Chapter Text
Aragorn était resté alerte sur l'état du jeune homme. Il avait voyagé dans les contrées lointaines du Harad et du Rhun. À une époque où il était un jeune homme qui se cherchait encore. Il y avait vu et vécu beaucoup de choses, appris à connaître des dynamiques et des peuples à la fois très différents et similaires.
Dans le grand schéma de l'histoire il avait beaucoup d'empathie pour eux. Il ne pouvait pas imaginer à quoi aurait leur terres si Sauron y avait résignée pendant presque plus d'un Âge entier.
Mais il est roi d'un royaume réunifié récemment et encore en proie à des attaques des restes de l'ancien seigneur des ténèbres. Il n'a pas le luxe de pouvoir faire tout ce que lui dicte son cœur et sa priorité va au Gondor.
Ce jeune homme pourrait être un espion.
C'est le consensus général des nobles de sa cour. L'arrivée de Faramir avait été vue et les rumeurs s'étaient vite propagées sur le jeune homme du Sud. Certainement pas la faute de l'intendant qui avait réussi à amener le blessé à temps.
Le fils de Denethor à dû retourner en Ithilien pour interroger les bandits.
Sa cour, elle, était en ébullition. Un assassins, un espion, un mage noir. Les nobles ne manquent pas d'imagination, demandant à ce que le jeune homme soit mis en cellules et interrogé.
Il avait décidé de se faire passer pour un serviteur à la fois pour faire taire les inquiétudes de sa cour et pour sa propre curiosité.
Aragorn était maintenant derrière le guérisseur. Assez pour le voir faire un sous entendu pas très subtil sur la tentative de fuite apparente du haradrim.
Ses voyages au Harad avaient été parmi les plus dangereux et uniques qu'il avait fait. Car contrairement à l’ouest, il n'avait eu aucun repère là bas. Aucun document dans les bibliothèques millénaire de Imladris ou très peu.
Il avait dû apprendre à y survivre et communiquer sur le tas.
Le roi arrive à certaines conclusions de sa rencontre avec le garçon. Ce n'était certainement pas un espion, il n'est pas encore totalement guéri et est totalement effrayé d'être ici en ce moment même s'il essaie de ne pas le montrer.
Les yeux du jeune, d'une couleur très étrange composé de brun presque noire avec des pépites d'or dans les iris, ne savaient pas encore totalement comment mettre en place le masque de l'indifférence.
Mais s'il voulait aider il devait rendre sa présence en tant qu'invité officiel. Ne serait-ce que pour sa sécurité dans la cité blanche.
Non pas qu'il ne faisait pas confiance à son propre peuple mais la guerre est encore dans l'esprit de toutes les familles.
Outre cela, cela avait été très rafraîchissant d'avoir une conversation banale avec une personne qui ne savait pas qu'il était le roi. Les Valars savent qu'il pouvait de moins en moins faire cela avec le peuple de Minas Tirith. À force, tout le monde commençait à connaître son visage à son plus grand désespoir.
Il espère que les vêtements ne lui paraissent pas trop étranges. Il avait choisi une tunique assez neutre, mais qui flotte légèrement sur le corps émincé.
Aragon, un fois partie, parle de ses inquiétudes avec Arwen. Qui n'hésite pas à le rassurer en plus de se moquer de son désespoir de ne plus pouvoir faire partie des humbles gens.
…
Signol s'apprêtait vraiment à insulter le serviteur ou plutôt le roi de toutes les insultes qui lui viennent à l'esprit.
Il bafouille une seconde en voulant dire plusieurs choses en même temps. Et sent ses joues rougir de honte.
Mais les insultes fanent toutes sur sa langue lorsqu'il voit la reine.
Signol avait vu une représentation de la Dame Lune. Gravé dans la roche blanche d'une des grottes où les caravanes peuvent se reposer.
Son visage rond et de marbre accentué d'une chevelure argentée et bleue ciel. Un petit nez avec des sourcils fin qui se fondent presque avec sa peau. La Dame Lune paraissait inaccessible et trop loin et irréel pour faire partie de ce monde. Malgré toute sa beauté.
Mais la reine…elle avait l'air toute aussi réelle que faisant partie de ce monde. Son visage tout aussi délicat et pâle est mis en valeur et encrée à la réalité par une chevelure minuit.
Ses oreilles…sont . Le jeune homme ne se souvient pas d'avoir entendu ou lu sur un tel être auparavant.
-” Prononce ton nom à voix haute étranger” demande le roi dans la langue de Sidnol.
Le jeune homme réfléchit un moment. Peut être plus que ce qui était convenable. Il a l'envers instinctif de garder la bouche fermée.
C'était peut être le sentiment de trahison de la part de cet homme. L'impression d'avoir été mené en bateau par lui et qu'il lui ai donné une fausse sensation de sécurité. Car c'est la vérité, pendant un moment il s'était senti en sécurité. Il n'avait aucune certitude de ce qui c'était passé, de pourquoi, de combien de temps il était loin ou de ce qui allait lui arriver maintenant. Mais les paroles de ce qu'il avait cru être un serviteur l'avait fait se sentir en sécurité pour la première fois depuis trop longtemps.
Et maintenant…le haradrim prend un respiration tremblante. Cet étranger, ce…ce Tark ! Lui ordonne de dire son nom devant tous ses regards. Pour la plupart froid ou hostile et pour d'autres curieux comme s’il est une sorte de curiosité !
Ses mains tremblent, peut-être de colère ou en tout cas il espère que c'est le cas. Car une autre option est trop humiliante.
Il entend un bourdonnement et essaie de regarder vers le roi en gardant la tête haute. Mais l'image devant lui est floue. Il se frotte les yeux en espérant pouvoir réparer cela mais c'est vain.
