous avons eu un incendie de maison.... Donc je n'ai pas eu le temps de beaucoup écrire. Mes histoires ne sont pas arrêtées, juste ralenties. ;-)
J'espère que tout va bien pour vous. Et que vous apprécierez toujours mes histoires.
A très bientôt!
Chapter Text
Ils revinrent à la ferme au petit matin, alors que la brume s’effilochait sur les champs encore humides de rosée. Le silence était doux, presque sacré. Rose marchait entre Rick et Daryl, leurs épaules se frôlant parfois, sans un mot. Leurs pas étaient lents, comme s’ils voulaient savourer chaque seconde de ce dernier moment suspendu avant de retrouver la réalité.
Ils étaient calmes. Repus. Reposés. Marqués dans leur chair comme dans leur esprit.
À peine arrivés, Daryl attrapa son arbalète et se dirigea vers les bois sans un mot. Il allait chasser. C’était sa façon de gérer ce trop-plein d’émotions qu’il refusait d’exposer devant les autres. Rose s’avança vers lui, le rattrapa, et lui prit la main. Un simple contact. Mais dans son regard, il y avait une douceur silencieuse. Un respect. Une compréhension profonde.
Il la regarda à peine, mais serra ses doigts, fort, brièvement. Puis il tourna les talons.
Rick s’approcha à son tour, posant une main ferme sur le bras de son frère d’armes.
— Prends ton temps, dit-il simplement. On est là.
Daryl hocha la tête avant de disparaître entre les arbres.
Rick se tourna vers Rose.
— Je vais aller voir où en est le groupe, ce qui s’est passé pendant notre absence.
Elle lui offrit un sourire doux.
— Vas-y. Moi je vais m’occuper de la lessive. J’ai besoin de... faire tourner mes pensées autrement.
Rick eut un sourire en coin, presque attendri. Il savait qu’elle préparait quelque chose. Mais il la laissa faire.
Rose rassembla leurs vêtements, ceux portés dans la cabane, ceux restés à la ferme. L’odeur de feu, de forêt, de sueur et de peau chaude lui tira un petit sourire. Elle les plaça dans une bassine, et rejoignit le point d’eau aménagé à l’arrière de la ferme.
Rose lavait les vêtements avec application, les mains plongées dans l’eau savonneuse, les pensées ailleurs. Maggie rinçait silencieusement une serviette non loin d’elle, concentrée.
Après un moment, Rose lança d’un ton calme, presque désinvolte, sans vraiment regarder Maggie :
— Dis-moi… Est-ce qu’il y a, dans le coin, un endroit... où les gens auraient pu aller au début. Un lycée, un centre d’accueil, quelque chose comme ça ?
Maggie s’arrêta net, son regard se posant sur Rose, méfiant mais intrigué.
— Pourquoi tu veux savoir ça ?
Rose haussa les épaules, sans mentir mais sans trop en dire.
— Juste une idée. Je réfléchis à ce qu’on pourrait encore trouver dans le coin. Des endroits pas totalement vidés.
Maggie la fixa encore une seconde, puis soupira.
— Le lycée, à une dizaine de kilomètres. Ils ont essayé d’en faire un centre d’évacuation dans les premiers jours. Des familles entières s’y sont réfugiées.
Elle secoua la tête, son expression se fermant.
— Mais ça a mal tourné. Très vite. Trop de monde. Pas de sécurité. Et quand les rôdeurs sont arrivés… plus personne n’a pu sortir. On dit que c’est rempli de morts, maintenant. Littéralement.
Le silence s’installa entre elles quelques secondes.
Rose hocha lentement la tête, sans changer d’expression.
— Je vois. Merci.
Maggie fronça les sourcils.
— Rose. C’est pas une bonne idée d’y aller. C’est pas un endroit qu’on explore à la légère. C’est dangereux. Un vrai tombeau.
Rose planta son regard dans celui de Maggie. Elle était déterminée.
— Je comprends. T’inquiète, je foncerai pas tête baissée.
Mais au fond d’elle, elle savait. Si le lycée avait été débordé très tôt, s’il n’avait pas été entièrement pillé ou brûlé, il y avait peut-être encore là-bas des ressources précieuses. Médicaments, vêtements, outils, papiers… voire même un groupe de survivants oublié.
Elle garda ses réflexions pour elle, termina de rincer un pantalon, puis reprit calmement sa tâche.
L’idée avait germé. Et maintenant, elle ne la lâcherait plus.
Après avoir terminé la lessive, Rose s’éloigna discrètement vers sa tente. Elle vérifia qu’elle était seule avant d’ouvrir son sac soigneusement rangé, puis en sortit une vieille carte de la région, froissée par le temps, ainsi qu’un bottin local. Ces deux objets étaient devenus ses repères silencieux, presque sacrés, depuis leur départ d’Atlanta.
Elle s’installa à même le sol, à l’ombre d’un arbre non loin, à l’écart du va-et-vient de la ferme. Elle étala la carte sur ses genoux, traçant du doigt les routes secondaires, les courbes, les points de repères encore visibles. Elle localisa rapidement le lycée mentionné par Maggie. Il n’était pas très loin. Accessible à pied en quelques heures, peut-être plus si elle devait contourner les zones à risque.
Son regard s’assombrit. Trop de rôdeurs.
mickaela191 on Chapter 4 Wed 23 Jul 2025 10:20PM UTC
Comment Actions
Stephsud on Chapter 4 Wed 23 Jul 2025 11:37PM UTC
Comment Actions
Sheraal on Chapter 40 Mon 04 Aug 2025 12:39AM UTC
Comment Actions
Stephsud on Chapter 40 Mon 04 Aug 2025 05:45AM UTC
Comment Actions
Sheraal on Chapter 45 Tue 05 Aug 2025 06:01PM UTC
Comment Actions
Stephsud on Chapter 45 Tue 05 Aug 2025 06:15PM UTC
Comment Actions
Raio_de_sol on Chapter 45 Tue 05 Aug 2025 09:34PM UTC
Comment Actions
Stephsud on Chapter 45 Wed 06 Aug 2025 05:43AM UTC
Comment Actions
CARLAGP on Chapter 45 Wed 06 Aug 2025 06:17AM UTC
Comment Actions
Stephsud on Chapter 45 Wed 06 Aug 2025 06:46AM UTC
Comment Actions
CARLAGP on Chapter 51 Thu 07 Aug 2025 08:19PM UTC
Comment Actions
Stephsud on Chapter 51 Thu 07 Aug 2025 08:36PM UTC
Comment Actions
Vee_08 on Chapter 52 Mon 22 Sep 2025 09:26AM UTC
Comment Actions