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Language:
Français
Stats:
Published:
2025-08-12
Updated:
2025-10-12
Words:
41,449
Chapters:
10/57
Comments:
21
Kudos:
9
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1
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155

There will be birds ( an Osgate story )

Summary:

Un mystérieux groupe de siluriens qui prend pour cible des compagnies de carburant dans toute l'Angleterre.
A Londres, une classe entière retrouvée... endormie. Aucune trace de blessure ni de violence et pourtant, impossible d'en réveiller les élèves. Accident ou première attaque d'une nouvelle menace terroriste ?
En proie aux pressions de sa hiérarchie, Kate Stewart tente d'élucider ces mystères tandis qu'au milieu du Pacifique, les baleines montrent un changement de comportement inquiétant.
Au pied du mur, Kate et Osgood devront naviguer dans les eaux profondes de l'illégalité pour espérer sauver leur monde.

A mysterious group of Silurians targeting fuel companies across England.
In London, an entire class found... asleep. There's no sign of injury or violence, yet it's impossible to wake the students. Was this an accident or the first attack of a new terrorist threat?
Pressured by her superiors, Kate Stewart tries to unravel these mysteries while, in the middle of the Pacific, whales are exhibiting a worrying change in behavior.
With their backs to the wall, Kate and Osgood will have to navigate the deep waters of lawlessness if they hope to save their world.

Notes:

Hey !
I'm Sarah, and I'm finally joining the AO3 community as an author ! I'm in love with Dr. Who sincer forever and have a total crush on our two favorite scientists. I had a little idea several months ago, and now that it's finished, I wanted to share it.

I'm a frenchie, so is my story, but I hope you'll give it a try. French community, it's your time to show your strength and help this little guy to grow up.

57 chapters of intrigue, action, science, and love that I've finally found the courage to share with you. Give it a chance to surprise you and embark with Kate, Osgood, and others on their new adventure !

Is it really necessary to say that I LOVE comments ? Not that I'm desperate but you know, a girl needs a hobby and I do enjoy reading them, getting your feelings and theories about what's next. Generally speaking, I love chatting with you, so don't be shy, ask questions, tell me everything you want about this story ! Critics, as positive as negative are more than welcomed as long as it's respectfull towards everyone.

I want this to be a safe and sharing place where everybody can come to have good time and where we can discuss together.
I will post one chapter/week but the day may change ( you know, apparently, we need to work instead of just writing all day long ).

My god, I wasn't supposed to talk that much. One of my many flaws I'm affraid... Anyway, I hope we'll get to chat about this adventure soon, bye !

Hey !
Je m'appelle Sarah, je débarque enfin dans la commu AO3 en tant qu'autrice ! Je suis amoureuse de Dr Who depuis toujours et en crush total sur nos deux scientifiques préférées. J'ai eu une petite idée il y a plusieurs mois et maintenant qu'elle est terminée, j'avais envie de la partager.

Je suis une frenchie donc mon histoire l'est aussi mais j'espère qu'elle saura vous conquérir. Communauté française, c'est ton moment de montrer ta force pour aider ce petit bébé à grandir.

57 chapitres d'intrigue, d'action, de sciences et d'amour que je trouve enfin le courage de vous partager. Laissez-lui une chance de vous séduire et embarquez-vous avec Kate, Osgood et d'autres vers leur nouvelle aventure !

Est-il vraiment utile de dire que j'ADORE lire vos commentaires ? Je ne dirais pas que je suis désespérée mais ça m'amuse beaucoup d'avoir vos ressentis et de connaître vos théories sur la suite. De manière générale, j'adore discuter avec vous donc n'hésitez vraiment pas ! Posez des questions, dites-moi ce que vous voulez concernant cette histoire. Les critiques positives comme négatives sont largement appréciées, tant qu'elles restent respectueuses de tout le monde.

J'aimerais que cet endroit soit un lieu de partage où chacun peut s'exprimer librement, passer un bon moment et où nous pourrons discuter ensemble.
Je posterais un chapitre par semaine. Le jour pourra changer ( il paraît qu'il faut travailler au lieu de passer ses journées à écrire ).

Mazette, je ne pensais pas écrire autant. Un de mes nombreux défauts malheureusement. Bref, j'espère qu'on aura l'occasion de discuter ensemble bientôt !

Bye !
PS: désolée d'avance pour les fautes que j'aurais laissé passer. Après 700 pages et des dizaines de relecture, je crois bien que certaines m'ont encore échappé.

(See the end of the work for more notes.)

Chapter 1: Heal the world

Chapter Text

« Heal the world

Make it a better place

For you and for me and the entire human race

There are people dying

If you care enough for the living »

 

1

 

La fourmilière militaro-scientifique bouillonnait en cette fin d’année. Oscillant entre chaos et visages paniqués.

Tous avaient connus la sensation d’adrénaline à travers le corps, l’angoisse de l’échec, l’extase de la victoire. Bien sûr que la partition qui se jouait entre les murs de UNIT n’était jamais sans fausses notes. Une explosion par-ci, une incursion par là.

Cependant, la peur générée par une invasion alien n’égalerait jamais celle résultant d’un coup de fil à la responsable elle-même, en plein milieu de la nuit. La main du pauvre messager tremblait alors qu’il espérait secrètement qu’elle ne réponde pas. Mais Kate Stewart répondait toujours.

« J’espère, pour votre propre bien, que vous avez une excellente raison de me réveiller, en plein milieu de mon unique nuit complète en trois semaines, entendirent les autres scientifiques, bien heureux de ne pas être celui tenant le téléphone.

– C’est, c’est le colonel Karinski Madame… Il…

– Ne me dites pas qu’il est mort ! J’ai supporté sa prétention, son inutilité et son faible pour les meringues bon marché suffisamment longtemps pour avoir le privilège de mettre fin à sa misérable existence moi même.

– Hum, non Madame… Il… Il est passé outre vos ordres et a décidé d’attaquer le camp de mercenaires », avoua-t-il d’un seul souffle. 

Le jeune homme s’attendait sûrement à une crise de rage de sa supérieure puisqu’il écarta le téléphone de son oreille. A la place, le silence. Cela n’annonçait rien de bon.

A l’autre bout du fil, Kate se frottait nerveusement les yeux. Qu’avait-elle fait pour mériter un emmerdeur pareil ? Depuis que Karinski était arrivé un an auparavant, il n’avait eu de cesse d’opposer son autorité à la sienne.

Je ne serais pas contre quelques vacances. La prison n’est pas l’idéal, très mauvaise exposition au soleil. Mais je survivrais.

« Un hélico, le plus gros que nous ayons, QG, dans 15 minutes », déclara-t-elle simplement avant de raccrocher.

Kate maudit le militaire tout en s’habillant. Trois semaines. Trois semaines qu’ils avaient repéré ce camp de mercenaires siluriens. Un groupe isolé qui sévissait sur le territoire britannique depuis plusieurs mois. Leur cible, les entreprises de carburant. La question étant, pour qui travaillaient-ils ? Aucun des contacts de UNIT chez leurs homologues extra-terrestres n’avaient d’informations sur ce groupe. Mais trois semaines plus tôt, la chance leur avait sourit.

Grâce à son logiciel de simulations, Osgood avait pu dégager quatre cibles potentielles. Toutes parmi les entreprises les plus puissantes du Royaume Uni. L’affrontement avait fait des dégâts, 27 hommes de UNIT avaient péris, pas de victimes civiles mais d’importants frais de réparation. Ce qui, pour le PDG semblait bien plus dramatique.

Ils étaient lourdement armés, particulièrement bien entraînés. C’est pourquoi Kate avait préféré les suivre plutôt que de retenter l’expérience macabre. Il leur fallait plus de temps, plus d’informations. Mais ils avaient leur position et c’est ce qui avait conduit à l’impressionnante dispute entre la cheffe scientifique et l’homme au treillis. Lui voulait intervenir immédiatement, ne pas leur laisser le temps de comprendre ce qui les frappait. Tandis qu’elle, préférait attendre.

« Expliquez-moi en quoi cette rencontre sera différente de la boucherie précédente ?

– Ils ont battu en retraite.

– Mais à quel prix ?! Vingt-sept hommes sont morts pour l’Amour du Ciel !

– Vous ne connaissez rien à la guerre Kate. La victoire exige des sacrifices.

– De quelle victoire parlez-vous ? Ils sont toujours libres et nos hommes sont toujours morts, avait-elle craché.

– Écoutez, la guerre, c’est comme une épidémie. Si vous voulez évitez qu’elle ne se répande, vous devez éliminer le virus. C’est pour ça, que des hommes comme moi existent.

– Et pour éliminer le virus Colonel, il faut comprendre son fonctionnement et créer un vaccin. Et c’est parce que vous n’êtes pas foutu de le comprendre que des femmes comme moi existent. Si vous commenciez à réfléchir avec le peu de neurones que vous avez et pas avec ce qui vous sert d’entre jambe, vous verriez que ce que vous proposez est purement et simplement du suicide.

– Vous ne devriez pas dire ce genres de choses. Ça ne vous va pas du tout.

– J’utilise des termes dont je suis sûre que vous comprendrez le sens. Il est hors de question que j’autorise un tel massacre.

– Ce sont des soldats. Ils sont payés pour vous évitez d’avoir à vous salir les mains.

– Ce sont des hommes Colonel, pas des munitions ! Alors ne comptez pas sur moi pour les sacrifier si je peux l’éviter. Est-ce que je suis claire ? 

– … Parfaitement, Madame, lui répondit-il, ses yeux trahissant son envie de lui sauter à la gorge.

– Bien. Maintenant sortez de mon bureau. »

Elle laissa son ensemble habituel pour quelque chose de plus adapté. Sa journée avait suffisamment mal démarré pour ne pas en plus manquer de se fouler la cheville en talons. Bien que cela aurai été particulièrement efficace pour arracher les yeux de ce satané colonel. En chemin pour le QG, elle téléphona à Osgood. Aucune réponse. Idem pour Sam et Josh.

Aller à l’encontre d’un ordre direct était une chose, mais embarquer dans son délire mégalo-maniaque des membres de son équipe ? C’était de la provocation pure et simple.

 

2

 

Un quart d’heure plus tard, comme convenu, elle arriva au QG, là où un hélicoptère l’attendait déjà.

« Nous seront sur site d’ici une heure Madame, l’informa le pilote.

– Parfait. »

Elle réessaya une énième fois de contacter son équipe, sans succès. Son regard inquiet se perdit dans le décors qui se dessinait sous ses yeux. Elle ne savait pas ce qu’il se passait donc ne pouvait que l’imaginer. Et cela ne présageait rien de bon. Son esprit atterrit quand son téléphone vibra dans sa main.

« Madame ?

– Osgood ? Vous allez bien ?

– Ça va. Je crois. Je respire encore donc je suppose que ça va. Ravie de vous entendre. »

Sa voix était teintée de panique qu’elle voulait cacher. Kate pouvait entendre les nombreux coups de feu qui couvraient presque entièrement la voix de la scientifique.

« Où êtes-vous Madame ? J’entends –

– Je suis en chemin.

– Vraiment ?

– Qu’est-ce qui s’est passé ?

– Oui heum… Le colonel a débarqué peu de temps après que vous soyez partit. Il l’a probablement fait exprès maintenant que j’y pense… Quoi qu’il en soit, il a fait venir ses hommes, a expliqué qu’il comptait bien, je cite ‘faire la peau à ces lézards terroristes, malgré ce que peut en penser cette cul serré de laborantine’.

– Charmant.

– Il parlait de vous, précisa Osgood.

– Oui merci, j’avais comprit, fit-elle remarqué en laissant échapper un petit rire.

– Oh ! Bien sûr. Désolée…

– Et ensuite ?

– Hum.. il nous a menacé de tous nous faire virer si nous tentions de l’en empêcher. Sam était là, il a essayé de le faire changer d’avis, de vous appeler. Mais…

– Oui, j’imagine assez bien que ce qu’il a pu dire ne ressemblait pas vraiment à de la poésie. Comment ça se passe ? Où êtes-vous ?

– Dans une tente. J’essaye de récupérer les informations qui pourront nous être utiles. Autant utiliser le fait d’avoir été kidnappée.

– J’aime l’esprit.

– J’ai beau avoir toujours aimé les films de Rambo, c’est autre chose d’en faire partie. C’est un véritable massacre Madame, regretta-t-elle la gorge serrée.

– Où sont Sam et Josh ?

– Sam est partit rejoindre les soldats du colonel… Ça fait déjà une heure. J’ai demandé à Josh d’aller me chercher des échantillons de balles siluriennes et de tout ce qu’il pouvait trouver.

– Bien vu. Le colonel?

– Dans sa tente. Il a été touché au bras.

– Évidemment. Mais qu’est-ce qui lui a prit bon sang ! »

Une importante explosion retentit, suivie de cris. Beaucoup de cris. Trop de cris.

« Osgood ? Osgood ?! Merde ! Dans combien temps est-ce qu’on arrive ?

– Dix minutes Madame.

– Vous en avez cinq. »

Très vite, la fumée apparut aux yeux de Kate. Une partie de la forêt était en feu tandis que le reste baignait dans la poussière. Elle ordonna au pilote de se poser au plus près possible et de se tenir près pour une évacuation. Le H47 Chinook ER atterrit à quelques centaines de mètres de la confrontation. Les rangers étaient définitivement une excellente idée.

 

3

 

Deux cent mètres plus loin, c’était la panique générale. Une grenade à fragmentation avait fait exploser une bonne partie du camp, permettant à certains siluriens de l’envahir, exécutant chaque homme sur leur passage.

Osgood s’était réfugiée derrière une pile de caisse d’armement et serrait son inhalateur comme un talisman.

Sam et Josh sont dehors. Ils vont bien. Ils vont revenir. Kate est en chemin. Tout ira bien, se répétait-elle presque religieusement.

Quand les tirs se rapprochèrent, sa poitrine se comprima et l’impression que ses poumons allaient éclater l’envahit.

Elle devait faire quelque chose. Des hommes se faisaient massacrer dehors et elle restait cachée. Jamais elle ne pourrait se regarder en face en sachant qu’elle les avait abandonné. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait dans ce genre de situation. Depuis qu’elle travaillait avec Kate, elle pouvait compter sur les doigts d’une main les jours où elle n’avait pas faillit mourir.

C’est assez excitant pour être honnête. Allez Osgood ! Elle se rappela qu’elle se trouvait derrière des caches d’armes.

« Je suppose qu’ils ne m’en voudront pas. Est-ce que je dois les ramener ensuite ? Mmhh, je les vois mal se plaindre pour un ou deux fusils en moins. »

Autant se servir. Desmitraillettes. Pas très élégant mais ça ferait l’affaire.

Comme Sam te l’a montré : relever le cran de sécurité, viser et tirer. Fastoche !

L’engin paraissait peser des tonnes dans ses bras mais quelque part, c’était rassurant. A défaut de tirer, elle pourrait le jeter à la figure d’un assaillant et courir comme si sa vie en dépendait. Ce n’est pas comme si ma vie en dépendait vraiment après tout.

Armée de sa mitraillette et de son courage, la jeune femme sortit de sa cachette et avança prudemment vers les coups de feu.

« Oh mon Dieu… », fut tout ce qu’elle réussit à dire en découvrant le spectacle sanglant qui se jouait sous ses yeux. Des corps, partout. Des deux camps. Aucun signe de Sam ni de Josh. Pas plus de chance avec le colonel.

Ça veut dire qu’ils sont toujours en vie.

La bataille se poursuivait plus loin dans la forêt. Elle hésita un temps puis s’y aventura. Au bout de quelques minutes de marche, un craquement la fit sursauter sur sa droite.

« Qui – Qui est là ? Je… Je suis armée et… je n’hésiterais pas à tirer. Montrez-vous », ordonna-t-elle plus fermement. 

Sa gorge se noua aussitôt que le silurien apparut. Des peintures de guerre ornaient son visage écailleux. Une ceinture de munitions traversait son torse, mais a priori pas d’arme.

Le plus effrayant restant ses yeux. Perçants et sanguinaires. Osgood n’avait aucun doute que ce mercenaire l’exécuterait sans aucune once de pitié dès qu’il en aurait l’occasion. Autant gagner du temps.

« Pour qui travaillez-vous ?

– Mon employeur, répondit-il en faisant siffler sa langue.

– Ah ! Très drôle. J’imagine qu’il vous paye bien, votre employeur. Vous êtes bien équipés. Bien qu’un peu classique. Grenade à fragmentation ? Un peu trop humain vous ne trouvez pas ? C’en est un ? Votre employeur ? C’est un humain ?

– Nous trouvions ççça amusant de tuer ces créatures avec leurs propres zzarmes. Les regarder se tortiller comme de tous petits et misérables insssectes. Déliccccieux. »

Elle réprima une expression de dégoût et se re-concentra sur ce qu’elle devait dire.

« Ça fait beaucoup de carburant. A quoi ça lui sert à votre chef ? Compagnie de transport ? Trafic de marchandises ?

– Votre essssprit est trop étriqué, humaine.

– Essayez pour voir ?

– Rraaaahhhh ! »

Sans qu’elle ne comprenne ce qu’il se passait, elle vit le silurien se jeter sur elle. Ses yeux se fermèrent par réflexe et un coup de feu partit. Elle comprit que la balle avait atteint sa cible quand elle entendit une masse s’écraser au sol. Elle ouvrit d’abord un œil, confirmant l’absence de danger puis un second. Son regard se posa alors sur sa main qui ne touchait pas la gâchette.

« Mais –

– Vous allez bien ? Osgood ? »

Kate. Son regard paniqué rencontra celui inquiet de sa collègue. Son esprit était brouillé. Tout ce qu’elle sentit fut les mains de la blonde sur son visage quand celle-ci tenta de la ramener sur terre. Elles sont tellement douces. Elle se laissa inconsciemment aller contre la paume de Kate. Si Kate est là, alors tout ira bien.

« Osgood, est-ce que vous m’entendez ?

– Mmmh ? Madame ? Qu’est-ce que…

– Vous êtes blessée », constata la responsable d’une voix anxieuse.

Osgood porta sa main à son front et remarqua la présence d’un liquide rouge. Son souffle se coupa.

« Oh… Je… Je saigne…

– Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Kate tenait toujours le visage de la jeune femme à la recherche de signes d’une éventuelle commotion.

« J’ai dû… Quand ça a explosé. Mais ça va… Merci », lui assura-t-elle en lui offrant un léger sourire.

Kate le lui rendit mais insista pour qu’elle voit un médecin dès qu’ils seraient tous rentrés. Puis elle se recula et inspecta le cadavre. Ce n’est que là qu’Osgood réalisa ce qu’il venait de se passer et sentit le feu consumer ses joues. C’était sa cheffe et elle s’était inquiétée. Rien d’étonnant là dedans. Elle s’inquiète tout le temps.

Le coup qu’elle avait reçu à la tête devait être plus puissant qu’elle ne l’imaginait.

« Bien joué au fait.

– Mmhh ?

– C’était très malin, et courageux d’essayer de le faire parler, félicita Kate accroupie près du corps.

– Pour ce que ça a donné. Si vous n’aviez pas –

– Vous avez gagné du temps. »

Un autre craquement attira cette fois l’attention de Kate qui, moins scrupuleuse que la jeune femme, sortit immédiatement son pistolet et le pointa dans la direction du bruit.

« Je passe déjà une très mauvaise journée donc je vous conseille de ne pas l’aggraver.

– Rappelez-moi de ne jamais vous mettre en colère M’dame, plaisanta la voix en se révélant.

– Sam ! » s’exclama Osgood en se précipitant vers lui. 

Kate rangea son arme et rejoignit son collègue, blessé pour l’aider à s’asseoir.

« Vous êtes dans un sale état Lieutenant.

– Vous verriez le gars d’en face. Rraahh ! Merde...

– Doucement soldat, conseilla-t-elle avec humour. Laissez-moi voir. »

Une importante brûlure sur l’abdomen. C’était encore différent de ce qu’ils avaient utilisé lors de leur dernière rencontre. L’urgence faisant, elle préféra agir en fonction de ce qu’elle savait. C’était une brûlure et elle pouvait la soulager.

« Je vais vous faire un cataplasme. On est dans une forêt, on aura plus de chance avec du miel. Osgood, vous pouvez aller m’en chercher ?

– Je m’en occupe.

– Du miel ? interrogea Sam.

– Excellentes propriétés cicatrisantes, développa-t-elle en se levant pour chercher quelque chose.

– Rappelez moi votre spécialité ? Avec des mots que je comprend.

– Biologie. Études des êtres vivants, animaux et plantes.

– Passionnant.

– Ne soyez pas cynique Lieutenant. Je sais quoi utiliser pour vous soulager mais aussi ce qui peut vous faire faire dans votre pantalon. Ah te voilà !

– Qu’est-ce que c’est ?

– De l’eucalyptus.

– Et ça, ça appartient à quelle catégorie ?

– Ça dépend de vous. Je peux désinfecter votre plaie. Ou bloquer vos voies respiratoires. »

Le sourcil qu’elle levait en parlant ne laissait pas le doute possible au militaire.

« Le choix est difficile. Mais j’aime autant le désinfectant.

– Judicieux. Vous avez toujours votre gourde avec vous ?

– Toujours.

– Parfait. »

Une fois la quantité nécessaire recueillie, elle s’agenouilla à ses côtés et lava les feuilles. Au même moment, Osgood réapparut. Elle n’était pas seule.

« Miss Stewart ? Que faites-vous là ?

– Je pourrais vous poser la même question Colonel. Merci Osgood. Prenez un bout de tissu et mettez un maximum de miel dessus, commanda-t-elle en séchant les feuilles avec le tissu de sa chemise. Je pensais pourtant avoir été claire.

– Nous avons reçu des informations hier soir concernant une attaque imminente. L’occasion était trop belle.

– C’est vrai. Ça aurait été dommage de rater une telle opportunité de vous faire réduire en miettes. C’est aussi par faute de temps que vous ne m’avez pas prévenue ?

– Miss –

– Que vous refusiez de m’écouter, à la limite, ça colle avec votre personnage de cowboy prétentieux. Mais je ne pensais pas que vous soyez aussi stupide par dessus le marché. Une équipe médicale aurait pu limiter les dégâts. Vos dégâts. »

Ouch, pensa Osgood.

« Comment va votre bras au fait ? J’ai cru comprendre que vous aviez été gravement touché.

– Ce n’est pas si grave.

– Si, j’insiste. Pour vous retrouvez cloîtrer dans votre tente pendant que vos hommes se faisaient descendre, les uns après les autres, ça devait être sacrément grave. »

Son ton était ferme mais laissait transparaître une véritable colère. Elle se vengea sur les feuilles d’eucalyptus qu’elle écrasa dans ses mains pour en faire ressortir l’huile. Faute de matériel, il n’y avait pas grand chose mais cela suffirait.

« Je ne me laisserais pas insulter de lâche par une –

– Une quoi ? Cul serrée de laborantine ? Je le dis correctement ? »

Elle reporta son attention sur la plaie et appliqua la substance dessus. Sam réprima un sifflement de douleur puis sentit ses muscles se relâcher quand le cataplasme de miel fut posé.

« Ces hommes se sont fièrement battus. Ils ont servit leur pays, se défendit le colonel.

– Vous pouvez vous lever ? demanda Kate au soldat, ignorant la pitoyable excuse du militaire.

– Oui. Merci Madame. »

Il s’appuya sur les deux femmes pour se stabiliser puis reprit sa contenance, près à affronter la suite. Kate ressortit son arme et se dirigea vers le colonel.

« Allez dire ça à leur famille. Je suis sûre que ça leur fera beaucoup de bien. »

Si, dans un premier temps, elle songea à en rester là, elle décida finalement qu’il en méritait davantage.

« Que vous décidiez de sacrifier vos hommes vous regarde. Je vous mépriserais jusqu’à la fin de votre insignifiante existence pour ça, mais ça restera entre vous et votre conscience. En revanche – sa voix descendit davantage dans les graves – la prochaine fois que déciderez de sacrifier les miens, sachez que ces siluriens ne seront rien, comparé à l’enfer que je vous ferais vivre. »

Sa déclaration sonnait comme une promesse et un éclair flasha dans les yeux du colonel. Sam vit son poing se contracter et posa aussitôt sa main sur son arme.

« Madame ? interpella-t-il en fixant l’autre militaire, on ferait mieux d’y aller. »

Pas complètement aveugle face à l’état de colère dans lequel le colonel était, Kate prit sur elle et s’éloigna vers le sac qu’elle avait apporté quand le plus âgé l’attrapa par le bras.

« Et comment est-ce que vous comptez vous y prendre ? Sans vouloir vous vexer, Madame, je ne vois pas en quoi votre présence changera quoi que ce soit à une situation où une escouade entière a échoué. »

Lui, n’avait pas l’air d’en avoir finit avec elle et les menaces subliminales de Sam ne suffisaient plus.

« Lâchez moi », le somma-t-elle en soutenant son regard. 

Lorsqu’il la libéra enfin, Kate ouvrit le sac et en sortit ce qui s’apparentait à des grenades.

« Si c’est tout ce que vous avez, vous pouviez aussi bien –

– La ferme ! ordonnèrent Sam et Osgood en chœur.

– Ces grenades contiennent un gaz particulièrement chaud. La structure carbone de la grenade permet de le garder à une température avoisinant les 200 degrés, résuma Kate.

– Génial. Et donc ? On n’est pas là pour transformer cet endroit en sauna mais pour se débarrasser de ces parasites !

– Les siluriens sont des reptiles. Leur sang est froid. La chaleur est leur point faible, poursuivit très factuellement Sam, à la surprise de tous. Bah quoi ? Moi aussi j’ai étudié la biologie. Au lycée.

– Aussitôt que le gaz pénétrera leur organisme, leurs cellules vont se mettre à bouillir, conclu Kate.

– Et la dispersion par aérosol permet de faire un maximum de dégâts avec un minimum de ressources, précisa Osgood.

– Vous voyez Colonel, je ne sais peut-être pas grand-chose de la guerre, mais je sais au moins que tout ceci aurait pu être évité si vous m’aviez écoutée. »

Cet homme est exaspérant.

« Sachez que ce procédé est particulièrement douloureux et que si vous ne m’aviez pas forcée la main, nous n’aurions probablement jamais eu à utiliser une telle atrocité.

– C’est vous qui l’avez créé Kate. Pas moi.

– C’est vrai. Et je vais m’en vouloir. La question que je me pose, c’est si vous, vous êtes capable de ressentir ne serait-ce qu’une once de culpabilité ? »

 

4

 

L’affrontement aura eu raison de 15 siluriens et 18 humains. Les grenades étaient très efficaces. Trop, selon Kate. Osgood et elles avaient travaillé sur ce modèle au cours des trois dernières semaines, priant pour ne pas avoir à les utiliser.

Mais elles devaient être pragmatiques et penser à leurs hommes. Il n’y eu aucun survivant chez les adversaires et seuls cinq soldats purent rentrer à la maison. Ils avaient retrouvé Josh, sain et sauf si ce n’était quelques bleus dus à un combat au corps à corps avec un mercenaire.

Le voyage du retour fut tendu. Même le colonel, qui avait toujours quelque chose à dire, préféra se taire. Et Osgood, raffolant pourtant peu des trajets en hélicoptère, semblait trop sonnée pour être dérangée par les secousses.

Quant à Josh et Sam, fidèles à eux-mêmes, l’un parlait et l’autre faisait semblant d’écouter. C’eut le mérite de faire sourire Kate lorsque son regard croisa celui du lieutenant. Puis elle reporta son attention vers l’extérieur.

De retour au QG, Kate envoya tout le monde à l’infirmerie. Sam ne se fit pas prier. Malgré le cataplasme, sa blessure commençait à suinter. Osgood rechigna davantage et forcément, Josh suivit le pas.

« Je vais parfaitement bien Madame, j’aimerais vous faire mon rapport le plus vite possible pour pouvoir commencer mes analyses.

– Et moi j’aimerais avoir une nuit complète, vous pouvez faire ça ?

– Huh…

– C’est bien ce que je pensais. Donc vous allez me faire le plaisir d’aller vous faire soigner. Sinon, je vous banni du labo.

– Mais vous… Vous pouvez pas faire ça ? Elle peut faire ça ? s’inquiéta-t-elle en regardant Josh.

– Bah techniquement, c’est elle la boss donc…

– A l’infirmerie. Tous les deux. Maintenant. »

Sans leur laisser le temps de protester davantage, elle tourna les talons, ou plutôt les rangers et prit la direction de son bureau. Cette journée s’annonçait particulièrement longue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapter 2: Quand la vie impitoyable vous tombe dessus

Summary:

Je suis une catastrophe pour les résumés. Sachez juste qu'après le fiasco avec les siluriens, Kate doit en gérer les retombées et faire avec le colonel Karinski qui ne traîne jamais loin. Heureusement, son bras droit fait montre d'un soutien à tout épreuve. Quitte à aller au delà de ce qu'on attend d'elle.

I sucks at summuries. Just know that after the fiasco with the silurians, Kate msut deal with the aftermarths and the colonel Karinski, who's never really out of sight. Fortunately, her right hand shows an unfailling support. Even if it means going beyond what is expected of her.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

« Quand la vie impitoyable

Vous tombe dessus

On n’est plus qu’un pauvre diable

Broyé et déçu »

 

1

 

La sonnerie de son téléphone coupa Kate dans la lecture d’un compte rendu. Gordy.

« Salut M’man !

– Coucou mon chéri. Que me vaut le plaisir ?

– Sarcasme ? Et il n’est même pas 9h ? A qui est-ce que je dois arracher les yeux ?

– Mmh, c’est gentil mais j’essaye déjà de ne pas passer à l’acte moi même. Alors ?

– J’ai ta peinture. Bleu anthracite et … Kaki ?

– C’est vert bouteille.

– Si tu veux. Tu veux que je te les dépose à la maison ?

– S’il te plaît. Je pensais avoir le temps de venir les chercher mais…

– L’Appel du Devoir.

– Quelque chose comme ça, oui. Tu viens toujours la semaine prochaine ?

– Comme si j’allais rater une chance de manger un vrai repas.

– Et de voir ta mère.

– Et de voir ma mère. Évidemment. »

Un coup timide à la porte les interrompit. Osgood, devina Kate.

« Entrez ! Je dois te laisser, merci pour la peinture. Je t’aime.

– Moi aussi M’man ! »

Osgood passa la porte, gênée d’avoir interrompu une discussion visiblement privée.

« Oh désolée… Je peux repasser.

– Non, c’était juste mon fils pour la peinture, répondit Kate, comme si Osgood savait de quoi elle parlait.

« La peinture ?

– Oui, j’ai décidé de refaire la peinture chez moi. Je deviens dingue avec tout ce blanc.

– Je comprends. J’ai longtemps vécu dans un appartement entièrement blanc. Enfin, un appartement, c’est un bien grand mot. Ça ressemblait plus à un hall d’entrée, avec le recul. Je –

– Osgood ? l’interrompit Kate en souriant.

– Désolée… J’ai tendance à faire ça, quand je suis stressée.

– Vraiment ? Une raison particulière ? répliqua Kate, le sourcil levé.

– Bah… J’ai faillit mourir. Encore.

– Très juste. La tête ?

– Comme promis, tout est en ordre là haut. En tout cas, c’est pas pire que d’habitude. Bref, j’ai lancé les analyses des munitions et je vais m’attaquer aux données qu’on a pu récupérer. Je ne vous promet rien. Ils avaient commencé à en supprimer pas mal et les explosions ont fait le reste.

– Je vous fais confiance pour trouver quelque chose. Comment va Sam ?

– Ça ira. Votre remède a fait des miracles.

– Ne jamais sous-estimer le pouvoir des plantes. Oh, excusez moi. Le Premier Ministre. Génial. Moi qui pensait que ma journée ne pouvait pas être pire.

– Vous voulez que je vous apporte un café ? Histoire de vous donner du courage.

– Vous pourrez me demander n’importe quoi si vous m’apportez ma dose de caféine. »

N’importe quoi ? Rrr ! R epren ds- toi Osgood, c’est une façon de parler !

« Je vous apporte ça », s’empressa-t-elle de répondre pour fuir et éviter que Kate ne voit le rouge de ses joues.

Mais qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Trop concentrée sur ses propres pensées, elle ne vit pas la personne en face d’elle et lui rentra dedans.

« Hey Osgood ! Vous êtes tombée sous mon charme ou quoi ?

– Josh. Désolée. Je ne regardais pas où j’allais.

– Il en a de la chance, lança le pilote, un sourire taquin aux lèvres.

– Je vous demande pardon ? Qui a de la chance ?

– Celui à qui vous pensez.

– Moi ? Qu’est-ce qui vous dit que je pense à quelqu’un ?

– Vos joues.

– Qu’est-ce qu’elles ont ?

– Elles sont rouges.

– Elles sont toujours rouges, Josh. Quand je suis mal à l’aise.

– Oh, alors c’est à cause de moi ? Je suis flatté, poussa-t-il sur un ton se voulant outrageusement séducteur.

– Vous êtes flatté de me mettre mal à l’aise ?

– Quoi ? Non, non je –

– Excusez moi Josh, mais je dois vraiment y aller. »

Café en main, elle reprit la direction du bureau de sa supérieure. Celle-ci était toujours au téléphone, plutôt mauvais signe. Elle frappa discrètement puis entra.

Kate lui tournait le dos mais avait laissé tomber sa tête en arrière, visiblement exaspérée par son interlocuteur. La jeune femme observa avec attention la manière qu’avaient ses boucles blondes de s’échouer sur le dossier de son fauteuil. Une cascade de blond, désorganisée et… captivante.

« Je sais Monsieur. Je – J’ai besoin de plus de temps – »

Elle fit pivoter sa chaise et la gratifia d’un sourire reconnaissant. Quand l’homme à l’autre bout du fil vociféra de nouveau, elle écarta l’appareil de son oreille et leva les yeux au ciel, provoquant l’amusement de la scientifique.

Alors que Kate se pinçait l’arête du nez, réfléchissant consciencieusement à sa prochaine phrase, Osgood se surprit à regarder les veines saillantes de sa gorge. Elle secoua ces idées hors de son esprit et reprit contenance quand Kate raccrocha.

« Je commence à en avoir marre de ces satanés débris bourrés de testostérone. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais déjà fait le grand ménage depuis longtemps.

– Intégrez le Gouvernement, proposa simplement Osgood.

– Merci pour la confiance mais j’ai déjà eu du mal à intégrer UNIT. C’est pas demain la veille qu’ils me laisseront mettre un pied au Gouvernement.

– Comme si ça vous avait déjà empêché de faire quoi que ce soit.

– Quand vous dites ça comme ça, on dirait que j’ai pointé une arme sur la tempe du PM pour qu’il me donne ce poste, fit-elle remarquer en buvant une gorgée de café. Mon Dieu ce que ça fait du bien.

– Très sincèrement ? Je crois qu’il aurait préféré l’arme sur la tempe », renchérit-elle en remontant ses lunettes.

Kate rit de bon cœur à la remarque. Osgood réalisa que c’était la première fois depuis longtemps qu’elle entendait ce rire si caractéristique. Elle ressentit une certaine fierté personnelle d’en être la responsable mais la parenthèse fut de courte durée. L’assistante personnelle de Kate fit irruption dans le bureau.

« Oui ?

– Madame. Le colonel Karinski veut vous voir. Je lui ai dit que vous étiez occupée mais il insiste et je ne sais plus quoi faire pour m’en débarrasser.

– Je crois malheureusement que c’est un problème commun à beaucoup de personnes. Très bien. Faites-le venir. Sa majesté le colonel souhaite me voir.

– Quelle chance ! se moqua Osgood.

– Je préférerais encore que des aliens décident de débarquer plutôt que de me retrouver en face de cet homme une minute de plus.

– Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

– Je vous demande pardon ?

– Spider-man. Le super héros.

– Ha ! Vous me fascinez Osgood.

– Vraiment ? Oh. Sarcasme. Comprit. Bien, tâchez de ne pas l’assassiner. C’est un abruti mais il peut encore être utile.

– A vrai dire, ça m’aiderait si vous restiez. »

Une alerte se déclencha dans l’esprit de la scientifique. Une alerte clignotant en rouge avec un énorme « DANGER » écrit au milieu. Ce n’était vraiment pas le jour pour dire ce genre de choses Kate. Pas quand mon cerveau se met à débloquer.

« Vous aidez ? articula-t-elle finalement ignorant le bourdonnement dans ses oreilles. Je veux dire. Évidemment. Je serais ravie de vous aidez. Mais… Je ne vois pas en quoi je pourrais vous être utile.

– Eh bien, il déteste les scientifiques donc, en avoir deux pour le prix d’un, ce sera un véritable enfer pour lui. Et puis, si jamais, pour une raison ou une autre, mes mains venaient malencontreusement à s’enrouler autour de sa gorge, je compte sur vous pour pour m’empêcher d’aller plus loin.