Maintenant qu'il y pense, il se rend compte qu'il à froid. Il prend une autre profonde inspiration. Et agripper le cuire de sa tunique pour se distraire.
Une main le secoue légèrement. Probablement un des gardes derrière lui. Il veut définitivement être seul alors autant en finir le plus rapidement possible.
-” Sidnol !” Il prononce le plus fort possible.
-” Bien Sidnol. J'ai besoin que tu me garantisse que tu ne représentes aucun danger pour le Gondor ou ses habitants. Le faire dans ta langue avec moi comme témoin suffit. “
Le roi prononce cela d'abord dans sa propre langue pour la cour. Puis au garçon pour qu'il comprenne. Sidnol ne peut pas s'empêcher de détester l'inquiétude dans les yeux clairs du roi.
De quel droit s'inquiète-t-il pour lui ! Comme si tout ce qu'il venait de dire n'était pas une contraction à la situation présente! Comme s'il avait demandé à se faire enlever pendant qui sait combien de temps !
Le bourdonnement dans ses oreilles s'intensifie alors il essaie de dire le plus clairement possible un serment.
-” Je ne représente aucun danger ni pour l'un ni pour l'autre. Et ne le sera pas dans un avenir proche ou lointain. Le roi peut témoigner que je ne suis ici ni par envie, ni par obligation. Au moins je l'espère !” insinue t'il.
Les dernières paroles étaient teintées de colère et d'amertume mais il veut juste être seul. Se cacher dans un coin et laisser l'obscurité qui le poursuit l'envelopper. Les points flous se multiplient devant ses yeux. Et même l'image lumineuse de la reine perd forme.
Il entend vaguement le roi dire quelque chose aux personnes autour de lui, il ne s'en soucie vraiment pas. Sa tête devient de plus en plus lourde.
Le reste est flou. Il n'a pas sûr du temps qui passe mais la main lourde le guide quelque part. Il se contente de mettre un pied devant l'autre en gardant la tête la plus droite possible.
Ils s'arrêtent quelque part. Les gardent partent. Un son de serrure derrière lui. Génial.
Mais il est juste reconnaissant d'être seul. Il s'allonge sur le sol et respire de longue minute. Jusqu'à ce que le sifflement dans sa tête diminue et que sa vision soit plus claire.
De son emplacement, allongé sur le sol. Il voit les pieds d'un lit juste à côté de lui. Mais il est trop épuisé pour bouger.
Ses bras sont douloureux et engourdis. Il n'essaie même plus et finit par laisser l'inconscience le gagner.
…
Eshati est surnommé le Orhinoceros. Il était un homme qui avait atteint l'âge mûr de 40 été. Ses cheveux sombres avait déjà quelques éclats de blanc qui les parcourent mais son corps était épais et au sommet de sa force.
Le surnom venait aussi de son visage. Il était surnommé “Le Laid” dans sa jeunesse à cause de ses traits de visage grossiers par rapport au reste de ses parents.
Cela avait donc été une surprise générale, tellement que l'on en parlait même dans d'autres tribus de la région. Quand “Le Laid” de la tribu des dresseurs de Mûmak avait épousé la fille de la tribu d'or connue comme étant d'une grande beauté.
La femme avec une taille plus longue que la sienne. Une peau plus sombre et épurée de toute trace. Et bien sûr les yeux d'or qui donnent son nom à sa tribu. Un femme qui savait clairement ce qu'elle voulait et n'avait pas peur de donner des ordres au personne autour d'elle.
Il était un jeune homme déjà assez féroce à l'époque. Mais il est tombé totalement démuni dès qu'elle est apparue dans sa vision. Quand les deux tribus s'étaient réunies pour commencer.
L'homme se souviendra toujours du jour où elle lui avait souri la première fois. Il avait réussi à se procurer des fleurs du désert, rouges, brunes et jaunes. Il s'était approché d'elle mais avait été tellement nerveux qu'il avait trébuché devant elle. Les fleurs lui échappent des mains.
Ils les avait rassemblé à la hâte avant de tendre le bouquet à Soma, amour de sa vie. Juste pour se rendre compte qu'il avait principalement ramasser des mauvaises herbes dans la panique.
Juste au moment où il souhaitait que le soleil lui enlève la vie de honte, le rire cristallin de Soma avait résonné.
Plusieurs années après cet événement, qui sait par quel miracle, d'après les potins. Soma et Eshati s'étaient mariés et il avaient eu Sidnol quelques années plus tard.
Eru, si son vieux maître lui avait dit la vérité, a été assez miséricordieux pour que son fils ressemble plus à sa mère qu'à lui. Mais toutes les bonnes choses ont une fin n'est ce pas ? Pense l'homme avec un pincement au cœur.
Soma avait épousé le futur chef de la tribu connue pour pouvoir dresser les Mûmak géants. Et cela avait causé sa perte quand ils avaient refusé de participer à l'effort de guerre des terres sombres. Il l'avait fait, avait refusé la requête du Mordor en l'honneur du vieillard en bleu qui lui avait servi de guide pendant un temps.
Et aujourd'hui après Soma c'était son fils qui payait.
Le chef de tribu chevauche à travers le désert. Ils sont arrivés avec ses hommes à l'endroit où les grains de sable fin se transforment en terre dure et aride. Leurs cheveux en sont sans doute soulagés.
Le chef est bien plus calme que la première fois qu'il avait reçu la nouvelle. Chaque homme sous ses ordres avait eu peur d'être la cible de sa colère.
Les hommes chevauchent sous le soleil suivant les traces des bandits.
Le Harad est cruel. L'espoir est plus douloureux que l'apathie. Mais Eshati ne pouvait tout de même pas s'empêcher de supplier intérieurement toutes les divinités existantes.