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Son bébé ne vivrait pas.
Cela, Mahidevran l’avait rapidement compris, l’avait réalisé en un instant, l’avait su dans sa chair au moment précis où la douleur l’avait envahie, la déchirant de part en part tandis qu’elle tentait désespérément de donner naissance à cet être dans son ventre, et maintenant, alors qu’elle avait cessé de pousser, n’entendant aucun cri, elle s’était redressée et avait vu un corps sans vie et surtout…
Du sang.
Il y avait tellement de sang, et elle avait toujours mal, ce n’était pas terminé, réalisa-t-elle alors qu’elle sentait les larmes couler le long de ses joues, et elle ne put étouffer un cri de douleur et de désespoir.
Elle…
Est-ce qu’elle…
Non.
Non, elle ne pouvait pas mourir comme ça, maintenant, de cette manière, pas alors que Mustafa était encore si petit et n’avait personne pour le protéger en dehors de son père et d’Ibrahim et qu’Hürrem était là, attendant son heure.
La sultane serra les poing, sentant qu’elle saignait toujours, entendant les cris paniqués autour d’elle, parce que ce n’était pas normal et elle prit rapidement une décision, sans doute la mauvaise.
Mais elle était désespérée, et elle n’avait pas vraiment d’autre choix, elle avait du mal à rester consciente, elle devait faire vite.
Agrippant la main de Gülşah, elle lui intima d’un ton sec :
« Va chercher la sultane Hürrem. Sa servante la regarda avec confusion, alors Mahidevran la foudroya du regard. Ne discute pas et obéis, siffla-t-elle.
La concubine se retira, et l’ancienne favorite de Soliman prit une grande inspiration, aucunement surprise de constater qu’Hürrem n’avait pas mis beaucoup de temps à arriver.
Rien d’étonnant à cela, la rousse devait attendre avec angoisse dehors, se demandant si elle allait donner naissance à une fille ou à un garçon, un shezade, un futur héritier de l’empire.
Ni l’un ni l’autre, songea-t-elle avec amertume.
- Sultane Mahidevran, la salua la Ruthénienne avec respect, toute animosité envolée au vu des circonstances.
Mahidevran se demanda si elle se réjouissait intérieurement de ce qui était en train de se passer, et si c’était le cas, elle n’en était pas surprise là non plus, après tout, Hürrem souhaitait sa mort et réciproquement, et elle se dit qu’il était ironique qu’elle meurt pratiquement de la façon dont elle avait presque tué l’autre esclave.
En faisant une fausse couche, après avoir empoisonné Hürrem et presque provoqué la perte de son bébé.
Maintenant c’était son tour, et sa rivale allait enfin avoir ce qu’elle voulait et ce sans avoir rien fait pour ça.
Ce n’était pas juste, mais rien ne l’était jamais au sein du harem.
- Je suis en train de mourir, avoua-t-elle, les dents serrés, tant cet aveu lui coûtait.
Elle vit un éclat de surprise puis sans doute de la satisfaction dans les yeux de son ennemie avant que la lueur ne disparaisse.
- Je… je ne comprends pas ce que je fais là. Le sultan devrait…
- Oh il devrait arriver bientôt, mais sûrement trop tard et… je… Je te hais Hürrem, je ne te fais pas confiance, mais… Mustafa, il… Il n’a rien à voir avec nos querelles, ce n’est qu’un enfant il est innocent, je te demande donc de… de le protéger. De prendre soin de lui comme si c’était ton fils. Je t’en supplie, c’est la seule chose que je te demanderai jamais.
Hürrem la contempla avec perplexité.
- Pourquoi moi ?
- Parce que tu es forte, admit-elle à contrecœur, parce que tu as du pouvoir, de l’influence. Parce que Soliman t’aime. Parce que tu détruirais n’importe quelle autre concubine que je choisirais à ta place.
Après quelques secondes, la rousse hocha la tête.
- Très bien. Je le ferai Mahidevran. Je le protégerai, je l’adopterai et je prendrai soin de lui, je l’aimerai comme s’il était de mon sang. Tu as ma parole. »
Et Mahidevran la crut, malgré la haine qu’elle éprouvait pour elle, elle mourut en étant persuadée que la favorite du sultan, pour une fois, accepterait de lui obéir.
Elle ignorait qu’elle avait raison et que la rousse tiendrait sa promesse et épargnerait ainsi un sort bien cruel au prince.