– Pas sûre de réussir un tel miracle, mais je suppose qu’on ne risque rien à essayer », concéda-t-elle en souriant.

Au même moment, la porte s’ouvrit, révélant le militaire, plus horripilant que jamais.

« Mais je vous en prie, entrez Colonel, salua Kate, feignant un sourire.

– Allons, ne faites pas votre mauvaise tête Kate, les choses auraient pu être pires.

– L’éternel optimiste.

– Écoutez Kate », commença-t-il en s’asseyant sous le regard suspicieux de la blonde.

Elle jeta un œil à sa collègue qui réprimait un sourire et masqua le sien derrière sa tasse.

« Je sais que vous et moi, nous ne sommes pas toujours d’accord.

– Votre maîtrise de l’euphémisme m’étonnera toujours.

– Je n’aurais pas dû vous forcer la main. Je m’excuse, sincèrement. Mais je dois dire que vous m’avez beaucoup impressionné.

– Je me demande bien à quel moment j’ai pu tomber aussi bas ? »

Ce rire là, Osgood ne parvint pas à le retenir. Aussi, elle se racla la gorge pour se redonner contenance. Dire qu’elle était mal à l’aise serait une sacrée altération de la réalité. Mais voir l’agacement sur le visage du colonel et le sourire à peine dissimulé de Kate rendaient l’expérience largement plus supportable.

« Kate, contrairement à ce que vous pouvez croire, je ne suis pas un monstre. Moi aussi j’aurais préféré que les choses se passent différemment. Mais reconnaissez que nous avons gagné. »

Pourquoi répète-t-il son nom sans cesse ? Elle sait comment elle s’appelle. La réflexion d’Osgood fut interrompue par le rire sincère de sa responsable. Rire qui les plongea, elle et le colonel dans une confusion totale.

« Ah vous les militaires… Vous qui n’arrêtez pas de me parler de guerre, je m’étonne que vous puissiez faire la confusion. La seule chose que vous avez gagné, c’est une bataille, tout au plus. Effectivement, tous les siluriens sont morts. Félicitations. »

Osgood comprit qu’il n’y avait plus aucun humour dans sa voix. Sa cheffe était en colère et elle, bien contente de ne pas être l’arbre sur lequel l’éclair allait s’abattre.

« Mais en attendant, les commanditaires pour qui ils travaillaient, nous n’avons toujours pas la moindre idée de qui ils sont. Et, je ne sais pas vous mais moi, je ne sais pas encore faire parler les morts. Donc grâce à votre brillante intervention, nous repartons de zéro. Ce n’était que des petites mains. Ils en trouveront d’autres mais nous, nous on va devoir attendre. Mais vous avez raison, vous avez gagné. Belle démonstration de votre supériorité, Colonel. »

Ne répondez pas, lui conseilla Osgood d’un regard.

L’homme finit par lâcher l’affaire et prit la direction de la sortie, en silence, comme un enfant qui venait d’être punit.

Un faible prix à payer pour le nombre de vies que vous avez perdu.

« Une dernière chose. Je suis peut-être scientifique de formation… commença-t-elle en se relevant, les mains appuyées sur son bureau. Mais ne faites pas l’erreur de me sous-estimer. Si vous voulez vraiment jouer contre moi, assurez-vous d’avoir les bonnes armes.

– C’est une menace ?

Un conseil. Faites attention Colonel. Je tiens à cet endroit et aux personnes qui y travaillent bien plus que vous ne l’imaginez. Ne me poussez pas à vous montrer ce dont je suis capable pour les protéger.

– … Je ne suis pas votre ennemi Kate.

– Alors arrêtez de vous comportez comme tel. »

Elle se rassied et ouvrit un dossier au hasard, signifiant que la discussion était terminée.

« Et à l’avenir, ce sera Docteur Stewart pour vous, déclara-t-elle sans lever les yeux.

Bossy Kate était définitivement l’une des facettes que préférait Osgood. Autant qu’elle la redoutait.

« Je sais, je sais, j’ai encore raté une occasion de me taire. Mais c’est juste… Ce type m’insupporte tellement… c’est plus fort que moi.

– Comme un réflexe ?

– Moquez-vous mais je vous ferais remarquer qu’il respire toujours. Promesse tenue. »

Malgré ses efforts, Osgood ne parvint pas à rire cette fois. Son regard s’assombrit d’ailleurs drastiquement. Kate le vit et fit le tour du bureau pour s’y appuyer.

« Osgood ? Tout va bien ?

– C’est juste… Je sais que vous pensez à bien mais… Oubliez ça, ce n’est pas important.

– Ça l’est suffisamment pour vous vous faire perdre votre bonne humeur habituelle », tenta-t-elle avec un sourire.

Ce sourire… Il était si difficile d’y résister.

« Je crois… Je crois que vous ne devriez pas vous mettre à dos les militaires. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, il le mérite. Il mériterait même plus. Mais…

– Il a faillit vous faire tuer. Ça m’étonne que ne soyez pas la première à lui en vouloir.

– C’est le cas. Mais je m’inquiète davantage pour vous. »

Est-ce que j’ai vraiment dit ça à haute voix ? Avec de la chance, elle ne m’a pas entendu.

« Pour moi ? »

Oh non…

« Hum oui… Hum… Vous pensez que vous protégez UNIT en menaçant le colonel mais n’oubliez pas que lui aussi a des contacts et… UNIT a besoin de vous Kate. Si vous voulez vraiment nous protéger… Juste… Ne vous mettez pas dans une situation de laquelle vous ne pourrez pas sortir. »

La sensation de chaleur sur son visage devenait une habitude. Venait-elle de donner une raison à sa cheffe de la renvoyer ? Si c’était le cas, Kate ne le montra pas. Elle restait… silencieuse. Atrocement silencieuse.

« Je suis désolée Madame. Vraiment. Oubliez ce que je viens de dire. Je ferais mieux de retourner travailler », s’excusa-t-elle en s’échappant sans laisser une chance à Kate de répliquer.

 

2

 

Osgood parcourait les résultats d’analyses. Les résidus prélevés sur les blessés démontraient un taux très élevé d’ions H+. Cela signifiait que les balles contenaient de l’acide. Un acide fort qui se dissolvait intégralement en présence d’eau. Cela expliquait la brûlure.

Mais avec un tel acide, la peau aurait dû fondre. Or, Sam allait parfaitement bien. Pourquoi n’avaient-ils pas tous eu cette chance ? Le bruit de la porte du laboratoire interrompit ses réflexions. En se tournant, elle découvrit Kate, une main dans la poche et l’autre tenant un café, un sourire gêné sur les lèvres.

Kate gênée ? Ça, c’est nouveau. Et inquiétant.

« Je me suis dit que vous en auriez besoin après tout ce temps ici.

– Merci.

– Les analyses ont donné quelques choses ? »

Kate s’avança prudemment, jaugeant le comportement de son interlocutrice.

« Oui et non.Un acide fort se dissout en libérant une grande quantité d’ion oxonium, ce qui a pour conséquence de baisser le pH d'une solution, expliqua Osgood sans prévenir. Par définition, plus une solution contient d'ions oxonium, plus elle est acide. Généralement, ça provoque une réaction exothermique.

– D’accord, hum… On peut revenir en arrière deux secondes ? Vous m’avez perdue. Je n’ai jamais été très douée en chimie. »

La scientifique à lunettes s’excusa une minute et revint avec de quoi faire sa démonstration.

« Ce qu’on appelle acide fort, est un acide qui, une fois au contact de l’eau… hum… libère des Ions hydrogènes, très acides. Mettez cette solution sur presque n’importe quelle surface… Et elle se désagrégera. »

Le bout de métal qu’elle tenait fondit dès qu’elle versa l’acide dessus.

« Peut-être que si je vous avais eu à l’époque, j’aurais eu de meilleures notes.

– Ce que je ne comprends pas, c’est que la blessure de Sam n’est rien de plus qu’une brûlure alors qu’il aurait dû se retrouver avec un énorme trou à la place des organes. »

Elle m’évite, se dit Kate. Retour au boulot dans ce cas.

« Mmhh oui, évitez de lui dire ça quand vous le verrez. Bien hum, peut-être… peut-être que son uniforme a absorbé une partie de l’acide ?

– J’y ai pensé. Mais j’ai vérifié sur les gilets des soldats qu’on a pu rapatrier et ils sont dans le même état que celui de Sam. Donc pourquoi s’en est-il sortit et pas eux ?

– Vous avez vérifié les corps ?

– Hum… non…

– Vous êtes partie du principe que parce que l’acide n’avait pas traversé Sam, il ne les avait pas traversé non plus. Mais peut-être que si.

– C’est, c’est possible. Mais comm –

– Le cataplasme ? Sam a dit avoir été touché à peine quelques minutes avant nous avoir trouvées. Peut-être que le miel a empêché l’acide de faire effet. Combien de temps faut-il pour pénétrer la chaire ?

– Très peu. Mais je suppose que c’est possible si on prend en compte le gilet, l’uniforme et la peau. Ça fait pas mal de couches avant d’atteindre les organes. Le miel aurait été plus puissant que l’acide ? Ce serait une première.

Un petit miracle de la nature.

– Ce serait un sacré avantage pour l’avenir. Je vois mal comment on pourrait faire des armures en miel mais en théorie, ça devrait être faisable.

– Bien ! On sait ce qui nous reste à faire.

– Vous ne suggérez quand même pas –

– Assez de théorie Docteur Osgood. Place à la pratique. »

Les deux scientifiques se rendirent à la morgue dont l’ambiance était aussi glaciale que silencieuse.

J’envierais presque le calme de cet endroit, pensa Kate alors que le cliquetis de ses talons raisonnait dans le couloir.

Osgood se tenait quelques pas derrière et réfléchissait aux évènements l’ayant conduite à la morgue à cette heure de la journée, en compagnie de sa cheffe.

La bonne nouvelle, c’est qu’elle ne m’a pas encore renvoyée. Ou peut-être veut-elle me faire disparaître ? Non ! Elle n’est pas aussi susceptible. Si ?

 

3

 

Osgood observa avec hésitation Kate qui sortait le corps d’un des soldats du tiroir réfrigéré. Cela provoqua un mal-être soudain chez Osgood. C’était comme si elles dérangeaient les morts. Certes, l’examen post-mortem était la base de la médecine légale, c’était même indispensable. Mais dans ces conditions ? A la sauvette ? Elle ne réalisa sa fixation que lorsque son regard rencontra celui de la blonde et que celle-ci lui sourit.

« Ne me regardez pas comme ça. Je n’ai pas l’intention de lui faire quoi que ce soit. Je veux simplement vérifier notre hypothèse.

– … Vous avez déjà hum…

– Autopsié quelqu’un ?

– Oui. Un humain. Je l’ai déjà fait sur des espèces extra-terrestres mais…

– Ça m’est arrivé. Je ne peux pas dire que c’était la meilleure journée de ma vie mais c’était utile. Bingo ! L’acide a traversé la chaire jusqu’au poumon. Qu’est-ce qui y a ?

– … C’est juste…

– Osgood ?

– Vous parlez comme le colonel. »

Elle cru voir Kate se tendre mais cela ne dura que quelques secondes et aussitôt, elle reprit son attitude habituelle.

« Si nous n’avions pas pratiqué toutes ces autopsies, tous ces tests. Vous imaginez la quantité d’informations dont nous manquerions ? Et le nombre d’hommes supplémentaires que nous aurions perdu ? fit-elle remarquer en passant au prochain tiroir. C’est nécessaire. Mais ça ne veut pas dire que j’en suis fière. Idem pour celui-ci. »

Alors que Kate faisait l’inventaire de tous les corps qu’ils avaient pu ramener, Osgood réfléchit à ce qu’elle venait d’entendre. Ce n’était pas différent des nombreuses analyses qu’elle avait effectué sur d’autres espèces. La mort est toujours tragique, peu importe l’espèce de la victime. Le mieux à faire est de s’assurer qu’elle ne soit pas vaine.

« Bien, je crois que nous avons la preuve que le miel fait des miracles. Tous ces hommes ont bien été victime de l’acide. Sam n’en fait pas partie. C’est le seul à avoir reçu un cataplasme. Conclusion, c’est ce qui l’a sauvé.

– Je suis désolée, répliqua Osgood sans réfléchir.

– C’était la course tout à l’heure, et on avait d’autres priorités que d’autopsier nos propres morts. Vous auriez finit par trouver.

– Non, je veux dire… Je m’excuse pour ce que j’ai dit… à propos du colonel. Vous n’avez rien à voir avec cet homme. Pour lui, la vie des autres n’a pas de valeur. Tout ce qui compte c’est le résultat. »

La blonde s’adossa à l’un des tiroirs et observa la salle autour d’elle.

« Sur 17 hommes que nous avons perdu, il n’y en a que six que nous avons pu ramener. Les autres ont été déchiquetés par les explosions et ramasser ce qui restait de leurs dépouilles aurait pris trop de temps. »

Osgood sentit une goutte de sueur perler le long de sa colonne. Elle n’aimait pas le sens que prenait la conversation.

« Et me voilà en train de sortir ces six pauvres hommes de leurs réfrigérateur, pour vérifier la cause de leur mort. Tout ça pour quoi ? Une théorie. On ne peut pas dire que ce soit l’attitude de quelqu’un de particulièrement empathique.

– … Ça n’a rien à voir. Vous n’emmenez pas des soldats dans un guet-apens, juste pour prouver que vous êtes plus forte et plus intelligente que le reste du monde. Vous l’avez dit, ces tests… C’est dans l’intérêt général que nous les faisons.

– Mais est-ce que l’intérêt général justifie de traiter ces hommes comme de vulgaires sujets d’étude ?

– Ce n’est pas ce que vous faites.

– C’est exactement ce que je fais. Et c’est encore ce que je suis en train de faire avec vous. Une expérience. »

Je vous demande pardon ?

« Je vous paraît dure ? Pourtant c’est la vérité. Je suis loin d’être aussi… admirable que vous semblez le penser.

Mais

– J’ai bien vu comment vous m’avez regardée et je suis désolée de vous avoir déçue. Mais je ne suis pas une sainte Osgood. »

Je suis à des lieues de l’être, regretta-elle lorsqu’un vieux souvenir se rappela à elle.

« J’aimerais… avoir toutes les réponses, vous dire que plus personne n’aura à mourir… Mais c’est impossible.

– Ce n’est pas ce que je vous demande.

– Peut-être pas aujourd’hui. Mais un jour, je prendrais une décision qui ne vous plaira pas. Est-ce que vous penserez toujours, ce jour là, que l’intérêt général justifiait ce que j’aurais fait ? »

Pourquoi cherche-t-elle soudainement à ce que je la déteste ? Elle ne peut pas penser ce qu’elle dit. Je sais qu’elle n’est pas comme elle se décrit.

« Je suis dure, froide et peut-être même sans cœur pour certains. Mais la réalité c’est que je suis pragmatique. Je suis obligée de l’être parce que c’est à moi qu’on demande de prendre des décisions. C’est à moi que revient la responsabilité de ce qu’on fait ici », expliqua-t-elle en faisant quelques pas vers Osgood.

« Et même si ça me fait mal de l’admettre, il y a au moins une chose sur laquelle je suis d’accord avec le colonel. C’est une guerre que nous menons. Et comme toute guerre, celle-ci entraîne son lot de victimes. Notre travail, c’est de faire en sorte que ce nombre reste le plus faible possible. Et parfois… parfois ça suppose de mettre ses sentiments personnels de côté. Pardon si ça vous a choqué. »

Elle laissa son discours faire son chemin à travers l’esprit d’Osgood puis décida qu’il était temps de mettre fin au calvaire en prenant la direction de la sortie.

« Vous n’arriverez jamais à me faire croire que vous êtes aussi… insensible. Je ne sais pas exactement ce qui se passe ni… ni pourquoi vous m’avez dit tout ça. Mais je sais que vous avez mentit. Vous avez mentit au colonel en lui disant que sacrifier ses hommes était son problème. Je sais que vous les considériez comme votre responsabilité et que leur mort va vous hanter. »

La blonde sembla surprise de la réaction d’Osgood. Et si elle était honnête avec elle-même, Osgood aussi s’était surprise. Probablement l’ambiance, le fait d’être seule et épuisée par la journée. A bien y regarder, elle remarqua que sa cheffe paraissait… toute petite, presque abattue. Aussi, elle fit, à son tour, quelques pas timides et poursuivit.

« Vous ne pouvez pas sauver tout le monde Madame… Mais vous essayez d’en sauver un maximum. Je… Je ne prétends pas vous connaître, mais pour vous avoir accompagné à de nombreuses reprises, je sais que vous êtes loin d’être…

– D’être quoi ?

– … Aussi froide et sans cœur que vous le dites. Un être aussi calculateur n’aurait jamais tenu tête au colonel comme vous l’avez fait. Vous saviez ce que vous risquiez mais vous avez persisté. Parce que vous ne supportiez pas ce qu’il avait fait. Si ça, ce n’est pas une preuve d’humanité, je ne sais pas ce qu’il vous faut. »

Se sentant pousser des ailes, elle continua en se rapprochant encore.

« Et si je ne vous ai pas encore donné assez de raisons de me renvoyer, en voici une dernière… Vous vouliez que je vous dise que vous êtes un monstre pour apaiser votre culpabilité mais je ne vous crois pas une seule seconde. Quand vous dites que vous n’éprouvez aucune compassion pour ces hommes, déclara-t-elle en désignant les corps. Arrêtez avec ce complexe narcissique du sauveur. Personne ne vous demande de… de toujours être forte pour tout le monde. Il y a des gens qui n’attendent que ça de pouvoir vous aider, vous soutenir. Personne ne peut gérer une telle organisation et une telle… pression… toute seule. Même pas la grande Kate Stewart. »

Elle avait tout déballé d’une seule inspiration et sentit que son cœur s’emballait. Jusqu’où va-t-elle me laisser aller ?

« Inhalateur », lui intima Kate, soutenant toujours son regard.

Osgood s’exécuta, tâchant en même temps de décrypter ce qu’elle voyait dans les yeux de sa collègue. Mais sa réserve légendaire compliquait beaucoup les choses. Elle effaça les derniers pas qui les séparait et lui offrit son sourire le plus sincère.

« Je suis désolée si ce n’est pas ce que vous espériez … mais vous n’arriverez pas à me faire vous détester. En fait… vous êtes probablement la personne la plus humaine et… et empathique que je connaisse. Et je sais de quoi je parle. J’ai côtoyé suffisamment de personnes qui manquaient cruellement d’empathie pour faire la différence avec ceux qui essayent juste… de faire de leur mieux. Maintenant… Si vous me permettez…

– Je vous en pries, vous êtes bien partie.

– Si vous tenez à cet endroit… à nous, autant que vous le dites, et je sais que c’est le cas, tâchez de rester à sa tête le plus longtemps possible. »

Est-il possible d’entendre le cœur de quelqu’un battre à cette distance ? Osgood cru que le sien allait sortir de sa poitrine. Kate restait impassible. Ou presque. Ses yeux brillaient. Des larmes ?

«Qui sait sur qui de pire on pourrait tomber », conclu-t-elle finalement avec humour pour cacher son envie subite de disparaître.

Le rire amical que Kate laissa enfin échapper fut tout ce dont elle avait besoin pour se rassurer. Elle avait eu raison d’aller aussi loin.

On dirait que j’ai gagné le droit de revenir demain.

« Osgood ? interpella à nouveau Kate alors que la brune s’en allait. Merci. Et… Je suis heureuse qu’il ne vous soit rien arrivé. »

 

Notes:

Voyageons un peu avec cette musique qui nous vient de France et de notre cher Bourvil. Elle provoque quelque chose à chaque fois que je l'écoute. Je trouvais la mélancolie qui s'en dégage en accord total avec l'ambiance de ce chapitre.
J'espère pour ceux qui la découvre peut-être, qu'elle vous plaît.

Sinon, parlons peu mais parlons bien. Josh, toujours égal à lui même. On ne le voudrait pas différent. Osgood et Kate, liguées contre Karinski me fera éternellement rire. Contrairement à cette fin qui me brise le coeur à chaque fois. Sorry not sorry.

Notre Gordy national qui fait enfin son apparition ! Lui et sa mère sont un sacré phénomène et vous n'avez pas tout vu. J'ai hâte de vous faire découvrir la suite de leur voyage.

J'espère que la lecture vous plaît toujours et que êtes prêts pour la suite. Les choses devraient se corser sous peu ;)

Let's travel a little with this music that comes to us from France and our dear Bourvil. It provokes something every time I listen to it. I found the melancholy it exudes to be in total harmony with the atmosphere of this chapter.
I hope, for those who may be discovering it, that you enjoyed it.

Otherwise, Josh, always true to himself. We wouldn't want him any different. Osgood and Kate, ganged up against Karinski, will always make me laugh. Unlike this ending, which breaks my heart every time. Sorry, not sorry.

Our national Gordy, who finally makes his appearance! He and his mother are quite a duo, and you haven't seen everything. I can't wait to share with you the rest of their journey.

I hope you're still enjoying your reading and are ready for the next move. Things should get more... interesting soon ;)

Chapter 3: Ceux qui rêvent ont bien de la chance

Notes:

Hey ! Sorry, work has been a jerk BUT I want to make amend so double chapter today !
As always, hope you'll like it. I think this one is really sweet...

Salut ! Désolée, le boulot m'a pas laissé une seconde MAIS pour me faire pardonner, double chapitre aujourd'hui !
Comme d'habitude, j'espère qu'il vous plaira. Je le trouve assez mignon...

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

« Et moi envoûtée des ténèbres

Je passe des heures infinies

A compter les moutons funèbres

Qui tapissent mes insomnies »

 

1

Lorsque Gordon entra dans la maison de sa mère, l’odeur d’épices embaumait tout l’espace.

Elle a fait sa pizza !

Un incontournable de la famille, réservée à une branche très réduite de personnes. Une recette sacrée qu’elle avait peaufiné à mesure des années depuis qu’il était enfant.

Kate trouvait qu’il exagérait. Elle n’avait en soit, rien de spécial si ce n’était l’ingrédient qu’elle rajoutait toujours et qu’elle n’avait jamais révélé. Elle mettait son excitation sur le compte de la nostalgie.

Lorsqu’il était petit et qu’ils vivaient sur le bateau, cette pizza était comme une récompense pour laquelle ils s’accrochaient le reste de la semaine. Une fois par mois, le samedi, Kate allait faire le marché avec l’argent qu’elle avait mis de côté et achetait les meilleurs légumes de saison. C’était d’ailleurs la seule manière qu’elle avait trouvé pour en faire manger à son fils sans qu’il ne pique une crise. Mais cela participait à sa singularité. Jamais tout à fait le même goût mais toujours la même sensation. Un plaisir immense.

« Maman, si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer ! lança-t-il en venant l’embrasser. Je ferais n’importe quoi pour ta pizza.

– Si j’avais su que c’était tout ce qu’il fallait pour que tu m’écoutes, je te l’aurais faite tous les jours.

– Oh ouiiii ! Je serais devenu énorme mais ça en aurait valu la peine. T’as mis ton ingrédient ?

– Pas encore.

– Ah ! Donc j’ai encore une chance.

– C’est peine perdue mon chéri. J’emporterais ce secret dans ma tombe.

– Mais pourquoiiii ?

– Parce que le mystère fait partie de son goût. Si je te dis ce qu’il y a dedans, elle n’aura plus rien de spécial et tu ne la trouvera plus aussi bonne.

– Mmhhh, je te l’accorde pour l’instant. Mais je n’abandonnerais pas », lui jura-t-il.

Elle le gratifia d’un sourire et le mis à contribution en lui faisant couper les tomates. Le temps passa sans prévenir tant les deux étaient pris dans leur préparation. Cette partie était toute aussi importante que la cuisson. Plus la période de préparation était bonne, remplie de joie et de complicité, plus la pizza était bonne. C’était prouvé scientifiquement.

« Si tu manges un ingrédient sur deux, je me demande ce qu’on va pouvoir mettre dedans.

– C’est toi qui m’a toujours dit de vérifier ce qu’on mangeait.

– Je ne pense pas que ça impliquait la décimation intégrale des ingrédients.

– T’exchagères.

– Ne parle pas la bouche pleine.

–Tu E.XA.GERES, répéta-t-il. Il en reste encore pleins. Sinon, ta peinture ? C’est quoi le concept ?

– J’arrivais pas à me décider.

– Donc t’as mis les deux. Sur lemême mur.

– Comme ça, je me rend mieux compte du résultat.

– Et donc ? Verdict ?

– Eh ben… en fait, j’aime bien comme ça.

– Avec les deux ?

– Mmhh. C’est…

– Laid ?

– J’allais dire artistique. Et depuis quand êtes-vous un professionnel de la décoration intérieure, Gordon James Lethbridge Stewart ? Se moqua-t-elle en lui lançant le torchon à la figure. Va mettre la table au lieu de dire n’importe quoi.

– A vos ordres cheffe », salua-t-il avant de disparaître dans la salon pour dresser la table.

« Oh ! En parlant de cheffe, t’as résolu ton problème ? Quand je t’ai appelée l’autre jour, ça avait l’air compliqué au boulot.

– Quand est-ce que ça ne l’est pas… J’ai bien peur qu’il n’y avait plus grand-chose à régler.

– Comment ça ?

– Oh, c’est compliqué…

– Maman. Je suis plus un gamin tu sais. Je sais ce que tu fais. En tout cas, ce que tu essayes de faire.

– Éclaire-moi ?

Évitez aux gens de mourir de leur propre stupidité ?

– Ah ! Oui, et figure-toi que c’est un boulot à plein temps.

– Ils le sont tant que ça ?

– Non… A vrai dire, la plupart des gens avec qui je travaille sont… brillants. »

L’image d’Osgood ce soir là lui apparut comme un flash. Quand elles étaient seules dans la morgue et que sa collègue lui avait… déballé son sac.

Particulièrement brillants.

Elle avait beaucoup repensé à ce qu’il s’était passé. A comment Osgood l’avait laissée là, certainement mortifiée par ce qu’elle avait dit. Avec le recul, elle se demandait ce qui lui avait prit. Pourquoi l’avoir effrayée avec un tel discours ? Ce n’était vraiment pas son genre.

« Maman ?

– Mmhh ? Qu’est-ce que je disais ?

– Que tu travaillais avec des gens brillants.

– Oh ! Oui ! Vraiment brillants. Non, le problème ce sont ceux au dessus. Eux ? Pfiou… Je te garantis que chaque réunion est un calvaire.

– Les joies d’être la patronne.

– Bon assez parlé boulot. Raconte moi ce que j’ai raté. »

 

2

 

« Ah ! Je te tiens ! s’exclama Osgood en sortant un petit boîtier du fin fond d’un tiroir.

Il faudrait vraiment que je range tout ça. On ne sait jamais qui pourrait tomber là dessus.

« D’un autre côté, ce n’est pas comme si les risques étaient nombreux. »

Depuis une semaine environ, Osgood s’était mise en tête d’améliorer le système de traitement d’informations de UNIT. Encore. Il était très performant mais pouvait l’être davantage. Les artefacts et données s’accumulaient à une vitesse telle, que même le système en place peinait à garder le rythme. Mieux valait prévenir que guérir et 23 heures semblait être l’heure idéale pour le faire.

Elle avait construit ce boîtier une nuit où elle s’ennuyait, sans vraiment savoir à quoi il serait destiné. Un puissant processeur y était intégré mais jusque là, il ne lui avait été d’aucune utilité.

Puis l’inspiration avait frappé. Le soir de… Après l’épisode de la morgue, impossible de dormir. Elle repassait les mots de Kate en boucle dans sa tête. Je suis heureuse qu’il ne vous soit rien arrivé. Avec ce regard ! Oh, elle aurait pu s’y noyer. Hantée par ces billes noisettes, elle avait allumé son ordinateur pour étudier leurs dernières découvertes.

C’est là qu’elle s’était rendue compte que le système de comparaison des archives n’était plus assez performant.

Absolument inadmissible.

Alors qu’elle s’apprêtait à faire ses premiers tests, son téléphone se mis à sonner.

Sam ? Pourquoi Sam m’appellerait-il à… 23h30 ? Osgood se dit aussitôt que quelque chose s’était passé. Une attaque ? Non, Kate aurait appelé. Un problème au labo ? Pourquoi Sam serait-il au courant d’un soucis au labo ?

« Sam ? Un problème ?

– Osgood ! Hum non… Vous… Vous êtes chez vous ?

– Heu… Oui… Pourquoi ?

– Vous… Vous pourriez venir nous ouvrir ?

– Qu – Quoi ?

– La porte est fermée et… Wooow doucement Capitaine… Ouais hum… Carter a eu un petit problème. »

Génial. Josh est là aussi. Devant chez moi. Visiblement ivre mort.

« Vous… Vous pouvez –

– J’arrive. »

C’est à peine s’ils ne lui étaient pas tombés dessus quand elle avait ouvert la porte. Josh demanda la direction des toilettes et disparut aussitôt.

« Mais qu’est-ce que vous faites là ?

– Je suis vraiment désolé, Osgood… Je –

– Vous saignez, constata-t-elle avec effroi.

– Ouais hum… Je vous l’ai dit, on a eu un petit soucis. »

Elle le conduisit dans la cuisine pour nettoyer sa plaie au front et attendit qu’il lui explique.

« On était au bar avec d’autres soldats. Vous savez, histoire de décompresser. Après cette semaine… Ça paraissait être une bonne idée sur le moment. 

– Laissez moi deviner. Ce n’est plus vraiment le cas ?

– Plus vraiment non… On a pas mal picolé mais Josh était le plus atteint. Y avait un autre groupe de soldats. De ceux du colonel. Carter a commencé à balancer sur eux. Comme quoi que leur patron était un assassin. Vous voyez le genre. Aïe !

– Désolée… J’imagine que ça n’a plu ?

– Ça vous pouvez le dire ! Ils étaient bien éméchés en face aussi, à peine capable de tenir debout. Mais y en avait un, Sergent O’conor, un irlandais. Vachement sanguin. Il a presque décroché la mâchoire de Carter. Vous le connaissez, il s’est pas laissé démonté mais, entre nous, il faisait pas le poids.

– J’lui aurais fait mordre la poussière si vous étiez pas intervenu, assura Josh en titubant jusqu’à la table.

– C’est ça.

– Vous auriez préféré que je laisse balancer ses dégueulasseries sur la boss ?

– Dégueulasseries ?

– Ouais heu… Faites-moi confiance, vous voulez pas savoir. Carter, vous aviez craché sur le dos du leur pendant cinq bonnes minutes.

– Parce que c’est un enfoiré qu’à faillit tous nous faire tuer ! Si Miss Stewart avait été là, elle aurait été d’accord avec moi.

– Je doute qu’elle l’aurait traité de « petit soldat sexuellement frustré ».

– On n’a qu’à lui demander !

– Hop non non non ! On va rien lui demander du tout, intervint Osgood en interceptant le téléphone qu’il sortait. Je finis de nettoyer cette plaie puis vous irez dans le canapé et ne pas en bouger le temps que je revienne. C’est clair ?

– A vos ordres Bossy Os. »

La scientifique souffla d’exaspération en allant chercher des couvertures.

Elle n’aurait certainement pas dit ça. Elle aurait été plus subtile. Plus… maligne. Puis elle l’aurait laissé là, le temps de réaliser ce qu’elle avait dit jusqu’au moment l’humiliation frapperait. Oui, ça c’était la méthode Stewart.

Elle se secoua la tête et s’occupa de ces visiteurs. Sam s’empara des couvertures et oreillers et prépara le terrain pour Carter.

« Sympa la déco Osgood ! s’exclama le pilote en se laissant tomber sur le canapé. Très… mignon.

– Ça n’a rien de mignon. Tout est organisé selon un schéma très précis. Espace cuisine maximisé pour ne pas empiéter sur le reste. J’utilise beaucoup le salon pour travailler donc j’ai besoin de – Oh ! Vous plaisantiez… Comprit. »

Sam étouffa un rire compatissant et conduisit Osgood dans la fameuse cuisine alors que Carter sombrait déjà dans les bras de Morphée.

« Je… Je suis vraiment désolé d’avoir débarqué comme ça… Au début, je voulais le ramener mais il était… comment dire… pas très coopératif. Je savais que vous étiez pas loin alors…

– Aucun soucis ! Enfin, je n’ai pas pour habitude de recevoir deux hommes ivres chez moi à une heure pareille. A vrai dire, à aucun autre moment d’ailleurs. Quoiqu’il en soit, je préfère ça plutôt que de devoir envoyer une patrouille vous chercher. D’autant que ce serait probablement revenu jusqu’au bureau de Kate.

– Ouais… Pas sûr qu’elle aurait apprécié. Surtout après cette semaine. »

Elles ne s’étaient pas réellement reparlées depuis le lundi. Pas d’animosité particulière. Davantage un problème de timing. Un timing bienvenu néanmoins.

Le téléphone de Kate ne cessait jamais de sonner. Après le fiasco de Karinski, elle avait passé son temps à arrondir les angles avec le Ministère de la Défense. Quand ce n’était pas les pontifes, c’était les têtes des différents départements qui s’y mettaient. Demandes de financement d’un nouveau projet. Rénovation du matériel etc. Gordon avait raison. Les joies d’être cheffe.

« Tout va bien ? reprit Sam, voyant qu’il avait perdu Osgood.

– Mmhh ? Oh oui ! Désolée.

– Un problème ? Vous avez l’air… Ailleurs.

– Non. Je repensais juste… Rien d’important. Hum… Je peux vous laisser ? J’ai encore du travail.

– Oui bien sûr. Encore merci. Vous travaillez encore ?

– Oh… Oui… Enfin non. Pas vraiment. Disons que c’est plus… un hobby. Vous savez…

– Rassurez moi, ça vous arrive de dormir ?

– Oh oui… Parfois… Je n’y pas passe beaucoup de temps mais je suis comme tout le monde, moi aussi j’ai besoin de mes 8 heures de sommeil. De temps en temps, plaisanta-t-elle en remontant ses lunettes.

– J’en connais une à qui ça ferait du bien de l’entendre.

– Je tiens trop à ma vie pour ça ! »

 

3

 

« Si vous tenez à cet endroit… à nous, autant que vous le dites. Tâchez de rester à sa tête le plus longtemps possible ». Ses yeux étaient tellement… impénétrables. Comment fait-elle pour se maîtriser autant ? Pourtant je l’ai vu. C’était bref, mais j’ai vu que ça l’avait touchée. Elle a débarqué en plein milieu d’une zone de conflit armé sans ciller, mais ce que je lui ai dit l’a blessée.

Osgood, dont le sommeil était déjà particulièrement agité, se réveilla en sursaut quand son téléphone sonna. Kate. Il était 4H10. Dites-moi qu’elle n’est pas saoule, elle aussi. Je n’ai pas l’énergie pour ça.

Elle ne dormait que depuis 2 heures. Son invention l’ayant obnubilée, elle ne s’était couchée qu’aux alentours de 2 heures.

« ‘Lo ?

– Hum, Osgood ? »

Sa voix était bizarre. Est-ce que Kate fume ? Non, ce n’est définitivement pas sa voix.

« Mmhh ? Qui-est-ce ?

– Bonsoir ! Hum… je suis vraiment désolé de vous appeler à une heure pareille mais hum… C’est maman. »

Maman ? Ce que dit cette voix n’a aucun sens. A moins que… Oh… OH !

« Gordon ?

– Oui. Pardon. Je suis le fils de Kate. Votre boss.

– Qu’est-ce qui se passe ? » s’inquiéta aussitôt la scientifique. 

Alors que le garçon commençait à expliquer la situation, elle mis ses lunettes et bondit hors du lit.

« Je savais pas qui appeler.

– Gordon. Qu’est-ce qui se passe ? C’est quoi ce bruit ? »

Des bruits sourds et réguliers raisonnaient à travers l’appareil.

« Justement. Elle a… Elle a reçu un coup de téléphone y a… une heure environ. J’ai voulu aller la voir mais elle faisait les cent pas dans le salon. »

Mauvais signe.

« En silence. »

TRÈS mauvais signe.

« J’ai finit par réussir à lui parler et là… Elle a commencé à s’énerver, à… à insulter le premier ministre de…

– Pas besoin des détails. Qu’est-ce qu’elle fait maintenant ?

– Elle… »

Encore un bruit. On dirait…

« Oh…

– Ça fait 20 minutes que ça dure. J’ai peur que le mur ne tienne plus très longtemps. Je sais que vous n’êtes que collègues mais… On ne peut pas dire que maman ait beaucoup de contacts en dehors du travail. Encore moins d’amis et… j’avoue qu’elle m’inquiète là. »

Osgood hésita. Était-ce vraiment une bonne idée d’aller chez sa responsable, à 4 heures du matin alors qu’elle était visiblement d’une humeur… massacrante ?

D’un autre côté, elle ne l’avait jamais vu dans un tel état.

Ce n’est pas comme si tu l’avais déjà vu chez elle en même temps. Oh mon dieu. Je serais… dans la maison de Kate Stewart. Non, je suis certainement la dernière personne qu’elle ait envie de voir. Et si je faisais quelque chose de stupide !

« C’est à dire que j’ai aussi quelques…. soucis ici, » répondit-elle timidement.

Ce n’était pas vraiment un mensonge. Sam et Josh étaient en pleine décuve dans son canapé. Qui sait dans quel état elle les retrouverait en rentrant ?

« C’est beaucoup vous demander, je sais mais… Oh… Hum, désolé je dois vous laisser, je crois qu’elle s’est attaqué à la brique.

– Je serais là dans 15 minutes.

– Vraiment ? Merci beaucoup ! »

Pourquoi j’ai dit ça ?! 15 minutes ! Je peux pas y aller comme ça. Des vêtements. J’ai besoin de vêtements.

Elle se précipita à travers sa chambre, jurant contre le coin de son lit qui n’avait pas trouvé de meilleure idée que de se mettre en plein milieu du passage. Elle laissa un message vague à l’attention des garçons au cas où ils se réveilleraient avant son retour et décolla.

4

 

Ne rien faire de ridicule. Je peux le faire.

C’est ce qu’elle se répéta jusqu’à ce qu’elle atteigne la porte d’entrée de la maison. Pour une raison qui lui échappait, elle n’osa pas sonner et frappa à la place. A peine sa main eut-elle quitté la porte que celle-ci s’ouvrit sur un Gordon aux traits tirés.

« Dieu merci vous êtes là.

– C’est rare qu’on me dise ça en me voyant arriver. En général, ce sont plutôt des plaintes, avoua-t-elle en souriant puis elle le regretta aussitôt. Désolée. Hum, où est la bête ?

– Suivez les cadavres. »

La porte donnait sur une petite entrée ornée d’un banc sur sa droite et de portes manteaux à gauche. Très vite sur la droite s’ouvrait la cuisine, une immense cuisine. Osgood ne s’était jamais vraiment imaginé Kate cuisiner mais maintenant qu’elle voyait la pièce, l’image s’imprima dans son esprit comme une évidence. Un coup fit trembler toute la maison et la sortit de sa rêverie.

« Je vous la laisse. Bon courage.

– Hum – »

Le jeune homme l’abandonna à son triste sort en empruntant l’escalier au bout du couloir. Elle défroissa rapidement son t-shirt, redressa ses lunettes et d’un pas timide, s’avança vers la scène de crime. L’endroit était embrumé de poussière due aux nombreux débris jonchant le sol. Kate ne semblait pas l’avoir remarquée, trop prise dans sa lutte contre le mur.

Osgood en profita pour observer l’espace. L’agencement était particulier mais très cosy. Sans vraiment savoir pourquoi, elle pensait entrer dans une grande maison et fut surprise de découvrir un lieu, non pas petit mais minimaliste.

La salle à manger faisait face à la cuisine avec une jolie table ronde en bois. Sur la gauche, une fenêtre au style anglais, renfoncée et garnie d’une assise aux multiples plantes. Puis, le salon qui se découpait en étages et semblait revenir derrière l’escalier.

Après une première marche, s’ouvrait une magnifique bibliothèque d’angle et deux fauteuils. Les murs étaient blancs mais un panneau de bois venait casser la monochromie de la pièce derrière la table. Enfin, sur le retour et après une seconde marche devait se trouver le coin télé.

Celui-ci était cependant caché par le mur que martyrisait toujours Kate. C’est alors qu’Osgood se rappela la raison de sa présence et se signala.

Dès qu’elle l’entendit, la blonde s’arrêta et la dévisagea. Ses cheveux étaient une boule de feu prête à exploser. Quelques mèches étaient collées par la sueur et le tout faisait penser à un lion resté en cage trop longtemps. Elle laissa sa masse tomber le long de son corps et reprit sa respiration avant de parler.

« Osgood ? Qu’est-ce que vous faites… dans mon salon ?

– A vrai dire… Je sais pas trop. Gordon m’a appelé, il… s’inquiétait…expliqua-t-elle en désignant le mur.

– Il vous a – Comptez sur moi pour avoir une discussion avec lui sur les règles de savoir vivre dès demain. Enfin, dès qu’il sera l’heure d’avoir ce genre de conversation, rectifia-t-elle en se rappelant qu’il était déjà demain. Je suis vraiment désolée.

– Oh ne le soyez pas. Je ne dormais pas, mentit-elle.

– A 4 heures du matin ?

– Vous pouvez parler.

– Touché.

– … Je vais sûrement regretter de poser la question mais… que vous a fait ce pauvre mur pour mériter un tel châtiment ? »

Kate regarda le mur et soupira avant de lâcher la masse au sol. Au moins, elle n’est plus armée.

« J’aimais pas la couleur.

– Donc vous avez fait un trou dedans ?

– Bah… Si y a plus de mur, j’ai plus besoin de me casser la tête à trouver sa couleur.

– C’est… étrangement… très logique.

Ne soyez pas si surprise.

– Désolée… »

La poussière commençait à lui brûler les poumons et quelque chose lui disait que la nuit allait être longue. Mauvais moment pour un malaise. Elle sortit son inhalateur et inspira.

« Oh ! Désolée. Venez, on va aller dans la cuisine. Thé ?

– Je veux bien, merci. »

Les deux femmes allèrent dans la cuisine et tandis que Kate se lavait les mains, Osgood observa plus attentivement la pièce. Les meubles étaient d’un magnifique bois clair. L’électroménager longeait le mur habillé de briques blanches. La pièce maîtresse, un immense îlot central surplombé de plusieurs luminaires. Cet endroit devait être l’un des préférés de Kate vu sa taille. Il paraissait évident que la cuisine avait été un critère primordial dans le choix de la maison.

« Je n’arrive pas à croire qu’il vous ai appelée, s’indigna Kate, interrompant les pensées d’Osgood.

– Ne lui en voulez pas. Il était vraiment paniqué. J’avoue ne pas savoir pourquoi il m’a appelé moi cependant. Sûrement l’un de vos derniers appels.

– Je lui avais parlé de vous au dîner. »

Elle lui a parlé de moi ? En bien ou en mal ?

« Je lui ai raconté ce qu’il s’est passé à la morgue. Enfin, je n’ai pas précisé que c’était dans une morgue, ajouta Kate en souriant alors qu’elle mettait la bouilloire à chauffer.

– Je suis vraiment désolée. Je n’aurais jamais dû vous dire tout ça. Je –

– Non. Vous aviez raison. En fait, vous aviez raison sur toute la ligne. J’avais besoin de quelqu’un pour me déculpabiliser. Désolée que ce soit tombé sur vous. Gordy a dû penser que vous sauriez quoi faire.

– Je ne suis pas sûre que vous parlez comme je l’ai fait vous aurait été d’une quelconque utilité ce soir. »

Kate sourit en la voyant remettre machinalement ses lunettes en place avec le dos de sa main. Un tic. Elle avait aussi remarqué comment Osgood évitait avec soin de croiser son regard.

« Au contraire. Ce n’était clairement pas ce que j’avais envie d’entendre… Mais c’était ce que j’avais besoin d’entendre.

Elle ne dit pas un mot de plus et attendit patiemment que l’eau boue pour préparer les boissons. Quand elles furent prêtes, elle invita Osgood à s’asseoir avec elle de l’autre côté de l’îlot.

« Vous avez une cuisine vraiment magnifique. C’est à peine si la mienne fait la taille de votre entrée. Je ne m’en plains pas, je ne cuisine pas. A moins que ce ne soit parce qu’elle est tout petite que je ne cuisine pas ? Ce serait cohérent, je suppose. »

Elle surprit le sourire de Kate caché derrière sa tasse et ses yeux rieurs.

J’ai recommencé…

« Désolée..

– Ne vous excusez pas. J’ai l’habitude de vivre dans peu d’espace mais après plusieurs années avec à peine plus de 10 mètres carrés, je voulais enfin avoir une vraie belle cuisine.

– 10 ?

– Et encore, le moteur prenait beaucoup de place.

– Le quoi ? Désolée… Vous m’avez perdue.

– Longue histoire.

– Maintenant, je suis curieuse », lâcha-t-elle sans réfléchir.

Kate paru étonnée mais ne s’en offusqua pas. En revanche, quand elle la vit sortir une bouteille de Whisky, elle se demanda de quel genre d’histoire elle parlait et si elle voulait vraiment l’entendre.

« Oh, je ne bois pas.

– Comme vous voulez. Plus pour moi alors, accorda-t-elle en versant le liquide dans son thé. Hum… Pour la faire courte, j’ai vécu quelques années sur un petit bateau avec Gordy quand il était tout petit.

– Oh ! Vraiment ?

– Quoi ?

– Rien. C’est juste… Je ne vous imagine pas…

– A la rue ? plaisanta Kate en penchant la tête.

– Hum… Je suppose.

– J’étais étudiante quand j’ai eu Gordy. C’était la solution la plus abordable. Pas l’idéal cela dit. Mais on s’est débrouillé.

– Vous avez vécu sur un bateau ? Avec un bébé ? répéta Osgood, incrédule.

– Ce n’était pas si terrible que ça en a l’air. On a passé de très beaux moments tous les deux. Quand on s’est séparé avec son père, on y est resté jusqu’à ce que j’ai de quoi trouver mieux. Ça m’a prit du temps, mais après quelques laborieux déménagements, j’avais enfin trouvé ma maison, raconta-t-elle avec un mélange de tristesse et de fierté dans la voix.

– Mais… Votre père ? »

Elle regretta aussitôt qu’elle vit le visage de Kate s’assombrir.

« Désolée… Ça ne me regarde pas –

– Il n’était pas au courant. En fait, il n’a su pour Gordy qu’au bout de cinq ans. Papa et moi… n’avons pas toujours… Comment dire… Été aussi proches que ces dernières années.

– … Je ne savais pas…

– On s’est rapproché quand il a apprit qu’il était grand-père mais… c’est surtout depuis que j’ai intégré UNIT que les relations se sont améliorées. Depuis que j’ai comprit la raison de son absence et de tous ses mensonges. » ajouta-t-elle avec un sourire cynique.

Elle vit le regard d’Osgood tombé et s’en voulu.

Génial. La pauvre s’est faite sortir du lit à cause de sa boss hystérique et tu ne trouves pas mieux que de l’assommer avec de vieilles histoires.

« Quoi qu’il en soit ! Je suis vraiment désolée qu’il vous ai dérangée. Je lui dirais de ne plus le faire.

– … Maintenant que je suis là… Vous pourriez peut-être m’expliquer ce qu’il s’est passé ?

– … Le Premier Ministre m’a appelée.

– Oh ! Tout s’explique. »

Kate ne retint pas son rire et approuva la remarque puis redevint sérieuse.

« Officiellement, les siluriens ont lancé une attaque et UNIT est intervenue pour les intercepter. »

Les sourcils d’Osgood se froncèrent de surprise et d’incompréhension.

Oui, j’ai eu la même réaction.

« Sauf que ce n’est pas ce qui s’est passé, rétorqua la brune.

– Je sais… C’est pour ça qu’ils me demandent de changer mon rapport. Et quand je dis « demandent », je fais preuve de courtoisie.

– Ils veulent que vous mentiez à Genève ? Ils ne peuvent pas vous demander une chose pareille. Si ?

– Non seulement ils le peuvent, mais si je refuse, ils m’ont bien fait comprendre que ce n’était pas la peine de revenir.

– Ils veulent vous virer ! Désolée… Mais… Qu’est-ce que vous allez faire ? »

Le regard de la blonde désigna timidement la salle où les débris du mur recouvraient toujours le sol avant de le retourner vers sa collègue, les lèvres pincées.

« Oh…

Je sais

Eh bien, peut-être que si vous faites la même chose dans le bureau du PM, il changera d’avis.

– Si seulement… Vous feriez quoi vous ?

– Moi ? Honnêtement ?

– Mmhh.

– Honnêtement, je suis heureuse de ne pas être à votre place Madame.

– Ah ! Oui, parfois j’aimerais avoir ce luxe. »

Sentant sa poitrine se serrer, Kate se leva et fit quelques pas dans sa cuisine, sous le regard sérieux d’Osgood.

« Vous voyez… s’ils me l’avaient dit lundi, j’aurais refusé. Ça aurait été… mon moyen de déculpabiliser comme vous dites. De rattraper ce qu’il s’est passé.

– Et aujourd’hui ?

– … Vous m’avez rappelée que ce n’était pas à propos de moi. La seule chose qui compte, c’est cette organisation. Et je refuse de la mettre en danger pour un cas de conscience. J’ai… J’ai mis du temps à trouver ce que je voulais faire de ma vie. Et UNIT m’a donné un but. Protéger les habitants de cette planète, même si certains sont exaspérants. Continuer le travail des centaines de personnes qui se sont battues pour que UNIT existe. C’est ça qui importe. »

Le conflit interne de sa cheffe se lisait sur son visage alors qu’elle se massait la nuque.

« Vous l’avez dit Osgood, on ne sait pas sur qui on pourrait tomber donc… même si je ne suis pas d’accord avec cette décision, je le ferais si ça veut dire que je peux rester dans le coin encore quelques temps. C’est hors de question que je laisse un de leurs sbires… foutre en l’air des années de travail. »

Un silence tomba. Pas pesant. Réfléchi. Kate jetait des regards inquisiteurs vers Osgood dont les yeux fixaient un point invisible. Dites quelque chose. Dites-moi que j’ai raison. S’il vous plaît… Dites-moi que cette fois, j’ai raison.

« Pourquoi avoir massacré votre mur ? Puisque vous avez pris votre décision, je veux dire. »

Oh. Pas ce à quoi je m’attendais. D’un autre côté, elle m’a prouvé que ce n’était pas son point fort.

« Hum… La frustration, je suppose. Vous ne le seriez pas vous ? Si on vous forçait la main sur un sujet aussi délicat ?

– Probablement… Pour ce que ça vaut, reprit-elle plus joyeusement, je crois que vous faites le bon choix.

– Vraiment ?

– Ce n’est pas le choix le plus juste… Mais oui, je crois que c’est le bon.

– Merci, souffla Kate dans un soupire de soulagement. Merci beaucoup.

– Pas la peine. Ce n’est pas comme si ce que je pensais avait une quelconque importance. C’est vous qui prenez les décisions.

– Détrompez-vous. Ce que vous pensez de moi m’importe beaucoup. Votre avis je veux dire, se reprit-elle aussitôt. Votre… opinion en tant que… collègue et scientifique.

– Oui bien sûr ! »

Pourquoi j’ai la sensation d’avoir encore dit une bêtise ? se demanda Kate en voyant Osgood détourner son regard. Elle voulu relancer la discussion sur un autre sujet mais la brune la devança.

« Il nous reste un problème cependant.

- Ah bon ? Lequel ?

- Qu’est-ce qu’on va faire de votre mur ? Il ne peut définitivement pas rester comme ça. »

Mon Dieu, cette femme et son sens de l’humour ! Si elle continue, mon cœur va lâcher. Ce n’est pas la semaine pour ce genre de plaisanteries.

« Non… Non, c’est évident. Hum, des idées ?

– Je peux ?

– Je vous en pries », l’encouragea-t-elle en la suivant dans la salon.

Osgood observa attentivement le trou. Kate était fascinée par la capacité de la jeune femme à occulter l’étrangeté d’une situation quand elle se trouvait face à un problème. Après tout, elle se tenait quand même dans le salon de sa boss à plus de cinq heures du matin, à parler travaux et conflit gouvernemental.

« Ça pourrait marcher, déclara simplement la brune. Mais il faudrait une surface lisse… A moins que –

– Envie de partager ?

– Oh ! Désolée… J’ai tendance à parler toute seule quand je réfléchis. Ce n’est pas aussi bizarre que ça en l’air. En fait, c’est même une réaction tout à fait saine. Vous saviez que des chercheurs en neuropsychologie de l’université de Bangor en Galles du Nord, ont démontré que se parler à soi-même permettait d’organiser ses pensées, de consolider sa mémoire et de mieux se concentrer ?

– Je dois bien avouer que non.

– C’est plus problématique quand ça m’arrive la nuit. J’ai tendance à vouloir arrêter de penser sauf que je met à penser au fait que je ne dois pas penser et – »

Elle prit enfin le temps de respirer en constatant que Kate la regardait avec des yeux rieurs et un sourire en coin.

J’ai recommencé. Génial…

Elle s’éclaircit la gorge avant de reprendre plus calmement.

« Je me disais qu’on pourrait faire une sorte d’étagère ouverte. Bien sûr, il faudrait terminer le trou avec une vraie forme circulaire. Insérer un cercle de bois et poser une ou deux étagères. Comme ça, vous auriez une vue sur l’autre côté. Enfin, c’est juste une idée.

– C’est… En fait, c’est une excellente idée. Mais où et-ce que vous espérez trouver un cercle de la bonne taille ? Et surtout, comment est-ce que vous comptez transformer ce… cette cavité, en « vrai trou » ?

Ce n’est pas si difficile. Pour le trou, je peux utiliser ma scie laser.

– Votre quoi ?

– Scie laser. Enfin, à l’origine, c’était censé être un instrument de mesure. Avec des lasers. Inoffensifs, bien sûr.

– Bien sûr. Et de quelle manière ces lasers… inoffensifs, ce sont-ils mis à découper des briques ?

– Hum… Une surexposition aux radiations. Le laser est une amplification de la lumière par émission stim –

– Je crois que ça ira pour les explications, l’interrompit-elle gentiment. Va pour la scie laser. Et le cercle ?

– Rien de plus facile. Une imprimante 3D. Ce ne sera pas du vrai bois mais… personne n’est obligé de le savoir tant que ça y ressemble.

– Vous êtes… machiavélique. Brillante. Mais machiavélique.

– Merci ! Je crois.

– Bien ! Quelle heure est-il ? Merde ! 5H30. Je suis censée me lever dans trente minutes. Oh… Cette journée va être interminable… devina-t-elle en se frottant le visage.

– Je ferais mieux de vous laisser. Si vous me promettez de ne pas martyriser davantage ce pauvre mur.

– Vous pouvez rester si vous voulez. Laissez-moi vous préparer un petit déjeuner. Pour me faire pardonner de cette nuit. Vous aurez besoin de forces pour affronter la journée. »

Un petit déjeuner ? Préparé par Kate Lethbridge-Stewart ? Très mauvaise idée.

« Avec plaisir ! »

Mais qu’est-ce qui ne va pas chez moi !

« Génial ! Plutôt sucré ou salé ?

– Sucré sans hésiter. »

 

 

 

 

Notes:

So, I hope it was worth waiting ? Some explanations and pshh ! Not anymore drama. Ahhhh, if life was that simple. ANYWAY, ready for the next one ? Time for some action.

J'espère que l'attente valait le coup ? Quelques explications et pouf ! Plus de drama. Si seulement c'était aussi simple dans la vraie vie.
ENFIN BREF, prêt pour la suite ? Place à un peu d'action.

Chapter 4: Des milliers d'oiseaux s'envolent sans effort

Notes:

Second chapter of the day iiiiincoming. Again, we're getting more and more into the scentific part but I'M NOT a scientist. So I've made my researchs but I've simplified and maybe, if you know your subject, this is gonna be really hard to read. So, sorry but I did my best. Be kind ! And have a good time ;)

Deuxième chapitre du jour en approche. Je me répète, on arrive de plus en plus dans la partie scientifique mais je NE SUIS PAS scientifique. Donc j'ai fait mes recherches mais j'ai simplifié et, peut-être que si vous êtes dans le domaine, ça va être compliqué à lire. Désolée... j'ai fait de mon mieux. Soyez indulgents et surtout, amusez-vous bien !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

« Quel est ce pays

Où frappe la nuit

La loi du plu fort ?

Diego, libre dans sa tête

Derrière sa fenêtre

Déjà mort peut-être »

 

1

 

Lorsque Osgood retrouva le chemin de son appartement – histoire de se changer et prendre une douche, avait-elle dit à Kate après le petit déjeuner – un sourire inconscient arborait son visage. Brioche grillée et confiture de fraises pour le réconfort et café triple dose pour l’énergie. La nuit dernière avait été surréaliste.

Alors qu’elle insérait ses clés dans sa serrure, elle se demanda comment elle s’était retrouvée à designer une étagère sur mesure pour sa cheffe. Elle ne le lui avait pas dit pour ne pas paraître… disons excessive, mais elle comptait bien s’atteler à la tâche dès qu’elle serait au labo. Elle trouverait une excuse si quelqu’un lui demandait des comptes.

Attendez une seconde… Au labo, c’est moi la cheffe. Je n’ai pas de comptes à rendre à qui que ce soit. Et puis, ça n’a rien de bizarre. Je rend service, c’est tout. Rien de mal à ça.

Après s’être auto-convaincue, elle pénétra dans son appartement et fut surprise de découvrir qu’il n’y avait personne. Le canapé était fait et les couvertures pliées. Deux tasses à café fraîchement lavées jonchaient l’évier. En parcourant davantage la cuisine, elle vit un mot sur la table.

« J’espère que votre virée nocturne s’est bien passée ;) Merci pour tout et encore désolé. Ça ne se reproduira plus. Promis. On se voit au bureau ! ».

C’était signé Sam. Osgood n’était pas sûre de comprendre la signification du smiley. Elle avait espéré avoir le temps de rentrer avant qu’ils ne se lèvent. Cela aurait éviter les explications gênantes.

Pourquoi est-ce que je devrais mentir ? Personne n’est obligé de savoir pourquoi j’étais chez elle mais il n’y a rien de mal à dire que j’y étais.

C’était sans compter l’imagination débordante de Josh qui ne tarderait pas à trouver sa propre explication à la présence d’Osgood chez leur boss au beau milieu de la nuit. Sam y penserait certainement mais aurait la décence de garder ses remarques pour lui.

Et pourquoi penseraient-ils une telle chose ? C’est ridicule.

Ses réflexions l’accompagnèrent jusqu’à sa petite salle bain où elle prit une douche, bien méritée.

 

2

 

Gordy dormait toujours quand sa mère quitta la maison. Elle lui laissa un petit mot et des tartines à titre d’excuses pour l’épouvantable nuit qu’elle lui avait fait passer. Une fois sur la route, coincée entre un Land Rover et une… voiture familiale dont le design aurait pu servir de pub pour un contraceptif,Kate laissa son esprit vagabonder.

Assez étonnement, elle avait passé une bonne nuit. Casser son mur lui avait procurer moins de satisfaction qu’elle ne l’avait espéré et l’intervention de Gordy, sur le moment, lui avait particulièrement déplu. Un : cela ne le regardait pas. Deux : ce n’était certainement pas à Osgood de supporter ses états d’âme. Pourtant, si elle était honnête, sa présence l’avait beaucoup aidée. La jeune femme avait une sorte d’aura, très difficile à décrire mais qui faisait qu’on avait envie de lui parler. Non. L’envie de se confier.

Tout paraissait plus simple avec elle. Elle ne jugeait jamais, interrompait rarement et le plus souvent, c’était pour, avec plus ou moins de succès, tenter de dédramatiser la situation.

Elle a dû me prendre pour une folle. Au moins, elle a eu la gentillesse de ne pas le montrer. Sauf quand j’ai parler du bateau. Et de papa. Là, elle n’a pas été aussi douée pour cacher son malaise.

Elle le regrettait. Son bras droit avait été – même si Osgood lui avait juré le contraire – réveillée au milieu de la nuit et jetée dans une fausse aux lions avec son sourire bienveillant pour seule arme.

C’est vrai qu’elle a un joli sourire, pensa Kate alors qu’elle sortait enfin de la route principale. Et ses fossettes sont mignonnes. La blonde chassa ces pensées intrusives pour se reconcentrer sur la route. Mais son esprit revenait inlassablement sur leur échange. « Ce n’est pas le choix le plus juste mais je crois que c’est le bon. »

Kate s’était sentit tellement soulagée à ces paroles. Elle ne l’avouerait pas mais elle avait besoin de cette approbation. D’entendre qu’elle avait raison d’agir comme elle le faisait.

Le seul moyen d’éviter que cela recommence…

Et puis Osgood travaillait avec elle. C’était, disons le, sa plus proche collaboratrice. Qui de mieux qu’elle pour la conseiller ? La sonnerie de son téléphone interrompit ses divagations. Vikram.

« Colonel ? Que me vaut le plaisir de si bonne heure ?

– Bonjour Madame. Pas une bonne nouvelle, je le crains. »

Les traits de Kate devinrent aussitôt sérieux.

« Allez-y.

– J’ai un contact à la PJ de Londres qui m’a contacté tôt ce matin. Y a eu un incident à l’académie catholique de Saint-Pierre et Saint-Paul.

– L’école ?

– Oui. On a… On a retrouvé une classe entière et un professeur inconscients ce matin.

– Ce matin ? Il est à peine 7h30. A quelle heure les cours commencent-ils ?

– 9h Madame. C’est pour ça que mon contact m’a appelé. Entre autre.

– Racontez-moi.

– D’après le début d’enquête, les élèves avaient cours jusqu’à 17 heures vendredi. Personne ne vérifie l’école le week-end mais ce qui est bizarre, c’est qu’il y a quelqu’un pour faire le tour des classes, tous les soirs. La personne en question est injoignable depuis vendredi.

– Donc personne pour attester que l’école était bien vide.

– Exact. Ce n’est que ce matin que le directeur de l’école a découvert la classe et a aussitôt appelé la police.

– Donc ils seraient restés là tout le week-end. »

C’était plus une affirmation qu’une question.

« Vous avez dit inconscients ? Donc ils sont en vie ?

– Oui. Et a première vue, en parfaite santé. Sauf que les secours ont été incapables de les réveiller.

– D’accord. Je reconnais que c’est très étrange. Mais pourquoi contacter UNIT ? Votre ami sait ce que nous faisons ?

– Pas dans le détail. Disons qu’il sait que nous nous occupons des affaires dont personne ne veut. Rien de compromettant je vous rassure. Sur le coup, je n’ai pas comprit non plus pourquoi il m’avait appelé puis il m’a expliqué que les premiers tests labo étaient revenus négatifs. Vous comprenez, ce sont des enfants alors ils ont mit le paquet.

– Je ne peux pas leur en vouloir. Comment ça, négatifs ? »

Il y a forcément quelque chose qui –

« Leurs organismes ne présentent absolument aucune trace de toxine, de gaz ou de drogue quelconque. Rien qui pourrait expliquer leur état. Et puis, il n’y a rien que nous connaissons qui serait capable de provoquer un tel…

– Coma, conclu Kate dont l’intérêt était piqué et l’instinct de mère, horrifié. Très bien. Dites à votre contact de vous prévenir dès que la police aura terminé. Je vais dire à Osgood de se tenir prête avec une équipe.

– A vos ordres Madame. »

Quelqu’un, ou quelque chose pour autant qu’on en sache, a tout bonnement endormi une classe entière d’enfants. Sans même prendre la peine de le dissimuler. Pourquoi faire ?

 

3

 

Si quelqu’un avait écouté leur rapide conversation téléphonique, il n’aurait pas pu deviner qu’à peine quelques heures avant, les deux femmes se trouvaient en train de déjeuner après une nuit blanche à parler conscience et politique, au milieu d’un champ de débris. Le ton était amical, mais rien d’inhabituel. Kate était allée droit au but. Business mode activé, avait pensé Osgood.

Son équipe arriva sur place avant Kate. Aussi, quand celle-ci débarqua, elle la gratifia d’un sourire timide, lui offrit un masque et fit un premier compte rendu des faits. Assez minces malheureusement. Sam était également là et Kate ne manqua pas de remarquer son arcade encore enflammée.

« Qu’est-ce qui vous ait arrivé Lieutenant ?

– Mmhh ?

– Votre visage.

– Oh ! Hum, rien M’dame. Juste une porte que j’ai dû vexer en me réveillant.

– Je ne doutais pas que Carter puisse vexer un meuble mais vous, c’est une première », plaisanta-t-elle, peu convaincue.

Le rouge sur les joues d’Osgood ne lui avait pas échappé mais elle préféra ne pas pousser.

« Bien. Que sait-on ?

– Personne n’est entré dans la salle après que les élèves et le professeur soient arrivés. La caméra dans le couloir montre que les élèves sont rentrés à 15h30 et personne d’autre à signaler depuis.

– En revanche, la police a remarqué qu’une fenêtre était ouverte. Mais impossible de savoir qui l’a ouverte.

– Aucune caméra extérieure ? interrogea Kate.

– Si, mais elles ne donnent pas sur ce côté du bâtiment. Et on ne voit personne passer par l’entrée.

– Ça ne veut pas dire qu’il n’y avait personne. Je doute que ces enfants se soient endormis tous seuls. Le prof était dans le même état ?

– Affirmatif, confirma Sam.

– Il fait plutôt froid à cette période de l’année, c’était l’après midi. Il y a peu de chance que la fenêtre ait été ouverte.

– D’autant qu’ils étaient tous en pulls », précisa Osgood.

Détail en apparence insignifiant mais qui, en l’occurrence, laissait penser que c’était l’intrus qui l’avait ouverte pour sortir.

« La question étant, comment est-il entré ? Vous avez les images des caméras ? »

Osgood lui tendit la tablette avant de reprendre ces analyses. Sam et Kate observèrent attentivement la scène. Le professeur à la porte, les élèves qui rentrent les uns après les autres. La porte qui se ferme puis plus rien jusqu’au lundi matin.

Évidemment, pas de son donc impossible de savoir à quel moment l’incident s’est produit et aucun indice sur la manière dont cela a pu arriver.

« Attendez ! s’exclama Sam, incitant Kate à mettre pause. La police a dit qu’il y avait 20 victimes. 19 élèves plus le professeur.

– Oui. Et ?

– Là, ils sont 21. »

La blonde recompta et effectivement, 20 élèves et le professeur. Elle félicita le soldat du regard et se mit à cogiter.

« Madame ? appela Osgood.

– Vous avez trouvé quelque chose ?

– Des résidus de particules. Très faibles mais concentrés à cet endroit, expliqua-t-elle, placée au milieu de la salle.

– Particules de quoi ?

– Protons. On a une nette concentration de charges électriques positives, pile à cet endroit.

– Qui viendrait de quoi ? »

Pas de réponse. Sam savait que ce n’était pas pas manque d’idées mais au contraire, un amas d’hypothèses que la scientifique éliminait progressivement.

« Une déflagration, proposa Kate. Ce serait logique. Si je voulais toucher un maximum de personne en un seul coup, je me mettrais au centre de la pièce.

– L’épicentre serait ici, d’où la forte quantité d’énergie. Et l’onde se serait propagée dans toutes les directions, poursuivit Osgood.

– Un risque que ce qui leur soit arrivé nous arrive également ? » s’inquiéta soudainement Kate.

Malgré le masque qu’ils portaient, si ce qui se trouvait dans l’explosif était capable d’envoyer vingt personnes à l’hôpital, il ne fallait pas prendre sa menace à la légère.

« Je pense que nous sommes tranquilles. Il n’y a aucun résidu en dehors de ces particules. Ce qui me fait dire que, quoi qu’il y ait eu à l’intérieur, tout a été absorbé. »

D’un commun accord, ils retirèrent tous leurs masques, respirant pleinement pour la première fois.

« Celui qui a fait ça aurait dû être touché aussi non ? souleva Sam. Je doute qu’on l’ait laissé poser sa bombe et partir tranquillement par la fenêtre, sans bouger. Il était forcément là quand ça a explosé. Or, on n’a retrouvé aucune blessure sur les victimes.

– Pas physiques, rectifia Osgood. Mais peut-être qu’il y a des lésions internes que les médecins n’ont pas encore détecté.

– Avec tout le matos qu’ils ont ? Nahh, j’y crois pas. Ça ce serait forcément vu.

– Mais peut-être qu’ils n’ont pas cherché au bon endroit, intervint Kate, pensive. Vous continuez ici. Dès que c’est finit, Osgood j’aimerais que vous me rejoigniez à l’hôpital avec de quoi faire des prélèvements. Lieutenant, voyez avec le directeur pour identifier notre type. Le prof n’a pas eu l’air surpris de le voir donc il le connaissait. Ça veut dire que ça fait potentiellement un moment qu’il tâte le terrain.

– Vous pensez vraiment qu’un gamin pourrait faire une chose pareille ? s’étonna Sam.

– Après tout ce qu’on a vu Sam, honnêtement, il n’y a plus grand-chose qui me surprenne. Pour ce qu’on en sait, pour l’instant, cette histoire n’a peut-être rien à voir avec UNIT donc on reste discret.

– A vos ordres Madame ».

 

 

4

 

A 9 heures, les analyses allaient bon train à l’hôpital de Papineau mais Kate doutait de plus en plus de leur utilité. Sam avait raison. Le responsable aurait dû être touché. Or, il ne l’avait clairement pas été donc il devait être protégé. De plus, aucune trace de « l’outil utilisé ».

Dire qu’il avait été récupéré n’était pas une supposition délirante. Elle voyait mal quelqu’un se donner autant de peine pour que de simples tests permettent de tout dévoiler.

Ils sont tellement jeunes…

Ces enfants n’avaient pas plus de 10 ans. Qui pourrait faire une chose pareille ?

« Madame ? »

Kate fit face au jeune homme. Vingt cinq ans maximum. Complètement dépassé par les évènements vu la sueur qui se dégage de lui et son regard volatile. Un jeu d’enfant.

« Si vous êtes un parent, je vais vous demander de –

– Kate Lethbridge-Stewart, je travaille pour le Gouvernement. Mon bureau a été mis au courant d’une potentielle attaque terroriste ce matin et m’a chargée d’évaluer les risques. »

La petite fille en elle aimait ce genre de moments. Cela avait un côté James Bond qui l’amusait beaucoup. Ce n’était pas complètement vrai mais l’important était que l’interlocuteur le croit.

Le secret c’est le ton. Si tu y crois, le reste suivra, lui avait apprit son père. Jusqu’à présent, cela ne lui avait jamais desservit.

« On sait ce qui leur est arrivé ?

– Le Gouvernement ? Attaque terroriste ? Hum… Je ne suis pas au courant…

– Vous pensez bien que s’il s’agit d’une attaque terroriste, mon patron ne va pas s’amuser à le crier sur tous les toits. D’où ma présence ici. »

Au même moment, Osgood arriva et offrit un large sourire au pauvre docteur.

Pourquoi transpire-t-il autant ? pensa-t-elle avant de reporter son regard sur la blonde. Le jeune homme, quant à lui oscilla, entre les deux femmes.

« Ah ! Docteur Osgood parfait. Vous permettez qu’elle examine les enfants ?

– Nous leur avons déjà fait un examen complet, se défendit-il la voix tremblante.

– Je n’en doute pas. Seulement, nos moyens sont légèrement… différents.

– Je ne sais pas… Je devrais voir ça avec mon responsable… »

Ce serait tellement plus simple s’ils arrêtaient de tout le temps vouloir voir avec leurs responsables !

« Docteur… Malek, c’est ça ?

– Mmhh…

– Vous êtes médecin. Votre travail, c’est de comprendre ce qui est arrivé à ces enfants. Le mien, c’est de trouver pourquoi et comment ça leur ait arrivé. On est dans le même camp. »

Il est coriace celui-là. D’habitude, ils opposent moins de résistance. Mais d’habitude, on agit vraiment sous les ordres du PM, pensa Osgood.

« Écoutez, je suis maman de deux garçons. Si quelque chose comme ça leur était arrivé, je serais bien contente que quelqu’un de haut placé s’en mêle. Je n’ai pas l’intention de leur faire le moindre mal. »

Ouch. La carte sentimentale ? C’est vache.

Osgood remarqua que le ton de Kate était particulièrement doux et sincère. Elle avait d’ailleurs tendance à oublier que sa cheffe était mère. Quoique maintenant, ce serait difficile de l’oublier étant donné que l’un d’eux l’avait appelée au secours en pleine nuit.

« Maintenant, si vous préférez que j’appelle le Premier Ministre pour vérifier, je n’y vois aucun problème. »

La scientifique au nœud papillon se mordit la joue pour ne pas rire quand le visage du pauvre homme se décomposa.

Elle aurait dû commencer par là.

L’homme avait du cran, elle le reconnaissait.

« Avouez que vous aimez ça, chuchota Osgood quand elles purent enfin rentrer dans la première chambre.

– De quoi ?

– Martyriser de pauvres âmes innocentes. Vous savez qu’il pourrait avoir des problèmes ?

– Croyez-moi, nous seront les dernières personnes dont il se souciera s’il est bel et bien question de terrorisme. D’autant plus si c’est du terrorisme extra-terrestre.

– Vous pensez vraiment que ce sont des terroristes qui ont fait ça ? En général, ils essayent de faire du bruit. Ils auraient pu faire sauter l’école. Pourquoi juste endormir une classe ?

– C’est justement ce qui m’inquiète. Ils avaient clairement les capacités de faire sauter l’école. Pourtant, ils ne l’ont pas fait. Pourquoi ?

– La pitié ? Ce ne sont que des enfants. Peut-être qu’ils ont voulu échauffer les esprits en s’en prenant à des êtres fragiles mais qu’ils ont eu peur d’aller trop loin en les tuant.

– Les terroristes s’embarrassent rarement de ce genre de détails. Non, à mon avis, ils ont fait pire que de faire sauter une école.

– Mais quoi ?

– J’en n’ai pas la moindre idée. »

Une petite fille, Sophia d’après l’étiquette. Elle paraissait tranquille avec son visage d’ange. Rythme cardiaque parfaitement normal. Aucune trace de blessure, piqûres ou quoique ce soit d’autre permettant de déterminer ce qui lui était arrivée. Peut-être un gaz.

Mais de quel genre ? Ou un choc ? Quel type ? Et pourquoi n’y a-t-il aucune marque ?

Osgood effectua les prélèvements. ADN, peau, cheveux. D’autres tests moins conventionnels comme son scanner portatif permettant de détecter les résidus énergétiques. Cette fille avait bien été touchée par la même énergie que celle retrouvée sur place.

L’absence de brûlure laissait présumer que ce n’était pas la source de la léthargie de la petite fille. Ce devait simplement être le résultat de l’explosion. Donc c’est ce que contenait – ce qu’ils appelleront grenade pour le moment – qui en était le responsable. Mais sans l’objet en question et sans savoir quoi chercher, il serait difficile de déterminer l’origine de leur inconscience.

« Syndrome de la Belle au bois dormant, déclara Osgood sans détourner le regard de son tube à essai.

– … Personnellement, j’ai toujours préféré la princesse et la grenouille. Mais… rappelez-moi pourquoi on parle de princesses Disney ?

– Étant donné qu’on ne sait pas vraiment ce que c’est, je me suis dis qu’on pouvait utiliser une sorte de… surnom. Vous savez, comme le syndrome du cœur brisé ou –

– La belle au bois dormant ? Sérieusement ?

– Bah… Au moins, elle se réveille à la fin. »

Tellement optimiste.

« Eh bien j’espère qu’on en saura bientôt plus sur ce… syndrome, parce l’idée d’avoir potentiellement 20 bombes à retardement ne me plaît pas du tout.

– Terminé !

– Bien ! Plus que 19. »

Oh… La journée va être très longue. Est-ce que c’est mal de trouver ça un peu excitant ? se dit Osgood. Des enfants sont en danger et nous n’avons pas la moindre idée de quel danger il s’agit. Mais c’est ça qui est amusant !

Elle se surprit elle-même. Dire que c’était une dingue de science serait un euphémisme. Sa propension à être excitée par des choses que le commun des mortels qualifierait d’« ennuyeux à mourir » était assez exceptionnelle.

Mais là, il s’agit d’enfants. Nous devons trouver ce qu’il leur ait arrivé.

Durant le reste des examens, elle prit le temps d’observer Kate, sans que celle-ci ne le remarque. Ce qu’elle vit lui brisa le cœur. Sa cheffe était particulièrement douée pour cacher ce qu’elle pensait et ressentait. Mais face à ce petit garçon, Diego, son cœur de maman fut plus fort que sa raison et elle se résista pas à l’envie de lui caresser la joue. Son regard était triste et Osgood aurait juré avoir vu une larme solitaire s’écraser sur le drap.

Je trouverais ce qui leur ait arrivé.

 

5

 

Installée dans un laboratoire de l’hôpital, Osgood s’attelait aux analyses des prélèvements. Avec leurs techniques plus avancées, peut-être qu’ils trouveraient quelque chose. Il le fallait. Les prélèvements passèrent les uns après les autres dans sa « boîte magique ». Osgood n’était pas convaincue de ce nom mais cela faisait plaisir à Josh.

Elle avait créé une sorte de couteau suisse scientifique qui permettait à un même outil de traiter simultanément plusieurs échantillons d’origines différentes et de les analyser pour dresser un bilan complet. Un gain de temps non négligeable pour l’équipe scientifique constamment débordée.

Aussi, elle pu rapidement établir une fiche récapitulative pour les 20 victimes. Fiche qu’elle afficha sur son immense tableau blanc.

« Il manque quelque chose… se dit-elle à haute voix.

– Un soucis ? s’enquit McGillop qui l’avait rejoint pour l’aider. Vous froncez les sourcils. Vous faites toujours ça quand quelque chose vous contrarie.

– Vraiment ? Ça n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est que j’ai 20 individus dans le coma et ces fiches ne m’aident pas du tout. Pourtant, je suis sûre que c’est là.

– Un sujet sain, déclara le scientifique.

– Je vous demande pardon ?

– Comparez ces fiches entre elles ne va pas servir à grand-chose puisque vous chercher quelque chose qui ne devrait pas être là. Donc–

– Donc il me faut quelqu’un qui n’a pas été touché ! l’interrompit-elle. Pourquoi je n’y ai pas pensé avant ! »

Ni une, ni deux, elle réquisitionna son collègue pour effectuer les mêmes prélèvements et les analyser. Dès qu’elle eu les résultats, elle plaça la fiche avec les autres et observa.

Le diable se cache dans les détails. Cherche ce qui est différent, ce qui ne devrait pas être là.

« J’ai toujours aimé le jeu des sept différences », avoua McGillop mais sa remarque sombra dans le néant.

Le cerveau de Osgood bouillonnait sous l’amas de données. Tous ces résultats, c’était du pain béni pour ses neurones. De quoi empêcher son esprit de ruminer à propos d’autres sujets, moins pressants, mais tout aussi inquiétants

6

 

De retour dans son bureau, Kate lisait avec plaisir le message de son fils.

« Merci pour les tartines ! J’ai bien fait d’appeler cette Osgood finalement. Elle est sympa. Un peu étrange mais je l’aime bien. Par contre, pas convaincu de la nouvelle déco ;) Je t’aime ! ».

Il avait toujours su la faire rire. Même pendant leurs années difficile. Surtout, pendant ces années.

Tout était bon pour lui tirer un sourire. Avec le recul, elle se disait même que c’était sans doute un défi qu’il s’était donné depuis petit. Gordy était un grand sensible, même s’il ne l’avouerait jamais. Et voir sa mère triste était une chose qu’il ne supportait pas.

Parfaitement conscient des nombreux sacrifices qu’elle avait fait pour lui dans ses jeunes années, il avait toujours mis un point d’honneur à lui faciliter la vie le plus possible. Cela passait par de petites attentions. Son humour. Ses grimaces. Son magnifique sourire. Manger ses légumes. Parfois, se rappela-t-elle avec douceur.

Pourquoi était-elle soudainement aussi nostalgique ?

Ces pauvres enfants…

Elle n’avait pas été tout à fait honnête avec le médecin. Si ces fils avaient été dans ces lits, elle n’aura pas simplement été heureuse que « quelqu’un de haut placé s’en mêle ». Elle aurait remué ciel et terre pour retrouver les responsables – car oui, plus elle y réfléchissait, plus elle pensait que c’était l’œuvre d’un groupe – et se serait assurée qu’ils ne revoient jamais le jour.

Oli, le plus jeune, était beaucoup plus réservé. Tout aussi sensible mais moins démonstratif. Là où Gordy faisait le pitre sans arrêt, ne ratait jamais une occasion de faire une bêtise et d’user de ses charmes pour corrompre sa mère et échapper à la punition, Oli préférait la douceur des câlins.

Il lui manquait. La France n’était pas si loin mais paraissait à des années lumière.

Toc Toc.

« Entrez. Ah Lieutenant. Des nouvelles ?

– Oui. Pas sûr qu’elles vont vous plaire. »

 

7

 

Accompagnée de Sam, Kate passa de nouveau les portes de l’hôpital et rejoignit Osgood.

« Ah Madame ! Vous tombez bien, on a du nouveau.

– Nous aussi, répondit gravement Kate. On a trouvé notre kamikaze.

– Vraiment ?

– Tim Babcock.

– Tim ? Ça fait pas vraiment nom de super-méchant, regretta Osgood. Soran ou Armus dans Star Trek. Ça c’était de vrais méchants. J’en ai fait des cauchema –

– Tim est un enfant, coupa Kate.

– Oh.

– Sam a interrogé le directeur. C’est le seul qui manquait et d’après le directeur, Tim était arrivé il y a quelques semaines à peine. Il ne parlait jamais. Chose plus étrange, la première fois qu’ils se sont rencontrés, il l’a trouvé absent.

– Absent ? Plutôt vague. Je n’étais jamais très concentrée non plus. J’ai toujours trouvé les cours barbants.

– Sûrement parce que vous étiez une génie dans un corps de petite fille, plaisanta Sam.

– Et je doute qu’on ait jamais parlé de vous en utilisant des termes tels que « coquille vide », précisa Kate.

– … Pas que je sache en tout cas.

– J’aimerais aller interroger les parents dès que possible. Et vous ?

– Oh oui ! Hum, à vrai dire, je ne sais pas exactement ce qu’on a trouvé. Vous allez, j’espère, pouvoir nous aider, déclara-t-elle en allant vers le tableau.

– Moi ? Qu’est-ce que je pourrais bien – »

Elle ne termina jamais sa phrase. Comme l’avait espéré Osgood, ce qu’elle et McGillop avaient mis une bonne quinzaine de minutes à voir, sauta aux yeux de sa cheffe. La blonde enfila immédiatement ses lunettes et se mura dans un silence complet.

« Qu’est-ce qu’elle regarde ? murmura Sam.

– Un profil génétique, répondit la brune sur le même ton.

– Le profil de qui ?

– C’est impossible… C’est… C’est impossible… répéta Kate en se retournant vers les autres.

– Je sais.

– Quelqu’un peut m’expliquer ? » intervint Sam, visiblement loin de son élément.

Kate retira ses lunettes avant de lui expliquer.

« Chaque être humain a un code génétique. Votre ADN est… comme une notice. Tout ce que vous êtes est inscrit dans votre ADN. La couleur de vos cheveux, de vos yeux, le fait que vous soyez un homme ou une femme. L’ADN est présent dans chaque cellule du corps humain. On estime à environ 20 000 le nombre de gènes présents chez l’Homme.

– Woaw ! Ça en fait un paquet.

– Mais la base du code est le même, du moins est censé être le même, pour chaque être humain. A l’exception de ces 20 personnes, conclu-t-elle.

– Qu’est-ce qu’elles ont de différent ? »

Si elle était honnête, Kate devrait admettre qu’elle ressentait une pointe d’excitation. Elle fit basculer le tableau vers sa face vierge et s’empara d’un marqueur avant de commencer à dessiner un schéma.

« Le corps humain est constitué de cellules. Chacune de ces cellules contient un noyau. Ce noyau renferme notre code génétique. Ce même code, se traduit sous forme de chromosomes », détailla en dessinant.

« Chaque chromosome est lui même constitué de gènes. »

Elle s’assura que tout le monde suivait toujours. La biologie avait toujours intéressée Osgood mais plus comme un hobby qu’une véritable passion. Quant à Sam, comme il l’avait lui-même avoué, ses derniers cours remontaient au lycée. Une petite piqûre de rappel ne faisait donc pas de mal. Et puis ce n’était pas tous les jours qu’ils pouvaient voir le Docteure Stewart en action.

« C’est là que ça devient intéressant. L’information génétique humaine comporte normalement 46 chromosomes divisés en 23 paires. C’est ce qu’on voit sur ce schéma. »

A l’appui de son propos, elle tourna de nouveau le tableau et désigna la fiche de McGillop.

« Sauf que sur les 20 profils génétiques de nos victimes, on constate qu’il y en a un 24e. Ce chromosome – précisa-t-elle en entourant la partie concernée – ne devrait pas être là. »

Sa déclaration sonna comme une gong dans l’esprit de son auditoire. Bien sûr que la manipulation génétique existait. Il y avait d’ailleurs un immense débat sur les pratiques eugéniques. Les scientifiques étaient capables de créer de l’ADN mais là, cela propulsait la technique à un niveau largement supérieur.

« Mais… Mais comment c’est possible ? Et… Pourquoi sont-ils juste… endormis ? »

Ça n’a aucun sens, pensa Osgood. Tout bonnement impensable.

Kate observait les différents profils génétiques quand une idée, plutôt étonnante, la frappa.

« Et s’ils n’étaient pas en train de dormir ?

– Comment ça ?

– S’ils étaient en train de muter.

– Comme le papillon ? proposa le militaire.

– Pas exactement, intervint Osgood dont le corps exultait d’excitation La chenille et le papillon ont en fait le même code génétique. En revanche, c’est vrai qu’au cours de la chrysalide, le corps change complètement. On a de nouveaux organes qui apparaissent et au niveau cérébral… Oh... c’est fascinant. Certains neurones meurent et d’autres se transforment pour intégrer des fonctions que n’avait pas la chenille. Donc… cette phase de sommeil serait en fait… une sorte de période de gestation ? De réécriture génétique ? »

Kate acquiesça, un mélange d’inquiétude et de curiosité sur le visage.

« C’est pas bon signe, ça, désola le lieutenant.

– C’est catastrophique Sam. Non seulement ça relève d’une prouesse scientifique et technologique – Je veux dire, les chercheurs actuels sont incapables d’une telle chose. Nous sommes incapables d’une telle chose. Et surtout, en quoi cet ADN est-il en train de se transformer ? Et pendant combien de temps va-t-il se transformer ? Et… Et est-ce que ce chromosome est isolé ou est-ce que l’intégralité du code génétique de ces personnes va être réécrit ?

– Je crois qu’on devrait mettre en place une surveillance constante sur les patients.

– J’appelle le PM. Beau boulot Osgood. »

Aussitôt, la blonde disparut, téléphone en main.

« Donc ce sont vraiment des bombes à retardement. D’une certaine manière en tout cas, soupira Osgood.

– On devrait peut-être changer de nom. Le projet Manhattan 2.0 me paraît beaucoup plus adapté », répliqua McGillop en plaisantant, en partie.

 

8

 

Autant dire que ni le Premier Ministre, ni le Ministère de la Défense n’étaient ravis d’apprendre que UNIT avaient agit dans leur dos. Kate les laissa faire sans riposter.

Le jour où elle se soucierait de leurs réprimandes de bureaucrates, il sera grand temps de prendre sa retraite. Et puis, elle savait que comme d’habitude, ils seraient finalement bien contents qu’elle se charge du « sale boulot », à leur place.

Il lui laissa carte blanche pour agir. Aussi, Kate ordonna que l’on fasse rapatrier les patients à UNIT. Où ils seraient constamment surveillés par une équipe dont les souvenirs n’auraient pas être effacés.

Ça fera ça de moins en paperasse. Pas de petites victoires.

A peine eu-t-elle raccroché avec le PM que son téléphone sonna de nouveau.

« Osgood ?

– Madame. Avec McGillop, nous avons mis au point un système permettant d’observer l’ADN en temps réel. C’est un vieux prototype que nous avons terminé en urgence donc je ne garantis pas sa fiabilité.

– A combien vous l’estimez ?

– 75 à 80 %, répondit la jeune femme, déçue d’elle-même.

– Je m’attendais à moins de 50 ! Vu l’urgence, c’est plus que suffisant. Allez-y, on doit pouvoir tous les surveiller en même temps. Le moindre changement pourrait être déterminant.

– Bien Madame. »

Osgood se mit aussitôt en route. Découvrir ce que cachais ce mystérieux 24e chromosome était une priorité. Les enfants étaient endormis mais si Kate avait raison – ce qui est généralement le cas – ils ne le resteraient pas longtemps. Et qui sait ce qu’ils feraient une fois réveillés ?

 







Notes:

Poor children, who could do such an awful thing to those poor souls ? Wait and see. This is gonna be a huge journey but hopefully, it's gonna be great !
What do we think of this Slipping Beauty syndrom ? I think Osgood had a pretty good shot on this one.
I also wanted to make Kate more scientific, like in the BIG FINISH audios, because the serie really doesn't make her justice.

Let me know what you think !

Pauvres enfants, qui pourrait bien leur faire un tel mal ? Attendez de voir ! Ce sera un long voyage, mais j'espère que vous kifferez !

Qu'est-ce que vous pensez du syndrome de la « belle au bois dormant » ? Je trouve que Osgood a eu une idée plutôt pertinente.
J'ai aussi voulu rendre Kate plus scientifique, comme dans les audio de « The Big Finish », car la série ne lui rend pas justice.

Dites-moi ce que vous en pensez !

PS : liste des musiques utilisées

Chapitre 1 : Heal the world, M. Jackson
Chapitre 2 : La Tendresse, Bourvil
Chapitre 3 : Ceux qui rêvent, Pomme
Chapitre 4 : Diego, Michel Berger

Chapter 5: This world goes blind when children are dyin'

Notes:

Pour commencer, j'aimerais remercier ceux qui me lisent. Je vous vois et je vous en suis très reconnaissante ! Je ne peux que vous encourager à venir discuter dans les commentaires. Ca fait partie de l'aventure et je pense que ça ajoute vraiment quelque chose au voyage que nous faisons ensemble. Donc je me répète, n'hésitez pas, même si ce n'est qu'un smiley, ou un petit mot. Même si vous n'y voyez pas l'intérêt, vous n'imaginez pas l'importance que ça a. Merci beaucoup <3

Et maintenant, je me tais et je vous laisse profiter. Il est possible que vous me détestiez un peu sur ce coup...

First of all, I would like to thank those who are reading. I see you and I am so grateful ! Please, come and let's chat together. It's part of the adverture and I think that it really adds something to this trip that we're doing together.
So again, don't hesitate. Even if it's just a smiley or a word. Even if you don't see the point, you can't imagine how important it is.

Thank you very much <3

So now, I'll shut up and let you enjoy. You might hate me on this one...

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

« This world goes blind when children are dyin’

I turn into dust, but you nerver stop tryin’

It’s why I love you

You’re as pure as the driven snow »

 

1

 

Chaque enfant ainsi que le professeur étaient maintenant reliés à un moniteur. Le système d’Osgood fonctionnait à la perfection. Pendant les premières heures – les douze premières heures pour être précis – rien ne changea.

Le silence, seulement rythmé par les bips incessants des machines, se brisa enfin quand la treizième heure paru. Le corps du petit Diego se mit à convulser. Toutes ses constantes s’emballèrent à l’unisson et quand l’infirmière s’approcha pour l’aider, elle sentit sa main s’embraser. Le garçon était brûlant. Non. Il irradiait d’une chaleur à laquelle sa peau n’aurait pas dû résister.

Osgood se précipita vers son moniteur.

Impossible.

Pénétrer dans les chambres adjacentes lui confirma ce dont elle se doutait déjà. La panique gagna l’équipe de UNIT tandis qu’elle cherchait une explication à l’inexplicable. Une vibration. La scientifique mit quelques secondes à comprendre qu’il s’agissait de son téléphone.

« Madame ! Je ne comprends pas, les enfants, ils –

– Je sais. Je suis en chemin. »

Elle court, remarqua Osgood.

« Que disent les équipes ?

– Pas grand-chose. Rien n’a l’air de faire effet. Madame, je ne… comprends pas. Comment est-ce possible ? Je n’ai jamais… Jamais rien vu de tel, articula-t-elle, le souffle court.

– Inhalateur. Est-ce que quelque chose a changé depuis que ça a commencé ? L’ADN, a-t-il le même aspect ?

– Difficile à dire… C’est juste… Très lumineux. Pourqu – Attendez…

– Osgood ?

– Ils ont arrêté… Ils sont de nouveau immobiles. Je n’aime pas ça du tout Madame.

– J’arrive. »

Il ne lui fallu que deux minutes pour arriver dans la chambre du petit Diego. Effectivement, tout était redevenu « normal ». Comme ci rien n’était arrivé. Au touché du corps du garçon, un frisson parcouru Kate. Il n’était plus brûlant mais gelé.

« Montrez moi », ordonna-t-elle à Osgood plus durement qu’elle ne le voulait.

Elle non plus, n’aimait pas la tournure des évènements. Elle haïssait de ne pas savoir. D’autant plus quand la vie d’enfants était en jeu.

Quand les convulsions avaient commencé, l’ADN s’était soudainement mit à briller. Une brillance aveuglante, même à travers l’écran. Pas étonnant que leurs peaux aient été brûlantes. C’était comme s’ils s’étaient enflammés de l’intérieur. Puis plus rien.

« Je le savais », déclara finalement Kate après avoir mis ses lunettes.

Seulement, elle ne semblait pas particulièrement ravie de sa découverte. Lorsqu’elle regarda Osgood, ses yeux étaient durs mais la scientifique cru y percevoir… de la tristesse ?

« Qu’est-ce qui se passe ?

– En réexaminant le chromosome 24, j’ai remarqué qu’il était différent des autres. Pas de beaucoup, mais il manquait une partie. Sur le coup, j’ai supposé que c’était dû à sa nature… qui était différente. Mais quand j’ai été prévenue de ce qu’il se passait, je me suis dit –

– Que le processus n’était pas terminé. » comprit gravement Osgood.

Kate hocha la tête, impuissante.

« C’est déjà ce qui a dû se passer quand ils étaient dans la classe. Mon Dieu… Qui pourrait infliger une chose pareille à des enfants ? » s’indigna Kate, sachant pertinemment la réponse.

Un monstre.

« Vous pensez… Que c’est terminé, cette fois ? »

La tête de UNIT ne trouva rien à dire. Qui pouvait savoir ?

« Quelque chose ne va pas, constata Osgood.

– C’est un euphémisme, mordit Kate avec sarcasme.

– Non je veux dire… Ce qui vient de se passer… Quelque chose ne colle pas. »

Le froncement de sourcils de sa cheffe poussa Osgood à expliciter sa pensée.

« Ils n’ont pas crié. Ils étaient brûlants. Les moniteurs montrent clairement que l’augmentation de la température corporelle était due –

– Osgood, s’impatienta Kate.

– … Désolée… Ce que je veux dire c’est que… Ce devait être insupportablement douloureux. Même sous anesthésie générale… une chaleur de cette intensité réveillerait n’importe qui. Pourtant, pas un seul cri.

– Je ne suis pas sûre d’aimer ce que essayez de dire.

– Je ne suis pas sûre d’aimer ça non plus. »

 

2

 

Alignées derrière le neurologue, les deux femmes se taisaient mais priaient pour se tromper. Leurs épaules se touchaient et la sensation étonnante de réconfort que cela procurait était comme une éclaircie au cœur d’un orage. Leurs yeux se rencontrèrent et chacune offrit à l’autre un sourire timide.

« Je ne pourrais pas affirmer avec certitude que vous avez raison, déclara le médecin.

– Mais vous ne pouvez pas affirmer le contraire non plus, regretta Kate.

– Nous avons observé l’activité cérébrale de chaque patient dès leur arrivée. Elle était faible mais présente. En revanche, le patient n’est pas conscient. C’est la différence avec un cas de mort encéphalique où toute activité cérébrale a disparu de manière définitive.

– Et sur l’absence de réponse à la douleur ?

– C’est ça qui m’inquiète le plus. » Cette admission lui coûtait et cela ne présageait rien de bon pour la suite. « Le coma est considéré comme une période transitoire. Généralement, il ne dure pas longtemps. Quelques jours ou semaines tout au plus. Ce n’est que rarement que le coma est prolongé. Comme vous le savez sûrement, il existe plusieurs stades. Ça peut aller d’une capacité modérée à comprendre et interagir du patient, à une absence totale de réponse aux stimuli douloureux et une abolition du système neurovégétatif, responsable des réflexes.

– Donc il serait possible que ces enfants n’aient pas réagit à la douleur, sans que ça signifie qu’ils soient… Vous voyez.

– C’est une possibilité.

– Mais ? poussa Kate.

– Mais un tel cas résulte généralement d’un accident particulièrement grave, ou d’une privation d’oxygène prolongée, d’un surdosage de médicaments. Pour ne citer que ces causes. Rien ne laisse penser qu’une telle chose soit arrivée à ces enfants. Et plus le coma dure longtemps, plus les chances de survie diminuent. Quoique cette… anomalie soit, vu les dégâts qu’elle a déjà causé, je la considère comme hautement dangereuse.

– Qu’est-ce qu’on peut espérer pour les enfants ? S’ils n’ont pas réagit à une telle douleur, qu’est-ce que ça dit de l’état de leur conscience ?

– … On ne peut qu’espérez qu’ils soient partis depuis longtemps, et qu’ils n’aient vraiment rien sentit. »

On repassera pour l’encouragement. Le spécialiste laissa les deux femmes à leurs réflexions.

« Je crois que j’ai besoin d’un verre. »

 

 

 

 

 

3

 

La sensation de l’alcool coulant le long de sa gorge ne soulagea pas Kate. Au contraire, la brûlure que cela lui provoquait n’était qu’un aperçu de ce qu’avait, ou aurait dû ressentir les enfants. Enfermées dans le labo d’Osgood, les deux scientifiques restaient silencieuses. Ressassant inlassablement les paroles du médecin. « On ne peut qu’espérez qu’ils soient partis depuis longtemps. »

« Parfois, je déteste vraiment ce boulot », soupira Kate, le regard rivé sur le liquide jaune. 

En remontant de l’infirmerie, Kate était passée par son bureau et avait pioché dans la réserve, plus si secrète, de son défunt père.

Ce n’est pas bon signe du tout, s’était inquiétée Osgood. Kate pensa la même chose quand son bras droit accepta de prendre un verre. Ce n’est vraiment pas bon signe.

« Propror… Pro… Pro-por-tion-nel-le-ment, votre métier, vous diriez que vous le détestez plus que vous ne l’aimez… ou l’inverse ? » interrogea sérieusement Osgood, dont les idées, après seulement un verre, n’étaient déjà plus très claires.

Kate tenta de ne pas rire face aux difficultés flagrantes d’élocution de sa consœur et réfléchit à la question, sans vraiment trouver de réponse.

Ça dépend des jours.

« Difficile à dire. Je déteste me sentir impuissante. J’ai l’impression que ce que l’on fait ne sert à rien. Nous ne faisons qu’attendre, c’est insupportable.

– Nous sommes des scientifiques. La patience est notre mot d’ordre.

– C’est vous qui dites ça ? Vous êtes la personne la plus impatiente que je connaisse. »

Osgood ne réprima pas le rire sincère qui lui échappa. Pas plus qu’elle ne s’excusa devant le regard étonné de sa cheffe.

« Vous êtes la personne la plus impatiente que je connaisse. »

Ce n’est que devant la mine faussement outrée de Kate que Osgood réalisa ce qu’elle venait de dire.

« Oh mon Dieu ! Désolée… Je… Je ne le pensais pas.

– On sait toutes les deux que si. Et vous avez raison. La patience n’est pas ma plus grande qualité, je le reconnais.

– Mais vous en avez d’autres ! »

Ça sonnait beaucoup mieux dans ma tête. Pourquoi ai-je l’air désespérée ?Cette fois, le visage de Kate s’illumina d’un sourire amusé. Elle comptait bien sur son silence pour pousser la jeune femme à développer.

« Hum… Ce n’est pas ce que je voulais dire. Enfin si ! Enfin, bien sûr que… vous avez d’autres qualités. Hum… pour… quelqu’un… comme vous.

– Quelqu’un comme moi ? »

La pauvre. Elle est écarlate. C’est mignon.

«Oui mmhh, quelqu’un … avec autant de responsabilités. On pourrait comprendre que vous soyez moins… enfin plus…

– Plus ou moins ? »

Elle vit que la brune aurait donné n’importe quoi pour disparaître. Aussi, elle songea qu’il était temps de mettre fin à son supplice.

« Détendez-vous, je vous taquine Osgood. »

Elle lui offrit un sourire désolé mais fier tandis quand la porte du laboratoire s’ouvrait, faisant apparaître un Sam affamé.

« Je parie qu’aucune de vous n’a mangé ? » Et comme personne ne répondait, il posa un sac plastique sur la table ». C’est bien ce que je pensais. Alors à table. Tout va bien Osgood ? Vous avez l’air…

– C’est de ma faute, intervint Kate. Celle du whisky plus exactement.

– Quoi – Vous avez bu ? Les choses doivent être encore pires que ce que je croyais.

– Vous n’avez pas idée… »

Tous les trois mangèrent en silence puis Sam, fatigué de l’ambiance pesante, lança un sujet au hasard.

« Au fait Osgood, votre projet, ça avance ?

– Mon projet ?

– Oui, celui sur lequel vous travailliez la dernière fois qu’on s’est vu. »

La chaleur envahit le visage d’Osgood et Sam regretta aussitôt d’avoir lancé ce sujet. Sur le moment, cela lui avait paru être une bonne idée mais il avait occulté le contexte dans lequel il avait été mis au courant dudit projet. La curiosité de Kate, inconsciente du malaise, fut piquée et elle n’attendit pas pour relancer la scientifique.

« Une nouvelle création d’Osgood ? J’espère que ce n’est pas une nouvelle scie laser. Je serais contrainte de vous bannir du labo pour de vrai cette fois », se moqua-t-elle.

Je ne savais pas qu’il était possible d’avoir aussi chaud. Il faudrait que je fasse des tests, pensa Osgood.

« Hum non… Je doute qu’un système de traitement d’informations puissent trancher quoi que ce soit, répondit la jeune femme, le cerveau tournant à plein régime.

– Nous en avons déjà un.

– C’est vrai. Mais je trouvais qu’il était un peu… lent. Alors… j’ai voulu l’améliorer. Avec nos archives qui augmentent tous les jours, ce n’est pas du luxe.

– Bon point. Vous l’avez terminé ?

– Non. J’ai… J’ai eu un contre-temps. Je travaillais dessus à la maison quand j’ai été… interrompue. »

Les épaules de Kate s’affaissèrent et son visage se ternit. Elle savait qu’Osgood travaillait souvent tard chez elle et évidemment, quand celle-ci évoqua ce contre-temps, elle le prit pour elle. Lorsque Gordy l’avait sollicitée pour « voler au secours de sa mère ». Osgood comprit le malentendu et s’empressa de rectifier.

« Un ami a eu besoin de moi ! Enfin, une vieille connaissance serait plus exacte. Je n’ai pas vraiment d’amis, pas au sens commun en tout cas. Quelqu’un de la Fac.

– Oh ! Tout va bien j’espère ? s’intéressa Kate, peinée d’entendre une telle déclaration.

Vous avez des amis Osgood.

« Oh oui ! Vous savez ce que c’est, besoin d’un endroit où dormir, tout ça. Quand je peux aider », expliqua-t-elle rapidement en jetant un regard à Sam.

Celui-ci mima un Je suis désolé mais se redressa aussitôt que sa cheffe se tourna vers lui.

« Comment se fait-il que vous soyez au courant avant moi Sam ? Auriez vous des sources que j’ignore ? »

Son ton évoquait clairement la plaisanterie mais Osgood ne pu s’empêcher d’y percevoir une pointe de… Jalousie ? Non ! Pourquoi Kate serait-elle jalouse ? Elle n’a vraiment pas de quoi l’être. Est-ce que c’est bizarre de dire ça ?

« Le propre des sources, Madame, c’est de rester incognito, déclara Sam sur un ton très mystérieux.

– Mmhh. Eucalyptus. »

Les yeux du militaire s’arrondirent, à la grande surprise d’Ogood. Eucalyptus ? Un nom de code ? Je suis sûre de ne pas le connaître. Pourquoi je ne le connais pas ? Et pourquoi utiliseraient-ils un nom de code ?

« Ok… Je suis juste tombé par hasard dessus un soir, quand elle travaillait au bureau. »

C’est ça. Et moi je suis la reine d’Angleterre.

« Vous mentez mieux que ça d’habitude. »

Un nouvel échange de regards s’effectua entre les deux complices qui, cette fois, n’échappa pas à Kate. Elle se remémora la gêne qu’elle avait capté chez sa collègue la veille et se sentit soudainement prise d’une vague de chaleur et d’un autre sentiment qu’elle ne déterminait pas.

« Oubliez, ça ne me regarde pas, se reprit-elle, trop sèchement au goût d’Osgood.

– Oh ! Non, non ce n’est pas du tout…

– Vous n’avez rien à expliquer.

– Non, vous ne comprenez pas… le coup de fil dont je parlais, c’était Sam. »

Si, j’avais comprit…

« Non, c’est de ma faute M’dame. Josh et moi sommes allés au bar. On a bu. Lui, surtout. Donc… j’ai demandé à Osgood si elle pouvait nous héberger », clarifia Sam, désolé d’avoir mis son amie dans une telle situation.

Ce fut rapide mais Osgood perçu le soulagement sur le visage de sa responsable. Et intérieurement, cela la rassura aussi.

« Oh ! Donc… votre arcade… devina-t-elle en désignant le visage du jeune homme.

– C’était pas une porte, admit-il enfin. A sa décharge, il tentait juste… de vous défendre.

– Me défendre ? Contre qui ?

– Un des sbires du colonel. Vous formalisez pas M’dame, ils étaient tous éméchés. Et vous connaissez Josh, il rate pas une occasion de l’ouvrir. Alors…

– Je vois, » dit-elle en réfléchissant puis une lueur de curiosité la poussa à demander : « Qu’est-ce qu’ils disaient ? Sur moi ?

– Offf… Rien de particulier. Vous savez… Il en fallait pas beaucoup à Josh pour –

– Je ne suis pas en sucre Sam. Balancez.

– … Eh bah… Il a dit que… Non M’dame, me forcez pas à le dire. »

Elle pencha sa tête, sourcil levé, l’air de dire j’en ai vu d’autres jusqu’à ce que Sam soupire en signe de reddition.

« … Il a dit que… Vous teniez tête au colonel pour…

– Pour ?

– … Pour sauver les apparences mais qu’en réalité, vous n’étiez qu’une garce qui ne demandait qu’à passer sur son bureau. »

Il l’avoua d’une seule respiration. L’accès de colère qu’il attendait cependant, ne vint jamais. Ce, à son grand étonnement et celui d’Osgood. A la place, Kate éclata de rire. Pas un rire de politesse. Non, son vrai rire.

« Moi qui espérait avoir enfin droit à une insulte digne de ce nom. Vraiment, le talent se perd. Sous les ordres de mon père, là je peux vous dire que ça y allait. Ahh… Triste époque. Quoi ?

– Ça ne vous fait rien ? s’étonna Osgood.

– Le jour où je me sentirais insultée par un tel manque d’imagination, obligez moi à consulter. Mais c’est bien… Il devrait leur être reconnaissant de le soutenir. D’essayer en tout cas. Il ne leur donne pas beaucoup de raisons de le faire. Comment va Josh ?

– Il s’en remettra. Il a la tête dure.

– Bien… Et l’autre ?

– Il doit encore être en train d’essayer de se relever. »

Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres fines tandis qu’elle reprenait son rôle de responsable.

« Que ça ne se reproduise pas. Je ne veux pas de cowboys dans mes rangs. Je laisse ça à ce cher colonel. »

Bip ! Kate sortit son portable et soupira à la lecture de l’intitulé du message. « Étude comparative des courants marins et des déplacements des baleines du Pacifique : altérations aux abords des côtes chiliennes ». Le Chili ?

« Ça a l’air… passionnant… ironisa Sam.

– Comment ça, vous, Lieutenant Sam Bishop n’êtes pas adepte des cétacés ?

– Désolé de vous décevoir M’dame.

– Ce n’est pas si –

– Madame ! Madame ! Ils se réveillent ! »

 

4

 

Réveillés n’étaient peut-être pas le terme le plus adéquat. Pas plus que conscients. Ils étaient debout, à côté de leurs lits, silencieux, le regard… vide. Pas de réaction au langage ni à la douleur.

« Madame ? Leur activité cérébrale n’a pas augmentée », établit sombrement Osgood.

Non…

Kate se refusait à croire qu’ils étaient perdus. Des êtres en devenir, de petits êtres humains, sans défense. Ils ne pouvaient pas être réduits à…

« Diego ? Diego est-ce que tu m’entends bonhomme ? » interrogea-t-elle doucement en s’accroupissant près de lui. Le petit garçon ne bougea pas. Elle prit sa main dans la sienne. Toujours gelée. « Diego, si tu m’entends, serre ma main, s’il te plaît. »

Toujours pas de réaction. Elle allait abandonner quand deux bras s’enroulèrent autour de son cou. Instinctivement, elle referma l’étreinte, caressant le dos du jeune garçon. Osgood n’aimait pas ça. Les yeux de Diego étaient grands ouverts.

Qui fait un câlin en gardant les yeux ouverts ? Non, quelque chose clochait.

« Madame, je crois que vous devriez reculer, l’avertit-elle.

– Ce n’est qu’un enfant Osgood. Et il est terrifié. »

Terrifiant serait plus approprié, corrigea intérieurement la jeune scientifique en fixant le regard vitreux de l’enfant.

« Madame, je me permet d’insister. Vous devriez vraiment reculer.

– Je crois qu’elle a raison M’dame », enchaîna Sam.

Kate se résigna et s’écarta du garçon, le tenant par les épaules. Sa gorge se noua à la vue du petit. Effectivement, quelque chose n’allait pas du tout. Et quand ils y repenseraient plus tard, ils se demanderaient encore comment tout avait pu basculer si vite.

La pensée de Kate fut interrompue par un manque soudain d’oxygène. Diego venait de resserrer ses mains autour de son cou, la maintenant à genoux, comme s’il faisait deux fois sa taille. Les mains désespérées de Kate luttaient, en vain, contre les poignets du jeune garçon. Sam et le médecin se jetèrent sur lui pour l’arrêter mais aucun d’eux ne réussit à le dégager.

La vision de Kate se troubla, si elle ne respirait pas dans les prochaines secondes, elle perdrait connaissance. Osgood paniqua à la vue de ses veines gonflées, prêtes à éclater.

Des marques inutiles mais implorantes de griffures blessèrent la peau du garçon. Que devait-elle faire ?

Les deux hommes retentèrent de la libérer en saisissant les bras de Diego mais ceux-ci étaient aussi résistants que la pierre, insensibles à la moindre attaque. Pourtant, ses yeux étaient toujours vides de toute émotion.

Au moins, il ne saura jamais ce qu’il a fait, se rassura Kate, le cerveau tournant au ralenti. Tuée par un enfant. Point positif, je ne serais plus là pour voir le sourire satisfait de cet enfoiré de Karinski.

« Il va lui broyer la gorge, s’aurifia un infirmier, déclenchant un regard noir de la part d’Osgood.

– C’est quoi ce bordel ! Comment… Il peut être… Aussi fort ! balbutia Sam entre deux efforts. Y a rien à faire !

– Vous devez faire quelque chose, il va la tuer ! retentit une autre voix que Kate distingua à peine.

– Pourquoi ça ne marche pas ?! s’indigna finalement une infirmière dont la tentative d’anesthésie venait d’échouer.

– Il n’est pas conscient », expliqua simplement Osgood, trop sidérée par la situation pour dire quoi que ce soit d’autre. Son corps était comme paralysé. « Par conséquent, vous ne pouvez pas lui faire perdre connaissance. »

Osgood…

« Osg… Aid…

Si j’avais plus de… Un voile noir recouvrit son esprit. Ses paupières se fermèrent et son corps ne devint qu’une lourde masse, seulement maintenue par les bras surpuissants de l’enfant.

Accroche toi Kate, raisonna une voix familière mais lointaine dans l’esprit de Kate. Tu as encore du travail.

Le sang d’Osgood ne fit qu’un tour. Kate va mourir. Fais quelque chose ! Elle devait trouver une solution.

Un cri général de stupeur s’échappa de l’assemblée quand le corps du petit Diego s’écrasa au sol, inerte.

« Vous avez frappé un enfant ?! s’insurgea l’infirmière.

– J’ai bien peur que ce ne soit plus un enfant depuis longtemps », rétorqua-t-elle en lâchant l’extincteur qu’elle était allée chercher en quatrième vitesse.

Elle s’accroupit au près de Kate, inconsciente et saisit son poignet à la recherche d’un pouls. Une vague de soulagement la submergea quand elle sentit les faibles battements de cœur de la blonde.

Elle est en vie.

« Kate ? Kate vous m’entendez ? »

Le médecin s’accroupit à son tour et la secoua gentiment pour la ramener parmi eux.

Tous les signaux internes se rallumèrent simultanément dans l’esprit de Kate.

De l’air. Je dois respirer.

L’ordre monta au cerveau et aussitôt, son corps se redressa dans un spasme à la recherche d’oxygène. Sa gorge s’embrasa sous l’effet de sa violente toux.

« Kate… esoin … respir…, entendit-elle. Respi… vec… moi… »

Bien que hachées, Kate voulu se raccrocher à ces paroles, s’agrippa à cette voix de toutes ses forces en saisissant le bras d’Osgood.

La jeune femme ne protesta pas et posa machinalement sa main libre sur le dos de sa collègue pour l’accompagner. Elle repensa à l’inhalateur toujours dans sa poche et le tendit vers Kate.

« Tenez. Inspirez un grand coup. »

Une main sur son cou et l’autre serrant toujours le bras d’Osgood, il fallut encore trois bonnes minutes à Kate pour retrouver un semblant de cohérence.

« Merci… » souffla-t-elle simplement en serrant cette fois la main d’Osgood dans la sienne.

Osgood sentit le corps de Kate se reposer contre le sien et quelque chose d’indescriptible se forma dans son estomac.

Elle va bien. Tout va bien.

Inconsciemment, son étreinte se resserra autour des épaules de Kate.

Tout ira bien.

5

 

Une demi heure que Kate se battait avec un infirmier, masqué, qui refusait catégoriquement de la laisser partir.

« Voulez-vous bien me laisser tranquille ? ordonna-elle d’une voix presque cassée alors qu’un homme tentait de la maintenir dans un lit.

– Votre cerveau a été privé d’oxygène pendant deux minutes Madame. Nous devons faire plus d’examens. Ordre du responsable », affirma le jeune homme, anxieux de la réaction de la blonde, connue pour ses sautes d’humeur fréquentes.

« Mon cerveau fonctionne encore assez pour savoir que c’est moi votre responsable. Je vais très bien. Ce qui n’est pas le cas de vos autres patients. Ce sont eux que vous devriez surveiller.

– Une équipe s’en occupe. Celle que vous avez montée. Et moi, j’ai reçu pour ordre de vous surveillez, vous.

– Je rêve… »

Un coup à la porte sauva le jeune infirmier de sa fureur. Une tête brune à lunette passa timidement dans l’encadrement de la porte, attendant le feu vert pour entrer complètement.

« Je vous en supplie, dites-moi que vous avez besoin de moi. »

Toujours Madame. Oh… Elle veut dire… Évidemment. Pas très raisonnable cela dit.

« Hum… Je venais voir comment ça allait. Et on a peu-être du nouveau.

– Génial ! Vous voyez, le devoir m’appelle donc allez surveillez quelqu’un d’autre.

– Désolé d’insister, Madame, mais mes ordres sont très clairs. Si je vous laisse sortir… Je suis viré.

– C’est moi qui vais vous virer si vous ne me laissez pas partir. Et qui vous a donné cet ordre ? »

Sentant qu’on parlait de lui, le mystérieux donneur d’ordres paru, tel le messie, sans manquer son occasion d’exaspérer Kate.

« Lorsque j’ai apprit que la grande Kate Stewart s’était fait mettre au tapis par un enfant de 10 ans, j’avoue, j’ai cru qu’on se foutait de moi, déclara le colonel.

– Dites-moi que je rêve… se plaignit Kate en se frottant l’arrête du nez, assise au bord de son lit.

– Si vous rêviez, je doute que ce serait pas de lui », murmura Osgood, debout à ses côtés.

Elles échangèrent un rire entendu puis reportèrent leur attention sur le nouveau venu.

« Ne vous défoulez pas sur ce pauvre homme. J’ai été catégorique, vous ne sortirez pas tant que l’on ne sera pas sûr que tout va bien. Simple mesure de précaution.

– Je suis là à supporter votre blabla incessant, c’est une preuve suffisante non ? En parlant de précaution, c’est parce que vous avez peur que je vous saute à la gorge que vous avez mis un masque ? Entre nous, fit-elle sur un faux ton de confidence, pas sûre que ce soit très efficace. »

Un éclair passa dans le regard sombre du militaire et elle s’en félicita. S’il comptait la garder prisonnière, ce ne serait pas sans quelques effusions.

« Mieux vaut prévenir que guérir, reprit-il sans soulever la remarque. Nous ne savons toujours pas comment cette chose est arrivée dans le corps de ces enfants, rien ne nous dit qu’il ne vous l’a pas transmise aussi. »

Cette hypothèse n’avait même pas traversé l’esprit de Kate et l’idée ne lui plaisait pas du tout.

« Et vous vous êtes soudainement élevé au rang de sauveur parce que ?

– Je vous l’ai déjà dit Kate, je ne suis pas un monstre. Et je n’ai pas spécialement envie de vous voir mourir. »

J’aimerais pouvoir en dire autant.

« Vous n’avez aucune autorité ici. Si je veux passer cette porte, ce n’est pas vous qui allez m’en empêcher.

– Sauf que vous n’êtes pas stupide.

– Ah ! Merci, oui, je suis au courant.

– Donc vous savez que je ne fais pas preuve de zèle mais de prudence. »

Fais chier. Je déteste quand il a raison. Ne sois pas orgueilleuse.

« Elle ne présente aucun des symptômes que l’on a pu observer chez les autres, la défendit Osgood et Kate la remercia d’un petit sourire.

– Vous en êtes sûre ? Vous étiez là ? Qui sait combien de temps cette chose a mis à agir ?

– On en a déduit que c’était quasiment instantané. Ils n’avaient presque pas bougé de leurs places quand on les a trouvé.

– « Quasiment », « presque ». Beaucoup d’approximations pour une scientifique de votre trempe. Et trop d’incertitudes pour prendre le moindre risque. Je crois que nous en avons suffisamment pris pour la journée », accusa-t-il en regardant Kate.

Espèce de –

« Maintenant, Madame, vous avez raison. Je n’ai aucune autorité. C’est vous qui avez le pouvoir.

– A vous écouter, il faudrait mettre tout UNIT en quarantaine, s’enflamma Osgood.

– Tout UNIT ne s’est pas fait attaqué par l’une de ces choses.

– Ce sont des enfants !

– Des enfants qui ont la capacité de ridiculiser des soldats entraînés sans le moindre effort, rétorqua-t-il sèchement. Et pour votre information, je compte bien ordonnez une surveillance de tous ceux qui ont été en contact avec eux.

– Vous n’avez –

– Osgood, coupa Kate. Il a raison.

– Mais –

– Non. Une guerre de pouvoir n’a rien à faire dans une situation pareille. Nous ne savons pas comment se propage cette chose donc en attendant… Je vais rester là.

– Sage décision. »

Kate fulminait intérieurement. Cet homme était tout ce qu’elle détestait. Arrogant, brutal, impulsif. Mais il avait raison.

« Ça ne veut pas dire que je vais rester là, sagement, à attendre que la réponse me tombe du ciel. Osgood, vous disiez que vous aviez du nouveau. Expliquez-moi.

– Oui ! En fait, c’est plus une théorie… qu’une vraie information.

– Une théorie ? C’est tout ce que vous avez ? Votre patronne a faillit y rester. Il nous faut plus qu’une théorie », lui reprocha le colonel.

J’étais là. Je l’ai vu suffoquer. Vous n’avez pas la moindre –

« Si vous avez une brillante idée à nous soumettre Colonel, commença Kate, c’est avec plaisir. Dans le cas contraire, je crois que vos… compétences, seront plus utiles ailleurs. »

Si les yeux pouvaient tuer, elle serait probablement morte. Heureusement pour elle, Osgood n’avait encore rien inventé de tel. Aussi, comprenant qu’il n’était plus le bienvenu – si tant est qu’il l’ait un jour été – le colonel se retira.

« Je hais cet homme.

– Ce n’est pas moi qui dirait le contraire. Cela dit, il n’a pas tort. Ce n’est qu’une théorie, rien de –

– Toutes les grandes découvertes n’étaient à l’origine que des théories. Ou des accidents. Dites-moi.

– Très bien… Ce qu’il s’est passé… avec Diego… Le fait qu’il ne réagisse à aucune stimulation, ni à l’anesthésie, et pourtant qu’il soit capable d’une telle… violence. C’est comme s’il n’était qu’un… un objet. Je veux dire, il n’était pas conscient, pourtant il a bougé. Mais parce qu’il n’était pas conscient, on ne pouvait pas l’assommer.

– Mais vous, vous avez réussi.

– Non. Parce que par définition, c’est impossible. Mais effectivement, il ne bougeait plus.

– Où – Où vous voulez en venir ?

– Et s’il répondait aux ordres de quelqu’un ? Il ne bougeait pas, ne parlait pas, ne clignait même pas des yeux. Pourtant, subitement il s’est levé et vous a attaquée. »

Kate frissonna au souvenir des mains de l’enfant autour de son cou.

« Mais il respirait.

– Parce que physiquement, il était en vie. Son corps était vie. Mais son esprit lui…

– Donc, vous pensez que s’il a arrêté de bouger quand vous l’avez frappé, c’est parce que… quelqu’un a arrêté de l’utiliser ? Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Comment est-ce que ce serait même possible ? On a retrouvé aucune puce, aucune preuve que quelque chose ait intégré leur organisme, si ce n’est ce 24e chromosome.

– Je ne dis pas que c’est ce qu’il se passe, et je n’ai pas la moindre idée de la manière dont ce serait possible. Mais vous l’avez dit vous-même, personne, à notre connaissance, n’a les moyens de créer de l’ADN de cette manière. Et pourtant, le fait est que quelqu’un a réussi. Alors qui sait ce dont ce chromosome est capable ? »

La terrifiante réflexion d’Osgood fut interrompue par le retour de l’infirmier, ainsi que tout un attirail d’instruments médicaux. Kate comprit que les prochaines heures seraient loin d’être plaisantes.

« Je ferais mieux de vous laisser.

– Non, attendez. Je… Je vais devenir dingue si je reste là une minute de plus à ne rien faire. On pourrait… plancher sur votre théorie ?

– … D’accord, accepta-t-elle avec un sourire enthousiaste.

– Mais avant, est-ce que vous pourriez… M’aider.

– Avec plaisir ! Mais hum… vous aider à quoi ?

– A installer tout ça », dit-elle simplement en désignant le matériel de contrôle avant de jeter un regard noir à l’infirmier.

Elle savait qu’il n’y était pour rien et que c’était puéril de sa part mais y voyait une forme de protestation contre sa captivité. Car oui, elle se considérait comme prisonnière de sa propre organisation.

« Oh… Heu… Bien sûr. »

Aussitôt seule avec Kate, elle entreprit d’organiser les instruments par ordre d’utilisation. Ce qui ne manqua pas de faire sourire sa collègue. Une fois prête, elle se tourna vers la blonde et sentit ses joues chauffer quand son regard s’arrêta sur la chemise de celle-ci.

Je vais devoir… Ok. Je peux le faire. Ce n’est pas bien difficile.

« Hum… Vous… Vous allez devoir… articula-t-elle en désignant le haut de Kate.

– Oh oui bien sûr ! »

La jeune scientifique ne quitta pas les mains délicates de Kate lorsqu’elle défit les boutons de son chemisier, dévoilant progressivement sa peau nue. Elle ne se rendit compte qu’elle la fixait que lorsque Kate se racla la gorge, signe qu’elle était prête.

« Bien ! Attention, ça risque d’être froid.

– Bien reçu. »

Le contact de ses doigts sur la peau de Kate lui provoqua une sensation inconnue. Une sorte de chaleur, agréable qui lui parcouru le corps. Elle pouvait sentir les battements de cœur sous sa main lorsqu’elle appuyait l’instrument pour le coller. Jamais elles n’avaient été aussi proches ni… intimes.

Sa peau est tellement douce.

Kate, quant à elle observait avec attention les marques de concentration sur le visage d’Osgood. Des yeux fixes, des mains sûres, une ride solitaire qui fendait son front et une telle… délicatesse dans ses gestes. C’était… captivant.

« Merci, déclara-t-elle à mi voix, par peur de briser le moment de complicité.

– Je vous en prie. Il reste encore pas mal de câbles à brancher mais je vais faire ça vite.

– Non je veux dire… Merci pour ce que vous avez fait quand…

– Oh. Vous n’avez pas à me remercier. J’ai été trop lente. On a bien faillit vous – »

La main de Kate se posa sur la sienne, appuyée sur le cœur de la blonde.

« Vous m’avez sauvée la vie. Si vous n’aviez pas été là… Merci. »

Les yeux d’Osgood se posèrent sur le cou de Kate, terriblement meurtri et son cœur se serra.

Ce n’est pas passé loin.

Puis elle vit leurs mains jointes et ses lèvres s’étirèrent en un discret sourire.

« Il n’y a vraiment pas de quoi Madame. »

Ne fais pas ça Kate. Tu sais comment ça va finir.

Notes:

La musique s'appelle "Pure as the driven snow" et est chantée par Rachel Ziegler.

Désolée... Comme vous le voyez, je ne suis pas trop dans le " tout est beau, tout est rose ". Mais je suis partisante du fait que c'est ce qui rend les choses excitantes.
Et n'est-ce-pas finalement dans les pires moments que la tendresse se doit d'être la plus forte ? Pas de réconciliation sans bagarre, pas de paix sans chaos.

J'espère que vous avez aimé et au risque de pousser, faites-moi savoir ce que vous en avez pensé ! ;)

Sorry, as you can se, I'm not into the sweet-candy-kind-of-world. But I'm a believer that's what makes things exciting.
And isn't it ultimately in the worst moments that tenderness must be the strongest ? There can be no reconciliation without a fight, no peace without chaos.

I hope you enjoyed it, and at the risk of pushing, let me know what you think of it ! ;)

Chapter 6: The weight of the world can be heavy

Notes:

Hey ! J'espère que votre semaine se passe bien ! Je pense avoir trouvé mon rythme, un chapitre le jeudi et un le dimanche. Les joies d'avoir une emploi du temps qui change sur deux semaines... J'espère que ça vous convient.

Si vous vous rappelez bien, nous avions laissé nos enfants ET nos héros dans une salle position. Espérons que les prochaines heures offrent leur lot de réponses...

Bonne lecture !

Hey ! I hope your week is going well. I think I've found my rythm. One chapter on thursday and one on sunday. The joy of having a two-week timetable. Hope this is okay.

So, if you remebered, we left our children AND heros in a really bad place. Let's hope that the following hours bring its share of answers.

Enjoy !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

« Don’t keep it a secret when deep down you’re hurtin’

Just open the curtains

No, it’s not a weakness to share all your burdens

The weight of the world can be heavy »

 

1

 

Le rapport des spécialistes en faune maritime n’était pas alarmant, pour le moment. Cependant, ce qu’il relevait pouvait dans un avenir relativement proche devenir inquiétant.

Les données avaient montré un rapprochement de mammifères marins des côtes chiliennes. Qu’est-ce qui pouvait bien pousser ces animaux à modifier leur trajectoire habituelle ?

Sa lecture fut interrompue par un bruit sur sa gauche. Un gémissement. Osgood ne l’avait pas quittée mais s’était finalement endormie sur le fauteuil à côté du lit.

Elle rêve.

Un autre gémissement.

Un bon on dirait. Chanceuse.

Ensemble, elles avaient parcouru les Black Archives à la recherche d’informations. Plusieurs pistes intéressantes mais rien de comparable à leur situation actuelle.

« La manipulation mentale est assez fréquente avec les extra-terrestres, avait rappelé Osgood. Les Cybermen évidemment, privent leurs victimes de tout contrôle en les réduisant à l’état de machine.

– Sauf que ce n’est pas le cas ici.

– Pas physiquement mais fondamentalement, ça revient au même. Diego ne bougeait pas et subitement…

Oui… souffla Kate en levant inconsciemment sa main à sa gorge. Qu’est-ce qu’on a d’autres ? Qui impliquerait la possibilité de revenir en arrière ? » demanda-t-elle avec un faux espoir.

La jeune scientifique avait fait défilé les archives encore quelques temps.

« Transféreur d’esprit antibusien ? Whoa, je l’avais oublié lui.

– A quoi ça sert ?

– Échanger deux esprits.

– Oh.

– Quoi ?

– Je m’imaginais être dans l’esprit de Josh, répondit Kate amusée.

– Oh, en effet. Bien, si ça peut vous rassurer, ça n’échange que les esprits donc, vous garderiez le votre mais dans son corps.

– Ça pourrait être amusant.

– Ça pourrait. Mais imaginer son esprit dans votre corps le serait beaucoup moins. »

Kate arqua un sourcil tandis qu’un sourire espiègle lui fendait le visage. La gêne envahit à nouveau le corps d’Osgood.

Elle va finir par croire que c’est ma couleur naturelle.

« Je veux dire… Imaginez Josh au téléphone avec le Premier Ministre.

– Je paierais cher pour voir ça. Je me demande lequel des deux sauterait au cou de l’autre en premier ? »

Elles semblèrent sérieusement réfléchir à la question avant de se mettre d’accord.

« Le premier Ministre. »

Elles partirent d’un même rire qui prit fin quand leurs regards s’accrochèrent.

La manière dont ses yeux brillent quand elle rit est fascinante, se dit Kate avant de se racler la gorge.

« Je crois vaguement me rappeler de vous en train de parler d’un objet capable de modifier l’équilibre psychique d’un individu.

– Oh oui ! L’astromodulateur ! »

Et la voilà repartie.

« Le docteur, dans sa troisième régénération, l’avait créé avec le Professeur Miko Vetich, mais on ne l’a jamais retrouvé. J’ai tenté de le recréé mais… ça ne s’est pas exactement passé comme prévu, avoua-t-elle en se trouvant un soudain intérêt pour les lacets de ses chaussures.

– Je crains le pire.

– Et bien, j’avais fait une légère erreur de calcul et… et bien… disons que McGuillop a pu redécouvrir les années 60 de manière… très approfondie.

– Quoi ?

– Croyez moi, vous n’avez vraiment pas envie de le voir dans cet état. C’était beaucoup moins drôle que ça en à l’air. Et j’ai eu beaucoup de mal à le convaincre de rejouer les cobayes après ça.

– Sans blague. Rappelez-moi de ne jamais vous laissez tester quoi que ce soit sur moi. Simple précaution. Je n’ai pas envie que vous me transformiez en chèvre ou je ne sais quoi d’autre en jouant avec mon cerveau » déclara-t-elle avec humour.

Osgood considéra la possibilité avant de secouer la tête.

« Pas en chèvre. Mais en âne peut-être.

– Un âne ? Oserais-je demander pourquoi ?

– Vous êtes déjà têtue comme une mule alors, ça ne vous changerait pas trop. C’est d’ailleurs un miracle que vous ayez accepté de rester ici. Je me suis même demandée si vous n’aviez pas vraiment été affectée. »

Kate prit un air faussement choqué.

Petite effrontée.

Elle s’apprêtait à lui balancer une de ses remarques dont elle avait le secret mais changea d’idée en voyant un voile noir passer sur le visage d’Osgood.

« Je sais que je suis reconnue pour mon sale tempérament mais je ne suis pas aussi susceptible que j’en ai l’air, la rassura-t-elle.

– Mmhh ?

– Osgood, tout va bien ?

– Désolée… C’est juste… »

Elle souffla, incapable d’exprimer sa pensée.

Je ne saurais même pas comment le lui dire. Comment lui dire que je suis terrifiée à l’idée qu’elle puisse…

«J’ai retrouvé une archive concernant un collier de contrôle mais… ça ne colle pas. En revanche… Oui, ça c’est plus intéressant », enchaîna-t-elle en lui montrant sa tablette, ne se faisant pas assez confiance pour se risquer à une telle conversation.

Kate sembla le comprendre et n’insista pas.

« Un re-séquenceur biologique ? Permet de changer… d’espèce ?! 

– C’est ce que le Docteur a utilisé dans sa 10 régénération pour fuir la Famille du Sang.

– Oh exact ! Je me rappelle maintenant. Ce doit être… désagréable, supposa-t-elle en lisant la description.

– Plutôt oui. C’est comme si votre corps se mettait à brûler. Ce qui est logique puisque toutes les cellules se régénèrent.

– Ça pourrait coller non ?

– Mmh, j’en doute. Il permet de changer d’espèce. Or, les enfants étaient toujours humains. De plus, le docteur avait perdu la mémoire, s’était créé une nouvelle vie. Rien à voir avec… ça.

– Très juste... Oh ! Un codeur ADN. Ça, ça pourrait coller. Permet de se déguiser en régulant ou modifiant l’ADN. Plutôt prometteur ?

– Sauf que je vois mal comment ce codeur permettrait un contrôle de cette ampleur.

– Vous êtes censée être la plus optimistes de nous deux.

– Désolée… »

La blonde lui offrit un sourire, lui signifiant qu’elle n’était pas sérieuse. Ses sourcils se froncèrent quand l’évidence la frappa de plein fouet.

« Ce n’est peut-être pas le cas.

– Je vous demande pardon ?

– Ce n’est pas le codeur qui permet le contrôle. Du moins, pas directement. Il altère l’ADN. En l’occurrence, il créé un 24e chromosome. C’est peut-être lui, la source du contrôle ? »

Ce n’était pas énorme, mais c’était déjà un pas en avant. Un chromosome qui, d’une manière ou d’une autre, rendait l’individu sensible à un contrôle mental.

La question étant, à partir de quoi l’avait-on créé ? Aucun être vivant n’avait de tel gène. Certaines espèces pouvaient certes, altérer l’état de conscience mais à ce point ? Aucune. Aucune à leur connaissance.

Trois bonnes heures s’étaient écoulées depuis cet échange et qu’Osgood s’était endormie. Contrairement à Kate qui n’avait pas pu fermer l’œil. Elle sentait que quelque chose de grave se préparait, sans savoir quoi. Elle avait apprit il y a longtemps, et à ses dépens, à toujours se fier à son intuition.

C’était probablement le plus inquiétant. Savoir que quelque chose arrivait sans pouvoir le nommer, et donc, l’empêcher. D’autant que la simple idée de pouvoir subir le même sort que les enfants la faisait frissonner.

Quitte à ne pas dormir, autant se rendre utile.

Bercée par la respiration régulière de sa collègue, Kate laissa tomber son rapport soporifique et effectua quelques recherches. Qui sait, peut-être trouverait-elle quelque chose d’intéressant.

A la lecture de certains articles, son sang se glaça. C’était une chose de savoir que certains événements s’étaient produits. C’en était une autre d’en lire les détails. Depuis qu’elle travaillait à UNIT, elle avait été témoin de choses qu’elle pensait impossibles. Certaines éblouissantes et d’autres beaucoup moins. Mais rien ce sera jamais aussi terrifiant que les atrocités résultant de sa propre espèce.

Elle était fière d’être humaine. Des êtres prodigieux avaient foulé la même terre qu’elle et de leurs combats et découvertes étaient nées certaines des avancées les plus importantes.

Cependant, comme pour tout, il y avait un revers à la médaille. L’Humanité avait, à plusieurs reprises, démontré qu’elle n’avait rien à envier à ces homologues extra-terrestres en matière de cruauté.

Elle se sentit soudainement terriblement impuissante et seule. Elle aurait voulu voir ses enfants, les serrer contre elle et s’imprégner de leur aura rassurante.

Lorsque l’ampleur de sa responsabilité lui tombait dessus, une simple pensée vers ses garçons et elle se rappelait pourquoi elle faisait tout ça.

Elle aurait aussi voulu en parler à Osgood. Mais elle semblait si paisible, endormie, inconsciente du danger qui rôdait.

Est-ce qu’elle sourit ?

Le corps plus vif que l’esprit,Kate se redressa, leva sa main vers le visage de la brune puis hésita.

Sa peau semble tellement douce.

Elle ignorait d’où venait ces pensées mais elles l’envahissaient de plus en plus souvent. Dès qu’elles étaient ensemble en fait.

Ne fais pas ça. Tu vas encore te brûler.

Finalement, elle se risqua à replacer une mèche de cheveux derrière l’oreille d’Osgood et y laissa sa main plus que de raison.

Tellement calme.

Un mélange de surprise et de tendresse la submergea quand la jeune femme s’appuya contre sa main. Un coup à la porte la fit cependant sursauter et elle se recula.

Ressaisis-toi Stewart.

Le jeune infirmier réapparut, toujours masqué, mais le regard inquiet. Le moment de répit était finit.

« Qu’est-ce qui se passe ? »

 

2

 

« Des prions ? On dirait un nom de gâteaux des années 90 », plaisanta Carter.

Après la bombe lâchée par l’infirmier, Kate et Osgood – dont le sommeil n’avait pas résisté – avaient prévenu le reste de l’équipe. L’infirmier avait protesté mais Kate, persuasive comme jamais, avait obtenu gain de cause. Unique condition, que tout le monde porte un masque. Plus les heures passaient, plus elle doutait avoir jamais été contaminée mais prudence étant mère de sûreté, elle se pliait aux restrictions.

Aussi, Osgood avait jugé utile de faire descendre leur tableau et d’improviser un bureau dans la chambre de sa cheffe. Ce n’était pas l’idéal, mais cela suffirait.

« Des gâteaux capables de transformer votre cerveau en véritable gruyère », corrigea Kate sans humour.

La gorge de Josh devint sèche et il se tut.

« En quoi ça consiste, Madame ? » demanda Vikram. 

Prenant un marqueur, elle trouva une place libre au tableau et illustra ses propos. Osgood aurait juré voir un petit sourire au coin des lèvres de la blonde. Ce n’était pas surprenant. Kate lui avait déjà fait part de son attrait particulier pour la neurobiologie.

« Les prions sont d’origine animale. Ce sont des protéines qui constituent naturellement les cellules. Elles sont inoffensives pour l’Homme. Sauf qu’il existe une forme altérée de ces prions, beaucoup plus dangereuses. Les prions pathogènes.

– D’où est-ce que ça vient ?

– On ne sait pas exactement. Pour que la protéine soit fonctionnelle, elle doit se replier dans sa structure tridimensionnelle caractéristique. Chaque protéine commence sous forme de polypeptide – »

Un raclement de gorge d’Osgood interrompit son explication. Trois paires d’yeux la dévisageaient tandis que Osgood retenait un sourire.

Oh. C’est donc ça qu’elle ressent ? Ce doit être tellement frustrant !

« Hum… Pour faire simple, ces formes altérées, lorsqu’elles intègrent notre système, et plus particulièrement notre cerveau, peuvent causer plusieurs maladies neurodégénératives mortelles. Telles que des encéphalopathies spongiformes. Ces protéines déficientes, une fois dans le cerveau, créé des plaques amyloïdes dans les espaces intercellulaires. »

Un regard complice vers Osgood et celle-ci comprit que ce n’était que pour la frime.

Il y a trop longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de faire ça. Autant en profiter un peu.

« Le fameux gruyère », précisa-t-elle enfin, ce qui lui valu un long Ahh de compréhension.

Osgood, quant à elle, sentait l’excitation monter. A nouveau, Kate semblait dans son élément, son vrai élément. Elle trépignait.

« D’accord… Mais hum… En quoi… En quoi c’est une bonne nouvelle ? interrogea Sam.

– C’est loin d’être une bonne nouvelle. Mais ça nous donne une idée de ce qu’on recherche. »

Elle schématisa, le plus simplement possible, la coupe horizontale d’un cerveau.

« Ça – désigna-t-elle sur le schéma – c’est votre cortex pré-frontal. Il est découpé en deux parties, la partie latérale, ici. Et la partie médiane, juste là. La partie latérale gère le contrôle cognitif de la prise de décision. »

Osgood était fascinée par la manière dont les muscles de la gorge de Kate se mettaient en mouvement lorsqu’elle parlait. Elle remarqua également un tic auquel elle n’avait jamais prêté attention.

Lorsque Kate partait dans ses explications, elle remettait à intervalle régulier, une mèche derrière son oreille. Ce, même quand la mèche en question n’avait pas bougé.

« Donc ça va prendre en compte hum… votre environnement, le contexte dans lequel vous vous trouvez, les éventuels dangers. Tout ça va vous permettre d’apprécier la situation et d’y réagir.

– Et c’est là qu’intervient la partie médiane, continua Osgood.

– Exactement ! La partie médiane de votre cerveau gère votre motivation. Donc, plus vous aurez d’informations sur votre environnement, plus vous serez enclin ou non à réagir. Exemple : Josh, imaginez que vous êtes en vol, vous n’avez pas de visibilité, qu’est-ce que vous faites ?

– Hum… Rien. Enfin, je maintiens une allure lente le temps d’avoir de meilleures conditions.

– Recherche d’informations. Cortex latéral. Admettons que vous voyez un mur en face de vous ?

– Je vire.

– Précisément, acquiesça-t-elle en claquant des doigts. Cortex médian. Prise de décision. Plus vous avez d’informations sur ce qui vous entoure, plus vous serez capable de réagir.

– Incroyable ! s’exclama le pilote.

– Félicitations Capitaine. Vous venez de découvrir comment fonctionne votre cerveau. »

Il n’y avait aucune ironie, aucun sarcasme dans sa remarque. C’était sincère. La compréhension du corps humain était tout simplement jouissive.

« Ça nous paraît tellement évident qu’on ne s’en rend même pas compte. Maintenant, imaginez qu’on supprime tous ces biais cognitifs », reprit-elle en rayant la partie latérale du cortex. « Vous n’avez plus aucun moyen de percevoir ce qui vous entoure. Résultat, plus de motivation, et donc plus de réaction. Vous n’êtes plus capable de rien. Et ça, c’est précisément ce que font les prions. Ils entraînent d’importants troubles cognitifs.

– Et c’est ça, les p’tits points noirs qu’on voit là dessus ? » demanda Vikram en montrant les scanners et Kate acquiesça. «  Bah merde… 

– En pratique, ce genre de séquelles se développe dans le temps. Mais… après tout ce qu’on a vu, je ne serais pas étonnée que quelqu’un ait réussi à accélérer le processus.

– D’accord, d’accord mais… y a un sacré pas entre transformer un gamin en légume, et ensuite, le rendre aussi puissant que Terminator, releva Sam.

– Notre théorie, enchaîna Osgood, surexcitée, c’est que le 24e chromosome rend son porteur… disons… réceptif à une forme de contrôle mental. Et, s’il est bien comme nous le pensons, d’origine animale, les prions pathogènes contenus dedans intégreraient l’organisme, remonteraient jusqu’au cerveau et altéreraient les biais cognitifs des victimes. Les deux combinés permettraient au porteur de recevoir un ordre, sans être capable de refuser de l’exécuter. »

Un silence tomba sur l’assemblée. Si c’était vrai, c’était démentiel.

« Le seul problème, reprit Kate plus sombrement, c’est que les prions ne font pas qu’altérer les biais cognitifs. Je vous l’ai dit, ils entraînent des maladies mortelles parce que, à terme, ils détruisent le cerveau. Or, le porteur doit rester un minimum conscient pour pouvoir recevoir l’ordre et l’exécuter.

– Ça veut dire…

– Ça veut dire que ces enfants vont mourir », déclara-t-elle la gorge serrée.

Vikram fut le plus sonné. En tant que militaire, il en avait vu des tragédies. Et les enfants tenaient une bonne place dans sa liste. C’était quelque chose qu’on n’oubliait pas.

« Ça n’a pas de sens, grogna-t-il. Pourquoi ? Pourquoi quelqu’un s’auto-saboterait ?

– Ce n’est pas du sabotage, répondit Kate. C’est une expérience. Quelqu’un en a eu marre de la théorie et est passé à la pratique.

– Sur des enfants ?

– … Malheureusement… Ce sont des individus psychologiquement plus faibles. Donc…

– Donc des sujets présentant de meilleures chances de succès », conclu Osgood, voulant épargner sa cheffe.

Deuxième coup de massue.

« Mais… Y a forcément un moyen de les sauver, maintenant qu’on sait ce que c’est ? Non ?

– Si seulement c’était aussi simple. De un, ce n’est qu’une théorie. Nous devons réanalyser ce chromosome pour tenter d’identifier l’espèce dont il provient. Elle n’est clairement pas terrestre et… très sincèrement, je doute que ça donne quoi que ce soit. »

« De deux, ces enfants ont subi une modification génétique particulièrement violente. Rien ne nous dit qu’ils seront capables de supporter ça une deuxième fois. Si tant est qu’on sache même comment s’y prendre.

– Sauf qu’on sait modifier l’ADN, déclara Sam. Et quand je dis « on »… je parle de vous. C’est courant maintenant, non ?

– On sait modifier l’ADN mais ça pose encore beaucoup de problèmes au niveau technique et éthique. Et surtout, on parle de  modification génétique. »

« Modifier la couleur des cheveux, ou des yeux ou… ou même modifier certains gènes pour traiter une maladie, c’est une chose. Là… ce serait supprimer un chromosome entier. C’est sûrement possible mais… rien ne nous dit que le reste n’a pas été aussi modifié, d’une manière qu’on n’aurait pas remarqué. Peut-être… Peut-être que supprimer ce chromosome endommagerait les autres et entraîneraient des séquelles irréversibles. Et je ne risquerais pas… »

Sa gorge se serra rien qu’à l’idée de leur infliger encore une telle souffrance. Elle prit le temps de calmer la boule d’angoisse qui se formait dans son estomac. Osgood la regarda avec un sourire encourageant.

Ce n’est pas le moment de flancher.

« Et de trois… quand bien même on réussirait… il y a de grandes chances que leurs cerveaux… qu’il ne reste rien à sauver. Alors… Je ne prendrais pas le risque de les faire souffrir d’avantage, sur la base d’une simple théorie, si de toute façon, ils sont condamnés. Ils ne sont plus conscients, ils partiront sans douleur.

– Donc… qu’est-ce qu’on fait ?

– … On refait les analyses, on cherche dans les archives. Tout ce qui a trait, de près ou de loin au contrôle mental. N’importe quoi. Et nous, continua-t-elle en s’adressant à Osgood, on va s’entraîner à découper de l’ADN ».

 

3

 

Kate dû se soumettre à une nouvelle batterie de tests – tous ressortis négatifs – avant d’enfin pouvoir sortir. Elle soupçonnait que le colonel ait fait du zèle seulement pour se venger.

Tellement puéril. Tellement lui.

Finalement, elle et Osgood purent plancher sur leur problème biologique.

« Tenez, vous en avez besoin. Alors ? »

Kate, jusque là absorbée par sa lecture, accepta de bon cœur le café qu’Osgood lui tendait.

« Merci. Alors… Plusieurs possibilités. Aucune pleinement satisfaisante. »

La chaleur du liquide lui fit du bien et ses épaules tendues se relâchèrent un peu. Osgood sentait qu’elle devait dire quelque chose, remonter le moral de Kate. Déjà deux heures avaient passé depuis que celle-ci s’était plongée dans les rapports scientifiques détaillant le processus de manipulation génétique.

La sachant concentrée sur sa lecture, Osgood s’était de son côté, mise en quête d’une autre solution. Une qui n’impliquerait pas de jouer avec l’ADN d’êtres vivants, de préférence.

« Quelque chose d’intéressant ? enchaîna Kate en désignant les feuilles que tenait Osgood.

– Peut-être…

– Quel enthousiasme…

– Désolée. C’est juste que… j’ai l’impression que… que c’est mal. Qu’on fait du bricolage, vous voyez ? Quelque chose…

– De malsain. Oui, je vois très bien ce que vous voulez dire… Je n’aime pas ça non plus. On avance à l’aveugle, on suppose. Il nous faut du concret.

– Vous allez essayer ? »

Pas de réponse. A la place, le profond regard noisette de Kate, perdu dans le vide. Osgood comprit que ce n’était pas la manipulation en tant que tel qui faisait hésiter Kate. C’était la peur de l’échec. Et si détruire le chromosome détruisait le reste ?

« Vous y arriverez », la rassura-t-elle avec un sourire sincère.

Toujours pas de réaction.

« On va y arriver Kate. »

Cette fois, c’était une promesse et le regard de Kate se fixa au sien.

« Dites-moi ce que vous avez trouvé, déclara-t-elle enfin.

– A quel point êtes vous calée en nanotech ?

– Hum… J’admets avoir peut-être séché quelques cours.

– Dommage », regretta Osgood avec humour.

Elle a sourit. C’est un bon début.

La jeune femme s’approcha d’un tableau vierge et réfléchit à la meilleure façon d’aborder le sujet.

« Notre médecine actuelle est encore assez primitive en terme de nanotechnologie. On sait l’utiliser pour acheminer des matériaux tels que des médicaments vers une zone précise mais ça reste un acheminement passif. »

« On utilise les champs électromagnétiques ou des réactions chimiques et biologiques mais l’idée, aujourd’hui, c’est de rendre ces transporteurs actifs.

– Les nanobots.

– Exact. Heureusement pour nous, nous disposons déjà de cette technologie extra-terrestre. Mais je voulais vous remettre dans le bain.

– Gentille attention, remercia Kate avec son fameux sourire en coin. Je vous en prie, continuez ».

Osgood redressa ses lunettes déjà parfaitement droites avant de poursuivre.

« Donc, nos nanobots sont aujourd’hui capables de soigner la plupart des blessures. C’est assez fascinant à observer au microscope. Une armée de petits robots en train de vous réparer.

– Ça sonne définitivement comme du bricolage.

– Du bricolage particulièrement méticuleux. Ces nanobots intègrent une cellule pour administrer un traitement, directement à la source du problème.

– Et pour notre passager clandestin ? »

Marqueur en main, la scientifique s’empressa de schématiser son idée.

« Ça, c’est notre cellule, avec notre séquence ADN. Et ça, c’est notre chromosome. On pourrait programmer des nanobots actifs pour atteindre cette partie de l’ADN et la détruire. L’avantage, comparer à la manipulation génétique, c’est qu’on ne risque pas de faire interférer les gènes entre eux.

– Je crois entendre un mais ?

Mais, il existe toujours le risque d’endommager le reste de la séquence. »

Kate souffla d’exaspération.

Trop d’incertitudes.

« Vous ? » embraya Osgood pour encourager la blonde à lui partager ses hypothèses.

C’eut l’effet escompté puisque celle-ci finit par se lever, prit délicatement le marqueur des mains d’Osgood, laissant sa main traîner quelques secondes de plus – si douce – puis prit place près du tableau.

« Hypothèse n°1, commença-t-elle en écrivant, on tente de supprimer le chromosome dans son entier en utilisant la méthode du CRISPR / Cas 9. L’idée, c’est de guider notre protéine Cas 9, qui va servir à couper la séquence ADN, via notre guide RNA. On le synthétise en labo pour le rendre complémentaire avec la séquence à couper, pour qu’il la retrouve. Une fois le gène coupé, la séquence se régénère, poursuivit-elle en dessinant. Généralement la réparation génère des erreurs qui rendent inactifs les gènes.

– Des gènes dormants ?

Yep. Sauf que… comme on ne sait pas le lien, s’il y en a bien un, entre ce chromosome, et le reste de la séquence, rien ne nous dit que que ça va durer dans le temps. Peut-être qu’il existe une sorte de… software dans l’ADN qui permettrait aux gènes de se réactiver. Ou même de se réparer correctement.

– Ce serait brillant ! Désolée…

– Ce qui nous conduit à l’hypothèse n°2. »

« Toujours la même technique de base. La plus efficace en terme de modification génétique. Sauf que cette fois, on utilise la recombinaison homologue. On garde notre 24e chromosome mais on remplace les gènes qui le constituent. »

La voix de Kate était monotone. Toute exaltation l’avait quittée.

Si seulement les circonstances étaient différentes, pensa Osgood. Je ferais n’importe quoi pour la faire sourire à nouveau.

« En quoi ça consiste ?

– On intègre à notre cellule guide un modèle de réparation. Quand le gène cible sera détruit par notre protéine, il va s’auto-réparer en se calquant sur la séquence modèle. Résultat, on a toujours notre chromosome, fonctionnel, relié au reste de la séquence, mais parfaitement inoffensif. En théorie.

– Ça pourrait marcher. Par quoi le remplacerait-on ?

– Tout ce qui ne risque pas de transformer la population en marionnettes. Désolée. C’est juste… Pourquoi ça ne peut jamais être simple… » regretta-t-elle en se passant nerveusement la main sur le visage.

Dis quelque chose !

« On va tout essayer. Si ça ne marche pas, on trouvera autre chose. Ces enfants sont peut-être condamnés mais si on peut éviter que d’autres soient victimes de cette chose, ça en vaudra la peine, encouragea Osgood en risquant une main timide vers l’épaule de sa collègue. N’abandonnez pas Kate. »

Leurs regards s’accrochèrent à nouveau. Une sensation de flottement. Aussi agréable que perturbante.

Pourquoi tu t’infliges ça Tu ne le supporteras pas, se réprima Kate.

L’incertitude la poussa à se taire jusqu’à ce qu’un éclat pétille dans ses perles sombres. De la détermination. Elle rendit son sourire à Osgood avant de claquer dans ses mains. Le moment était passé.

« Vous avez raison. Ce n’est pas en se morfondant qu’on va trouver une solution. »

Les deux femmes s’attelèrent donc à la tâche de récupérer tout le matériel dont elles auraient besoin pour leur première tentative. Elles évoluaient entre les microscopes et les différents systèmes servant à amplifier, séquencer et synthétiser l’ADN.

Kate voulait utiliser la méthode des phosphoramidites, la plus avancée et rapide en terme de création d’ADN. A cette époque, la lecture d’ADN était plus avancée que sa création. Pour autant, quelques techniques avaient émergé lors des quarante dernières années. Posant souvent des questions d’éthique quant aux expériences menées.

Ce qui rendait la présente opération délicate, était que l’origine des gènes présents dans le 24e chromosome était inconnue. Donc, il leur était difficile, pour ne pas dire impossible, de prévoir la réaction qu’elles obtiendraient.

Après l’amplification de l’ADN prélevé, réalisée pour assurer des réserves qui serviront à ses futures tentatives, Kate s’était concentrée sur la phase de séquençage pour isoler le chromosome du reste de l’ADN.

Il était rare de la voir porter une blouse blanche. Aussi, Osgood se surprit à la contempler pendant qu’elle travaillait. Ensemble, elles avaient établit leur ligne de conduite puis s’étaient mises d’accord pour laisser Kate s’occuper de la manipulation tandis que Osgood commencerait avec les nanobots.

Là, assise, droite comme un I sur son tabouret, Kate semblait absorbée par ce qu’elle faisait et Osgood réalisa que c’était l’une des rares fois où elles travaillaient ensemble de cette manière. Pour son plus grand plaisir.

Elle observa les boucles blondes tomber lâchement sur le tissu de sa blouse. Sa respiration était régulière, si ce n’était peut-être un peu retenue. Elle se détournait parfois de sa tâche pour noter quelques observations ou placer ses échantillons dans telle ou telle machine, mais jamais elle ne sortait de son état de concentration.

Il y avait quelque chose d’apaisant à la regarder travailler. Puis le sentiment de plénitude que Osgood ressentait laissa place à une chaleur étouffante quand l’objet de ses contemplations leva les yeux vers elle. Les lèvres de Kate s’étirèrent et son sourcil s’arqua légèrement.

Faites qu’elle n’ait pas trouvé ça bizarre.

Ses prières furent exaucées puisque la scientifique ne fit aucune remarque. Elle se contenta de reporter son attention sur sa mission et inspira longuement.

« Souhaitez-moi bonne chance. A toi de jouer petite protéine. »

Bonne chance.

Une irrépressible envie de se tenir près de Kate la submergea tandis que celle-ci implantait la séquence guide dans la cellule porteuse d’ADN. Elle voulait la soutenir et être aux premières loges pour voir le résultat mais elle réprima ce besoin.

Elle est déjà suffisamment à cran. Je ne ferais qu’accentuer sa pression.

Au lieu de cela, elle retourna à sa propre expérience.

 

4

 

Ding !

Les résultats des nouvelles analyses microbiologiques de l’échantillon d’ADN venaient d’être envoyés à Osgood. Elle avait lancé une nouvelle recherche, plus large, pour tenter de déterminer l’espèce animale dont il provenait.

Impossible…

Elle relu par trois fois pour être sûre de ne pas avoir mal comprit. Kate va être comme une fol –

« Merde ! »

Lorsque Osgood regarda Kate, elle la vit se masser l’arrière de la nuque et serrer son poing. L’expérience avait visiblement échouer. Encore. Mais Kate était une scientifique. Elle connaissait l’échec et son utilité. Ce n’était pas une enfant que l’on devait consoler.

Sauf qu’il ne s’agit pas de ça, n’est-ce pas ? Échouer, ça veut dire risquer d’autres vies.

Contrairement à ce qu’avait dit sa cheffe, Osgood savait pertinemment qu’une partie d’elle espérait encore pouvoir sauver les enfants. Échouer, c’était les perdre pour de bon.

Elle s’en voulu d’avoir hésiter quand elle vit Kate se remettre aussitôt au travail. Elle décida donc de se renseigner davantage sur sa découverte. Ce n’était pas un match parfait. L’espèce recherchée n’avait jamais été rencontrée par UNIT. En revanche, une espèce présentant des similitudes génétiques s’était retrouvée dans leur base de données.

C’est un début.

Difficile de dire combien de temps s’était écoulé depuis la dernière vérification d’Osgood. A plusieurs reprises, elle avait bien cru que Kate allait détruire le labo dans un accès de rage. Mais lorsque qu’à 15H00, celle-ci se leva et quitta les lieux sans explication, Osgood comprit que sa jauge de résistance et de persévérance était sur la réserve. Et depuis un moment.

Elle profita de son absence pour jeter un œil aux résultats. Kate avait retenté les deux expériences à de très nombreuses reprises, en modifiant certains paramètres à chaque fois. Les gènes dormants ne le restaient pas et quand elle avait tenté de modifier le reste de la séquence ADN, celle-ci s’était entièrement désintégrée.

Quant à la recombinaison homologue, plus prometteuse selon Osgood, la substitution de gènes fonctionnait mais systématiquement, ils finissaient par être détruits aussi.

Kate avait raison.

« Il y a bien un software. Brillant. Si seulement ce n’était pas dans le but de créer une armée de zombis… »

La séquence fonctionne comme un tout. En détruire, endormir ou remplacer une partie entraîne une sorte de mécanisme d’auto-défense qui finit par détruire l’intégralité de la chaîne, conclu-t-elle pensivement.

« Ce qu’il nous faut, c’est un software encore plus puissant. »

La porte du laboratoire s’ouvrit et se referma aussitôt. Kate était revenue et semblait… épuisée.

Dès heures que nous sommes ici.

Un coup d’œil rapide au plateau repas permit à Osgood de voir que Kate n’avait pas mangé.

Sans compter que cela fait près de 72 heures qu’elle n’a pas dormi.

« Désolée pour… ça. Besoin de prendre l’air.

– Aucun soucis. J’ai vu les résultats.

– Pas terribles hein…

– C’est un début. »

Kate laissa échapper un rire vide de tout humour.

« Quand je vous disais d’être plus optimiste, c’était parce qu’on avait encore une raison de l’être.

– Vous avez établit un pré-supposé », commença Osgood, très pragmatique.

Elle n’a pas besoin d’être rassurée mais de retrouver sa capacité à raisonner. Ça, c’est dans mes cordes.

« Nous ne pouvons ni détruire, ni remplacer ce chromosome. Si nous comprenons pourquoi, nous trouverons comment remédier au problème. Nous devons comprendre exactement comment fonctionne cette fraction d’ADN et déterminer son rôle dans la destruction de la nouvelle séquence. »

Elle sentit Kate la dévisager mais soutint son regard. Comme elle ne disait rien, elle poursuivit.

« Je peux m’en occuper. Un regard neuf ne fait jamais de mal.

– Je sais encore regarder dans un microscope. »

Le semblant de confiance qu’avait trouvé Osgood s’effondra sous le ton froid de Kate.

« Ce n’est pas – Je suis désolée Madame. Je n’insinuais pas – »

Le téléphone de Kate les interrompit. Elle décrocha sans dire un mot et fit quelques pas avant de se figer. Les sourcils d’Osgood se froncèrent d’inquiétude. Kate se contentait d’écouter son interlocuteur quand son corps flancha, tout juste retenu par le mur froid du laboratoire. Elle s’y adossa, laissant sa main retomber lentement.

« Madame ? » s’enquit Osgood en s’approchant timidement.

Elle ne reçu aucune réponse. Kate se contentait de fixer devant elle, le visage… anéanti.

« Kate ? » répéta-t-elle plus doucement en portant sa main sur l’épaule de sa collègue.

Celle-ci la regarda enfin. Osgood devina qu’elle retenait, avec difficulté, ses larmes. Kate sembla vouloir parler mais les mots restèrent coincés dans sa gorge.

D’interminables secondes passèrent avant qu’elle ne parvienne à rouvrir les yeux mais Osgood se refusa à la presser. Quelque soit l’information qu’elle venait de recevoir, c’était suffisamment grave pour fendre sa solide armure.

Faites que ce ne soit pas ça. Je vous en pries.

« Ils sont morts. Les enfants… ils sont tous morts. ».

La jeune femme sentit son cœur se serrer, ses poumons se vider.

« Kate… 

– Pourquoi je n’ai pas réussi… Ce n’était que des – »

Le cœur de Osgood se brisa finalement en voyant une larme orpheline couler le long de la joue de Kate. Elle était amer, comme le sentiment d’échec et d’injustice qu’elle ressentait. D’instinct, la main de la jeune femme se leva vers son visage et balaya la perle salée d’une caresse. Elle resta là, à quelques millimètres seulement de la peau humide de Kate.

Kate sentait son cerveau s’embrumer. Un mélange de sentiments l’envahit. La colère, le chagrin, l’épuisement et puis… la chaleur des doigts de Osgood sur sa peau.

Son regard tomba sur les lèvres de la jeune femme et elle imagina la sensation de leur contact sur les siennes. Elle perçu la faiblesse soudaine dans son corps et lorsqu’elle releva les yeux une dernière fois vers la brune, elle ne parvint plus à retenir le flot d’émotions qui la transperçait.

Sans réfléchir, Osgood la serra dans ses bras et accueilli ses larmes. Les bras de Kate remontèrent le long de son dos et scellèrent l’étreinte. Elle fut prise de spasmes incontrôlables contre lesquels elle lutta en s’accrochant davantage, passant un bras autour des épaules d’Osgood tandis que sa tête se nicha au creux de son cou. Sa crise redoubla, seulement apaisée par la présence rassurante de bras autour d’elle. Les pleurs d’Osgood, quant à eux, restaient silencieux.

Heureusement, pensa-t-elle. Elle n’était pas prête à en parler et supposait que Kate non plus. Elle se contenta alors de la tenir, la berçant avec ses caresses, se focalisant sur le souffle chaud sur sa peau.

Bientôt, les soubresauts cessèrent et plus aucun son n’émana de Kate.

Définitivement épuisée.

Elles restèrent ainsi, embaumées dans la chaleur de l’autre jusqu’à ce que Kate prenne l’initiative de se redresser, de façon à regarder Osgood dans les yeux. Une boule se forma au centre de celle-ci et à nouveau, elle se retrouva incapable de dire quoi que ce soit. Kate détourna le regard et lissa nerveusement les pans de sa blouse.

« Désolée… Ce n’est pas dans mes habitudes de –

– Ne vous excusez pas. Vous n’aurez jamais à le faire.

– Je – Je ferais mieux de rentrer. Vous aussi. Nous n’avancerons clairement à rien aujourd’hui et je crois qu’on a bien mériter de dormir un peu, proposa Kate, un sourire timide aux lèvres.

– Oui ! Vous avez raison. Rien de tel qu’une bonne nuit de sommeil ! Enfin, une sieste, en l’occurrence », acquiesça-t-elle en se reculant, libérant Kate qui était toujours coincée contre le mur.

La cheffe scientifique rangea son matériel, troqua sa blouse contre son long manteau noir et, au moment de saluer Osgood, hésita.

« Osgood ?

– Kate ? 

– Est-ce que… Est-ce que vous voulez venir ? »

Un frisson traversa le corps de Kate quand Osgood la regarda, la surprise même peinte sur le visage.

« Je veux dire… En réalité, je, je ne crois pas que je vais réussir à beaucoup dormir et, et… »

Et j’aimerais beaucoup passer la soirée avec vous, voulu-t-elle ajouter.

« Et je n’ai pas envie d’être seule. »

Merde ! C’était la dernière chose à dire. Bravo Stewart. Maintenant, elle va croire que je me sers d’elle pour –

« Avec plaisir..

– Oh ? Vraiment ? Parce que… si vous préférez rentrer –

– Non ! Huh, je veux dire… Je ne suis pas sûre de dormir non plus. Cela dit, est-ce que… j’ai encore quelques petites choses à faire ici. Est-ce que je peux… venir, un peu plus tard ?

– Oh. Hum, bien sûr. Mais vraiment, si vous êtes occupée –

– Je préfère largement passer la nuit avec vous plutôt qu’à ruminer seule chez moi. »

Je viens vraiment de dire que je préférais passer la NUIT avec elle ? Mon dieu. Elle a sûrement comprit ce que je voulais dire.

« Je veux dire…

– J’ai comprit. Est-ce que vous avez des préférences ? »

Des préfér – Est-ce qu’elle veut dire –

«  Pour le dîner. »

Le dîner. Évidemment qu’elle parlait du dîner. Espèce d’idiote.

« Oh ! Hum, tout me va. Tant qu’il n’y a pas d’arachide.

– Oui, ça je le savais.

– Vraiment ?

– Si je veux garder mon équipe en bonne santé, j’ai tout intérêt à connaître leurs allergies. »

Évidemment.

« Rassurant de savoir que vous ne tenterez pas de m’empoisonner, plaisanta-t-elle.

– Moi ? Jamais. Parfait alors. Alors à ce soir ?

– A ce soir. »

Elles restèrent à ce fixer un moment.

Je l’ai prise dans mes bras et maintenant je vais dîner chez elle. Rien de bizarre là dedans.

La poitrine de Osgood se contracta, l’air lui manqua et instinctivement, elle attrapa son inhalateur et inspira profondément.

« Tout va bien ?

– Oui, c’est le contre coup. Les… Les enfants…

– Oh. Oui bien sûr. Désolée, avec tout ça, je ne vous ai même pas –

– On aura tout le temps d’en parler », la rassura Osgood en souriant.

Kate le lui rendit, pressa amicalement son avant bras puis disparut derrière la porte du laboratoire. Au grand soulagement d’Osgood qui cru défaillir.

 

 

Notes:

Pour la joie, on repassera... Sachez pour ma défense que je m'en suis voulue longtemps, mais il n'y aurait pas eu d'histoire sinon ! C'était un sacrifice nécessaire comme dirait notre cher colonel Karinski. Il fallait que le début soit percutant, révoltant, pour déstabiliser nos héros, les pousser dans leurs retranchements. Unique moyen de savoir jusqu'où ils sont prêts à aller.

Mais je vous promets, croix de bois, croix de fer, si je mens je me régénère, que le prochain chapitre sera beaucoup plus léger. Nos girls ont besoin de repos.

Bye !

So much for joy huh... In my defense, I blamed myself for a long time, but there wouldn't have been a story otherwise ! It was a necessary sacrifice, as our dear Colonel Karinski would say.

The beginning had to be powerful, revolting, to unsettle our heroes, push them to their limits. The only way to know how far they're willing to go.

But I promise you, cross my heart, that the next chapter will be much lighter. Our girls need some rest.

Bye !

Chapter 7: I'll do anything for you to see you smile

Notes:

Sorry, it's a bit late, I was bingewatching some movies. It's Sunday, can't blame me.
Anyway, as promised, this chapter should be a sweet dream before sleep. Our girls get finally some time off, well deserved. Hope you'll like it !

Désolée, je suis un peu en retard, je faisais un marathon de quelques films. On est dimanche, ne m'en veuillez pas.
Enfin bref, comme promis, ce chapitre devrait être un petit rêve éveillé en attendant d'aller vous coucher. Nos héroines ont enfin un peu de repos, bien mérité.
J'espère que ça vous plaira !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

« Mommy’s gonna buy you a mockingbird

I’mma give you the world

I’mma buy a diamond ring for you

I’mma sing for you

I’ll do anything for you to see you smile »

 

1

 

Kate s’affairait en cuisine tandis que la radio passait ses blues préférés. Au menu, tian de légumes et pain à l’ail. De longues hésitations avaient précédé cette décision mais le tian était une valeur sûre et Osgood aimait l’ail.

Impossible de se rappeler comment elles en étaient venues à en parler mais, lors d’une de leurs nombreuses pauses café au bas de la Tour, Osgood le lui avait avoué.

Ce devait être pertinent sur le moment.

Son invitée devait arriver pour la demi. Aussi, alors que le tian cuisait gentiment au four, Kate alla prendre une douche. Pourquoi avait-elle cédé à ses pulsions  ? Osgood n’était pas du genre à sortir, encore moins avec sa boss. Dès que la proposition s’était échappée de ses lèvres, elle s’en était voulu, craignant que cela ne mette Osgood dans une position gênante.

Tu joues avec le feu. Rappelle-toi.

Sans considération pour ses propres principes, elle espérait bien qu’Osgood dirait oui.

Mais parce qu’elle en avait envie, pas parce que sa cheffe le lui demandait.

Et malgré la réponse ferme et le sourire d’Osgood, Kate ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle s’était sentit obligée d’accepter.

Comme si tu ne l’avais pas déjà assez embarrassée en t’effondrant dans ses bras. Ses bras… Tellement rassurants.Elle pouvait encore sentir ses mains caresser son dos lentement.

« Arrête ! » se censura-t-elle dans l’espoir de faire taire ses voix intérieures.

Ces trois derniers jours ont été intenses et pauvres en sommeil. C’est juste un dîner, histoire de décompresser. Mais elle avait l’air de le vouloir aussi et – Rrr ressaisis-toi pour l’amour du Ciel !

Kate laissa le jet d’eau noyer ses réflexions et n’arrêta que lorsque l’air lui manqua.

2

 

Ding ! 19H25.

Kate alla ouvrir en souriant. Osgood n’était jamais en retard, ni en avance d’ailleurs. Toujours pile à l’heure. Pour l’occasion, elle s’était sûrement renseignée sur l’heure « bienséante » pour arriver. La main sur la poignée, elle s’arrêta en entendant l’inhalateur d’Osgood.

Elle est stressée. C’était une très mauvaise idée. Un peu tard pour y penser Stewart.

« Désolée pour l’attente, je sors de la douche », s’excusa Kate en souriant.

– Oh. C’est de ma faute, on avait dit 30 et je suis arrivée plus tôt.

– Non, pas du tout, c’est moi, je m’y suis prise trop tard. Mais ne restez pas là, entrez je vous en pries.

– Mmhh, ça sent terriblement bon !

– Tian de légumes et pain à l’ail, déclara Kate en débarrassant Osgood de son manteau avant d’aller vers la cuisine.

– Du pain à l’ail ? Exactement ce qu’il me fallait. »

Kate sourit intérieurement.

Tout n’est pas perdu.

« Hum… J’ai, j’ai apporté ça. Je ne m’y connais pas mais d’après mon voisin, c’est un must », assura Osgood avec confiance.

Son site internet a vraiment pensé à tout. Ne fais pas la même erreur. Contente-toi de dire merci.

« Merci beaucoup. En effet, il s’est pas foutu de vous votre voisin.

– Il est du genre connaisseur. A lui tout seul, il remplit la moitié de la cave. Toutes ses bouteilles sont prévues pour des occasions particulières.

– Et il vous en a donné une ? Avec quoi l’avez-vous menacé ? »

Osgood sembla se détendre, pour le plus grand plaisir de Kate qui déboucha la bouteille pour l’aérer. Elle fit signe à son invitée de s’asseoir sur le tabouret près de l’îlot.

« A vrai dire, je n’ai pas eu besoin de recourir à une quelconque forme de menace. J’avais préparé une liste pourtant.

– Je n’en doute pas une seule seconde. Qu’est-ce que vous lui avez dit alors ?

– Que c’était pour offrir.

– J’espère qu’il ne cède pas aussi facilement à chaque fois qu’on lui demande, remarqua la blonde en riant, sinon sa cave sera bientôt à sec.

– Si seulement. Non. Il m’a dit, je cite, ‘ Je me doute bien que c’est pas pour vous. Votre foie est aussi sec que les plaines du Sahara ’, raconta-t-elle en imitant la voix du vieil homme.

– Ouch.

– ‘ Et si vous comptez sur moi pour partager la quintessence de l’art viticole avec vous, va falloir développer ma p’tite ’. Je cite encore.

– Ben, au moins, il est passionné. Votre réponse à dû lui convenir cela dit.

– J’ai précisé que j’étais invitée et que la personne en question aimait beaucoup le vin.

– Je vais faire comme si vous ne m’aviez pas décrite comme une parfaite alcoolique à un parfait inconnu.

– J’ai dit  aimait  ? Je voulais dire  appréciait », rectifia Osgood en souriant.

On dirait que le malaise est passé, se félicita Kate.

« Au moins, ça a marché.

– Entre nous, je pense qu’il a surtout considéré le fait de dîner en dehors de chez moi comme une occasion suffisamment particulière. »

Qu’est-ce que je suis censée répondre à ça ?

« Je serais fière qu’on se rappelle de moi comme de la femme qui aura réussi l’exploit de vous sortir de votre grotte.

– Miracle serait un terme plus approprié. Je ne suis pas connue pour mes talents sociaux.

– Je ne suis pas d’accord », objecta Kate en mettant le pain au four.

Face au silence et l’évidente surprise d’Osgood, elle s’expliqua.

« Pour quelqu’un qui se dit nulle en relations sociales, je trouve que vous gérez particulièrement biens celles qui impliquent des êtres non terrestres, plaisanta-t-elle.

– C’est beaucoup plus facile. Aucun alien ne m’a demandé de dîner avec lui.

– Vous êtes en train de me dire que vous trouvez plus simple de repousser une invasion alien que d’accepter une invitation à dîner ? »

Sa curiosité piquée, Kate s’adossa à son plan de travail, bras croisés et Osgood dû réprimer les sentiments brouillés qu’elle ressentait face à cette vision. Aucun stress, aucune pression, juste une Kate parfaitement sereine. De quoi réchauffer le cœur de la jeune scientifique.

« Disons plutôt que je sais comment réagir face à une invasion alien. Ils suivent basiquement tous la même logique, envahir la Terre. Seule la méthode diffère. Éradication ou conversion.

– Votre capacité à banaliser l’exceptionnel me fascine.

– Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. C’est terrifiant. Mais au moins, je sais que mon objectif restera toujours le même. Faire en sorte qu’ils n’atteignent pas le leur. Mais un dîner ? Non. Trop de pression. S’il y a quelque chose à ne pas dire, comptez sur moi pour le dire quand même.

– Je suis sûre que vous exagérez.

– Le fiancé de ma sœur l’a quittée pour une autre la veille du mariage, et je lui ai dit qu’elle aurait pu s’en douter si elle avait réfléchit avant de se jeter dans les bras du premier venu. »

Kate la dévisagea. Jamais elle n’aurait imaginé que cette jeune femme, réservée, incapable de prononcer une phrase sans s’en excuser, puisse dire une telle chose.

« Ouais… C’est plus ou moins comme ça que tout le monde m’a regardée. Juste avant qu’elle ne fonde en larmes.

– Est-ce que c’était vrai ?

– De quoi ?

– Son fiancé, est-ce qu’il était vraiment connu pour ses… frasques ?

– Oh oui ! Le jour où elle nous l’a présenté, elle a dit qu’elle avait réussi là où beaucoup d’autres avaient échoué. En insistant bien sur le beaucoup.

– Eh bien dans ce cas… Certes, ce n’était pas le plus subtil, mais ce n’était pas faux.

– Aller dire ça à ma mère. Personne n’a le droit de toucher à sa fille. »

Elle l’avait dit en plaisantant mais Kate cru percevoir une pointe de regret.

« Vous êtes aussi sa fille, rappela-elle en remplissant un verre de vin. Oh ! J’allais oublié. J’ai bien retenu la leçon, plus d’alcool pour vous. Donc… »

Elle ouvrit son frigo et en sortit une petite bouteille en verre, un air dubitatif sur le visage.

« A vous de me dire. Je cherchais de quoi faire des Monaco. Je ne sais pas ce qu’ils ont foutu au magasin, mais mission impossible. Je suis donc allée demander à un charmant jeune homme qui travaillait là, ‘ où est-ce que je peux trouver des Monaco déjà fais ’ ?

– Question plutôt pertinente.

– Merci. Il me dit qu’ils n’en n’ont plus. Donc je vais pour laisser tomber et trouver autre chose. Et là il me dit, ‘ par contre, si vous voulez, j’ai de la bière fruits rouges ’.

– Oh.

– Ouais… J’ai pas cherché à comprendre. Donc, à vous de choisir, bière ou Monaco, dans tous les cas, y a pas d’alcool.

– Vous avez réussi à trouver de la bière fruits rouges sans alcool ? Je dois dire que je suis très impressionnée.

– Il faut bien que ça serve d’être à la tête d’une organisation secrète au Royaume Uni. »

Cette fois, c’est Osgood qui la dévisagea et elle abdiqua.

« J’exagère à peine. Croyez bien que si j’avais su que ce serait aussi difficile à trouver, j’aurai vraiment fait jouer quelques faveurs.

– … C’est, c’est très gentil à vous. Vous n’aviez pas besoin –

– Et de quoi j’aurais eu l’air à côté de votre bouteille 15 ans d’âge. Je ne pouvais quand même pas vous inviter et ne vous donner que de l’eau plate.

– Vous avez cuisiné cela dit. Du pain à l’ail en plus. C’est largement suffisamment.

– Oh ! J’ai oublié le pain ! »

 

3

 

Aucun pain ne fut maltraité durant ce dîner. Disons simplement qu’il a pu profité d’un beau soleil d’été. Les deux femmes étaient à table, dégustant leur repas dans une ambiance légère.

« Mmhh, c’est incroyable…

– Une recette de ma mère. Malheureusement, j’ai beau la faire, elle n’est jamais aussi bonne que la sienne.

– Vous voulez dire qu’il existe, une version de ce plat, encore meilleure ? »

Kate laissa échapper un rire tendre en la regardant.

« Et vous ? C’est quoi votre madeleine de Proust ?

– Mmhh, c’est drôle, mais maintenant que j’y pense, ce sont vraiment des madeleines.

– Vraiment ?

– Ma mamie. Mon Dieu, je n’ai jamais mangé de madeleines aussi bonnes. Juste ce qu’il fallait de vanille avec quelques pépites de chocolat et tellement… Est-ce qu’on peut parler de douceur pour une madeleine ?

– Hum… Je suis presque sûre que rien ne l’interdit en tout cas.

– Elle disait que c’était un pansement pour l’âme.

– Très poétique.

– Et vrai ! Dès qu’elle me les faisait, tous mes problèmes s’envolaient.

– Vendues comme ça, je vais être obligée de les goûter. »

Le visage d’Osgood se ternit et Kate comprit qu’elle venait de toucher un point sensible.

« Malheureusement, elle est morte y a 10 ans. »

Au moins, je pourrais lui dire qu’elle n’a pas le monopole de la bourde.

« Je suis désolée… »

Sans blague. T’avais rien de mieux ?

« Vous aviez l’air proche.

Nous l’étions. Il paraît que j’étais comme elle.

– C’est à dire ?

– Perchée. »

Kate manqua de s’étouffer avec son vin.

« Dixit ma sœur.

Charmant.

– Mmhh. Je ne lui en veux pas. Plus, en tout cas. Les relations entre sœurs...

– M’en parlez pas.

– Vous en avez une ?

– Dieu merci non ! Mais… j’ai élevé deux garçon donc…

– Je suppose qu’ils se défendent bien aussi.

– Et encore, le pire, c’était quand ils se liguaient tous les deux contre moi. Deux vraies terreur.

– Gordy a l’air plutôt gentil. Il s’inquiète pour vous en tout cas.

– Il a toujours été comme ça », lui avoua-t-elle en souriant.

Elle se leva pour prendre une photo sur le buffet et revint s’asseoir avec.

« Vous savez… commença-t-elle en la contemplant. Ça a longtemps été lui et moi contre le reste du monde donc, je suppose qu’on s’est toujours plus ou moins protégé mutuellement. Il est du genre bagarreur. Ça m’a valu quelques rendez-vous avec le prof principal. »

Osgood était surprise de la tournure de la conversation. Bien que ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre, parler de leurs histoires de famille ne faisait certainement pas partie de la liste qu’elle avait préparé. Mais elle se sentait bien. Heureuse de pouvoir s’ouvrir et surtout que Kate se sente assez à l’aise pour faire de même.

« C’est l’aîné ?

– Oui. J’avais 19 ans quand il est né. Son père et moi nous sommes séparés quand il en avait... deux et j’ai eu Oli six ans plus tard.

– Oh, je n’avais pas réalisé qu’ils…

– Vous pouvez le dire, la rassura Kate en souriant. J’ai refusé de me marier avec le père de Gordy et on s’est séparé. Puis j’ai accepté quand celui d’Oli me l’a proposé et on s’est séparé aussi. Je suppose que… je n’ai jamais été faite pour la vie maritale. Rapport au boulot, entre autre… »

Il faut être deux pour rater un mariage, pensa Osgood.

« Mais ça n’a aucune importance. Parce que j’ai eu deux magnifiques garçons et leurs pères ne pourront jamais être aussi heureux que je le suis. »

Ils ont de la chance.

Elle accepta l’image que Kate lui tendit et sourit.Les deux garçons embrassaient chacun une joue de leur mère, devant un bateau.

« Le bateau, c’est celui où vous viviez ?

– Oui. Je n’ai jamais pu me résoudre à le vendre. Une bonne partie de ma vie s’est passée sur ce bateau, je ne me voyais m’en séparer. Et je voulais que Oli le connaisse. Qu’il y ait ses propres souvenirs.

C’est une jolie attention. C’est important de l’inclure. Les différences de traitements peuvent vite créer des problèmes.

– C’est ce qui s’est passé avec votre sœur ?

– Disons que Chloé a toujours été plus facile à vivre que moi. La petite fille modèle. Alors que moi, je n’étais que moi. Mais avec le temps, j’ai comprit que pour elle non plus, ça n’a pas été facile. Toujours devoir être parfaite pour deux. Mes parents ont vite abandonné avec moi alors forcément, ils se sont rattrapés sur elle.

– C’est dur.

– Mmhh.

– J’avoue que j’ai beaucoup de mal à comprendre. Un enfant… il ne demande rien si ce n’est à être protégé et aimé. Ce n’est pas parce qu’il ne rentre pas dans le moule qu’il n’y a pas le droit.

– C’est que vous êtes une bonne maman. »

Le sourire timide de Kate montra à Osgood qu’elle l’avait touchée.

« Je le pense vraiment. Vivre sur un bateau avec un enfant… Je doute d’en être capable. Et ma mère, elle ne supporterait même pas l’idée.

– Quand on n’a pas le choix, on se rend compte qu’on est capable de beaucoup de choses. Et puis, je n’avais pas à me plaindre, c’était un très beau bateau. »

Et c’est moi la plus optimiste, s’amusa Osgood.

« Et pour Gordy, c’était l’aventure. Paradoxalement, c’est plus facile quand ils sont petits. Même s’ils comprennent beaucoup de choses, ça reste plus facile d’enjoliver un peu la réalité. Un jour c’était un pirate, le lendemain un capitaine de la marine nationale.

– Ça sonne plutôt cool. J’adore les pirates !

– Ah ça, c’est sûr qu’il ne manquait pas d’imagination. Enfin, je n’étais pas complètement aveugle non plus. Quand il est arrivé à l’école et que ses copains parlaient de leurs immenses maisons, de leurs interminables jardins, forcément notre petit bateau n’avait aucune chance. »

Elle draina la fin de son verre et laissa son regard se perdre dedans.

« Ce n’est jamais facile de ne pas être comme tout le monde, déclara tristement Osgood.

– Non. Pour ne pas me faire de peine, il me disait ‘ t’en fais pas maman, c’est pas grave si on n’a pas de grande maison parce que personne d’autre ne vit sur un bateau. On est unique ’.

– Il avait l’air déjà mûr pour son âge.

– Mmhh… Je me dis souvent qu’il a grandi trop vite. Vous l’auriez vu, tellement fier, le torse bombé quand il disait ça. Quand il me regardait avec ses yeux là, je me disais que tant que je l’avais lui, je n’avais besoin de rien d’autre.

– Vous me donneriez presque envie de vivre sur un bateau.

– Ah ! Avec votre mal de mer ?

– Je peux aimer l’aventure. Parfois. En tout cas, ils ont de la chance.

– Je ne sais pas si on peut parler de chance. Mais on ne pourra jamais me reprocher de ne pas les aimer. »

En observant l’image qu’elle tenait toujours, Osgood se demanda comment aurait été sa vie si elle avait eu quelqu’un comme Kate à ses côtés. Qui serait-elle devenue si sa mère ne l’avait pas sur-protégée ? Si elle lui avait laisser sa place au lieu de la cacher par peur de ce que le monde pourrait lui faire.

« Ils vous ressemblent. Les yeux surtout. 

– Je crois qu’ils ont pris un peu de mon caractère aussi.

– Du peu que j’en ai vu, Gordy m’a paru assez… disons débrouillard. Je veux dire, il n’a pas hésité à… frapper aux portes.

– C’est ce que je fais d’après vous ? Frapper aux portes ?

– Maintenant que vous le dites, c’est vrai que vous êtes plus du genre à les enfoncer.

– Ah ! D’accord, je vais faire comme si j’avais rien entendu. »

Elle a l’air d’aller mieux. Je l’ai faite rire, se félicita Osgood.

«Et Oli ? Il est comment ?

Ah Oli… Il est… Dans son monde. »

Dans la famille d’Osgood, c’était généralement une mauvaise chose d’être dans son monde. Mais dans la bouche de Kate, cela sonnait comme la plus belle chose qui soit.

« Gordy a toujours été très expressif. Il se jetait dans mes bras, me répétait des Je t’aime à tout va. Oli lui… il attendait qu’on soit tous les deux et il me faisait un énorme câlin. Il n’aimait pas trop parler. C’était beaucoup plus dans le geste, dans la douceur. » Son regard s’obscurcit brusquement alors que des souvenirs lui revinrent. « Et ça a posé beaucoup de problèmes avec son père.

– Oh… Pourquoi ?

– Parce que Franck était… très démonstratif. Il prenait beaucoup de place. C’était un avocat, très doué. Il n’avait aucun mal à s’exprimer. Alors qu’Oli, ça n’a jamais été son truc. Son père n’a jamais accepté qu’il ne soit pas comme lui.

– Mmhh… Ça, je peux le comprendre.

– Il était persuadé que son fils avait un problème. Je vous raconte pas les engueulades qu’on a eu. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a finit par se séparer.

C’est triste… Mais il a eu de la chance. Je veux dire, mes deux parents étaient comme ça. Ils étaient tellement persuadés que je ne trouverais jamais ma place dans le monde, qu’ils ne m’ont même pas laissé essayer. Ce n’est pas qu’ils étaient mauvais, au contraire. Ils étaient juste… maladroits.

– Peut-être.

– Au moins, Oli vous avait vous.

– Oui… Franck m’a suffisamment reproché d’être trop… laxiste avec eux. Il disait qu’on était une équipe. A l’entendre, c’était comme si les enfants étaient nos ennemis. »

L’amertume teintait ses paroles et Osgood imaginait facilement l’ambiance qui devait régner à la maison.

« Il disait même que je prenais la santé d’Oli trop à la légère. Alors que j’avais finit par accepter qu’il aille voir un psy. Et vous savez ce qu’il a dit ? Que mon fils n’avait aucun problème. Et c’était vrai. Ce n’était pas qu’il ne s’exprimait pas, c’était juste…

– Qu’il s’exprimait différemment.

– Exactement ! Et puis… c’est un artiste. Il est… passionné. C’est comme quand vous, vous travaillez sur une idée que vous avez eu. Vous êtes surexcitée. Oli, c’est pareil. Tout ce qu’il aime, il le dessine. »

Osgood se releva pas la remarque, effrayée à l’idée de laisser paraître ce qu’elle avait provoqué en elle.

« Il dessine toujours ?

– Il fait les Beaux Arts, à Paris.

– Whoa ! Vous devez être fière ?

– Oui. Mais… j’avoue qu’il me manque. Surtout en ce moment.

– … Vous êtes allée le voir ?

– Je suis interdite de séjour.

– Quoi ?

– Il m’a dit, ‘ Maman, le jour où tu viendras, ce sera pour voir mon exposition ’.

– Mmhh, j’imagine que ça doit être dur de trouver quelqu’un pour vous exposer.

– Vous rigolez ? Il a déjà eu pleins de propositions. Mais il est du genre perfectionniste, un peu comme vous. Il m’a dit qu’aucune d’entre elles n’étaient assez bonnes pour que ça justifie que je fasse le déplacement.

– Oh ! A votre place, je ne suis pas sûre que j’aurais réussi à tenir.

Ce n’est pas le cas.

– Vous y êtes allée ?

– Évidemment que j’y suis allée. A toutes, sans exception. Personne n’aurait pu m’en empêcher, même pas lui. Vous auriez vu son visage quand il observait la réaction des gens. Tellement beau et fier. Enfin, pas aussi fier que moi, évidemment.

– Évidemment ! Il le sait ? Que vous y êtes allée ?

– Mon Dieu non, s’il l’apprenait, je serais maudite jusqu’à la fin de mes jours et même après. Et vous, pas un mot. Je serais obligée de vous tuer sinon.

– Rassurez-vous. Votre secret est bien gardé. »

 

4

 

Assises sur le canapé du salon – celui ayant dorénavant une belle vue sur le reste de la maison – les deux femmes riaient sans plus savoir pourquoi. Kate essuya les larmes qui menaçaient de s’écouler puis se resserra un verre. La bouteille qu’Osgood avait apportée n’avait pas fait long feu. Et il était encore tôt.

« La prochaine fois, il faudra en apporter deux, suggéra-t-elle. Est-ce que je l’ai vraiment bu toute seule ? J’ai peut-être un vrai problème finalement. Quoi ? Ne me regardez pas comme ça. La journée a été épouvantable. »

En réalité, ce n’était pas son supposé alcoolisme mondain qui avait coupé le souffle d’Osgood.

La prochaine fois ? Elle veut que je revienne ?

La brune sentit la chaleur monter le long de son corps. Heureusement pour elle, Kate était trop… euphorique pour s’en rendre compte.

« A ce propos, je voulais m’excuser à nouveau pour vous avoir prise en otage comme ça. J’étais… Je n’étais pas moi même.

– Aucune raison d’être désolée. Ce qu’il s’est passé… Les enfants… C’est horrible. Je, j’aurais tellement voulu… Pour être honnête, ça m’a fait du bien. De pleurer je veux dire. Je sais que vous… »

Rrrr pourquoi je n’arrive pas à parler ! Ce n’est pas comme si je venais de la rencontrer. Cela dit, c’est la première fois que l’on se retrouve de cette façon.

« Ce que j’essaye de dire c’est que… Je ne veux pas que vous vous sentiez gênée », balbutia-t-elle enfin en tournant la tête vers Kate. Nous sommes humaines et, je crois que parfois, pleurer, est la chose la plus saine à faire. Je ne vous jugerais jamais pour ça. »

Kate semblait déphasée. Résultat de journées trop longues, de nuits trop courtes et de pas mal d’alcool. Ce faisant, elle n’était plus que Kate. Sans filtre, le regard vague et le sourire paresseux. Touchée par les paroles de sa collègue, elle posa machinalement sa main sur celle d’Osgood et la pressa pour la remercier.

C’était un geste pur, tendre, sans arrière pensée. Juste de l’instinct. Le besoin de la toucher parce que aucun mot n’aurait suffit à exprimer sa gratitude. Sauf que pour Osgood, dont le cerveau fonctionnait mieux que jamais, ce geste innocent entraîna un flot d’images qui l’étaient beaucoup moins.

Pense à quelque chose, vite ! Elle n’est clairement pas dans son état normal alors ne va pas t’imaginer quoi que ce soit.

« Oh ! J’avais complètement oublié ! »

Kate, surprise par le changement brusque de comportement de sa collègue, s’inquiéta.

« J’ai eu des résultats pour les analyses.

– Quelles analyses ?

– Sur l’espèce dont vient le chromosome.

– Oh ! Génial. Alors ? »

 

 

 

 

 

 

5

 

« Un quoi ?!

– Sinornithosaurus. C’est un –

– Oui je sais ce que c’est. Vous êtes sérieusement en train de me dire que ces enfants ont été contaminés par des cellules provenant d’un dinosaure, du Crétacé ? s’assura Kate en se levant du canapé.

En partie en tout cas. Je vous l’ai dit, la concordance est loin d’être parfaite mais –

– Je doute que ces cellules se soient retrouvées là par erreur.

– Bien sûr. Hum… Je me suis renseignée sur lui. Il y a un débat sur son caractère venimeux. Ça pourrait coller. Le venin endommage le système cognitif.

Oui… Sauf que personne n’arrive à se mettre d’accord. Certains disent que la forme inhabituelle de ses dents, rainurées, rappellerait celle de certains serpents –

– Et d’autres disaient que ce n’était pas suffisant et qu’en dehors de ça, il n’y avait aucune trace de dinosaures venimeux, compléta Osgood.

– Si seulement on avait une machine à voyager dans le temps, on pourrait aller vérifier, tenta Kate.

– Comme ce serait pratique. Il n’empêche, cet ADN vient bien de quelque part.

– Plus de problèmes et toujours pas de solution. Rrrr… Pour répondre à votre question, en ce moment, je déteste vraiment ce boulot. »

Osgood mis du temps à comprendre ce dont elle parlait puis se souvint de leur conversation, lorsqu’elle était elle-même légèrement… saoule.

« Mais peut-être que c’est un début de réponse. S’il était bien venimeux, son venin doit bien être référencé quelque part. Si on le trouve, on pourra trouver un antidote.

– Certes. Mais au point de rendre un être sensible au contrôle mental ? J’en doute, rétorqua Kate.

– La correspondance ADN n’est que de 50 %. Peut-être que le gène vient de l’autre moité.

– Un hybride ?

– Pourquoi pas ?

– Vous vous rendez compte de ce que ça voudrait dire ? Une nouvelle espèce, au 21e s ! »

Je savais que ça lui plairait.

« Oh Osgood… Ce serait…

– Terrifiant.

– Incroyable !

– Bien sûr que ce serait incroyable mais vous imaginez la situation ? Dans un zoo, entre les lions et les chimpanzés ?

– Rabat joie. Ne me dites pas que ça ne vous excite pas, même un tout petit peu ? »

Bien sûr que je suis surexcitée, on parle de dinosaures ! Mais il ne s’agit pas que d’eux.

« Évidemment. Mais je pense avant tout aux habitants de cette planète », lâcha-t-elle plus sèchement que prévu.

Le visage de Kate se referma aussitôt tandis qu’elle l’observait, les lèvres pincées.

« Désolée… Ce, ce n’est pas –

– Vous avez raison. A nouveau. Des enfants sont morts, ce n’est pas le moment de jouer les paléontologues. »

La blonde se passa la main sur le visage avant de se rasseoir en silence. Si un trou noir s’était ouvert, Osgood s’y serait jetée sans hésiter.

J’ai tout gâché. Le but était justement de lui remonter le moral, pas de le miner davantage !

« On doit trouver ces dinosaures, déclara-t-elle après de longues minutes. Si on comprend comment ceux qui ont fait ça s’y sont pris, peut-être qu’on aura une chance de les empêcher de recommencer. Ils ont forcément un labo, un grand labo, avec beaucoup de moyens. Je doute qu’un indépendant puisse financer de telles expériences. Et surtout, ils ont eu accès à un échantillon d’ADN. Sauf qu’encore une fois, je doute que qui que ce soit détienne le fossile d’une espèce inconnue de dinosaure.

– Pas à notre connaissance en tout cas.

– Vous pensez vraiment que si ça avait été le cas, personne n’en n’aurait entendu parlé ? Imaginez la source d’informations que ce serait. Et, même si je déteste y penser, imaginez l’argent que ça rapporterait à celui qui l’aurait découvert. Non, je n’y crois pas un seul instant.

– Je ne suis pas sûre que l’alternative soit beaucoup plus plausible.

– Très sincèrement, l’idée que quelqu’un ait eu accès au voyage temporel me paraît moins délirante que celle d’un être humain capable de résister à la tentation de devenir célèbre. Ça en dit long sur notre boulot maintenant que j’y pense. »

Osgood considéra l’argument et dû admettre qu’elle n’avait pas tort. Mais comment ? Et quelles étaient leurs chances de le découvrir ?

« Rrrr, je crois qu’on n’est pas prête de dormir », regretta Kate en laissant sa tête tomber en arrière et ses paupières se fermer un moment.

Osgood déglutit difficilement en voyant les pulsations sur la gorge de Kate.

« Je ferais mieux de rentrer et de vous laisser vous reposer.

– Oh oui, parce qu’il est évident que je vais réussir à dormir après avoir découvert la potentielle existence d’une nouvelle espèce de dinosaure », fit Kate en souriant, les yeux toujours clos.

Une lueur d’espoir passa dans le regard d’Osgood et elle laissa son instinct parler.

« Eh bien, si vous n’êtes vraiment pas fatiguée, j’ai peut-être de quoi vous occuper. »

Pourquoi me regarde-t-elle comm – Oh.

« Votre mur, ajouta-t-elle alors. Il est évident que nous n’allons pas avancer davantage pour l’instant donc… Autant s’en occuper.

– Quoi – A quel moment vous avez trouvé le temps ?

– Hum…

– Ne me dites pas que c’est pour ça que vous êtes restée au labo ?

– … Peut-être ?

– C’était pas aussi urgent que ça.

– Je sais. Mais… C’était l’occasion. »

Je ne devrais même pas être surprise, se dit Kate en lui souriant.

« Dites-moi ce qu’il vous faut. »

 

6

 

Lorsque Kate avait cassé son mur, elle n’avait pas prit la peine de protéger le reste de la pièce et s’en était largement mordu les doigts quand il avait fallu nettoyer.

Plus jamais.

Elle avait donc cette fois tout recouvert de bâches. L’étagère confectionnée par Osgood était un petit bijou de technologie. La ressemblance avec le bois était époustouflante.

« Est-ce que je dois m’inquiéter pour le reste de ma maison ? » demanda Kate dont l’humour se teinta d’une légère appréhension à la vue de la fameuse scie laser.

– Oh non ! C’est parfaitement sûr. Je crois. Bien sûr, une telle technologie n’est jamais sûre à 100 %. D’autant que je ne l’ai jamais vraiment essayée.

– Vous – Osgood, est-ce que vous allez détruire ma maison ? Parce que, si c’est le cas, j’aimerais le savoir.

Non ! Évidemment que je l’ai essayée. Mais elle est conçue pour des surfaces beaucoup plus grandes alors…

– … Plus grandes comment exactement ?

– Hum… Je l’avais construite pour améliorer nos estimations de vitesses de déplacement d’éventuels vaisseaux extra-terrestres. »

Osgood cru que la mâchoire de Kate allait se décrocher.

« Mais je vous assure que je l’ai parfaitement recalibrée. Votre mur ne risque rien. Rien de plus que ce qu’il n’a déjà subit en tout cas.

– Si je résume, vous voulez découper mon mur avec un laser capable de traverser l’intégralité de notre planète ?

– Je ne dirais pas –

– J’ai vu Star Wars. Je sais de quoi est capable un laser ».

L’envie de débattre de la puissance des lasers de Science-Fiction la traversa mais décida finalement que c’était pas le moment.

« Je n’ai pas spécialement envie que ma maison finisse comme le destroyer stellaire après l’attaque des rebelles. »

Seul quelqu’un qui a aimé pourrait citer une telle scène. N’est-ce pas ?

« Je vous assure que ça n’arrivera pas. Je ne prendrais pas un tel risque. »

Pas avec vous dans les parages.

Kate l’observa longuement puis capitula pour faire ce que lui demandait Osgood.

« Prête ? s’enquit Osgood avant de lancer le programme.

Elle fut coupée par la main de Kate sur la sienne.

« Vous êtes sûre ? Je veux dire, je ne remets jamais en doute vos compétences mais… je ne veux vraiment pas perdre ma maison. »

Un souvenir frappa Osgood. « Ça m’a prit du temps, mais après quelques laborieux déménagements, j’avais enfin trouvé ma maison ». La brune comprit alors les réticences de Kate et sentit une vague de tendresse grandir en elle.

Malgré sa jeunesse difficile, elle n’avait jamais eu à craindre de ne pas avoir de toit pour les protéger, elle et son enfant. Elle recouvrit alors la main de Kate puis lui sourit.

« Faites-moi confiance.

– … Toujours… »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes:

Music of chapter 6 : River by Myles Smith
Mysic of chapter 7 : Mocking bird by Eminem

Is Kate's wall gonna survive this ? I know, this is the new whole mystery of the story. Fortunately, you should get the answer soon.
I loved writing their pasts. I obviously relied on the canon for Kate. All that life on her boat, how could I not tell it? I feel quite disappointed that they don't mention it at all in the series, except for the episode with Beverley Cressman. It gives her a very human dimension that her character lacks.

And our Osgood, the wicked sister, I admit I didn't look very far. It always takes one to torture the little ones. But she proves that there is justice and that destiny exists. Even the "outsiders" have a chance to find their place.
A perfect transition to Oli. I really hope you like his character because I have a lot of affection for him.
Children are reflections of their parents, and I like to think that Gordy and Oli represent the two sides of Kate. Strength and tenderness. Humor and melancholy.
These are the sides that Osgood has to deal with and which will reveal her.

I talk too much... I hope you had a good time. As usual, I can't wait to share the rest with you!

Le mur de Kate survivra-t-il à ça ? Je sais, c'est le nouveau mystère de l'histoire. Heureusement, vous aurez bientôt la réponse.
J'ai adoré écrire leur passé.
Je me suis bien sûr appuyée sur le canon pour Kate. Toute cette vie sur son bateau, comment ne pas la raconter. Je regrette un peu qu'ils n'abordent pas du tout le sujet dans la série. En dehors de l'épisode avec Beverley Cressman. Ca lui donne une dimension très humaine qui manque à son personnage.
Et notre Osgood, la méchante soeur, j'admets ne pas avoir cherché bien loin. Il en faut toujours une pour martyriser les plus petits. Mais elle prouve qu'il y a une justice et que le destin existe. Même les "marginaux" ont une chance de trouver leur place.
Transition toute trouvée vers Oli. J'espère vraiment que son personnage vous plaît parce que j'ai beaucoup de tendresse pour lui.
Les enfants sont les reflets de leurs parents, et j'aime à croire que Gordy et Oli représentent un peu les deux facettes de Kate. La force et la tendresse. La drôlerie et la mélancolie.
Ces facettes avec lesquelles Osgood doit composer et qui vont la révéler.

Je parle trop... j'espère que vous avez passé un bon moment. Comme d'habitude, j'ai hâte de vous partager la suite !

Chapter 8: Would it be a sin ?

Notes:

Encore en retard, JE SAIS, lâchez ces pierres tout de suite. D'autant que j'avais une excellente raison.
Dites-vous que ça fera deux chapitres en un weekend !
Celui-ci reste un peu dans le mood du précédant, tout en allant encore plus loin. Mais vous commencez à me connaître et il se pourrait que tout ne se passe pas comme prévu...

Bonne lecture !

Late, again, I KNOW, keep those stones away from me. AND I had a very good reason.
Anyway, this one stays in the same mood as the previous one, and even goes deeper.
But you know me, things might not go as expected...
Have fun !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

« Shall I stay ?

Would it be a sin

If I can’t help

Falling in love with you »

 

1

 

Osgood tournait et virait inlassablement dans le canapé. Kate et elle avaient terminé de poser l’étagère une heure plus tôt environ. Une grande réussite. Sa création s’incrustait parfaitement dans le trou fraîchement terminé. Le tout offrait une belle ouverture et une source de lumière magnifique.

Les évènements de la journée l’avaient rattrapée depuis un moment et la fatigue devenait difficile à supporter. Pourtant, son cerveau refusait toujours de s’arrêter. L’œuvre achevée, Kate lui avait dit de faire comme chez elle le temps qu’elle aille se doucher. Osgood s’était soudainement sentit de trop dans cette maison qui n’était pas la sienne. Seule, au milieu de souvenirs qui ne lui appartenaient pas.

Elle les aime tellement, s’était-elle dit face aux nombreuses photos de Kate et ses enfants. Elle comprenait mieux ce qui animait sa cheffe. Bien sûr, elle voulait protéger sa planète mais c’était plus que ça. UNIT était devenue sa famille et elle était prête à tout pour la protéger.

Osgood tentait de ne pas faire attention à l’eau qui coulait à l’étage. Imaginer Kate sous la douche. Entièrement –

Arrête !

Entourée par autant d’objets la lui rappelant, le vertige lui monta.

Il faut que je sorte d’ici où je risque de lui

« Osgood ? »

La jeune femme fut accueillie par un magnifique sourire et toute sa raison s’envola. Kate portait un jogging noir et un t-shirt dont la blancheur s’effaçait sous l’humidité de ses cheveux. Dévoilant la courbe de ses seins.

« Hum, vu l’heure, je comprendrais que vous vouliez rentrer mais… j’avoue que je me sens mal de vous laisser partir comme ça, en pleine nuit. Après vous avoir fait travailler. Donc… Si vous voulez, vous pouvez… dormir ici. Et prendre une douche. Ou l’inverse. »

Osgood remarqua que Kate jouait nerveusement avec ses mains.

Me le demande-t-elle par politesse ? Espère-t-elle que je dise non ?

« Je peux vous prêter un pyjama si vous voulez.

– Hum… C’est à dire que… Je ne veux pas m’imposer.

– Vous rigolez ? C’est moi qui vous exploite, rappela-t-elle avant de se mordre la lèvre, redevenant sérieuse. Et après tout, vous parliez de passer la nuit. »

Les joues d’Osgood s’empourprèrent aussitôt et elle détourna le regard. Une pointe de fierté illumina le visage de Kate qui décida malgré tout d’écourter le supplice de son invitée.

« Je veux dire… Ça me ferait plaisir. S’il vous plaît. C’est vrai, vous pouvez pas partir comme ça. Pas après avoir sauvé mon mur d’un destin aussi funeste. »

Voilà donc comment elle s’était retrouvée à prendre une douche dans la salle de bain de Kate. Avec les produits de Kate. Avant d’enfiler un des pyjamas de Kate. Elle se tenait au même endroit. S’était séchée avec l’une de ses serviettes. S’était probablement regardée dans le même miroir. De quoi devenir dingue.

Lorsqu’elle était redescendue, elle avait trouvé Kate endormie sur l’un des fauteuils, un livre sur les genoux. Un recueil de dessins qu’elle devina être celui de Oli.

Il est vraiment doué.

Elle passa les différentes pages et s’émerveilla face au soin apporté aux détails. Elle s’arrêta sur un portrait de Kate et fut subjuguée par la vivacité de son regard.

De ses doigts timides, elle traça les contours du croquis et en imprégna chaque détail dans son esprit. Il avait réussi à capter l’essence même de Kate. C’en était presque déroutant.

Lorsqu’elle tourna le regard, elle tomba sur le visage paisible et assoupi de sa collègue et sentit son aura l’envelopper. Elle ne désirait rien d’autre que de la toucher mais lorsque sa main s’approcha de sa joue, elle s’arrêta.

« C’est n’importe quoi… Jamais je ne… »

Elle ne se rendit compte qu’elle pleurait que lorsque des larmes tombèrent sur le t-shirt de Kate.

Passe à autre chose avant qu’il ne soit trop tard.

Elle était ensuite allée se coucher sur le canapé où elle maudit le sommeil qui l’avait désertée.

2

 

L’eau coulait abondamment. Une berceuse pour les oreilles d’Osgood. Elle approcha sur la pointe des pieds. Devant la porte, elle hésita. Un sourire accroché aux lèvres, elle imagina le paradis qui l’attendait de l’autre côté et contre lequel l’Éden même n’aurait su rivaliser.

Sans un bruit, elle poussa légèrement la porte. Le verre de la douche était recouvert d’une buée suggestive. D’insolentes courbes se dessinaient sous la brume. Le cœur battant, elle cessa de réfléchir et entra. Ses vêtements abandonnés au près de ceux de Kate, elle ouvrit la porte de la douche et se délecta du soupire de surprise que l’autre femme émit.

L’air frais mordit la peau de Kate lorsqu’elle tenta de se retourner mais une voix l’arrêta.

« Reste où tu es », murmura Osgood dans son dos.

Son souffle était chaud sur sa peau et sa main douce quand elle écarta les mèches mouillées de sa nuque. Elle la caressa de ses lèvres puis l’embrassa. Kate exulta sous sa touche et sa tête devint lourde quand la main d’Osgood atteignit sa gorge.

« Osgood –

Chut… »

Osgood la poussa contre le carrelage froid, la faisant frémir davantage. La jeune femme s’aventura plus loin et sentit une chaleur au bas de son ventre quand le sein de Kate épousa avec grâce la forme de sa main.

La fraîcheur du mur l’avait rendu sensible et le corps entier de Kate tressaillit lorsqu’elle émit une pression dessus. Elle la sentit se reposer contre elle et se dit que c’était la plus belle sensation qu’elle n’avait jamais éprouvée.

« Tu es tellement belle. »

Mais la femme était incapable du moindre mot. Ses yeux étaient clos et ses mains, désespérées de toucher Osgood. Toujours derrière elle, la jeune scientifique entreprit d’embrasser la ligne de sa mâchoire, offerte généreusement.

Sa main descendit vers la cuisse de Kate. Elle sourit à la réaction spasmodique qu’elle reçu en réponse. La respiration de Kate était haletante et sa main implorante sur celle d’Osgood. Alors elle descendit encore.

Elle laissa ses doigts flâner ici et là, sans jamais y aller puis les retira. Le feu qui brûlait déjà entre elles ne fit que grandir sous le souffle de la frustration. Très vite, les deux femmes se trouvèrent face à face, leurs lèvres rendues misérables par l’anticipation.

Elle était là, à quelques centimètres à peine. Elle pouvait la toucher, l’embrasser. Et Dieu savait qu’elle le voulait. Mais lorsqu’elle s’avança pour goûter à l’objet de ses désirs, le silence sacré de l’instant se brisa. Une sonnerie.

 

3

 

Osgood se réveilla dans le canapé, en sueur. Une frustration intense et une chaleur insupportable dans tout son corps.

« Comment c’est possible ? »

Kate. Oh mon Dieu.

« Non, personne n’entre, est-ce que c’est clair ? Rrrr, c’est pas vrai. Est-ce que c’est trop demander de passer une nuit sans qu’une catastrophe n’arrive. »

Kate en colère. Pour changer.

« Osgood, je suis désolée.

– Qu’est-ce qui se passe ?

– Quelqu’un s’est introduit au labo. Votre labo.

– Quoi ?! Mais quand ?

– En ce moment même. Mais ce n’est pas le plus grave. »

Sous le regard inquisiteur d’Osgood, Kate continua.

« C’est quelqu’un de votre équipe.

– Qui ?

– Stevens.

– Mais… Il n’était même pas là. Il est en arrêt depuis plus d’une semaine.

– Apparemment, il a eu une mortelle envie de revenir travailler plus vite que prévu. Littéralement. Il tient McGillop.

– Mais –

– Il faut vraiment que j’y aille. Désolée de vous avoir réveillée. Je vous tiens au courant.

– Parce que vous comptez y aller seule ?

Eh bien

– Je ne suis peut-être pas aussi douée que Sam au corps à corps mais si l’un de mes hommes est en danger, j’estime devoir être présente pour l’aider », déclara-t-elle sous l’effet encore puissant de la confiance sans faille de son alter-ego

La sévérité soudaine dans la voix d’Osgood prit Kate par surprise.

« On y va. »

4

 

Un silence de mort régnait dans les couloirs de l’organisation. Kate pressa le pas à la vue du colonel à l’extérieur du laboratoire.

Évidemment qu’il est là.

« Miss Stewart, je vais commencer à croire que vous ne tenez pas à cet endroit autant que vous le prétendez.

– Faites-moi plaisir Colonel, fermez-la. Où en sommes-nous ? Où est McGuillop ? reprit-elle à l’intention de Josh et Sam.

– Je suis là Madame. Il m’a laissé sortir.

– Vraiment ? Il vous a dit quelque chose ?

– Non. Mais hum…

– Accouchez, pressa le Karinski.

– Il était gelé Madame. Et ses yeux… complètement vides.

– Merde. On a un visuel ? »

Sam lui tendit une tablette. On y voyait le scientifique, planté au milieu d’un pur chaos.

« C’est lui qui a fait ça ? s’horrifia Osgood.

– Affirmatif. Il est comme ça depuis dix minutes.

– On y va, ordonna le colonel.

– Vous n’irez nulle part. »

Kate zooma sur la vidéo surveillance.

« Osgood, vous m’avez dit qu’il n’était pas venu depuis quand ? 

– Un peu plus d’une semaine. Pourquoi ?

– Regardez. Il n’a détruit que ce qui était lié au chromosome. On n’a eu aucune alerte intrusion dans le système de UNT ?

– Parce que c’est possible ? rétorqua le colonel. Vous n’êtes pas censée être au courant quand ça arrive ?

– Si. Mais je constate malheureusement depuis quelques temps, que certaines personnes se donnent du mal pour que ce ne soit plus le cas », accusa-t-elle en le regardant.

Le militaire ravala son orgueil et se tut.

« Rien Madame, annonça un homme après avoir vérifié.

– Alors ces gens sont encore plus puissants que ce que je croyais.

– A quoi vous pensez ?

– Je crois qu’ils sont allés le chercher en sachant pertinemment que son absence n’alerterait personne.

– Pourquoi faire ?

– Pour l’amour du Ciel, à défaut d’être utile, ayez au moins l’obligeance d’être silencieux », lui balança Kate dont le cerveau bouillonnait.

« Vous pensez qu’ils s’en sont pris à lui pour détruire nos preuves ? enchaîna Osgood.

– Ou pour nous empêcher d’en trouver.

Nous ne sommes sur l’affaire que depuis lundi. Les enfants ont mis beaucoup plus de temps avant d’être… Vous savez… fit remarquer Sam.

– Très juste. Soit ils nous surveillent depuis longtemps et ont pris leurs précautions –

– Soit on doit craindre un nouveau virus. Plus puissant, » conclu Osgood.

Les deux femmes échangèrent un regard inquiet puis Kate s’avança vers la porte.

« Qu’est-ce que vous faites ? l’interpela le colonel en lui barrant le chemin.

– Je vais lui parler.

– Bah voyons, et pourquoi pas lui offrir du thé et des biscuits tant que vous y êtes ? Vous avez déjà oublié ce qu’il s’est passé la dernière fois ? Vous êtes vraiment sûre de vouloir retenter l’expérience ?

– C’est parce que je sais de quoi ils sont capables que je veux lui parler. Il aurait tous pu nous tuer dix fois, et pourtant il s’est contenté d’attendre. Conclusion, il veut quelque chose et je veux savoir ce que c’est. Sam, Osgood, avec moi.

– Miss Stewart –

– Je vous conseille vivement de retirer votre bras Colonel, où je me verrais obligée de vous en débarrasser. »

Grand mal lui en aurait prit de la sous-estimer. Il leva les mains en signe de reddition et les laissa passer.

Sam entra le premier, en reconnaissance, suivi de Kate et Osgood. Aucune trace du scientifique.

Où est-ce que tu te caches ?

« J’ai pu expérimenter les talents de vos… soldats, commença Kate en scannant son environnement. Très impressionnant. Et si on en discutait ? Mon collègue propose un thé, ça vous tente ? »

Aucune réponse.

« Si j’étais à l’origine d’une telle prouesse, j’en parlerais. Je ne me cacherais pas dans l’ombre.

– Nous ne nous cachons pas ».

Ils parlent. On avance. Voyons ce qu’ils nous réservent d’autre.

 

 







Notes:

Musique du chapitre : Can't help falling in love - Elvis Presley

Qui n'a jamais rêvé de son crush sous la douche, honnêtement ? J'ai littéralement écrit ce chapitre POUR CE MOMENT et j'en suis sacrément fière. Osgood me fait vraiment penser à une ado en plein questionnement existentiel. Quoi de mieux que de dormir chez Kate pour bouleverser encore un peu plus son monde ?

Comme un bonheur n'arrive jamais seul, il fallait que quelque chose vienne perturber cette charmante soirée. Et quoi de mieux qu'une petite prise d'otage ? Que celui qui a dit que j'étais sadique retire immédiatement ses propos.

Je ne sais pas vous, mais j'ai hâte de voir la suite !
A demain ;)

Who hasn't dreamed of their crush in the shower, honestly ? I literally wrote this chapter FOR THIS MOMENT, and I'm bloody proud of it. Osgood really reminds me of a teenager in the throes of existential questioning. Why not turn her world upside down a bit more by sleeping over at Kate's?

Unfortunately, since happiness never comes alone, something had to disrupt this charming evening. And what better way than a little hostage-taking? Whoever said I was a sadist should take it back immediately.

I don't know about you, but I can't wait to see what happens next!
See you tomorrow ;)

Chapter 9: When my soul was in the lost and found

Notes:

Je me suis complètement plantée dans mon planning. Il ne devait y avoir qu'un seul chapitre cette semaine, mais exceptionnellement, je ne travaillais pas donc je me suis mélangée.
BREF, je vous en ai promis un donc le voici ! On repart pour un peu d'action et quelques tempêtes émotionnelles.
UNIT est en danger et il faudra bien un ou deux gestes désespérés pour tenter de la sauver. Cela pourrait bien être le début de la fin pour nos héroïnes...

I completely messed up my schedule. There was only supposed to be one chapter this week, but I wasn't working, so I got mixed up.
ANYWAY, I promised you one so here it is. Going back to action et some emotional crisis.
UNIT is in danger and it will at least take one or two desperate gestures to try to save it. This might be the beginning of the end for our heroines...

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

« When my soul was in the lost and found
You came along to claim it
I didn't know just what was wrong with me
'Til your kiss helped me name it »

 

1

« Prouvez-le et discutons, déclara Kate d’une voix ferme. Vous n’avez pas fait tout ça juste pour quelques recherches, je me trompe ? Vous vouliez de l’attention. Vous avez la mienne, alors je vous écoute. »

Un mouvement sur la droite mais personne.

Comment fait-il ? Ne me dites pas qu’ils sont invisibles maintenant.

A son grand soulagement, le corps du scientifique émergea d’une ombre. Son regard était vide, comme celui du petit Diego et Kate sentit son estomac se nouer alors que le fantôme des mains du garçon s’enroulait autour de son cou.

« Katherine Sally Lethbridge Stewart », appela la voix.

Seul son père l’appelait ainsi, lorsqu’elle avait fait une bêtise. Ce souvenir attaché à cette voix lui provoqua un profond sentiment d’inconfort.

« Kate pour les intimes. Vous connaissez mon nom, puis-je savoir le votre ?

– Inutile. Ceci sera notre seule interaction. »

Un peu trop dramatique.

« Plutôt déloyal. Vous vous introduisez dans mon système, puis dans mon labo. Vous volez le corps d’un de mes hommes, que j’aimerais récupérer au passage. Vous détruisez ce que vous pouvez et vous comptez sur moi pour vous tenir la porte ?

– Je suis venu vous portez un message. Restez en dehors de ce que vous ne comprenez pas.

– Vous avez créé un chromosome à partir de gènes de dinosaure constitué à 50 % de sinornithosaurus. Le reste provenant d’une espèce inconnue, sensible au contrôle mental. Je parierais sur quelques suppléments vu leur force. C’est pour ça que l’enfant n’a pas été blessé par la déflagration, n’est-ce pas ? »

Pas de réponse.

« Il est porté disparu. Ses parents n’ont pas la moindre idée de ce qu’il s’est passé. Ne soyez pas assez bête pour croire que cela restera impuni. 

– Leur enfant est perdu depuis le jour où il est venu au monde.

– Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?

– Vous le comprendrez bien assez vite. »

La facilité avec laquelle il avait condamné cette âme innocente glaça Kate.

« Et le sang froid, enchaîna-t-elle, ça vient de la même créature ou vous vous êtes juste amusé ? »

A nouveau, le silence mais Kate pouvait dire que son interlocuteur n’appréciait plus tellement son laïus.

« Une entreprise pareille doit coûter cher. Je suppose que vous avez un bienfaiteur et vu la commande, je doute que ce soit par pure curiosité scientifique. Alors quoi ? Marchand d’armes ? Non, trop évident. Un chercheur en mal de reconnaissance ? Pourquoi pas le Gouvernement directement ? Ce ne serait pas la première fois. Comment je me débrouille jusqu’à maintenant ?

– Vous ne savez rien.

– J’en sais suffisamment pour affirmer qu’on vous a fait peur, sinon vous ne seriez pas là.

– Vous ne pouvez rien contre nous. Vos petites expériences ne vous mèneront nulle part ».

La voix du scientifique était monocorde mais il était clair que celui qui parlait pestait.

« Alors pourquoi vous donnez tout ce mal ? Mmhh ? Vous savez ce que je crois ? Je crois que vous aviez peur qu’on découvre le moyen de vous arrêter. Ce qui me confirme d’ailleurs qu’il y en a bien un. Merci pour votre coopération. »

« C’est pour ça que vous nous surveillez et que vous êtes venu détruire le labo. Votre patron est au courant de votre petite incursion ?

– Nous ne répondons qu’à nos propres règles.

– A sa place, je n’apprécierais pas trop. J’ose à peine imaginer sa réaction s’il venait à le découvrir. »

En l’espace de quelques secondes, l’homme disparut du champ de vision de Kate. Un cri étouffé brisa le silence. La première chose qu’elle vit ensuite fut une main serrée autour d’une gorge. Puis des yeux. Implorants et terrifiés. Le halètement d’Osgood lui noua l’estomac.

La porte du laboratoire s’ouvrit dans un fracas tandis que les militaires entrèrent.

« Belle démonstration de vos talents de négociatrice Kate, clama le colonel.

– Nous nous passerons de vos commentaires, coupa Josh avant de réaliser son outrage. Avec tout mon respect Colonel. 

– Personne n’a à mourir ce soir, enchaîna Kate à l’intention du preneur d’otage.

– Regardez où nous a conduit votre pacifisme. Il va la tuer ! Réagissez merde ! »

Le regard de Kate se fixa sur celui d’Osgood.

« Tout va bien Madame », lui assura-t-elle mais sa respiration irrégulière disait le contraire.

L’angle de tir n’était pas bon. S’ils tiraient, ils risquaient de la toucher.

« … Baissez votre arme Colonel.

– Vous êtes sourde ? Il va la tuer !

– Vous considérez peut-être vos hommes comme dispensables mais pas moi. Alors baissez votre putain d’arme, maintenant ! »

Elle le défia du regard de la contredire et fut soulagée lorsqu’il s’exécuta.

« Vous n’avez pas besoin de la tuer. Vous n’êtes pas là. Vous ne risquez rien. Personne n’a à être blessé.

– En effet. Mais vous, vous avez besoin de comprendre, menaça la voix en resserrant sa poigne.

– Non ! Attendez… Vous avez déjà détruit tout ce qu’on avait. Vous n’avez pas besoin de faire ça.

– Ce qui a été trouvé une fois peut l’être à nouveau. »

C’est donc ça qu’il cherche depuis le début, comprit Kate alors qu’une vague de panique grandissait en elle.

Pas encore, supplia-t-elle. Tu peux la sauver. Tu n’as qu’à réfléchir. Il veut un cerveau. Donne lui ce qu’il cherche.

Elle joignit ses mains derrière son dos, de façon à ce que Sam les vois et ouvrit l’une d’elles.

« Je vois. Je dois dire que je suis assez déçue. Après toute cette démonstration de force et d’intelligence, j’attendais mieux.

– Vous n’êtes pas en position d’attendre quoi que ce soit.

– Ce doit être assez humiliant pour vous.

– De quoi vous parlez ? s’impatienta-t-il.

– Vous vouliez nous montrer de quoi est capable votre création et faire d’une pierre deux coups en vous débarrassant d’un adversaire gênant ? Mais vous n’êtes même pas foutu de vous en prendre au bon. » Devinant, avec plaisir, l’étonnement dans le silence de l’homme, elle précisa.

« Je suis la biologiste. Pas elle. Je crois que cette lame était pour moi. »

Elle vit les yeux d’Osgood s’arrondirent tandis que son corps s’agitait nerveusement.

Ne faites pas ça. Kate…

« A quoi vous jouez ?

– Je ne joue pas Colonel. Vous êtes là pour détruire les preuves ? Allez-y.

– Vous êtes biologiste mais c’est elle le génie.

– Merci, c’est bien pour ça que je l’ai recrutée. Mais sérieusement, vous l’avez regardée ? Vous pensez vraiment qu’un génie de tech comprendrais quoi que ce soit à la complexité de la microbiologie ? Personne ne s’emmerderait pendant plus de 10 ans dans un labo si c’était à la portée du moindre rat de bibliothèque. Si vous voulez couvrir vos traces, tuez la personne qui sera capable de vous traquer. »

Elle n’osa pas regarder Osgood, de peur que cela ne trahisse la supercherie.

« Réfléchissez. Vous avez déjà tué des enfants. Vous savez que ça ne passera pas inaperçu. Je ne suis pas sûre que votre patron apprécie que vous ayez en plus merdé avec une organisation intergouvernementale. Autant limiter les dégâts non ?

– Kate… »

La voix d’Osgood n’était plus qu’un murmure lorsque leurs yeux se croisèrent enfin.

Tout ira bien, jura-t-elle en sentant les muscles de sa main se tendre. Encore un peu.

« Et dire que certains doutaient du courage des britanniques. Vous m’impressionnez Kate.

– Je m’en passerais bien. Mais entre mourir ici et affronter une énième réunion avec les imbéciles de Genève, le choix est vite fait.

Foutus bureaucrates. Tous les mêmes.

– C’est pour ça que vous essayez de doubler les vôtres ? »

Je suis allée trop loin.

C’est ce qu’elle pensa dès que l’homme resserra sa main autour du cou d’Osgood. Aussitôt, un bruit sourd creva le silence, vrillant les tympans de tous ceux présents. Un cri lui échappa avant que son cerveau ne comprenne pourquoi.

L’instant suivant, elle se trouva près du corps accroupi d’Osgood qui se balançait nerveusement d’avant en arrière, les mains sur les oreilles. Craignant que le contact ne soit prit pour une menace, elle préféra maintenir une certaine distance.

L’homme a ses côtés gisait inerte, un trou encore fumant dans la tête. Le colonel, plus rapide que Sam, venait d’anéantir leurs chances d’obtenir des informations.

« Pourquoi vous avez fait ça !

– Vous vous foutez de moi ? Il allait la tuer !

– C’est vous qui l’auriez tuée si vous vous étiez raté.

– Vous ne cessez de répéter que vous tenez à ces gens mais vous étiez prête à la laisser mourir.

– Pour l’amour du Ciel, quand est-ce que vous allez arrêtez de remettre en doute le moindre de mes ordres ? Je ne suis pas inconsciente Colonel, alors si je vous dis de ne pas tirer, c’est que j’ai une bonne raison. Sam était beaucoup mieux placé et si vous m’aviez laissée finir, elle ne serait pas dans cet état et lui… lui, il serait toujours en vie.

– C’est de ma faute Madame, s’excusa Sam, j’aurai dû être plus rapide.

– Non. Je ne vous en avais pas donner l’ordre. Je n’en n’ai pas eu le temps, regretta-t-elle en fusillant Karinski.

– Peut-être que si vous m’aviez fait part de votre stratégie, se défendit-il, je n’aurais pas eu à tirer.

– Vous n’auriez pas eu à tirer si vous m’aviez fait confiance. »

La confiance. C’était décidément un sujet qui revenait souvent et qui posait toujours autant de problème. Elle commençait à croire qu’absente comme inconditionnelle, la confiance causait plus de drames qu’elle en évitait.

Elle se retourna vers Osgood et sentit un nœud dans sa gorge à la vue de la jeune femme prostrée.

« Tout le monde dehors. Maintenant », ordonna-elle, sans laisser de place à la négociation. Sam, dites au Dr. Williams de venir et d’attendre dehors s’il vous plaît. Avec Carter, accompagnez le colonel dans mon bureau. Et veillez à ce qu’il y reste.

– Avec plaisir Madame.

– Je ne suis pas un petit garçon que vous pouvez punir dans votre bureau.

– Mais vous êtes un soldat que je peux virer pour insubordination alors foutez le camp. »

Une fois seules, Kate tenta à nouveau d’appeler Osgood. Les yeux de la jeune femme restaient clos et ses mains, plaquées sur ses oreilles. Lorsque Kate posa finalement ses mains sur les siennes, Osgood remercia secrètement la chaleur que lui apporta leur contact.

Dans sa bulle, il lui était impossible d’entendre la voix de Kate mais à ses lèvres, elle comprit les mots rassurants qu’elle lui répétait.

C’est terminé, vous êtes en sécurité. Je suis là…

Elle s’accrocha à cette prière pour se tirer de l’obscurité qui la happait.

Des larmes qu’elle ne sentait pas mouillaient ses joues mais Kate les balaya d’une caresse, faisant voler en éclat le semblant de constance qu’elle maintenait.

Trouve quelque chose pour la calmer.

Elle se rappela de ce que son père lui avait apprit. Délicatement, elle saisit la main d’Osgood et l’appuya sur son pouls. Puis, elle prit sa deuxième main et l’appuya sur le pouls de la jeune femme.

« Concentrez-vous sur les battements, ils finiront par battre ensemble. »

Écouter un cœur avait quelque chose de rassurant. Le son envahissait le temps et l’espace et ne laissait place à rien d’autre. Finalement, leurs rythmes se synchronisèrent et Kate vit avec soulagement la poitrine d’Osgood s’apaiser.

« Je suis désolée… murmura-t-elle simplement.

– Ne le soyez pas. C’était difficilement de votre faute, la rassura Kate avec humour. Prenez votre temps, d’accord ?

– Merci… Comment… Je n’aurais jamais cru que ça marcherait.

– Quand j’étais petite, je faisais beaucoup de cauchemars. Une nuit, mon père est venu et m’a fait écouter son cœur. Il était tellement calme comparé au mien. Et à force de me concentrer, il a ralentit. Je le fais toujours quand je sens que ça monte. »

Lorsque Osgood rouvrit les yeux, ils étaient plus souriants et cela réchauffa le cœur de Kate. Elles restèrent ainsi jusqu’à ce qu’une masse immobile n’attire l’attention de la plus jeune.

« Oh mon Dieu… Stevens…

– Osgood, appela Kate en voyant la lèvre inférieure de l’autre femme trembler.

– Il l’a tué. De – De sang froid. Il avait… une famille. Il –

– Osgood, regardez-moi.

– C’est de ma faute. J’aurais – J’aurais dû faire quelque chose. Je – N’importe quoi, je –

– Osgood, regardez moi ! ordonna Kate en l’obligeant à lui faire face. Rien de tout ceci n’est de votre faute. Qu’est-ce que vous auriez pu faire avec ses mains autour de votre cou ? J’ai été à votre place, je sais qu’on ne peut pas lutter contre eux.

– Mais –

– Osgood, répéta-t-elle plus doucement, vous avez été parfaite. Vous êtes restée calme et vous m’avez offert une chance de lui parler.

– Mais il est mort…

– Je sais… J’espérais pouvoir… Je vais m’assurez que ça ne se reproduise jamais mais… Dieu merci vous n’avez rien... »

Cette phrase, Kate la lui avait déjà dite après l’incident avec les siluriens. Elle était venue les chercher. Les avait soigné Sam et elle. Et aujourd’hui, elle avait tenté de la sauver à nouveau.

Elle était prête à…

« Il vous aurait tuée…

– Oui, c’était l’idée », reconnu Kate en souriant. Sauf qu’Osgood ne le lui rendit pas. « Je n’allais pas vraiment le laisser faire, si ça peut vous rassurer. Je pense avoir encore quelques belles années devant moi. »

Encore un effort Stewart.

« Je voulais le distraire suffisamment pour que Sam ait une chance de l’arrêter, expliqua-t-elle plus sérieusement.

– Comment ?

– Mmhh, j’avoue que c’était la partie du plan la plus floue. C’est pas comme si j’avais eu beaucoup de temps pour y penser non plus. Et vous êtes bien placée pour savoir qu’une bonne partie de ce job réside dans notre capacité à improviser. Je suis sûre qu’il aurait trouvé. »

Osgood sourit enfin.

« Malheureusement, nous ne saurons jamais. Le colonel a agit avant que je n’ai eu le temps de donner l’ordre.

– Pas sûre de préférer sa méthode à la vôtre.

– Moi non plus… Je vais lui parler. Et vous, j’aimerais que vous parliez avec Williams.

– Je vais bien.

– Ça ne sera pas long dans ce cas », déclara Kate en souriant.

Osgood abdiqua et accepta son aide pour se relever.

« Madame ? Qu’est-ce que vous allez dire au colonel ?

– … Rien que vous ne lui diriez pas vous-même. »

Si seulement c’était vrai, se dit Osgood.

« Tant mieux. Je ne voudrais pas que vous ayez des problèmes à cause de cet homme.

– Je crois que le jour où il cessera de m’en causer n’est pas prêt d’arriver.

– Vous savez très bien ce que je veux dire, rétorqua Osgood, sans humour et Kate le comprit aussitôt.

– … Ne vous inquiétez pas. »

Si je ne m’inquiète pas, qui le fera ?

 

5

 

Kate venait de quitter Osgood, la laissant seule avec le corps du pauvre Stevens. Toujours sous le choc mais capable de réfléchir, elle retira sa blouse et couvrit le mort. Le souvenir de la main était toujours serré autour de son cou et entravait sa respiration.

Un autre jour à UNIT. Ce job finirait par avoir sa peau. Mais ça en vaut la peine. Elle revit l’image de Kate et l’inquiétude peinte sur son visage.

« Osgood ? C’est le Docteur Williams, je peux entrer ?

– Oui, bien sûr. Désolée.

– Comment vous sentez-vous ? demanda-t-il après avoir jeté un œil au cadavre.

– J’ai connu des jours meilleurs. Mais je suppose que je ne m’en sors pas si mal…

– Ce n’enlève rien au traumatisme.

– Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai été traumatisée, plaisanta-t-elle. Ce n’est pas comme si ça ne m’était jamais arrivé. En fait, ça nous arrive tous les jours. Vous savez, des aliens qui essayent de nous tuer, c’est un peu la description même du boulot. Quoi qu’ils ne le disent pas aussi explicitement quand ils nous proposent les postes. Je suppose que si c’était le cas, il y aurait beaucoup moins de personnes à accepter.

– Osgood ?

– Mmhh ?

– Et si on allait boire un café ?

– Oh ! Excellente idée. Je tuerais pour un café. Heu… Je veux dire…

– J’ai comprit. »

 

 

 

 

 

 

 

Notes:

Musique du chapitre : A natural woman - Aretha Franklin

Je crois que Kate aurait des choses à raconter à son psy. Le risque étant que SON psy ait lui-même besoin d'un psy. La mission aurait-elle réussi ? Impossible à dire, merci Colonel...
Ce qui est sûr c'est que cela ne va pas aider notre chère Osgood à faire le tri dans ses sentiments.
Et si la menace se rapproche encore, il n'est pas dit qu'elles puissent en discuter.

A la semaine prochaine ?

Pour info, je pensais mettre en note permanente la liste des musiques utilisées jusqu'ici. Ca évitera à ceux et celles intéressées de chercher dans les chapitres. Je l'actualiserais à chaque publication.

I think Kate would have things to tell to her psych. The risk being that HER psych might need a psych himself. Would the mission have succeeded? Impossible to say, thank you, Colonel...
What's certain is that this isn't going to help our dear Osgood sort through her feelings.
And if the threat gets any closer, there's no guarantee they'll be able to discuss it.

See you next week !

Chapter 10: Love is not a victory march

Notes:

Dixième chapitre déjà ! On dirait que je dis ça à chaque chapitre mais j'aime beaucoup celui-ci parce qu'il fait avancer l'histoire et professionnelle et personnelle entre Kate et Osgood. Un nouveau pan s'ouvre et à partir de là, l'histoire va vraiment s'accélérer.

Bonne lecture !

Tenth chapter already ! I Know I say that every time but I really like this one because the pro and personal stories go forward between Kate and Osgood. A new arc opens and from there, the story will really accelerate.

Enjoy !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

« I use to live alone before I knew you

I’ve seen your flag on the marble arch

Love is not a victory march

It’s a cold and it’s a broken Hallelujah »

 

1

 

Le silence régnait dans le bureau du psychiatre. Osgood s’était trouvé un intérêt particulier pour sa tasse vide. Elle feignait de la boire pour éviter le regard inquisiteur du médecin. Elle n’avait qu’une envie, sortir et retrouver –

« Osgood ? »

Quand va-t-il cesser de m’interrompre ?!

« Vous savez que rien de ce qui se dira ici ne sortira. Vous pouvez me faire confiance.

– Je le sais. Mais je n’ai rien à vous dire, répondit-elle très factuellement, sans animosité aucune.

– Vous avez été agressée sur votre lieu de travail. Et le fait que ce soit régulier ne minimise en rien la gravité de la situation.

– Je vais très bien.

– D’accord. Je voulais être amical parce que je vous apprécie beaucoup. »

Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?

« Mais vous ne me laissez pas le choix. »

Devrais-je m’enfuir ? Que disent les protocoles en cas d’agression par son psy ?

« Ce qu’il s’est passé est un incident qui, comme tout incident, suppose un rapport psychologique qui me permettra de déterminer si oui ou non, vous êtes apte à reprendre le travail.

– Donc vous allez faire la même chose avec tous ceux qui étaient présents ?

– C’est mon travail, oui.

– Y comprit… Y comprit le Docteure Stewart ?

– Elle y comprit. Elle tente généralement de s’y soustraire mais je finis toujours par avoir gain de cause. Elle sait qu’un refus de sa part pourrait avoir de graves conséquences. Et ça vaut aussi pour vous. Alors ? »

Osgood se posa et réfléchit un temps. Pourquoi refusait-elle de s’y plier ? Ce n’était pas la première fois qu’elle devait se soumettre à ce genre d’évaluation. Cela n’avait jamais posé de problème avant. Williams était un bon médecin, elle lui faisait confiance. Alors pourquoi tant de résistance ? Même elle, l’ignorait.

« Très bien. Posez vos questions.

– Que ressentez-vous maintenant ? Prenez votre temps.

– … Du soulagement. Et, de la colère aussi.

– Envers qui ?

– Combien de temps vous avez ? ironisa-t-elle mais le psy ne broncha pas. Désolée. C’est un –

– Mécanisme de défense. Vous me l’avez déjà dit. Pourquoi ressentez-vous le besoin de vous défendre contre moi ?

– Oh ce n’est pas… Ce n’est pas vous.

– Alors qui ?

– … Ceux qui on fait ça. Évidemment. Ils se sont introduits dans mon laboratoire, ont détruit tout ce que nous avions découvert. Ils ont tués Stevens !

– Je croyais que le colonel l’avait tué.

– C’est lui qui a tiré. Et je le déteste pour ça. Mais ce sont eux les responsables », cracha-t-elle.

Sa colère redescendit quand elle vit le psy griffonner sur son carnet. Ce n’était pas son genre de s’emporter ainsi.

« Diriez-vous que vous avez déjà ressenti cette colère, auparavant ?

– Hum…

– Vous travaillez ici depuis 4 ans maintenant. Vous avez fait face à de nombreux dangers. Les Daleks, les Cybermen, le Siluriens. Où placeriez-vous cette nouvelle menace ?

– Ceux-là sont pires.

En quoi ?

– Les Daleks, les Cybermen, même les Siluriens, tous suivent le même chemin de penser. Ils veulent conquérir. Détruire. Les Cybermen cherchent à transformer tout ce qui n’est pas un Cybermen, en Cybermen. C’est assez primitif quand on y pense. Brutal. Là… C’est réfléchit. »

« Ceux qui sont derrière tout ça sont en pleine expérience. Ils agissent dans l’ombre, utilisent la Terre comme un immense laboratoire. Ils ne revendiquent rien. Ce qui veut dire qu’on doit s’attendre à tout.

– C’est ça qui vous met en colère ? Cette ignorance ?

– Évidemment ! … Désolée… »

Williams écrivit encore puis enchaîna.

« Quand vous étiez dans le labo, étiez-vous déjà en colère ? Aviez-vous peur ? »

« A quoi vous jouez ?

Je ne joue pas Colonel. Vous êtes là pour détruire les preuves ? Alors allez y. »

« Les deux… avoua-t-elle.

– De quoi aviez-vous peur ? De mourir ? »

« Si vous voulez couvrir vos traces, tuez la personne qui sera capable de vous traquer. »

Osgood n’avait même pas eu le temps d’être blessée par les paroles de Kate. Figée comme elle l’était, elle n’avait pas vu Sam qui se tenait prêt à intervenir. Et, persuadée du destin de sa collègue, une part d’elle avait voulu lui hurler d’arrêter.

« Non… »

Face à ce silurien, dans la forêt, là elle avait eu peur de mourir. Lorsqu’elle s’était retrouvée face aux Zygons, oui, elle avait eu peur. Mais dans le labo, ce n’était pas pour elle qu’elle avait craint.

Et si le colonel n’avait pas tiré ? Si Sam n’avait pas été assez rapide ?

« Enfin si, si bien sûr que j’ai eu peur de mourir. C’était contre moi. Que j’étais en colère je veux dire. Je m’en voulais à moi. 

– De quoi ?

– De ne pas savoir quoi faire. De ne pas trouver de solution.

– Vous pensez que ce qu’il s’est passé était de votre faute ?

– En tout cas… je sais que je n’ai rien fait pour empêcher que ça arrive.

– Bien. Vous disiez en vouloir au colonel ? Pourquoi ?

– Parce que s’il avait attendu, on aurait peut-être eu une chance de sauver Stevens.

– Vous pensez qu’il a mal agit ? Qu’il a pris des risques inutiles ? Après tout, il aurait pu vous toucher. Est-ce que c’est pour ça que vous lui en voulez ?

– Je suppose…

– Ce n’est pas la première fois que ça arrive. L’incident avec les siluriens. »

Pourquoi dit-il tout le temps « incident » ? Ce ne sont pas des incidents.

« Les incidents sont des évènements imprévus d’importance secondaire, le corrigea-t-elle. Des gens sont morts. Ce ne sont pas des incidents

– Vous avez raison. Je vous pries de m’excuser. Ce qu’il s’est passé à ce moment là –

– A déjà fait l’objet d’un précédent bilan, le coupa-t-elle.

– Et si ma mémoire est bonne, vous reprochiez au colonel d’avoir agit contre les ordres de Madame Stewart. »

Il sait pertinemment ce que j’ai dit. Pourquoi fait-il semblant de se rappeler ? C’est agaçant d’être manipulée.

« Je maintiens ce que j’ai dit. Si elle n’avait pas été là, nous serions probablement tous morts.

– Et dans le laboratoire, pensez-vous que la même situation se soit reproduite ? 

– Je ne comprends pas.

– Eh bien, diriez-vous que Madame –

– Docteure.

– Que le Docteure Stewart, a agi de manière réfléchie ou qu’elle vous a mise en danger ? Êtes-vous en colère contre elle ?

– Je ne suis pas une enfant. Je ne boude pas les gens. »

Il écrivit encore, ce qui exaspéra Osgood.

Que peut-il bien écrire dans son fichu carnet ?

« Donc vous ne lui en voulez pas ?

– Ce n’est pas ce que j’ai dit. »

Oups.

Cela lui avait échappé. En voulait-elle à Kate ? Pourquoi lui en voudrait-elle ? Elle n’avait fait qu’essayer de la sauver.

En se mettant en danger.

Le regard de Williams s’accrocha au sien et sembla y chercher quelque chose. Osgood, mal à l’aise, détourna aussitôt les yeux. Mauvaise chose à faire puisqu’il barbouilla encore.

« Est-ce qu’on peut en finir ? J’ai du travail, enchaîna-t-elle.

– … Vous sentez-vous apte à continuer de travailler avec eux ? »

 

2

 

« Je ne veux pas le savoir Colonel ! Quand je vous donne un ordre, vous l’exécuter.

– Je suis surpris de vous. Vous êtes la première à n’en faire qu’à votre tête.

– Je vous conseille d’arrêter.

– Des menaces ? Encore ? Quand allez vous les mettre à exécution ?

– C’est ce que vous voulez ?

– Disons que je vous prendrais peut-être plus au sérieux.

– Et vous croyez que c’est ce que je cherche ? Avoir votre approbation ? Personne ne vous force à être ici. Si vous désapprouvez ma façon de travailler, vous êtes libre de partir.

– Vous – »

Un coup à la porte les interrompit, les frustrant tous les deux. La joute verbale n’était pas encore terminée.

« Quoi ?! » cracha Kate, impatiente tandis que personne n’entrait.

Une petite femme tremblante entra timidement. Kate se dit qu’elle avait vraiment très mauvaise réputation.

Peut-être que je ne vaux pas mieux que lui finalement.

« Amaya, entrez, je vous en pries. Qu’est-ce qui se passe ?

– On a peut-être du nouveau sur les siluriens. »

Kate lança un ultime regard au colonel, promesse qu’elle n’en resterait pas là et suivit la jeune femme dans la salle de briefing. Une carte du monde surplombait la salle et offrait une large vue du Pacifique. Un étrange pressentiment la traversa sans qu’elle ne parvienne à l’identifier.

« Notre adepte de carburant n’a pas tardé à reprendre du service. L’une des quatre usines repérées à été vidée la nuit dernière. Comme vous l’aviez ordonné, personne n’est intervenu mais les équipes ont placé des traceurs sur les camions. »

« Pas mal de déplacements mais le plus intéressant – elle zooma sur la carte – c’est celui là.

– C’est en plein milieu de nulle part », constata le colonel.

Merci de soulever l’évidence.

« Qu’est-ce qu’on regarde Amaya ? reprit Kate en l’ignorant.

– 48° 50′ S 123° 20′ O. Ce sont le coordonnées du point Nemo. »

Où est-ce que j’ai vu ces coordonnées ?

« Qu’est-ce que c’est que ça encore ? »

Kate sentit ses poings se serrer mais n’eut pas le temps d’intervenir, Osgood arriva à ce moment.

« C’est le point maritime le plus éloigné de toute terre émergée de la planète », expliqua-t-elle en jetant un regard rassurant à Kate. Très simplement, là-bas, les êtres humains les plus proches sont les astronautes. Il tire son nom du capitaine Nemo. Personnage de Jules Verne.

– J’avais compris, grogna le colonel. En quoi ça nous intéresse ?

– C’est là que s’est rendu notre transporteur.

– Sauf qu’il n’y a rien là-bas, n’est-ce pas ? s’assura Kate.

– Pas tout à fait. Il est utilisé comme poubelle spatiale. » A ces mots, Amaya, leur montra des photos satellites. « Pas si abandonné que ça.

– Je vois mal quelqu’un se donner tant de mal pour juste jeter du carburant en pleine mer.

– Une action écologique, proposa Karinski. Ils volent les grosses industries polluantes. Les privent d’importantes rentrées d’argent. Leur font perdre des clients.

– Et comme ils savent pas quoi en faire, ils rejettent tout dans la mer. Brillant, s’exaspéra Kate. Qu’est-ce que vous pouvez me dire sur cet endroit ?

– Pas grand-chose. Personne ne va jamais là-bas. Du moins, personne n’y allait. Aucune trace d’activité extra-terrestre.

– Ça reste une mine d’or pour celui qui sait quoi chercher. De quand datent les photos satellites ?

– Ce matin. Mais – Amaya fit défiler de nombreuses photos – elles ne sont jamais très claires. Le point Nemo est entre deux climats, donc, pour faire simple, ça favorise les tempêtes et l’apparition de nuages. Et le signal est très mauvais. Autant dire que pour avoir une idée précise de ce qui se passe sur place, c’est quasi impossible.

– On a quand même réussi à capter des signes de technologie ou n’importe quoi qui ferait dire que quelqu’un se balade dans ce No Man’s Land ?

– A vrai dire oui », intervint une nouvelle voix.

L’un des spécialistes maritime. Cela fit tilt dans la tête de Kate. Avec tout ce qu’il s’était passé, elle en avait oublié le rapport. Cette histoire de baleines qui se rapprochaient des côtes chiliennes.

« A quand remontent les premiers signalements ? interrogea Kate.

– Environ trois semaines Madame. Les autorités locales ont d’abord été alertées par des disparitions de bateaux.

– Ils ont dû se faire surprendre. Aucune trace de mammifères n’avait été signalée jusque là je suppose ?

– Aucune. Les équipes ont survolé la zone de disparition et c’est là qu’elles ont relevé les déplacements anormaux.

– Donc, y a trois semaines, des baleines du Pacifique changent leur trajectoire habituelle. Plusieurs bateaux se font surprendre et terminent, certainement coulés au fond de l’océan. Les chiliens envoient des spécialistes et constatent que les baleines se rapprochent des côtes. A peu près au même moment, des compagnies de carburant commencent à se faire cambrioler en Angleterre.

– Le lien ? s’impatienta le colonel de son ton condescendant. Le carburant est envoyé au milieu de nulle part.

– Dites-moi, vous êtes comme ça de nature ou vous vous entraînez ? laissa échapper Kate.

– Pas de nulle part, reprit Amaya, le point Nemo se trouve à équidistance de trois îles. Soit à 1600 kilomètres. La terre habitée la plus proche se trouve à 2700 kilomètres mais surtout, il se trouve à environ 3 400 kilomètres des côtes chiliennes.

– Ça reste très éloigné, insista Karinski.

– Certes. Mais j’ai fait des calculs et, en théorie, à raison de 20km/h, vitesse moyenne d’une baleine, il suffirait d’une semaine pour que les mammifères de la zone ne rejoignent les côtes. »

« Disons deux en comptant les temps où elles se nourrissent puisque leur vitesse baisse jusqu’à 5 km/h. En discutant avec les locaux, j’ai apprit que leur avancée était très progressive.

– Ce qui veut dire ? »

Je vais finir par tuer cet homme.

« Ce qui veut dire qu’elles sont méfiantes, clarifia Kate. Elles savent qu’il y a une présence humaine près des côtes donc elles progressent lentement. Mais quelque chose leur a suffisamment fait peur pour qu’elles décident quand même de se déplacer. »

La salle tomba dans un profond silence qu’Osgood brisa au bout de plusieurs minutes.

« Serait-il possible qu’une… disons qu’une entreprise ou… une usine ou une quelconque infrastructure humaine soit restée cachée pendant tout ce temps ?

– Pourquoi une usine ?

– Le carburant. Au début, on a supposé que c’était pour le revendre. Maintenant, on sait que quelqu’un l’utilise. Et en très grande quantité. Ce point en plein Pacifique ne représente ni politiquement, ni économiquement, aucun intérêt puisque personne ne va là-bas. En revanche, c’est l’endroit idéal si l’on a quelque chose à cacher. D’autant que vous l’avez dit, c’est une mine d’or pour celui qui sait quoi chercher. En l’occurrence, du matériel spatial. Peut-être… Peut-être qu’ils construisent quelque chose et qu’ils utilisent ce carburant pour des tests.

Amaya ?

– Ça paraît assez difficile mais ça reste un coin très peu surveillé qui, en dehors de ces études récentes, n’a fait l’objet d’aucun contrôle. Et niveau satellite, avec ces tempêtes récurrentes et la mauvaise qualité due aux intempéries, oui, il serait possible qu’elle se soit confondue avec un amas de déchets.

– Bien, il ne nous reste plus qu’à vérifier nous-même.

– Vous voulez y aller ?

– A moins que vous ayez une meilleure idée Colonel ? » Comme il ne répondait pas, elle claqua ses mains entre elles et poursuivit. « C’est bien ce que je pensais. Sam, Josh, préparez-vous, on décolle à sept heures. Bien joué tout le monde. Amaya, vous venez aussi. Colonel, ne vous sentez pas obligé. »

Osgood resta incrédule pendant quelques secondes puis la suivit.

« Madame ?

– Oui ?

– Hum… Pourquoi… Pourquoi je ne viens pas avec vous ? Je travaille sur cette affaire depuis le début et –

– J’ai pensé qu’après ce qu’il s’était passé, vous méritiez un peu de repos. Et avec tout ça, je n’ai même pas eu le temps de voir Williams, alors –

– Je suis parfaitement apte. Appelez-le, il vous le dira.

– Osgood, j’aurais déjà dû vous faire prendre quelques jours après les siluriens. Vous devez vous reposer. C’est non négociable », trancha-t-elle finalement, le cœur lourd mais le ton ferme.

Elle s’empressa de reprendre sa route.

Rappelle-toi pourquoi tu fais ça. Elle s’en remettra.

« Je ne suis pas sûre que vous soyez la mieux placée pour me parler de repos.

– Je vous demande pardon ?

– Vous étiez là avec les siluriens et pendant la prise d’otage. Vous vous êtes enfermée pendant des heures dans ce labo. Vous avez failli mourir deux fois, rien que ces deux derniers jours et je ne crois pas que vous soyez allée voir Williams pour autant.

– Osgood, je vous conseille de vous arrêter là », l’avertit Kate le regard brûlant.

La jeune scientifique se tut et joua nerveusement avec ses mains. Jamais elle n’avait osé contredire Kate à ce point.

Sauf que j’ai raison, ce n’est pas juste, mourut-elle d’envie de répondre. A la place, elle se résigna. Elle avait déjà trop dépassé les bornes.

« Je suis désolée Madame. Bon voyage. Et faites attention à vous. »

Kate l’observa s’éloigner puis se pinça l’arête du nez.

« C’est de l’autre côté. 

– Pardon ?

– L’héliport. »

Kate disparut aussitôt ses paroles prononcées et laissa Osgood dans une profonde incompréhension.

 

Notes:

Musique du chapitre : Hallelujah - Rufus Wainwright

Quand j'ai découvert le Point Nemo, je me suis dis que je DEVAIS en parler. C'est un endroit tellement mystérieux et fascinant, parfait pour l'idée que j'avais. Ca m'a d'ailleurs débloquée pour la suite. J'ai tellement hâte de vous la faire découvrir !!

Que peut-il bien s'y cacher pour effrayer des êtres aussi majestueux que nos baleines ? Un peu de patience et vous le découvrirez bientôt...

Osgood et Kate, tempête à l'horizon ? Là encore, ce chapitre et les prochains mettent petit à petit en place les pièces qui auront leur importance très bientôt.

Merci encore du temps que vous prenez chaque semaine à lire et à commenter !

When I discovered Point Nemo, I told myself I HAD to talk about it. It's such a mysterious and fascinating place, perfect for the idea I had. It actually unlocked my interest in what's next. I can't wait to share it with you!!

What could be hiding there to frighten creatures as majestic as our whales? A little patience, and you'll soon find out...

Osgood and Kate, storm on the horizon? Once again, this chapter and the next ones are gradually putting together the pieces that will become important very soon.

Thank you again for the time you take each week to read and comment !

Notes:

Musiques utilisées :
Heal the world - MJ
La Tendresse - Bourvil
Ceux qui rêvent - Pomme
Diego - Michel Berger
Pure as the driven snow - Rachel Ziegler
River - Myles Smith
Can't help falling in love - Elvis Presley
Natural Woman - Aretha Franklin
Hallelujah - Rufus Wainwright

Enfin bref, j'attends avec impatience vos retours !